8521e séance – matin
CS/13800

Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de mieux former et protéger les Casques bleus de l’ONU dans des environnements opérationnels complexes

À l’initiative de l’Indonésie, et sous la présidence de la Ministre des affaires étrangères de ce pays, le Conseil de sécurité s’est, aujourd’hui, réuni lors d’un débat public avec une soixantaine de participants, pour évaluer les progrès accomplis dans la formation et le renforcement des capacités au sein des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment en élargissant les partenariats.  

Un thème cher au cœur de l’Indonésie, a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui a souligné que l’engagement de ce pays fournisseur de contingents de premier plan se traduit aujourd’hui par le déploiement de plus de 3 000 personnels en uniforme dans le cadre des opérations de l’ONU et s’est soldé par le « sacrifice ultime » de 37 Casques bleus. 

C’est que la formation « sauve des vies » à un moment où les soldats de la paix sont déployés dans des environnements de plus en plus « complexes et hostiles », a argué le Chef de l’Organisation.  L’amélioration de la formation et de l’entraînement des troupes, a-t-il précisé, est un engagement majeur d’Action pour le maintien de la paix, une initiative qu’il avait lancée le 25 septembre 2018.  Aussi M. Guterres a-t-il dressé un bilan des efforts déployés par le Secrétariat pour mettre en œuvre les directives qu’il s’est lui-même fixées.

Visites d’appui à la formation et à l’évaluation, exercices d’évacuation de victimes, tests de résistance et exercices de gestion de crise: telles sont, a expliqué le haut fonctionnaire, les principales activités que le Secrétariat mène dans les cinq opérations de paix de l’ONU les plus dangereuses au monde, à savoir la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

« Nous sommes particulièrement désireux de développer le recours à des équipes de formation mobiles », a ajouté le Secrétaire général, en encourageant les États Membres à déployer de telles équipes pour fournir un soutien ciblé et flexible aux missions onusiennes.  Dans une déclaration lue par sa Présidente pour le mois de mai au nom de ses autres membres, le Conseil souligne qu’il importe de donner suite aux engagements pris lors de la Réunion ministérielle des Nations Unies sur le maintien de la paix, qui s’est tenue en mars 2019.

« Investir dans les personnels de maintien de la paix, c’est investir dans la paix », a résumé la chef de la diplomatie indonésienne, Mme Retno Lestari Priansari Marsudi.  Si les théâtres de conflit actuels sont caractérisés par l’irruption des acteurs non étatiques et l’asymétrie des menaces qui s’y font jour, la Ministre a rappelé que chaque situation doit être appréhendée dans le cadre d’une approche spécifique à chaque mission, une approche qui doit être le fruit d’une consultation plus étroite entre le Conseil de sécurité, les pays hôtes, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.

Plusieurs pays contributeurs de troupes ont repris à leur compte cette analyse, qu’il s’agisse de l’Uruguay, de l’Italie, du Koweït, ou la Chine, tous désireux qu’il soit davantage tenu compte de leurs vues et attentes lors de la phase d’élaboration ou de modification des mandats.  Certains États Membres qui ne fournissent pas de personnels en tenue dans le cadre du maintien de la paix à l’ONU ont fait valoir les efforts de formation qu’ils consentent, comme les États-Unis, qui se sont enorgueillis d’être « le partenaire bilatéral le plus important au monde en matière de formation et de renforcement des capacités », ou la France, particulièrement mobilisée auprès des pays contributeurs de troupes francophones, comme d’ailleurs la Belgique ou le Canada.

Le général de corps d’armée Elias Rodrigues Martins Filho, commandant de la Force de la MONUSCO, a reconnu que la formation est un processus continu qui doit tenir compte de l’environnement opérationnel, d’où l’importance, selon lui, de mettre l’accent sur la formation au sein même de la Mission, et pas simplement en amont du déploiement.  Les dispositifs de commandement ont été renforcés grâce à des visites régulières sur le terrain, le mécanisme de notification amélioré et des mesures d’évaluation des risques aériens mises en œuvre. 

Pour sa part, M. Björn Holmberg, le Directeur de Challenges Forum International Secretariat, a expliqué que ce réseau global, qui regroupe 49 organisations de la société civile, de la police et de l’armée, cherche à favoriser le dialogue constructif parmi les partenaires importants pour contribuer à l’amélioration de l’analyse, de la planification, de la conduite et de l’évaluation des opérations de la paix.

M. Holmberg a formulé quatre recommandations à l’intention du Secrétariat de l’ONU, à mettre en œuvre en coopération avec les États Membres et les missions.  Tout d’abord, développer, à des fins de formation, des « archives électroniques interactives des scénarios complexes » auxquels les soldats de la paix ont été confrontés sur le terrain.  Ensuite, identifier des exemples et études de cas où les performances des soldats de la paix ont été « exceptionnelles ».  Puis communiquer clairement sur les lacunes et besoins en matière de formation, y compris à l’aide d’enquêtes en ligne, et utiliser l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix.

« Les soldates de la paix sont plus efficaces pour gagner le cœur et la confiance des populations locales », a déclaré la Ministre indonésienne, à la suite du Secrétaire général de l’ONU, en rappelant que leur participation contribue à accroître de 20% les chances de paix durable.  Dès lors, Mme Marsudi a encouragé à lever les barrières à la participation des femmes dans le maintien de la paix et à développer des formations adaptées pour leur permettre d’optimiser leur potentiel.

La Pologne a aussi estimé que seul un accès équitable et juste des femmes Casques bleus aux opportunités de formation et de développement permettra d’atteindre les objectifs ambitieux définis dans la stratégie 2018-2028 pour la parité du personnel en uniforme.  C’est ce que se sont efforcés de faire le Maroc ou l’Estonie.  

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Investir dans la paix: améliorer la sécurité et la performance des Casques bleus de l’ONU

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur les questions de maintien de la paix.

Le Conseil souligne l’importance du maintien de la paix comme l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour assurer la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil réaffirme les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels que le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou pour la défense du mandat, considère que le mandat de chaque opération de maintien de la paix est adapté aux besoins et à la situation du pays concerné et réaffirme qu’il escompte l’exécution intégrale des mandats qu’il autorise.

Le Conseil accueille avec satisfaction les efforts déployés par le Secrétaire général, dans le cadre de son initiative intitulée « Action pour le maintien de la paix », pour engager tous les partenaires et toutes les parties prenantes à accroître l’efficacité du maintien de la paix des Nations Unies, et reconnaît la valeur ajoutée que la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix apporte en matière de formation et de renforcement des capacités.

Le Conseil de sécurité se félicite de la décision prise par la Réunion ministérielle des Nations Unies sur le maintien de la paix, la Conférence des chefs d’état-major des Nations Unies et le Sommet des chefs de police des Nations Unies d’apporter un plus grand appui aux opérations de maintien de la paix, notamment dans le domaine de la formation et du renforcement des capacités, et souligne qu’il importe de donner suite aux engagements pris par un certain nombre d’États Membres lors de la Réunion ministérielle des Nations Unies sur le maintien de la paix tenue en 2019.

Le Conseil attend avec intérêt l’exposé annuel que le Secrétaire général devrait lui présenter en septembre 2019, en application de la résolution 2378 (2017).

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a considéré que le thème retenu pour ce débat public reflète l’engagement vigoureux de l’Indonésie en faveur du maintien de la paix, aussi bien ici à New York que sur le terrain, engagement qui s’est traduit par le déploiement de plus de 3 000 personnels en uniforme dans le cadre des opérations de l’ONU et par le « sacrifice ultime » de 37 Casques bleus.  L’amélioration de la formation et de l’entraînement des troupes est un engagement majeur de l’initiative Action pour le maintien de la paix, a rappelé le Chef de l’Organisation.  En effet, la formation « sauve des vies », à un moment où les soldats de la paix sont déployés dans des environnements de plus en plus complexes et hostiles.  En 1995, a-t-il relevé, une collaboration entre le Secrétariat et les États Membres a pris forme, l’Assemblée générale ayant confirmé les responsabilités qui leur incombent dans la formation préalable au déploiement des personnels en uniforme, et le Secrétariat ayant été chargé de prêter assistance dans l’élaboration de normes et de mettre à disposition des outils de formation.  « Aujourd’hui, a poursuivi le haut fonctionnaire, j’aimerais vous informer des progrès accomplis pour remplir notre engagement en faveur de l’entraînement et du renforcement des capacités. »

En matière de sûreté et de sécurité, le plan d’action visant à améliorer la sécurité du personnel de maintien de la paix de l’ONU continue d’être mis en œuvre.  Il est assorti de la mise en place d’un plan de formation complet.  Dans les cinq missions de l’ONU à haut risque –Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)– le Secrétariat a effectué des visites d’appui à la formation et à l’évaluation.  Nous organisons également des exercices d’évacuation de victimes, des tests de résistance et des exercices de gestion de crise dans le cadre de ces cinq missions, dans lesquelles le renforcement de la formation médicale est un autre élément clef, a précisé le Secrétaire général.  En outre, pour aider à répondre à la menace d’engins explosifs improvisés et à d’autres dangers, l’ONU collabore avec les pays fournisseurs de contingents et de forces de police pour veiller à ce que les unités rejoignant les missions soient passées par la phase de préparation opérationnelle avant déploiement, conformément aux normes de l’ONU. 

Un accent particulier est mis sur la formation pour veiller à ce que les soldats de la paix de l’ONU bénéficient du soutien nécessaire sur le terrain.  « Nous sommes particulièrement désireux de développer le recours à des équipes de formation mobiles et encourageons les États Membres à déployer de telles équipes pour fournir un soutien ciblé et flexible à nos missions », a exhorté le Secrétaire général.  Un cadre de normes de performance reposant sur des évaluations continues des unités militaires a été lancé, y compris pour le commandement et le contrôle, la protection des civils, la conduite et la discipline. Et le Secrétariat a renforcé la formation des responsables du maintien de la paix pour les civils, les militaires et la police. « Nous œuvrons également à la hausse du nombre de femmes au sein de nos opérations de maintien de la paix.  Une pépinière de talents destinés aux officiers supérieurs féminins est en cours de développement, et nous cherchons des moyens de rendre les environnements plus propices au déploiement de femmes. » Pour renforcer ces efforts, le soutien continu des États Membres sera essentiel, par le biais de programmes de formation, d’équipes de formation mobiles, de la traduction du matériel de formation dans les six langues officielles de l’ONU et de financements, a plaidé le haut fonctionnaire.

M. Guterres s’est dit encouragé par le fait que le nombre d’allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles perpétrées dans le cadre du maintien de la paix semble en baisse.  « Mais nous sommes également conscients que nous devons faire preuve de vigilance dans nos efforts de prévention et établir les responsabilités à chaque fois que la politique de tolérance zéro a été violée.  

Nous devons continuer à le faire en partenariat étroit avec les États Membres.  Les questions de conduite et de discipline constituent un élément essentiel des préparatifs préalables au déploiement et des missions, qui sont obligatoires pour tout le personnel de maintien de la paix civil, militaire et policier. » 

Le Secrétaire général s’est ensuite dit ravi que l’engagement collectif à mieux former et mieux équiper les soldats de la paix ait débouché sur un certain nombre de partenariats triangulaires efficaces entre le Secrétariat, les États Membres dotés de compétences et de ressources et les États Membres contributeurs de troupes.  « Nous avons facilité et dispensé une formation à 330 ingénieurs en uniforme et à 2 700 membres du personnel des transmissions en uniforme.  De nombreux stagiaires, dont 23 femmes, ont été déployés dans des missions, notamment la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), que nous appuyons.  À la suite du succès de la formation en ingénierie au Kenya, nous lançons cette année un cours d’assistant médical sur le terrain en Ouganda et allons organiser une formation en ingénierie au Viet Nam et en Indonésie en 2020. 

Des progrès notables ont été accomplis, mais il reste encore beaucoup à faire, a estimé M. Guterres.  Des lacunes dans la formation subsistent dans des domaines critiques tels que le maniement des armes, les premiers secours, les droits de l’homme et la protection.  Pour garantir la viabilité à long terme des partenariats et des initiatives triangulaires et autres, M. Guterres a instamment demandé aux États Membres d’envisager un financement accru, des contributions en nature sous forme d’équipement et un recours à des formateurs.  Il a également souligné à quel point il est important de recevoir davantage de candidatures de femmes pour participer à la formation.  Il s’est dit reconnaissant aux États Membres qui ont parrainé l’objectif de garantir la parité dans les cours dispensés aux officiers et demande à davantage d’États Membres de le faire.

Le général de corps d’armée ELIAS RODRIGUES MARTINS FILHO, Commandant de la Force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué que cette Mission est une des plus complexes de l’architecture de maintien de la paix et que malgré la modification de son mandat, elle a su innover pour préserver son efficacité.  Le personnel doit pouvoir appréhender l’environnement et les enjeux et s’adapter aux besoins, a-t-il indiqué, avant de passer en revue les principaux axes de la Mission, insistant notamment sur la protection des civils.  Il a aussi expliqué que depuis l’année dernière, la préparation des opérations intègre le point de vue de tout le personnel déployé, mais qu’il convient d’améliorer encore la communication avec les populations et les partenaires internationaux pour partager les réalisations de la Mission.  Peu savent que ces trois dernières années, plus de 6 000 enfants ont pu être libérés du joug des groupes armés, et que 114 autres l’ont été plus récemment au Nord-Kivu grâce au travail de la Mission.

S’agissant de la neutralisation des groupes armés, a enchaîné le Commandant, en 2019, plus de 5 000 combattants ont rendu ou tenté de rendre les armes; cependant les composantes désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) n’étant pas fortement ancrées, le processus n’a pu être achevé.  Le général de corps d’armée Filho a aussi parlé de la situation au Kasaï central où l’eau est au cœur des tensions entre plusieurs communautés.  La MONUSCO a donc lancé en début d’année un projet à effet rapide pour trouver de l’eau, qui a permis de réduire ces tensions.  Par ailleurs, la Force a pu déjouer une attaque sur un autre village et y mettre en œuvre un autre projet à effet rapide.

Sur la question de la formation, le Commandant de la Force de la MONUSCO a reconnu qu’il s’agit d’un processus continu qui doit tenir compte de l’environnement de déploiement, d’où l’importance, selon lui, de mettre l’accent sur la formation au sein même de la Mission.  Il a salué la décision de déployer une équipe d’experts dans la jungle en territoire Beni, notant que cet environnement exige une expertise particulière.  Il a aussi fait savoir que la performance des contingents fait l’objet d’une évaluation régulière et que les contingents rencontrant des problèmes majeurs ont été dument notifiés.  Des exercices de simulation sont régulièrement organisés au Siège ainsi que sur le terrain, de même que l’analyse des mécanismes de sécurité à l’intention des experts.  Les dispositifs de commandement ont été renforcés grâce à des visites régulières sur le terrain, le mécanisme de notification a été amélioré et des mesures d’évaluation des risques aériens ont été mises en œuvre.  Il en va de même pour ce qui est de la participation des femmes, a assuré le général de corps d’armée Filho.

M. BJÖRN HOLMBERG, Directeur de Challenges Forum International Secretariat, a expliqué que Challenges Forum est un partenariat de 49 départements et organisations civils, de police et militaires du monde entier, et que sept des 15 membres du Conseil en font également partie.  Depuis plus de 20 ans, le Forum s’est efforcé de « construire des ponts, générer des idées novatrices et promouvoir des résultats pour des opérations de paix plus efficaces ».

À cet égard, M. Holmberg a formulé quatre recommandations à l’intention du Secrétariat de l’ONU, en coopération avec les États Membres et les missions:  développer, à des fins de formation, des archives électroniques interactives des scénarios complexes auxquels les soldats de la paix ont été confrontés sur le terrain; identifier des exemples et des études de cas où les performances des soldats de la paix ont été exceptionnelles; utiliser l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix; communiquer clairement sur les lacunes et les besoins en matière de formation, y compris avec des enquêtes en ligne.

S’agissant du leadership en matière de maintien de la paix, Challenges Forum propose de mettre l’accent sur l’apprentissage en équipe, tout en appliquant des instruments de gestion et des approches modernes.  Dans cet esprit, le système d’examen d’ensemble des résultats du Département des opérations de maintien de la paix est un pas dans la bonne direction.  Ensuite, a recommandé M. Holmberg, il faut une formation fondée sur des mises en situation pour renforcer la cohésion des équipes dirigeantes intermédiaires et supérieures.  Enfin, il serait bon de renforcer l’initiative visant à fournir « des mentors » aux femmes et aux hommes qui sont à la tête des missions.

Du 9 au 11 juin prochain, le Gouvernement du Canada accueillera le Forum annuel du groupe, qui poursuivra sa réflexion sur la primauté du politique, la consolidation de la paix dans les opérations de paix et les transitions efficaces, le but étant de traduire concrètement les engagements de l’Action pour le maintien de la paix sur le terrain.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, est revenue sur les nombreux défis auxquels font face aujourd’hui les Casques bleus.  Le dernier incident survenu au Mali, en janvier dernier, est une parfaite illustration du changement de la nature des conflits et de l’absence d’engagement en faveur de solutions politiques.  Elle a pointé du doigt, entre autres, la formation inadaptée des troupes et l’implication d’acteurs transnationaux, notamment les groupes terroristes et les combattants terroristes étrangers.  Tous ces éléments impactent la sécurité et la performance des Casques bleus, alors même que « les missions de maintien de la paix sont plus efficaces que les actions unilatérales et huit fois moins chères ».  C’est pourquoi, a-t-elle poursuivi, l’Indonésie croit profondément dans l’action des Casques bleus et leur formation.  « Investir dans ce personnel, c’est investir dans la paix », a-t-elle insisté. 

La Ministre a proposé d’appréhender cette question tout d’abord dans le cadre d’une approche spécifique à chaque mission, car « une approche unique n’est pas suffisante ».  Elle a préconisé, à cet égard, une meilleure consultation entre le Conseil de sécurité, les pays hôtes, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.  Mme Marsudi a ensuite souligné l’importance de l’engagement des communautés, citant l’expérience de soldats de la paix indonésiens opérant au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) qui, dans le cadre de la réunification des familles séparées par les conflits et de la réintégration des ex-combattants, ont associé à leurs initiatives l’ensemble de la communauté.  Grâce à cette approche, s’est-elle réjouie, 422 anciens combattants ont pu rejoindre leurs familles.

La Ministre a insisté sur la nécessité d’investir dans les femmes, car cela revient à investir dans la paix.  « Les soldates de la paix sont plus efficaces pour gagner le cœur et la confiance des populations locales »; leur participation contribue à augmenter les chances d’une paix durable de 20%.  Dès lors, elle a encouragé à lever les barrières devant la participation des femmes dans le maintien de la paix et à développer des formations adaptées pour leur permettre d’optimiser leur potentiel.  Pour sa part, l’Indonésie qui compte plus de 100 femmes Casques bleus, est déterminée à promouvoir le rôle des femmes en tant qu’agents de la paix.  Elle en veut pour preuve l’organisation le mois dernier à Jakarta d’un atelier régional de formation sur les « femmes, paix et sécurité » en faveur de jeunes femmes diplomates dans la région de l’Asie du Sud-Est. 

Enfin, Mme MARSUDI a proposé de faire du Centre de maintien de la paix indonésien une plateforme internationale.  Elle a annoncé que son pays accueillera le « projet de partenariat triangulaire » durant la période 2020-2021 pour apporter une formation de qualité aux soldats de la paix de la région.  Pour finir, elle a mis l’accent sur l’importance des opérations de maintien de la paix des Nations Unies qui sont l’illustration du multilatéralisme par excellence et l’outil le plus efficace et légitime pour le maintien de la paix, saluant, à cet égard, l’adoption de la déclaration présidentielle. 

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a estimé que la formation et le renforcement des capacités des opérations de maintien de la paix doivent permettre, entre autres objectifs, d’améliorer leur efficacité opérationnelle et la culture de la performance.  S’agissant en particulier des composantes militaires, il a estimé que la formation devra essentiellement prendre en compte la connaissance et la parfaite maîtrise des matériels mis à leur disposition, notamment ceux relatifs au transport et à la communication.  Elle devra également, a-t-il ajouté, mettre l’accent sur les stratégies de combat et de protection des troupes, y compris en matière d’évacuations médicales.

Pour la Côte d’Ivoire, il incombe dès lors aux pays contributeurs de troupes, avec l’appui de l’ONU et de tous les partenaires techniques et financiers, de mettre à la disposition de leurs contingents respectifs des équipements conformes aux standards admis afin de leur permettre de faire face efficacement aux attaques récurrentes des forces asymétriques.  M. Moriko a aussi souhaité que la formation insiste sur la protection des civils, le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Il importe également de prendre en compte le rôle des femmes dans les missions ainsi que la plus-value qu’elles représentent dans les actions de médiation et de prévention des tensions communautaires et de lutte contre les violences sexuelles dans les conflits.  Le représentant a ensuite annoncé que la Côte d’Ivoire ambitionne de contribuer un contingent de 650 hommes au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), précisant que la préparation de ce contingent est en phase d’achèvement.

L’une des activités fondamentales des missions de maintien de la paix consistant à œuvrer étroitement avec les acteurs humanitaires, M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a jugé important d’augmenter les capacités du personnel militaire concernant le travail humanitaire et les principes et normes qui le régissent.  Le représentant a aussi appelé à l’adoption de mesures de protection du personnel de maintien de la paix, souvent visé par des attaques.  Il a ensuite appuyé la poursuite de mesures concrètes d’amélioration de la formation, la création de capacités et la mise en œuvre de mécanismes conjoints et coordonnés entre le Secrétariat, les pays fournisseurs de contingents, les organisations régionales et sous-régionales et le Conseil de sécurité. 

Parmi ces mesures, M. Singer Weisinger a préconisé: des analyses collectives et proactives des diverses menaces sur le terrain qui entravent la réalisation des mandats; l’analyse de la planification stratégique des prises de décisions en cas de situations critiques; la formation dans les domaines appropriés pour chaque contexte; l’évaluation constante du personnel de maintien de la paix pour appliquer le principe de responsabilité si les résultats ne sont pas satisfaisants, et, à l’inverse, la reconnaissance des bonnes actions.   

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a renouvelé son appui aux réformes entreprises par le Secrétaire général à l’appui du maintien de la paix de l’ONU.  Il s’est félicité que la formation des personnels soit envisagée comme une responsabilité commune, rappelant que la plupart des personnels de mission travaillent dans des conditions très difficiles.  Pour améliorer cette situation, il est indispensable d’impliquer davantage les pays contributeurs de troupes dans la formation des Casques bleus.  Ceux-ci, a observé le représentant, doivent pouvoir disposer d’une diversité linguistique afin de mieux communiquer avec les populations civiles dont ils assurent la protection.  La délégation a exprimé, en conclusion, son appréciation vis-à-vis des femmes qui servent dans le cadre des opérations de maintien de la paix; il n’est plus à démontrer que leur présence constitue un atout.  

Plus les Casques bleus seront formés, plus ils seront à même d’atteindre des niveaux de performance ambitieux, a prédit Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni).  Elle a rappelé les risques auxquels ils sont confrontés sur le terrain, notant qu’un meilleur équipement leur permettra de mieux faire face aux dangers.  Les compétences du personnel doivent aussi porter sur la protection des civils, la lutte contre les violences sexuelles et autres et le respect des droits de l’homme, a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite estimé que si un pays fournisseur de contingents échoue dans la formation de son personnel, il serait approprié que celui-ci rende des comptes afin d’identifier les enseignements à tirer.

La représentante a ensuite appuyé l’élaboration d’un cadre politique de performance et a insisté sur l’importance d’un prédéploiement robuste.  Elle a exhorté le Secrétariat à fournir au Conseil de sécurité des informations à jour sur la performance des missions et les mesures qui s’imposent pour améliorer leur transparence.  Mme Pierce a aussi parlé des partenariats, estimant qu’un partage des informations et des enseignements tirés profiterait à tous.  Elle a fait savoir que le Royaume-Uni compte 11 000 personnels de maintien de la paix et appuie la formation des Casques bleus du Viet Nam.  Mon pays respecte en outre les normes les plus élevées en matière d’équipement, a-t-elle assuré.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a repris à son compte l’analyse du Secrétaire général ce matin, pour qui la formation « sauve des vies ».  Il a fait état du déploiement par son pays d’équipes de formation mobiles au sein de plusieurs opérations de maintien de la paix, aussi bien pour assister les personnels en tenue que les personnels civils.  Son gouvernement, a-t-il dit, continuera d’appuyer notamment les contingents de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), en veillant à ce que leur soient fournis des renseignements de qualité sur le terrain et qu’ils disposent des moyens nécessaires pour les analyser en vue de pouvoir améliorer leurs performances.  La délégation a insisté sur le fait qu’il est indispensable que le personnel reçoive également une formation destinée à prévenir les violences sexuelles et sexistes.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a insisté sur l’importance de la Déclaration d’engagements communs, feuille de route pour l’amélioration continue des missions.  Elle s’est aussi dite convaincue qu’une formation prédéploiement « sur mesure », ainsi qu’un ajustement adéquat des équipements destinés aux troupes et aux personnels de police, s’impose, d’où l’importance de privilégier des partenariats triangulaires et un mécanisme de coordination léger.  La représentante a aussi estimé que seul un accès équitable et juste des femmes Casques bleus aux opportunités de formation et de développement permettra d’atteindre les objectifs ambitieux définis dans la stratégie 2018-2028 pour la parité du personnel en uniforme.

Mme Wronecka s’est aussi attardée sur l’importance des capacités de partage de l’information, notant que l’analyse de données est importante pour l’amélioration du maintien de la paix.  Une meilleure connaissance des situations, y compris des informations sur des pays précis émanant des communautés locales, permet d’améliorer la planification et d’identifier des objectifs clairs et atteignables, a-t-elle relevé.  Mais une telle préparation ne peut se faire que si les pays fournisseurs de contingents disposent d’un tableau complet sur les plans opérationnel, politique, géographique et sécuritaire.  Une coopération plus rapprochée entre le Siège et les missions est donc nécessaire, a-t-elle conclu.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déclaré qu’investir dans l’édification d’une paix durable et viable exige d’importantes transformations sociales et institutionnelles au sein des États.  Le maintien de la paix est de la responsabilité de chacun de ces États, a-t-il poursuivi, en soulignant l’importance de la coopération internationale à cet égard.  Améliorer la sécurité et la performance du personnel de maintien de la paix de l’ONU suppose, selon le représentant, de mettre en œuvre tous les aspects de la Déclaration d’engagements communs ainsi que l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Pour la délégation, enfin, il est impératif de fournir à l’Union africaine les ressources dont elle a besoin pour s’acquitter de ses obligations subsidiaires découlant du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  « Un financement prévisible et durable des opérations de paix sous leadership africain est indispensable, de même que les contingents africains disposent des capacités, formations et équipements nécessaires pour s’acquitter de leurs mandats », a souligné M. Ndong Mba.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a noté que l’efficacité du maintien de la paix dépend directement de la formation de son personnel, dont la responsabilité principale incombe aux États Membres.  Il a indiqué que des soldats de la paix russes participent à huit opérations de maintien de la paix et notamment à l’octroi d’engins d’aviation.  La Russie a élaboré tout un système qui dispense une formation à la fois spécialisée et plus générale, et qui tient également compte de l’aspect linguistique.  Le représentant a appelé à une coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et l’ONU, estimant que des contacts directs entre les États qui élaborent des programmes de formation et ceux qui y participent s’imposent.  Selon lui, les initiatives lancées par le Secrétariat ne doivent pas entrer en concurrence avec les programmes de formation déjà mis sur pied par les États.  Pour le représentant, « il importe plus que tout de tenir compte de la perspective des pays ».

M. Polyanskiy a ensuite insisté sur l’étape « décisive » qu’est la définition des mandats, s’inquiétant de « la tendance à vouloir créer des mandats dit robustes ».  « Cela risque de faire des soldats de la paix des cibles, a-t-il averti.  Le maintien de la paix doit maintenir la paix et non pas créer des risques supplémentaires ».  Par ailleurs, la Russie ne peut appuyer la création de liens entre le recours à la force, les droits de l’homme et la protection de la population civile.  Le représentant a aussi dénoncé la tentative de certains États de contourner le Comité spécial des opérations de maintien de la paix pour imposer au Conseil de sécurité des questions au sujet desquelles les opinions des membres divergent.

M. MARTHINUS VAN SHALKWYK (Afrique du Sud) a appelé à renforcer la sécurité des missions en utilisant des technologies modernes afin de permettre aux soldats de la paix de contrer les attaques et de faire face aux menaces asymétriques.  Il a noté que les chapitres qui portent sur le renforcement des capacités du maintien de la paix africain dans le rapport annuel du Comité spécial des opérations de maintien de la paix sont pertinents au débat.  Après avoir rappelé l’importance du rôle des organisations régionales, le représentant a appelé à veiller à disposer de la formation et des capacités nécessaires pour augmenter le nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Il a ensuite indiqué que l’Afrique du Sud a mis sur pied un programme de formation prédéploiement sur l’exploitation et les atteintes sexuelles et fourni une formation pendant le déploiement des missions afin d’améliorer la connaissance des situations et le niveau de préparation.  Une formation de six semaines à l’intention des unités d’intelligence tactique a par ailleurs été dispensée aux troupes d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi en prévision de leur déploiement en République démocratique du Congo (RDC).

M. Van Shalkwyk a ensuite appelé l’ONU à envisager d’établir des équipes de formation technique chargées d’organiser des ateliers pour aider les pays fournisseurs de contingents à améliorer la formation et identifier les manquements de capacités durant l’étape préparatoire.  Ces pays doivent aussi analyser l’étendue des opérations dans le contexte du paysage sécuritaire afin de créer des scénarios pour les unités militaires et d’établir une base de référence pour la formation des missions, a-t-il conseillé.  Il a aussi appelé le Secrétariat à élargir la portée et le nombre de centres de formation des soldats de la paix en Afrique.  Il conviendrait en outre d’élaborer une doctrine commune du maintien de la paix entre l’ONU et les institutions régionales de formation au maintien de la paix.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a appelé à faire un diagnostic des multiples défis et difficultés auxquels se heurtent les opérations de la paix à l’heure actuelle.  Il a notamment évoqué le climat chaque fois plus hostile dans lequel elles opèrent et l’émergence d’acteurs non étatiques qui incluent des groupes d’insurgés, des terroristes ou des membres de la criminalité organisée.  Le Pérou a demandé que les résolutions du Conseil de sécurité énoncent « des mandats clairs aux objectifs réalisables du point de vue opérationnel ».  Concernant les missions ayant des tâches spécifiques, il a insisté sur les stratégies de désarmement, démobilisation et réinsertion, sur la réforme du secteur de la sécurité ou les opérations de déminage.  Dans le domaine du droit international humanitaire et des droits de l’homme, il a encouragé à mettre l’accent sur la lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles de la part du personnel des missions de paix.

En sa qualité de Coprésident du Groupe informel « femmes, paix et sécurité », le représentant a jugé important que le personnel en tenue soit conscient de la nécessité de protéger et d’autonomiser les femmes dans des contextes de conflit et postconflit.  À ce propos, il a voulu partager les synergies qui se produisent en Amérique latine, notamment avec la création de l’Association latino-américaine de centres d’entraînement pour les opérations de maintien de la paix (ALCOPAZ) axée sur l’intégration et la coopération mutuelle.  Il a aussi encouragé à faire participer des organisations de la société civile, comme les centres de recherche et les universités avec lesquels il faudrait signer des accords de coopération et développer des alliances.  Enfin, le Pérou accueillera en octobre prochain la vingt-cinquième Conférence annuelle de l’Association internationale des centres de formation au maintien de la paix (IAPTC).  

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a déclaré que la responsabilité première de la formation du personnel en uniforme déployé dans les opérations de maintien de la paix échoit au pays fournisseur de contingents.  Il est donc important que le Secrétariat s’assure de l’opérationnalité des contingents à l’issue de la formation préalable au déploiement, a-t-il dit.  La Belgique a déclaré qu’elle appuie celui-ci, en particulier le Service intégré de formation dans leur mission de fournir aux contributeurs de troupes un matériel de formation complet et à jour, notamment en traduisant des manuels de formation en français.  L’un des outils de formation continue après le déploiement réside dans le recours à des équipes itinérantes de formation, a relevé par ailleurs le représentant. 

« En ce moment, la Belgique met de telles équipes à la disposition de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MISNUMA) pour quatre périodes de six semaines, afin de fournir une formation ciblée sur les besoins de la Force, notamment en aide de première urgence.  Il s’agit d’un partenariat entre le Secrétariat, un pays fournisseur d’instructeurs et de pays contributeurs de troupes, et cela, en étroite coordination avec la Mission.  Nous comptons sur le Secrétariat pour rapidement faciliter l’opérationnalisation d’un mécanisme de coordination léger. »  Enfin, a souligné M. Pecsteen de Buytswerve, les membres des opérations de paix doivent être sensibilisés aux mesures de protection des enfants. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a indiqué que l’ONU a effectivement besoin de Casques bleus bien formés, bien équipés, et au fait du mandat qu’ils ont à mettre en œuvre, afin que les opérations de maintien de la paix soient les plus efficaces.  « Au Mali, par exemple, des équipements adéquats auraient permis d’éviter plusieurs décès parmi les Casques bleus.  Sur de nombreux théâtres d’opération, une meilleure formation préalable des officiers d’état-major serait nécessaire.  Plus largement, un travail sur l’interopérabilité de ces États-majors permettrait aussi d’apporter une réponse plus efficace aux menaces contre les civils et renforcerait la sécurité des Casques bleus eux-mêmes », a analysé le représentant.  Au sein du Conseil de sécurité, la France met déjà en application ses engagements en matière de maintien de la paix.  Sur les mandats dont nous sommes porte-plumes, a dit M. Delattre, nous nous efforçons d’être exemplaires, en mettant en pratique une grande partie des engagements énoncés dans la déclaration commune de l’initiative Action pour le maintien de la paix adoptée en septembre dernier. 

Sur la question des formations et du renforcement des capacités, la France est particulièrement mobilisée dans le domaine de la formation des pays contributeurs de troupes francophones, a précisé M. Delattre.  Ainsi, Paris soutient six centres de formation aux missions de l’ONU en Afrique, trois en Amérique latine et un en Asie, qui contribuent à renforcer les capacités des futurs contingents.  Le Gouvernement français renforce également les compétences de ces contingents dans des domaines spécialisés comme le déminage, la santé, la police judiciaire, la logistique ou encore la protection civile grâce à un réseau d’écoles nationales à vocation régionale et « notre réseau de 320 experts insérés au plus près des forces de défense et de sécurité dans de nombreux pays ».  Par ailleurs, a poursuivi le délégué, la France s’engage à former l’an prochain plus de 30 000 militaires africains aptes à servir dans des opérations de maintien de la paix.  L’accent est mis sur les formations dites de « rafraichissement » durant les missions pour assurer un suivi des instructions réalisées et, pour la cinquième année consécutive, la France organisera une formation de formateurs des Nations Unies, au profit d’une quarantaine d’officiers d’état-major francophones.

M. MA ZHAOXU (Chine) a appelé à accorder une attention primordiale aux capacités des pays fournisseurs de contingents, notamment les pays en développement.  Il a aussi jugé nécessaire d’exploiter le rôle du Secrétariat, l’appelant à fournir des informations mises à jour sur l’évolution de la situation sur le terrain.  Il faut aussi créer des liens entre l’offre et la demande, renforcer la coopération bilatérale et régionale et accompagner les organisations régionales, notamment l’Union africaine dans ses efforts d’établissement de la force de réaction rapide en Afrique.

Près de 2 500 Casques bleus chinois travaillent dans de nombreux domaines et la Chine accorde une attention toute particulière à leur formation, a poursuivi le délégué.  La Chine appuie également les efforts des autres pays fournisseurs de contingents, dispensant une formation dans le déminage à leurs soldats de la paix.  Le fonds d’affection chinois pour le maintien de la paix a ainsi permis d’appuyer près de 10 projets de renforcement des capacités.  Huit sessions de formation ont été menées en Afrique en 2018 et il devrait y en avoir 15 cette année.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a indiqué qu’une formation et une responsabilisation de qualité peuvent contribuer directement à la sécurité des soldats de la paix en uniforme, mais aussi des populations civiles qu’ils sont censés protéger.  Les États-Unis, a-t-il indiqué, sont « le partenaire bilatéral le plus important au monde en matière de formation et de renforcement des capacités » du maintien de la paix.  Les effectifs de police formés conjointement avec les États-Unis passent régulièrement les évaluations préalables au déploiement, et les unités de police rwandaises formées par les États-Unis, tant de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) que de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), ont reçu des médailles d’excellence du service des Nations Unies en reconnaissance de leur leadership et de leurs efforts pour protéger les civils, s’est enorgueilli M. Cohen. 

Grâce à ses initiatives de maintien de la paix, Washington fait plus que dispenser des cours de formation.  « Nos activités d’assistance visent en outre à remédier aux carences susceptibles de nuire aux résultats ou à l’efficacité d’une opération de maintien de la paix.  Par exemple, nous avons dispensé de la formation et fourni du matériel à 41 pays partenaires pour développer 82 capacités habilitantes essentielles distinctes –telles que des sociétés d’ingénierie, des hôpitaux et des unités fluviales– en vue de leur déploiement au sein d’opérations de maintien de la paix », a expliqué M. Cohen.  Notre formation vise également à augmenter le nombre de femmes civiles et en uniforme qualifiées participant au maintien de la paix.  Plus de 11 000 femmes militaires et de police ont participé à des activités de formation au maintien de la paix aux États-Unis dans le cadre de l’Initiative en faveur des opérations de paix dans le monde et du programme Soutien international aux opérations de maintien de la paix de la police (IPPOS), a poursuivi la délégation américaine.

La sécurité, a-t-il dit, ne concerne pas seulement la formation et le renforcement des capacités, il s’agit avant tout d’améliorer les performances des soldats de la paix.  « C’est la raison pour laquelle nous avons rédigé la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité, adoptée par consensus en septembre dernier, et nous nous félicitons de l’engagement pris par le Secrétaire général de mettre en œuvre une politique de performance intégrée », a déclaré le représentant, en soulignant que les États-Unis sont déterminés à faciliter sa mise en œuvre intégrale et rapide.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine, a indiqué que la participation de son pays au maintien de la paix n’avait pas faibli, même au plus fort de l’agression armée contre lui.  Il s’est inquiété du taux de décès parmi les Casques bleus, y voyant un rappel du niveau insuffisant de sécurité et de sûreté du personnel.  Il s’est inquiété du fait que certains États « essaient très fort » d’empêcher l’ONU et le Conseil de sécurité de répondre aux violations des droits de l’homme dans le contexte de la paix et de la sécurité internationales.  Il s’est opposé à la définition de mandats qui n’ont rien à voir avec la mise en œuvre d’accords de paix, pour ensuite insister sur l’importance de fournir des financements et des capacités suffisantes aux opérations, notamment dans les domaines de l’aviation, du renseignement de pointe et des technologies modernes.

Le Ministre adjoint a ensuite appelé le Conseil à continuer de dialoguer avec les pays fournisseurs de contingents lors de l’établissement et du renouvellement des mandats afin de veiller à une bonne formation du personnel.  Il faut aussi éliminer la violence sexuelle au sein des missions et y assurer un équilibre paritaire.

L’Uruguay, a indiqué M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay), a déjà déployé plus de 45 000 hommes et femmes dans le cadre de 20 opérations de maintien de la paix, faisant de son pays le premier contributeur de troupes du continent américain et l’un des 20 premiers dans le reste du monde.  Son pays estime que le renforcement des capacités des pays fournisseurs de contingents est crucial pour améliorer les performances et l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Les formations sont donc indispensables dans ce cadre, a poursuivi M. Bermudez, qui s’est félicité de l’adoption de la résolution 2436 (2018) en septembre dernier et du lancement, le 28 septembre dernier, de l’initiative Action pour le maintien de la paix, et de la Déclaration d’engagements communs.  L’Uruguay a rappelé en conclusion que son pays avait organisé, conjointement avec le Royaume-Uni, la réunion préparatoire de Montevideo sur « l’entraînement et le développement des capacités », qui, avec la participation de 42 États Membres, a permis de préparer la Conférence ministérielle sur le maintien de la paix organisée le 29 mars dernier.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a estimé que la formation a besoin d’être spécialisée et adaptée aux différents contextes, axée sur des scénarios concrets et des directives pratiques sur les moyens de répondre à la situation sur le terrain.  Il a cité en exemple une formation aux interventions d’urgence à laquelle il a assisté à Djouba, au Soudan du Sud, au sein de la Mission de l’ONU déployée sur place (MINUSS).  « Bien sûr, ce qui compte, ce n’est pas seulement comment nous formons, mais aussi qui nous formons », a considéré le représentant.  Les études et l’expérience acquise démontrent qu’une plus grande diversité conduit à de meilleurs résultats pour les opérations de maintien de la paix, en apportant des perspectives, des atouts, des connexions et des forces variées, a assuré M. Blanchard.  La formation et le renforcement des capacités devaient viser à accroître la diversité, notamment en élargissant la représentation de tous les États Membres au sein des opérations de maintien de la paix, mais également en assurant la participation pleine et effective des femmes à tous les niveaux des opérations de paix, a-t-il relevé.  Il a en conclusion salué les efforts de Djibouti pour offrir un cours de formation en français consacré au renforcement des capacités des pays de la francophonie en matière de maintien de la paix, « un leadership qui mérite notre appui ».

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a estimé que la formation et le renforcement des capacités ne devraient pas être envisagés comme une activité ponctuelle, mais comme des outils pour renforcer l’efficacité opérationnelle des missions à l’échelle de leur « cycle de vie ».  Elle s’est dite convaincue de la nécessité d’un dialogue entre le Secrétariat de l’ONU et les pays contributeurs de troupes ainsi qu’entre pays contributeurs de troupes eux-mêmes, avant de plaider en faveur de partenariats dans le secteur des formations.  L’Italie, qui est le plus important fournisseur de Casques bleus au sein du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, a placé les formations et le renforcement des capacités au cœur de son action dans le domaine du maintien de la paix, a assuré Mme Zappia.  Ainsi, les centres de formation militaires italiens –dont le Centre d’excellence pour les unités de police de stabilisation basé à Vicenza, le Centre d’étude des opérations postconflit basé à Turin, et le Centre d’excellence d’assistance à la sécurité des forces près de Rome–ont fourni, au cours des 15 dernières années, des formations de qualité spécialisées à des dizaines de milliers d’officiers de police et militaires en provenance de 118 pays, et à 17 organisations internationales, a précisé en conclusion la représentante.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a appelé le Secrétariat à mener une évaluation « réaliste » des contingents sélectionnés et déployés sur le théâtre des missions, soulignant que la compétence des troupes occupe une place critique dans les critères de sélection.  Il a aussi engagé les pays fournisseurs de contingents à respecter les plans de formation, y compris pendant l’étape du prédéploiement, pour éviter que des tâches essentielles ne soient apprises « sur le tas ».  Après avoir indiqué que l’Inde avait commencé à financer, l’an dernier, le programme « pour une pipeline vers le commandement du maintien de la paix » de l’ONU, le représentant a salué l’initiative des équipes itinérantes de formation visant à regrouper les instructeurs des États Membres.  Il a en outre fait observer que des unités spécialisées, comme les hôpitaux de campagne et les unités de génie déjà déployés au sein des missions, peuvent dispenser une formation à certains groupes clefs des missions.  Pour sa part, l’Inde a établi des partenariats avec d’autres États Membres dans le domaine du renforcement des capacités, comme avec le Kazakhstan au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Le pays a également récemment achevé un exercice de terrain sur le maintien de la paix avec 18 pays africains.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a jugé nécessaire de renforcer les mécanismes existants afin d’évaluer les besoins concrets de chaque mission pour permettre à la formation de tenir compte des défis sur le terrain.  Il a aussi insisté sur l’importance de la formation avant le déploiement, tout en notant qu’elle pourrait aussi s’avérer nécessaire au cours des missions afin de maintenir les capacités des troupes et de s’adapter aux changements de circonstances.  Le Brésil s’est d’ailleurs engagé à déployer au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) une équipe d’experts sur les opérations dans la jungle.  En coopération avec l’ONU, le Brésil accueillera également, en 2019, un cours de formation aux premiers soins, suivi, en 2020, d’un atelier à l’intention des dirigeants des missions.  Avant tout, la formation doit permettre aux opérations de maintien de la paix d’avoir un impact transformateur sur le terrain, a souligné le représentant, notant la réussite des projets à impact rapide.  Les Casques bleus doivent aussi recevoir une formation adéquate pour pouvoir être « les premiers à agir en faveur de la consolidation de la paix ».

Compte tenu d’un environnement opérationnel complexe et des défis auxquels font face les opérations de maintien de la paix, M. KORO BESSHO (Japon) a estimé impératif d’améliorer à la fois la performance ainsi que la sécurité et la sûreté des Casques bleus.  Il a salué les mesures prises par l’ONU et les États Membres à travers le renforcement des capacités des acteurs mais reconnu que davantage doit être fait par les différentes parties.  Pour sa part, le Japon a appuyé la formation de Casques bleus issus de 45 pays ces cinq dernières années.  Se basant sur l’expérience acquise en la matière, le représentant a encouragé le partenariat triangulaire.  L’ONU, a-t-il noté, dispose de différents canaux pour identifier les besoins à travers l’envoi notamment de visites d’évaluation des performances des missions sur le terrain.  M. Bessho a plaidé pour un fort partenariat entre le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.  Il a rappelé à, cet égard, le cadre novateur lancé en 2014 par le Secrétariat pour promouvoir ce type de formation.  Le partenariat triangulaire peut être mis à profit pour développer tout type de plateforme de formation depuis l’infanterie jusqu’aux facilitateurs.  Il a ensuite suggéré l’établissement d’un mécanisme efficace pour permettre une expertise rapide d’un nombre important de personnels en un court laps de temps.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a insisté sur l’importance de la formation avant le déploiement, ajoutant que la performance des troupes pakistanaises témoigne de l’emphase placée par son pays sur leur formation.  Elle a appelé à intégrer les meilleurs pratiques et l’expérience acquise sur le terrain à des manuels et à les partager avec les parties clefs.  De plus, « les formateurs doivent avoir une véritable expérience de terrain dans le maintien de la paix et ne pas dépendre uniquement de la théorie ».  La représentante a aussi estimé que l’élaboration des mandats des missions doit se faire dans le contexte d’un processus graduel afin de pouvoir consulter les pays contributeurs de contingents.  Les mécanismes de consultation trilatérale méritent d’être améliorés et mieux utilisés, et le Groupe des pays fournisseurs de contingents, coprésidé par le Pakistan et le Maroc, s’est affirmé comme « une plateforme informelle » importante pouvant être utilisée à cette fin.  Mme Lodhi a également insisté sur la dimension collective du maintien de la paix et a appelé à établir des objectifs réalistes et à veiller à l’implication de l’ensemble des parties prenantes.

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a déclaré qu’une formation préalable au déploiement reposant sur des normes consolidées était vitale pour répondre aux attentes grandissantes de l’ONU.  Il a en outre pleinement appuyé des mandats plus réalistes, robustes et précis pour les opérations de maintien de la paix.  Il a expliqué que les missions étaient en effet multidimensionnelles, avec des objectifs allant au-delà du simple maintien de la paix.  De ce fait, il faut que les missions soient plus souples et capables d’adaptation constante, a-t-il dit, insistant sur la pertinence des engagements partagés au titre de l’Action pour le maintien de la paix.  Le représentant a également jugé impératif d’accroître le nombre de femmes Casques bleus et de promouvoir leur participation pleine et effective aux opérations de maintien de la paix.  Il a ajouté que l’Estonie, pays fournisseur de contingents, avait amélioré les opportunités de formation des femmes au sein de ses forces armées ce qui ne manquera pas d’avoir un impact positif sur l’accélération de la parité hommes-femmes en encourageant les femmes à se porter candidates dans l’armée et la police.  Il est également crucial de sensibiliser tous les Casques bleus par une formation aux droits de l’homme et aux aspects liés à l’égalité de genre dans les opérations de maintien de la paix, notamment la prévention et la réponse à la violence sexuelle dans les conflits et l’élimination de l’exploitation et des atteintes sexuelles.

Mme MONA JUUL (Norvège), intervenant également au nom du Danemark, de la Finlande, de l’Islande et de la Suède, a indiqué que les pays nordiques coopèrent pour offrir une série de cours de formation au maintien de la paix, ouverts à l’ensemble des États Membres.  Au Mali, une équipe mobile nordique de formation technique a lancé un projet pilote qui a permis de former plus de 400 soldats et officiers originaires du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, d’Égypte et du Libéria.  L’accent était placé sur les stratégies nécessaires pour faire face à l’environnement sécuritaire de la Mission, et le projet a permis d’identifier l’importance d’une préparation bien coordonnée de la part des parties impliquées avant la période de formation.

La représentante a aussi insisté sur l’importance de la gestion de crise, y compris l’évacuation de blessés et les évacuations médicales, ainsi que la protection des civils.  La connaissance des situations est essentielle, ainsi que la bonne conduite et les approches sexospécifiques.  Des efforts spécifiques s’imposent également pour veiller à ce que les femmes puissent participer à l’ensemble des activités de formation, et il convient de réellement déployer celles qui ont été formées.  La formation doit par ailleurs porter sur le travail nécessaire pour prévenir, enquêter et traduire en justice les auteurs de crimes graves commis à l’encontre des Casques bleus.

Israël est engagé à travailler avec les Nations Unies pour partager son expertise médicale et améliorer la formation des pays fournisseurs de contingents, a affirmé Mme NOA FURMAN (Israël).  Elle a rappelé que son pays avait déjà contribué à deux initiatives avec la Division de la gestion des soins et de la sécurité et de la santé au travail.  En effet, a-t-elle argué, « si le personnel de la paix est formé aux soins de premiers secours de nombreuses vies pourront être sauvées », car 90% des décès surviennent entre le moment de l’accident et l’arrivée des secours.  Israël a déjà initié avec l’ONU une action pour développer un manuel de premier secours au profit des Casques bleus et dispensé des cours à cet égard en Italie et en Irlande.  De plus, le pays travaille avec l’Organisation pour mettre en place un guide pratique médical de formation sur le terrain.

À travers son interaction avec les Nations Unies dans ce domaine, Israël a observé des différences significatives dans le niveau de préparation des troupes. C’est pourquoi Mme Furman a suggéré de mettre en place des normes générales pour l’ensemble des forces.  Cependant, si l’ONU doit fournir des conseils et faire en sorte que ces règles répondent aux exigences opérationnelles, elle ne peut être responsable de la formation de chaque troupe.  Une fois que l’approche a été définie, approuvée et démontrée dans le cadre de formations, il revient au pays contributeur de contingents de s’assurer que ces règles sont mises en œuvre, a relevé la représentante.  Pour faciliter cette approche, il faut, selon lui, promouvoir le partenariat triangulaire.

Les Fidji ont payé un lourd tribut au maintien de la paix, a rappelé le représentant de ce pays, en déplorant la perte de 60 Casques bleus, hommes et femmes, ce qui nous rappelle, a-t-il dit, l’importance du renforcement des capacités, essentiel pour une meilleure efficacité et pour réduire le nombre des victimes.  Le maintien de la paix évolue, passant de simples missions d’observation de cessez-le-feu à des missions multidimensionnelles complexes.  À cet égard, le travail que réalise l’ONU est de loin le plus important et doit être bien appuyé.  Il doit être cohérent et prévisible.  « Il s’agit de créer des espaces pour permettre la prise de risques mesurés pour la viabilité de la paix. »  Les personnels doivent recevoir des formations adaptées aux nouvelles menaces, comme le terrorisme.  De plus, a fait remarquer le représentant, les changements climatiques, le stress hydrique ou l’insécurité alimentaire peuvent exacerber les conflits et même être à l’origine de nouveaux différends.  C’est pourquoi il a plaidé pour un renforcement des capacités axées sur des compétences plus spécifiques.  Il a évoqué le plan d’action des Fidji au sein des missions avec le plein appui de ses partenaires régionaux, notamment l’Australie et la Nouvelle-Zélande.  Enfin, c’est fort de 40 ans d’expérience que le représentant a souligné l’importance de développer empathie et confiance avec les populations locales pour comprendre leur culture et « renforcer le dialogue ».

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a souligné qu’il y a 23 ans, son pays avait créé le Centre argentin de formation interarmées aux opérations de maintien de la paix (CAECOPAZ), qui a formé des milliers d’officiers, de sous-officiers, de Casques bleus des deux sexes, et du personnel civil argentin et d’autres nations.  Il a signalé que le personnel qui revient d’une mission de maintien de la paix est tenu de faire un rapport dans lequel il décrit les enseignements tirés et suggère des améliorations.  D’autre part, des cours de formation transversale sont dispensés en matière de prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles, de droit international humanitaire, d’objectifs de développement durable et de consolidation de la paix.  Les cours visent à faire prendre conscience des fonctions d’autres acteurs du système de l’ONU dans la mise en œuvre des mandats, notamment de la Commission de la consolidation de la paix.

M. García Moritán a requis un soutien technique et financier pour les pays fournisseurs de contingents de sorte à améliorer leurs compétences sur le terrain.  Les missions de leur côté doivent bénéficier de ressources adéquates pour s’acquitter de leurs mandats.  Au titre de débat de la Cinquième Commission sur le budget des opérations de maintien de la paix, l’Argentine a recommandé d’éviter de nouvelles coupes dans les postes et programmes relatifs au développement, aux droits de l’homme, au genre, à la protection de la femme et de l’enfant.  Ces postes et programmes jouent un rôle clef dans la communication des vulnérabilités particulières de différentes populations, a-t-elle argué, expliquant que plus de femmes Casques bleus amélioreront énormément les communications et relations entre les opérations de maintien de la paix et les communautés locales.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a évoqué l’engagement historique de son pays dans les opérations de maintien de la paix.  El Salvador contribue aujourd’hui à huit d’entre elles avec 289 membres du personnel militaire et de police.  Il a conseillé de former et d’équiper le personnel civil et en uniforme avant son déploiement et, dans la mesure du possible, de générer les capacités spécialisées nécessaires à chaque mission, notamment dans la connaissance des langues.  D’autre part, il a appelé à doter le personnel d’une perspective fondée sur le genre, soucieuse de l’autonomisation des femmes et de leurs expériences et capacités spécifiques.  Le représentant a souligné que sur le plan national, des efforts importants sont consentis par le biais du Centre d’entraînement pour les opérations de maintien de la paix sous la tutelle du Ministère de la défense qui, par des accords internes, permet la formation de membres de la police civile, d’observateurs militaires et de futurs instructeurs.  Il est indispensable d’accorder plus de visibilité et de viabilité à la formation du personnel de la consolidation de la paix, a-t-il demandé. 

L’Union européenne salue les réformes conduites par l’ONU pour examiner l’architecture globale de paix et de sécurité, a affirmé M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne.  Elles constituent une étape cruciale visant à adapter « notre action collective ».  C’est pourquoi, il voit dans l’initiative Action pour le maintien de la paix, une autre étape importante sur cette voie.  Il a réitéré l’importance des solutions politiques dans le règlement des conflits, en s’attaquant notamment à leurs causes profondes et en privilégiant la prévention.  Cela est l’essence même de la Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne, qui répond également à la volonté du Secrétaire général de faire de la prévention un élément central des efforts en matière de paix et de sécurité de l’ONU, a-t-il poursuivi.  S’agissant de la sécurité et de la sûreté du personnel des Nations Unies, M. Vale de Almeida a salué les initiatives de l’ONU ayant pour objectif d’intégrer les technologies modernes en matière de maintien de la paix.  Cependant, a-t-il nuancé, celles-ci ne peuvent être la seule solution. 

« Nous continuons de soutenir les efforts de l’ONU de développer davantage ces capacités » pour les missions en cours et futures y compris à travers le partenariat ONU-Union européenne, en matière d’opérations de maintien de la paix et de gestion des crises.  Le représentant a, à cet égard, insisté sur une formation appropriée et adaptée, en tant qu’élément central de toute politique performante en la matière.  Il a réitéré la détermination de l’Union européenne de demeurer un partenaire loyal, non seulement pour soutenir les opérations de maintien de la paix, mais également dans le cadre de sa politique commune renforcée de sécurité et de défense.  Une approche reflétée sur le terrain au Mali, en République centrafricaine, en Somalie, en Libye, dans les Balkans ou encore en Iraq.  M. Vale de Almeida a également évoqué l’engagement de l’Union européenne en matière de promotion du programme « Femme, paix et sécurité ».  Pour finir, il a tenu à saluer l’accent mis par le Secrétaire général sur le partenariat ONU-Union européenne en tant qu’élément clef pour la paix et la sécurité mondiales.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a indiqué que son pays avait mis sur pied un système de formation rigoureux qui met l’accent sur la spécificité des missions, les règles d’engagement et la connaissance situationnelle.  Des experts dans des domaines précis, notamment du personnel précédemment déployé au sein des missions, élaborent des scénarios et participent à l’équipe de certification des contingents.  Les femmes, a-t-il assuré, sont une partie intégrante des équipes de formation.  Le représentant a ensuite salué le lancement du système complet d’évaluation des performances, notamment au sein de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) où est déployé le plus important contingent slovaque.  Il s’est aussi félicité de la visite que doit effectuer le mois prochain, en Slovaquie, la Commandante de cette Force.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a parlé de la vision et du rôle humanitaire de son pays, 100 000 soldats hommes et femmes ayant servi sous le drapeau de l’ONU à travers le monde, et ce, en dépit de l’environnement complexe dans lequel les différentes opérations de maintien de la paix opèrent.  La Jordanie attache une importance particulière aux efforts déployés par le Secrétaire général afin de réformer le département concerné.  De même, la représentante s’est dite fière de voir que son pays a été parmi les premiers à appuyer l’initiative Action pour le maintien de la paix du Chef de l’ONU.  Elle a, en outre, salué les efforts visant au renforcement des capacités des opérations de paix ainsi que la diplomatie préventive.  Elle a rappelé la contribution de la Jordanie à travers un institut qui a formé 66 000 soldats jordaniens et d’autres pays, en matière notamment de protection des enfants et de droit international humanitaire.  Il s’agit également de sensibiliser les personnels sur la diversité sociale, ethnique, tribale, ainsi que sur la culture arabo-musulmane.  Par ailleurs, la Jordanie s’est engagée à la mise en œuvre du Plan d’action « femmes, paix et sécurité ». 

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a jugé important de souligner les diverses initiatives et actions menées afin de traiter de questions aussi fondamentales que l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général à laquelle son pays souscrit, l’objectif étant de rendre les opérations plus robustes, mieux sécurisées et de mobiliser le soutien en faveur de solutions politiques.  De même, il a mis en exergue la Déclaration d’engagements communs appuyée par 151 États Membres, dont son pays, par laquelle « nous renouvelons notre engagement collectif envers les opérations de maintien de la paix de l’ONU et réaffirmons la primauté de la solution politique » dans la résolution des conflits.  Fidèle à sa conviction d’être un pays au service de la paix, l’Équateur a participé à plusieurs opérations de maintien de la paix, notamment à la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).  L’Équateur s’est engagé à augmenter le pourcentage de participation des femmes en tant qu’observatrices militaires, a par ailleurs indiqué le représentant.  Il a, à cet égard, évoqué les différents séminaires organisés et axés sur la parité, qui illustrent, a-t-il conclu, la reconnaissance de l’importance de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix ainsi que la volonté de promouvoir l’égalité des sexes au sein des forces armées du pays.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a demandé que l’on aide les pays contributeurs de troupes à mettre en place des capacités suffisantes en matière de maintien de la paix.  Il faut investir, a-t-il poursuivi, dans les multiplicateurs critiques comme l’ingénierie, l’aviation ou encore la logistique et mettre en place une formation spécifique à chaque mission.  Les Casques bleus doivent aussi pouvoir maîtriser les compétences, les langues et les éléments clefs du droit international et du droit international humanitaire.  Il faut, a encore dit le représentant, les préparer à l’alerte rapide et aux partages de l’information.  Il faut enfin promouvoir les partenariats et les codéploiements.  Le représentant s’est dit heureux d’annoncer que les cours sur la protection des civils et des officiers dispensés par le Centre de formation au partenaire pour la paix ont été certifiés et mis à la disposition de toutes les nations partenaires.  Il a aussi annoncé que le cinquième Symposium des Nations Unies sur le partenariat pour les technologies dans le maintien de la paix aura lieu du 28 au 31 mai à Nour-Sultan.

M. HUSNI MUSTAFA YAGOUB HUSNI (Soudan) a rendu hommage à tous les Casques bleus qui ont perdu leur vie au service de l’humanité.  Il a souligné l’importance des formations et du renforcement des capacités, et invité les pays contributeurs à « joindre la parole à l’acte » afin de tenir les engagements pris.  Il faut, d’après lui, rationaliser les formations prodiguées en Afrique en renforçant notamment la formation des femmes, tout en tenant compte des cultures sur place pour avoir un impact maximal en termes de performance et de sécurité.  Il faut aussi renforcer les capacités de renseignement par une amélioration de la confiance entre le Secrétariat et les organisations et les contingents sur le terrain.  Partant de l’expérience du Soudan, il a évoqué le travail positif de ses missions d’observation dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine aux Comores et, sous la houlette de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), au Soudan du Sud. 

M. JUAN ANTONIO BENARD ESTRADA (Guatemala) a reconnu que la formation et la discipline avant, pendant et après le déploiement, étaient essentielles pour les forces tant militaires que policières, de manière à apporter une réponse proportionnée et concrète aux attaques ciblant la population civile et pour la défense du personnel impliqué dans les missions de maintien de la paix.  Il a salué les guides et le matériel élaborés par le Secrétariat tout en déplorant que ceux-ci n’incluent pas des éléments nécessaires pour évaluer si la formation a été dispensée de façon effective à l’ensemble du personnel déployé.  Il a répété à cet égard qu’il est de la responsabilité du Secrétariat de concevoir, mettre en œuvre et valider les normes, et d’évaluer la formation dans le domaine de maintien de la paix.  Le représentant a en outre mis l’accent sur l’importance de la traduction dans les six langues officielles du matériel de formation spécialisée dans la protection des civils et dans d’autres sujets.  Le Guatemala, a-t-il précisé, compte depuis 2004 un commandement régional de formation des opérations de maintien de la paix (CREOMPAZ), qui fait partie de l’Association latino-américaine des centres des opérations de la paix (ALCOPAZ), certifié par l’ONU en novembre 2014.       

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné qu’en tant que pays contributeur de troupes, le Maroc estime que la responsabilité de dispenser une formation de qualité, à la hauteur des standards onusiens, échoit certes aux pays contributeurs mais est également partagée avec le Secrétariat.  Il s’est félicité de l’engagement du Secrétaire général dans ce sens.  Il faut, selon lui, éviter de lier uniquement la notion de performance, qui demeure complexe, aux troupes.  La performance dépend en effet d’une multitude de facteurs, et la formation, bien qu’importante, n’est qu’un facteur parmi d’autres.  Les différents processus existants tels que les conférences ministérielles, les sommets des chefs d’états-majors ainsi que de la police, ont annoncé des engagements substantiels dans divers domaines, a-t-il relevé.  Le représentant a préconisé que ceux-ci soient gérés de manière appropriée, notamment par la mise en place d’un « mécanisme léger de coordination » devant rassembler les pays qui offrent des formations avec ceux qui en ont besoin.  Il a appelé à la promotion de la participation des femmes dans le maintien de la paix et à s’assurer qu’elles puissent bénéficier de toutes les formations nécessaires. 

Le Maroc, a assuré M. Hilale, peut apporter une contribution significative dans le domaine de la formation et du renforcement des capacités.  En effet, a-t-il dit, son pays qui participe aux opérations de maintien de la paix depuis les années 60, a pu développer une expertise reconnue.  Le Maroc a été le premier pays contributeur de troupes déployées en Côte d’Ivoire et également en République centrafricaine.  De même, son pays est lié par des accords de coopération militaire avec plus d’une trentaine de pays africains, accueillant des soldats de toutes catégories poursuivant des formations, y compris en matière de prédéploiement.  Compte tenu de cette expérience, le Maroc, a-t-il conclu, est prêt à répondre favorablement à toute sollicitation émanant de la part d’un autre pays contributeur de troupes. 

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a rappelé que 88% du personnel de maintien de la paix déployé sur le terrain provient de ces pays et que les 10 plus grands fournisseurs de contingents sont des pays non alignés.  Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de consultations triangulaires efficaces, d’une alliance revitalisée, d’une responsabilité partagée entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et de forces de police et le Secrétariat, pour procéder à des évaluations objectives.  Le représentant a notamment insisté sur des mandats bien définis, réalistes et réalisables; sur la volonté politique, le leadership, le bon accomplissement des tâches et l’application du principe de responsabilité à tous les niveaux; et sur des ressources humaines et financières adéquates.  Le Mouvement s’est également engagé à accroître le nombre de femmes, civiles et en tenue, dans les opérations de maintien de la paix, et a réaffirmé son appui à la politique « tolérance zéro » du Secrétaire général sur l’exploitation et les atteintes sexuelles, y compris les initiatives du pacte volontaire et du cercle des leaders.     

M. ION JINGA (Roumanie) a rappelé que depuis 1991, plus de 12 500 militaires, policiers et personnel de protection rapprochée roumains ont servi dans 25 missions des Nations Unies.  Avant leur déploiement, les Casques bleus roumains reçoivent une formation spéciale afin de communiquer en anglais et en français, d’exécuter les mandats des missions et d’appliquer les techniques de premiers secours.  La Roumanie a aussi pris des mesures pour former les officiers étrangers comme l’école d’application des cadres de la gendarmerie roumaine qui donne des cours sur les matériels avant le déploiement à quelque 240 officiers francophones de 28 États d’Europe, d’Afrique et d’Asie.  M. Jinga a aussi parlé du Service de protection roumain qui est la seule unité de protection rapprochée au monde donnant des formations de protection pour les hauts fonctionnaires de l’ONU.  Totalement acquise à la résolution 2436 (2018), la Roumanie estime que tous les États Membres devraient reconnaître que, si les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police restent responsables de la formation préalable au déploiement, conformément aux normes des Nations Unies, la sécurité et les performances des forces militaires et de la police sur le terrain relèvent de la responsabilité collective des États Membres et du Secrétariat de l’ONU.

Au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a souligné l’importance d’une approche plus coordonnée et d’un nouveau partenariat plus fort à tous les niveaux.  Le représentant a ajouté que la réalisation effective et efficace des mandats dépend de la qualité et des capacités des Casques bleus.  Assurer que les soldats de la paix connaissent les normes de l’ONU avant et durant le déploiement est la priorité de tous.  La sûreté et la sécurité des Casques bleus est une responsabilité partagée de tous.  Toutes les parties prenantes au maintien de la paix partagent et assument la responsabilité de garantir des mandats de mission réalistes, des ressources adéquates, une formation et une administration efficaces pour le succès des missions de maintien de la paix.

En sa capacité nationale, M. Srivihok a assuré que les Casques bleus thaïs sont préparés, formés et équipés pour répondre aux défis de leurs missions.  En juillet de cette année, avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, la Thaïlande organisera une formation régionale sur la question des enfants et les conflits armés. 

M. NUNO VAULTIER MATHIAS (Portugal) a déclaré que les difficultés sur le terrain ne doivent pas affaiblir la responsabilité partagée des États Membres, le but étant d’atteindre « un taux de victimes nul ».  En tant que pays fournisseur de contingents, il a considéré la formation comme une priorité absolue, pour assurer la réalisation des mandats.  Le personnel militaire et de police du Portugal est formé aux normes les plus élevées du droit international et du droit international humanitaire, et en ce qui concerne la sécurité des civils, en particulier des femmes.  Le Portugal envisage d’organiser des cours de formation sur les capacités et le leadership des femmes.  De plus, avec la Belgique, le Danemark et la Norvège, le pays a conclu un accord de concept de rotation des unités de transport aérien dans le cadre de sa participation à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Le représentant a estimé par ailleurs que le rapport Santos Cruz fournissait des recommandations complètes en vue de la promotion de la formation et donc de la sûreté et la sécurité des Casques bleus.  Selon M. Vaultier Mathias, l’une des vertus du rapport est qu’il identifie les voies et moyens pour le Secrétariat et les États Membres d’intégrer les politiques de différents domaines (médical, engins explosifs improvisés et solutions technologiques). 

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a indiqué que si des divergences et des nuances persistent dans l’approche visant à renforcer les opérations de maintien de la paix, l’on peut sans nul doute se féliciter qu’il y ait un consensus fort en vue d’un investissement accru dans la formation et le renforcement des capacités.  La formation est un investissement stratégique qui permet aux personnels militaire, policier et civil de l’ONU de s’acquitter efficacement de leur mission de plus en plus ardue, a-t-il poursuivi.  Djibouti, qui a 2 000 hommes en Somalie, une force au Darfour et des femmes et des hommes sur d’autres « terrains de paix onusiens », a appelé l’ONU et la communauté internationale à promouvoir une coopération et une cohérence stratégiques accrues dans le cadre de la prévention des conflits en Afrique.  Il a en particulier encouragé à plus de consultations en temps réel avec l’Union africaine et avec les organisations sous-régionales avec des évaluations et analyses conjointes afin de recommander aux organes décisionnels des options cohérentes.  Ces interactions régulières doivent porter une attention accrue aux menaces nouvelles et aux moyens de renforcer le partenariat pour y faire face, a souligné M. Doualeh. 

Notant que trois missions de maintien de la paix en Afrique sont dans des pays francophones, le représentant a cependant constaté que la contribution francophone reste « largement en dessous des aspirations » et exhorté les pays francophones fournisseurs à être davantage informés des différents aspects liés aux contributions.  Il a annoncé la tenue, les 24 et 25 juin prochains, à Djibouti, d’un séminaire avec les Gouvernements canadien, français, irlandais et le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie sur cette question.  Ce mécanisme de coordination souple permettra de sensibiliser les pays contributeurs de troupes francophones aux différents enjeux relatifs à leurs contributions, y compris féminines au maintien de la paix, s’est-il félicité.  

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a salué le choix de ce sujet, en particulier avec l’élan créé par l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général.  L’initiative vise à vise à renforcer l’efficacité du maintien de la paix pour répondre à l’évolution de l’environnement en renouvelant l’engagement de toutes les parties.  Il existe une corrélation entre la formation et le renforcement des capacités et la contribution de cette formation et de ce renforcement des capacités à l’amélioration de la performance des Casques bleus.  Cependant, la formation et le renforcement des capacités ne sont que l’un des facteurs.  Il y a aussi des aspects politiques qui devraient être reconnus.  « Le maintien de la paix est un outil pour soutenir la solution politique du conflit », a fait valoir le représentant.  La formation et le renforcement des capacités des troupes en l’absence de mandats clairement définis, de tâches vérifiables et de ressources suffisantes n’atteindront pas le résultat escompté, d’où l’importance d’une approche globale pour aborder le sujet de la performance et de la sécurité des Casques bleus, a-t-il dit.  L’Égypte a toujours été un des grands pays fournisseurs de contingents et l’un des premiers pays à avoir soutenu l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Pour finir, il a évoqué la Réunion de haut niveau sur le renforcement des capacités tenue au Caire en novembre dernier sous le thème « Améliorer la performance des opérations de maintien de la paix: du mandat à la sortie ».

« Le maintien de la paix fait partie de l’identité irlandaise à l’ONU », a affirmé Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), qui, citant le Premier Ministre de son pays a dit être « aussi fière des Casques bleus que de la harpe ou du trèfle ».  Elle s’est ainsi enorgueillie de la longue tradition de son pays dans le maintien de la paix et de la préoccupation constante de l’Irlande pour la sécurité des troupes déployées, ce qui rend d’autant plus importants la formation et le renforcement des capacités et le profond engagement des Forces de défense irlandaises dans ce domaine.  Elle a noté que la nature complexe des conflits expose inévitablement à plus de risques pour la sûreté et la sécurité de « nos braves Casques bleus » et qu’il est impératif de bénéficier d’une formation de qualité.  Elle a cité le travail de l’Irlande dans la formation de personnel de déminage, notamment d’engins explosifs improvisés.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a souligné la pertinence de ce débat qui permet de dialoguer sur un sujet aussi important que la formation adéquate pour une meilleure performance des Casques bleus et la bonne réalisation des mandats.  À cet égard, elle est revenue sur trois points portant notamment sur l’initiative Action pour le maintien de la paix, l’engagement à l’action ainsi que sur les bonnes pratiques.  S’agissant de l’Action pour le maintien de la paix, elle s’est félicitée du large soutien dont a bénéficié la Déclaration d’engagements communs ainsi que des différentes étapes entreprises par le Secrétariat pour avancer.  Elle a appelé le Secrétariat et les États Membres à demeurer engagés dans le cadre de cette Déclaration qui constitue une « feuille de route » pour toute action future.  Elle a ensuite encouragé à une véritable coordination si nous voulons renforcer les missions de maintien de la paix et améliorer la sécurité et la sûreté de nos personnels.  À cet égard, elle a appelé le Secrétariat à jouer un rôle « proactif » en identifiant les besoins en matière de formation pour qu’ils soient adaptés.  Elle a salué le développement et l’opérationnalisation du mécanisme de coordination souple que son pays soutient.  Pour finir, elle a plaidé pour mettre à profit les bonnes pratiques en tant que modèles pour promouvoir nos actions et améliorer la formation et le renforcement des capacités. 

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a souligné que l’investissement dans la formation et les activités de renforcement de capacités est essentiel pour améliorer la performance des soldats de la paix.  L’Éthiopie est d’ailleurs convaincue que le risque porté à leur sécurité et sûreté peut être contrôlé et géré grâce à la formation et à des manœuvres appropriées.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance d’élaborer des mandats réalistes et de doter les missions de personnels capables d’utiliser les équipements de manière efficace, sans oublier un leadership compétent et une bonne coordination à tous les niveaux.  Le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents, les États Membres et le Secrétariat doivent travailler ensemble pour assure la bonne formation et le bon équipement des personnels en uniformes.  Le représentant a ensuite appelé à équilibrer les mandats avec les exigences en matière de ressources afin, a-t-il expliqué, d’identifier et de répondre aux problèmes, de combler les écarts et d’évaluer l’impact de la performance.  Après avoir insisté sur le fait que les opérations de maintien de la paix doivent être dotées de ressources financières et humaines adéquates, M. Amde a constaté que les approches novatrices, comme les partenariats triangulaires et le codéploiement, pourraient changer certaines positions erronées concernant la performance des pays contributeurs de contingents.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a affirmé que la formation et le renforcement des capacités des Casques bleus constituent un investissement fondamental pour le maintien de la paix.  « Notre investissement pour la paix doit démarrer chez nous, au niveau national, et être appuyé et coordonné aux niveaux régional et international », a-t-il voulu.  Le Viet Nam, qui a entériné la Déclaration d’engagements communs, s’emploie à inclure une formation avant la mission, suivie d’une mise à jour pendant le déploiement.  La préparation devrait inclure une sensibilisation adéquate à l’environnement du déploiement comme les particularités historiques, religieuses, ethniques, sociales, culturelles et politiques, a-t-il enjoint, soulignant à cet égard « l’énorme utilité » des matériels de formation de prédéploiement de base et appelé à leur mise à jour par l’ONU, avec l’assistance des pays et organisations régionales et internationales concernés.

Sur le plan régional, M. Dang a conseillé de se concentrer sur l’échange d’information et des pratiques optimales, précisant que comme les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) fournissent 5% des Casques bleus, il y aurait beaucoup à partager et à apprendre, notamment par un renforcement de la coopération entre les centres de formation de maintien de la paix.  Sur le plan international, il a insisté sur le partenariat de responsabilité partagée entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de troupes et le Secrétariat, ainsi que sur la mise à jour du matériel de formation, des normes et du financement.    

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a souligné que les programmes de formation doivent être conçus sur la base d’une analyse complète du mandat et du contexte local de déploiement des missions.  Il est donc critique de renforcer les capacités de collecte et d’analyse de données du Secrétariat, a-t-il estimé.  Relevant que certains pays fournisseurs de contingents ont des ressources limitées en matière de formation et d’équipement, le représentant a dit qu’il faut leur fournir un appui adéquat.  Il a salué les partenariats triangulaires et les mécanismes de coordination légers.  De son côté, la République de Corée s’est engagée à accueillir cinq cours de formation de l’ONU, auxquels pourront participer d’autres pays, et à fournir des véhicules tout terrain et renforcés contre les mines pour appuyer les opérations en Afrique.  Estimant que les soldats de la paix doivent être mieux formés pour pouvoir interagir avec les communautés locales, M. Cho a appelé à élaborer des directives en la matière.  Le personnel des missions doit notamment disposer d’un « savoir approfondi des cultures et des institutions des sociétés d’accueil », et « maîtriser les langues locales ».  Enfin, il a fait observer que le renforcement des capacités du secteur sécuritaire des pays hôtes est tout aussi important, si ce n’est plus, que la formation des Casques bleus.  Cela faciliterait les stratégies de sortie des missions et préviendrait toute reprise des conflits.

M. MOHD SUHAIMI AHMAD TAJUDDIN (Malaisie) a réaffirmé le soutien de son pays au rôle central joué par l’ONU dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le personnel est souvent déployé dans des environnements instables et périlleux.  C’est pourquoi il doit être doté d’une bonne formation, y compris en matière de survie, d’autant plus que les mandats de maintien de la paix sont de plus en plus complexes, incluant la protection des civils, la lutte contre la violence sexuelle ainsi que les défis posés par les violations des droits de l’homme.  Le représentant a appuyé un module commun de formation avant le déploiement pour assurer la sûreté et la sécurité des Casques bleus, y compris des femmes soldates qui jouent un rôle vital dans le succès d’une mission.  Pour sa part, la Malaisie compte actuellement quatre observatrices militaires gradées.  Le pays a également déployé 40 Casques bleus femmes au sein de son bataillon dans la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

Au nom d’un pays qui a déployé depuis 1958, 140 000 soldats et policiers dans les opérations de l’ONU, M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a souligné l’importance qu’il y a à bien expliquer les mandats aux Casques bleus.  Ces mandats et les capacités des soldats de la paix doivent régulièrement être adaptés à la réalité sur le terrain et en l’occurrence, le Secrétariat peut déployer des équipes mobiles de formation composées de Casques bleus expérimentés.  Les indicateurs de performance, a poursuivi le représentant, doivent être élaborés en tenant dûment compte des mandats, de la réalité sur le terrain et de la disponibilité des ressources ainsi que des obstacles et des lacunes.  La performance doit d’ailleurs être considérée comme la responsabilité du leadership, lequel doit répondre de ses actes.  Il ne faut pas non plus oublier de saluer les performances hors pair « pour booster » le moral des troupes.  En aucun cas, a aussi prévenu le représentant, l’absence de réserves nationales doit exposer les soldats de la paix à des tâches, des déploiements, des rotations ou des accusations « déraisonnables ».  La performance doit être le premier critère pour la rotation des troupes. 

La dimension « genre » a poursuivi le représentant, doit être intégrée à la formation et un cursus tout spécial doit être prévu pour les soldates de la paix.  Il faut aussi, a-t-il conclu, revitaliser le Comité spécial des opérations de maintien de la paix pour qu’il puisse plus efficacement donner des directions aux opérations.  Les Départements des opérations de paix et d’appui aux missions doivent jouer un rôle de chef de file pour veiller aux mêmes normes dans la formation.  Dans chaque région, un centre d’excellence régional pour la formation au maintien de la paix doit être identifié et appuyé.  Le Népal a d’ailleurs fait de son centre un centre régional. 

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Observatrice permanente de l’Union africaine, a expliqué l’importance qu’elle attache à ce débat par le fait que 7 des 14 opérations de maintien de la paix sont déployées en Afrique, représentant environ 80% de tout le personnel en uniforme au service des Nations Unies.  En outre, 18 des 30 plus grands contributeurs de troupes sont africains, tout comme près de la moitié des hommes en uniforme et 63,4% des soldates de la paix.  L’Afrique mérite donc d’être soutenue par tous les moyens pour aplanir les difficultés que ses Casques bleus rencontrent tous les jours dans l’exercice de leur mandat avec pour seule arme « leur détermination ».  Moins équipés, les Casques bleus africains méritent d’être mieux formés pour assumer efficacement leurs responsabilités, a souligné la représentante.

Après avoir fait état des initiatives prises par l’Union africaine pour améliorer la formation de ses soldats de la paix, la représentante a appelé les pays contributeurs à déployer les meilleurs de leurs soldats et policiers dans les opérations de maintien de la paix.  Des organisations comme l‘ONU et l’UA doivent élaborer des mandats réalistes et déployer tous les moyens nécessaires pour que les missions puissent les exécuter de manière optimale.  Cela veut dire, a insisté la représentante, que le Conseil de sécurité doit répondre favorablement à l’appel « légitime » que l’Union africaine lance depuis longtemps pour que ses opérations d’appui à la paix soient financées par les quotes-parts des États Membres de l‘ONU.  Le Conseil, a-t-elle insisté, doit jeter un regard neuf sur cette question, compte tenu des efforts en cours de l’UA dont l’opérationnalisation récente du Fonds pour la paix.  

M. SOVANN KE (Cambodge) a dit que pour atténuer les risques encourus par les Casques bleus, et pour assurer l’efficacité des opérations, les missions de maintien de la paix doivent recevoir les ressources nécessaires, notamment l’accès à la technologie moderne et à l’information.  Des ressources financières fiables leur sont indispensables.  Le représentant a ajouté que pour assurer la sûreté et la sécurité du personnel de l’ONU ainsi que du peuple que l’Organisation sert, les Casques bleus doivent être adéquatement formés.  Le Cambodge, a assuré son délégué, est pleinement engagé dans la formation avant le déploiement de son personnel et se focalise sur les capacités requises.  La formation fait partie intégrante du succès de la mission et constitue un investissement dans l’apprentissage, l’amélioration des performances et la réalisation efficace des mandats.  Le Cambodge gère deux centres de formation avant le déploiement avec l’aide de l’ONU, des États-Unis, de la France, de la Chine, du Japon et de l’Inde.  La formation des responsables devrait être renforcée afin de garantir que les soldats de la paix soient commandés par des gens compétents et capables.  Cette formation devrait inclure la compréhension des mandats des missions, du système de Nations Unies, du droit international, de la résolution de conflit ainsi que de l’analyse stratégique.

Mme TEGAN BRINK (Australie) a prévenu que le maintien de la paix n’est pas un « phénomène statique ».  Les missions d’aujourd’hui opèrent dans un environnement bien différent que celui de 1948 quand l’Australie appuyait pour la première fois une opération de l’ONU.  Maintenir la paix, c’est embrasser l’innovation, a poursuivi la représentante, qui a souligné que le succès des mandats exige une évolution constante de la formation et une amélioration tout aussi constante de l’analyse et de la planification conjointes.  L’Australie, a-t-elle rappelé, déploie des instructeurs depuis 1993 pour contribuer au développement des capacités dans d’autres pays.  Les équipes mobiles de formation sont d’ailleurs une façon rentable de partager les expériences et de renforcer les capacités.  Le Centre australien de formation aux opérations de paix fournit aussi une formation multinationale de très bonne qualité et l’Australie y finance l’inscription des ressortissantes d’un large éventail de pays.

Notre coopération avec le Viet Nam, a poursuivi la représentante, est l’exemple vivant d’un partenariat efficace.  Les deux pays ont travaillé ensemble pour améliorer les capacités linguistiques et préparer le personnel médical avant le déploiement au Soudan du Sud.  Le partenariat avec les Fidji et la Nouvelle-Zélande vise aussi à renforcer les capacités par la formation et le partage des compétences.  Le partage des informations, a ajouté la représentante, est tout aussi crucial pour assurer l’adéquation entre les ressources et les besoins des pays contributeurs de troupes.  En l’occurrence, le mécanisme de coordination souple du Secrétariat est pour l’Australie une mesure à saluer puisqu’il devrait assurer une meilleure cohérence dans la formation et le renforcement des capacités.  Un accès amélioré aux dernières mises à jour des politiques et des enseignements tirés du maintien de la paix permettra aux États d’offrir une formation plus ciblée et plus adaptée à une mission donnée, a souligné la représentante. 

L’Australie, a-t-elle aussi souligné, accorde un intérêt particulier à la formation en ligne.  Elle a contribué au développement d’un tel programme à l’Institut de formation aux opérations de paix.  Elle appuie également tous les efforts visant à ajouter un cadre de performance intégré dans toutes les missions et à rédiger des rapports fondés sur des données.  Comprendre plus clairement l’efficacité d’une mission, c’est pouvoir voir là où la formation peut encore être mieux ciblée pour améliorer la performance, a conclu la représentante.  

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que chaque année depuis 2010, il contribue entre 150 et 200 femmes Casques bleus, soit 1 600 Bangalaises au total dans les opérations de maintien de la paix, conformément à l’engagement du pays.  En 2018, le Bangladesh était au cinquième rang pour ce qui a trait au déploiement des femmes.  Le représentant a appuyé les initiatives du Secrétaire général, en particulier la politique de tolérance zéro d’atteintes sexuelles commises par des Casques bleus.  Son pays, a-t-il expliqué, tient compte des besoins propres à chaque contexte, avec une formation basée sur l’apprentissage de la langue, la compréhension du rôle et des fonctions d’autres groupes et organisations impliquées dans l’opération en question.  Différents cours sont proposés par l’Institut de formation aux opérations de paix, également chargé de la préparation des manuels destinés aux cursus de formation, a-t-il précisé.  Les futurs Casques bleus sont aussi formés aux menaces que posent les engins explosifs improvisés. 

L’an dernier, le Bangladesh et l’Allemagne ont organisé une formation sur ces engins.  Il a dit compter poursuivre des collaborations de cette nature, en encourageant également à la collecte de données et à l’analyse des meilleurs moyens de bien préparer les Casques bleus à leur travail dans des contextes différents. 

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a déclaré que « seule une préparation opérationnelle de qualité permet aux soldats de la paix de garder l’ascendant moral sur les forces négatives ».  Il a expliqué que l’entraînement des unités au Sénégal a l’ambition de répondre aux exigences de permanence, de globalité et d’adaptation aux menaces et que les méthodes sont périodiquement évaluées et mises à jour.  Les unités choisies sont aguerries pendant quatre mois dans un centre d’entraînement tactique et cette préparation est complétée par des modules les familiarisant avec le Code de conduite et les standards de l’ONU, ainsi qu’aux questions liées au genre, à l’exploitation et aux atteintes sexuelles et aux us et coutumes du pays hôte.  Ces centres de formation sont aussi l’objet d’un projet ambitieux qui pourrait à terme les ouvrir aux pays amis contributeurs de la sous-région et les modules d’entraînements sont enrichis du retour d’expériences des contingents rentrants.

M. Barro a ensuite constaté que le document écrit, exigé par le Département des opérations de paix, certifiant que tous les membres du contingent ont reçu l’entraînement adéquat et qu’aucun ne fait l’objet d’une procédure judiciaire en cours, ne garantit pas l’aptitude du contingent à faire face sur le terrain, ni ne donne d’assurance que ses membres se conformeront au Code de conduite de l’ONU.  Il a jugé indispensable que le Département s’implique davantage dans le processus en arrêtant notamment, avec les pays contributeurs, les différents programmes d’entraînement.  Il a aussi appelé à envisager le recours aux technologies modernes.  Par ailleurs, tenant compte de l’implantation des missions dans les pays francophones, principalement en Afrique, le Sénégal réaffirme l’impératif de la promotion du multilinguisme dans le cadre de ces missions.

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a encouragé les États Membres à établir des « centres d’excellence » dans leur région afin d’appuyer les formateurs.  Elle a aussi conseillé de partager l’analyse des menaces et les données avec d’autres missions afin d’améliorer la sécurité et la sûreté des soldats de la paix et des civils.  S’agissant de la capacité et de l’autorité des commandants à répondre aux situations d’urgence sur le terrain sans devoir consulter les conseillers juridiques des missions, la représentante a appelé à limiter les restrictions imposées par les pays hôtes.  Les Philippines appuient par ailleurs une augmentation du nombre de femmes au sein des missions.

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