8473e séance – matin
CS/13721

Le Conseil de sécurité salue l’engagement de l’Union africaine à « faire taire les armes » en 2020 en Afrique, continent porté par un « vent d’espoir »

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, la résolution 2457 (2019), dans laquelle il salue la détermination de l’Union africaine (UA) à débarrasser l’Afrique des conflits et à « faire taire les armes » d’ici à 2020.  Ce texte a été adopté, à l’unanimité, à l’entame d’un débat public, qui aura vu la cinquantaine d’orateurs afficher un certain optimisme sur l’avenir du continent.  « Un vent d’espoir souffle aujourd’hui en Afrique », a déclaré la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix.

Dans cette résolution, le Conseil se déclare prêt à soutenir la mise en œuvre du Plan directeur de l’UA sur les « mesures concrètes » à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020.  Il appartient « essentiellement » à l’UA, à ses membres, à leurs populations et institutions, de construire une Afrique sans conflit, note le Conseil.

Il note d’ailleurs les efforts de l’UA et des organisations sous-régionales, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, pour renforcer leurs capacités et mener des opérations de soutien à la paix sur le continent.  Le Conseil souligne en outre la « précieuse contribution » des capacités de médiation de l’UA et de ces organisations.

Le Conseil invite l’ONU et l’UA à renforcer leurs efforts pour « coordonner leur action de façon complémentaire » en vue du règlement et de la prévention des conflits, du relèvement postconflit, du développement et du maintien et de la consolidation de la paix.  En outre, il réaffirme le rôle important des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, dans la consolidation de la paix et dans les situations d’après conflit, ainsi que la contribution importante des jeunes.

Première oratrice à s’exprimer, la Secrétaire générale adjointe Rosemary DiCarlo a tout d’abord rappelé -dans le droit fil de la lettre* qu’avait fait circuler le Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, M. Simeón Oyono Esono Angue, qui présidait la séance- l’engagement de l’UA « à ne pas léguer à la prochaine génération d’Africains les lourds fardeaux que sont les conflits ».  « Le partenariat UA-ONU est devenu la pierre de touche des initiatives de paix et de sécurité onusiennes en Afrique », a-t-elle dit, avant d’en mentionner les fruits, d’abord en République centrafricaine, qui a vu la récente signature d’un accord de paix.

Au Soudan du Sud, la signature d’un accord de paix revitalisé, avec l’appui des deux organisations, a allumé une « lueur d’espoir », a noté la Secrétaire générale adjointe, qui a aussi mentionné l’appui de l’ONU aux bons offices de l’UA lors de l’élection présidentielle de 2018 à Madagascar.  Plusieurs délégations, comme la France, ont aussi rappelé la récente transition pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC), tandis que celle du Bénin a cité le rapprochement entre l’Éthiopie et l’Érythrée.

Si le nombre de conflits violents a « considérablement » diminué ces dernières années, certains pays africains restent encore pris au piège du cercle vicieux de ce genre de conflits, a déclaré le Haut-Représentant de l’UA chargé de l’objectif de faire taire les armes en Afrique, M. Ramtane Lamamra.  Ces pays, où la gouvernance reste une source majeure d’instabilité, subissent notamment la criminalité transnationale, le terrorisme, la violence et la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Le Haut-Représentant a donc recommandé de « bâtir une forte culture de prévention de conflit, sur le plan structurel, pour s’écarter de la tendance actuelle à la militarisation dans la résolution de conflit ».  Il a aussi plaidé pour un appui vigoureux à la mise en œuvre des accords de paix.

Plus concrètement, le Haut-Représentant a rappelé la décision de l’UA de déclarer le mois de septembre « mois de l’amnistie pour l’Afrique », jusqu’en 2020, pour encourager le dépôt des ALPC et leur collecte.  De plus, un plan d’action pour soutenir l’objectif de « Faire taire les armes en Afrique » est en cours d’élaboration.

« Sera-t-il possible de faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020?  La réponse est un non retentissant », a déclaré M. Vasu Gounden, Fondateur et Directeur exécutif de l’« African Centre for the Constructive Resolution of Disputes » (ACCORD), dont l’intervention a tranché avec l’optimisme d’un grand nombre de déclarations.  M. Gounden a alerté que de nombreux pays ont atteint un point de rupture dangereux et qu’une « course contre la montre » est actuellement engagée.  Selon lui, il faudra entre 20 et 40 ans pour répondre aux causes profondes et opérer les changements structurels notables qui s’imposent.  « Allez-vous mobiliser la volonté politique pour endiguer les flux d’armes illicites, consacrer davantage de ressources à la prévention de conflit, renforcer les capacités locales et nationales de prévention? » a-t-il lancé aux membres du Conseil.

La plupart des délégations ont pourtant insisté sur l’importance de remédier aux causes des conflits.  « Nous devons déceler les signes émergents de conflits en Afrique et agir pour y remédier », a déclaré celle du Royaume-Uni, tandis que le Ministre de la Guinée équatoriale a demandé la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La délégation égyptienne a indiqué à cet égard la prochaine ouverture, au Caire, du centre chargé de la reconstruction et du développement.

Les délégués de la Pologne, de la République dominicaine et de l’Indonésie ont, elles, appelé à des efforts renforcés contre le trafic illicite des ALPC.  La délégation du Bénin, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a demandé une mise en œuvre « équilibrée et objective » du Traité sur le commerce des armes, « les intérêts des principaux États producteurs et exportateurs d’armes ne devant pas être les seuls à être protégés ».  Les États-Unis détruisent, dans l’est de la RDC, les stocks superflus d’armes, a expliqué le délégué américain.

Le financement des opérations de paix de l’UA a été abondamment discuté notamment par la délégation de la Guinée équatoriale, qui a souhaité que le Conseil adopte le projet de résolution en circulation dans le même esprit d’unité qu’aujourd’hui.  « Le Conseil doit répondre positivement aux appels légitimes et de longue date de l’UA concernant l’accès de celle-ci aux budgets de l’ONU pour financer les opérations africaines de soutien à la paix », a appuyé M. Lamamra.

*S/2019/169

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Faire taire les armes en Afrique (S/2019/169)

Texte du projet de résolution (S/2019/179)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant que la Charte des Nations Unies lui assigne la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et qu’il est déterminé à ce que les buts et principes consacrés dans la Charte soient observés,

Rappelant que la prévention des conflits demeure une responsabilité principale des États, qui ont également pour responsabilité de protéger les civils et de respecter les droits de l’homme, comme le prévoit le droit international applicable, et réaffirmant la responsabilité de chaque État de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité,

Rappelant à cet égard ses résolutions antérieures et les déclarations de son Président sur les divers facteurs et causes qui concourent à susciter, aggraver ou prolonger les conflits en Afrique,

Se déclarant préoccupé par les conflits dans différentes régions géographiques, et réaffirmant que, dans le droit fil du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales est cruciale au regard de la prévention du déclenchement, de l’intensification, de la poursuite et de la récurrence des conflits,

Notant que l’Afrique continue de faire face à des défis considérables, notamment: l’existence de déficits de gouvernance, des difficultés économiques, des taux élevés de chômage, la mauvaise gestion de la diversité ethnique, la lutte pour le pouvoir et les ressources, la fragilité de l’État et la faiblesse des institutions, des espaces non gouvernés, qui ouvrent la voie aux activités illégales, le flot continu d’armes sur le continent et leur circulation illicite, des activités mercenaires, des insurrections et des rébellions, les insuffisances de la surveillance et du contrôle des frontières, qui facilitent la criminalité transnationale organisée, l’exploitation illégale des ressources naturelles, la persistance de la crise qui précipite les migrations irrégulières, la corruption, les flux financiers illicites qui facilitent le financement d’activités illégales, les changements climatiques et les catastrophes naturelles, et les lenteurs de la ratification des instruments et politiques de l’Union africaine,

Réaffirmant qu’il est nécessaire d’examiner le caractère multidimensionnel des problèmes de paix et de sécurité que connaissent les pays africains sortant d’un conflit, soulignant qu’il importe d’adopter une approche globale et intégrée de la consolidation et de la pérennisation de la paix en vue de les empêcher d’y replonger,

Profondément préoccupé par le fait que le commerce illicite, l’accumulation déstabilisatrice et l’utilisation abusive d’armes légères et de petit calibre dans de nombreuses régions du monde, y compris en Afrique, continuent de menacer la paix et la sécurité internationales, causent d’importantes pertes en vie humaines et contribuent à l’instabilité et à l’insécurité,

Rappelant à cet égard tous les instruments internationaux, régionaux et sous-régionaux visant à s’attaquer au transfert illicite, à l’accumulation déstabilisatrice et au détournement d’armes légères et de petit calibre en Afrique, y compris le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, et ses résolutions pertinentes, qui contribuent à la prévention des conflits en Afrique,

Constatant que, dans certaines situations de conflit armé, l’exploitation illégale, le trafic et le commerce illicite des ressources naturelles ont contribué au déclenchement, à l’intensification ou à la poursuite de ces conflits, notant les résolutions adoptées et les mesures de sanction prises sur la question pour aider à empêcher que l’exploitation illégale des ressources naturelles – en particulier le bois, les minerais dits de « conflit » (comme l’étain, le tantale, le tungstène et l’or), les diamants, le cobalt, le charbon de bois et les espèces sauvages – alimente les conflits armés, et encourageant les États membres de l’Union africaine à promouvoir la gestion transparente et légale des ressources naturelles, y compris l’adoption d’objectifs de recettes publiques pour financer le développement, la création de cadres réglementaires et douaniers durables, et la mise en place d’une diligence raisonnable dans le cadre de l’approvisionnement en minéraux,

Notant que l’Union africaine met en œuvre un programme de réformes institutionnelles visant à améliorer son efficacité et son efficience, et notant également la possibilité que ces réformes ont de renforcer l’Union africaine et de permettre à l’organisation de collaborer plus efficacement avec l’Organisation des Nations Unies afin de surmonter les problèmes de paix et de sécurité que connaît le continent,

Prenant note des mesures engagées pour réaliser l’objectif consistant à faire taire les armes en Afrique par l’Union africaine ainsi que par les autres parties prenantes concernées, et notant en outre à cet égard l’adoption et la mise en œuvre du Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020, dans le cadre de l’application simultanée de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et de l’Architecture africaine de gouvernance, ainsi que de l’établissement des rapports correspondants,

Saluant la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de déclarer le mois de septembre de chaque année jusqu’à 2020 « Mois de l’amnistie en Afrique » pour la remise des armes détenues illégalement,

Notant que la concrétisation de l’objectif de faire taire les armes en Afrique contribuera notablement à préserver les générations futures du fléau de la guerre et prenant note que les efforts faits par l’Union africaine, tels que décrits dans l’Agenda 2063, pour assurer une Afrique intégrée, pacifique, sûre et prospère et jeter les bases solides d’une croissance inclusive et d’un développement durable, sont étroitement liés au Programme de développement durable à l’horizon 2030,

Notant que les aspirations à la paix, à la sécurité et à la stabilité en Afrique et la réalisation des objectifs de développement durable constituent des priorités communes, comme indiqué dans le Cadre commun Organisation des Nations Unies-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et le Cadre Union africaine-Organisation des Nations Unies pour la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030,

Réaffirmant qu’il importe d’appuyer l’Agenda 2063 de l’Union africaine, dont le programme stratégique et le plan d’action visent à assurer une transformation socioéconomique positive de l’Afrique d’ici à 2063, et tenant compte du fait qu’il est souligné dans l’Agenda 2063 que la paix et la sécurité constituent des moteurs essentiels du développement durable,

Notant les efforts que l’Union africaine continue de faire pour rendre opérationnelle sa politique relative à la reconstruction et au développement ainsi que ses initiatives pertinentes menées dans ce sens, en particulier l’Initiative africaine de solidarité, et prenant note des décisions adoptées par la Conférence au Caire en janvier 2011 [AU/Dec.351(XVI)] et en juin 2018 [AU/Dec.710(XXXI)] relatives à la création du Centre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit;

Rappelant le débat qui a eu lieu lors de la douzième consultation annuelle entre les membres du Conseil de sécurité et ceux du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 19 juillet 2018 sur l’objectif de l’Union africaine consistant à faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020, et l’échange de vues sur les possibilités de coopération aux fins de l’application du Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020,

Rappelant ses résolutions 2320 (2016) et 2378 (2017), dans lesquelles il a insisté sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui et utilisées en vertu du Chapitre VIII de la Charte,

Se félicitant des progrès accomplis en ce qui concerne le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, qui se sont traduits par un resserrement de la collaboration, l’organisation de visites conjointes de hauts responsables sur le terrain, des échanges d’information plus réguliers, des consultations plus approfondies, des actions de mieux en mieux concertées et un renforcement de la collaboration entre le Secrétariat et la Commission,

1.    Se félicite de la détermination de l’Union africaine à débarrasser l’Afrique des conflits et à créer des conditions favorables à la croissance, au développement et à l’intégration du continent, dont témoignent son objectif visant à faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020 et son plan directeur sur les mesures concrètes à prendre en vue de réaliser l’objectif d’une Afrique sans conflit à l’horizon 2020;

2.    Prend note de l’action de l’Union africaine en faveur du programme d’intégration politique, sociale et économique de l’Afrique et de l’idéal du panafricanisme et de la renaissance africaine, ainsi que l’engagement de « venir à bout de toutes les guerres en Afrique d’ici à 2020 » et d’« atteindre l’objectif d’une Afrique sans conflit », pris dans la Déclaration solennelle adoptée le 26 mai 2013 à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Organisation de l’Unité africaine/Union africaine, exprime sa volonté de contribuer à atteindre cet objectif et demande à tous, en particulier aux organismes concernés des Nations Unies, d’apporter leur aide à cette fin;

3.    Considère qu’il appartient essentiellement à l’Union africaine, à ses États membres, à leurs populations et à leurs institutions, y compris leur société civile, de construire une Afrique sans conflit, et exprime son appui aux initiatives visant à trouver des solutions africaines aux problèmes africains, tout en reconnaissant que la coopération et les partenariats internationaux sont nécessaires pour accélérer les progrès vers la réalisation de cet objectif continental;

4.    Note les efforts que déploient actuellement l’Union africaine et les organisations sous-régionales, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, pour renforcer leurs capacités et mener des opérations de soutien à la paix sur le continent, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, en particulier les activités menées par la Force africaine en attente et sa Capacité de déploiement rapide, et engage le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine à collaborer au renforcement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité en appuyant la mise en œuvre de la feuille de route correspondante et du Plan directeur sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique, ainsi que celle de leurs programmes de travail respectifs;

5.    Prend acte des efforts déployés par l’Union africaine pour lutter contre les menaces transnationales posées par le terrorisme en Afrique, conformément au droit international des droits de l’homme, au droit international des réfugiés et au droit international humanitaire et compte tenu de la problématique femmes-hommes, souligne que la lutte contre le terrorisme exige de la coordination, de la concertation et des efforts soutenus, se réjouit à cet égard de la coopération instituée avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, et prend note de l’engagement pris par le Bureau de la lutte contre le terrorisme avec ses homologues de l’Union africaine dans le domaine de la collaboration et de l’appui au renforcement des capacités en matière de lutte contre le terrorisme et de prévention de l’extrémisme violent conduisant au terrorisme, dans l’esprit du Cadre commun Organisation des Nations Unies-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité;

6.    Se dit préoccupé par les problèmes de sécurité qui frappent certaines parties de l’Afrique, en particulier par les menaces que posent le terrorisme, la piraterie maritime et les tensions entre pasteurs et communautés d’agriculteurs, les activités subversives de mercenaires, la criminalité transnationale organisée, notamment la traite d’êtres humains et le trafic d’armes, de drogues et de ressources naturelles, les actes de violence que continuent de perpétrer les insurgés, les rebelles et les groupes armés, et, à cet égard, encourage le renforcement des mesures de contrôle et de gestion des frontières et de coopération;

7.    Souligne la précieuse contribution que les capacités de médiation de l’Union africaine et des organisations régionales et sous-régionales apportent à la cohérence, à la synergie et à l’efficacité collective de leurs efforts, et encourage le renforcement de la coopération et de la collaboration avec le Comité consultatif de haut niveau chargé des questions de médiation du Secrétaire général dans le domaine de la prévention et du règlement des conflits en Afrique, notamment la possibilité de mettre en place des équipes conjointes de médiation pour faire face aux conflits et crises sur le continent;

8.    Engage l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine à redoubler d’efforts pour coordonner leur action de façon complémentaire dans toutes les formes de réponse aux conflits, de la prévention et de la médiation au relèvement post-conflit et au développement en passant par le maintien et la consolidation de la paix, conformément au Cadre commun pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, notamment pour assurer une application effective des accords de paix par les parties belligérantes, et souligne à cet égard qu’il importe de continuer à renforcer le dialogue stratégique et les partenariats et de promouvoir des échanges de vues, d’analyses et d’informations plus réguliers au niveau opérationnel afin d’accroître les capacités relativement aux instruments de diplomatie préventive, de donner de l’allant aux capacités et aux moyens potentiels et existants et les utiliser, en particulier par l’intermédiaire des bureaux politiques régionaux de l’Organisation, de contribuer à la cohérence et à l’intégration de leur action en matière de diplomatie préventive, entre autres, grâce à la médiation et aux bons offices du Secrétaire général, selon qu’il convient;

9.    Souligne que les deux cadres de partenariat Organisation des Nations Unies-Union africaine sont importants pour mobiliser un appui concret et pratique à l’échelle du système et de la Commission en vue d’aider l’Afrique à réaliser des progrès tangibles vers la réalisation de son objectif visant à créer un continent sans conflit, et se déclare prêt à soutenir la mise en œuvre du Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020;

10.   Prend acte du mémorandum d’accord signé entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine afin de renforcer la coopération à l’appui de la consolidation et de la pérennisation de la paix en Afrique, réaffirme la responsabilité première des autorités et des gouvernements nationaux pour ce qui est de recenser, de déterminer et de cibler les priorités, les stratégies et les activités axées sur la consolidation et la pérennisation de la paix, souligne l’importance des partenariats et de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales compétentes, notamment l’Union africaine, pour ce qui est d’améliorer la coopération et la coordination en matière de consolidation de la paix, d’accroître les synergies et d’assurer la cohérence et la complémentarité des activités, se félicite à cet égard des échanges de vues réguliers, des initiatives communes et des échanges d’informations intervenus entre le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et la Commission de l’Union africaine et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, et exhorte la Commission de consolidation de la paix à organiser des échanges de vues, selon qu’il convient, avec les organisations régionales et sous régionales pertinentes, dont l’Union africaine, conformément à ses résolutions 1645 (2005) et 2282 (2016);

11.   Note l’importance des consultations qu’il tient avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine s’agissant des processus de décision de chaque organisation et de la mise au point de stratégies communes permettant de répondre de façon globale à un conflit, selon qu’il convient, en fonction des avantages comparatifs respectifs et en appliquant les principes de partage des obligations, en réalisant des analyses conjointes et en conduisant des missions de planification et des visites d’évaluation conjointes, en respectant les principes de transparence et de responsabilité pour répondre aux préoccupations de sécurité communes en Afrique, conformément à la Charte des Nations Unies, et notamment aux dispositions du Chapitre VIII et aux buts et principes énoncés dans la Charte;

12.   Se félicite de la décision prise par l’Union africaine de réaffirmer que l’Afrique est une zone exempte d’armes nucléaires, souligne qu’il est nécessaire d’appliquer intégralement les instruments internationaux, régionaux et sous-régionaux existants relatifs au commerce illicite, à l’accumulation déstabilisatrice et au détournement d’armes légères et de petit calibre en Afrique, notamment le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, ainsi que ses résolutions applicables, qui contribuent à prévenir les conflits en Afrique;

13.   Souligne qu’il est nécessaire que soient appliqués effectivement tous les instruments et régimes régionaux et internationaux existants ainsi que les embargos sur les armes qu’il a imposés, et salue les efforts faits pour aider les États Membres, ainsi que les organisations intergouvernementales régionales et sous-régionales telles que l’Union africaine à renforcer les capacités dont elles disposent pour prévenir et combattre le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes légères et de petit calibre, et encourage les États africains à protéger leurs stocks d’armes afin que ces derniers ne tombent pas en de mauvaises mains;

14.   Prend note du partenariat que l’Organisation des Nations Unies a noué avec l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix, notamment de l’appui que l’Organisation apporte aux efforts que fait l’Union africaine pour arrêter des politiques, des directives et des programmes de formation, en particulier dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité, de la reconstruction après les conflits et du développement, des femmes et des jeunes, et de la paix et de la sécurité;

15.   Réaffirme l’importance du rôle que jouent les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, dans la consolidation de la paix et dans les situations d’après conflit, comme il a été noté dans ses résolutions pertinentes, notamment les résolutions 1325 (2000) et 2242 (2015), se félicite à cet égard des rôles joués par FemWise-Africa, Réseau des femmes africaines pour la prévention des conflits et la médiation, et le Réseau des femmes d’influence en Afrique, souligne que l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine doivent mener une action concertée pour mettre fin aux violences sexuelles dans les situations de conflit armé et d’après conflit, insiste sur le fait qu’il importe de mettre pleinement en œuvre les mesures prévues dans ses résolutions applicables pour prévenir et combattre les violences sexuelles liées aux conflits, et se félicite des efforts que continue de déployer le Secrétaire général dans le cadre de la mise en œuvre et du renforcement de la politique de tolérance zéro de l’ONU;

16.   Réaffirme que les jeunes apportent une contribution importante et constructive au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité et jouent un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits et, singulièrement, pour ce qui est de l’efficacité à long terme, de la capacité d’intégration et de la réussite des activités de maintien et de consolidation de la paix, ainsi que dans les situations d’après conflit, et encourage tous ceux qui participent à la planification d’opérations de désarmement, démobilisation et réintégration à prendre en considération les besoins des jeunes touchés par les conflits armés, y compris le problème du chômage des jeunes sur le continent, en investissant dans le renforcement des capacités et des compétences des jeunes pour répondre aux besoins du marché du travail par des possibilités éducatives adaptées et conçues de façon à promouvoir une culture de la paix;

17.   Estime qu’il faut s’attacher tout particulièrement à combattre la pauvreté, le dénuement et les inégalités pour prévenir les violations et les atteintes et en protéger les enfants, en particulier dans le contexte des conflits armés, et pour promouvoir la résilience de ceux-ci, de leur famille et de leur communauté, et qu’il importe de promouvoir l’éducation pour tous et des sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, et souligne qu’il importe d’accorder toute la considération voulue aux questions de protection de l’enfance dès les premières étapes des processus de paix, en particulier par l’intégration de dispositions relatives à la protection de l’enfance, et de mettre fortement l’accent dans les accords de paix sur l’intérêt supérieur de l’enfant, la nécessité de traiter les enfants séparés des groupes armés comme des victimes et la réintégration dans la famille et la communauté;

18.   Est conscient des effets néfastes que les changements climatiques, les bouleversements écologiques et les catastrophes naturelles, entre autres facteurs, ont sur la stabilité d’un certain nombre d’États membres de l’Union africaine, notamment la sécheresse, la désertification, la dégradation des sols et l’insécurité alimentaire, et souligne que, face à ces facteurs, il importe que les gouvernements respectifs et les organismes des Nations Unies adoptent des stratégies appropriées d’évaluation et de gestion des risques;

19.   Engage les États membres de l’Union africaine à renforcer la bonne gouvernance, notamment l’élimination de la corruption, le renforcement des institutions démocratiques, le respect des droits de l’homme et la responsabilité, et à redoubler d’efforts dans le domaine du développement économique et de la promotion du bien-être de leur population en vue de remédier aux causes profondes des conflits et de jeter les bases solides d’une paix et d’une stabilité durables, et encourage tous les États membres de l’Union africaine à signer, à ratifier et à mettre en œuvre dans leur droit interne toutes les initiatives de l’Union africaine relatives à la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, et à promouvoir leur application universelle sur tout le continent, comme demandé dans le dernier communiqué du Sommet de l’Union africaine concernant la mise en œuvre du programme visant à faire taire les armes sur ce continent;

20.   Réaffirme sa détermination à prendre des mesures contre l’exploitation illicite et le trafic de ressources naturelles et de marchandises de grande valeur dans les secteurs où ces activités contribuent au déclenchement, à l’intensification ou à la poursuite des conflits armés en Afrique, et encourage les États membres de l’Union Africaine à renforcer les mécanismes réglementant l’exploitation et la gestion des ressources naturelles et à faire en sorte que le produit de ces ressources serve à satisfaire les besoins fondamentaux de leur population, en vue de favoriser un développement équitable et la répartition des bénéfices;

21.   Réaffirme son intention d’examiner les mesures qui peuvent être prises pour renforcer la coopération pratique avec l’Union africaine dans le domaine de la promotion et du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies;

22.   Prie le Secrétaire général, en consultation avec le Président de la Commission de l’Union africaine, selon qu’il conviendra, de faire le point, notamment dans le cadre de son rapport sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, sur les mesures prises par l’Organisation des Nations Unies et ses organismes pour renforcer l’appui apporté à l’Union africaine dans la mise en œuvre du programme Vision 2020 visant à faire taire les armes en Afrique.

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué que l’initiative « Faire taire les armes » vise à promouvoir la prévention, la gestion et la résolution des conflits en Afrique.  L’Union africaine (UA) s’est ainsi engagée à ne pas léguer à la prochaine génération d’Africains les lourds fardeaux que sont les conflits et a promis de venir à bout de toutes les guerres en Afrique d’ici à 2020.  Mme DiCarlo a évoqué la feuille de route principale de l’UA sur cette question –le Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020- qui a été adoptée par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA en 2017.

Le partenariat UA-ONU est devenu la pierre de touche des initiatives de paix et de sécurité onusiennes en Afrique, a-t-elle dit, en insistant sur l’objectif commun des deux organisations qui est de prévenir les conflits.  Notre partenariat s’est traduit par des actions concrètes, a-t-elle poursuivi.  Elle a mentionné le lancement en janvier 2018 d’un projet sur deux ans qui consiste à appuyer le dialogue et à fournir une assistance technique dans le domaine de la prévention et de la médiation.  Mme DiCarlo s’est félicitée des fruits de ce partenariat, d’abord en République centrafricaine, où le récent accord de paix a été négocié sous l’égide de l’UA, avec l’appui de l’ONU.  Au Soudan du Sud, la signature d’un accord de paix revitalisé facilité par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), avec l’appui des deux organisations, a fait naître une lueur d’espoir, même si beaucoup doit encore être fait pour faire taire les armes et mettre fin aux violences, y compris sexuelles.  En Somalie, l’ONU et l’UA continuent d’appuyer la solidification de l’État, la lutte contre l’extrémisme et les efforts visant à restaurer la stabilité.

La Secrétaire générale adjointe a encore mentionné l’appui fourni par l’ONU aux efforts de bons offices de l’UA lors de l’élection présidentielle de 2018 à Madagascar.  Au Mali, la MINUSMA -la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays- a facilité la participation à l’élection présidentielle des groupes armés signataires de l’Accord de paix, rendant le processus plus inclusif.  Elle a en outre cité l’appui de l’ONU aux efforts antiterroristes de l’UA.

« Faire taire les armes » requiert la participation de tous, a déclaré Mme DiCarlo, en demandant un rôle accru des femmes dans les processus de prise de décisions.  Elle a jugé cruciale l’édification de sociétés résilientes pour faire taire les armes, en plaidant pour des institutions robustes, une bonne gouvernance et un système politique inclusif.  Si elle a reconnu les progrès accomplis dans ce domaine en Afrique, la Secrétaire générale adjointe a insisté sur les défis qui subsistent, tels que la marginalisation de certains groupes, la corruption ou encore une gestion déficiente des ressources naturelles.

« Un vent d’espoir souffle en Afrique », a déclaré Mme DiCarlo, en citant ces mots du Secrétaire général, en référence à la récente tenue d’élections pacifiques et aux trêves observées dans les conflits.  La création d’entreprises, l’accès à l’éducation, la baisse de la mortalité infantile ou bien encore le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine sont d’autres développements positifs.  Cela montre que ce sont bien les Africains, appuyés par la communauté internationale, qui jouent les premiers rôles dans l’instauration de la paix et de la prospérité sur le continent, selon Mme DiCarlo.  « De même, pour arriver à faire taire les armes, les pays africains ont un rôle central à jouer afin de faire de cette initiative un succès. »

À l’approche de la date butoir de décembre 2020 pour mettre fin aux guerres en Afrique, le Haut-Représentant de l’Union africaine chargé de l’objectif de faire taire les armes en Afrique, M. RAMTANE LAMAMRA, a souligné qu’il reste encore des défis et des contraintes majeurs à surmonter pour placer le continent dans une meilleure position et lui permettre d’obtenir de réels gains et de profiter des dividendes de la paix.  Même si le nombre de conflits violents a considérablement diminué ces dernières années, un certain nombre de pays africains restent encore pris au piège du cercle vicieux de ce genre de conflits et de leurs conséquences meurtrières: ils subissent notamment la criminalité transnationale, le terrorisme, la violence et la prolifération des armes légères et de petit calibre, a rappelé M. Lamamra.  Les questions de gouvernance et de leadership restent également une source majeure d’instabilité et de conflit en Afrique.  Or l’expérience a démontré maintes fois le rôle crucial des institutions nationales de gouvernance et des pratiques démocratiques dans la prévention du conflit, en particulier pour éviter les violences liées aux élections.

Ces défis soulignent la nécessité brûlante de bâtir une forte culture de prévention de conflit, sur le plan structurel, pour s’écarter de la tendance actuelle à la militarisation dans la résolution de conflit, aussi nécessaire que cela puisse paraître dans certains cas, a suggéré le Haut-Représentant.  « Ils montrent aussi l’importance pour nous tous de redoubler d’efforts afin d’accélérer la recherche de solutions pacifiques et politiques et de maintenir un engagement vigoureux dans l’appui à la mise en œuvre des accords de paix dans les États Membres qui émergent de conflit. »  M. Lamamra a prévenu que les efforts seront vains si on ne réduit pas l’écart entre les efforts stratégiques politiques et militaires visant à prévenir et à résoudre les conflits, d’un côté, et de l’autre, l’investissement dans le développement économique et social.  « À l’Union africaine, nous sommes convaincus que la paix ne peut pas être réalisée sans le développement et réciproquement, que la paix et le développement ne peuvent aller de pair sans les droits de l’homme et la bonne gouvernance. »

M. Lamamra a également estimé important que le Conseil de sécurité réponde positivement aux appels légitimes et de longue date de l’UA concernant l’accès de celle-ci aux budgets de l’ONU pour financer les opérations africaines de soutien à la paix.  Cette question mérite une attention renouvelée du Conseil de sécurité vu les efforts en cours de l’UA, y compris la mise en place récente du Fonds pour la paix.  « Nous avons également besoin de bâtir et de promouvoir une culture de paix et de tolérance », a ajouté le Haut-Représentant.  Dans cette optique, il a mentionné une campagne médiatique récemment lancée pour sensibiliser les Africains, en particulier les jeunes et la diaspora.  Il a également fait valoir la décision de l’UA de déclarer le mois de septembre « mois de l’amnistie pour l’Afrique », jusqu’en 2020, pour encourager le dépôt des armes légères et de petit calibre et leur collecte.

« Dans ce contexte, a déclaré M. Lamamra, mon rôle a été orienté vers la coordination des différentes parties prenantes et la mobilisation du soutien nécessaire au déploiement des interventions de résolution de conflit. »  Un plan d’action pour soutenir l’objectif de « Faire taire les armes en Afrique » est en cours d’élaboration afin de le traduire en résultats concrets, a-t-il fait savoir. 

M. VASU GOUNDEN, Fondateur et Directeur exécutif de l’« African Centre for the Constructive Resolution of Disputes » (ACCORD), a indiqué qu’au cours des 27 dernières années, l’Afrique avait réalisé des progrès remarquables pour faire évoluer son architecture de paix et de sécurité depuis les débuts du centre de gestion de conflit de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) jusqu’à l’établissement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) de l’Union africaine.  De nombreux conflits ont été résolus au cours des deux dernières décennies, à commencer par l’Afrique du Sud, où un règlement négocié a eu pour point culminant la tenue des premières élections démocratiques en 1994.  Une « vague » d’autres conflits a aussi été réglée grâce aux négociations, que ce soit en Angola, au Mozambique, au Soudan/Soudan du Sud, à Madagascar, au Libéria, en Sierra Leone et plus récemment en Éthiopie/Érythrée et en République centrafricaine.  M. Gounden a aussi évoqué les nombreux progrès réalisés sur le plan institutionnel ainsi qu’en termes de savoir, de compétences et d’expertise en matière de résolution de conflit.  Le centre ACCORD a lui-même formé plus de 20 000 personnes en Afrique dont nombre occupent actuellement des fonctions de président, de ministre ou d’autres positions de haut rang au sein de gouvernements, des forces armées ou de la société civile.

M. Gounden s’est ensuite interrogé sur la persistance des conflits en Somalie ou en République démocratique du Congo (RDC), ainsi que sur l’émergence d’une guerre civile au Soudan du Sud ou encore en Libye, s’inquiétant aussi du fait que la région du Sahel devienne de plus en plus ingouvernable, sans compter les violentes manifestations de rue dans de nombreux pays relativement stables.  « Sera-t-il possible de faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020? a-t-il lancé.  La réponse est un non retentissant ».  Pour lui, l’initiative « Faire taire les armes » est surtout un outil d’atténuation, qui sera « voué à la futilité » s’il n’y a pas de bonne gouvernance ni de transformation des moteurs structurels des conflits.  Il a alerté que de nombreux pays ont atteint un point de rupture dangereux et qu’une course contre la montre est actuellement engagée.  Selon lui, il faudra entre 20 et 40 ans pour répondre aux causes profondes et opérer les changements structurels notables qui s’imposent.  Il faut en priorité déployer de gros efforts d’atténuation, y compris en faisant taire les armes, si l’on veut mettre un terme à la violence et permettre à la transformation socioéconomique de voir le jour, a-t-il souligné.

Le Directeur exécutif d’ACCORD a fait remarquer que la grande majorité des pays africains n’avaient pas encore géré les problèmes de la pauvreté, du chômage et de l’inégalité.  Il a imputé le manque de développement de compétences et de création d’emploi à l’absence, des décennies durant, de transformation fondamentale de la structure économique de l’Afrique.  Il a relevé que de nombreux pays demeurent des économies de subsistance agricole, alors même que les populations deviennent de plus en plus urbaines, s’installant dans des villes non planifiées qui n’offrent pas de logements décents ni d’autres services comme la santé, l’éducation et l’assainissement.  « Introduire les armes dans une telle équation revient à allumer la mèche d’une bombe à retardement », a-t-il averti, avant de prédire que le terrorisme, les organisations criminelles et les mouvements séparatistes continueront de défier l’expertise collective de la communauté internationale pendant que les gouvernements échouent à exercer leur contrôle souverain sur l’ensemble de leur territoire.

M. Gouden a également averti que de plus en plus de défis verront le jour dans les zones urbaines.  Même si les gouvernements y exercent leur contrôle souverain, ils échouent à livrer des biens sociaux essentiels en raison de leur échec à transformer leur économie, d’un leadership défaillant ou non existant ou de la corruption, ou parce qu’ils sont dépassés par d’autre défis, a-t-il expliqué.  Il y a cinq ans, a-t-il poursuivi, notre pronostic était que les théâtres de guerre s’orienteraient vers les zones urbaines au cours des deux prochaines décennies.  Or tout conflit urbain mal géré peut causer un nombre important de victimes civiles et pousser un gouvernement qui perd son contrôle sur le maintien de l’ordre à devenir plus autoritaire, avec un impact négatif sur le développement et une nouvelle vague de personnes déplacées et de réfugiés politiques.

Évoquant l’adoption de la résolution, M. Gouden a ensuite voulu savoir ce que les États Membres comptent faire de plus.  « Allez-vous mobiliser la volonté politique pour endiguer les flux d’armes illicites, consacrer davantage de ressources à la prévention de conflit ou encore renforcer les capacités locales et nationales de prévention et de gestion pour permettre aux femmes, aux jeunes, aux dirigeants politiques et religieux et aux entrepreneures d’être formés pour gérer et prévenir l’escalade des conflits? »

« Allez-vous, a-t-il encore demandé, encourager le secteur privé à transformer les industries extractives de l’Afrique en des industries productives axées sur la création d’emplois au niveau local et l’élimination de la pauvreté et de l’inégalité?  Car à moins de prendre ces mesures de manière collective, vous ne ferez pas taire les armes, vous aurez uniquement fait taire vos voix puissantes. »

M. SIMEÓN OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a insisté sur le caractère « historique » de la séance de ce jour.  L’adoption de cette résolution montre le soutien de la communauté internationale aux efforts de l’Afrique en vue d’une paix durable.  « Nous espérons que ce texte marquera un tournant dans l’avenir de l’Afrique. »  Il a mentionné les milliers d’armes légères en circulation en Afrique et plaidé pour leur éradication, en précisant que la majorité des conflits dans le monde sont africains.  « Nous devons faire de la paix une réalité pour tous les Africains, nous devons faire taire les armes », a-t-il déclaré.  « Faire taire les armes n’est pas seulement une aspiration, c’est la vie même qui est en jeu. »

Le Ministre a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes des conflits, dont les tensions nationales ou les conflits interethniques, qui forment un terreau fertile pour les groupes extrémistes.  Dans ce droit fil, il a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le Ministre a aussi appelé à un renforcement des efforts en faveur de la paix, jugeant essentielle, à ce titre, la résolution qui doit être adoptée par le Conseil sur le financement des opérations de paix en Afrique.  Ce texte et la résolution d’aujourd’hui permettront de jeter une base solide aux efforts de paix, a-t-il déclaré.

Enfin, se voulant résolument « optimiste », le Ministre a évoqué les progrès accomplis dans la résolution des conflits qui ravageaient le continent, comme au Soudan du Sud et en République centrafricaine.  La coopération internationale sera essentielle pour faire taire les armes en Afrique, a conclu le Ministre.

M. WALTER J. LINDNER, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Allemagne, a souligné que son pays est un fervent défenseur des efforts de médiation au Soudan, au Soudan du Sud et ailleurs.  L’Allemagne, a-t-il dit, soutient l’Unité d’appui à la médiation de l’Union africaine et son Architecture de paix et de sécurité.  L’Allemagne fournit aussi une formation et des équipements spécialisés à un grande nombre de pays africains contributeurs de troupes et d’effectifs de police et appuie les centres de formation au maintien de la paix au Mali, au Ghana et au Kenya.  Elle est aussi la plus grande contributrice à l’implication de l’Union européenne dans sept missions de paix en Afrique.

L’Allemagne, a poursuivi le Secrétaire d’État, a fait de la lutte contre la prolifération des armes et des munitions une priorité de son travail au Conseil de sécurité.  Comme la mise en œuvre est l’élément le plus important, l’Allemagne s’est mise en partenariat avec l’Union africaine pour couper le flux des armes dans les zones de conflit, améliorer le contrôle des armes et des munitions dans les États fragiles et former une nouvelle génération d’experts.  Il faut mobiliser d’autres donateurs pour accélérer la mise en œuvre, en prévision de l’année symbolique de 2020, a estimé le Secrétaire d’État. 

L’Allemagne, a-t-il également indiqué, appuie aussi une meilleure protection des droits de l’homme, car les violations de ces droits sont souvent le premier indicateur d’un conflit à venir.  L’échec à protéger les droits de l’homme est profondément lié à l’aggravation d’un conflit et ce nexus est une autre priorité du travail de l’Allemagne au Conseil de sécurité.  Pour prévenir les abus, s’est expliqué le Secrétaire d’État, il faut promouvoir la transparence, le respect des règles et une régulation efficace des sociétés privées de sécurité.  L’Allemagne, a indiqué le Secrétaire d’État, salue une nouvelle fois des initiatives comme le Document de Montreux.  Elle a elle-même lancé des initiatives comme « le Contrat du G20 avec l’Afrique » pour booster les activités économiques en Afrique.  Nous devons exploiter toutes les synergies et travailler plus étroitement ensemble pour bien utiliser nos ressources limitées, maintenir la cohérence et éviter les chevauchements, a conclu le Secrétaire d’État, en parlant de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, de la Commission de consolidation de la paix et du Conseil des droits de l’homme.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a indiqué que les crises économiques, la mauvaise gouvernance, la lutte pour le contrôle des ressources naturelles, ou encore les conséquences des changements climatiques sont à l’origine de nombreux conflits en Afrique.  Il a appelé à aborder ces problèmes de manière globale, tout en gardant à l’esprit que l’avenir du contient revient aux pays africains.

M. Singer Weisinger a ensuite constaté que la prolifération des armes légères et de petit calibre est un facteur que pratiquement tous les conflits en Afrique ont en commun.  Il a exhorté les États de l’UA à honorer leurs engagements juridiques d’assurer le suivi des embargos sur les armes imposés par le Conseil de sécurité et de mettre en œuvre le Programme d’action sur les armes légères de l’ONU.  Le représentant a également invité les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité sur le commerce des armes.  Il conviendrait aussi de procéder à la réforme du secteur de la sécurité et d’adopter des lois pour gérer l’utilisation des armes à feu, a-t-il ajouté.  Il a également recommandé de définir sur le plan pénal de nouveaux délits et crimes lorsqu’ils n’existent pas encore au sein des systèmes judiciaires.

Le représentant a insisté sur l’importance de fournir des perspectives d’avenir aux anciens combattants, de permettre aux femmes, ainsi qu’à la société civile, de participer aux processus de gestion et de résolution de conflit, et d’investir davantage dans l’éducation.  M. Singer Weisinger a aussi dit l’importance d’examiner l’impact des changements climatiques sur le secteur agricole, notant qu’une part notable de la superficie du contient est vouée à devenir plus aride.  Il a notamment averti que la désertification progressive du Sahel débouchera sur davantage d’instabilité et de flux migratoires, et que des phénomènes similaires limiteront les capacités de production agricoles en Éthiopie ou en Somalie, débouchant sur une recrudescence des tensions dans la Corne de l’Afrique.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a salué le partenariat entre l’ONU et l’UA qui revêt une importance stratégique pour la prévention et la résolution des crises en Afrique.  « Nous sommes pleinement engagés à le soutenir », a assuré le représentant en rappelant les résultats positifs des initiatives conjointes des deux organisations.  Ces avancées positives ne doivent cependant pas masquer le fait que des situations de crises et de conflits demeurent sur le continent, a-t-il poursuivi en soulignant, à cet égard, la montée en puissance des opérations africaines de paix.  « Nous soutenons donc pleinement l’initiative portée par l’UA en faveur du financement durable et prévisible des opérations africaines de paix, y compris sur contributions obligatoires de l’ONU », a plaidé M. Delattre, qui a indiqué que « le Président Emmanuel Macron a rappelé l’engagement de la France sur ce sujet lors de la dernière Assemblée générale ».  Les opérations africaines de paix font d’ailleurs partie des priorités de la présidence française du G7.

« Bien entendu, a encore lancé le représentant, les opérations africaines de paix et la réponse militaire aux crises qui frappent le continent ne sont qu’une partie de la solution. »  Il a plaidé pour une approche plus large, en amont et en aval des crises, faisant remarquer que c’est tout l’objectif de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020 » que la France soutient pleinement.  C’est là encore un champ où le partenariat entre l’ONU, l’UA et les organisations sous-régionales africaines revêt une importance majeure.  En matière de prévention, a estimé le délégué, des résultats concrets ont ainsi été obtenus récemment, avec l’exemple de la Gambie et de Madagascar.  Avant de conclure, il a souligné le rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits ainsi que l’importance de leur participation aux processus politiques qui sont des facteurs cruciaux pour aboutir à une paix durable.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est félicité des efforts et de l’engagement des dirigeants africains pour mettre fin aux conflits en 2020.  Il a salué les progrès majeurs vers la paix enregistrés au Soudan du Sud et en République centrafricaine, ainsi que la tenue pacifique des élections en RDC.  Des tensions persistent néanmoins, comme au Burkina Faso, au Mali ou bien encore au Nigéria.  Il appelé à une lutte renforcée contre le terrorisme et à un règlement de la crise en Libye, tant ce pays est devenu une place forte du terrorisme.

Le représentant a ensuite insisté sur l’important rôle de médiation joué par l’Union africaine et les organisations sous-régionales.  L’appui international au règlement des conflits doit respecter la souveraineté des pays concernés, a-t-il tenu à rappeler, en plaidant pour des « solutions africaines à des défis africains ».  Il a indiqué, à ce titre, que le soutien apporté par la Russie se fait avec le consentement des pays récipiendaires.  Enfin, le délégué a invité le Conseil à se pencher sur le financement durable des opérations de paix en Afrique, en pointant la responsabilité majeure dans ce financement que les dirigeants africains sont prêts à endosser.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a relevé que beaucoup reste à faire pour atteindre l’objectif de faire taire les armes en Afrique.  D’abord, un engagement fort est nécessaire, et des efforts supplémentaires doivent être faits pour lutter contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre.  Elle a donc invité les pays africains qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité sur le commerce des armes et à respecter ses dispositions.  Elle a également plaidé pour un appui technique et financier aux pays en proie aux conflits dans le cadre de la réforme de leur secteur de sécurité, y compris le processus de démobilisation, désarmement et réintégration (DDR). 

La Pologne suggère en outre que soient renforcées les capacités africaines en matière d’alerte précoce, de médiation et de prévention des conflits, y compris son Groupe des Sages.  En plus de ces actions, la Pologne souligne l’importance d’éliminer les causes profondes des conflits en Afrique, notamment les inégalités sociales, politiques et économiques.  De même, la bonne gouvernance et des institutions efficaces sont un gage de prévention des conflits, a indiqué la représentante, qui a ajouté qu’une paix durable n’est pas possible sans la participation des femmes et des jeunes aux processus de paix et à la vie politique, ainsi que les personnes handicapées.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) s’est réjoui des progrès remarquables accomplis, depuis l’adoption de la feuille de route en janvier 2017, et s’est félicité de l’adoption de la résolution « Faire taire les armes ».  La mise en œuvre de la feuille de route, a-t-il estimé, doit avant tout reposer sur des engagements politique et financier forts.  Il convient par ailleurs d’insister tout particulièrement sur le rôle déterminant des communautés économiques régionales.  Le représentant a salué, à cet égard, la coopération « vertueuse » entre les commissions nationales sur les armes légères et de petit calibre des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention sur ces armes.  Il a souligné la nécessité pour l’Union africaine et les partenaires internationaux de poursuivre leur appui multiforme au renforcement des capacités des organisations régionales.  Il a conclu en insistant sur le fait que l’engagement à faire taire les armes doit prendre en compte les vulnérabilités structurelles telles que la pauvreté et le chômage.  Nos efforts coordonnés, s’est-il expliqué, doivent tenir compte des préoccupations liées à la sécurité et au développement et offrir aux jeunes notamment, d’autres alternatives que la criminalité et les actes illicites liés aux armes.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a déclaré que l’importance de cette réunion va au-delà de la réalisation d’une Afrique pacifique et exempte de conflit.  Elle est importante également pour promouvoir le développement durable du continent avec non seulement la cible « réduire les flux financiers illicites et le trafic d’armes », mais aussi les objectifs de développement durable dans leur ensemble.  Pour réaliser l’objectif d’une Afrique exempte de conflit, le représentant a souligné notamment l’importance de combattre les flux illicites d’armes et de munitions, et de lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  La lutte contre le terrorisme englobe l’arrêt des activités illégales qui financent les groupes terroristes.  L’appui de la communauté internationale dans ce domaine est nécessaire, a-t-il dit, notamment par le biais du renforcement des capacités et d’un financement prévisible.

M. Djani a également mis l’accent sur l’éradication des causes et des facteurs de conflit.  En effet, ce ne sont pas seulement les armes à feu qui ont besoin d’être réduites au silence.  La pauvreté, les écarts économiques et les inégalités sociales doivent également être pris en compte pour réduire le nombre de conflits et prévenir le retour à la violence, a prôné le représentant.  L’Indonésie soutient ainsi la réalisation des objectifs de développement durable en Afrique ainsi que de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a estimé que la bonne gestion des ressources naturelles devrait déboucher sur l’amélioration du bien-être des populations et a déploré que cela ne soit souvent pas le cas en Afrique.  Il a aussi constaté que le trafic des armes légères est un vecteur de conflit en Afrique, dénonçant le fait que des responsables corrompus tournent les yeux sur le problème.  Il a recommandé de renforcer les mécanismes existants de prévention, d’appuyer la médiation et d’autonomiser les mécanismes d’alerte précoce.  Il a aussi appelé le États à établir des partenariats de contrôle des armes.  Il a expliqué que son pays fournit un appui au Kenya en la matière, tandis que dans l’est de la RDC, les États-Unis détruisent les stocks superflus d’armes et financent un programme de gestion de ressources minières pour éviter que leur exploitation ne finance les conflits.

M. Cohen a ensuite appelé la communauté internationale à renforcer la coopération avec l’UA par tous les moyens.  Un leadership africain accru et la coopération sont nécessaires, a-t-il estimé, ajoutant que la résolution adoptée aujourd’hui en est un bon exemple.  Le représentant s’est ensuite inquiété du fait que les forces de sécurité oppriment les populations dans certains pays, notamment au Zimbabwe.  Il a appelé le Gouvernement de ce pays à veiller à ce que ces forces rendent des comptes.  Il a aussi appelé les parties en conflit au Cameroun à dialoguer pour atténuer les tensions, pour ensuite dénoncer les tactiques d’oppression adoptées par les forces soudanaises alors qu’il est nécessaire de répondre aux doléances « légitimes » des manifestants.

M. MXOLISI NKOSI (Afrique du Sud) a observé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales avait produit des résultats tangibles au fil des ans, citant en exemple le déploiement de l’opération hybride au Darfour.  Il a souligné que les contributions budgétaires de l’ONU sont la source la plus sûre, la plus durable et la plus prévisible de financement des opérations de paix de l’UA autorisées par l’ONU.  Comme l’Afrique dépendait des donateurs internationaux pour financer l’UA, au cours de ces 20 dernières années, le continent n’est pas libre de prendre des décisions, notamment en ce qui concerne les questions de paix et de sécurité, a relevé le représentant.  C’est pour rectifier le tir que l’Afrique a créé le Fonds pour la paix qui a déjà reçu pas moins de 89 millions de dollars de 50 États du continent, a-t-il expliqué.

M. Nkosi a ensuite salué la mise en place de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, avant de demander qu’elle soit le cadre central par lequel passe toute collaboration entre l’ONU et l’UA dans le contexte du Chapitre VIII de la Charte.  Il a aussi souligné l’importance du Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique dici à 2020, lequel a permis de réduire les conflits armés dans le continent.  Mais, a-t-il prévenu, le niveau des défis et leur caractère intersectoriel requièrent non seulement des ressources adéquates, mais aussi l’établissement de partenariats solides et durables aux niveaux national, régional, continental et international. 

Il a en outre souhaité que les efforts de reconstruction et de consolidation de la paix soient au centre du Plan directeur et de la coopération entre l’ONU et l’UA.  L’Afrique du Sud appelle le Conseil de sécurité à soutenir l’UA et ses membres face à certains défis à la paix et la sécurité sur le continent: les flux financiers illicites, le financement du terrorisme, les interférences politiques externes, les changements climatiques, la dégradation de l’environnement, entre autres.  Enfin, l’Afrique du Sud estime qu’une Afrique sans conflit serait plus à même de mettre en œuvre les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’UA.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes des conflits en Afrique.  Il faut traduire l’initiative « Faire taire les armes » en mesures concrètes, au bénéfice des Africains, a-t-il dit.  Il a plaidé pour une approche holistique, faisant valoir que prospérité et sécurité se renforcent mutuellement.  « Ensemble, nous devons déceler les signes émergents de conflits en Afrique et agir pour y remédier », a-t-il déclaré, se disant un fervent partisan de la diplomatie préventive.  Il a appuyé la création de capacités d’alerte précoce en Afrique, avant de demander un rôle accru des femmes dans le règlement des conflits.  Mon pays œuvre à la création de réseaux de femmes médiatrices de conflit, a-t-il déclaré, en mentionnant le partenariat actuel de son pays au Nigéria.  Enfin, il a appelé à lutter contre la prolifération des armes légères, en insistant sur le rôle de l’Union africaine.  Tous les États de la région qui ne l’ont pas encore fait doivent ratifier les instruments internationaux visant au contrôle de telles armes, a conclu le délégué du Royaume-Uni.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a estimé que l’initiative de ce débat démontre toute l’importance du leadership et de l’appropriation africaine pour les questions de paix et de sécurité sur le continent.  Elle démontre également à quel point est fort le partenariat entre l’Union africaine et l’ONU.  Alors qu’il est important de poursuivre la réflexion, la Belgique a aussi demandé des actions sur le terrain.  Au niveau international, il faut, par exemple, redoubler d’efforts pour améliorer la réglementation du commerce international d’armes classiques et pour prévenir et lutter contre le trafic illicite d’armes.  Il faut donc rechercher une meilleure coordination entre les différents systèmes et mécanismes régionaux et internationaux de contrôle de l’armement, suggère la délégation.  Au niveau national, la représentante a recommandé de veiller à ratifier et mettre en œuvre les instruments existants, à l’instar du Traité sur le commerce des armes. 

Pour la Belgique, il est primordial de maintenir une approche holistique par rapport à cette initiative qui vise d’abord à débarrasser le continent africain des conflits armés.  Cette initiative doit donc prêter attention aux racines profondes des conflits, qu’elles soient de nature politique, économique ou liées au non-respect des droits de l’homme.  C’est pourquoi la Belgique plaide pour qu’une attention particulière soit accordée à la problématique de l’exploitation, du trafic et du commerce illicite des ressources naturelles, particulièrement ceux des minerais du conflit, comme l’étain, les 3T (étain, tantale, tungstène), l’or, les diamants, le cobalt, le charbon et la faune.  Il faut donc une gestion organisée, transparente et durable des ressources naturelles, notamment par la promotion des pratiques responsables tout au long de la chaîne d’approvisionnement.  La Belgique demande également de renforcer l’accès à la justice pour les femmes qui se trouvent dans une situation de conflit ou de postconflit, ainsi que d’assurer une réparation adéquate aux victimes.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est félicité des progrès réalisés dans de nombreux pays de la région et du fait qu’ils pourront être partagés avec ceux qui font face aux défis des conflits et de la violence.  Il a insisté sur l’importance d’éradiquer le fléau du trafic des armes légères et de petit calibre, insistant notamment sur l’importance de renforcer le contrôle aux frontières et de mettre en œuvre le Programme d’action sur les armes légères et le Traité sur le commerce des armes.

Le représentant a aussi appelé à renforcer les capacités des institutions à répondre aux causes profondes des conflits et à promouvoir l’éducation et l’emploi des femmes et des jeunes.  Il a appelé à la mise en œuvre simultanée de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, de l’Architecture africaine de gouvernance et de la feuille de route pour faire taire les armes d’ici à 2020.  Il a aussi plaidé pour une action conjointe du Conseil de sécurité et du Conseil paix et sécurité de l’UA.

M. WU HAITAO (Chine) a appuyé résolument l’initiative « Faire taire les armes » en Afrique et plaidé pour « des solutions africaines à des défis africains ».  Certaines zones sur le continent demeurent en proie aux tensions, a-t-il dit, en notant le sous-financement des mécanismes visant à y remédier.  Il a appelé l’ONU à fournir son appui à l’Afrique en vue de parvenir à une paix durable.  Le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine doivent renforcer leur interaction, a-t-il aussi recommandé.  Les opérations de paix de l’Union africaine sont un instrument crucial, a-t-il poursuivi, en plaidant pour leur financement « pérenne et prévisible ».  Le délégué a détaillé l’appui de la Chine aux aspirations de paix et de développement de l’Afrique, dans le respect des principes de sincérité et de bonne foi.  Mon pays a ainsi financé plusieurs projets visant à « faire taire les armes » en Afrique d’ici à 2020, a signalé le délégué de la Chine.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a salué les nombreuses avancées de l’UA, estimant que sa coopération avec l’ONU connaît un développement particulièrement louable.  Il a cité la signature de plusieurs accords-cadres ainsi que la tenue récente d’un dialogue sur les droits de l’homme.  Il a appelé à maintenir cet élan pour permettre aux opérations de paix d’être plus efficaces, mieux équipées et mieux financées.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance de la diplomatie préventive pour faire taire les armes, appelant à édifier des sociétés dans lesquelles chaque citoyen pourrait fixer les règles d’une paix pérenne.  Le développement étant également essentiel, le Koweït entend continuer d’appuyer les efforts de coopération en Afrique et d’appuyer l’initiative « Faire taire les armes ».

M. PABLO CÉSAR GARCÍA SÁENZ, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a remarqué que l’Afrique, en dépit des progrès qu’elle a accomplis au cours des dernières années, continue d’être confrontée à de nombreuses difficultés sur le plan sécuritaire, en particulier la prolifération des armes légères et de petit calibre, qui est à l’origine chaque jour de plusieurs centaines de morts à travers le monde.  La production de ces armes n’a pas diminué, a-t-il fait observer, soulignant qu’elle est directement liée au marché illicite et qu’elle constitue un obstacle majeur au développement socioéconomique durable.  Le Vice-Ministre a par ailleurs encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Traité sur le commerce des armes, lequel constitue un instrument juridique de nature à contribuer à la régulation du commerce licite.  M. García Sáenz les a aussi invités à adhérer au Programme d’action des Nations unies sur les armes légères.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a constaté que les armes légères et de petit calibre sont le dénominateur commun des menaces à la sécurité de l’Afrique.  Ces armes, s’est-il inquiété, ont un effet multiplicateur en termes d’instabilité, d’exacerbation et de prolongation des conflits, quelle que soit l’arène.  Le représentant a salué le lancement du nouveau mécanisme de financement SALIENT auquel le Japon va contribuer à hauteur de 2 millions de dollars, convaincu de l’importance de renforcer les capacités institutionnelles de contrôle des armes.  Le Japon compte aussi verser plus de 500 000 dollars au Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique.  Le représentant a suggéré que l’ONU et l’Union africaine examinent le problème des petites armes de manière horizontale.  Il a appelé les deux organisations à renforcer, de manière notable, leurs efforts de prévention, estimant que leurs outils respectifs doivent être mis au service des solutions politiques.  M. Kawamura a par ailleurs salué l’accord de paix qui vient d’être conclu en République centrafricaine, y voyant un excellent exemple des efforts de médiation de l’ONU, de l’Union africaine et des organisations sous-régionales.  Il a fait savoir que le Japon contribuera au renfort des capacités institutionnelles de l’Afrique et s’expliquera plus avant à l’occasion de la septième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), prévue au mois d’août.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a mis l’accent sur le rôle des armes classiques qui sont celles qui causent le plus grand nombre de morts et de victimes dans le monde, qui perpétuent les conflits armés, qui menacent la sécurité et qui représentent un frein au développement et à la paix durables.  La prolifération incontrôlée des armes classiques dans certaines parties du monde représente une grave menace à la paix et la sécurité mondiales, et malheureusement l’Afrique et l’Amérique latine sont les deux continents qui payent le plus lourd tribut alors même qu’ils ne les produisent pas.  Il est grand temps, a estimé le représentant, que l’on prenne conscience de la responsabilité partagée des producteurs, exportateurs, intermédiaires et destinataires.  Les efforts régionaux, sous-régionaux et nationaux, y compris le strict respect des embargos sur les armes et la bonne application des programmes de collecte et d’enregistrement des armes sont essentiels.  Le représentant a félicité le continent africain pour son initiative « Faire taire les armes » et a rappelé qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes des accords régionaux ont été passés en ce sens pour aligner les synergies avec les instruments internationaux, dans le droit fil de l’objectif 16.4 du Programme 2030.

Le représentant a exhorté tous les États Membres à utiliser les instruments multilatéraux à leur disposition et à imprimer un élan au Traité sur le commerce des armes.  Il réaffirme son soutien à l’Agenda pour le désarmement du Secrétaire général mais a mis en garde contre une confusion entre criminalité transnationale organisée et lutte contre le terrorisme.  Il a dit attendre l’instrumentalisation du Fonds volontaire pour lutter contre le trafic illicite des armes et la mise en place de politiques pour les jeunes comme moteurs du changement au sein des communautés.  Des actions concrètes devraient être soutenues et encadrées par les centres régionaux pour le désarmement, a-t-il estimé.

M. JEAN-CLAUDE FÉLIX DO REGO (Bénin), intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dit profondément préoccupé par le commerce, le transfert et la circulation illicite d’armes légères et de petit calibre, ainsi que par leur accumulation excessive et leur prolifération incontrôlée, en Afrique notamment.  La participation libre et inclusive des États aux actions mondiales visant à lutter contre les flux des armes illicites permettra de faciliter la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, a-t-il assuré.  Le représentant s’est ensuite félicité des efforts déployés pour mettre en œuvre le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et a appelé à appliquer l’Instrument internationale de traçage.

Le représentant a déclaré que l’engagement de l’UA de faire taire les armes d’ici à 2020 avait fait un pas en avant important ces derniers mois, citant notamment le rapprochement entre l’Éthiopie et l’Érythrée et les accords de paix conclu récemment au Soudan du Sud et en République centrafricaine.  Il a aussi souligné les progrès réalisés dans le domaine de la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre depuis l’adoption de la Déclaration de Bamako en 2000.  Le représentant a ensuite souligné les défis nouveaux qui découlent de la configuration régionale des conflits actuellement en cours sur le continent africain, citant notamment la région sahélo-saharienne, la région des Grands Lacs et quelques foyers dans la Corne de l’Afrique. 

Pour parvenir à éradiquer le commerce illicite de armes légères, il a appelé les États Membres à renforcer leur coopération technique et financière avec les pays en développement, ainsi qu’à mettre en œuvre, de façon équilibrée et objective, le Traité sur le commerce des armes.  À cet égard, il a invité à ne pas protéger seulement les intérêts des principaux États producteurs et exportateurs d’armes.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, éviter toute atteinte au droit légitime des États de gérer leurs besoins de sécurité et de défense.  Les États, a-t-il encore déclaré, doivent aussi s’abstenir de tout transfert d’armes à des destinataires non autorisés ou à des groupes armés illégaux.  Il a en outre souligné la nécessité de renforcer tous les centres régionaux de l’ONU.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a estimé que l’Union africaine joue un rôle essentiel dans la prévention de conflit en Afrique avec une attention particulière sur la prévention, l’escalade, la poursuite et la récurrence des crises.  Ces efforts fondés sur l’intérêt, le consentement et l’engagement de toutes les parties mèneront vers des règlements durables et pacifiques, a assuré le représentant.  Il a ajouté que comme l’UA continue de faire des progrès dans la résolution des conflits, la consolidation de la paix et le développement deviennent les priorités.  L’engagement à soutenir la consolidation de la paix est un impératif pour la paix durable en Afrique, a-t-il estimé.  Bien qu’il existe un large consensus à l’ONU pour renforcer le travail de la CCP, il n’y a pas d’accord sur l’augmentation de son financement jusqu’à 1% de celui des opérations de maintien de la paix, a regretté M. Akbaruddin. 

Les réseaux terroristes, toujours plus nombreux, ont mis en péril la paix et la sécurité de la région africaine de manière inégalée, a poursuivi le délégué en indiquant que « notre réponse aux menaces terroristes n’est toujours pas satisfaisante ».  Une réponse à plus grande échelle est requise, selon lui, ce qui veut dire travailler avec d’autres partenaires comme les organisations régionales et les États.  Les coalitions et les relations bilatérales seront essentielles pour mener à bien les tâches, a-t-il précisé.  Pour vaincre le fléau du terrorisme en particulier, il a jugé essentiel d’apporter une réponse forte, efficace et cohérente qui reflète l’engagement collectif de la communauté internationale.

Au nom du Danemark, de la Finlande, de l’Islande et de la Suède, Mme MONA JUUL (Norvège) a jugé essentiel que les organismes régionaux et sous-régionaux, comme l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et la Communauté économique des États de l'Afrique de l’Ouest (CEDEAO) améliorent la mise en œuvre de leur mandat et leurs capacités, en coordination avec l’Union africaine.  Pour mettre un terme aux conflits armés en Afrique, il faut identifier des solutions africaines.  Les pays nordiques appellent donc à la création d’un Conseil de sécurité plus transparent et représentatif pour mieux refléter les réalités actuelles et appuie l’augmentation du nombre de sièges permanents et non permanents pour l’Afrique.

La représentante a aussi appelé à un financement prévisible et durable des opérations de l’Union africaine et à la création d’un système qui combine les contributions de l’ONU avec un financement de l’Union africaine.  Elle a pleinement appuyé la mise en œuvre de l’Architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine et appelé à un renforcement de capacités en matière de diplomatie préventive, de médiation et de consolidation de la paix.  Mme Juul a insisté sur la pleine et équitable participation des femmes, soulignant que leur rôle est essentiel pour améliorer la confiance, la légitimité et la crédibilité.  Leur participation aux efforts de prévention et de médiation permettra d’ailleurs de déboucher sur des solutions plus efficaces et plus viables, a-t-elle estimé.

M. JEHANZEB KHAN (Pakistan) a estimé que le Plan directeur de l'Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020 constitue une étape significative pour aider les Africains à réaliser leurs objectifs.  Des progrès considérables ont été faits pour résoudre les conflits sur le continent, comme en témoigne un certain nombre d’évènements récents, qu’il s’agisse de la réconciliation entre l’Éthiopie et l’Érythrée, les accords signés au Soudan du Sud et en République centrafricaine, et la tenue d’élections à Madagascar, en République démocratique du Congo (RDC) et au Mali, a énuméré le représentant.  Des défis demeurent malgré tout, a-t-il observé, en attirant l’attention sur les causes profondes des conflits, sur lesquelles il faut se pencher pour éviter le retour des cycles de conflit.  En outre, il a attiré l’attention sur l’étendue du commerce illicite d’armes légères et de petit calibre en Afrique, qui fragilise le développement: « Une approche holistique, y compris une assistance et une coopération de la communauté internationale, est nécessaire pour relever ce défi ».  Enfin, il a préconisé une approche globale du maintien de la paix, s’appuyant sur un partenariat renforcé entre l’ONU et l’Union africaine, lequel suppose un dialogue plus étroit entre cette organisation régionale et le Conseil de sécurité. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a appelé à regarder au-delà de 2020, notant qu’il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à une paix durable dans l’ensemble du continent.  Il a estimé que le partenariat entre l’ONU et l’UA a permis de se rapprocher de cet objectif, citant notamment l’accord de paix conclu en République centrafricaine.  Le représentant a également souligné que pour faire taire les armes, il faut arracher les racines des conflits.  Il a salué les efforts déployés par l’Afrique pour mener des initiatives concrètes et structurelles en matière de prévention, d’alerte précoce, de médiation et de diplomatie préventive.  Il a aussi insisté sur l’importance critique d’inclure les femmes et les jeunes à tous les aspects de la résolution de conflit et des processus politiques.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a cité un proverbe africain qui dit « qu’il faut tout un village pour élever un seul enfant », estimant qu’il s’applique aux problèmes africains, à savoir que le village planétaire doit œuvrer au service de l’Afrique.  « Les problèmes de l’Afrique sont les nôtres et la prospérité de l’Afrique est la nôtre », a-t-elle déclaré, justifiant ainsi le soutien du Groupe arabe à l’Afrique ainsi qu’au principe du règlement pacifique des conflits.

La représentante a réitéré l’importance de l’initiative africaine « Faire taire les armes en Afrique », et de la feuille de route élaborée à ce sujet, pour que les problèmes africains soient réglés par les Africains en premier lieu.  À cet égard le Groupe salue la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine et l’alternance démocratique en RDC et à Madagascar, même si les défis restent bien réels en Afrique. 

Les pays arabes africains ont joué un rôle prépondérant en termes de médiation, a poursuivi la représentante, en passant en revue une série d’exemples comme l’Accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée sous parrainage saoudien, ou encore l’accord de réconciliation entre le Soudan et le Tchad.  La représentante a aussi mentionné le soutien apporté par le Maroc aux efforts de diplomatie préventive dans le dossier du bassin du fleuve Mano, le pays ayant aussi accueilli la Conférence ministérielle des pays africains riverains de l’Atlantique.  De plus, le Qatar a été médiateur pour mettre un terme au conflit entre Djibouti et l’Érythrée, tandis que l’Algérie a accueilli les médiations entre les parties maliennes.  Dans la même veine, le Fonds arabe pour l’appui technique aux pays africains, créé en 1974, démontre l’attachement du Groupe arabe au principe de solidarité entre les pays arabes et africains.

Les pays du Golfe ont également annoncé une contribution de 118 millions de dollars pour appuyer la force de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest.  Les Émirats ont investi environ 11 milliards de dollars en Afrique en 2016, ce qui en fait le deuxième plus grand investisseur en Afrique, a-t-elle encore précisé.  Le Groupe arabe exhorte l’ONU à soutenir davantage les initiatives de paix de l’Union africaine, a poursuivi la représentante en appelant aussi tous les partenaires de la communauté internationale à renforcer les cadres de coopération avec le continent africain pour régler les sources de conflit sur le continent.  Elle a cité, à cet égard, le cumul des richesses aux mains d’une minorité ou encore le recul de la justice.  En conclusion, le Groupe arabe a appelé la communauté internationale à se concentrer sur la reconstruction et le développement postconflit en Afrique et a annoncé qu’un centre chargé de cette question sera prochainement inauguré au Caire.

M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a dit « partager le souci de l’Union africaine concernant la prolifération d’armes légères et de petit calibre comme source importante d’insécurité ».  La paix et la sécurité durant toutes les phases d’un conflit sont le pilier du partenariat stratégique entre l’Union européenne et l’UA.  Le mémorandum d’accord entre les deux organisations régionales sur la paix, la sécurité et la gouvernance ancre ce partenariat sur une fondation solide et structurée, en prenant en compte la complexité des menaces nouvelles et la nécessité de s’attaquer à leurs causes.   Nos deux organisations sont activement opérationnelles au Sahel, en République centrafricaine et en Somalie, a poursuivi M. de Almeida, pour qui « un autre domaine important dans lequel les progrès ont été constants est la mise en place opérationnelle du Fonds pour la paix qui est un signe évident de l'engagement de l'UA à prendre en charge la paix et la sécurité sur le continent. »

« Alors que les opérations de soutien de la paix retiennent généralement plus d'attention et de ressources, ce sont les forces discrètes de la diplomatie et de la médiation, et l'attention structurelle portée aux déclencheurs de fragilité qui contribuent grandement à la réussite de toute intervention visant à prévenir ou à résoudre les conflits », a poursuivi le délégué.  L'Union européenne a donc alloué 20 millions d'euros à la poursuite, jusqu'en 2020, du mécanisme de réaction précoce de la Commission de paix de l’UA, permettant ainsi la réalisation de nombreuses activités de prévention et de médiation de la Commission de l’Union africaine.  L’Union européenne et l’Union africaine prennent aussi part au dialogue sur la prévention des conflits, un dialogue au cours duquel « nous cherchons à apprendre l’un de l’autre ».  Un certain nombre de sujets ont été identifiés comme possibilités de coopération dont les analyses conjointes, la prévention de conflit et les changements climatiques, la médiation et la coopération ONU-UE-UA. 

L’Union européenne continuera, a ajouté le délégué, d’apporter son appui au lien entre l’Architecture africaine de paix et de sécurité et l’Architecture africaine de gouvernance afin de réduire la fragilité, renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance dans toute l’Afrique pour le bien de tous.  Les situations fragiles exigent des approches personnalisées et un appui pour créer la paix durable, tout en s’attaquant aux racines des conflits.  Pour réussi la prévention des conflits, il faut viser l’appropriation locale et accorder la priorité aux préoccupations des communautés locales.  La protection des droits de l’homme, une gouvernance politique responsable et réactive ainsi que la croissance économique inclusive sont des éléments essentiels pour extirper les racines des conflits.  L’égalité des sexes est une condition préalable à la paix, la sécurité, le développement durable et la justice.  La perspective des femmes doit être représentée de la même manière que les espoirs et les aspirations des jeunes qui auront la responsabilité finale du futur, a conclu le représentant. 

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a déclaré qu’il ne fait aucun doute que l’initiative de l’Union africaine visant à faire taire les armes d’ici à 2020 est d’une importance cruciale et « particulièrement bienvenue ».  Il a rappelé que tout récemment, la tenue de plusieurs sommets conjoints avait permis le rapprochement de la Ligue des États arabes et de l’Union africaine, notamment sur les mesures à prendre pour mettre fin à la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Dans ce contexte, a dit le représentant, nous avons besoin de mécanismes régionaux renforcés pour mettre en œuvre nos objectifs communs de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.  Il a ensuite mentionné que le soutien des entités des Nations Unies en matière de désarmement et de lutte contre le terrorisme serait nécessaire pour que les deux organisations régionales y parviennent.  Le représentant a plaidé, en conclusion, en faveur d’un plan continental de lutte contre les armes légères et de petit calibre, d’un commun accord entre l’UA et la Ligue des États arabes. 

M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a mis l’accent sur le rôle de l’État-nation dans la paix et la stabilité en expliquant qu’il se fonde sur un État où toutes les appartenances religieuses et ethniques fusionnent pour devenir une entité unique, avec une gestion compétente et transparente, des structures sécuritaires solides et une économie saine: tels sont les éléments de la stabilité dans le monde.  Ainsi l’absence de l’État-nation représente une menace à la paix et la sécurité mondiales, a-t-il poursuivi, affirmant qu’on ne peut bâtir des États sur la fragmentation.  Le représentant a également mis en valeur l’importance de la réconciliation nationale, « qui est un cadre d’entente entre les groupes divers d’une même nation visant à éliminer les causes de leurs différends et à réaliser un compromis national sur la base d’une feuille de route claire ».  La réconciliation doit se faire au niveau social avant le niveau politique et ne doit pas se limiter à la paix et la sécurité, a-t-il affirmé.

Son troisième argument a mis en évidence le fait que trop souvent les interventions étrangères exacerbent les conflits et les tensions entre différentes ethnies ou groupes religieux.  Enfin, il a évoqué l’importance significative du développement et son impact politique, avant de constater que l’Afrique dispose des moyens de parvenir à sa propre paix et sa stabilité.  Sa stabilité passera, selon lui, par le renforcement de la culture de la paix, par un développement qui tienne compte des spécificités de chaque pays, et par la fourniture de services de base sur l’intégralité des territoires nationaux, de manière à renforcer la capacité des pays africains en termes de justice et de lutte contre la corruption.

L’initiative « Faire taire les armes en Afrique » résonne en Libye, a expliqué le représentant, qui a appelé la communauté internationale à prêter assistance à l’Afrique pour que le continent parvienne à régler les causes fondamentales de ses conflits et puisse éviter leur résurgence.  À ce titre, il a insisté sur l’importance des relations de bon voisinage et a mentionné les efforts déployés par les forces de sécurité libyennes dans le sud du pays pour permettre à l’État non seulement de réaliser la paix et la sécurité mais aussi d’entretenir de bonnes relations de ses pays mitoyens.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a considéré que le succès du Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020 passe aussi par un soutien financier plus résolu de la part de la communauté internationale, un soutien qui bénéficierait à d’autres initiatives comparables.  Le représentant a ensuite réitéré le propre soutien de son pays à des opérations africaines financées à partir des contributions obligatoires de l’ONU.  Pour lui, la prise de conscience collective devant la gravité du commerce illicite des armes légères et de petit calibre doit permettre d’atteindre les objectifs avant l’échéance de 2020. 

Évoquant les contributions de son pays, le délégué a souligné le rôle du Maroc au sein du Conseil des ministres de la défense de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), dans le cadre duquel un accord a été conclu pour renforcer la sécurité transfrontalière entre ces pays.  L’engagement multidimensionnel du Maroc en tant qu’acteur de paix en Afrique est également attesté par sa participation aux opérations de paix menées sur le continent depuis les années 1960, a fait valoir le représentant.  Le royaume maintient aujourd’hui un soutien accru auprès de la République centrafricaine, a-t-il précisé.  Le Maroc a aussi accueilli à Skhirat les pourparlers ayant débouché à l’Accord politique libyen, avant d’organiser à Marrakech en 2016, parallèlement à la COP-22, le Sommet africain pour l’action.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a souligné que sa sous-région met l’accent sur la diplomatie préventive et la médiation face aux crises et conflits.  La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) demande le renforcement des capacités de prévention de l’Union européenne.  Le représentant a attiré l’attention sur l’action que vient de mener la SADC en République démocratique du Congo (RDC) et à Madagascar après des élections présidentielles marquées par des tensions.  Il a également salué les accords de paix signés récemment sur le continent africain, notamment en République centrafricaine et dans la Corne de l’Afrique, avant de rappeler que 2020, date butoir pour « Faire taire les armes », c’est l’année prochaine.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a déclaré qu’en dépit du fait qu’un nouvel espoir souffle sur l’Afrique, il reste des défis d’envergure qui se posent à la paix et à la sécurité en Afrique: terrorisme, criminalité transnationale organisée, violence à l’encontre des femmes et des enfants dans les conflits armés, pauvreté, sous-développement, ou encore changements climatiques.  Selon lui, le partenariat UA-ONU a déjà fait la preuve de son importance, comme en témoigne par exemple l’accord conclu entre le Gouvernement de la République centrafricaine et les groupes armés opérant dans ce pays.  Le représentant a également dit que la coopération trilatérale entre l’ONU, l’Union européenne et l’Union africaine doit se poursuivre et se renforcer.  Le délégué a ensuite indiqué que son gouvernement reste favorable à ce que les opérations de maintien de la paix sous conduite africaine soient financées à partir des contributions des États Membres au budget de l’ONU.  M. Stefanile a en outre plaidé en faveur de l’universalisation rapide des instruments juridiques internationaux pertinents dans le domaine du désarmement.

À la lumière des récents succès de l’Union africaine pour mettre fin aux conflits au Libéria, en Côte d’Ivoire ou encore en Gambie, M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est dit confiant de la mise en œuvre de son Plan directeur sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique.  Pour ce faire, il a préconisé le renforcement de l’appropriation nationale, notamment en s’appuyant sur des mécanismes régionaux tels que l’IGAD ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO). 

Le renforcement de la coopération ONU-UA et la médiation constituent également des priorités pour parvenir à la paix sur le continent, a poursuivi le délégué, qui a proposé la création, à Almaty, d’un centre interrégional des Nations Unies sur les objectifs de développement durable.  Le renforcement des opérations de maintien de la paix, y compris les opérations hybrides entre l’ONU et l’UA, contribuerait également à faire taire les armes en Afrique, selon le représentant.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a rappelé que le lancement de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique » a eu lieu dans le cadre du cinquantième anniversaire de l’UA en 2013, et a été suivi par l’adoption de la feuille de route de Lusaka.  Il a rendu hommage aux progrès tangibles réalisés depuis lors en termes de règlement des conflits sur le continent africain, en citant notamment la réactivation de l’accord de paix au Soudan du Sud ou encore entre l’accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée.  Il s’est toutefois dit conscient de la recrudescence de menaces et de défis non conventionnels en Afrique, à commencer par le terrorisme.  Ces menaces exigent une action commune internationale, a-t-il estimé, plaidant aussi pour la coopération entre l’ONU et l’UA dans le cadre des accords passés.  Ces accords s’appuient sur les avantages comparatifs de chacune des deux organisations, a-t-il argué.  L’Égypte, qui préside l’UA cette année, va œuvrer à promouvoir encore davantage cette coopération par le truchement de consultations régulières et le renforcement du dialogue entre chaque partie sur les questions à l’étude.

Le représentant n’a pas manqué d’évoquer la question du financement durable des opérations de paix africaines dans ce contexte.  Il a également mis l’accent sur l’importance de la reconstruction et du développement pour la paix et la stabilité, en particulier pour les pays sortant de conflits.  À l’avenir, a-t-il conseillé, il faudra renforcer l’attention donnée à ce volet pour éviter la recrudescence des conflits et consolider les acquis.  Il a enfin fait part de la « fierté » du Président égyptien, qui a été chargé de jouer le rôle de chef de file sur cette question, en tant que Président de l’UA.  L’Égypte, a-t-il annoncé, va inaugurer cette année le centre chargé de la reconstruction et du développement au Caire.  Ce centre servira de plateforme pour activer la politique et l’initiative « Faire taire les armes en Afrique » de l’UA.

Mgr ANTOINE CAMILLERI, Observateur du Saint-Siège, s’est félicité des progrès accomplis en Afrique, notamment de l’accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée.  Il a toutefois rappelé qu’il reste des régions dans lesquelles la violence continue de sévir et où se déroulent d’autres formes de conflit.  Au nombre des causes profondes de ces situations persistantes, il a cité les disparités économiques et sociales, la fragilité des institutions, l’instabilité politique et la corruption, sans compter les conflits d’intérêts autour de ressources naturelles, qui se déroulent au détriment de la cohésion sociale.  Pour le représentant, aider le continent africain à réaliser ses objectifs en matière de non-violence et de paix durable suppose pour la communauté internationale de s’engager à respecter ses propres engagements, particulièrement lorsqu’il s’agit d’urgences humanitaires et de fournir les niveaux requis d’aide au développement.

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a indiqué que son pays avait été à l’avant-garde des efforts visant à promouvoir le Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020, comme l’illustre la mise en place d’un point focal national sur les armes légères et de petit calibre.  Le Kenya, a-t-il ajouté, est également le siège du Centre régional sur les armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les États limitrophes.  Le représentant a souligné que pour réaliser à temps les objectifs du Plan directeur, des ressources supplémentaires devaient être allouées à l’éradication des causes de conflit sur le continent.  Il faut également renforcer la coopération internationale à tous les niveaux.  Enfin, les États africains doivent bénéficier de l’assistance technique nécessaire pour pouvoir mettre en œuvre tous les instruments juridiquement contraignants pertinents, a recommandé le délégué.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a noté la nature symbolique de l’objectif de faire taire les armes d’ici à 2020, ainsi que la clarté et la force du message envoyé.  Il a estimé que l’Afrique accomplit maintenant ses devoirs, notamment grâce à l’Architecture africaine de paix et de sécurité qui, a-t-il noté, a permis d’identifier de nouvelles idées et de nouveaux modes de fonctionnement.  Il a aussi relevé que le contient est en train de regrouper ses forces aux niveaux régional et sous-régional, citant notamment en exemple l’AMISOM.  Le représentant a ensuite fait observer que l’objectif de faire taire les armes appelle à honorer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063, ainsi que leurs corollaires.  Il a aussi appelé à se pencher sur les problèmes des changements climatiques et de l’exploitation des ressources naturelles du continent, entre autres.  Le représentant a par ailleurs insisté sur la nécessité, pour l’Afrique, de bénéficier d’un appui extérieur, pointant notamment le financement des opérations de paix africaines.

M. MAGDI AHMED MOFADAL ELNOUR (Soudan) a exprimé son soutien au principe qu’il faut de trouver des solutions africaines aux problèmes africains, tel que mis en œuvre dans le contexte de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique ».  Il a cité entre autres la signature de l’accord de paix pour le Soudan du Sud de septembre 2018 ainsi que les efforts du Soudan pour la République centrafricaine avec la Déclaration de Khartoum en 2018 et la signature de l’Accord de paix en 2019.  Le Soudan a également contribué à améliorer certaines initiatives régionales et internationales afin de fournir une aide humanitaire aux zones qui sont sous contrôle de groupes armés, et il a ouvert son territoire aux réfugiés des pays voisins qui représentent près de deux millions de personnes à ce jour, a poursuivi le représentant.

Pour obtenir les meilleurs résultats possibles dans le cadre de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », il faut, selon lui, tenir compte du lien étroit entre paix et développement.  Le Soudan appelle donc la communauté internationale à fournir davantage de soutien aux objectifs postconflits, y compris en termes de réinstallation des personnes déplacées et réfugiées, de DDR et de reconstruction.  Il appelle à renforcer la coopération entre l’ONU et l’UA, de manière à renforcer la cohérence entre leurs activités respectives et éviter des doublons, comme cela a été le cas au Soudan avec l’IGAD et en Libye en 2011.  Il est également nécessaire de donner un financement approprié et durable aux opérations de paix africaines par le biais des Nations Unies, a estimé le délégué, qui a également invité à ne pas perdre de vue que ces opérations africaines sont en réalité un investissement dans la paix et la sécurité africaines et mondiales.  Le Soudan appelle en outre à la lutte, tant sur le plan régional que national, contre les causes profondes des conflits africains notamment les différences de niveau de développement, la désertification et la faiblesse de certaines institutions africaines.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a souligné que le fait que plus de la moitié des 20 plus importants pays fournisseurs de contingents sont africains devrait être salué et reconnu par les Nations Unies et par ce Conseil de sécurité.  Mais simultanément, pour veiller à la poursuite de cette contribution considérable, les pays africains devraient être soutenus dans leurs efforts pour consolider leurs capacités dans le maintien de la paix et de la sécurité sur leur continent, dans le respect du principe fondamental: « solutions africaines aux problèmes africains ».  Dans ce contexte, le représentant a estimé qu’une assistance technique doit être fournie aux nations africaines qui en font la demande pour mettre pleinement en œuvre les instruments juridiquement contraignants pertinents, en particulier le Programme d’action sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

Pour M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana) il est important de créer un environnement propice au règlement des causes profondes des conflits en Afrique, et, à l’aune de l’année 2020, il a voulu que l’on fasse le point sur les progrès réalisés pour débarrasser l’Afrique des conflits.  Même si l’intensité de ces conflits semble avoir diminué, l’index de fragilité du continent indique qu’il est enclin aux conflits.  Les niveaux d’alerte restent élevés car si des progrès significatifs ont été réalisés dans certains pays africains, d’autres montrent des signes de déclin.  La dernière enquête mondiale du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur les inégalités identifie les territoires qui échappent au contrôle des gouvernements comme des « points chauds ».  Elle dit aussi que les inégalités de revenus et la pauvreté multidimensionnelle sont des moteurs des conflits.

Il est vrai, a reconnu le représentant, que la croissance en Afrique ne s’est pas toujours accompagnée de progrès sociaux, même si six des économies à plus fort taux de croissance ces dernières années sont africaines.  Il va falloir investir dans les jeunes et les femmes pour capitaliser sur le dividende démographique de l’Afrique et protéger la jeunesse de la tentation des armes.  Cela suppose, selon le représentant, de faire les bons choix, en assurant la promotion d’une gouvernance comptable de ses actes et qui favorise la participation de tous.  La gestion des minéraux de l’Afrique est une cause profonde des conflits.  Le représentant s’est donc réjoui que l’UA ait mis en avant une vision pour que cette gestion devienne le catalyseur du développement économique et social.  « L’Afrique fait son possible », a conclu le représentant.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a déclaré que pour faire taire les armes, il faut répondre aux racines des conflits, notamment la fragilité des États, la faiblesse des infrastructures, le commerce illicite des armes et les effets d’une urbanisation galopante, sans oublier le chômage des jeunes, l’exclusion sociale, les changements climatiques et l’extraction illégale des ressources.  Il a constaté que dans les États fragiles ou en proie à un conflit, les institutions judiciaires et sécuritaires sont souvent faibles et dysfonctionnelles.  Il a prévenu que les groupes armés ne répondront aux appels de désarmement à moins d’obtenir des garanties pour leur sécurité.  Pour faire face aux flux illicites d’armes, le représentant a recommandé aux producteurs et aux exportateurs de travailler avec les États pour mettre au point des systèmes de contrôle adéquat et empêcher tout détournement illicite.  Il faut aussi être plus sévère avec les pays qui fournissent délibérément des armes à des acteurs non étatiques ou à des groupes armés dans le but de faire tomber des gouvernements démocratiquement élus.

M. Gimolieca a indiqué que son gouvernement s’est doté d’un nouvel agenda qui met l’accent sur la participation sans exclusive des femmes et des jeunes, ainsi que sur l’état de droit dans le cadre de la lutte contre l’impunité et la corruption.  L’objectif est de créer une société plus résiliente, capable de gérer les pressions de l’urbanisation, du chômage des jeunes et des inégalités, entre autres.  Des ressources sont également consacrées à l’amélioration de la gestion des ressources naturelles et à leur gestion transfrontière.

M. ROBERT MARDINI, Chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a noté que lorsque les armes classiques souffrent d’une mauvaise régulation, les conséquences humanitaires sont macabres: des conflits qui perdurent; des violations du droit international et du droit international humanitaire; et les menaces sur la vie des civils.  Le CICR voit ces conséquences tous les jours, dans le bassin du lac Tchad où les conflits ont fait plus de deux millions de déplacés, en Libye où une bonne partie des arsenaux échappent au contrôle du Gouvernement ou encore au Soudan du Sud où l’accord de paix qui vient d’être signé fait espérer la fin d’un conflit aux conséquences humanitaires catastrophiques. 

Le CICR demande au Conseil de sécurité et aux États Membres de « faire taire les armes », en assurant un commerce responsable et en prévenant le commerce illicite.  Le CICR invite les États à adhérer aux instruments internationaux en vigueur et à les mettre en œuvre, car des transferts d’armes responsables amélioreraient la protection des civils sur le long terme et permettrait d’établir une fondation pour la paix, la sécurité et la stabilité.  Le CICR appelle à agir sur le terrain, puisque les mots seuls ne peuvent prévenir l’irréparable conséquence des armes quand elles sont entre de mauvaises mains.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) s’est félicité du leadership grandissant de l’Union africaine dans la recherche de solutions africaines aux problèmes africains.  Le partenariat « stratégique » mis en place avec l’ONU est crucial afin d’assurer le succès des initiatives de paix, a déclaré le représentant, citant en exemple la République centrafricaine.  Selon lui, les partenariats régionaux, le respect des droits de l’homme et la démocratie constituent autant de conditions essentielles à la paix qui se renforcent mutuellement.  De même, l’Architecture africaine de paix et de sécurité et l’Agenda 2063 de l’Union africaine fournissent une « fondation régionale solide », a poursuivi le représentant, qui a insisté sur le rôle primordial des femmes et des jeunes dans la prévention des conflits. 

Afin de freiner la prolifération des armes de petit calibre, M. Duarte Lopes a encouragé les pays africains à rejoindre les mécanismes internationaux tels que le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères.  Toutefois, ces mesures seront insuffisantes si elles ne sont pas accompagnées d’efforts visant à faire face aux changements climatiques, à l’insécurité alimentaire et au terrorisme, a-t-il prévenu, avant de rappeler la contribution de son propre pays aux opérations de paix de l’ONU au Niger, en Somalie et au Soudan du Sud. 

M. ION JINGA (Roumanie) a souligné le rôle central joué par la coopération trilatérale entre l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne afin d’assurer la sécurité et le développement durable en Afrique.  Il s’est félicité à cet égard de l’adoption du Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020, estimant qu’il contribuera à rendre le continent exempt de conflits.  Selon lui, le « principe directeur » de ce plan devrait être la mise en place de « solutions africaines aux problèmes africains », comme ce fut le cas lors de la réunion annuelle de 2018 de la Commission de consolidation de la paix, présidée par la Roumanie.  Le succès de cette initiative, a prévenu le représentant, sera également tributaire des mécanismes de prévention des conflits, du renforcement des partenariats régionaux et du soutien aux pays affectés par des conflits armés. 

Pour sa part, la Roumanie, qui participe à six opérations de maintien de la paix dans le monde, demeure déterminée à améliorer le financement des mécanismes de consolidation de la paix ainsi que la coordination et la cohérence de l’appui aux pays impliqués.  Alors qu’elle assume la présidence de l’Union européenne, la Roumanie présentera, en mars, à l’Assemblée générale, un projet de résolution portant sur le rôle des diamants dans les conflits. 

Mme HASSAN (Djibouti) a indiqué que son pays avait participé à la Conférence d’examen du Programme d’Action des Nations Unies sur les ALPC, présidée par la France en juin 2018.  Elle s’est ensuite félicitée de la décision « Faire taire les armes d’ici à 2020 », prise par les chefs d’État africains lors du cinquantième anniversaire de l’Union africaine.  Dans ce contexte, elle a tenu à dire que des investissements supplémentaires doivent être consentis dans la prévention et la médiation.  Elle s’est à cet égard félicitée de la création d’une plateforme de partage des pratiques optimales entre l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’UA, et le Réseau panafricain des Sages.  Pour promouvoir des approches inclusives, la représentante a souligné le besoin urgent de vulgariser le travail de l’Union africaine, notamment du Groupe des Sages, de PanWise, et FemWise.  En outre, les États de la Corne de l’Afrique ont décidé d’un commun accord de créer un centre régional dédié à la prévention et à la lutte contre l’extrémisme violent qui est situé à Djibouti, a indiqué la déléguée.

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a mis l’accent sur la prévention et la résolution des conflits, la réforme du secteur de la sécurité, la consolidation et le maintien de la paix ainsi que la coopération régionale.  La diplomatie préventive et la médiation font partie intégrante des efforts de prévention de conflit, a estimé la représentante.  Des activités spécifiques sont nécessaires pour prévenir les conflits en portant l’attention sur les diverses causes structurelles avec comme objectif de renforcer les institutions et les mécanismes sociaux des États et des communautés.  Il faut aussi aider les États à développer des institutions plus fortes et plus inclusives qui peuvent s’attaquer aux causes et aux facteurs des conflits.  Renforcer nos efforts et stratégies de démobilisation, désarmement et de réintégration (DDR) contribuera de manière significative à faire taire les armes en Afrique, a estimé Mme Rugwabiza.  Les DDR doivent être réalisés à toutes les étapes de la résolution de conflit et de la consolidation de la paix, a aussi suggéré la représentante.  Leur succès repose essentiellement sur un soutien efficace des anciens combattants pour leur réinsertion dans la vie civile.  De plus, un contrôle plus efficace de la mise en œuvre des embargos sur les armes contribuera à créer un environnement favorable à la résolution de conflit, a indiqué la déléguée du Rwanda, pour laquelle « la bonne gouvernance et des institutions inclusives restent les moyens les plus efficaces pour prévenir les conflits et consolider la paix. »

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) s’est félicitée du rôle joué par les organisations régionales africaines pour mettre fin aux crises, citant notamment le rôle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour trouver une issue à la crise postélectorale en Gambie et le récent accord de paix conclu en République centrafricaine.  Elle a aussi salué les avancées réalisées par l’UA pour faire taire les armes.  Évoquant son rôle de Présidente de la Commission de la condition de la femme, Mme Nason a insisté sur le rôle des femmes pour parvenir à réaliser cet objectif.  Mme Nason s’est félicitée de la référence, dans la résolution, à « FemWise-Africa », au « Network of African Women in Conflict Prevention and Mediation » et au Réseau des femmes d’influence en Afrique.  La représentante a ensuite annoncé que l’Irlande avait annoncé hier, lors de la Conférence du désarmement qui se tient à Genève, qu’elle se faisait la championne de trois des actions définies dans le Programme de désarmement, dont l’une, a-t-elle précisé, porte spécifiquement sur l’objectif de faire taire les armes en renforçant la sensibilisation à l’impact que les armes ont sur la gestion des conflits.

« Faire taire les armes requiert la bonne gouvernance, y compris la justice et l’équité dans la gestion des affaires publiques », a déclaré M. ISSA KONFOUROU (Mali).  Il s’agit pour nos États de promouvoir l’unité nationale dans la diversité, a-t-il dit.  Il a déclaré que la « seconde équation » à résoudre est de trouver les mesures idoines permettant aux populations des régions les plus reculées, loin des capitales, de « vivre véritablement l’ensemble national » et de se sentir partie intégrante de la Nation.  Il a ensuite plaidé pour des réponses holistiques aux causes profondes des conflits, en particulier le développement durable inclusif.  Le dernier outil pacifique pour faire taire les armes est la parole, a poursuivi M. Konfourou.  « Nous devons être porteurs de messages de paix et de cohésion nationale, dans nos paroles et nos actes. »  Enfin, le délégué malien a demandé la pleine application des différents instruments internationaux sur le flux des armes, avant de se féliciter du renforcement du partenariat stratégique entre l’UA et l’ONU.

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a salué les progrès réalisés jusqu’à présent pour faire taire les armes, constatant toutefois qu’il faut redoubler d’efforts face à la pauvreté extrême, l’impact des changements climatiques, l’extrémisme violence et la prolifération des armes légères et de petit calibre, entre autres.  Elle a appelé à identifier de nouveaux mécanismes de financement et à établir des synergies entre les différents instruments de contrôle des petites armes, à commencer par le Programme d’action sur les armes légères.  Elle a insisté sur l’aspect crucial du partenariat entre l’ONU et l’UA, se préoccupant toutefois du manque de financement prévisible, durable et souple des opérations de paix menées par l’UA et autorisées par le Conseil de sécurité.  Elle a par ailleurs appelé à appuyer le rôle d’« African Women Leaders Network » et de « Fem-Wise Africa ».

Pour M. RICHARD ARBEITER (Canada), les armes à feu sont les armes de prédilection dans la plupart des conflits dans le monde et, pour plusieurs communautés en Afrique, elles constituent de réelles armes de destruction massive.  Les raisons pour lesquelles elles posent problèmes sont souvent liées à des circonstances régionales ou nationales, qu’il s’agisse de terrorisme, de crime organisé, de conflit armé ou d’une combinaison de ces éléments.   Par conséquent, tout en restant attaché à une approche multilatérale des armes nucléaires et biologiques notamment, le Canada reconnaît qu’il faut examiner la nature régionale des enjeux en matière d’armes légères et de petit calibre.  « Nous devons concevoir une intervention sur mesure et adaptée au contexte », a estimé M. Arbeiter, pour lequel l’initiative « Faire taire les armes en Afrique » représente une telle intervention.  Il a toutefois remarqué que plusieurs des défis à surmonter par l’Afrique ne sont pas nés en Afrique et qu’en outre ils ont des répercussions bien au-delà de ce continent.

Par conséquent il lui semble essentiel que tous les États Membres, l’ONU, les États africains et les organisations régionales travaillent de concert pour concrétiser cette vision.  Dans la pratique cela veut dire qu’il va falloir renforcer la coopération pour prévenir, gérer et résoudre les conflits et travailler ensemble pour pleinement mettre en œuvre le Cadre de coopération sur la paix et la sécurité entre l’ONU et l’UA.  Cette approche a déjà produit des résultats, a-t-il remarqué en citant le cas de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine.

Le représentant a également appelé à prendre conscience de l’effet disproportionné des conflits sur les femmes et le rôle important qu’elles peuvent jouer dans la prévention et le règlement des conflits, saluant au passage la création du Réseau « FemWise-Afrique ».  Témoignant de l’engagement pris par le Canada à activement participer au niveau régional et national pour atteindre l’objectif ultime de « faire taire les armes en Afrique », le délégué a cité les cas de la Sierra Léone où le Canada copréside le Dialogue international sur la consolidation de la paix et le renforcement de l’État ou encore du Mali où il a appuyé le Centre pour le dialogue humanitaire pour négocier un accord de cessez-le-feu.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a appelé les États à prendre des mesures effectives pour éliminer les causes des conflits, notamment l’impact du trafic des ALPC.  Il a parlé de leurs conséquences dévastatrices sur le continent africain, notant ensuite que le Traité sur le commerce des armes avait contribué à améliorer la sécurité et la stabilité régionales.  Il a appelé à la pleine mise en œuvre de tous les instruments visant à enrayer le commerce illicite, l’accumulation déstabilisatrice et le mauvais usage des ALPC, à commencer par le Programme d’action sur les armes légères.

M. Mlynár a ensuite parlé de l’importance de la gouvernance du secteur de la sécurité et a salué la tenue, le 22 octobre 2018, du deuxième forum de l’UA sur la réforme du secteur de la sécurité.  Il s’est aussi félicité du plan stratégique sur trois ans qui a été recommandé à cette occasion et a appelé les partenaires à assurer sa pleine mise en œuvre.

M. RAUF ALP DENKTAŞ (Turquie) a reconnu que restaurer et maintenir la paix en Afrique est difficile.  Ce sont des activités menées dans un environnement sécuritaire dégradé comme nous venons de le voir malheureusement dans l’attaque contre les Casques bleus de la MINUSMA près de Bamako.  La communauté internationale doit rester vigilante pour protéger les acquis et les investissements dans les zones qui se remettent de guerres dévastatrices.  Saluant au passage les objectifs atteints dans la Corne de l’Afrique, le représentant a voulu que l’engagement à soutenir les changements positifs dans cette région soit « inébranlable ».  Cela aura des effets importants pour améliorer la stabilité de la région en consolidant la paix et la normalisation des relations entre les pays de la région.  La communauté internationale, l’ONU et les organisations régionales ont un rôle à jouer en aidant à créer les conditions favorables à la réconciliation, par les instruments à leur disposition, y compris la prévention, la médiation et la résolution de conflit.  La collaboration entre l’ONU et l’UA comme modèle de coopération qui donnera des enseignements utiles pour éclairer les futurs efforts communs dans la prévention, la gestion et la résolution de conflits.

M. SAMI BOUGACHA (Tunisie) a rappelé les contributions de son pays au processus de règlement des conflits en Afrique, notamment en RDC, au Mali et en Libye.  Il a salué l’adoption de la résolution, y voyant un signal fort envoyé par le Conseil de sécurité au continent africain.  Il a relevé que l’UA dispose des moyens pour travailler avec le Conseil de sécurité à la prévention de conflit, pour ensuite réaffirmer les efforts africains pour réaliser le développement durable et inclusif, la démocratie et la bonne gouvernance et pour promouvoir le rôle des femmes et des jeunes, entre autres.  Il a souligné que la réalisation de l’objectif de faire taire les armes est essentielle pour parvenir au développement durable.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance d’adapter les institutions aux situations actuelles.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a dit sa confiance dans le « potentiel » de l’Afrique de faire taire les armes et de fournir à ses habitants la vie qu’ils méritent.  Il a jugé que l’Afrique a besoin de « moins d’interventions extérieures et de plus de partenariats », avant d’appeler le Conseil à changer son approche en ce qui concerne le continent.  « Il y a un besoin de changement de paradigme », a-t-il tranché.  Le délégué a ensuite rappelé l’accord de paix historique signé entre l’Éthiopie et son pays et qui s’est d’ores et déjà traduit par des changements positifs, annonçant « l’aube d’une ère radieuse de paix, de partenariats et de développement ».

La paix récente a en outre ouvert les portes pour la consolidation de la paix dans le reste de la région, a poursuivi M. Giorgio, en précisant que son pays et Djibouti ont convenu d’ouvrir un nouveau chapitre dans leurs relations.  Imputant ces développements aux choix politiques forts qui ont été faits, il a indiqué que cette nouvelle dynamique permettra de contribuer à l’objectif de « faire taire les armes » d’ici à 2020.  Enfin, le délégué a pointé le « grand sens des responsabilités » qui anime les habitants de la Corne de l’Afrique afin de rattraper « les décennies perdues » de développement et de paix dans la région.

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a souligné trois cibles pour faire taire les armes en Afrique.  Le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine doit être renforcé.  Une attention particulière doit être placée sur les efforts conjoints pour faciliter des solutions politiques durables.  Une division plus efficace du travail entre l’ONU, les organisations régionales et d’autres parties prenantes, et un alignement plus étroit avec l’ordre du jour du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine aideront à des décisions et des actions communes efficaces et durables, a estimé le représentant.  De plus, un financement durable et prévisible des opérations de paix menées par l’UA améliorera leur efficacité tout comme leur conformité aux normes convenues en matière de droits de l’homme, de responsabilité et de contrôle. 

Comme indiqué dans la feuille de route de l’UA, a ajouté M. Cho, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour s’attaquer aux causes des conflits, y compris les disparités économiques et sociales.  Il est ainsi essentiel de traiter de manière globale tout le processus de paix, de la prévention à la consolidation de la paix, en passant par la reconstruction et la réintégration, et le développement à long terme.  Il a aussi indiqué que la priorité devrait être accordée à la lutte contre le trafic, la circulation et l’utilisation des armes légères et de petit calibre.  « Nous ne devons épargner aucun effort peut mettre pleinement en œuvre les embargos sur les armes ainsi que les instruments internationaux et régionaux y compris le Programme d’action sur le commerce illicite d’armes légères.  La République de Corée à travers ses contributions financières au Fonds pour la paix de l’Union africaine, continuera de soutenir les programmes de l’UA visant à combattre la prolifération d’armes légères et de petit calibre.    

Pour M. ESHETE TILAHUN WOLDEYES (Éthiopie), faire taire les armes en Afrique est une condition préalable à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’UA.  Le présent débat s’inscrit dans la continuité des délibérations du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique, présidé depuis deux ans par l’Éthiopie.  M. Woldeyes s’est dit confiant que l’adoption du Plan directeur de l’Union africaine sur les mesures concrètes à prendre pour faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020, ajoutée au Programme 2030 de l’ONU et aux objectifs de développement durable, permettront la réalisation des principes de la Charte des Nations Unies.  D’ailleurs, le rapprochement récent entre l’Éthiopie et l’Érythrée, de même qu’entre ce pays et Djibouti, laisse entrevoir une « nouvelle ère de paix et de stabilité » dans la région, s’est félicité le représentant, qui a également fait état des progrès réalisés au Soudan et en RDC.  Afin de profiter de cet élan, il faut renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité, notamment en soutenant le Fonds pour la paix de l’UA, a-t-il conclu.

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a indiqué que la négociation des accords de paix au Mali et au Soudan du Sud avait mis en exergue le fait que les acteurs régionaux et les pays voisins ont une perspective unique en termes de dynamique de conflit: ils peuvent donc jouer un rôle décisif pour faciliter les discussions.  Il a aussi insisté sur le rôle que jouent les femmes sur le plan de la prévention et de la résolution de conflit, se félicitant notamment de la nomination, par l’UA, d’un envoyé spécial pour les femmes, la paix et la sécurité.  Il a également dit l’importance de répondre aux appels des jeunes et de la société civile, pour ensuite relever que la fluidité de la collaboration entre l’ONU et l’UA avait été essentielle pour déboucher sur la signature de « l’accord de paix de Bangui » au début du mois.

Le représentant du Brésil a toutefois estimé que la signature d’un accord de paix doit être suivie d’un ferme appui de la communauté internationale en faveur de la mise en œuvre, s’appuyant notamment sur les enseignements tirés par le Brésil au cours de sa présidence de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Un approfondissement de la collaboration avec les institutions africaines spécialisées dans la consolidation de la paix s’impose également, a-t-il ajouté.

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