Soixante-quatorzième session,
19e séance – matin
CPSD/708

Quatrième Commission: les délégations demandent davantage de formation des soldats de la paix pour des opérations plus efficaces et proches des populations

La Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) a poursuivi aujourd’hui son débat général sur les opérations de maintien de la paix, avec pour thèmes récurrents les problématiques de la formation des Casques bleus, de la lutte contre les atteintes sexuelles, de l’adaptation au contexte local, et de leur financement.

Le Sénégal a résumé un sentiment général, à savoir que la « préoccupante » question de la performance dans les opérations de paix relève en partie de la formation avant et pendant le déploiement.  Les Philippines ont estimé que celle préalable au déploiement des personnels servant sous bannière des Nations Unies est essentielle pour répondre de la manière la plus adaptée à la situation et aux besoins spécifiques des pays hôtes, notamment en matière de protection des civils.

De son côté, la République de Corée a souligné l’effort de longue date de son pays dans ce domaine, en particulier auprès des 600 Casques bleus qu’elle déploie actuellement au Soudan du Sud et au Liban, annonçant qu’elle n’organiserait pas moins de cinq programmes de formation supplémentaires d’ici à 2024.  La France a rappelé qu’elle formait aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de soldats en Afrique francophone, un engagement qu’elle entend poursuivre au niveau bilatéral et dans les écoles régionales de formation au maintien de la paix.

Selon le Sénégal, il convient de fournir aux soldats de la paix des connaissances actualisées et de leur enseigner des procédures opérationnelles communes dans le but de faciliter leur interopérabilité.  La délégation a indiqué qu’il « s’est doté d’un Centre de formation dédié, respectueux des normes onusiennes, où les contingents suivent une formation mais sont aussi et surtout sensibilisés à la problématique de l’exploitation et des atteintes sexuelles ».

La plupart des États Membres ont soutenu la politique de « tolérance zéro » menée par le Secrétariat pour lutter contre les atteintes sexuelles.  « Malgré les efforts réalisés, nous voyons encore bien trop d’atteintes sexuelles perpétrées par des Casques bleus », ont affirmé les États-Unis.  Le Venezuela a condamné fermement ces abus et appelé à ce que tous les responsables soient traduits en justice.  Le Sénégal s’est félicité du travail de sa ressortissante, la commandante Seynabou Diouf, désignée comme meilleure policière des Nations Unies cette année en tant que cheffe de la cellule de lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles au sein la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Il a noté qu’aucune allégation d’abus de ce type n’avait été portée contre la mission depuis près de deux ans.

Les Fidji ont souligné l’importance de créer une bonne relation entre les contingents de maintien de la paix et les communautés locales.  Dans la même veine, la République de Corée a estimé qu’il faut privilégier une approche centrée sur les populations des pays hôtes.  Selon elle, les personnels des missions doivent disposer d’une connaissance approfondie des sociétés, des cultures, des institutions et des langues locales.

« La prise en compte du français dans le recrutement des personnels déployés, en particulier dans les pays francophones, constitue un point déterminant de l’acceptation des missions par les populations civiles », a affirmé le Sénégal.  La France s’est d’ailleurs dite convaincue que la dimension linguistique est structurante pour le succès des missions, notamment dans les environnements francophones.

La question du financement des opérations a une fois encore occupé une place substantielle au cours des débats.  La Tanzanie a constaté que la majorité des missions de maintien de la paix de l’ONU subit actuellement des coupes budgétaires qui ne se justifient pourtant pas par l’amélioration de la situation sur le terrain.

Le Pakistan s’est, pour sa part, inquiété de « coupes arbitraires » qui mettent en danger les missions.  « Donner moins et attendre plus, cela ne fonctionne pas », a-t-il martelé.  L’Inde s’est inquiétée des politiques de réduction des coûts qui affectent la sécurité des troupes sur le terrain, citant par exemple une mission où les contingents entrants et sortants ne sont plus en contact, réduisant la compréhension du contexte local des nouveaux arrivants.  La France a annoncé qu’elle avait l’intention de renforcer son engagement financier auprès du Département des opérations de paix.

La prochaine séance de la Quatrième Commission aura lieu vendredi 8 novembre, à 10 heures, et la fin du débat général sur les questions de maintien de la paix sera annoncée à une date ultérieure.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Débat général (suite)

« Il convient d’apporter le soutien nécessaire aux forces de maintien de la paix avec les ressources adéquates », a affirmé Mme DULCE SÁNCHEZ DE OROZCO (Honduras).  Elle a plaidé pour des opérations plus souples avec des mandats plus clairs et des soldats de la paix mieux formés.  « Près de 20 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), les femmes sont encore exclues de nombreux processus de paix », a regretté la représentante.  Elle a aussi expliqué qu’entre décembre 2017 et juillet 2019, le nombre de femmes officiers est passé de 3,6% à 4%, 4% dans les contingents militaires et de 7,6% à 14,5% dans les missions d’observation, qualifiant ces progrès « d’encourageants ».

M. HAM SANG WOOK (République de Corée) a noté que les opérations de maintien de la paix restent confrontées à des défis complexes, les initiatives du Secrétaire général pour les renforcer étant plus utiles que jamais.  Le représentant a appelé à tirer parti de ces initiatives pour soutenir qualitativement les missions de paix de l’ONU.  Il a également souligné que les mandats doivent être mieux adaptés aux environnements complexes, dans lesquels se posent de nouvelles menaces pour les Casques bleus.  Le représentant a souligné l’effort de longue date de son pays en matière de formation des soldats de la paix, en particulier les 600 Casques bleus qu’il déploie actuellement au Soudan du Sud et au Liban.  Il a ainsi annoncé que la Corée tiendrait d’ici à 2024 pas moins de cinq programmes de formation, et qu’elle fournirait au cours de la même période des véhicules antimines aux opérations de maintien de la paix en Afrique.  D’autre part, le délégué coréen a insisté sur l’importance de privilégier une approche centrée sur les populations locales des pays hôtes, les personnels des missions devant, selon lui, disposer d’une connaissance approfondie des sociétés, des cultures, des institutions et des langues locales.

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a souligné que son pays soutient la promotion de solutions politiques aux conflits et s’engage activement dans la mise en œuvre du programme Femmes et la paix et la sécurité.  À cet égard, il a précisé que le plan d’action national 2018-2022 portant sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité, élaboré en coopération avec la société civile, comprend plusieurs domaines, dont l’engagement des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, la protection contre les violences sexuelles dans les conflits et la participation des femmes aux missions de maintien de la paix.  La formation des contingents et des personnels individuels déployés est une composante essentielle de la bonne performance des missions, a-t-il également soutenu, la Suisse appuyant par exemple, depuis 2015, le projet de partenariat triangulaire de formation des troupes du génie pour les contingents africains. 

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a salué la contribution des Casques bleus brésiliens, en particulier en Haïti où ils auront joué un rôle central dans la réussite des activités de la MINUSTAH pendant les 15 années qu’aura duré la mission.  Le représentant a souhaité que des leçons soient tirées de cette expérience afin qu’elles puissent être dupliquées dans d’autres contextes postconflit.  Il en a profité pour rappeler les principaux axes de l’engagement brésilien en matière de maintien de la paix: la sécurisation des contingents, la formation des personnels de terrain et le renforcement des performances des troupes de police.  Selon lui, il est important que le Conseil de sécurité tienne d’étroites consultations avec les pays contributeurs de troupes, afin d’améliorer la conception et l’adéquation aux besoins des mandats.  Il a par ailleurs souligné la nécessité de resserrer les liens entre maintien et consolidation de la paix, par le biais d’une coopération accrue entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité qui devra être reconnue dans les prochains rapports du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.

M. MOHAMAD SURIA SAAD (Malaisie), réaffirmant le rôle vital des opérations de maintien de la paix pour la paix et la sécurité dans le monde, s’est enorgueilli que son pays ait déployé 820 soldats de la paix au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), tout en y renforçant l’équilibre hommes-femmes, avec 34 Malaisiennes Casques bleus déployées dernièrement, portant leur total au sein de la FINUL à 68.

La Malaisie a également déployé des observatrices militaires au sein de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), et de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  La Malaisie a cependant nuancé, en affirmant que la recherche de la paix ne saurait être seulement concentrée sur le maintien de la paix : un processus politique abouti est lui aussi nécessaire en situation d’après-conflit.  Les soldats de la paix devraient donc s’assurer du développement soutenable des communautés, conformément aux objectifs de développement durable, a développé M. Saad.  Concernant les problèmes d’exploitation et d’atteintes sexuelles, la Malaisie a rappelé sa position de tolérance zéro dans le cadre des opérations de maintien de la paix, et prévenu que des failles dans le traitement de ces questions entraîneraient une perte de confiance préjudiciable dans les opérations de maintien de la paix dans le monde.

M. JEAN LUC NGOUAMBE WOUAGA (Cameroun) a indiqué que le Cameroun, pays contributeur majeur de troupes qui participe actuellement à plusieurs opérations de maintien de la paix, a créé, en 2008, pour assurer un renforcement local des capacités des éléments devant participer à ces opérations, l’École internationale des forces de sécurité (EIFORCES).  Ce véritable centre d’excellence de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et de l’Union africaine constitue, à travers la formation et la recherche, un précieux outil conceptuel et opérationnel favorisant une meilleure expression des forces de sécurité camerounaises et africaines en matière de sécurité collective, a-t-il expliqué.  Depuis sa mise en place, cette école, s’est enorgueilli le délégué, a formé 2 612 éléments des forces de défense et de sécurité de 24 pays africains, parmi lesquels 1 611 Camerounais, en vue de leur déploiement au sein d’opérations de maintien de la paix sur le continent et dans le monde.

M. SUKHEE SUKHBOLD (Mongolie) a déclaré que la nature et la complexité des opérations de maintien de la paix continuent d’évoluer, les acteurs intervenant dans des environnements où pèsent de plus en plus des menaces asymétriques et non conventionnelles.  Il a estimé utile, dans ce contexte difficile, de renforcer la présence des femmes dans les missions de paix de l’ONU et de multiplier les initiatives destinées à gagner la confiance des civils.  Il a ainsi expliqué que les Casques bleus déployés par son pays cherchaient à établir et pérenniser le contact avec les populations locales, afin d’en faire des agents à part entière de l’amélioration des conditions de vie et des relations entre les différentes composantes des sociétés. 

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a rappelé que l’examen du point à l’ordre du jour intervient dans un contexte particulièrement douloureux pour son pays, qui a perdu le mois dernier quatre membres de son unité d’hélicoptères Mi-24, alors qu’ils revenaient d’une mission de soutien opérationnel au profit des forces au sol.  Après leur avoir rendu hommage, il a plaidé en faveur d’une stratégie politique forte, qui mette l’accent sur la prévention et la consolidation de la paix, au début et tout au long du cycle de vie des opérations.  Sa délégation s’est ensuite dite d’avis qu’au-delà des aspects tactiques et opérationnels, la « préoccupante » question de la performance dans les opérations de paix relève aussi de la formation avant et pendant le déploiement pour fournir aux soldats de la paix des connaissances actualisées et des procédures opérationnelles communes dans le but de faciliter leur interopérabilité.  « C’est dans ce cadre que le Sénégal s’est doté d’un Centre de formation dédié, respectueux des normes onusiennes, où les contingents suivent une formation pré-déploiement qui prend en compte les retours d’expériences, mais aussi et surtout la sensibilisation à la problématique de l’exploitation et des atteintes sexuelles.  Son pays, a indiqué le délégué, soutient une plus grande implication des femmes dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits.

Mme KRISTINE MALANG (Philippines) a insisté sur l’importance que les formations de prédéploiement des personnels du maintien de la paix, en vue de fournir la réponse la plus adaptée à la situation et aux besoins spécifiques des pays hôtes, notamment en matière de protection des civils.  Elle a ajouté que la sécurité des Casques bleus est également un objectif majeur des opérations déployées sur des terrains de plus en plus complexes et risqués.  Pour la représentante, les femmes Casques bleus sont particulièrement motivées pour contribuer à la cessation de conflits touchant plus durement encore les femmes et les filles, et pour restaurer la paix.  Enfin, la déléguée a appelé les parties prenantes au maintien de la paix à miser davantage sur la recherche de solutions politiques locales aux conflits.  Nous devons faire en sorte que les populations en proie au conflit se saisissent durablement de la paix à laquelle nous tentons de contribuer, a conclu Mme Malang.

Pour Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), les opérations de paix de l’ONU restent l’un des outils les plus efficaces à disposition de l’Organisation pour venir en aide aux pays sur la voie difficile du conflit vers la paix.  Dès lors, il lui a paru impératif de renforcer les capacités opérationnelles et les structures de l’Organisation.  C’est dans cet esprit qu’El Salvador a appelé à de vastes consultations avec tous les pays contributeurs de troupes, en particulier au moment de la prorogation des mandats ou lorsqu’il s’agit d’appuyer une solution politique.  Le succès des opérations de paix dépend, selon la représentante, du soutien politique qui leur sera apporté d’emblée, mais aussi des ressources humaines, financières et logistiques adéquates et de mandats clairs et réalistes.  Sa délégation a ensuite exprimé ses préoccupations face à la volatilité politique et l’insécurité qui sévissent dans certaines régions du monde, l’émergence de nouveaux acteurs de la violence et l’augmentation des risques dans les théâtres de conflits où sont déployés des missions.  Pour pallier ces nouvelles menaces, il faut commencer par renforcer la coordination à tous les niveaux entre les équipes qui participent au déploiement des opérations de paix, pour garantir qu’elles puissent s’acquitter de leur mandat, assurer la protection et la sécurité des personnels et parvenir à la consolidation de la paix, a estimé la représentante.

El Salvador contribue actuellement à sept opérations de l’ONU avec un effectif de 350 policiers, une unité d’hélicoptère et une unité d’aérodromes au Mali.  Cela peut sembler modeste, mais compte tenu de ses ressources limitées, El Salvador a largement renforcé sa contribution aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  La représentante a signalé que la part des femmes avait augmenté de 40% au sein des effectifs de police à El Salvador, et elle a assuré que son pays cherche à garantir la meilleure formation et le niveau le plus élevé de bonne conduite de son personnel de maintien de la paix.  La délégation a exhorté le Conseil de sécurité à impliquer systématiquement les pays fournisseurs de contingents dans les négociations et dans les processus décisionnels relatifs au déploiement des personnels, à la transition des opérations et au renouvellement des mandats.  Préoccupée par la situation financière du budget des opérations de maintien de la paix de l’ONU, la représentante a appelé les États Membres à faire preuve de responsabilité financière, et exigé que les pays contributeurs de contingents soient remboursés sans retard afin de pouvoir maintenir le niveau opérationnel des opérations de paix.

M. SANDEEP KAPOOR (Inde) s’est inquiété des politiques de réduction des coûts qui affectent la sécurité des troupes sur place, citant par exemple une mission où les contingents entrants et sortants ne sont pas en contact, réduisant ainsi la compréhension du contexte local pour les nouveaux arrivants.  Le représentant a rappelé que son pays a apporté son soutien à l’initiative Action pour le maintien de la paix.  S’il a noté de récents progrès sur la question des capacités médicales disponibles au sein des missions, le délégué a cependant plaidé en faveur d’un exercice de « cartographie globale » de la situation à ce sujet dans toutes les missions.

Mme HELLEN JIMU (Malawi) a mis l’accent sur la contribution des Casques bleus de son pays au maintien de la paix, en précisant que six d’entre eux avaient perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions en République démocratique du Congo (RDC) en novembre 2018.  Elle a ajouté qu’une commémoration a été organisée au Siège de l’ONU au mois de mai pour rendre hommage au soldat de la paix Chancy Chitete, qui a perdu la vie dans une action héroïque contre des miliciens des Forces démocratiques alliées (ADF) qui attaquaient des civils et entamaient les efforts de l’ONU pour lutter contre la propagation du virus mortel Ebola.  La représentante s’est félicitée qu’il se soit vu décerner à titre posthume la « médaille Capitaine Mbaye Diagne pour acte de courage exceptionnel », décoration établie en 2014.  Selon lui, l’héroïsme altruiste et le sens du sacrifice du Casque bleu Chitete a contribué au succès de l’opération de maintien de la paix.  Au niveau régional, la représentante a souligné l’importance de l’initiative Faire taire les armes d’ici à 2020 de l’Union africaine (UA).  Elle a ensuite rappelé que le continent africain est à la fois celui qui accueille le plus grand nombre de missions de maintien de la paix et un immense fournisseur de Casques bleus.

M. DOROS VENEZIS (Chypre) a appuyé la vision du Secrétaire général pour réformer les piliers « paix et sécurité » en vue de renforcer les capacités des opérations à s’acquitter le plus efficacement possible de leurs mandats.  Il a rappelé que son pays accueille depuis 1964, à la demande de son gouvernement, une opération de maintien de la paix qui peut être qualifiée de succès selon lui.  Le représentant a expliqué que la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) a bénéficié d’examens périodiques.  Fort de cette expérience, il a souligné la nécessité de prendre des décisions en matière d’opérations de maintien de la paix qui se basent sur une réelle expertise et expérience des opérations de maintien de la paix, en tenant compte des situations de terrain spécifiques et des projections qui permettent d’anticiper les conséquences du retrait ou du maintien des missions.  M. Venezis a insisté sur le fait que les capacités d’une mission ne peuvent être déterminées sous le seul angle financier, avant d’ajouter que le souci d’économie ne devait pas avoir de répercussions sur les missions.

Mme ODD-INGE KVALHEIM (Norvège) a dit l’importance de renforcer les partenariats avec les organisations régionales pour améliorer l’efficacité du maintien de la paix.  Dans ce contexte, elle a exhorté tous les États Membres à s’assurer que les organisations régionales et sous-régionales endossent la Déclaration d’engagements communs.  La représentante s’est félicitée que l’Union africaine (UA) ait été l’une des premières organisations à faire ce pas.  Elle a jugé qu’une relation robuste entre l’ONU et l’UA était indispensable au succès des opérations de maintien de la paix en Afrique.  Elle s’est réjouie de l’engagement fort du Secrétaire général de l’ONU et du Président de la Commission de l’UA pour renforcer ce partenariat entre les deux organisations.  La délégation a exprimé sa volonté de s’appuyer sur le Groupe des Amis du partenariat ONU-UA établi à Addis-Abeba au printemps, de concert avec le Rwanda, pour galvaniser ce partenariat stratégique.  En outre, la Norvège a souligné la nécessité d’améliorer l’impact du maintien de la paix sur la paix durable en mettant l’accent sur le renforcement des capacités nationales dans les secteurs de la justice et de la sécurité.  

Pour M. JORGE ARTURO REYES HERNÁNDEZ (Venezuela), l’ONU doit recourir aux opérations de maintien de la paix pour assurer une médiation entre les parties au conflit, sachant que les solutions politiques restent le meilleur moyen de sorties de crise.  Ces opérations doivent être déployées uniquement après avoir déterminé si les conditions de leur présence sont réunies et agir dans le respect des principes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures du pays hôte, a-t-il préconisé.  Le représentant a également appelé à une concertation plus forte entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents afin de définir des mandats clairs, réalistes et assortis des ressources nécessaires.  Il a appelé à inclure davantage les femmes à tous les niveaux de prise de décisions et dans les contingents de soldat de la paix.  Par ailleurs, le Venezuela a exigé des normes claires pour règlementer l’utilisation des nouvelles technologies afin de prévenir notamment des méthodes invasives.  Il a souligné, en outre, que les opérations de maintien de la paix ne devraient pas se substituer à l’État en matière de protection des civils.  En conclusion, le représentant a affirmé que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est l’enceinte naturelle pour la formulation de politiques relatives au maintien de la paix, assurant le soutien de sa délégation à l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général.

M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (République islamique d’Iran) a insisté sur le rôle crucial du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, en tant que seule instance chargée par l’Assemblée générale d’examiner l’ensemble des questions relatives au maintien de la paix.  L’Iran a insisté sur le respect des principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté nationale, estimant que toute intervention militaire sous conduite de l’ONU, ou d’autres, sous prétexte de protection des civils doit être évitée.  Pour le représentant, la responsabilité de protéger les civils revient aux États.  Il a ensuite annoncé que son pays est prêt à accroître sa participation en termes de contribution logistique et de mise à disposition de contingents.

M. PIERRE COCHARD (France) a indiqué que les opérations de maintien de la paix constituent un outil incontournable de règlement des conflits, en particulier grâce aux milliers de Casques bleus déployés sur le terrain.  La France, a-t-il dit, soutient pleinement la Déclaration d’engagement pour le maintien de la paix, lancée en 2018, mais souligne que l’effort de réforme en cours ne pourra se faire qu’à travers une action collective volontariste et inscrite sur la durée.  Un an après son lancement, le bilan est positif, a estimé le délégué, en notant que des structures ont été mises en place pour évaluer efficacement les missions, et identifier les difficultés et les pratiques optimales.  La logique de partenariat qui sous-tend la Déclaration d’engagements communs a porté ses fruits puisqu’on voit déjà que des insuffisances, relevées par le Secrétariat, de certains contingents ont été prises en compte par les pays contributeurs de troupes.

Mais, a soutenu le délégué, il faut maintenant passer à l’étape suivante car des défis importants restent à relever. « Contributeurs financiers, contributeurs de troupes, initiateurs de mandats, nous avons tous un rôle à jouer: et c’est bien là l’idée de la coopération triangulaire », a-t-il déclaré.  À ses yeux, l’objectif est d’établir une culture de la performance, mesurable, fondée sur des objectifs et adossée à des mécanismes clairs de responsabilité et d’incitation, et de mesures correctives.  La France a précisé que cet objectif de performance ne concerne pas uniquement les militaires et policiers, mais aussi les civils.

Au Conseil de sécurité, lorsqu’elle est coauteur de projets de résolution, la France s’efforce de rédiger des mandats clairs, séquencés et priorisés, au service d’objectifs politiques bien définis et transparents, a expliqué le délégué.  De plus, elle forme aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de soldats en Afrique francophone chaque année, un engagement qu’elle entend poursuivre tant au niveau bilatéral qu’auprès des écoles régionales de formation au maintien de la paix.  Le délégué s’est dit convaincu que la dimension linguistique est structurante pour le succès des missions dans les environnements francophones.  Son pays a également l’intention d’accroître son engagement financier auprès du Département des opérations de paix.  Il appelle par ailleurs à encourager le développement d’un partenariat entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, qui sont appelées à jouer un rôle moteur dans la promotion de la paix et la sécurité, et le représentant a cité le cas de l’Union africaine.

M. NOËL DIARRA (Mali) s’est déclaré préoccupé par les nouveaux défis que doivent affronter les opérations de maintien de la paix, citant notamment les menaces asymétriques et les attaques commises par les groupes terroristes liés à des organisations criminelles.  Le représentant a ensuite qualifié de « fléau » les « abus sexuels » dont se sont rendus coupables des soldats de la paix par le passé.  Il a par ailleurs fermement condamné les attaques dont ont été victimes les soldats de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

De l’efficacité des Casques bleus dépend tant le règlement de crises d’urgence que celui de conflits plus durables, a estimé Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie), qui a soutenu l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général.  Elle a néanmoins souligné que la mise en œuvre des réformes ne doit pas remettre en cause les principes fondamentaux du maintien de la paix, notamment les principes de respect de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires internes ainsi que le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense.  La Russie a insisté, en outre, sur l’importance d’une relation de confiance entre les personnels des missions et les populations locales, considérant comme contre-productif d’inclure dans les mandats des fonctions additionnelles, notamment de protection des civils.  Une recommandation d’autant plus justifiée dans le contexte actuel de contraintes financières, a ajouté la délégation.  Par ailleurs, elle a insisté pour que la rotation des contingents se fasse de manière transparente.

Mme Evstigneeva a ensuite considéré que ce sont les États Membres qui doivent avant tout déterminer la trajectoire des mécanismes de maintien de la paix et, pour cela, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a un rôle de premier plan à jouer.  Au vu des divergences quant aux réformes, la Fédération de Russie a dit espérer qu’il serait possible d’adopter, lors de la prochaine session du Comité, son rapport dans sa nouvelle mouture, en tenant compte d’un certain nombre de points comme la transparence dans les échanges d’informations.  La représentante a ensuite annoncé que la Fédération de Russie avait augmenté sa participation aux opérations de maintien de la paix de l’ONU par le déploiement de contingents additionnels et la formation au maintien de la paix de soldats et agents de police russes et étrangers.

« Aujourd’hui les conflits sont devenus plus complexes, ils sont plus nombreux et se régionalisent et s’internationalisent plus rapidement », a estimé M. SAPENAFA KESONI MOTUFAGA (Fidji).  Un financement prévisible et durable est une priorité, selon lui, le délégué insistant aussi sur l’importance d’une bonne relation entre les effectifs déployés et les communautés locales.

M. HUSNI MUSTAFA YAGOUB HUSNI (Soudan) a appuyé l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général ainsi que les efforts en cours dans le contexte de sa mise en œuvre. S’agissant du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, il a salué la nouvelle structure adoptée pour son futur rapport.  Le représentant s’est dit attaché au respect des trois grands principes du maintien de la paix –souveraineté, non-ingérence et non-recours à la force– car ils contribuent, selon lui, à la réussite des opérations.  Dès lors, il a appelé à mettre pleinement en œuvre l’accord temporaire pour la zone d’Abyei.  La Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) est déployée à titre temporaire, a-t-il souligné, tout en affirmant que cette zone fait partie du Soudan.  Le partenariat ONU-UA est essentiel à ses yeux pour rationaliser la formation des personnels africains du maintien de la paix.   Étant donné le retrait annoncé de la MINUAD, le Soudan a besoin de formation et de renforcement des capacités de ses propres soldats de la paix, a souligné le représentant, en rappelant son attachement à l’idée de forces africaines pour régler les conflits africains.

M. AHMED KHAN (Pakistan) s’est inquiété de « coupes arbitraires » dans le financement des opérations de maintien de la paix qui « mettent en danger » le succès des missions.  « Donner moins et attendre plus, cela ne fonctionne pas », a-t-il résumé.  Le délégué a expliqué que son pays était l’un des principaux contributeurs dans le monde aux opérations sous conduite de l’ONU, avec 200 000 Casques bleus déjà enrôlés sous les drapeaux de l’ONU jusqu’à présent, rappelant que 159 d’entre eux l’avaient déjà payé de leur vie.  Il a également demandé un exercice de cartographie des situations médicales des missions.

M. GEORGE MWITA ITANG'ARE (République-Unie de Tanzanie) a salué l’initiative Action pour le maintien de la paix qui vise à rendre les opérations de maintien de la paix plus efficaces et responsables, appelant tous les partenaires à garantir la sécurité des Casques bleus.  Dès lors, il a demandé au Secrétariat de se doter des instruments facilitant une coopération efficace entre l’ONU et l’UA, d’autant plus que la majorité des opérations de maintien de la paix de l’ONU connaissent actuellement des coupes budgétaires qui ne se justifient pourtant pas par l’amélioration de la situation sur le terrain.  En tant qu’important pays contributeur, la Tanzanie a appelé le Conseil de sécurité à adopter des mandats réalistes et à créer un environnement propice à la coordination des efforts régionaux et onusiens pour la paix.  Étant donné l’utilisation de tactiques de guerre asymétriques, la délégation s’est dite favorable à l’idée de fournir aux Casques bleus les équipements adéquats pour se protéger et se défendre.  Le représentant a insisté sur la nécessité pour les opérations de paix de disposer des moyens requis pour s’acquitter de leurs mandats.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) s’est enorgueilli que son pays fasse partie des 152 États à avoir endossé la Déclaration d’engagements communs sur les opérations de maintien de la paix, et ce, aux côtés de quatre organisations régionales.  « Nous mettons activement en œuvre l’initiative Action pour le maintien de la paix en tant que pays fournisseur de contingents, partenaire de formation, contributeur financier au maintien de la paix et délégation porte-plume au Conseil de sécurité.  Il s’est dit heureux de constater que la réunion intersession sur les méthodes de travail du Comité des 34 ait permis de tomber d’accord, cette année, sur une nouvelle structure de rapport, en alignant les recommandations de ses membres avec les piliers de l’agenda Action pour le maintien de la paix  Si l’initiative Action pour le maintien de la paix a établi de nouveaux paramètres pour une approche holistique du renforcement des opérations de maintien de la paix, il revient aujourd’hui au Secrétariat, aux missions de terrains et aux États Membres de le mettre en place.

Mme HEATHER JAY THOMPSON (États-Unis) a salué l’initiative Action pour le maintien de la paix, dont l’une des principales composantes est la question de la capacité à rendre des comptes et à évaluer les performances.  Nous exhortons l’ONU à mettre en œuvre ces réformes dans les meilleurs délais.  « Malgré les efforts réalisés, nous voyons encore bien trop l’exploitation et les atteintes sexuelles perpétrés par des Casques bleus », a-t-elle affirmé.  Les États-Unis ont également appuyé la hausse du nombre de femmes à tous les niveaux au sein des opérations de maintien de la paix.

Constatant que pour des milliers de personnes en situation de conflit, le maintien de la paix de l’ONU est une exigence porteuse d’espoir, M. SYLVESTRE NICOLAS COMPAORE (Burkina Faso) a appelé la communauté internationale à œuvrer à un maintien de la paix plus efficace, dans le contexte notamment de l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Rappelant que la Journée internationale des Casques bleus avait, cette année, pour thème « Protéger les civils, protéger la paix », le représentant a souligné que dans de nombreux conflits armés, le non-respect du droit international cause encore de graves souffrances humaines, et les civils continuent de représenter la majeure partie des victimes, notamment en Afghanistan, Iraq, Mali, Somalie, Soudan du Sud ou encore au Yémen.

Dans le contexte du maintien de la paix, il faut encourager le multilatéralisme plus que jamais, a-t-il estimé, en précisant que le Burkina Faso est engagé dans six opérations de maintien de la paix avec des observateurs militaires, des policiers et des officiers de correction déployés en Haïti, en République démocratique du Congo, au Soudan, au Mali et en République centrafricaine.  Au total, 2 000 soldats environ, ce qui en fait un acteur majeur des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il précisé.  Le représentant a fait état de difficultés liées à l’insuffisance de matériels et d’infrastructures de formation, ainsi que d’équipements pour les déploiements rapides et l’insécurité, et indiqué que le Gouvernement souhaite y apporter la réponse avec l’appui de ses partenaires multilatéraux et bilatéraux.  Face à la présence croissante de groupes armés terroristes dans la région, le représentant a affirmé qu’il fallait adapter constamment les dispositifs sécuritaires au niveau national.

Il a salué et encouragé les actions de la communauté internationale en Afrique en termes de déploiement d’opérations de maintien de la paix, en indiquant que l’Afrique est confrontée à des défis sécuritaires qui nécessitent le déclenchement de mécanismes régionaux de maintien de la paix, lorsque le système des Nations Unies tarde à se mettre en place.  Dans ce contexte il a cité l’exemple de la Force conjointe du G5 Sahel dont le Burkina Faso assure la présidence depuis février dernier, de la Force multinationale mixte d’intervention du bassin du lac Tchad et de l’Initiative d’Accra.  Le Burkina Faso a réitéré son engagement à participer à l’effort régional visant à « bouter » hors du continent « l’hydre terroriste », en plaidant pour l’accompagnement politique, financier et matériel de l’ONU des initiatives régionales.

Mme MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a souligné la « nature changeante et complexe » des conflits actuels.  Elle a souligné que des contingents de son pays participent à des missions en Somalie, au Darfour et dans d’autres opérations onusiennes.  Une formation en prédéploiement reste indispensable aujourd’hui, a-t-elle estimé avant de saluer le plan, en ce sens, du Secrétariat de l’ONU.

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