8441e séance – matin
CS/13659

Yémen: la bonne mise en œuvre des accords conclus en Suède suscite l’optimisme au Conseil de sécurité

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a salué ce matin, devant le Conseil de sécurité, les progrès dans la mise en œuvre des engagements pris par les parties yéménites en décembre à Stockholm, même s’il ne s’agit que d’un « début ».  Les membres du Conseil ont également affiché leur optimisme, tempéré néanmoins par la situation humanitaire qui demeure « catastrophique » au Yémen, comme l’a rappelé le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock.

Je suis heureux d’annoncer que les deux parties ont largement adhéré au cessez-le-feu qui est entré en vigueur dans la province de Hodeïda le 18 décembre et que les hostilités ont considérablement diminué depuis, a indiqué l’Envoyé spécial, qui présentait le rapport* du Secrétaire général sur l’état de l’application de la résolution 2451 (2018).

Avec cette résolution, adoptée à l’unanimité, le Conseil a approuvé les accords conclus par le Gouvernement yéménite et les houthistes au sujet de la ville et la province de Hodeïda ainsi que des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa, le mécanisme destiné à activer l’exécution de l’accord d’échange de prisonniers et la déclaration d’entente sur Taëz.  « Le succès de Stockholm est aussi votre succès », a lancé l’Envoyé spécial aux membres du Conseil.

L’Envoyé spécial s’est par ailleurs félicité de l’activation du Comité de coordination du redéploiement, au sein duquel siègent les représentants des deux parties, dont l’objectif est de surveiller l’application du cessez-le-feu, d’améliorer la situation humanitaire et de redéployer les forces.  Il a souligné la volonté des parties de ramener le calme dans la ville de Taëz et indiqué que les listes de prisonniers soumises par les deux parties à Stockholm sont en train d’être finalisées.

« La Suède n’a été qu’un début.  Bien que difficile, c’était la partie aisée », a ensuite affirmé l’Envoyé spécial, en ajoutant qu’un accord politique durable doit encore être conclu.  Enfin, M. Griffiths a souligné la nécessité d’engranger des progrès avant la tenue d’un prochain cycle de consultation, afin de progresser vers un règlement global au Yémen.  « Le prochain cycle devrait être organisé le plus tôt possible », a-t-il conclu.

Les délégations ont partagé « l’optimisme », selon le mot du représentant des États-Unis, de l’Envoyé spécial devant la bonne mise en œuvre des accords conclus en Suède, qualifiés, tour à tour, de « lueur d’espoir » par le délégué du Koweït et « d’avancée remarquable » par son homologue de la Belgique.  Elles ont encouragé les parties yéménites à poursuivre l’application de ces accords, le représentant de l’Allemagne appelant à prendre des mesures « rapides » en ce sens.  « Les choses vont dans le bon sens, même si les difficultés demeurent », a résumé le délégué de la Chine.

Les délégations, dont celles du Royaume-Uni, du Pérou, de la France ou encore de la Guinée équatoriale, ont été nombreuses à réclamer la levée des entraves bureaucratiques à l’acheminement de l’aide humanitaire et la prompte délivrance de visas pour les travailleurs humanitaires.  Le délégué du Koweït a souligné la nécessité de financer le plan humanitaire de 2019 pour le Yémen et s’est félicité, à ce titre, de la prochaine tenue d’une conférence des donateurs à Genève. 

Nous ne sommes pas en mesure de confirmer pour l’instant que la situation humanitaire générale au Yémen s’est améliorée, a expliqué le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, expliquant que celle-ci demeure « catastrophique ».  Plus de 24 millions de personnes -soit 80% de la population- ont en effet besoin d’une assistance humanitaire au Yémen, 10 millions de personnes n’étant pas loin de connaître la famine. 

De même, plus de 3,3 millions de personnes sont déplacées, dont plus de 600 000 au cours des 12 derniers mois, a déclaré le Coordonnateur des secours d’urgence.  À l’instar de nombreux représentants, M. Lowcock s’est dit préoccupé par les détournements de l’aide humanitaire, les entraves à l’approvisionnement en blé et les « retards et des conditions inacceptables » qui affectent les ponts aériens de l’aéroport de Sanaa.  « Si d’importants progrès politiques au Yémen méritent notre plein soutien, cela ne suffit pas à nourrir un seul enfant affamé », a-t-il averti.

Le représentant du Yémen a affirmé que les houthistes auraient saisi 72 « cargaisons de secours » du Programme alimentaire mondial (PAM), dont les populations avaient urgemment besoin.  Tout récemment aussi, 88 navires commerciaux et pétroliers ont été empêchés d’entrer dans les ports de Hodeïda et de Salif, à bord desquels se trouvaient des médicaments réservés aux personnes atteintes de choléra, a lancé le représentant.

Enfin, s’il a salué l’Accord de Stockholm, le représentant a assuré que les milices houthistes continueraient de perpétrer des violations du cessez-le-feu, qui sont au nombre de « 434 » depuis l’adoption de l’Accord, et qui auraient fait « 33 martyrs et 263 blessés ».  Ces violations ne sauraient être considérées comme des actes individuels, a mis en garde le délégué, mais répondraient à une « stratégie délibérée » de « hauts dirigeants houthistes » souhaitant torpiller l’Accord de Stockholm. 

*S/2018/1173

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2018/1173 ET S/2019/11)

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, s’exprimant par visioconférence depuis Amman, a salué l’adoption de la résolution 2451 (2018) qui a entériné les accords conclus par le Gouvernement yéménite et les houthistes en Suède.  Ce texte est un signal fort de l’intention de la communauté internationale de régler la crise yéménite, a-t-il dit.  « Le succès de Stockholm est aussi votre succès. »  Il a livré le contenu de l’entrevue qu’il a eue avec le Président Abdrabuh Mansour Hadi Mansour, lequel s’est félicité de l’Accord de Stockholm qu’il considère comme un pas important en vue de la résolution du conflit, les deux parties ayant fait part de leur volonté d’aller de l’avant. 

L’Envoyé spécial a détaillé la mise en œuvre de ces accords qui visent à améliorer le sort des Yéménites, en se penchant d’abord sur l’accord portant sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa.  Cet accord prévoit notamment un cessez-le-feu immédiat dans la province de Hodeïda.  Il s’est félicité que les deux parties aient dans l’ensemble respecté le cessez-le-feu entré en vigueur le 18 décembre, les violences ayant diminué de manière significative depuis. 

Si les violences persistent dans la ville de Hodeïda et certaines parties sud de la province, M. Griffiths a indiqué que ces violences restent « limitées » par rapport à leur niveau d’avant les consultations de Stockholm.  « Ce calme relatif est une retombée positive de l’Accord de Stockholm pour le peuple du Yémen et le signe de l’engagement continu des parties en vue de mettre en œuvre cet Accord. »

L’Envoyé spécial s’est par ailleurs félicité du déploiement d’une équipe préparatoire chargée de surveiller la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm, sous la houlette du général de division Patrick Cammaert, arrivé au Yémen le 22 décembre.  Ce déploiement rapide est un signal fort envoyé aux parties de l’engagement de la communauté internationale d’appliquer les accords de Stockholm.  Le général Cammaert a d’ores et déjà présidé plusieurs sessions du Comité de coordination du redéploiement, au sein duquel siègent les représentants des deux parties, en vue de surveiller la mise en œuvre de l’accord sur la ville de Hodeïda.  L’activation de ce Comité est la bienvenue, a-t-il déclaré, en appelant les parties à s’impliquer avec le Comité pour mettre en œuvre les arrangements sécuritaires et garantir un accès humanitaire. 

S’agissant de la déclaration d’entente sur Taëz, M Griffiths a souligné la nécessité d’une augmentation du niveau de l’aide humanitaire.  « J’ai parlé avec les parties et elles veulent toutes que la ville retrouve le calme », a-t-il dit, ajoutant que cette ville doit bénéficier des accords conclus en Suède au même titre que la ville de Hodeïda.  S’agissant des échanges de prisonniers, nous sommes en train de finaliser les listes de prisonniers soumises par les deux parties à Stockholm, a indiqué l’Envoyé spécial.  Une réunion du comité de supervision pourrait être organisée à Amman lundi prochain, en vue du retour de milliers de prisonniers dans leurs foyers. 

Il a indiqué que les progrès de mise en œuvre des accords sont graduels mais tangibles, en exhortant les parties à ne pas oublier leurs engagements, tant seront nombreux les obstacles dans les mois à venir.  Le soutien du Conseil est à ce titre crucial, a-t-il déclaré. 

« Je ne me fais pas d’illusion que le Yémen vit des jours difficiles.  La guerre se poursuit dans d’autres parties du pays, c’est pourquoi nous devons progresser rapidement. »  M. Griffiths a pointé le terrible bilan humanitaire et économique du conflit, en regrettant l’absence d’un consensus entre les parties sur la Banque centrale et sur l’ouverture du port de Sanaa.  Les demandes des groupes du sud doivent être prises en compte pour toute solution dans le pays, a-t-il déclaré, en s’engageant à garantir leur participation au processus de paix. 

« La Suède n’a été qu’un début.  Bien que difficile, c’était la partie aisée », a-t-il affirmé, ajoutant qu’un accord politique durable doit encore être conclu.  Afin de préserver l’élan généré, l’Envoyé spécial a souligné la nécessité d’engranger des progrès avant la tenue d’un prochain cycle de consultation, sous peine que ce prochain cycle ne soit consacré aux réalisations du premier cycle.  « Le prochain cycle devrait être organisé le plus tôt possible et j’y veillerai, comme je veillerai au suivi des résultats obtenus en Suède », a conclu M. Griffiths.

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a affirmé que l’Accord de Stockholm a déjà un impact, puisque les agences humanitaires présentes à Hodeïda indiquent que les civils sont un peu plus confiants et moins inquiets par rapport au risque d’attaques aériennes ou d’être pris entre deux feux.  Il est cependant encore trop tôt pour juger du respect de l’Accord, a-t-il estimé en espérant qu’il serait soutenu par tous les moyens.  Il a indiqué ne pas être en mesure de confirmer pour l’instant que la situation humanitaire générale au Yémen s’était améliorée.  « Elle reste catastrophique », a-t-il rappelé en notant que plus de 24 millions de personnes - soit 80% de la population - ont besoin d’assistance humanitaire.  Il a même précisé que 10 millions de personnes ne sont pas loin de sombrer dans la famine.  De même, plus de 3,3 millions de personnes sont déplacées, dont plus de 600 000 au cours des 12 derniers mois.  Alors qu’à peine la moitié des centres de santé fonctionnent, les besoins se sont accrus dans tous les secteurs.  Des millions de Yéménites souffrent davantage de la faim, sont plus souvent malades et sont plus vulnérables qu’il y a un an.

Les humanitaires accroissent leurs activités pour faire face à ces besoins, a indiqué M. Lowcock.  En décembre dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) a pu offrir des vivres à 9,5 millions de personnes, un record.  Dans les prochains mois, le PAM entend atteindre 12 millions de gens chaque mois, y compris 10 millions de personnes les plus à risque de sombrer dans la famine et 2 millions de déplacés vulnérables.  Les agences humanitaires continuent également à lutter contre le choléra, à améliorer les conditions de vie des déplacés et à faire tout ce qui est possible pour atténuer la faim et la malnutrition pour les 240 000 personnes faisant face à des niveaux d’insécurité alimentaire catastrophiques.  Ces agences se préparent aussi à de vastes retours de populations à Hodeïda si les conditions le permettent.  Dans l’ensemble, les opérations au Yémen devraient toucher 15 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays, mais à condition que les fonds soient disponibles, a averti M. Lowcock en soulevant également la question préoccupante du détournement de l’aide alimentaire.  Par le biais d’organismes indépendants qui ont fait des audits l’automne dernier, les humanitaires ont pu vérifier que 95% des bénéficiaires de l’assistance alimentaire ont pu effectivement en bénéficier à Sanaa.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a ensuite rappelé les trois points en rapport avec l’assistance humanitaire de la résolution 2451 (2018).  Le premier point est l’accès, mais depuis l’Accord de Stockholm, il n’est toujours pas possible d’accéder aux entrepôts de la mer Rouge et à d’autres.  Une quantité de blé suffisante pour nourrir 3,5 millions reste à l’état de stock depuis quatre mois et risque de se détériorer.  Depuis six semaines, les autorités sur le terrain ont empêché que les approvisionnements partant des zones qu’elles contrôlent ne parviennent aux régions sous l’autorité du Gouvernement yéménite.  De même, des retards et des conditions inacceptables affectent les ponts aériens de l’aéroport de Sanaa, ce qui signifie que des gens ayant des affections pour lesquelles les traitements ne sont pas disponibles dans le nord du Yémen sont condamnés à la souffrance.  

La résolution demande également la levée des obstacles aux importations commerciales.  À ce sujet, les importations de carburant par les ports de Hodeïda et de Salif étaient plus élevées en décembre dernier que pour la période d’août 2017 à novembre 2018, mêmes si ces importations restent en-deçà des besoins estimés.  Si les demandes d’autorisations d’importation concernant les ports de Hodeïda et de Salif ont plus que doublé en décembre dernier par rapport au mois précédent, cela n’aura d’effet positif que si ces requêtes sont approuvées.

Le second point de la résolution 2451 (2018) est l’économie, a poursuivi M. Lowcock en parlant du rial yéménite qui perd toujours de la valeur: son taux est de 520 rials pour un dollar.  Sans une intervention, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit qu’on pourrait cette année arriver à un taux de 700 rials.  Sachant que le Yémen importe pratiquement toute sa nourriture, son carburant et ses médicaments, cela aurait des conséquences dévastatrices pour des millions de personnes.  En ce qui concerne le paiement des salaires des fonctionnaires, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont annoncé un don de 70 millions de dollars en faveur du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) afin de couvrir les salaires des enseignants.

La résolution de décembre dernier du Conseil de sécurité appelait en outre au renforcement de la contribution de la communauté internationale pour soutenir le plan d’aide humanitaire pour 2019 et 2,4 milliards de dollars avaient pu être mobilisés l’an dernier, soit 83% du montant requis.  Avec la détérioration de la situation au cours des six derniers mois, les agences humanitaires auront besoin d’encore plus de fonds, a prévenu M. Lowcock.  Le plan humanitaire qui sera finalisé au cours des prochaines semaines devrait se chiffrer à 4 milliards de dollars, a-t-il annoncé, dont la moitié sera consacrée à l’aide alimentaire d’urgence.  Le 26 février, le Secrétaire général convoque une conférence d’annonce de contributions pour le Yémen à Genève, sous la double organisation de la Suède et de la Suisse, a-t-il indiqué, sachant que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont déjà annoncé des dons de 500 millions de dollars, en plus de ce qu’ils ont versé auparavant, pour lutter contre la faim au Yémen en 2019.

En conclusion, le Coordonnateur des secours d’urgence à dit que « même si d’importants progrès politiques au Yémen méritent notre plein soutien, cela ne suffit pas à nourrir un seul enfant affamé ».  Ainsi, des millions de Yéménites attendent assistance et protection de l’ONU, et cette dernière doit faire des progrès rapides sur tous les aspects de l’appui humanitaire souligné par la résolution 2451 (2018) afin de voir des changements réels dans la vie des Yéménites.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a jugé très important que les parties au conflit redoublent d’efforts pour mettre en œuvre les décisions agréées à Stockholm, et poursuivre le dialogue avec l’Envoyé spécial, en perspective du prochain cycle de pourparlers que celui-ci dirigera.  Elle a annoncé que sa délégation comptait présenter sous peu une résolution « brève et technique » afin de permettre le déploiement le plus rapide possible des observateurs de l’ONU au Yémen.  La représentante a vigoureusement plaidé en faveur d’un accès sans entraves pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Hodeïda, ainsi que de la libre circulation de l’ensemble des biens commerciaux, y compris les combustibles.  Mme Pierce a ajouté qu’elle était « très heureuse » de constater que le Conseil de sécurité ait pu présenter un front uni sur ce dossier.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France), après avoir rappelé les progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 2451 (2018) du Conseil de sécurité, a appelé à ne pas oublier la situation humanitaire très préoccupante.  Toutes les parties sont tenues de respecter le droit international humanitaire notamment s’agissant de la protection des civils ainsi que le droit international des droits de l’homme, a-t-il dit.  « Il faut aussi poursuivre nos efforts sur le volet économique.  Les accès humanitaires et commerciaux doivent être également garantis, y compris l’artère vitale entre Hodeïda et Sanaa. »  Le représentant a appelé les parties à faire preuve de responsabilité dans le cadre des discussions sur la réouverture de cet axe qui n’ont pour l’heure pas porté leurs fruits.  Il a aussi plaidé pour que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le Programme alimentaire mondial (PAM) aient un accès aux silos de la mer Rouge, pour que les denrées destinées aux populations soient acheminées sans entraves ni détournements.  L’accord sur Hodeïda, qui renforce le fonctionnement des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, doit permettre de faciliter l’accès humanitaire, a-t-il souligné en souhaitant qu’il soit pleinement mis en œuvre.

Il est essentiel que la mission d’observation puisse disposer du mandat nécessaire pour travailler, a poursuivi le délégué de la France.  « Nous soutenons les efforts du Royaume-Uni en ce sens, pour permettre à la mission de poursuivre son déploiement.  Il est essentiel que le Conseil manifeste son unité et sa réactivité pour accompagner les efforts de M. Martin Griffiths et la mise en œuvre effective des accords de Stockholm sur Hodeïda. »  Les parties doivent, pour leur part, tout faire pour faciliter le travail de la mission des Nations Unies, y compris en délivrant les visas et autorisations nécessaires et en assurant la sécurité du personnel de l’ONU sur le terrain, a ajouté M. Delattre.  Avant de conclure, il a appelé la tenue dans les meilleurs délais de nouvelles discussions politiques sous l’égide de M. Griffiths afin de prolonger l’élan né à Stockholm et de relancer les discussions sur un cadre politique global, seule solution durable au conflit au Yémen.  La France entend y apporter, notamment au sein du Conseil de sécurité, son plein soutien. 

M. ZHAOXU MA (Chine) s’est félicité de la bonne mise en œuvre des accords de Stockholm.  Les choses vont dans le bon sens, même si les difficultés demeurent, a-t-il déclaré, en déplorant notamment les entraves bureaucratiques à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a plaidé pour que les parties mettent en œuvre le cessez-le-feu dans la province de Hodeïda et pour qu’elles œuvrent au redéploiement mutuel des forces.  Le délégué chinois a par ailleurs jugé impératif que les parties yéménites rapprochent encore davantage leurs positions.  Il a souhaité des progrès rapides s’agissant de l’application de l’accord d’échange de prisonniers.  L’ONU doit continuer d’être le médiateur principal au Yémen, a-t-il conclu, en appelant la communauté internationale à intensifier son aide au pays. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé qu’il est impossible de faire cesser un conflit qui dure plusieurs années seulement quelques semaines après la conclusion d’un accord entre les parties.  Ces choses-là prennent du temps et les modalités de l’accord d’échange de prisonniers et de l’accord de désescalade de Taëz sont discutées au sein de comités techniques, a-t-il souligné.  Le représentant a encouragé à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial, et à continuer d’accorder une priorité à l’accès pour l’acheminement de l’aide humanitaire.  Celle-ci doit être accordée à toutes les populations dans le besoin, quelle que soit la partie au conflit exerçant le contrôle du territoire concerné, a-t-il affirmé.  Le délégué a, en conclusion, dénoncé la « politique de confrontation » et l’agressivité, en soulignant les vertus d’une architecture commune de la sécurité au Moyen-Orient.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a soutenu les efforts déployés par tous pour mettre fin à la crise humanitaire actuelle et rapprocher les parties d’une solution politique globale.  Il s’est félicité de certains progrès dans la mise en œuvre opérationnelle de l’Accord de Stockholm, même s’il faut encore trouver un consensus autour de certains éléments, notamment sur ce qui constitue une violation du cessez-le-feu.  La délégation péruvienne a encouragé les parties à surmonter les difficultés et à s’abstenir de mesures unilatérales, pour se concentrer plutôt sur la recherche d’une solution politique.  Tous ces efforts sont d’autant plus impératifs qu’une large partie de la population reste exposée à l’insécurité alimentaire et au choléra, a relevé le représentant, qui a plaidé en faveur de la levée des obstacles bureaucratiques et de la délivrance des visas dont les personnels humanitaires ont besoin. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a mentionné la « lueur d’espoir » soulevée à Stockholm.  Toutes les parties yéménites doivent désormais honorer leurs engagements et coopérer avec l’Envoyé spécial et avec le Président du Comité de coordination du redéploiement.  « Ne relâchons pas nos efforts pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil, en particulier la résolution 2451 (2018), qui constituent autant de jalons sur le chemin de la paix. »

Il a appelé à des progrès dans la mise en œuvre de l’accord d’échange de prisonniers et s’agissant de la délivrance de visas pour les travailleurs humanitaires.  Le délégué a par ailleurs dit attendre des propositions sur la manière dont l’ONU pourrait davantage encore appuyer l’application de l’Accord de Stockholm.  Saluant l’unité de la communauté internationale sur le dossier yéménite, il a souligné la nécessité de financer le Plan de réponse humanitaire pour le Yémen de 2019 pour le Yémen, en rappelant les contributions importantes des pays de la coalition.  Le délégué s’est, à ce titre et en conclusion, félicité de la prochaine tenue d’une conférence des donateurs à Genève. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a rappelé que des mesures doivent être prises pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et aller au-delà du règlement de la situation concernant Hodeïda.  Il faut se pencher sur les questions de fond, a-t-il plaidé.  Sa délégation et celle du Pérou, en leur qualité de coprésidents du Groupe de travail sur les femmes, la paix et la sécurité, ont décidé d’examiner en priorité sur la situation des femmes au Yémen, a-t-il annoncé.  Rappelant l’extrême gravité de la crise yéménite et son impact notamment sur les enfants, le représentant a également rappelé les problèmes posés par la raréfaction de l’eau dans ce pays, principalement en raison des changements climatiques.  M. Heusgen a souligné que l’Allemagne était l’un des principaux bailleurs de fonds du Yémen.  En outre, son pays redoublera d’efforts pour faciliter l’émergence d’une solution politique mettant fin au conflit.

M. PROTASIO EDU EDJANG NNAGA (Guinée équatoriale) a salué la « réaction rapide » du Conseil sur le dossier yéménite, avant de partager certaines préoccupations s’agissant de la fermeture de routes humanitaires et des retards dans la délivrance des visas pour les travailleurs humanitaires.  Le Gouvernement et les houthistes doivent prendre des mesures pour empêcher tout détournement de l’aide humanitaire, a-t-il déclaré.  Enfin, le délégué de la Guinée équatoriale a appuyé les efforts de l’ONU en vue d’un règlement global au Yémen. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a estimé que l’Accord conclu à Stockholm était une avancée « remarquable », et qu’il devait maintenant être mise en œuvre dans des délais acceptables.  Il est essentiel selon lui que le fonctionnement du port de Hodeïda revienne à la normale, a-t-il souligné, en appelant les parties à cesser les déclarations agressives dans les médias pour s’acquitter de leurs obligations en vertu de leur accord.  Sa délégation a déclaré soutenir l’adoption d’une résolution « le plus vite possible » afin de donner une base juridique légitime à l’accord.  Elle a également plaidé en faveur de la levée des obstacles bureaucratique qui se posent à la délivrance des visas aux personnels humanitaires, tout en espérant que l’Accord de Stockholm servirait de base à un accord politique susceptible de mettre fin au conflit yéménite. 

Avec la perspective d’une relance du processus politique au Yémen, grâce à l’Accord de Stockholm et la résolution 2451 (2018), Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a salué la mise en place rapide du Comité de coordination du redéploiement et la prise de fonctions à sa tête du général de division Cammaert.  Elle s’est également dite encouragée par la décision du Président Hadi d’exiger le versement des salaires à tous les fonctionnaires de la province de Hodeïda.  Elle a insisté sur l’importance pour les parties de respecter les dispositions de l’Accord de Stockholm et de maintenir le cessez-le-feu à Hodeïda.  En outre, tout redéploiement de forces doit être supervisé et vérifié par l’ONU et les deux parties, a-t-elle ajouté.  Elle s’est inquiétée des entraves faites au cessez-le-feu par les deux parties, exhortant celles-ci à faire preuve de retenue et de bonne volonté dans le but de faire progresser les mesures de confiance, en particulier celles ayant trait à la situation humanitaire.

Dans l’attente du prochain tour de consultations prévu en janvier, la représentante a insisté sur la nécessité d’associer toutes les parties concernées au processus politique, y compris les groupes sous-représentés, les femmes et les jeunes.  Elle a appelé ces parties à poursuivre leur coopération avec le Comité de coordination du redéploiement et le personnel de l’ONU, et d’assurer la sécurité de celui-ci.  En vue de répondre aux exigences de la situation humanitaire difficile au Yémen, Mme Wronecka a également exigé que l’autoroute Sanaa-Hodeïda soit réouverte sans plus tarder pour pouvoir mettre en place un couloir humanitaire opérationnel.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a salué les progrès accomplis en vue de l’activation du Comité de coordination du redéploiement, qui montrent que les parties sont décidées à tourner la page. S’il a partagé l’optimisme du Secrétaire général s’agissant de la mise en œuvre des accords agréés en Suède, le délégué des États-Unis s’est en revanche dit préoccupé par la situation humanitaire dans le pays. Toutes les parties doivent lever les entraves bureaucratiques au bon acheminement de l’assistance humanitaire, a-t-il déclaré, en déplorant les détournements de cette aide.  « Les parties doivent respecter le cessez-le-feu dans la province de Hodeïda. »  Enfin, le délégué a plaidé en faveur d’une solution pérenne au Yémen, appuyé les efforts de l’Envoyé spécial et assuré de l’appui de son pays pour la surveillance du respect du cessez-le-feu.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a appelé toutes les parties à coopérer pleinement avec les Nations Unies à la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm, dont les trois points principaux portent sur le cessez-le-feu dans la ville de Hodeïda et le redéploiement mutuel des forces des belligérants en dehors des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa; le mécanisme de mise en œuvre de l’accord d’échange de près de 15 000 prisonniers; et la déclaration d’entente sur la ville de Taëz, dans la perspective de l’ouverture de couloirs humanitaires.  Face à la grave crise humanitaire qui affecte environ 20 millions de Yéménites, la communauté internationale se doit d’apporter des réponses urgentes et adaptées à l’étendue des besoins, a exigé le représentant. 

Le délégué a également estimé que la levée des obstacles administratifs et la prise de mesures pour la relance des activités portuaires faciliteront la livraison et l’acheminement de l’aide humanitaire ainsi que la reprise des activités économiques et commerciales.  Toute entrave à la fourniture de l’aide humanitaire, a-t-il rappelé, constitue une violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  M. Ipo a exhorté le Gouvernement yéménite et les rebelles houthistes à œuvrer de concert avec les agences spécialisées des Nations Unies à la protection et à l’acheminement de l’aide humanitaire vers les zones et les populations affectées. 

Après s’être félicité de l’unité affichée par le Conseil de sécurité pour entériner l’Accord de Stockholm, M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a pris note de la proposition du Secrétaire général de l’ONU sur les modalités du mécanisme de surveillance et des résultats préliminaires du Comité de coordination du redéploiement.  Pour sa délégation, il importe que les parties tombent d’accord sur des mesures de renforcement de la confiance pour combler le déficit existant.  Le représentant s’est dit en effet préoccupé par les allégations d’accusations mutuelles de violations de cessez-le-feu par les deux parties au cours de la période à l’examen.  Aussi a-t-il émis l’espoir que le prochain tour de négociations serait pour elles l’occasion de poser les fondations d’un cadre de règlement politique du conflit yéménite.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a plaidé pour que le Conseil de sécurité assure le suivi de l’application de l’Accord de Stockholm, saluant l’adoption à l’unanimité de la résolution 2451 (2018) qui souligne, selon lui, l’unité du Conseil sur le dossier du conflit au Yémen.  Après avoir soutenu les propositions du Secrétaire général par rapport à cette question, il a salué la nomination du général de division Cammaert à la tête du Comité de coordination du redéploiement, et a noté qu’il avait d’ores et déjà commencé à rencontrer les deux parties en vue d’activer l’application de l’Accord de Stockholm.  Ce Comité doit pouvoir rapidement finaliser les modalités du redéploiement des forces, y compris les calendriers, les localisations et les unités à redéployer, a-t-il estimé en soutenant le redéploiement en deux phases prévu par l’Accord de Stockholm, dans la mesure où cette approche permettrait d’agir dans les plus brefs délais sur le front humanitaire.

L’Indonésie soutient aussi la proposition de créer une mission de l’ONU au Yémen pour soutenir la mise en œuvre de l’Accord sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa.  Cette mission aurait un rôle significatif à jouer, selon lui, dans la supervision du redéploiement des forces des deux parties et du respect du cessez-le-feu à Hodeïda et dans ces ports.  De plus, avec cette mission, on peut espérer que l’assistance humanitaire pourra être apportée à temps au peuple yéménite, et qu’un soutien sera apporté au processus politique lancé par l’Envoyé spécial l’an dernier.  L’Indonésie se dit donc prête à soutenir cette mission et exhorte les autres membres du Conseil à en faire de même.  Le représentant a appelé le système des Nations Unies à poursuivre ses efforts concertés pour apporter l’aide humanitaire requise aux Yéménites, a-t-il conclu.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a dit que l’Accord de Stockholm est un pas en avant en vue du règlement du conflit au Yémen, « l’un des plus graves au monde ».  Il a pleinement appuyé les efforts de l’Envoyé spécial et appelé au respect des accords conclus en Suède.  Le délégué a appelé de ses vœux une solution politique globale au Yémen, à laquelle les femmes et jeunes seraient pleinement associés.  Le délégué a déploré les entraves au bon acheminement de l’aide humanitaire, malgré les avancées de Stockholm.  « La réalité reste accablante au Yémen et la République dominicaine lance un vibrant appel aux parties pour garantir l’accès humanitaire. »

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) s’est félicité des efforts déployés en faveur de la recherche d’un accord politique au Yémen, conformément au cadre de référence agréé par les parties.  Il a félicité les personnels humanitaires de l’aide fournie aux populations yéménites qui sont en détresse « en raison de l’intervention militaire des milices houthistes » dans son pays.  S’il a salué l’Accord de Stockholm, le représentant a assuré que ces milices continueraient de perpétrer des violations du cessez-le-feu, qui sont au nombre de « 434 » depuis l’adoption de l’Accord, et qui auraient fait « 33 martyrs et 263 blessés ».  Ces violations ne sauraient être considérées comme des actes individuels, a-t-il affirmé, mais répondraient à une « stratégie délibérée » de « hauts dirigeants houthistes » souhaitant torpiller l’Accord de Stockholm.  M. Al-Saadi a donc demandé au Comité de coordination du redéploiement de veiller au respect des dispositions de l’Accord, dont la mise en œuvre ne doit pas être assujettie à la bonne volonté des houthistes.  Il a également demandé aux membres du Conseil de sécurité de prendre les mesures rendues nécessaires par les violations, y compris en envisageant des sanctions à l’encontre des individus responsables.

La délégation a rappelé que le Gouvernement yéménite est prêt à faciliter au maximum les efforts de l’Envoyé spécial tant qu’ils s’inscrivent dans le cadre des paramètres agréés.  Il faut selon lui respecter le « bon cours judiciaire » de « l’autorité nationale » en reconnaissant le Gouvernement yéménite comme « seul mouvement politique légitime ».  Il a affirmé que les milices houthistes auraient saisi 72 « cargaisons de secours » du PAM dont les populations se trouvant dans les zones sous leur contrôle avaient urgemment besoin.  Tout récemment aussi, 88 navires commerciaux et pétroliers ont été empêchés d’entrer dans les ports de Hodeïda et de Salif, au point que certaines des cargaisons ont été périmées.  À bord se trouvaient des médicaments réservés aux personnes atteintes de choléra, a lancé le représentant, qui a ajouté que les derniers navires détenus par les milices putschistes en septembre dernier transportaient notamment des cargaisons de plus de 25 000 tonnes de vivres. Il ne faut pas cesser les efforts internationaux en cours, a plaidé en conclusion M. Al-Saadi, pour qui la paix durable passe par la fin de ce « coup d’état contre la légalité » et de « la prise en otage des institutions étatiques » et par le retrait des « milices appuyées par l’Iran ».

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