8560e séance – matin
CS/13857

Conseil de sécurité: au Soudan du Sud, le désir de paix est « palpable » mais la mise en œuvre de l’Accord revitalisé reste le seul moyen de trouver une solution durable

La mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud reste le seul moyen de parvenir à une solution politique à la crise, a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), en présentant son rapport trimestriel, ce matin, au Conseil de sécurité.  Si les dividendes de la paix sont déjà perceptibles, la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord, signé le 12 septembre 2018, a aggravé l’incertitude entourant le processus de paix, a regretté M. David Shearer. 

Juste avant le 12 mai 2019, date marquant la fin des huit mois de la période de prétransition, les parties sud-soudanaises ont décidé à l’unanimité de proroger de six mois ladite période pour permettre la mise en œuvre des conditions préalables indispensables à la transition.  Au titre de ces conditions, il y a le règlement de la question du nombre d’États et des limites de ceux-ci; l’examen et la rédaction de textes de loi essentiels; l’incorporation de l’Accord revitalisé à la Constitution de la transition; le cantonnement, la formation et le redéploiement des forces unifiées.  L’Union africaine (UA), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’ONU ont travaillé ensemble pour appuyer le processus en cours, a rappelé M. Shearer.  Mais, a-t-il prévenu, nous sommes tous d’avis que cette prorogation doit être « la dernière ».  Même s’il est possible que certaines tâches ne puissent pas être complètement achevées d’ici à novembre, « cela ne devra pas retarder la formation du gouvernement de transition ».  Le Chef de la MINUSS a donc exhorté les parties à maintenir un esprit de compromis et de collaboration.

Sur une note positive, il a indiqué que la mise en œuvre de l’Accord revitalisé continue de progresser et que le cessez-le-feu se maintient, sauf dans l’Équatoria-Central.  De fait, la violence politique a diminué, ce qui veut dire que des centaines, voire des milliers de personnes, sont restées en vie, s’est félicité le représentant spécial.  En outre, depuis la signature de l’Accord, plus d’un demi-million de personnes ont pu retourner chez elles et l’accès humanitaire a été amélioré, tandis que plus de 110 rapprochements, dont un quart directement facilités par la MINUSS, ont eu lieu dans des communautés à travers tout le pays.

Toutefois, les violations et abus liés au conflit demeurent un réel motif de préoccupation, comme l’a souligné le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Andrew Gilmour.  Les restrictions de l’espace politique et civique connaissent une tendance inquiétante au Soudan du Sud, a-t-il dit, en signalant que la liberté d’expression est sans cesse menacée.  M. Gilmour a regretté que le Gouvernement sud-soudanais n’ait, jusqu’à présent, pas signé le mémorandum d’accord avec l’UA pour l’établissement d’un tribunal hybride.  Aujourd’hui, « une culture générale de l’impunité persiste au Soudan du Sud et continue d’alimenter les actes de violence contre les civils ».

Du côté de la population, « le désir de paix est palpable et il y a une forte aversion pour toute reprise des combats », a témoigné le Représentant spécial.  « Soyons francs, a-t-il poursuivi, les combats ont cessé parce que les dirigeants ont ordonné aux soldats d’arrêter.  S’ils reprennent, contre la volonté du peuple, ce sera parce que ces mêmes dirigeants ont ordonné leur reprise. »

D’après M. Shearer, le rythme du dialogue et de la consolidation de la paix est beaucoup plus rapide à l’échelon local qu’au niveau des élites qui négocient sur le plan national.  « Les politiciens du pays doivent écouter l’opinion des gens et suivre la voie tracée par les communautés locales. »  Au nom de la société civile du Soudan du Sud, Mme Lydia Minagano, du Comité d’examen de la défense stratégique et de la sécurité, a justement encouragé les bailleurs de fonds à soutenir les programmes des organisations de ce secteur.  Elle a souhaité que la MINUSS continue de travailler avec les groupes de femmes, en particulier pour mettre fin à la violence basée sur le genre, et appelé toutes les parties à respecter le quota de 35% de représentation des femmes dans le prochain gouvernement de transition. 

Toujours selon le Représentant spécial, l’absence de réunions en face-à-face entre le Président Salva Kiir et le leader de l’opposition Riek Machar est « un défi fondamental ».  Or de telles rencontres, de préférence à Djouba, sont essentielles pour renforcer la confiance, une opinion partagée par le Royaume-Uni, la France et les États-Unis, ces derniers ayant demandé par ailleurs que l’embargo sur les armes soit renouvelé et que tous les pays appliquent le régime de sanctions.  L’Allemagne a aussi appelé le Conseil à agir sur la question de la violence fondée sur le genre qui constitue un critère à part entière de sanctions. 

« Force est de constater que les acquis actuels, quoique notables, restent en deçà des attentes de la communauté internationale », a résumé la Côte d’Ivoire.  D’après le représentant ivoirien, les parties sud-soudanaises gagneraient à saisir l’opportunité offerte par la prolongation de la période de prétransition pour réaliser des progrès décisifs.  « Le temps passe, le manque de progrès persiste, le risque de compromettre les gains réalisés est réel », s’est inquiétée la Belgique.  Ce report de la fin de la période de prétransition doit être « le dernier », ont martelé en chœur la France et le Royaume-Uni.  II faudra dans tous les cas que le gouvernement d’union nationale soit formé en novembre, a insisté la représentante française.

Pour sa part, la Fédération de Russie a trouvé « justifiée » la décision de proroger de six mois la période de prétransition.  Elle a vu dans l’appui des pays membres de l’IGAD à cet égard une illustration du principe « des solutions africaines pour les problèmes africains ».  À son tour, la Chine a jugé important que la communauté internationale respecte le fait que les parties sud-soudanaises sont les premiers responsables de ce processus. 

À l’instar d’autres délégations, l'Afrique du Sud a salué la décision du Gouvernement sud-soudanais de consacrer 100 millions de dollars à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, en l’exhortant à décaisser les fonds nécessaires à l’accomplissement des tâches en attente.  Deux millions de dollars ont déjà été dépensés par le Soudan du Sud pour l’achat de vivres et pour financer les activités de préparation au cantonnement dans le Haut-Nil et Bahr el-Ghazal, a indiqué à cet égard la délégation sud-soudanaise.  Des défis persistent, a-t-elle déclaré, en soulignant que son pays a besoin d’experts et de l’aide technique de la communauté internationale. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan du Sud (S/2019/491)

Déclarations

M. DAVID SHEARER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a déclaré que la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud continue de progresser et que le cessez-le-feu se maintient, sauf dans l’Équatoria-Central.  De ce fait, la violence politique a diminué, ce qui veut dire que des centaines, voire des milliers de personnes, sont restées en vie.  Depuis la signature de l’Accord revitalisé, plus d’un demi-million de personnes ont pu retourner chez elles, l’accès humanitaire a été amélioré, et 2 500 kilomètres de routes ont été remis en état grâce à des projets de la MINUSS et du Programme alimentaire mondial (PAM). 

Toutefois, a tempéré M. Shearer, les prévisions relatives à la sécurité alimentaire restent graves: sept millions de personnes sont exposées à une insécurité aiguë, même si, pour la première fois depuis des années, des foyers dans certains districts ont pu se remettre à cultiver leurs terres.  En outre, depuis la signature de l’Accord revitalisé, plus de 110 rapprochements, un quart d’entre eux directement facilités par la MINUSS, ont eu lieu dans des communautés à travers le pays.

« Le désir de paix est palpable et il y a une forte aversion pour toute reprise des combats », a témoigné le Représentant spécial.  D’après lui, le rythme du dialogue et de la consolidation de la paix à l’échelon local est beaucoup plus rapide qu’au niveau des élites qui négocient sur le plan national.  « Les politiciens du pays doivent écouter l’opinion des gens et suivre la voie tracée par les communautés locales », a-t-il recommandé. 

Dans cet esprit, M. Shearer a déploré le fait que le processus de dialogue national n’ait pas permis, jusqu’à présent, de réaliser l’inclusion requise pour un véritable processus consultatif.  D’après une enquête menée par la MINUSS auprès de 2 400 personnes à 10 endroits différents, 75% des personnes interviewées ont rapporté que des membres de leur famille avaient été tués pendant le conflit ou avaient été contraints de fuir.  Pourtant, et c’est là ce qui est « remarquable », a commenté le haut fonctionnaire, 89% d’entre elles ont estimé qu’une paix durable sera réalisée d’ici à la fin de l’année.

« Soyons francs, a poursuivi le Représentant spécial, les combats ont cessé parce que les dirigeants ont ordonné aux soldats d’arrêter.  S’ils reprennent, contre la volonté du peuple, ce sera parce que ces mêmes dirigeants ont ordonné leur reprise. »

En mai dernier, a-t-il rappelé, les parties ont décidé à l’unanimité de prolonger la période de prétransition jusqu’au 12 novembre prochain.  À cet égard, le Chef de la MINUSS s’est dit frustré par la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  Un grand nombre d’objectifs doivent encore être atteints, notamment en ce qui concerne la transition constitutionnelle, les travaux du Comité technique des frontières ou la réforme du secteur de la sécurité et l’unification des forces armées.  « Il faut davantage de compromis, en particulier de la part du Gouvernement. » 

L’absence de réunions en face-à-face entre le Président Salva Kiir et le leader de l’opposition Riek Machar est « un défi fondamental », a souligné le Représentant spécial.  Or, de telles rencontres, de préférence à Djouba, sont essentielles pour renforcer la confiance avant la formation d’un nouveau gouvernement unifié. 

L’Union africaine (UA), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’ONU ont travaillé ensemble pour appuyer le processus en cours au Soudan du Sud, a rappelé M. Shearer.  Mais, a-t-il ajouté, nous sommes tous d’avis que cette prorogation de six mois doit être « la dernière ».  Même s’il est possible que certaines tâches ne puissent pas être complètement achevées d’ici à novembre, cela ne devra pas retarder la formation du gouvernement de transition.  Le représentant a aussi recommandé de voir l’Accord revitalisé comme un « document vivant » qui n’est « pas gravé dans le marbre ». 

Revenant sur la situation humanitaire et sur le travail de la MINUSS en partenariat avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), le Chef de la Mission a souligné l’importance d’appuyer les conditions d’un retour sûr, informé, volontaire et digne des personnes déplacées et des réfugiés.  Depuis la signature de l’Accord revitalisé, a-t-il précisé, ce sont près de 76 000 Sud-Soudanais qui rentrent chez eux chaque mois. 

Enfin, malgré la réduction de la violence politique, les combats se poursuivent dans l’Équatoria-Central où des atrocités sont commises par toutes les parties contre les civils.  La présence de la MINUSS a été renforcée à Yei, a dit M. Shearer, en exhortant le Gouvernement à poursuivre les responsables de cette violence.  Il a de plus annoncé la publication, la semaine prochaine, d’un rapport sur la situation des droits de l’homme. 

Dans deux semaines, le pays célébrera le huitième anniversaire de son indépendance, a-t-il fait remarquer.  « Avec la souveraineté vient la responsabilité », a conclu M. Shearer.  Pour lui, le message du peuple du Soudan du Sud est très clair à cet égard: « Assumez vos responsabilités et donnez-nous la paix. »

Tout en saluant la baisse du nombre global des violations des droits de l’homme perpétrées par les forces gouvernementales et les groupes armés au Soudan du Sud, M. ANDREW GILMOUR, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a toutefois regretté la persistance des violences sexuelles commises par les parties au conflit, avec un pic entre les mois de novembre et de décembre 2018 à Bentiu.

La paix demeure fragile et requiert une vigilance constante, a-t-il conseillé.  Il a noté que l’Accord revitalisé ne couvre pas toutes les divisions, qui ont une dimension de plus en plus ethnique, à l’origine du conflit.  De même, cet accord n’aborde pas le niveau alarmant de corruption, qui a toujours des effets négatifs sur la paix et la justice durables au Soudan du Sud ainsi que sur les droits socioéconomiques de la population.  En Équatoria-Central, où continuent de s’affronter les forces gouvernementales et les groupes armés de l’opposition non signataires, des rapports font état de violations et abus flagrants des droits de l’homme -meurtres, enlèvements, violences sexuelles et déplacement forcés- par toutes les principales parties au conflit y compris les forces gouvernementales et les groupes armés de l’opposition et d’autres éléments dont le Front de salut national. 

Dans d’autres parties du pays, les violences sont le fait de milices communautaires et d’éléments armés.  M. Gilmour a, à cet égard, relevé une évolution de la violence, citant notamment des incidents communément appelés « raids sur le bétail » ou « violence intercommunautaire »: ces incidents sont passés de pratiques traditionnelles à de véritables violences politiques, impliquant différentes parties, notamment les forces de défense et de sécurité de l’État, des éléments de groupes armés organisés et des groupes d’autodéfense mis en place par les communautés locales.  Depuis la signature de l’Accord revitalisé en septembre 2018, les pertes en vies civiles dues à ces formes de violence ont largement excédé celles découlant des violations et abus des droits de l’homme par les parties conventionnelles au conflit, a précisé M. Gilmour. 

Si les violations et abus liés au conflit demeurent un réel motif de préoccupation, les restrictions de l’espace politique et civique connaissent une tendance inquiétante, a-t-il poursuivi en expliquant que la liberté d’expression est sous menace constante au Soudan du Sud et en faisant le lien avec la puissance sans partage des services nationaux de sécurité.  Surveillance, intimidation et arrestations arbitraires sont le lot quotidien des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des activistes, a-t-il déploré.  Pour lui, la paix durable au Soudan du Sud dépend de la fin de l’impunité.  S’appuyant sur des rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, de la MINUSS et du groupe d’experts établi par la résolution 2206 (2015), en plus des rapports de la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, il a jugé raisonnable de croire que des violations flagrantes du droit international des droits de l’homme, du droit international humanitaire et des crimes internationaux ont été commises par les parties au conflit. 

Pour finir, le Sous-Secrétaire général a déploré qu’en dépit de l’existence d’un ensemble de preuves que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis au Soudan du Sud, aucune mesure significative n’a été prise contre leurs auteurs.  Il a en outre regretté que le Gouvernement du Soudan du Sud n’ait jusqu’à présent pas signé le mémorandum d’accord avec l’Union africaine pour l’établissement d’un tribunal hybride.  Aujourd’hui, une culture générale de l’impunité persiste au Soudan du Sud et continue d’alimenter les actes de violence contre les civils, a-t-il rappelé.  Pour rompre ce cercle vicieux, il a exhorté à mettre en œuvre le mécanisme de justice transitionnelle prévu par le processus de paix . 

Parlant au nom de la société civile du Soudan du Sud, Mme LYDIA MINAGANO, du Comité d’examen de la défense stratégique et de la sécurité, a centré son intervention sur quatre domaines: la nature sexospécifique du conflit et son impact sur les femmes et les filles; la nécessité de renforcer la participation des femmes dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé; l’urgence de la réforme du secteur de la sécurité; et l’importance de consulter la société civile, en particulier les organisations dirigées par les femmes.  Tout d’abord, si nous ne faisons pas jouer les responsabilités pour la violence basée sur le genre et si les auteurs ne sont pas inquiétés, nous ne pouvons pas aller de l’avant, a-t-elle déclaré.  Pour ce qui est de la participation des femmes dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, elle a rappelé que la résolution 2459 (2019) du Conseil de sécurité appelle toutes les parties à assurer la pleine et significative participation des femmes dans le processus, ce qui est une importante étape déjà franchie.  Mais, a-t-elle ajouté, il faut aussi un suivi régulier avec des mesures spécifiques de surveillance pour assurer l’application de ces dispositions et la reddition de la justice.

En ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité, Mme Minagano a exhorté les parties à l’Accord à faire des progrès.  Les retards dans la professionnalisation de l’armée retardent aussi les mesures de protection des femmes et des filles, a-t-elle relevé.  Selon elle, la réforme du secteur de la sécurité doit en outre s’accompagner des programmes de relèvement économique afin de gagner la confiance des femmes et des filles déplacées pour qu’elles retournent pacifiquement et volontairement dans leurs régions, pour commencer à rebâtir leurs communautés.  On ne peut y arriver qu’en protégeant leurs droits et en offrant un appui suffisant à leur réintégration.  Pour ce qui est du rôle de la société civile, Mme Minagano a dit s’attendre à ce que le Conseil de sécurité s’acquitte de son mandat en répondant à son appel à travailler plus étroitement avec ce secteur dans le maintien et la consolidation de la paix, l’aide humanitaire et la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  La société civile doit bénéficier d’un environnement propice pour mener à bien son travail, a-t-elle ajouté.

Avant de terminer, Mme Minagano a appelé le Conseil à assurer que le Gouvernement du Soudan du Sud appuie la mise en œuvre de l’Accord revitalisé avec des ressources financières adéquates.  Elle a appelé toutes les parties à respecter le quota de 35% de représentation des femmes, notamment dans le prochain gouvernement de transition.  Elle a encouragé les bailleurs de fonds à soutenir les programmes des organisations de la société civile locale.  De plus, elle a encouragé la MINUSS à continuer de travailler avec les groupes de femmes, en particulier ceux qui travaillent pour mettre fin à la violence sexuelle.  La représentante a exhorté les parties au conflit à évacuer les forces armées des zones habitées par les civils.  Elle a aussi demandé un appui et une protection, notamment psychologique, pour les femmes et les filles qui sont confrontées à la violence sexuelle.  En outre, elle a plaidé pour que le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration implique les jeunes hommes et les jeunes filles, en relevant le défi particulier des jeunes femmes combattantes. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a constaté la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, même si les dispositions du cessez-le-feu sont respectées dans l’ensemble.  « Le potentiel du processus de paix n’a pas été pleinement réalisé », a résumé le représentant avant de constater les violations des droits de l’homme dans les Équatorias, des violences partout dans le pays et une sévère insécurité alimentaire qui touche près de sept millions de personnes (plus de 60% de la population).  Il a toutefois relevé que la réduction de la violence permet aux acteurs humanitaires de mieux intervenir, même s’il reste encore des obstacles qui entravent la capacité d’assistance de la communauté internationale.  Le représentant s’est encore inquiété du fait que le Gouvernement sud-soudanais continue de limiter les libertés politiques et civiques, voire plus qu’avant la signature de l’Accord revitalisé, alors qu’il ne peut y avoir respect de l’Accord sans respect des libertés prévues par la Constitution.

M. Cohen a poursuivi en demandant « des rencontres directes entre les deux principaux acteurs », MM. Salva Kiir and Riek Machar.  Se disant « très déçu » par le verdict dans l’affaire contre Peter Biar Ajak et cinq autres hommes, il a appelé le Gouvernement à respecter les dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.  Il a demandé par ailleurs que l’embargo sur les armes soit renouvelé et que tous les pays appliquent le régime de sanctions.  Il a plaidé pour un accord sur la sécurité, recommandant notamment d’éviter que les travaux du Comité technique des frontières n’exacerbent la violence et souhaitant que le Gouvernement honore ses engagements financiers (100 millions de dollars) pour mettre en œuvre la phase de prétransition.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, appliquer les dispositions de l’Accord relatives à la justice transitionnelle, y compris en impliquant l’Union africaine pour la création d’un tribunal hybride.  Enfin, le représentant a appelé les groupes qui n’ont pas signé l’Accord à renoncer à la violence et à revenir à la table des négociations.  « Le peuple soudanais a suffisamment payé pour la guerre de ses dirigeants. »

« Le temps passe, le manque de progrès persiste, le risque de compromettre les gains réalisés est réel », a déclaré M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique).  Il a rappelé que les parties sud-soudanaises ont accepté à l’unanimité une prolongation de six mois de la période de prétransition afin de permettre la mise en œuvre de conditions préalables essentielles à la transition, une décision soutenue par la région et la communauté internationale.  Or, à moins d’un investissement politique important des parties et de la région, le nouveau délai pourrait facilement être manqué, a averti le représentant.  « Ceci est inquiétant: l’Accord revitalisé représente la fenêtre d’opportunité pour achever une paix durable dans le pays. »

Par ailleurs, a poursuivi M. Pecsteen de Buytswerve, la crise de protection des civils se poursuit.  Même si la violence politique a diminué, on constate que la violence intercommunautaire s’est intensifiée au cours des derniers mois.  Les abus des droits de l’homme se poursuivent.  Aucune solution durable ne peut être trouvée au conflit au Soudan du Sud sans s’attaquer de manière urgente et efficace à ces abus.  « Nous appelons à mettre fin à la culture de l’impunité au Soudan du Sud », a lancé le représentant.  « Nous appelons à la mise en place de mécanismes de justice transitionnelle, y compris la cour hybride, pour lutter contre l’impunité. »  Il a en outre jugé « inacceptable » que la localisation de deux membres du personnel de la MINUSS reste inconnue depuis leur arrestation en 2014.

M. WU HAITAO (Chine) a constaté que la situation au Soudan du Sud reste difficile.  Pour le représentant, la priorité est la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  Il faut aider les parties à le mettre en œuvre, a-t-il exhorté, en demandant à la communauté internationale de respecter le fait que les parties sud-soudanaises sont les premiers responsables de ce processus.  Il est important d’écouter ce qu’elles ont à dire, a-t-il insisté, avant d’inviter à soutenir les efforts de médiation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il faut également aider à renforcer la confiance entre les parties sud-soudanaises pour qu’elles arrivent à un accord sur la transition, a encore recommandé le délégué.  Il a en outre appelé à soutenir le Gouvernement du Soudan du Sud dans le domaine humanitaire, notamment pour le retour des déplacés et des réfugiés.  Enfin, il a lancé un appel à aider le Soudan du Sud à se reconstruire et à avancer dans l’application de l’Accord revitalisé. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est inquiété des retards dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, alors que cette phase avait suscité beaucoup d’espoir, d’autant plus qu’elle avait permis une baisse sensible du niveau de la violence politique, des rapprochements intranationaux et le retour des réfugiés.  Toutefois, a-t-il déploré, force est de constater que les acquis actuels, quoique notables, restent en deçà des attentes de la communauté internationale.  Le peu de progrès observés dans l’application de certaines dispositions importantes de la phase de prétransition illustre parfaitement cet état de fait, selon le représentant.  Aussi son pays estime-t-il que les parties sud-soudanaises gagneraient à saisir l’opportunité offerte par la période d’extension de six mois, décidée par les parties elles-mêmes, pour réaliser des progrès décisifs.  C’est à cette condition qu’elles pourraient espérer le maintien et le renforcement de l’accompagnement multiforme des Nations Unies et de la communauté internationale, pour une sortie de crise pacifique au Soudan du sud.

La Côte d’Ivoire encourage donc vivement les parties à s’élever au-dessus des intérêts partisans, pour faire les compromis nécessaires.  Dans cette optique, il a souhaité voir les efforts des parties sud-soudanaises porter sur la détermination du nombre des États et de leurs frontières, l’examen et la rédaction des lois, l’incorporation de l’Accord dans la Constitution provisoire, le cantonnement, de même que la formation et le redéploiement des forces armées.  En outre, a-t-il poursuivi, la Côte d’Ivoire se fait l’écho de l’appel du Secrétaire général des Nations Unies en faveur de l’opérationnalisation des arrangements sécuritaires transitoires, la réforme du secteur de la sécurité, ainsi que la facilitation des activités du Mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu.

M. Ipo a salué, à cet égard, l’engagement du Gouvernement sud-soudanais à décaisser 100 millions de dollars pour le financement des réformes prévues dans l’Accord revitalisé.  Il a, par ailleurs, estimé indispensable un dialogue politique inclusif, prenant en compte la contribution des femmes sud-soudanaises au processus de sortie de crise, afin de parvenir à une paix et une stabilité durables.  Pour finir, il a souhaité que l’unité affichée par les principaux acteurs politiques sud-soudanais, dans le cadre de la retraite spirituelle organisée les 9 et 10 avril 2019 à l’appel du Vatican, ne reste pas un vœu pieux.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a regretté que la période de prétransition ait été reportée de six mois.  Il est « impératif que ce report soit le dernier », a-t-elle martelé en réclamant que, dans tous les cas, le gouvernement d’union nationale soit formé en novembre.  Elle a encouragé le Président Kiir et M. Riek Machar à rechercher ensemble des compromis aux questions les plus épineuses, notamment la question des arrangements sécuritaires et du découpage des frontières intérieures.  Dans son intervention, Mme Gueguen a abordé, outre le processus de paix, la situation humanitaire et des droits de l’homme et le rôle de la MINUSS.  Elle a insisté sur le fait que l’Accord revitalisé représente une opportunité historique de mettre fin au conflit au Soudan du Sud.  Pour que ce processus réussisse, elle a recommandé d’encourager, outre le dialogue direct entre les deux principaux acteurs, un investissement sincère des parties dans la recherche d’un accord.  Mme Gueguen a salué, à cet égard, l’initiative prise par les Églises catholique, anglicane et presbytérienne, pour rappeler aux responsables sud-soudanais leurs responsabilités. 

Une autre condition, selon elle, est que la communauté internationale accompagne ce processus.  Elle a ainsi insisté sur le rôle fondamental de l’IGAD et salué le travail de son Envoyé spécial pour le Soudan du Sud, M. Ismail Waid.  Mme Gueguen a exhorté l’UA et l’ONU à appuyer les efforts de l’IGAD et préconisé que les groupes armés non signataires rejoignent le processus de paix, en référence notamment au Front de salut national.  Il est également impératif de respecter les quotas de femmes prévus par l’Accord, et de leur permettre de participer de façon active et significative au processus de paix.  La représentante a, par ailleurs, plaidé pour qu’il soit mis un terme à « ce niveau insupportable de souffrance humaine », soulignant que plus de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire, et qu’un tiers des Sud-Soudanais sont encore déplacés ou réfugiés.  Elle a, de même, pointé du doigt les violences intercommunautaires et sexuelles qui n’ont pas diminué.  À cet égard, elle a rappelé que la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, mandatée par le Conseil des droits de l’homme, a indiqué dans un tout récent rapport que ces violences et les violations graves des droits de l’homme qui les accompagnent, par leur nature et leur niveau, sont susceptibles de constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a regretté que le gouvernement de transition n’ait pas pu être mis en place dans les délais impartis.  Il a espéré que la prolongation de la période de prétransition permettrait de finir les tâches restantes et de mettre en œuvre l’Accord revitalisé.  Le représentant a dès lors appelé les parties à respecter leurs engagements notamment dans le domaine sécuritaire et en ce qui concerne la détermination du nombre et des frontières des États.  Se disant inquiet de la persistance de la violence sexuelle, il a souhaité qu’elle soit complètement éliminée d’ici au prochain rapport.  Notant aussi le retour spontané de milliers de réfugiés, le représentant y a vu le souhait de la population de vivre dans la paix.  Toutefois, les retours doivent se faire dans la paix et la sécurité, a-t-il plaidé.  Préoccupé également par la violence intercommunautaire, le représentant a exhorté les parties à mettre en œuvre l’Accord revitalisé pour mettre un terme à cette situation. 

Dans le contexte d’incertitude politique qui prévaut au Soudan du Sud, M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est félicité du maintien du cessez-le-feu, du rapprochement entre le Gouvernement et les partis d’opposition et de l’action « inlassable » d’acteurs internationaux comme le Vatican.  Cependant, le représentant a déploré « les menaces qui pèsent sur la population civile », du fait de la situation humanitaire grave et des violations des droits de l’homme, notamment les violences sexuelles et celles basées sur le genre.  S’inquiétant que 57% de la population souffre de l’insécurité alimentaire, il a évoqué l’incidence négative de la sécheresse et les effets des changements climatiques.  À cet égard, « l’action du Gouvernement est insuffisante, or l’impunité ne doit pas être la norme », a-t-il déclaré.  Toutes les voies doivent être suivies pour revitaliser le processus de paix, avec la participation notamment des femmes et des jeunes, a-t-il conclu. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a réitéré sa conviction que la pleine mise en œuvre des dispositions de l’Accord revitalisé est essentielle pour une paix et une stabilité durables.  C’est pourquoi la représentante a appelé tous les signataires à tirer profit de la période d’extension et à ne ménager aucun effort pour une transition réussie.  Pour elle, aucune paix durable ne peut être envisagée sans une approche inclusive.  La participation des femmes et des jeunes ainsi que de la société civile est indispensable, à ses yeux.  Tout en saluant le cessez-le-feu qui continue d’être largement respecté et les mesures de confiance entre les parties, elle a toutefois fait part de sa préoccupation face aux violences intercommunautaires et aux tensions persistantes.  Il est impératif d’œuvrer en faveur des efforts de réconciliation et de soutenir le dialogue intercommunautaire, a-t-elle préconisé.  Elle a également pointé du doigt les sérieuses violations des droits de l’homme, ainsi que du droit international humanitaire en plus des nombreuses violences sexuelles contre les femmes et les filles.  Une situation d’autant plus sérieuse, à ses yeux, que leurs auteurs demeurent impunis.  Elle a, en outre, évoqué la grave situation humanitaire qui requiert « notre pleine attention ».  Pour finir, elle a salué les efforts inlassables de la MINUSS pour assurer la protection des civils et réunir les conditions permettant aux acteurs humanitaires de fournir assistance et soutien. 

Reconnaissant l’importance de l’Accord revitalisé dans le processus de dialogue, Mme AYANDA NAMHLA NATASHA BEKWA (Afrique du Sud) a demandé au Conseil de sécurité d’encourager M. Riek Machar à retourner à Djouba, arguant que cela aiderait à la mise en œuvre de l’Accord.  Il est important de soutenir le processus de paix et d’encourager la mise en œuvre de toutes ses dispositions qui est la seule voie vers la paix et la stabilité, a-t-elle plaidé.  Mme Bekwa a pris note de la décision des parties de prolonger de six mois supplémentaires cette période, exhortant les parties à faire tout ce qui est possible pour mettre en œuvre les tâches restantes de la période de prétransition.  Le Comité national préparatoire à la transition devrait se doter d’un plan pour les cinq mois restants, a-t-elle conseillé, en précisant que ce plan devrait refléter les priorités, les ressources nécessaires ainsi que le calendrier de mise en œuvre d’ici au 12 novembre 2019. 

La représentante a demandé aux partenaires internationaux de soutenir la mise en œuvre de l’Accord revitalisé afin de préserver l’élan qui a été créé et d’éviter au Soudan du Sud de glisser à nouveau vers le conflit.  Pour ce qui est de la situation sécuritaire, l’Afrique du Sud a appelé tous les partenaires à mobiliser les ressources et l’expertise en appui à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé et en particulier la réforme du secteur de la sécurité.  Elle a souligné l’importance du rôle des femmes dans ce processus.  Concernant la situation humanitaire, Mme Bekwa a demandé aux partenaires internationaux de contribuer aux programmes de reconstruction et de développement après le conflit et de soutenir les efforts de rapatriement, de relocalisation et de retour des personnes déplacées et des réfugiés pour qu’ils puissent rebâtir leurs moyens de subsistance communautaire.  Saluant la décision du Gouvernement sud-soudanais de consacrer 100 millions de dollars à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, la représentante l’a exhorté à décaisser des fonds à la mise en œuvre des tâches en attente.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a plaidé pour que l’extension de la période de prétransition n’affecte pas la prochaine phase, celle de la transition.  Il a noté que les accords sur la sécurité et d’autres questions importantes étaient toujours en suspens, ce qui exige selon lui de renforcer les efforts pour arriver à un accord sur l’avenir du secteur de la sécurité.  Il faut un véritable engagement pour mettre en œuvre l’Accord revitalisé et notamment des fonds suffisants, a-t-il demandé.  Il s’est donc félicité de l’engagement du Gouvernement de contribuer à hauteur de 100 millions de dollars pour accélérer la mise en œuvre des tâches en suspens.  M. Heusgen a aussi salué l’engagement des acteurs régionaux dans le processus de paix et salué l’initiative du Saint-Siège d’accueillir une « retraite spirituelle » pour les dirigeants sud-soudanais, afin de renforcer la confiance.

Le représentant a par ailleurs plaidé pour que les Sud-Soudanais puissent jouir des libertés fondamentales, y compris les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme.  Il s’est élevé contre la condamnation de l’économiste Peter Biar Ajak au motif qu’il a donné une interview aux médias étrangers après son arrestation pour trahison, alors que ces accusations ont ensuite été abandonnées.  Il a aussi appelé le Conseil à agir sur la question de la violence basée sur le genre qui, a-t-il souligné, constitue un critère à part entière de régime de sanctions.  M. Heusgen a également salué le Plan d’action des Forces sud-soudanaises de défense du peuple pour aborder la violence sexuelle liée aux conflits, tout en prévenant que cela ne suffirait pas.  Nous devons voir les auteurs de crimes de guerre et de violations des droits de l’homme traduits en justice, notamment par le biais de la création d’un tribunal hybride tel que prévu par l’Accord revitalisé, a-t-il rappelé.  Autre appel qu’a lancé le délégué: il faut augmenter la participation des femmes aux comités et mécanismes de cet accord pour arriver au quota de 35%.

Enfin, s’agissant de la Mission, M. Heusgen a estimé qu’elle reste indispensable pour soutenir le pays et son peuple.  Il a jugé inacceptable que la MINUSS soit confrontée à des obstructions dans son travail.  Il a aussi appelé à laisser à son personnel la liberté de mouvement.  Enfin, il a décrié les violations de l’accord sur le statut des forces entre l’ONU et le Soudan du Sud.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a redit le soutien fort de son pays pour le peuple sud-soudanais qui aspire à la paix.  Sept millions de personnes connaissent un risque d’insécurité alimentaire, a-t-il rappelé avec inquiétude.  Il s’est toutefois félicité de la confiance de la majorité de la population qui, d’après un sondage réalisé par la MINUSS, croit que la paix peut être atteinte d’ici à la fin de l’année.  À cet égard, le représentant a exhorté toutes les parties à faire les compromis nécessaires pour progresser dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  Il a aussi encouragé des rencontres entre MM. Kiir et Machar.  « Il ne faut plus qu’il y ait de report », a-t-il martelé.  Le Gouvernement du Soudan du Sud a en outre la responsabilité principale de permettre le retour des réfugiés, a rappelé le représentant, avant de déplorer la réduction de l’espace civique.  Le Gouvernement, a-t-il encore demandé, doit prendre des mesures pour « mettre un terme à l’impunité » et signer un accord avec l’Union africaine en matière de justice. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée-Équatoriale), qui a regretté les retards pris dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, a salué la décision de prolonger de six mois la période de prétransition.  Cette prolongation doit être utilisée de manière judicieuse, a prévenu le représentant qui a voulu des actions concrètes notamment dans la mise en œuvre de l’Accord.  Il a espéré que les parties sud-soudanaises s’efforceront de résoudre les problèmes restants dans les délais impartis.  Après avoir salué la décision du Gouvernement de consacrer 100 millions de dollars à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, il a déploré la persistance de combats sporadiques entre les forces gouvernementales et les forces de l’opposition armée.  Le représentant a aussi condamné les violences contre les civils.  Leurs responsables doivent être traduits devant la justice, a exigé le représentant, qui a aussi demandé de laisser les travailleurs humanitaires déployés au Soudan du Sud faire leur travail dans la paix et la sécurité. 

M. ALEXANDER V. REPKIN (Fédération de Russie) a trouvé « justifiée » la décision de proroger de six mois la période de prétransition.  Il a vu dans l’appui des pays membres de l’IGAD à cet égard une illustration du principe selon lequel il faut « des solutions africaines pour les problèmes africains ».  Le représentant s’est dit satisfait de la diminution de la violence armée et des cas de violations des droits de l’homme au Soudan du Sud.  Il a recommandé au Gouvernement de se concentrer sur les questions de sécurité et de terminer le processus d’amendement de la Constitution.  Enfin, il a appelé les parties sud-soudanaises à déployer tous les efforts possibles pour mettre en œuvre les dispositions restantes de l’Accord revitalisé.  « Le Soudan du Sud mérite de vivre en paix. » 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a voulu attirer l’attention sur le caractère « fragile » des tendances positives énumérées dans le rapport du Secrétaire général, parlant notamment du cessez-le-feu largement respecté à travers le pays, du retour des réfugiés ou encore des déplacés qui s’émancipent de la protection de la MINUSS.  Ces gains, qu’il faut saluer, ne peuvent être durables que s’ils s’inscrivent dans le cadre de la pleine mise en œuvre de l’Accord revitalisé, a estimé le représentant.  En effet, a-t-il poursuivi, la pleine mise en œuvre de l’Accord est la « meilleure et la seule option » pour le Soudan du Sud. 

De plus, a-t-il poursuivi, l’Indonésie juge impératifs la protection des civils et le respect du droit international humanitaire.  Le représentant a d’ailleurs exprimé sa préoccupation face à l’augmentation des violences intercommunautaires et la violation continue des droits de l’homme à travers le pays.  Enfin, il a plaidé pour une amélioration de l’assistance humanitaire en faveur du Soudan du Sud.  Une solution durable est nécessaire pour les 1,9 million de déplacés et les 2,3 millions de réfugiés, en plus des 6,45 millions de personnes -soit la moitié du pays- qui font face à une insécurité alimentaire.  Le Soudan du Sud a aussi besoin de ressources supplémentaires pour contrer et anticiper une possible propagation d’Ebola provenant de la République démocratique du Congo, voisine.  « Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins dans la quête de paix du Soudan du Sud », a-t-il dit, soulignant le rôle important de la MINUSS à cet égard, à laquelle l’Indonésie est fière de contribuer. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a exhorté les responsables politiques au Soudan du Sud à saisir l’occasion de la prolongation de la période de prétransition pour instaurer un climat de confiance et faire progresser les dossiers prioritaires.  Le représentant a appelé à davantage de mesures de confiance entre les responsables politiques.  Il s’est réjoui des efforts de médiation régionaux menés par l’IGAD, ainsi que de l’initiative du Saint-Siège visant à rassembler les dirigeants du pays.  Il a condamné la pratique du recrutement d’enfants et la persistance des actes de violence sexuelle.  La communauté internationale doit continuer de soutenir le peuple du Soudan du Sud dans la poursuite des efforts en vue d’un avenir pacifique, a exhorté le représentant. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a assuré que la confiance entre les signataires de l’Accord revitalisé s’accroît régulièrement grâce aux mesures prises.  Les mécanismes et les comités mis en place par l’Accord se réunissent à Djouba comme prévu, a-t-il ajouté.  La mise en œuvre de l’Accord nécessite d’ailleurs d’importants financements, a poursuivi M. Malwal, en soulignant que le Gouvernement avait promis d’allouer 100 millions de dollars au démarrage du processus.  Deux millions de dollars ont déjà été dépensés pour l’achat de vivres et pour des activités de préparation au cantonnement dans le Haut-Nil et Bahr el-Ghazal.  Des défis persistent, a cependant indiqué le représentant, en réitérant que la mise en œuvre de l’Accord nécessite également des experts et de l’aide technique de la part de la communauté internationale.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.