Soixante-quatorzième session,
1re et 2e séances plénières, matin & après-midi
AG/SHC/4258

La Troisième Commission examine le phénomène du vieillissement de la population et se mobilise en faveur des jeunes

La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a ouvert aujourd’hui les travaux de sa soixante-quatorzième session en s’attardant sur le phénomène du vieillissement de la population tout en se mobilisant en faveur des jeunes et encourageant une « solidarité intergénérationnelle ». 

Dressant l’état des lieux, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a indiqué qu’en 2018, « pour la première fois dans l’histoire de l’humanité », les personnes de plus de 65 ans ont dépassé le nombre d’enfants de moins de 5 ans.  Et d’ici à 2050, a ajouté M. Liu Zhenmin, elles dépasseront également le nombre de jeunes de 15 à 24 ans.

Si cette tendance illustre certes le succès « énorme » rencontré dans la réduction de la mortalité prématurée, M. Liu n’en a pas moins souligné qu’elle souligne également l’importance d’adopter des politiques qui mettent à profit le vieillissement et considèrent les personnes âgées comme des agents actifs des efforts de développement. 

Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a estimé que cette évolution démographique offre l’occasion de prendre des mesures efficaces contre la discrimination fondée sur l’âge, et de considérer « enfin » les personnes âgées comme des contributeurs actifs de la société, et non comme des assistés passifs et des fardeaux pour les services sociaux et l’économie. 

Le Groupe des Amis a par ailleurs regretté que le Plan d’action de Madrid demeure non contraignant pour les États, notant que sa mise en œuvre inégale et les écarts entre politiques et pratique effective le rendent encore insuffisant pour garantir les droits des personnes âgées.  Dès lors, a encouragé le Maroc, il faut avancer dans les discussions sur l’établissement d’un instrument international. 

L’Union européenne a fait part de son engagement à combler les écarts qui persistent aux stades les plus avancés de la vie et a partagé son intention de développer un « livre vert » pour renforcer le droit à l’autonomie des personnes âgées.  De son côté, Singapour, qui comptera, d’ici à 2030, une personne sur 4 de 65 ans ou plus, un service d’analyse géospatiale urbaine a été mis en place pour mieux localiser la population senior, afin d’assurer leurs besoins sociaux et sanitaires.  Des « cliniques numériques » ont également été établies pour transmettre aux seniors des bonnes pratiques pour se protéger des risques du monde numérique.

« Mais si le vieillissement de la population est un défi, il offre aussi des opportunités, dans la mesure où l’amélioration de leur santé leur permet de travailler plus longtemps », a fait observer la délégation.  Le Saint-Siège a cependant dénoncé l’approche « profondément fallacieuse et utilitariste qui ne met en valeur les personnes âgées que par leur impact économique », et s’est insurgé de la discrimination dont elles sont parfois victimes, « notamment en fin de vie ». 

Les États Membres ont également dialogué avec l’Experte indépendante de l’ONU chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, Mme Rosa Kornfeld-Matte, qui a averti que les seniors sont touchés de manière disproportionnée par les situations d’urgence, contextes dans lesquels ils restent malheureusement invisibles. 

« Il est nécessaire d’opérationnaliser l’inclusion des personnes âgées dans la réduction des risques de catastrophes et des cadres locaux et nationaux de planification et de réponse d’urgence », a répondu en écho la Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), Mme Daniela Bas, qui présentait les sept rapports du Secrétaire général soumis à la Troisième Commission.

Si, ainsi que l’a fait observer El Salvador au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), la tendance démographique du vieillissement augmente rapidement dans les pays en développement, le Groupe des États d’Afrique s’est préoccupé du sort des jeunes, qui, en 2018, étaient plus d’un sur 5 dans le monde à n’être ni employés, ni en train de suivre une éducation ou une formation.  « Et quand ils travaillent, ce sont des emplois vulnérables, dans le secteur informel, avec des bas salaires et des mauvaises conditions de travail, sans parler de l’absence de protection sociale », a dénoncé la délégation par la voix de la Zambie.

La prévalence du chômage parmi les jeunes a aussi préoccupé les nombreuses délégations de jeunes qui sont intervenues au cours du débat, à l’instar de la Suisse qui a prévenu que « cet état de fait n’est pas seulement source d’un manque de ressources financières pour les jeunes concernés, il entraîne aussi un isolement et une perte pour toute l’économie ».  La Pologne a averti du risque de radicalisation de « certains jeunes » en raison de l’absence d’éducation civique, tandis que la République de Corée s’est plus particulièrement préoccupée de la protection de la santé mentale des jeunes, notamment en ce qui concerne la violence scolaire.  La Slovénie a appelé à « faire tomber le mur numérique » qui sépare les jeunes qui maîtrisent le monde numérique et ceux qui n’ont pas ces compétences.  Les jeunes allemands ont, de leur côté, fustigé le fait que les stages qu’offre l’ONU aux jeunes ne sont pas rémunérés.

En début de séance, le Président de la Troisième Commission, M. Christian Braun, du Luxembourg, a présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes. 

La Troisième Commission a également adopté la liste provisoire des titulaires de mandats spéciaux appelés à lui présenter leur rapport lors de la présente session.  Elle a aussi complété son bureau en élisant par acclamation Mme Gail Farngalo (Libéria) à la fonction de vice-président, qu’elle partagera avec M. Ihor Yaremenko de l’Ukraine et Mme Maria Emilia Eyheralde Geymonat de l’Uruguay.  M. Firas Hassan Jabbar el-Khaqani, de l’Iraq, occupera les fonctions de rapporteur.

La Troisième Commission poursuivra son débat général sur le développement social demain, mercredi 2 octobre, à partir de 10 heures. 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/74/184)

Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/74/205A/74/135)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/74/61-E/2019/4A/74/133A/74/170A/74/175A/74/206)

Déclarations liminaires

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que les dirigeants mondiaux ont réaffirmé, au cours du récent sommet des Nations Unies sur le développement durable, leur engagement à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour ensuite faire le point sur les progrès accomplis dans l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD). 

Il s’est félicité du déclin continu de l’extrême pauvreté, le taux de pauvreté mondiale étant passé de 10% en 2015 à 8,6% en 2018.  Des progrès ont également été accomplis dans le monde du travail, avec un taux mondial de chômage s’élevant à 5% en 2018.  La dernière fois que ce taux était si bas remonte à 2008, a indiqué Liu Zhenmin, qui a fait remarquer qu’il aura fallu 10 ans au marché de l’emploi pour se remettre de l’impact dévastateur de la crise financière mondiale.  Des progrès ont également été accomplis en matière de promotion de l’égalité des genres, de réduction de la mortalité maternelle et infantile, ainsi que dans la fourniture d’infrastructures de base et de services tels que l’accès à l’électricité, à l’eau potable et à l’assainissement.

Cependant, les progrès sont toujours trop lents et inégaux, a averti le Secrétaire général adjoint.  Il a notamment indiqué qu’en Afrique subsaharienne, le nombre de personnes extrêmement pauvres continue d’augmenter.  La Banque mondiale estime d’ailleurs qu’en 2030, près de 9 personnes sur 10 vivront dans une situation d’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne.  De plus, le ralentissement de la croissance économique pourrait interrompre les progrès vers la réalisation des ODD, tout particulièrement dans les pays vulnérables.  M. Liu a notamment indiqué que les perspectives de croissance économique mondiale s’étaient assombries en raison des tensions commerciales et de l’impact adverse des progrès technologiques.  Ces derniers étant cependant porteurs d’espoir pour opérer une percée dans la réalisation des ODD, il a appelé à orienter la technologie « dans la bonne direction » afin de contribuer au bien commun.

Outre les effets des changements climatiques et des événements climatiques extrêmes, le Secrétaire général adjoint a averti que la faim augmente: 821 millions de personnes étaient sous-alimentées en 2017 contre 784 millions en 2015.  Les inégalités de revenus, de richesses et d’opportunités se creusent dans de nombreux pays.  Un rapport qui sera publié début 2020 par le Département des affaires économiques et sociales (DESA) démontrera d’ailleurs que les inégalités basées sur le genre, l’âge, la race, l’ethnicité, le statut migratoire, les handicaps et le statut socioéconomique sont omniprésentes dans les pays développés comme dans les pays en développement.  Cette situation représente un défi croissant pour la stabilité et la prospérité mondiales, ainsi que pour la cohésion sociale et la confiance dans les institutions publiques, a-t-il prévenu.

M. Liu s’est également préoccupé de la persistance du manque de travail décent, soulignant que près de 90% des travailleurs des pays pauvres, et près de 84% des travailleurs des pays à revenu intermédiaire, sont toujours « pris au piège » dans le secteur informel.  Des formes d’emploi de mauvaise qualité et non conventionnels se propagent rapidement dans les économies avancées, et en 2018, plus d’un jeune sur 5 dans le monde n’était ni employé, ni en train de suivre une éducation ou une formation.

Les femmes, les jeunes, les personnes en situation de handicap et les personnes âgées font face à un risque élevé de chômage ou de sous-emploi, d’occuper une profession dangereuse ou de manque d’accès à la protection sociale.

De plus, les inégalités de genre persistent, a-t-il indiqué, précisant que les femmes représentent une écrasante majorité des 647 millions de personnes qui travaillent à plein temps sans être rémunérées.

M. Liu s’est également attardé sur le phénomène du vieillissement de la population, notant qu’en 2018, « pour la première fois dans l’histoire », les personnes de plus de 65 ans ont dépassé le nombre d’enfants de moins de 5 ans.  Et d’ici à 2050, elles dépasseront également le nombre d’adolescents et de jeunes de 15 à 24 ans, a-t-il ajouté.  Cette tendance illustre le succès énorme rencontré dans la réduction de la mortalité prématurée, mais souligne également l’importance d’adopter des politiques qui mettent à profit le vieillissement et considèrent les personnes âgées comme des agents actifs des efforts de développements.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite rappelé que le Sommet mondial pour le développement social fêtera son vingt-cinquième anniversaire en 2020 et a émis l’espoir que les États Membres se saisiront de cette occasion pour promouvoir le développement social et réaliser le Programme 2030.

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté les rapports au titre du point à l’ordre du jour. 

Dans un premier temps, elle a indiqué que le rapport du Secrétaire général intitulé « Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale » (A/74/205) souligne la nécessité d’intensifier la coopération internationale et l’accès équitable à l’éducation et à la santé, ainsi que les progrès dans la réalisation des objectifs fixés lors du Sommet mondial pour le développement social et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le rapport identifie les lacunes et les défis tout en ébauchant les stratégies à même d’aligner la coopération internationale d’appui aux politiques et stratégies nationales aux fins d’accélérer les progrès. 

Le document donne également un aperçu des discussions qui se sont tenues à l’occasion de la cinquante-septième session de la Commission du développement durable.  Mme Bas a déclaré qu’il était essentiel d’investir dans les personnes pour pouvoir réellement développer les capacités humaines et atteindre le développement social.  Pour ce faire, il conviendrait d’accroître les dépenses dans les secteurs de l’éducation et de la santé pour harmoniser les cadres nationaux de financement avec les priorités et maximiser l’utilisation efficace des ressources existantes, a-t-elle estimé.  Le rapport traite, en outre, des besoins spécifiques de l’Afrique et des pays les moins avancés, ainsi que ceux de divers groupes vulnérables.  Il s’achève sur des recommandations visant à l’accélération des progrès en matière de couverture sanitaire universelle; de l’amélioration de la protection sociale, notamment les seuils; de la réponse aux difficultés spécifiques des groupes défavorisés; et de la mobilisation de ressources supplémentaires pour l’investissement dans l’infrastructure en eau et d’assainissement.

Passant à une note du Secrétariat intitulée « Situation sociale dans le monde en 2019: les déterminants de l’évolution future des inégalités » (A/74/135), Mme Bas a indiqué que ce document contient une analyse de l’incidence de quatre des grandes tendances, à savoir les innovations technologiques, les changements climatiques, l’urbanisation et les migrations internationales, sur les inégalités.  Elle a prévenu que si des mesures décisives ne sont pas prises pour gérer chacune de ces grandes tendances de manière équitable, les inégalités s’accroîtront dans le monde. 

La Directrice de la Division du développement social inclusif a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général « Promouvoir l’intégration sociale par l’inclusion sociale » (A/74/133) qui, a-t-elle expliqué, porte sur la réduction des inégalités par l’autonomisation de tous, la promotion de l’inclusion sociale, économique et politique, la protection sociale, l’apprentissage inclusif tout au long de la vie et d’autres mesures visant à faire progresser l’intégration sociale.  Ce document met en évidence les bonnes pratiques en matière d’élaboration de politiques inclusives aux niveaux national et international.  Il présente également une perspective de genre sur les efforts d’inclusion sociale centrée sur l’autonomisation économique des femmes, notamment dans l’accès à l’emploi, l’égalité salariale et les politiques conciliant vie familiale et vie professionnelle, y compris des congés parentaux payés et des services de garde d’enfants abordables.  Là encore, des efforts soutenus s’avèrent nécessaires pour mobiliser les ressources domestiques et optimiser les dépenses publiques, a-t-elle indiqué.  Le rapport a insisté en outre sur l’importance de l’accès à l’éducation pour les groupes en situation vulnérable. 

Poursuivant, Mme Bas a présenté le rapport du Secrétaire général « Rôle des coopératives dans le développement social » (A/74/206) qui est axé cette année sur la couverture sanitaire universelle et le rôle des coopératives dans la fourniture des soins de santé, 100 millions de ménages dans le monde jouissant de cet accès grâce aux coopératives.  Elle a signalé que la présence de ces « entreprises modèles a été confirmée dans 76 pays, avec plus de 3 300 coopératives de santé générant 15 milliards de dollars.  Par ailleurs, certaines coopératives se consacrent à la distribution de produits pharmaceutiques et, dans plusieurs pays, des coopératives fournissent des assurances médicales.  Le rapport examine également la contribution des coopératives à la promotion de l’inclusion financière, et analyse trois questions nouvelles: l’émergence de l’économie des plateformes, les changements climatiques et la crise des réfugiés, ainsi que les moyens pour ces coopératives de contribuer à ces domaines. 

Dans son rapport « Politiques et programmes mobilisant les jeunes » (A/74/175), a-t-elle enchaîné, le Secrétaire général donne un aperçu des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 72/146 de l’Assemblée générale, l’accent étant mis sur l’emploi et l’entrepreneuriat; la santé et le bien-être; la lutte contre les inégalités et la marginalisation.  Il recommande à l’Assemblée générale de veiller à intensifier les efforts face aux taux élevés de chômage et de sous-emploi des jeunes, en s’attachant à stimuler les synergies entre le secteur de l’éducation et le marché de l’emploi, et à mieux préparer les jeunes aux emplois de l’économie verte.  Il s’agit en outre de donner accès à des services de santé sûrs, efficaces, durables, non discriminatoires et adaptés, en dispensant notamment des traitements et conseils destinés aux personnes atteintes de troubles de santé mentale, a-t-elle ajouté. 

Mme Bas a également présenté le rapport du Secrétaire général sur la « Réalisation des objectifs de l’Année internationale de la famille et mécanismes mis en œuvre pour y donner suite » (A/74/61-E/2019/4), qui analyse les tendances récentes de la famille et contient de nombreuses bonnes pratiques d’élaboration de politique nationale de la famille.

La Directrice de la Division du développement social inclusif a aussi évoqué le rapport du Secrétaire général « Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement » (A/74/170), qui insiste sur la nécessité d’un leadership concerté afin d’opérationnaliser l’inclusion des personnes âgées dans la réduction des risques de catastrophes et des cadres locaux et nationaux de planification et de réponse d’urgence. 

Mme ROSA KORNFELD-MATTE, Experte indépendante de l’ONU chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a indiqué qu’elle s’était rendue au Mozambique du 24 avril au 2 mai courant pour être témoin des défis que rencontrent les personnes âgées en situation d’urgence.  Les défis sont exceptionnels, a-t-elle dit, avant d’appeler la communauté internationale à soutenir le pays à court, moyen et long terme. 

Elle a expliqué qu’elles soient provoquées par un conflit ou une catastrophe naturelle, les situations d’urgence ont une incidence sur l’exercice des droits de l’homme.  Les personnes âgées sont touchées de manière disproportionnée par ces phénomènes, mais malheureusement, elles restent invisibles, a-t-elle déploré.  Il est donc nécessaire d’accorder une attention particulière à la population âgée, à sa nature hétérogène et aux nombreux facteurs qui contribuent à sa vulnérabilité accrue et spécifique, a-t-elle plaidé.

Il est, en outre, indispensable de reconnaître le rôle important des personnes âgées, hommes et femmes, en cas de déplacements involontaires et forcés.  Le « vieillissement est une « construction sociale contextuelle », a-t-elle souligné, expliquant que les notions d’âge varient selon les circonstances, les conditions, les cultures et d’autres considérations et facteurs.  En situation d’urgence, cette relativité de l’âge affecte la collecte de données et par conséquent le soutien dont peuvent bénéficier les personnes âgées. 

Pour donner une idée de l’ampleur de la situation, l’Experte a indiqué qu’en 2017, 335 catastrophes naturelles avaient été recensées, touchant presque 100 millions de personnes dans le monde.  Trois pour cent des réfugiés avaient plus de 60 ans, des chiffres « énormes »! s’est-elle alarmée. 

Mme Kornfeld-Matte s’est également attardée sur la question « importante » de la santé mentale en situation d’urgence.  Elle a estimé essentiel de recenser « les besoins biopsychosociaux » des personnes âgées tout en considérant également des aspects culturels.  Certaines pathologies peuvent être provoquées par l’urgence, des problèmes préexistants et/ou l’intervention humanitaire, a-t-elle expliqué.  De plus, veiller au respect du droit des patients de donner leur consentement libre et éclairé concernant un traitement est une autre difficulté qui peut être aggravée en situation d’urgence, notamment lorsque l’administration des services de soins de santé est soumise à des pressions supplémentaires.

Dans son intervention, Mme Kornfeld-Matte a également soulevé le problème de la maltraitance des personnes âgées dans les situations d’urgence et de l’insuffisance de la sensibilisation à la prévalence de ce phénomène.  La violence systématique renvoie au non-respect des personnes âgées et de leurs besoins particuliers pendant les interventions d’urgence, les activités de secours ou la fourniture de services, a-t-elle indiqué.  Selon elle, on aurait tort de croire que les personnes âgées ne sont pas « soumises à la violence sexuelle et sexiste, y compris le viol, ou que toutes ces personnes sont prises en charge par leurs familles.

Elle a également signalé qu’outre la tendance générale à ne pas signaler tous les cas d’abus, de mauvais traitements et de violence, en situation d’urgence les obstacles au signalement surviennent également en raison du manque de mobilité, l’isolement, la peur des représailles et les difficultés de communication dues à des troubles du langage, de l’ouïe ou de la vue.

L’Experte a aussi parlé de l’incidence des technologies numériques sur les droits des personnes âgées.  Elle a notamment indiqué que l’identification biométrique qui est de plus en plus utilisée dans le cadre de la gestion de l’aide d’urgence et des réfugiés peut contribuer à en renforcer l’efficacité.  Cependant, ces solutions « prêtes à l’emploi » n’ont pas été conçues pour des acteurs humanitaires et ne suivent pas obligatoirement une approche fondée sur les droits de l’homme, a-t-elle prévenu.

Mme Kornfeld-Matte a, par ailleurs, salué l’Uruguay pour l’avoir accueillie lors de sa mission en novembre 2018.  Elle a expliqué que ce pays est à un stade avancé de transition démographique, près de 20% de sa population ayant plus de 60 ans.  Elle a félicité le Gouvernement uruguayen pour les progrès « significatifs » accomplis dans la protection des personnes âgées, notant qu’il est le premier à avoir ratifié la Convention interaméricaine sur la protection des droits de l’homme des personnes âgées.  Cependant, a-t-elle poursuivi, davantage de ressources, notamment financières, doivent être allouées pour renforcer les besoins de ces personnes en matière de protection. 

Pour finir, l’Experte a rappelé l’importance de la Journée internationale des personnes âgées et a dit « œuvrer vers une égalité entre les tranches d’âge ».  Elle a conclu en citant la phrase « révélatrice » de l’auteur mozambicain contemporain Mia Couto dans son récit sur le sauvetage d’un homme âgé lors d’une inondation: « S’ils l’ont sauvé de la mort, ils ne l’ont pas sauvé de la vie. »

Dialogue avec l’Experte indépendante des Nations Unies, chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme

Les États-Unis ont reconnu que dans les situations de crise, les personnes âgées sont confrontées à des difficultés de toutes sortes, notamment dans les domaines de l’emploi et du logement.  Ils se sont dits d’accord avec les conclusions de l’Experte selon lesquelles les pensions améliorent la résilience des personnes âgées.  Ils ont toutefois fait valoir que tous les États Membres ne sont pas d’accord avec le concept de retraites non contributives.  Ils ont aussi souligné que les instruments existants protègent les droits de tous les individus, y compris ceux des personnes âgées.  Plutôt que d’utiliser nos ressources humaines et budgétaires, il serait donc préférable de nous consacrer à des mesures à court terme, ont-ils estimé, assurant que cette politique est celle que mènent les États-Unis.  Enfin, ils ont souhaité savoir quelles initiatives ont pris les Nations Unies en matière de collecte de données. 

Le Brésil a appelé à tenir compte de la nature hétérogène de la population âgée et de la contribution positive de ce groupe à la société.  Il a aussi souligné l’importance des enjeux liés au vieillissement rapide et à la vulnérabilité économique des personnes âgées, précisant que le Gouvernement brésilien avait lancé une réforme approfondie du système des retraites.  S’agissant de la protection des droits des personnes âgées, il a souhaité en savoir davantage sur l’importance des données ventilées pour répondre aux besoins spécifiques de ces personnes. 

« Déterminée » à participer au cadre normatif éventuel pour améliorer le statut des personnes âgées, la Slovénie a déclaré qu’elle souhaitait appliquer le principe de non-discrimination, y compris dans les contextes humanitaires.  Elle a demandé à connaître les bonnes pratiques rencontrées pour prendre en charge les personnes âgées dans les situations d’urgence.  Un cadre normatif pourrait-il améliorer la situation de ce groupe?

À son tour, l’Argentine a noté que la multiplication des crises humanitaires a un impact accru sur les populations concernées, à commencer par les groupes les plus vulnérables.  Les personnes âgées sont ainsi touchées de façon disproportionnée.  Elle a voulu savoir quelles mesures seraient efficaces pour améliorer l’accès des personnes âgées réfugiées aux systèmes de santé nationaux.  L’absence d’instrument juridique « complet » peut-il expliquer le manque de visibilité des personnes âgées en situation d’urgence?

Le vieillissement mondial est le grand défi socioéconomique de ce siècle, a reconnu le Royaume-Uni.  Constatant que les personnes âgées rencontrent de vraies difficultés en situation de crise, il a demandé comment les données pourraient être utilisées au mieux pour répondre de façon optimale à leurs besoins en situation d’urgence. 

L’Union européenne a expliqué accorder une attention particulière au problème de la discrimination liée à l’âge et s’est accordée sur l’importance d’appliquer des politiques ciblées afin de répondre de façon spécifique aux besoins de ces personnes.  Elle s’est interrogée sur la manière de surmonter ces défis et a demandé à obtenir des exemples de bonnes pratiques. 

À son tour, le Maroc a souhaité que l’on avance dans les discussions sur l’établissement d’un instrument international sur les droits des personnes âgées.  Il a également voulu savoir comment collecter au mieux des données dans les situations d’urgence et de crise.

Réagissant à ces commentaires, Mme Rosa Kornfeld-Matte a estimé qu’un instrument international serait « extrêmement » utile pour les personnes âgées, notamment en raison de leur vulnérabilité marquée.  S’agissant de la question de la collecte de données et de la meilleure façon d’y procéder, elle a souligné que la définition du concept d’âge peut différer énormément si l’on est réfugié ou simple citoyen d’une capitale.  En effet, a-t-elle expliqué, la situation d’un cinquantenaire dans un pays en situation de crise est différente de celle d’une personne célébrant son anniversaire à Paris, New York ou Londres.  Ces différences sont malheureusement ignorées, ce qui exclut une grande partie des individus. 

Elle a fait observer que la vulnérabilité peut être de nature sociale, l’absence de soutien à ce niveau pouvant avoir un fort impact au plan émotionnel.  À ses yeux, la méthode de collecte des informations doit tenir compte des liens sociaux (famille, proches, voisins) mais aussi de la situation des personnes à mobilité réduite.  De plus, a-t-elle insisté, cette catégorie de personnes est malheureusement moins visible en raison de l’absence de données ventilées.  Cela aggrave la situation de ces personnes qui ne sont pas prises en charge dans l’exécution des programmes. 

L’Experte a aussi soulevé le problème de la disparition des données en cas de catastrophes naturelles.  Elle a suggéré de procéder à des copies pour les préserver afin, par exemple, de connaître les antécédents médicaux des personnes vulnérables.  Elle a insisté sur l’importance de veiller à ce que ces dernières puissent donner leur consentement libre et éclairé dans les contextes médicaux, « ce qui n’est pas toujours le cas ».  Beaucoup de chemin reste à parcourir pour que ces personnes jouissent de leur droit, a-t-elle indiqué.  Elle a estimé que l’adoption d’un instrument international sur les personnes âgées est une nécessité, ces dernières étant des « sujets de droit et non pas seulement des bénéficiaires ». 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SOMAIA BARGHOUTI, de l’État de Palestine, a souhaité que cette session soit l’occasion pour les États Membres de mettre l’accent sur les suites à donner au Sommet mondial pour le développement social et sur les objectifs de développent durable à l’horizon 2030 (ODD).  Près de 25 ans après le Sommet mondial pour le développement social, d’importantes lacunes persistent a-t-elle relevé, pointant notamment l’augmentation des inégalités en matière de revenus.  Cela entrave la capacité des États Membres à tenir les engagements pris lors Sommet mondial et à tenir la promesse du Programme 2030, a-t-elle prévenu. 

La représentante s’est cependant félicitée que, lors du sommet sur le suivi de la réalisation des ODD, organisé la semaine dernière, il a été suggéré de lancer une décennie pour atteindre les ODD d’ici à 2030.  Elle a également salué l’adoption, pendant la semaine de haut niveau, de la déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle.  Elle a aussi évoqué l’Année internationale de la famille, qui vise à peser sur les politiques familiales, et a invité les États Membres à continuer d’investir dans ce domaine. 

Le Groupe reconnaît par ailleurs la précieuse contribution des personnes âgées au devenir des sociétés et appelle la communauté internationale à lutter contre les discriminations afin de s’assurer que les personnes âgées jouissent de leurs droits de l’homme et de leur dignité.  Le Groupe, a poursuivi la représentante, salue également les progrès réalisés afin d’incorporer la question du handicap dans la mise en œuvre des efforts de développement nationaux.  Le G77 réaffirme enfin que la coopération Nord-Sud demeure un facteur important de développement durable.  De même, la coopération Sud-Sud devrait compléter la coopération Nord-Sud plutôt que d’être considérée comme un substitut, a-t-elle conclu. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a fait part des progrès enregistrés en Afrique, comme en attestent les chiffres de la croissance économique et de la protection sociale.  Malgré cela, a-t-il reconnu, les inégalités de revenus se creusent et l’Afrique est toujours la dernière au monde en matière d’avancement socioéconomique.  La création d’emplois reste faible et une grande majorité de jeunes est sans emploi, sans éducation ni formation, et quand ils travaillent, ce sont des emplois vulnérables, dans le secteur informel, avec des bas salaires et des mauvaises conditions de travail, sans parler de l’absence de protection sociale, a-t-il déploré.  L’Afrique est convaincue que l’industrialisation est une des voies les plus viables pour générer l’emploi, la croissance et le développement.  C’est d’ailleurs ce qu’est la Position commune africaine arrêtée après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Toutefois, a souligné le représentant, le manque d’infrastructures, le manque d’accès aux marchés et aux technologies ainsi que l’impact des changements climatiques sur le secteur agricole empêchent la diversification d’économies trop lourdement dépendantes des ressources naturelles.  En outre, aujourd’hui, des secteurs comme l’agriculture, la pêche et le tourisme, que certains pays africains ont su exploiter, sont désormais menacés par les catastrophes naturelles provoquées par les changements climatiques.  Le représentant a conclu en appelant à une pleine mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague et de l’Accord de Paris sur le climat.

M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé qu’en 1995, lors du Sommet mondial sur le développement social, la communauté internationale s’était collectivement engagée à autonomiser les populations, à accroître leur capacités, ressources et opportunités.  Mais 25 ans plus tard, les inégalités persistent, a-t-il déploré, réitérant la détermination des membres de la CARICOM à améliorer le bien-être de leur population.  Pour cette raison, ces pays apprécient le thème de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale. 

Le représentant a ensuite rappelé que sa région était hautement sensible aux effets des changements climatiques et à la dégradation de l’environnement.  Cette réalité empiète sur ses capacités à répondre aux engagements pris au plan international, a-t-il affirmé, ajoutant aussi que la CARICOM restait engagée à continuer d’améliorer différents secteurs, dont celui de la santé. 

Il a également déclaré que le développement social devait prendre en compte la contribution des jeunes.  Pour cette raison les pays de la CARICOM continuent de fournir aux jeunes les moyens de contribuer, de faire entendre leurs voix et d’exprimer leurs talents.  Ils reconnaissent la participation des jeunes aux débats sur les changements climatiques et saluent leurs engagements, notamment lors du dernier sommet sur le climat organisé par les Nations Unies.  La CARICOM espère que les thématiques liées aux jeunes seront mises en œuvre dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a dit le représentant. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a constaté que, plus que jamais, le monde est aujourd’hui confronté à un ensemble de crises et à des défis d’ordre environnemental, social et économique qui ont des conséquences délétères sur le développement social.  À ses yeux, l’accent devrait être mis sur l’importance de la fourniture de produits et services de base aux populations les plus vulnérables.  Le programme de l’ASEAN dans le domaine du développement social se retrouve dans plusieurs documents de l’Association, notamment dans sa Vision 2020, sa déclaration Concord 1 de 1976 et Concord II de 2003, ainsi que dans le Plan d’action de Hanoï visant à créer une ASEAN reposant sur des sociétés équitables, harmonieuses et cohérentes. 

Dans ces différents cadres, a expliqué le représentant, l’ASEAN a pu dresser la liste des difficultés que rencontrent des groupes comme les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les familles pour garantir leurs droits et leur inclusivité.  L’ASEAN est guidée par des textes fondamentaux tels que la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention sur les droits des personnes handicapées et la Déclaration de Madrid sur le vieillissement.  Il a de plus indiqué que pour le groupe régional, le Programme 2030 sert d’excellent cadre en vue de créer une communauté mondiale plus inclusive et plus prospère.  Il importe à cet égard d’investir dans le bien-être de la population afin de garantir le développement social et la paix, a-t-il souligné.  Affirmant par ailleurs accorder une grande importance à la parité hommes-femmes et à la promotion des jeunes, il a confirmé l’engagement de l’ASEAN à participer aux délibérations relatives au développement social au sein de la Troisième Commission, son objectif étant de façonner des sociétés inclusives dans la région de l’Asie du Sud-Est. 

M. HÉCTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), qui s’exprimait au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a indiqué que l’intégration sociale est l’un des cinq piliers du système du SICA qui vise à promouvoir une croissance économique inclusive, le progrès social et le développement durable. 

Cette approche est basée sur l’adoption et la mise en œuvre de programmes de développement et politiques nationales avec des objectifs concrets et un calendrier, le but étant de permettre à tous la jouissance des droits civiques, humains, économiques, politiques, culturels et environnementaux.

À cet égard, il a souligné l’importance de soutenir les États dans leurs efforts de lutte contre les inégalités et les défis à l’inclusion sociale, à travers des politiques de protection budgétaire, salariale et sociale, ainsi que par le biais de l’autonomisation des personnes en situation de vulnérabilité, notamment les femmes, les enfants, les jeunes, les peuples autochtones, les personnes d’ascendance africaine en plus des personnes âgées et des personnes handicapées, des minorités et des migrants.

Le représentant a fait part de la conviction du SICA que des systèmes nationaux de protection sociale appropriés peuvent assurer le respect des droits de l’homme de chacun, en particulier pour les personnes en proie à la pauvreté, la marginalisation et la discrimination. 

Il a de plus estimé que la promotion d’un accès universel aux services sociaux ainsi que la mise en place de filets de sécurité sociale sont de nature à réduire la pauvreté et promouvoir une croissance économique inclusive. 

M. Jaime Calderón a par ailleurs fait part de l’inquiétude de sa région face au nombre des personnes âgées de 60 ans et plus qui représenteront 56% de la population à l’horizon 2050.  Il a indiqué que cette tendance démographique augmente rapidement dans les pays en développement et représente à la fois une opportunité de bénéficier de l’expérience de cette tranche d’âge mais également un défi, en ce qui concerne la conception et la mise en œuvre des politiques d’inclusion sociale et de solidarité intergénérationnelle.  À cet égard, il a souligné le rôle clef des familles dans le développement social.

M. CHRISTOPHE MICHEL JEAN-PIERRE FORAX, de l’Union européenne (UE), a assuré que l’UE était pleinement déterminée à promouvoir une éducation et une formation de qualité à tous les niveaux, sans discrimination de genre ni d’âge ou de handicap, estimant qu’il s’agit d’un droit humain fondamental pour briser le cycle de la pauvreté.  Cet engagement doit contribuer grandement à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et aux ODD, a-t-il estimé.

Il a également indiqué que la santé est un élément central d’une croissance et d’un développement durables et équitables et a réaffirmé le droit de chacun à accéder à la meilleure santé possible, de façon à promouvoir la dignité humaine, le bien-être et la prospérité.  À cette fin, l’UE continue de soutenir les pays partenaires dans leurs efforts pour bâtir des systèmes de santé solides et résilients, ainsi que les efforts en vue d’une protection sociale universelle.

M. Forax a ensuite indiqué que si les inégalités au sein de l’Europe sont moindres que dans les autres régions du monde, ce n’est pas par hasard mais le résultat de ses politiques publiques.  Il a cependant reconnu que certains groupes restent désavantagés dans leur accès aux soins de qualité, à l’emploi et à l’éducation, notamment les personnes handicapées.  Sans les politiques redistributives conduites au sein de l’UE ces inégalités seraient cependant bien pires, a-t-il nuancé, précisant que des salaires minimums sont en vigueur dans 22 des 28 États de l’Union.  Les systèmes de protection sociale ont également aidé l’Europe à minimiser les inégalités croissantes observées dans le monde depuis les années 1980.  Mais maintenir et améliorer le modèle de protection sociale de l’UE sera sans doute le défi le plus redoutable de la prochaine décennie, a-t-il toutefois prévenu.

Le représentant a déploré la persistance des inégalités salariales en Europe, et le fait que les jeunes soient substantiellement moins bien payés que les adultes.  L’UE a donc lancé une « garantie jeunesse » destinée aux moins de 25 ans pour faciliter leur obtention d’offres d’emploi de qualité, entre autres.  Même si le chômage des jeunes a atteint son plus bas niveau depuis 2000, des efforts supplémentaires sont nécessaires, notamment pour atteindre les jeunes qui ont le moins d’opportunités.

L’UE s’engage également à combler les écarts qui persistent aux stades les plus avancés de la vie.  Elle a d’ailleurs l’intention de développer un livre vert de la vie active pour renforcer le droit à l’autonomie des personnes âgées.  Enfin les inégalités se font également au détriment des femmes: pour les surmonter, une recommandation sur la transparence salariale vise à réduire les différences de salaires entre 2017 et 2019, et une directive adoptée cet été établit des normes minimales pour les congés parentaux.  La Commission a également pris des engagements contre la violence faite aux femmes, une sur trois ayant à en souffrir dans l’UE.  Enfin, M. Forax a regretté qu’au sein de l’UE, 30% des personnes handicapées âgées de 16 ans et plus vivent dans un foyer menacé de pauvreté ou d’exclusion – contre moins de 21% pour le reste de la population.

Le représentant a par ailleurs fait savoir que la nouvelle présidence de la Commission européenne a l’intention de proposer des dispositions juridiques qui garantiraient à chaque travailleur de l’UE un salaire minimum, une assurance chômage et renforcerait les garanties des jeunes contre le chômage.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili), s’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a fait part de l’augmentation mondiale du nombre de personnes âgées et de la tendance croissante au vieillissement des sociétés dans le monde entier, source de nouveaux défis pour le développement qui, a-t-il estimé, doivent être mieux pris en compte.  À ses yeux, cette évolution offre l’occasion de prendre des mesures efficaces contre la discrimination fondée sur l’âge, et de considérer enfin les personnes âgées comme des contributeurs actifs de la société, et non comme des assistés passifs et des fardeaux pour les services sociaux et l’économie. 

Il a parlé de la pauvreté et des conditions de vie inadéquates dont souffrent beaucoup de personnes âgées, trop souvent privées de logement, de sanitaires et de soins pour des maladies chroniques, souffrant également de malnutrition et du manque d’accès à l’eau potable. 

Il a rappelé que malgré leur dénuement, ces personnes font souvent vivre leur famille et ont la charge de petits-enfants et d’autres membres du foyer.  D’où, à son sens, la nécessité de politiques intersectorielles, et de cadres juridiques adaptés, permettant l’insertion des personnes âgées dans la vie sociale, économique, civique et politique, à l’abri des contraintes, des discriminations et des violences, qui assurent également leur dignité et leur participation au développement de la société. 

Le représentant a indiqué que ces mesures sont essentielles pour la réussite du Programme 2030.  Il a regretté que le Plan d’action de Madrid reste un instrument non contraignant pour les États.  Sa mise en œuvre inégale, les écarts entre politiques et pratique effective le rendent encore insuffisant pour garantir les droits de l’homme des personnes âgées, a-t-il prévenu.

Mme AL ABTAN (Iraq) a jugé important de créer des institutions capables de renforcer le développement social afin de s’assurer que personne ne soit laissé de côté.  Soucieux de parvenir à cet objectif, l’Iraq a créé un fonds souverain pour le développement de la jeunesse afin de développer des moyens d’action.  Le Gouvernement iraquien a également lancé un plan quinquennal qui vise à renforcer, à cette fin, le rôle du secteur privé, la création de programmes de travail et des activités économiques pionnières.  Le pays œuvre également à des programmes visant à répondre aux besoins des personnes âgées et à leur inclusion dans la société.  S’agissant des personnes handicapées, la représentante a précisé que l’Iraq collabore avec différentes agences spécialisées pour leur fournir un soutien médical et financier, tout en mettant en place des programmes spéciaux destinés à prévenir les violences à leur encontre. 

Mme AKANE MIYAZAKI (Japon) a assuré que son pays accorde une grande importance à « l’autonomisation holistique » de tous les individus, y compris les femmes, les personnes handicapées, les personnes âgées, les jeunes et les personnes LGBTI.  Le Japon tirera parti de l’élan créé par les Jeux paralympiques 2020 de Tokyo pour promouvoir la participation active des personnes handicapées dans divers secteurs, au-delà du sport. 

Au niveau international, a expliqué la représentante, son pays promeut la couverture sanitaire universelle, notamment en Afrique, un thème soulevé lors du Sommet du G20 qui s’est tenu en juin dernier à Osaka.  Au mois d’août, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), organisée à Yokohama, a mis l’accent sur l’augmentation des investissements privés en Afrique.  En outre, depuis 2014, a rappelé Mme Miyazaki, le Japon accueille l’Assemblée mondiale pour les femmes (« WAW! ») et débat des questions de parité.  La prochaine Assemblée se réunira à Tokyo les 3 et 4 avril 2020, a-t-elle précisé.

Mme WAGNER (Suisse) a rappelé que la lutte contre les inégalités constitue l’un des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a toutefois déploré que les États ne disposent, ni au plan national ni à l’échelle internationale, des instruments statistiques idoines pour mener une action efficace en la matière.  Bien que des pistes soient mises à l’étude par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou le Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU, nous ne pouvons nous résigner à cet aspect, a déclaré la représentante.  La Suisse, a-t-elle souligné, soutient les efforts visant à promouvoir l’utilisation des statistiques et considère qu’un élément central consiste à placer les victimes d’inégalités au centre du processus. 

S’exprimant à son tour, la déléguée de la jeunesse suisse, Mme JOHO, a noté que cette année marque le centenaire de l’Organisation internationale du Travail, 100 ans d’engagement en faveur de la sécurité sociale et donc de la paix et de la prospérité.  Elle a cependant constaté que les jeunes générations sont touchées par un taux de chômage très élevé dans le monde et que plus d’un jeune sur 5 est aujourd’hui déscolarisé.  Cet état de fait n’est pas seulement source d’un manque de ressources financières pour les jeunes concernés, il entraîne aussi un isolement et une perte pour toute l’économie, a-t-elle prévenu.  Qualifiant l’accès à l’éducation de priorité pour tous les États, elle a noté que le système de formation professionnelle suisse aide à lutter contre le chômage car la formation théorique est complétée par une expérience en entreprise.  Une telle démarche fortifie la cohésion sociale et solidifie le marché du travail en pleine mutation, a-t-elle conclu.

Pour Mme RENEVIER (Luxembourg), la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) demande une planification intégrée, transversale et cohérente des actions relevant de plusieurs domaines politiques.  Elle a mis l’accent sur l’objectif 10 de développement durable relatif à la réduction des inégalités et l’objectif 8 sur la garantie d’un emploi décent et la croissance économique.  Dans la poursuite de ces deux objectifs, a-t-elle expliqué, le Luxembourg a remplacé le revenu minimum garanti (RMG) par le revenu d’inclusion sociale (REVIS) qui se compose de deux allocations distinctes qui sont « l’allocation inclusion », donnant les moyens de subsistance de base aux personnes n’ayant pas ou très peu de revenus, et « l’allocation d’activation », en échange de laquelle le bénéficiaire doit participer à des activités, des cours ou des formations, ce qui doit permettre aux personnes éloignées du marché de l’emploi de bénéficier de mesures d’activation sociale et professionnelle.

La lutte contre l’exclusion sociale est un objectif essentiel pour le Luxembourg, a-t-elle précisé, ajoutant que le Gouvernement cherche à mettre en place une stratégie « active ageing », une approche transversale qui devrait permettre de promouvoir activement le bien-être et la qualité de vie des personnes âgées.  Par ailleurs, l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration est chargé d’organiser l’accueil des demandeurs d’asile et un parcours d’intégration accompagné a été développé ainsi que des cours de langue.  La représentante a également évoqué les mesures prises en faveur des personnes handicapées afin de leur permettre de pleinement participer aux activités quotidiennes et pouvoir prétendre à un travail correspondant à leurs compétences.  De plus, le Gouvernement a mis en place une législation favorable aux familles, notamment en termes de congé de paternité qui est passé de 2 à 10 jours, dont 8 pris en charge par l’État, a confié la représentante, ajoutant que désormais, le congé parental peut être pris à plein temps sur quatre à six mois, ou de manière fractionnée de plusieurs périodes d’un mois.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a indiqué qu’il y a un an de cela, la population de son pays a voté pour le changement, la justice, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et une plus grande reddition des comptes.  Le nouveau Président a promis de traiter tous les citoyens des Maldives avec dignité et sans discrimination sur la base de l’ethnie et du lieu d’origine, a assuré la représentante.  Et le nouveau Gouvernement accorde une grande importance à la lutte contre les changements climatiques, qu’il intègre à ses programmes de développement social afin de ne pas reculer sur les avancées réalisées dans ce domaine.  Dans le même ordre d’idées, le Ministère du genre, de la famille et des services sociaux a incorporé la couverture sanitaire universelle à ses objectifs. 

Ces dernières années, a poursuivi la déléguée, les Maldives ont tenté d’améliorer la qualité de leurs services sanitaires, ce qui a permis d’éliminer un certain nombre de maladies transmissibles comme la polio, le paludisme, la rougeole et, plus récemment, la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  Cela s’est toutefois accompagné d’un essor des maladies non transmissibles liées aux changements dans les modes de vie, a-t-elle concédé.  Le Gouvernement s’engage par ailleurs à fournir une éducation de qualité pour contribuer au développement socioéconomique du pays.  La lutte contre l’inégalité des chances a permis une scolarisation proche de 90%, s’est-elle enorgueillie.  Elle a ajouté qu’une action était menée au plan national dans le domaine de la formation professionnelle afin de créer des possibilités d’emploi pour les jeunes.  Elle a conclu son propos en soulignant l’importance accordée par son pays à l’appui aux personnes âgées et handicapées, via la création d’institutions visant à leur donner les mêmes chances et droits que les autres citoyens. 

Après avoir mis l’accent sur la diversité des jeunes, M. NIKOLAS KARANIKOLAS, délégué de la jeunesse de l’Allemagne, a déclaré que l’ONU est à la croisée des chemins s’agissant de la participation des jeunes.  Il a pointé les États qui laissent les migrants se noyer en mer, progresser les changements climatiques, des personnes être persécutées en raison de leur religion ou croyance, leur ethnicité ou leur orientation.  Il a par ailleurs appelé l’ONU à fournir des stages rémunérés, une mesure que les jeunes délégués allemands réclament depuis 15 ans.  Il a affirmé que sa génération est la première qui peut mettre fin à l’extrême pauvreté et peut-être la dernière à pouvoir arrêter la progression des changements climatiques.  « Nous avons le potentiel, les ressources et le savoir-faire pour changer le monde, mais nous ne le faisons pas, perdus que nous sommes dans nos égoïsmes et nationalismes », a-t-il déploré.  Les jeunes vous observent et « ma hantise est qu’ils perdent espoir en les Nations Unies ». 

À son tour, Mme JOSEPHINE HEBLING, déléguée de la jeunesse de l’Allemagne, a rapporté que lorsqu’elle et ses confrères avaient travaillé avec des jeunes dans le cadre d’ateliers pour collecter des idées, nombre d’entre eux n’avaient jamais entendu parler des Nations Unies.  La plupart, non habitués à exprimer leurs opinions personnelles, étaient même étonnés de l’opportunité qui leur était donnée de contribuer à des changements au plan international.  Mais la problématique la plus citée dans le cadre des différents ateliers est celle de la protection de l’environnement, a fait observer la déléguée qui a précisé que leurs préoccupations portent sur l’impact des activités humaines sur l’environnement.  Elle a également témoigné de leur anxiété et colère face à l’inaction aux niveaux local, national et international.  Elle a prévenu que cela conduit à une perte de confiance vis-à-vis des décideurs qui n’associent pas les jeunes aux processus de prise de décisions. 

Mme ESTER HALLSDOTTIR, déléguée de la jeunesse de l’Islande, s’est dite honorée d’appartenir à la première délégation des jeunes de son pays aux Nations Unies.  Elle a salué la volonté politique croissante des dirigeants de l’Islande de favoriser une meilleure participation de leur jeunesse aux processus de prise de décisions, tout en relevant que des progrès demeurent nécessaires.  Elle a notamment cité la mise en œuvre d’une politique nationale de la jeunesse, et la révision des lois actuelles qui par exemple, empêchent les jeunes de moins de 18 ans de siéger aux conseils d’organisations et de participer pleinement à la démocratie. 

« Nous sommes trop souvent les jeunes de service », a-t-elle regretté.  Malgré l’apparence d’une inclusion, nos voix ne sont pas vraiment entendues, ce qui peut décourager l’engagement civique des jeunes.  Nous ne nous résumons pas à une stratégie de relations publiques.  Au contraire, nous contribuons à la société et au progrès social. »

Mme Hallsdottir a ensuite indiqué qu’en Islande, des enfants et des jeunes gens ont participé comme des millions d’autres dans le monde, aux grèves d’écoles pour la défense du climat, et a constaté que cette unité des jeunes pousse les leaders mondiaux à intensifier la coopération internationale et à se montrer solidaires sans oublier d’associer la jeunesse à leurs efforts.

Enfin, la déléguée a rappelé que « dans le groupe déjà marginalisé des jeunes », certains subissent en outre de multiples discriminations.  « Bien que l’Islande soit considérée comme la nation la plus avancée sur la question de l’égalité des sexes, ce but n’a pas été pleinement atteint », a-t-elle déploré, citant les témoignages de femmes islandaises durant le mouvement #METOO qui ont mis en lumière d’innombrables cas de violences sexuelles et de harcèlement dans leur pays.  Elle s’est également inquiétée du contrecoup infligé aux droits sexuels et reproductifs des femmes et a conjuré « les pays qui aspirent à défendre les droits de l’homme et être des leaders mondiaux de se montrer les ardents défenseurs des droits humains des femmes ».

M. EL-ANSARY, délégué de la jeunesse de l’Australie, a mis l’accent sur le nombre croissant des jeunes confrontés à l’incertitude concernant leur avenir.  Il a expliqué s’être rendu dans les territoires les plus reculés de son pays pour aller à la rencontre des jeunes de son âge.  S’il a vu que le système créé en Australie pouvait leur être utile, il a surtout constaté qu’une fois inclus au sein de la société, les jeunes la façonnent grâce à leur créativité.  Il a souhaité transmettre un message d’espoir, relevant toutefois que cet espoir est aujourd’hui entravé par la peur.  J’ai peur que nous n’ayons pas voix au chapitre, a-t-il avoué. 

Il a notamment rapporté que beaucoup de jeunes lui ont parlé de stigmatisation, d’un manque de formation, de l’absence de travail, des difficultés liées au coût de la vie et au chômage, des problèmes de logement, mais aussi de discriminations.  C’est ainsi que des membres de la communauté LGBTI se sentent ostracisés et que des membres de communautés autochtones ignorent l’importance de leur culture.  Tous m’ont parlé de leur peur liée aux changements climatiques, a-t-il ajouté, parlant de jeunes agriculteurs incapables de nourrir leur bétail en raison de la sécheresse.  Mais il y a de l’espoir, a-t-il néanmoins estimé, car les jeunes Australiens croient à la possibilité de créer un monde meilleur.  Nous croyons que nous pourrons être les architectes de l’avenir, mais cela ne sera possible que si nous sommes inclus dans la conversation qui façonne notre vie, a-t-il conclu. 

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a axé son intervention sur les droits des personnes âgées et l’importance de disposer d’un contenu normatif des obligations qui s’appliqueraient aux États.  Il est de notre devoir, a-t-elle déclaré, de garantir les droits des personnes âgées.  La représentante a reconnu les efforts fournis par la société civile en la matière et a indiqué que son gouvernement promeut des discussions sur l’élaboration d’un cadre contraignant pour le respect des droits des personnes âgées.  La Slovénie développe aussi une campagne pour démontrer comment les perceptions négatives dont pâtissent les personnes âgées représentent le plus grand obstacle à leur inclusion.  La Slovénie développe également un plan d’action national pour la mise en œuvre effective d’une stratégie incluant une approche complète qui comprenne soins de santé, éducation, protection sociale, accès à l’emploi et des questions d’ordre juridique.

Lui emboîtant le pas, M. PATRICK BOLE, délégué de la jeunesse de la Slovénie, a présenté les défis auxquels sont confrontés les jeunes, insistant notamment sur les préoccupations qui accompagnent la numérisation, notamment la désinformation.  Il a expliqué que 99% des jeunes de Slovénie ont accès au monde numérique et que sur les réseaux sociaux, les jeunes s’expriment, notamment au sujet des changements climatiques.  Les jeunes slovènes sont cependant conscients que pas tous n’ont accès au monde numérique.  « Nous avons vu tomber le mur de fer, mais il faudrait à présent faire tomber le mur numérique entre ceux qui maîtrisent le monde numérique et ceux qui n’ont pas ces compétences », a-t-il dit.

Mme INMACULADA AVOMO ESONO KIEBIYENE (Guinée équatoriale) a détaillé le contenu du Plan national de développement économique et social à l’horizon 2035 adopté par son gouvernement pour éradiquer la pauvreté, lutter contre les inégalités sociales, accélérer l’industrialisation du pays et garantir la protection de l’environnement. 

En matière de santé, la représentante a indiqué que son pays garantissait désormais la gratuité de la santé maternelle, néonatale et infantile, y compris pour les accouchements par césarienne et les femmes souffrant de fistules obstétricales.  Au nombre des soins remboursés, figurent également le diagnostic, la prévention et le traitement du cancer du col utérin et les consultations médicales dans les centres hospitaliers régionaux, notamment pour les malades atteintes de paludisme et du VIH/sida.  La représentante a aussi indiqué que la Guinée équatoriale avait procédé à la construction de la première clinique de santé mentale du pays, dans la localité de Sampaka.

S’agissant de l’éducation, la représentante a déclaré que l’école gratuite et obligatoire était désormais de mise aux niveaux maternel et primaire pour les Équato-Guinéens comme pour les résidents étrangers, de même que la formation professionnelle.  En matière d’emploi, la représentante a indiqué que la loi nationale interdisait toute discrimination salariale pour des motifs de genre dans la fonction publique.

En outre, la représentante a indiqué que son gouvernement avait fourni plus de 4 000 logements sociaux à la population du pays.  Tous les Équato-Guinéens, a-t-elle enfin précisé, ont désormais accès à l’eau potable et 66% d’entre eux ont accès à l’électricité.

Mme AYSE INANC-ORNEKOL (Turquie) a observé que, par le biais du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la communauté internationale s’est embarquée sur une voie courageuse qui vise à ne laisser personne de côté.  Mais si des progrès ont été réalisés en matière de développement social, les avancées restent inégales, a-t-elle noté.  Il faut, selon elle, adopter une approche globale pour intégrer les personnes vulnérables aux efforts de développement mondiaux. 

Elle a expliqué que le modèle de développement de la Turquie est centré sur l’humain et se concentre sur la croissance économique, l’inclusion sociale et la protection environnementale.  Le pays a également fait de la mise en œuvre des ODD une priorité, comme en atteste son plan de développement 2019-2023, qui a été élaboré en fonction du Programme 2030.  Dans ce cadre, la Turquie accorde une attention particulière aux jeunes, aux personnes âgées et aux personnes handicapées.  Elle prend notamment en compte les besoins de la population vieillissante, ce qui l’a conduite à organiser en février, à Ankara, le premier Conseil international sur le vieillissement, qui se veut une plateforme pour procéder à des échanges d’idées sur cette question. 

En ce qui concerne les handicapés, la Turquie s’emploie à les intégrer à la vie sociale en tant que citoyens à part entière, notamment en promouvant leur accès à l’éducation et à l’emploi.  Relevant que la moitié de la population turque a moins de 22 ans, la représentante a noté que son pays s’efforce de les faire participer aux décisions les concernant.  Des projets en matière de formation professionnelle sont ainsi menés pour permettre aux jeunes et aux femmes de jouir de meilleures conditions de vie.  Enfin, la représentante a rappelé que la Turquie accueille sur son territoire 1,5 million de réfugiés qui bénéficient de services sociaux et de soins de santé. 

Pour M. GONZALO ARNALDO RIVERA ROLDAN (Pérou), la composante sociale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit se concentrer sur l’autonomisation des personnes les plus vulnérables afin de bâtir des sociétés plus inclusives, plus participatives, et plus justes.  Pour y parvenir, le Pérou a fait du développement social et du bien-être de sa population les axes principaux de ses politiques.  Il vise ainsi en priorité la réduction drastique du taux d’anémie chez les enfants de moins de 3 ans et les femmes enceintes et a élaboré un plan spécifique à cette fin qui mobilise toutes les agences du gouvernement et les secteurs concernés.  Le Pérou a également accueilli, en août, la troisième Conférence régionale sur la population et le développement en Amérique latine, qu’il présidera jusqu’en 2020.

Le représentant a ensuite fait observer que le développement social ne dépend pas uniquement d’une croissance économique solide, mais aussi de politiques publiques de lutte contre la pauvreté et d’intégration sociale.  C’est d’ailleurs pour cette raison que le Gouvernement péruvien s’est fixé pour objectif de réduire la pauvreté de 15% en favorisant l’accès à l’eau, à l’hygiène, à l’électricité et aux télécommunications. 

Il a, par ailleurs, fait savoir que le Pérou présentera cette année, pour la cinquième fois, le projet de résolution consacré à la promotion de l’intégration sociale grâce à l’inclusion sociale.

Mme HELLEN MKHWEO CHIFWAILA (Zambie) a estimé que beaucoup de progrès étaient encore attendus, 25 ans après le Sommet mondial pour le développement social.  Elle a expliqué que le Gouvernement zambien était déterminé à établir des politiques de développement social en mettant l’accent sur la protection sociale des plus démunis, notamment dans les zones rurales.  Elle a souligné les efforts de son pays pour permettre à 18 706 travailleurs du secteur économique informel d’être couverts par le régime de retraite à partir de juin 2019.  Elle a aussi expliqué que son gouvernement avait lancé en mai 2015 une politique nationale sur le vieillissement pour s’attaquer à toutes les questions auxquelles font face les personnes âgées, dont la pauvreté, la santé, l’alimentation, les revenus et les conditions de vie en général. 

« Pour améliorer la productivité, le Gouvernement a entrepris des réformes du droit du travail dans le souci de promouvoir les droits des travailleurs », a poursuivi la représentante de la Zambie avant d’annoncer que son pays avait intégré plusieurs législations, dont celles relatives à l’emploi, l’emploi des jeunes, les enfants, les revenus minimums et les conditions de travail, à un code du travail « unique » adopté par le Parlement en avril 2019.  Dans le domaine de la santé, elle a indiqué que la Zambie avait décidé de faire de la réalisation de la couverture sanitaire universelle une priorité.  « Nous sommes conscients que pour atteindre cet objectif, nous devrons non seulement améliorer nos infrastructures mais aussi les compétences humaines de ceux qui sont en charge de nos services de santé », a-t-elle indiqué. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que toutes les mesures destinées à bâtir des sociétés inclusives devaient avoir une vision claire de la centralité de la personne humaine, de la dignité humaine et des droits inaliénables qui découlent de celle-ci.  Le développement humain et le plein exercice de la dignité humaine ne peuvent être imposés, ils doivent se développer en chaque être humain et dans chaque famille, en relation avec les autres, a-t-il estimé. 

Mgr Auza s’est attaché au sort des personnes âgées, qui, a-t-il souligné doivent bénéficier de nouvelles opportunités d’accès à l’éducation et à l’emploi afin de continuer à être des membres à part entière de la société.  Il faut aussi mettre fin à l’approche « profondément fallacieuse et utilitariste » qui ne met en valeur les personnes âgées que par leur impact économique, a-t-il ajouté.  Il a appelé à assurer à ces personnes des services médicaux de qualité, sans la discrimination dont elles sont parfois victimes, notamment en fin de vie. 

L’Observateur permanent a de même rappelé l’importance d’un accès à l’éducation et à l’emploi pour les personnes handicapées, soumises à de nombreuses formes de discrimination.  Mgr Auza a notamment insisté sur la discrimination des personnes diagnostiquées comme ayant un handicap avant leur naissance, faisant état d’un haut niveau d’avortement qui montre que « l’une des pires formes de discrimination se produit à cet âge tendre de la vie ».  Il a regretté que la Convention relative aux droits des personnes handicapées n’assure pas de protection dans ce domaine. 

Mgr Auza s’est enfin inquiété de l’exclusion ou de la marginalisation des jeunes qui, privés d’emploi et de perspectives, peuvent devenir la proie de la radicalisation et du recrutement par des groupes armés, à moins qu’ils ne soient contraints d’émigrer vers des pays qui ne veulent pas d’eux. 

Pour l’Observateur permanent, la protection de ces trois groupes vulnérables et la promotion de leur inclusion impliquent un investissement dans la famille, qui est « peut-être le plus efficace filet de protection sociale ».  Les programmes sociaux et initiatives gouvernementales devraient donc soutenir ce rôle premier et irremplaçable de la famille, a-t-il estimé.

M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a pointé les niveaux élevés de pauvreté comme obstacle majeur au plein exercice des droits de la personne et à un développement durable inclusif.  En guise de remède, il a souligné le caractère indispensable de l’élaboration et de l’exécution de politiques publiques intégrales d’inclusion sociale axées sur les droits pour garantir l’intégration de tous les groupes sociaux en situation de vulnérabilité à chaque étape de la vie.  L’Argentine s’est dotée d’un solide système de protection sociale axé sur les familles en situation de vulnérabilité sociale et de pauvreté.  Ce système, a-t-il expliqué, repose sur un seuil de revenus minimal, l’amélioration de la qualité de vie et la promotion de la mobilité sociale.  L’application de cette approche multidimensionnelle dans la structure du système de protection sociale a eu pour conséquence l’élargissement de la couverture de tous les segments de la population, a précisé l’orateur. 

Ainsi, le système d’allocations familiales couvre 93% des enfants de moins de 18 ans, tandis que la couverture de protection sociale a été élargie pour couvrir à l’heure actuelle 90% de la population adulte; les femmes représentant 63% des bénéficiaires du système.  Les personnes handicapées jouissent, de leur côté, d’un important système de pension avec plus d’un million de récipiendaires.  Quant à l’éducation publique, elle est obligatoire et gratuite, tout comme le secteur de la santé, qui est également universel et gratuit. 

L’Argentine s’efforce également d’établir un budget national sensible à l’égalité des sexes, et veille par ailleurs à la mise en œuvre d’une stratégie pour la petite enfance visant au renforcement et à la création d’espaces pour cette tranche d’âge, de 45 jours après la naissance à 4 ans.  Le représentant a préconisé la plus haute protection et assistance à la famille, tout en reconnaissant qu’il existe des « formes variées de familles » dans différents systèmes culturels, politiques et sociaux.  Il s’est prononcé en faveur de l’élaboration d’un instrument universel garantissant la pleine participation des personnes âgées au développement de leurs sociétés, exemptes de violence, de discrimination, d’indifférence, d’abus et de mauvais traitements. 

Mme HYUNG WON SUH, déléguée de la jeunesse de la République de Corée a voulu porter la voix des huit millions de membres de la future génération de son pays et plus généralement des 16% de jeunes de la population mondiale, qui ont « des droits et des responsabilités en tant que principaux agents du changement ».  En République de Corée, a-t-elle fait savoir, les institutions et les politiques de soutien à l’entrepreneuriat des jeunes sont mieux financées que jamais.  Cependant, en matière de santé, la protection de la santé mentale des jeunes générations, en particulier en ce qui concerne la violence scolaire, est une source de préoccupation majeure.  Pour élaborer ces politiques, les jeunes ont été invités à participer et certaines de leurs suggestions mises en pratique.  Toutefois, cette participation doit être davantage encouragée et les jeunes doivent occuper une place active dans la société, a estimé la délégation.

M. CHAUDRY, délégué de la jeunesse de la Norvège, a témoigné que lorsque son père avait débarqué à l’aéroport d’Oslo en 1982, « il n’était pas écrit que ce jeune homme pourrait prendre racine dans son nouveau pays.  Heureusement pour lui, il a été intégré dans le système éducatif norvégien. »  Il a ensuite regretté que le scénario d’intégration réussie de son père soit loin d’être la règle.  Il s’est inquiété du fait que 3,7 millions d’enfants déplacés ne sont pas scolarisés, et que le ratio enseignant-élève pour les enfants déplacés soit d’un pour 70, s’appuyant sur les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).  M. Chaudry a aussi dénoncé le manque d’infrastructures scolaires dans les camps de réfugiés.  Il a prévenu que les périodes de déscolarisation rendent « au mieux chaotique, au pire inexistante » l’intégration dans les systèmes éducatifs des pays d’accueil.

Le délégué a également relevé que beaucoup de jeunes autochtones souffrent des préjugés raciaux et assimilationnistes au sein des systèmes éducatifs nationaux.  Il a averti que l’interdiction d’utiliser les langues maternelles à l’école et la propagande visant à éliminer certaines cultures et traditions produisent des citoyens de seconde zone.  Il a rappelé que l’objectif de développement durable 4.5 fixe comme cible claire l’accès à tous les niveaux d’éducation pour les enfants les plus vulnérables et que la résolution 64/290 fait clairement du droit à l’éducation un des droits de l’homme.  « Il faut désormais passer aux actes! »  Il a également appelé au respect des résolutions 2250 et 2419 du Conseil de sécurité qui soulignent la nécessité de l’inclure à toutes les étapes des processus de paix. 

M. FABIÁN OSWALDO GARCÍA PAZ Y MIÑO (Équateur) a détaillé le contenu du plan national de développement dont s’est doté son pays pour la période allant de 2017 à 2021.  S’agissant de la petite enfance, a-t-il indiqué, ce plan comprend l’octroi de services spécifiques à 180 000 filles et garçons âgés de zéro à 5 ans, dans les domaines de la santé, la nutrition, l’apprentissage et la sécurité.  Le représentant a également mentionné l’intention de son gouvernement de mettre à disposition de la population environ 350 000 logements sociaux d’ici à 2021, ainsi que d’allouer 22 millions de dollars aux personnes handicapées pour aider 294 304 d’entre elles à vivre dignement.  De plus, les autorités équatoriennes ont instauré un programme de rémunération des individus en situation de pauvreté ayant à charge des personnes vivant avec un handicap lourd, via le paiement d’un solde mensuel de 240 dollars dont bénéficient actuellement 24 303 personnes.  Cela s’ajoute, a-t-il précisé, aux 50 dollars mensuels payés par le Gouvernement aux personnes handicapées en situation de pauvreté et d’extrême pauvreté, dont dépendent actuellement 118 670 personnes. 

Le représentant a également affirmé que son gouvernement était parvenu à insérer professionnellement 81 463 personnes vivant avec un handicap, soit une augmentation de 213% par rapport à 2012.  Outre les personnes handicapées, l’Équateur s’emploie à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes et à garantir le bien-être des personnes âgées, a indiqué le représentant, via notamment des prestations sociales dans les domaines de l’aide médicale, des retraites et des activités récréatives, programmes dont bénéficieront 250 000 seniors d’ici à 2021. 

M. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a déclaré que malgré les sanctions illégitimes à son encontre, la Russie respecte ses obligations envers sa population et attache une importance particulière à l’amélioration du bien-être de ses citoyens.  Il a indiqué que depuis le 1er octobre, la Fédération de Russie a indexé à 4,3% le salaire des fonctionnaires publics.  Le salaire minimum augmentera également, une mesure qui touchera 3,2 millions de personnes environ.  Il a précisé que 142 millions de dollars sont dédiés à cette fin.  Également, à partir du 31 janvier, 31 millions de retraités auront droit à une augmentation de leur pension de retraite de 6,6%.  Les allocations pour les personnes handicapées augmenteront quant à elles de 4%.

En un an, la Fédération de Russie a également mis en place un projet en faveur des personnes âgées, afin qu’elles acquièrent de nouveaux savoir-faire.  Afin d’améliorer l’espérance de vie, un ensemble de mesures ont été prises pour favoriser le bien-être des personnes âgées et handicapées, notamment en ce qui concerne les soins hospitaliers et ambulants.  La Fédération de Russie a également adopté plusieurs amendements en faveur des personnes handicapées, notamment sur l’accès aux services publics, tels que les transports.

Concernant les jeunes, le représentant a fait savoir que l’enseignement est une priorité de la politique de son gouvernement.  De nombreuses femmes s’occupent de l’éducation des enfants et la Russie cherche à favoriser l’emploi des femmes.

M. DINH NHO HUNG (Viet Nam) a d’abord énuméré les fruits du Programme national de réduction durable de la pauvreté de 2016-2020 qui a réduit le taux de pauvreté de 9,8% en 2015 à 7,7% en 2017.  Il a ensuite indiqué que parmi les minorités ethniques et des zones montagneuses, 98% des foyers qui sont sortis de la pauvreté n’y ont pas rechuté.  Toutefois, des défis émergents menacent les progrès dont le plus grand est les changements climatiques, a-t-il prévenu.  Pays sévèrement touché par ce phénomène, le Viet Nam met un accent particulier sur l’adaptation, et son programme national d’adaptation aux changements climatiques et à la croissance verte de 2016-2020 se focalise sur la sensibilisation et la capacité d’adaptation, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le développement d’une économie sobre en carbone, et la coopération internationale pour protéger le climat mondial.  Le représentant a également parlé du Programme de développement forestier durable 2016-2020 qui vise à alléger les impacts des catastrophes naturelles, accroître la couverture forestière, et réhabiliter le système forestier dégradé.  Le Viet Nam prend également des mesures pour abolir l’usage du plastique avant 2025. 

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a indiqué que 98,5% des enfants de 6 ans sont scolarisés dans son pays, qui compte par ailleurs 1,5 million d’étudiants, dont 62,19% de femmes.  Le taux d’analphabétisme est aujourd’hui de 8,71%, contre 22,3% en 2008 et 85% en 1962, s’est-il félicité.  Par ailleurs, plus de 31 700 étudiants avec des besoins spécifiques ont rejoint les bancs de l’école, un chiffre en augmentation de 13% par rapport à l’année précédente.  Dans le domaine de la santé publique, le délégué a indiqué que le taux de mortalité infantile est de 22,3 pour 1 000, le taux de mortalité maternelle de 60,5 et l’espérance de vie de 77,1 ans.  Le système de santé algérien est articulé autour des principes de gratuité des soins, d’égal accès aux soins et de solidarité et de continuité des services publics sanitaires, a-t-il précisé.  Enfin, M. Sahraoui a insisté sur l’importance de la mobilisation de ressources financières, en particulier au niveau international, pour réaliser le Programme 2030. 

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a indiqué que le plan de développement philippin « Ambisyon Natin 2040 » (Notre ambition 2040) aspire à créer une société juste, inclusive et équitable, tendant vers la prospérité.  Avant de mettre en place cette « vision » pour les 25 prochaines années, le pays a mis en œuvre un plan quinquennal 2017-2022 qui vise à réduire la pauvreté de 27% en 2015 à 14% en 2022.  D’ores et déjà, le taux de pauvreté a reculé de 21% cette année aux Philippines, s’est-elle félicitée.  Dans le même temps, la croissance du PIB se poursuit pour atteindre 5,5% en 2019, tandis que le taux d’emploi est aujourd’hui supérieur à 94%. 

Par ailleurs, le pays accorde la priorité à l’éducation en matière de dépenses publiques.  Elle a notamment indiqué que plus de 27 millions d’élèves bénéficient d’une éducation de base et gratuite et que 600 000 jeunes et adultes déscolarisés ont accès à un système de formation alternatif.  Le plan de développement philippin tient également compte du respect des droits des enfants, des femmes, des autochtones, des personnes âgées et des handicapés, a ajouté la déléguée, faisant également état d’une approche visant à intégrer le genre aux questions sexospécifiques.  Le dernier lundi de mars est ainsi devenu la Journée des femmes avec un handicap afin de briser les tabous entourant cette question. 

S’agissant des jeunes, Mme Azucena a expliqué que ces derniers sont en mesure de s’exprimer par le biais du Conseil de la jeunesse, une plateforme fondée en 1991 et composée de huit membres élus par leurs pairs.  Une loi sur l’emploi des jeunes a été adoptée en 2015 afin de leur donner accès à des emprunts et à des formations spécialisées.  Enfin, a-t-elle précisé, la loi sur les droits des peuples autochtones adoptée en 1997 reconnaît leurs droits inhérents aux terres ancestrales, à l’autogouvernance et à l’autodétermination. 

M. HERNANDEZ (Mexique) a expliqué qu’avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, son pays avait donné la priorité aux groupes et communautés autochtones et afro-mexicaines, aux jeunes, aux personnes âgées et aux handicapés, afin de favoriser leur intégration dans la vie politique, sociale et économique du pays.  Le nouveau Plan de développement du Mexique pour 2019-2024 cible les groupes les plus défavorisés afin de réduire les inégalités à travers une série de programmes sectoriels. 

Le représentant a souligné qu’à moins de traiter des thèmes visés par le Programme 2030, il n’y aura ni paix ni développement durable.  Il est urgent d’accélérer les moyens de parvenir à l’égalité des chances pour tous et de veiller à ce que ces opportunités ne soient guidées ni par le genre ni par l’âge, l’origine ethnique ou le statut migratoire, a-t-il indiqué, y voyant autant de facteurs qui accroissent la vulnérabilité des personnes « à l’heure où les discours de haine tendent à stigmatiser certains groupes sociaux ».

Il a indiqué que la protection sociale constitue l’un des principaux instruments des politiques publiques de son Gouvernement visant à réduire les inégalités et la pauvreté et promouvoir l’intégration et l’inclusion sociales. 

En 2050, a-t-il poursuivi, le Mexique comptera 33,4 millions de personnes âgées qui représenteront 22,5% de la population et dont il s’agit d’assurer l’intégration et la dignité, la protection des droits humains et l’autonomie.  À cette fin le Gouvernement a adopté un programme de « Pension pour le bien-être des personnes âgées » destiné aux plus de 65 ans résidant dans une communauté autochtones et aux plus de 68 ans pour le reste de la population.

M. CHAM AYE (Myanmar) a indiqué que son pays avait adopté une loi sur les personnes âgées pour assurer une meilleure protection de ces dernières.  Une pension leur est ainsi distribuée.  De plus, le Gouvernement a amélioré le respect des droits des personnes handicapées.  En outre, la réduction des inégalités a toujours été l’une des priorités du Gouvernement actuel, a affirmé le délégué.  C’est ainsi que l’ODD 10 relatif à la réduction des inégalités a conduit le pays à tenir compte des concepts de croissance équitable, de développement équitable et de développement durable.  M. Aye a enfin plaidé pour la création de stratégies gagnant-gagnant dans le système économique mondial dominant, notamment l’intégration régionale, et afin que les bénéfices de l’intégration économique internationale soient largement partagés entre les nations. 

S’exprimant à deux voix, M. TEODOR BLIDARU et Mme LINH PHAM, délégués de la jeunesse de la Roumanie, ont déploré que, dans trop de régions du monde, il y ait des enfants de 15 ans qui parcourent huit kilomètres par jour pour aller en cours dans un bâtiment délabré d’un village voisin.  De même, il y a encore des étudiants qui souffrent de dépression et d’anxiété sans le savoir parce que personne ne leur parle, et des jeunes de 18 ans qui vivent dans des orphelinats et qui deviennent adultes sans bénéficier d’une aide de l’État ou d’une opportunité d’emploi.  Il y a encore des étudiants qui sont persécutés par leurs condisciples parce qu’ils sont issus d’une minorité ethnique.  Il y a encore des jeunes entrepreneurs ou des jeunes artistes talentueux dont les parents considèrent que leur activité n’est pas un vrai métier, ont-ils expliqué, prenant la parole alternativement.  « Nous sommes Teodor et Linh, nous représentons plus de 2,4 millions de jeunes et nous plaidons pour réduire les disparités », ont-ils expliqué, précisant avoir consulté de nombreux jeunes roumains. 

Après avoir dressé la liste des principaux problèmes rencontrés par les jeunes, les délégués ont indiqué que les objectifs de développement durable ne sont pas seulement des objectifs ambitieux mais aussi le monde dans lequel les jeunes veulent vivre.  Ils ont souligné que l’engagement des jeunes est indispensable pour répondre aux défis de notre temps, notamment les impacts des changements climatiques, la pauvreté, le chômage, l’inégalité de genre, l’absence d’éducation et les soins de santé.  Ils ont appelé les États Membres à lancer une évaluation de l’avancée des ODD au niveau national, pour ensuite encourager les organisations internationales à fournir aux jeunes des infrastructures leur permettant d’accéder à une éducation formelle ou informelle.  Il importe également de reconnaître les troubles de l’anxiété comme maladies mentales et d’établir une couverture sanitaire universelle pour tous les jeunes.  La santé, la prévention, l’éducation sexuelle et la lutte contre la toxicomanie sont indispensables, ont-ils insisté.

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a appelé à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, se disant par ailleurs convaincu qu’il faut plus d’intégration sociale tout en protégeant l’environnement.  Il a fait savoir que Djibouti déploie d’immenses efforts dans le domaine du développement social.  En 2014, Djibouti a instauré une assurance santé, et au cours de ces cinq dernières années, le pays a déployé de nombreux efforts pour permettre aux personnes migrantes de bénéficier également de cette assurance.  Cependant, Djibouti fait face à une augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies non transmissibles, ce qui implique une augmentation des coûts. 

Par ailleurs, Djibouti a placé l’éducation au cœur de sa politique de développement social.  L’accès pour tous à l’éducation reste essentiel et un plan d’action sur l’éducation a été mis en œuvre avec des stratégies spécifiques, a expliqué le représentant.

Mme LISA KOOPMAN, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a relevé que l’an passé, lors de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, 38 pays avaient inclus des représentants de la jeunesse dans leur délégation.  C’était déjà une belle réalisation, et nous sommes encore plus cette année, a-t-elle salué, appelant tous les États Membres à inclure des jeunes dans leurs délégations. 

Les jeunes ont participé au Sommet de la jeunesse des Nations Unies sur l’action pour le climat et ont proposé des solutions.  En juin, une conférence des ministres et délégués de la jeunesse a eu lieu à Lisbonne lors de laquelle les jeunes ont pu exprimer l’importance de la participation des jeunes.  Mais l’écoute est-elle suffisante?  Est-ce que les jeunes ont un impact réel et concret dans le processus de décision?  Leur opinion est-elle prise en compte? s’est-elle toutefois interrogée.

« La participation, ce n’est pas seulement écouter, c’est aussi travailler ensemble, et élaborer les politiques ensemble », a commenté à son tour M. FRANÇOIS DECLERCQ, délégué de la jeunesse de la Belgique.  Constatant que beaucoup reste à faire, il a estimé que les écoles doivent être reconnues comme le terreau de la participation des jeunes.  Il est également important de créer, avec les jeunes, des assemblées pour les représenter au sein des communautés locales telles que les municipalités.  Ils pourraient y donner leur opinion sur les questions locales, et décider comment les budgets concernant les questions relatives à la jeunesse devraient être dépensés.  Il est également important que les jeunes de chaque pays soient représentés au niveau national, par exemple en reconnaissant le rôle des conseils et des organisations de jeunes, et en les appuyant dans leurs tâches d’inclusion dans le processus de prise de décisions. 

M. MOHAMMED ESSAM M. KHASHAAN (Arabie saoudite) a souligné que la pauvreté est un problème mondial, qui pousse les pays à mettre en place des stratégies d’intervention.  À cette fin, l’Arabie saoudite s’est donnée pour objectif d’éradiquer la pauvreté en mettant en place des programmes nationaux de développement durable.  Toutefois, le problème n’étant pas seulement économique, mais aussi social et culturel, il faut des solutions différentes pour y remédier.  C’est pourquoi, a-t-il indiqué, le Royaume a mis en place des réformes stratégiques pour réduire les difficultés financières des plus pauvres, réglementer les impôts et protéger la société de l’impact de ces mesures, notamment les familles à faibles revenus.  L’Arabie saoudite s’emploie aussi à promouvoir les droits des personnes handicapées afin qu’elles soient mieux intégrées dans la société.  Elle a ainsi mis en place un plan de 24 initiatives et identifié les catégories standards de handicap.  En outre, une entité institutionnelle prodigue des conseils en direction des groupes les plus vulnérables de la société.  Dans le cadre de ses ambitions en matière de développement social, le Gouvernement saoudien a investi dans l’avenir des jeunes et fait tout son possible pour permettre aux personnes âgées de jouir d’une vie agréable, a poursuivi le représentant.  S’agissant, enfin, de la politique en faveur des jeunes, la priorité du Royaume a été donnée à des réalisations comme le Centre Roi Salman pour les secours et l’action humanitaires et la participation des jeunes à la société par le biais d’instances de représentation.

M. JASON SPARKS, délégué de la jeunesse de la Hongrie, a estimé que l’ODD 3 sur la santé et le bien-être est le plus important: « la santé est le produit le plus important que l’on ne peut acheter, c’est un prérequis pour tous les autres aspects de la vie.  La santé est un privilège, et nous devons faire tout notre possible pour la conserver », a-t-il souligné.  Revenant sur les origines latines du mot « prévention », il a noté que la meilleure manière de prendre soin de la jeunesse était de donner la priorité à la prévention, puisqu’à cet âge, « nous sommes en parfaite santé ». 

Enchaînant sur l’ODD 4 portant sur l’accès à une éducation de qualité, il a souligné qu’éduquer un enfant à la prévention dès le plus jeune âge permettait de s’attaquer aux pratiques à risques comme la consommation d’alcool, de tabac et de nourriture industrielle, afin d’éviter le développement de diabète, d’hypertension et de plusieurs types de cancer. 

Il a enfin noté qu’on ne pouvait vivre en bonne santé que sur une planète elle-même en bon état.  Montrant à l’assistance une bouteille d’eau en plastique, il a rappelé que s’il la jetait dans la forêt, elle mettrait quatre siècles à disparaître: « il est temps de se mettre à penser “vert” », a-t-il déclaré. 

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a constaté que des millions de personnes continuent de vivre dans la pauvreté et que les inégalités persistent.  Alors même que nous pouvons produire suffisamment de nourriture et de médicaments, il est absurde que des gens meurent de faim ou en raison d’un manque de médicaments, a-t-elle dénoncé.

Elle a ensuite indiqué que comme beaucoup de pays, l’Érythrée se heurte à de nombreux défis, mais que des progrès ont néanmoins été accomplis.  Le Gouvernement érythréen a notamment mis en place une politique inclusive à l’endroit des personnes handicapées.  Les femmes bénéficient de l’égalité des chances et leur autonomisation est intégrée dans tous les secteurs.  De plus, en 2016, l’association des jeunes et des étudiants a mis en place un plan d’action pour que les jeunes talentueux participent à l’édification de la nation.

Mme BARBORA KVASNICKOVÀ et Mme ALZBÊTA FILIPKOVÀ, déléguées jeunesse de la République tchèque, ont estimé que 2019 est l’année de l’engagement civique pour les jeunes, mais également pour toute la société.  Ainsi, des centaines de milliers de gens se sont mobilisés pour le renforcement des valeurs démocratiques, ce qui démontre la volonté du peuple à jouer un rôle actif sur les questions affectant leur vie.  Elles ont appelé à un plus grand espace pour des discussions sur l’engagement des jeunes à tous les niveaux.  Pour ce faire, le dialogue intergénérationnel doit être la fondation de notre vie de tous les jours, ont-elles argué, ajoutant qu’en plus d’écouter, les jeunes entendent également se faire entendre. 

Les deux jeunes représentantes de la Tchéquie ont ensuite parlé de l’éducation, soulignant que 50% des jeunes Tchèques estiment que les cursus qui sont offerts dans leur pays sont incompatibles avec le monde de l’emploi et avec la vie de tous les jours.  Ainsi, l’esprit critique, la vérification et la prise de décisions informée doivent devenir des composantes du processus d’éducation.  Il serait par exemple opportun, ont-elles plaidé, de renforcer l’éducation relative au climat et à l’Internet.  Elles ont relevé que le manque d’informations précises sur les changements climatiques a une incidence sur la polarisation des sociétés et ont invité à faire évoluer la discussion sur le climat, en la faisant passer du stade des accusations à celui de la confiance mutuelle dans le cadre de la protection des droits de l’homme.  Elles ont affirmé en effet que l’action climatique équivaut à défendre les droits de l’homme, avant de conclure par un appel aux États Membres pour une plus grande implication des jeunes .

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a souligné la persistance de disparités en matière d’accès à la santé et à l’éducation, qui perpétuent, selon lui, les cycles de pauvreté de génération en génération.  Pour y faire face, le représentant a indiqué que le Gouvernement kényan avait fortement investi dans l’éducation et la santé, afin notamment de garantir un taux de 100% de passage des élèves de l’école primaire à l’école secondaire et de parfaire l’éducation des filles ayant quitté l’école à la suite de grossesses.  Grace à ces efforts, les enfants kényans bénéficient désormais de 10,7 années de scolarisation en moyenne, soit le taux le plus élevé de la région, s’est enorgueilli le représentant. 

Dans le domaine de la santé, les dépenses publiques augmenteront de 610 millions de dollars en 2018 à 730 millions en 2021, a-t-il ajouté, précisant que le taux de couverture de la population devrait atteindre 100% d’ici à 2022.  Entre autres mesures, le représentant a également cité l’octroi d’allocations à 1,3 million d’orphelins kényans, d’aides à la jeunesse pour promouvoir l’entrepreneuriat, via l’accès à des formations et au crédit, ainsi que de programmes d’insertion professionnelle au profit des femmes et personnes vivant avec un handicap. 

Mme LOIWAL, déléguée de la jeunesse de l’Inde, a souligné combien les défis actuels sont multidimensionnels, que ce soient les changements climatiques, les systèmes économiques et sociaux, ou encore les disparités dans l’accès aux nouvelles technologies qui, a-t-elle prévenu, menacent d’aggraver les inégalités existantes.

Elle a énuméré les mesures prises par son pays pour réduire la pauvreté multidimensionnelle, citant notamment l’établissement d’un système d’identification biométrique qui couvre 90% de la population du pays et d’une carte d’identité pour personne en situation de handicap.  Une initiative d’inclusion financière a également permis à 370 millions de personnes d’avoir un compte en banque, et les populations des zones rurales disposent aussi d’un système d’accès aux services publics de base.  La campagne d’assainissement « Inde propre » a permis d’installer 110 millions de toilettes en cinq ans et 80 millions de foyers au gaz.  Un ministère pour les questions relatives à l’eau a également été créé.

Poursuivant, la déléguée a indiqué qu’en Inde, l’âge moyen est de 29 ans.  Garantir à ces jeunes un emploi est donc une priorité pour le pays.  Plus de 10 millions de jeunes sont formés à la création d’entreprise, et des prêts abordables sont octroyés à des entrepreneurs, dont 75% de femmes, a-t-elle indiqué, pour ensuite préciser que l’âge moyen des créateurs d’entreprise est de 31 ans seulement.  Par ailleurs, plus de 700 000 Indiens sont employés dans le domaine de l’énergie renouvelable. 

Mme SOFIJA KORAC (États-Unis) a estimé que la réforme de la Commission du développement social devrait permettre d’améliorer le traitement des questions qui sont de son ressort.  La Commission, a-t-elle rappelé, a été créée en 1946 afin d’attirer l’attention sur les différents groupes défavorisés.  Or le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Groupe de travail sur le vieillissement et la Convention relative aux droits des personnes handicapées ont apparemment plus d’influence que ladite Commission.  De fait, a-t-elle argué, il serait souhaitable qu’elle ne constitue pas un doublon par rapport aux autres organes. 

La représentante a de plus estimé que les négociations officielles devraient commencer quelques semaines avant la session afin d’éviter de traiter les mêmes questions en Commission.  À cet égard, a-t-elle encore fait valoir, la résolution sur les méthodes de travail encourage les commissions à travailler sur un rythme biannuel.  Si tel était le cas, la Commission du développement social n’aurait pas le mandat de travailler sur les personnes handicapées, a-t-elle dit.  Mme Korac a par ailleurs estimé qu’au lieu de réexaminer les mêmes projets de résolution, les États Membres gagneraient en négociant un document unique.  Il serait également judicieux de rationaliser le nombre de rapports, de conférences et de négociations, a-t-elle dit.

« En raison de la montée des inégalités et de la diminution des espaces civiques, nous ne rencontrons plus de personnes issues de milieux différents », s’est inquiétée Mme SUNDQVIST, déléguée de la jeunesse de la Finlande.  « En déshumanisant l’autre, le migrant, le chômeur, la personne d’un autre genre, nous devenons insensibles à ses souffrances, nous lui attribuons logiquement la responsabilité des problèmes et nous légitimons nos propres visions du monde », a-t-elle déploré.  Elle a également rapporté qu’en Finlande, 40% des jeunes ont été victimes de messages de haine en ligne: « C’est un problème urgent que nous devons résoudre. »

La déléguée a ensuite évoqué la campagne des jeunes pour la protection de l’environnement, autour du hashtag #fridaysforfuture, comme exemple de nouvelles formes positives d’engagement politique populaire.  Elle a estimé que la foi dans les institutions démocratiques serait renforcée et les positions politiques intolérantes affaiblies « si les gens s’unissaient autour de leurs problèmes communs et réalisaient qu’ils étaient causés non pas par les faiblesses ou les échecs des individus mais par une structure sociale inégalitaire ». 

Mme KHOO FANG XUAN (Singapour) a indiqué que d’ici à 2030, 1 Singapourien sur 4 sera âgé de 65 ans ou plus, dans un pays où l’espérance de vie, 85 ans de moyenne, est la plus élevée de toute la planète.  Bien qu’il faille s’en réjouir, il faut se préparer à cette transition démographique qui aura un impact significatif sur le développement durable, a-t-elle souligné. 

Singapour a donc adopté un programme d’action pour le vieillissement réussi, couvrant tous les aspects des besoins des personnes âgées: santé, transports, pensions de retraite, protection pour les seniors vulnérables et inclusion sociale.  Sans oublier de développer la participation numérique des seniors: des « cliniques numériques » ont été mises en place pour transmettre aux seniors les bonnes pratiques numériques fondamentales, ainsi que les connaissances pour se protéger des risques du monde numérique.  Le pays s’engage en outre à créer des solutions créatives et pratiques pour s’assurer que les seniors aient un accès numérique à leurs bulletins de santé, ainsi qu’à des opportunités de remise en forme près de leur domicile ou de leur lieu de travail. 

Au vu des difficultés rencontrées pour les contacter, un service d’analyse géospatiale urbaine a été mis en place par le Gouvernement pour mieux localiser la population senior, et identifier les « points chauds » afin d’assurer leurs besoins sociaux et sanitaires.  Les données récoltées permettent au Ministère de la santé d’identifier les quartiers avec une grande concentration de population de seniors vivant seuls, et de déployer des programmes de sociabilisation en conséquence.

Dans la mesure où beaucoup de seniors préfèrent rester vivre chez eux, Singapour a transformé son système de soins en développant des programmes favorisant les rencontres intergénérationnelles dans leurs quartiers; garantissant un accès aux soins à proximité de leurs proches et les encourageant à rester indépendants et actifs.

Si le vieillissement de la population est un défi, il offre aussi des opportunités, dans la mesure où l’amélioration de leur santé leur permet de travailler plus longtemps, a poursuivi la représentante.  Singapour apprécie d’ailleurs la contribution des seniors à la bonne marche de l’économie, et, pour les accompagner, des mesures ont été prises en matière de flexibilité du travail, d’ergonomie sur le lieu de travail, de reconversions professionnelles et de formation continue.  Le Gouvernement combat aussi fermement la discrimination liée à l’âge.

Enfin, le Gouvernement de Singapour a développé un outil législatif pour lutter contre les violences faites aux personnes âgées vulnérables, permettant au Sénat d’intervenir en dernier recours dans les cas où un adulte est en situation de risque de violences ou de mauvais traitements, ou s’il se révèle incapable d’être autosuffisant.

Mme NOUR ALI (République arabe syrienne) a déclaré que la société syrienne possède un terreau social fondé sur une tradition de solidarité.  Ces traditions sont restées vivantes et actives malgré les « événements », a-t-elle précisé.  Elle a expliqué que son gouvernement avait entamé un programme de réformes visant à réformer les institutions, renforcer les infrastructures, et mettre en œuvre des programmes ciblés pour toute la société, dont les jeunes, les personnes âgées, et les personnes handicapées. 

De nouveaux défis nous guettent, a indiqué la représentante qui a dénoncé les « mesures unilatérales illégales et illégitimes » à l’encontre de son pays.  Mais malgré les répercussions de la guerre terroriste, la République arabe syrienne est engagée à offrir les services de base, a-t-elle souligné.  Le Ministère des affaires sociales s’attelle d’ailleurs à la gestion des secteurs sociaux et du marché du travail.  Mme Ali a par ailleurs affirmé que les actions d’Israël ont des répercussions sur la capacité de la Syrie à réaliser son développement social.

De l’avis de M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal), l’application de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et du Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social est, et doit être, une priorité pour les États Membres dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a indiqué que la lutte contre les inégalités et les obstacles à l’inclusion sociale est au cœur de l’action du Gouvernement sénégalais.  Il en a voulu pour preuve le plan Sénégal émergent, qui accorde une place importante à l’inclusion sociale au travers de son axe « capital humain, protection sociale et développement durable ».  Le Gouvernement promeut ainsi un modèle de protection qui garantit aux plus démunis l’accès aux prestations sociales, a-t-il expliqué.  Cette politique a aussi permis, en 2019, de consolider les acquis, de renforcer les programmes sociaux et de lancer de nouvelles initiatives dans les domaines de la santé, du financement des PME/PMI et de l’autonomisation des femmes, a noté le représentant. 

Concernant le secteur de l’éducation, a poursuivi le représentant, le Sénégal, avec un taux de scolarisation de 87,5%, a enregistré des indices de parité en faveur des filles pour les cycles élémentaire, primaire et moyen, et s’emploie à réduire l’analphabétisme au sein des populations, rurales et féminines en priorité.  Il a conclu en appelant au renforcement de la coopération internationale pour le développement social. 

Mme NESSF (Qatar)a annoncé que son pays avait adopté des stratégies de développement centrées sur l’être humain.  Des mesures ont notamment été prises pour permettre à toutes les catégories sociales de bénéficier du développement, et le Qatar accorde la priorité à l’éducation et à l’emploi.

Parmi les actions menées, elle a indiqué que le Qatar accueillera en 2020 une conférence sur la jeunesse dans les processus de paix.  En matière d’emploi, la Fondation Silatech lance de nombreuses initiatives pour lutter contre le chômage parmi les jeunes, leur permettant de lancer leur projet. 

Poursuivant, elle a indiqué que le Qatar a parcouru un long chemin pour la promotion des personnes âgées et se focalise également sur les personnes handicapées lors de l’établissement de législations.  Le Qatar poursuit aussi ses efforts pour réaliser les objectifs de l’Année internationale de la famille. 

Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a fait valoir que la contribution des personnes âgées à la société est « inestimable » du fait de leurs compétences et de leur expérience.  Mais « elles sont aussi souvent vulnérables, notamment face à la dégradation du tissu social ou au manque de revenus, ou parce qu’elles sont victimes de discrimination et de maltraitance ».  Pourtant, moins de 1% des 13 000 recommandations sur la discrimination adoptées par les organes de l’ONU concerne les personnes âgées, s’est inquiétée Mme Calem-Sangiorgio. 

La représentante a fait savoir que la Principauté de Monaco, avec une espérance de vie de 85,7 ans, soit la plus haute du monde, a une longue tradition de protection et de soins spécifiques aux personnes âgées.  Par exemple, depuis 1949, une allocation nationale de vieillesse est versée sous conditions de ressources afin d’assurer un revenu mensuel minimum.  Quant au Plan national d’accompagnement du vieillissement et de la prise en charge de la dépendance en Principauté, il a pour ambition de faire de la qualité de vie des anciens une priorité.  Ainsi le Département des affaires sociales et de la santé travaille-t-il constamment à relever le niveau de qualité de la prise en charge, avec pour priorité le maintien à domicile, a assuré Mme Calem-Sangiorgio.  Elle a cité en exemples l’installation de téléalarmes, un service de livraison des repas à domicile ou encore la mise à disposition d’aides au foyer et d’auxiliaires de vie.

La représentante a ensuite indiqué que la Principauté de Monaco avait soumis un rapport d’examen sur la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement au niveau national pour la période 2012-2017.  Il en est ressorti que l’intégralité des orientations prioritaires dudit Plan sont mises en œuvre à Monaco, que ce soit en matière d’inclusion, de lutte contre la marginalisation ou de promotion de la santé physique, mentale et du bien-être, a-t-elle précisé.

Mme WOJCIK, déléguée de la jeunesse de la Pologne, a noté que le trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant et le soixante-quinzième anniversaire à venir de l’ONU doivent être l’occasion de promouvoir les droits des jeunes et des enfants dans le monde entier.  Indiquant s’être rendue à la rencontre des jeunes de Pologne, elle a noté que l’accent était le plus souvent mis sur le bien-être et l’épanouissement, deux points que bon nombre de jeunes vivaient négativement sur le plan de leur participation à la vie publique.  Elle a ainsi relevé que l’écart entre les grandes villes et les petits villages allait en s’élargissant.  Dans les petites communautés, a-t-elle noté, les informations concernant les possibilités d’action n’atteignent pas les jeunes et ces derniers rencontrent des obstacles pour accéder à l’emploi.  De surcroît, a-t-elle expliqué, la plupart des organisations susceptibles de répondre aux besoins des jeunes se retrouvent dans les grandes villes.  Les autorités nationales et locales doivent par conséquent travailler à la réduction des inégalités territoriales pour améliorer le sort des jeunes. 

Par ailleurs, l’absence d’éducation civique pouvant entraîner la radicalisation de certains jeunes, les systèmes d’éducation modernes devraient mettre l’accent sur l’ouverture, a plaidé la jeune déléguée.  Sachant que les jeunes représenteront bientôt plus de 50% de la population mondiale, il est également important de leur donner davantage voix au chapitre.  Or les conseils de jeunes n’ont souvent qu’un impact limité sur leur communauté, a-t-elle constaté.  D’après elle, les jeunes demandent une autonomisation, ils veulent des garanties institutionnelles et juridiques, et entendent être les bénéficiaires des décisions prises aujourd’hui.  Enfin, a fait valoir Mme Wojcik, il n’y a pas assez de jeunes issus de pays en conflit armé qui prennent la parole.  Nous ne devons pas négliger les besoins de ces jeunes en matière d’éducation et de chances sociales, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’ils doivent aussi être associés à toutes les étapes de la paix et de la construction de sociétés résilientes.

M. STANLEY RALPH CHEKECHE (Zimbabwe) a indiqué que dans son pays, 20% des terres sont accordées aux femmes qui en deviennent ainsi propriétaires.  Des partenariats ont été noués pour assurer la sécurité alimentaire, et des programmes d’apprentissage ont été lancés pour réduire le chômage des jeunes.  Le Zimbabwe est classé parmi les premiers en matière d’alphabétisation en Afrique, grâce à une politique ambitieuse d’enseignement primaire s’est-il enorgueilli.  Le représentant a également indiqué qu’une banque de microfinancement pour les femmes et les jeunes avait été lancée pour assurer leur inclusion dans tous les programmes de développement national.  Un soutien est apporté aux membres de la communauté les plus vulnérables; le service public est le principal employeur des personnes handicapées, et le mariage des filles de moins de 18 ans est désormais illégal, a-t-il par ailleurs fait savoir. 

 

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