8579e séance – après-midi 
CS/13888

Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de renforcer les partenariats pour faciliter des transitions postconflit dirigées par les pays eux-mêmes

Le Conseil de sécurité a tenu, cet après-midi, un débat sur « le renforcement des partenariats facilitant le déroulement des transitions dirigées par les pays », au cours duquel les participants ont été invités à répondre à six questions*, dont: « Quels sont les principaux enseignements des précédentes transitions qui pourraient être mis à profit pour pérenniser la paix lors des prochaines transitions? »  Anciens hôtes d’une opération de maintien de la paix et engagés dans un processus de consolidation des acquis, la Côte d’Ivoire, Haïti et le Timor-leste ont répondu. 

Le Ministre des affaires étrangères du Pérou et Président du Conseil de sécurité pour le mois, M. Néstor Popolizio Bardales, a expliqué l’importance de cette réunion.  Je l’ai convoquée, a-t-il dit, parce que je tiens aux alliances pour la consolidation de la paix et, ce faisant, à une coopération renforcée entre le Conseil et les divers acteurs impliqués dans la paix, le développement et les droits de l’homme.  Comme l’expérience de mon pays l’a démontré, les partenariats entre l’ONU, les gouvernements, les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, la société civile et le secteur privé sont de la plus haute importance, a acquiescé le Ministre des affaires étrangères de la Colombie et Président de la Commission de consolidation de la paix, M. Carlos Holmes Trujillo García. 

La transition d’une opération de maintien de la paix à un processus de consolidation des acquis, a souligné le Secrétaire général de l’ONU, est un moment d’espoir, de potentiel et de promesse.  C’est la période, a jugé M. António Guterres, où il faut aider les autorités nationales à prendre les rênes de leurs politiques et à mettre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au cœur de leurs efforts.  La transition offre la possibilité aux États de préparer les institutions et de renforcer leurs capacités.  Les équipes de pays et les partenaires bilatéraux et multilatéraux jouent un rôle important mais « l’appropriation nationale » est essentielle et c’est la raison pour laquelle elle constitue une priorité pour l’ensemble du système des Nations Unies.

La problématique du renforcement des partenariats pour une appropriation nationale des transitions s’inscrit parfaitement dans l’histoire récente de son pays, a confirmé la Côte d’Ivoire.  Après 13 ans de présence, l’Opération des Nations Unies (ONUCI) a pris fin pour céder la place à une transition dont le succès est surtout l’histoire d’une coopération multiforme et exemplaire entre le Gouvernement ivoirien et l’ensemble du système des Nations Unies, renforcée par des partenariats stratégiques coordonnés avec les acteurs institutionnels régionaux et de développement.  La Côte d’Ivoire a insisté sur la nécessité de définir des objectifs prioritaires clairs et précis dans des domaines jugés indispensables à la réussite du plan de transition, une définition qui doit se faire dans une approche inclusive, en lien avec le gouvernement du pays hôte et tous les acteurs nationaux pour permettre une vision politique affirmée et partagée de la transition. 

De telles discussions doivent tenir compte des problèmes réels des pays, des besoins essentiels des populations et des priorités fixées par les autorités nationales elles-mêmes, a martelé le Ministre haïtien des affaires étrangères, M. Bocchit Edmond.  Aucune appropriation des processus de transition n’est possible sans le plein engagement des dirigeants nationaux, a insisté le Ministre de la réforme législative et des affaires parlementaires du Timor-Leste.  M. Fidelis Leite Magalhães a rappelé l’expérience du comité de haut niveau réunissant des représentants de l’État et la mission de l’ONU qui avaient ensemble rédigé un plan de transition, avant de passer le relais à l’équipe de pays et aux partenaires bilatéraux et multilatéraux. 

Partenaire multilatéral par excellence, le Groupe de la Banque mondiale a vanté son approche articulée autour du nexus humanitaire-développement-paix et a annoncé la future stratégie qui va proposer des interventions sur mesure car nous savons que pour réussir, il faut offrir des solutions adaptées au contexte.  La Banque africaine de développement (BAD), qui pense aussi à sa nouvelle stratégie, a dit partir du postulat qu’il faut adopter une approche fondée sur le renforcement des capacités institutionnelles, reconnaître la nécessité d’une planification à long terme, développer le secteur privé pour générer des emplois et promouvoir la bonne gouvernance pour améliorer la gestion des finances publiques et des ressources naturelles, pouvoir combattre la corruption, et donc renforcer la légitimité de l’État. 

* S/2019/540

CONSOLIDATION ET PÉRENNISATION DE LA PAIX

Renforcement des partenariats pour effectuer des transitions réussies sous contrôle national (S/2019/540)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que les missions politiques spéciales de l’ONU et les opérations de maintien de la paix figurent parmi les instruments les plus puissants pour la promotion de la consolidation de la paix, mais qu’elles se distinguent par leur caractère temporaire.  La transition d’une mission est généralement le fruit des progrès vers la paix et un moment d’espoir, de potentiel et de promesse, a-t-il déclaré, soulignant que c’est la période où il convient d’aider les gouvernements nationaux à prendre les rênes de leurs politiques et programmes et à mettre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au cœur de leurs efforts.  La transition offre la possibilité aux États de préparer les institutions et les moyens pour renforcer leurs capacités.  Or, les gains peuvent être remis en question et des situations imprévues comme des catastrophes peuvent affecter cette période et faire à nouveau sombrer les pays dans la guerre.  Les équipes de pays et les partenaires bilatéraux et multilatéraux jouent un rôle important.  Partant, « l’appropriation nationale » des transitions et au-delà constitue une priorité pour l’ensemble du système des Nations Unies, a affirmé le Secrétaire général.  Les institutions financières internationales peuvent aussi contribuer au succès de la transition pour faire en sorte que le chemin de la paix et du développement soit irréversible. 

L’ONU ne doit pas gérer ces transitions seules; les bailleurs de fonds, les organisations régionales et internationales, la société civile et le secteur privé ont tous un rôle à jouer.  Mieux déterminer la nature de l’appui est donc fondamental, a-t-il souligné, ajoutant que des partenariats robustes entre l’ONU et toutes les organisations mentionnées peuvent contribuer à éviter une rechute.  À titre d’exemple, en 2016, l’ONU, la Banque mondiale et l’Union européenne ont appuyé le Gouvernement centrafricain dans l’élaboration de son plan de redressement et de consolidation de la paix et les bailleurs de fonds ont fait des annonces de contribution.  De son côté, le Fonds pour la consolidation de la paix est présent cinq ans après le retrait d’une mission, a-t-il informé, encourageant les États Membres à y contribuer. 

Au Darfour, la MINUAD consacrera des fonds à des activités axées sur l’état de droit ou l’appui institutionnel.  L’ONU et l’Union européenne ont octroyé à la Colombie 12 millions de dollars au titre de l’Initiative Spotlight, pour la prévention de la violence sexuelle.  Le Département des opérations de la paix et ONU-Femmes ont aussi un programme sur des activités conjointes en Haïti.  Tous les pays cités ont besoin d’un appui, en particulier sur les questions de vérité, d’établissement des responsabilités, de dédommagements et de réforme.  Il a appuyé le système des coordonnateurs résidents et les équipes de pays qui épaulent les pays hôtes pendant la phase de transition, en citant pour exemple le Libéria.

L’ONU s’est engagée à appuyer les pays se relevant des conflits à travers des partenariats robustes, a-t-il réitéré, appelant aussi à la réalisation du Programme 2030 dans ce contexte. 

M. FRANCK BOUSQUET, du Groupe de la Banque mondiale, a souligné que la question dont le Conseil débat aujourd’hui, à savoir la manière d’aider efficacement les pays touchés par la fragilité, les conflits et la violence est « absolument essentielle » pour exécuter la mission de la Banque qui est de mettre fin à la pauvreté.  La Banque a augmenté considérablement ses investissements dans les efforts collectifs pour mettre fin à cette fragilité, ces conflits et cette violence.  L’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque pour les pays pauvres, a doublé ses avoirs pour atteindre les 14 milliards de dollars.  Si le financement est essentiel, nous savons qu’il ne suffit pas, a reconnu le représentant.  Nous devons en effet faire les choses différemment et c’est la raison pour laquelle l’approche de l’IDA est d’investir dans la prévention, l’aide aux réfugiés et aux communautés d’accueil, et de mobiliser les investissements du secteur privé dans les environnements les plus difficiles. 

Ce qui est peut-être plus important encore, a poursuivi le représentant, c’est que la Banque a renforcé ses partenariats dans le nexus humanitaire-développement-paix.  Il s’est félicité du Cadre de partenariat entre l’ONU et la Banque mondiale pour les situations de crise et d’après crise, lequel a aidé la Banque à approfondir sa coopération dans plus de 40 pays.  La Banque a aussi renforcé ses partenariats avec un éventail diversifié d’acteurs comme la Banque africaine de développement, l’Union européenne, les organisations de la société civile et les partenaires bilatéraux, qu’il s’agisse de l’établissement des diagnostiques, de l’évaluation des efforts de relance et de consolidation de la paix ou des opérations sur le terrain. 

Mais on peut faire plus, a souligné le représentant, en expliquant que c’est la raison pour laquelle la Banque développe sa première stratégie pour les problèmes posés par la fragilité, les conflits et la violence, dans des pays caractérisés en effet par des capacités faibles, l’insécurité et souvent une fracture du contrat social.  La future stratégie va proposer des interventions sur mesure car nous savons que pour réussir il faut traiter des causes sous-jacentes et de l’impact de la fragilité et offrir des solutions adaptées au contexte. 

La Banque mondiale renforce donc ses investissements dans la prévention pour traiter plus efficacement des risques avant l’émergence d’une crise: un dollar investi dans la prévention, c’est 16 dollars économisés au fil du temps.  La Banque travaille aussi, dans les pays, à la préservation des instituions essentielles et des services de base.  Elle aide également les pays dans les moments critiques de transition pour leur éviter de retomber dans le « piège de la fragilité ».  Enfin, elle les aide à éviter les conséquences de la fragilité, des conflits ou de la violence, comme les chocs liés aux déplacement forcés.  Cette approche stratégique s’ancre dans la conviction que les partenariats sont essentiels pour effectivement prévenir les conflits, renforcer la résilience et maintenir la paix, a conclu le représentant. 

M. YERO BALDEH, de la Banque africaine de développement (BAD), a d’abord rappelé que les situations les plus fragiles au monde se voient dans les pays africains, « nos actionnaires », « notre voisinage ».  Sortir ces pays de leur fragilité est donc l’essence même de notre mission, a-t-il souligné.  Il a parlé de la stratégie 2014-2019 de la BAD pour traiter de la fragilité et renforcer la résilience en Afrique, laquelle vise le renforcement des capacités publiques et la mise sur pied d’institutions efficaces, l’accès équitable à l’emploi et aux services sociaux de base et la promotion d’un dialogue politique direct sur les questions liées à la fragilité.  Sur le plan opérationnel, la BAD s’est concentrée sur deux piliers: l’accroissement des ressources et l’amélioration de l’approche d’intervention pour être plus flexible et plus réactive aux situations fragiles. 

Mais il ne suffit d’analyser les causes de la fragilité, il faut surtout identifier plus systématiquement, pour les renforcer, les sources de résilience.  La BAD s’appuie, pour ce faire, l’« Évaluation de la fragilité et de la résilience d’un pays », un cadre analytique fondé sur des données.  On ne peut plus, a aussi prévenu le représentant, continuer de limiter la question de la fragilité au niveau national.  La fragilité, s’est-il expliqué, est de plus en plus régionale.  Le manque d’opportunités économiques pour une population jeune en constante croissance, les conflits communautaires et l’extrémisme, l’instabilité politique et les changements climatiques peuvent accélérer les déplacements et la migration clandestine et déstabiliser les pays voisins, voire toute la région. 

Les partenariats entre les acteurs nationaux, régionaux et internationaux dans le nexus humanitaire-développement-paix sont donc essentiels pour traiter des facteurs de la fragilité.  Travailler à des économies régionales plus intégrées et plus résilientes est aussi un moyen important d’atténuer la fragilité régionale.  Maintenant que la BAD réfléchit à sa stratégie pour 2020 et au-delà, elle sait qu’il faut adopter une approche fondée sur le renforcement des capacités institutionnelles, reconnaître la nécessité d’une planification à long terme, développer le secteur privé pour générer des emplois et promouvoir la bonne gouvernance pour améliorer la gestion des finances publiques et des ressources naturelles, pouvoir combattre la corruption, et donc renforcer la légitimité de l’État. 

M. CARLOS HOLMES TRUJILLO GARCÍA, Ministre des affaires étrangères de la Colombie et Président de la Commission de consolidation de la paix, a souligné que les résolutions jumelles 70/262 et 2282 (2016) sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix, adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, appellent l’Organisation à s’appuyer sur d’autres acteurs afin de soutenir les initiatives nationales de consolidation de la paix.  Comme l’expérience de mon pays l’a démontré, a-t-il ajouté, il importe en la matière de construire des partenariats entre l’ONU, les gouvernements, les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, la société civile et le secteur privé.

Les situations de transition présentent un défi considérable pour la consolidation et la pérennisation de la paix, a poursuivi M. Trujillo García.  Une fois parties, les opérations de paix de l’ONU, qu’il s’agisse des opérations de maintien de la paix ou des missions politiques spéciales, transfèrent aux autorités la responsabilité de préserver les acquis en matière de paix.  Lors de la clôture des opérations de paix au Timor-Leste, en Côte d’Ivoire et au Libéria, des plans de transition avaient été concoctés conjointement avec les gouvernements concernés. 

Toutefois, la planification conjointe de la transition peut s’avérer une tâche plus complexe dans les cas où les capacités d’un gouvernement en situation de postconflit sont affaiblies, a mis en garde M. Trujillo García.  Dans ces cas précis, des « partenariats forts et coordonnés » entre tous les acteurs impliqués sont indispensables pour « combler les lacunes politiques, institutionnelles et financières », et prévenir un retour en arrière, après le retrait d’une opération.  La clôture des opérations de maintien de la paix en Côte d’Ivoire et au Libéria, en 2017 et 2018, et les transitions en cours dans d’autres pays illustrent bien la nécessité de disposer « d’efforts cohérents » pour appuyer la paix dans ses différentes facettes. 

L’un des principaux objectifs de la Commission de consolidation de la paix est de « combler le vide » en matière de capacités institutionnelles et structurelles et d’appuyer les pays en transition face au risque croissant de répétition des conflits, a précisé le Président.  Au Libéria, a-t-il notamment indiqué, la Commission a conseillé le Conseil de sécurité dans la formulation d’un plan national de consolidation de la paix, lequel a permis de créer un cadre tripartite pour coordonner les actions de l’ONU, la Banque mondiale et l’Union européenne (UE).  Sur la base de cette initiative, un fonds multidonateur a été créé pour appuyer l’action du Fonds pour la consolidation de la paix au Libéria, s’est-il félicité.

Le Conseil consulte également la Commission sur des questions de transition spécifiques, notamment concernant la prorogation des mandats, ainsi que sur des questions liées aux pratiques exemplaires en matière de transition, a précisé M. Trujillo García, soulignant que les sessions de la Commission offrent régulièrement l’occasion de mieux comprendre les défis multidimensionnels auxquels sont confrontées les opérations de paix.  Cela a notamment été le cas en Guinée-Bissau, où la Commission a aidé le Conseil à cerner les défis politiques, sécuritaires, de développement et sociaux liés à la transition du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau.  À cette occasion, a précisé M. Trujillo García, la Commission a relayé au Conseil les perspectives des organisations régionales et institutions financières concernant la transition. 

Récemment, la Banque mondiale et la Commission ont entamé un dialogue formel pour améliorer leur coopération en matière de consolidation de la paix dans certains pays, a par ailleurs déclaré le Président.  À ce titre, il a appelé le Conseil de sécurité à tirer parti de la capacité de la Commission à agir comme plateforme d’harmonisation des efforts de consolidation de la paix de l’ONU avec ceux d’autres organisations, notamment dans les contextes régionaux complexes, comme au Sahel, où de nombreux acteurs différents sont impliqués. 

Revenant en conclusion sur le cas de son propre pays, M. Trujillo García a indiqué que la Colombie a bénéficié du partenariat entre l’ONU et une variété d’organismes, partenariat qui a permis, selon lui, une plus grande efficacité dans la consolidation de la paix.  « C’est la raison pour laquelle nous avons sollicité la prorogation du mandat de l’actuel mission politique spéciale pour une durée supplémentaire d’un an », a-t-il déclaré.

M. NÉSTOR POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a expliqué que son pays a convoqué cette réunion d’information en raison de l’importance qu’il accorde aux alliances pour la consolidation et le maintien de la paix, et dans ce cadre, à une coopération entre le Conseil et les divers acteurs impliqués dans la paix, le développement et les droits de l’homme.  Il a renvoyé aux résolutions identiques de l’Assemblée générale et du Conseil adoptées en 2016 et réaffirmées par les deux organes deux ans plus tard.  Le Ministre a mis l’accent sur l’appropriation nationale des processus de transition, de prévention et de règlement des conflits.  Il a souligné, à cet égard, l’importance de la bonne gouvernance, de la satisfaction des attentes de la population et de la lutte contre l’impunité et la corruption. 

M. Popolizio Bardales a salué le fait que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable examine pour la première fois cette année l’objectif no 16 sur des sociétés pacifiques et inclusives.  Il a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est le cadre universel sur lequel le système de l’ONU doit s’appuyer pour contribuer aux efforts des pays dans la consolidation et le maintien de la paix.  Il a recommandé au Conseil de veiller à ce que les opérations de paix soient planifiées et gérées de manière à conduire à une bonne transition vers la consolidation de la paix.  Il faut, pour ce faire, s’inspirer des expériences, en nouant des alliances novatrices en fonction des circonstances, des besoins et des priorités spécifiques.  Le Ministre a salué les progrès réalisés en Haïti, dans lequel son pays a déployé un nombre important de Casques bleus.  Il a également loué le processus de renforcement des capacités institutionnelles et les efforts de développement national du Timor-Leste. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que la question soulevée aujourd’hui était essentielle pour éviter la résurgence d’un conflit dans une phase de transition, au moment où les acquis en matière de paix ne sont pas encore garantis.  Il a jugé essentiel de préparer concrètement la phase de relèvement postconflit, y compris, dans certain cas, dès le début de la phase du maintien de la paix.  Le retrait d’une mission et le transfert de ses fonctions résiduelles à d’autres organes de l’ONU doivent faire l’objet d’une planification précise.  Le représentant a jugé essentiel de tenir compte de l’avis de l’État hôte s’agissant de la consolidation de la paix et d’éviter les doublons entre les agences de l’Organisation.

Il a estimé que les mandats « génériques », qui font référence à des objectifs tels que le respect des droits de l’homme, le respect de l’environnement et les problématiques de genre peuvent entraîner des « dépenses inutiles » dans la consolidation de la paix.  Le développement en soit ne garantit pas la paix et la paix ne garantit pas le développement.  Il faut établir clairement « quel organe de l’ONU fait quoi ».  Les gouvernements hôtes ont la responsabilité première de définir les priorités des programmes de consolidation de la paix, a insisté le représentant.  Il a d’ailleurs appelé à une meilleure coopération de l’ONU avec les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales et, le cas échéant, avec la société civile pour renforcer la réconciliation nationale. 

La Commission de consolidation de la paix est une « plateforme fondamentale » pour améliorer l’action du Conseil en la matière.  Selon le représentant, la valeur ajoutée de la Commission est la suivante: elle peut traduire en réalité les priorités de l’État hôte.  Elle peut également compléter les rapports du Secrétaire général.  Le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC) devraient davantage prendre en compte les travaux de la Commission, a conclu le représentant. 

Quand on dépose les armes, il faut examiner en profondeur toute la situation et éviter que la communauté internationale ne détourne son attention, a déclaré M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne), qui a insisté sur l’appropriation nationale des efforts de transition.  Parfois, a-t-il regretté, dès le départ des Casques bleus, certains pays refusent l’assistance internationale.  Il a donc salué la position de la Colombie qui a demandé l’établissement d’une mission pour surmonter ses problèmes après la signature de l’accord de paix.  Comme les efforts nationaux doivent pouvoir s’appuyer sur un soutien financier, l’Allemagne contribue en Colombie mais aussi en République centrafricaine et ailleurs.  S’agissant des crises à l’échelle régionale, le représentant a estimé que grâce au G5 Sahel, l’approche a changé: le Conseil est devenu plus proactif car il a pris conscience que l’on ne peut stabiliser un pays sans prendre en compte le reste de la région.  Il a trouvé utile que le Conseil se penche plus systématiquement sur les questions liées à la transition. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a estimé que la nature complexe et changeante des conflits actuels exige un large éventail d’activités, dont des processus de paix impliquant les femmes et les minorités, un développement durable qui va main dans la main avec le renforcement de la résilience et la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit.  Face à une situation de conflit, les Nations Unies doivent donc actionner tous les outils à leur disposition.  Le Programme 2030 est, à cet égard, le meilleur outil de prévention des conflits.  La coopération entre toutes les parties prenantes est de la plus grande importance, et c’est la raison pour laquelle il faut rechercher de nouvelles formes de partenariats, y compris avec le secteur privé, car l’aide publique au développement ne suffira pas. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a estimé que de bons efforts de consolidation pendant une transition doivent impliquer l’ensemble du système des Nations Unies.  Il a soutenu l’idée de renforcer la coopération entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil.  Ce dernier doit faire en sorte que les mandats des opérations de paix soient réalistes, adoptées au contexte et souples pour pouvoir créer un environnement propice à la consolidation de la paix.  Le représentant a insisté pour que l’examen stratégique des missions et toute décision de retirer une opération se fassent en consultation avec la Commission de consolidation de la paix et le pays hôte.  Il a conseillé à la Commission de multiplier les contacts avec le Centre de l’Union africaine pour la reconstruction postconflit et le développement. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a insisté sur trois types de partenariats qu’il faut renforcer: le partenariat au sein du système des Nations Unies, avec toutes les composantes du pays hôte, et enfin, avec les organisations régionales, les institutions financières internationales et les partenaires techniques et financiers.  Il a continué en saluant le Secrétaire général pour ses réformes.  Le retrait d’une opération doit en effet s’anticiper, notamment en renforçant la coordination entre la mission et l’équipe de pays, a-t-il recommandé.  Il a ajouté que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle important dans les phases de transition.  Il a expliqué l’importance du renforcement du partenariat avec les acteurs nationaux, en citant notamment les exemples réussis de transition en Côte d’Ivoire en 2017 et au Libéria en 2018.  Cette appropriation nationale doit faire participer tous les acteurs de la paix et s’appuyer sur une forte participation des femmes.  Elle doit aussi favoriser la réintégration dans la société des enfants enrôlés dans des groupes armés et l’épanouissement d’une société civile et de médias pluriels.  « C’est une priorité pour la France, dans le cadre de sa stratégie “Prévention, résilience et paix durable”, adoptée en 2018 ». 

Enfin, le représentant a conseillé de favoriser la complémentarité, la cohérence et la démultiplication des efforts dans le cadre des partenariats entre l’ONU et les institutions qui peuvent compléter les efforts.  Il s’est félicité des activités du Fonds pour la consolidation de la paix mais a demandé d’en faire plus et d’imaginer des financements innovants en associant le secteur privé.  Il a plaidé pour le renforcement du partenariat entre les Nations Unies et la Banque mondiale et pour des partenariats avec des grands bailleurs.  Il a aussi insisté sur l’importance du partenariat avec les organisations régionales. 

M. WU HAITAO (Chine) a appelé l’ONU à étoffer ses partenariats pour trouver une réponse collective aux phases de transition, dans le respect du principe d’appropriation nationale.  Lors de la définition des mandats des opérations de maintien de la paix, le Conseil doit planifier plus en amont les efforts de consolidation selon des objectifs précis.  Une mission de maintien de la paix peut inclure certains mandats de consolidation de la paix.  Quant à la transition des tâches à la clôture d’une mission aux autres entités onusiennes, elle doit également faire l’objet d’une plus grande planification.

Le représentant a appelé l’ONU à renforcer sa coopération avec les organisations régionales, notamment l’Union africain, la Ligue des États arabes et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il a également appelé à renforcer les synergies entre le Conseil et les institutions internationales, notamment par le biais de la Commission de consolidation de la paix, qui doit assumer son rôle de complémentarité.  La Chine appuie les pays dans leurs efforts de relèvement, notamment dans le cadre du Fonds pour la consolidation de la paix, a enfin déclaré le représentant, ajoutant que son pays s’attache à établir des partenariats utiles et une coopération fructueuse entre États.

Il est tout à fait impératif que la transition réussisse, a lancé M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni), qui a indiqué que lorsque le Conseil décide de déployer une mission, il le fait pour protéger les civils ou répondre à une situation d’urgence.  Il a exhorté le Secrétariat et le personnel sur le terrain à la mise en œuvre des directives de 2009.  Les bailleurs de fonds bilatéraux et internationaux ont également un rôle vital à jouer.  La Commission de consolidation de la paix a démontré, notamment au Libéria, son pouvoir rassembleur, a-t-il poursuivi. 

Abordant la transition qu’il attend au Darfour, il s’est félicité de la mise en place d’un gouvernement dirigé par des civils et s’est demandé quel sera le mécanisme de suivi après le retrait de la MINUAD.  Il a aussi proposé d’envisager des rapports réguliers du Secrétaire général sur les progrès de la transition et sur l’alignement des mandats sur le terrain avec les priorités stratégiques.  Le Conseil et la communauté internationale devraient envisager également une meilleure collecte des données dès le retrait des missions. 

M. NAWAF A. S. A. ALAHMAD (Koweït) a reconnu le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix lors des périodes de transition, notamment afin d’éviter la reprise des conflits.  Pour que les phases de transition soient un succès, elles doivent pouvoir s’appuyer sur des institutions nationales solides, a-t-il ajouté, appelant l’ONU à renforcer en amont les capacités des pays hôtes pour préparer le terrain avant la clôture des opérations de paix.

Le représentant a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité à prendre davantage en compte les recommandations de la Commission de consolidation de la paix lors de la reconduction des mandats des opérations.  Afin de renforcer l’appropriation nationale des pays hôtes dans le cadre des processus de consolidation de la paix, le représentant a aussi appelé l’Organisation à coopérer étroitement avec ses gouvernements, notamment dans la conduite de leurs réformes nationales.

Par ailleurs, le représentant a jugé que le Fonds pour la consolidation de la paix n’a pas de moyens suffisants pour s’acquitter de ses fonctions.  Il a appelé les différents fonds internationaux, banques de développement régionales et la Banque mondiale à seconder l’action du Fonds. 

Sur le plan local, le représentant a souligné l’importance de la participation du secteur privé.  Il a également appelé à renforcer le partenariat entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans la consolidation de la paix.  Enfin, il a appelé à bien utiliser les outils de prévention, comme les mécanismes d’alerte précoce, pour éviter la reprise des conflits.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a remarqué que la réduction ou la fermeture d’une mission onusienne et le transfert de ses tâches et responsabilités sont des processus complexes.  L’expérience d’Haïti démontre que ces processus doivent être précédés par une mission d’évaluation et d’une stratégie de sortie comprenant des indicateurs précis.  Il faut également s’assurer que la dynamique onusienne s’insère dans les discussions régionales et sous-régionales, alors que l’appropriation nationale est une condition sine qua non de réussite, mais elle requiert la présence et le fonctionnement préalable d’une structure étatique, a souligné la représentante. 

Elle a également mis l’accent sur l’importance du transfert de tâches vers les autorités du pays hôte, en remarquant qu’à ce stade, les banques de développement sont appelées à soutenir les pays en transition.  Elle a salué l’approche de la Banque mondiale qui consacre une stratégie spécifique et des moyens accrus aux situations de fragilité et de conflit.  Le travail sur la gouvernance, y compris la réforme du secteur de la sécurité, est également essentiel pour pérenniser la paix, recréer un contrat social fort et, le cas échéant, préparer le terrain pour une stratégie de sortie.

De plus, toute transition réussie et durable suppose que l’on s’attaque aux causes profondes des conflits, a poursuivi Mme Van Vlierberge.  À cet égard, la Belgique et l’Union européenne prônent une approche globale et intégrée de l’action de l’ONU sur le terrain, en prenant en compte le cycle complet du conflit et les différents intervenants onusiens.  En effet, a tranché la représentante, l’ONU reste un partenaire essentiel des pays en transition, et la mise en œuvre complète des réformes en cours à l’ONU contribuera à optimiser ce partenariat.  Avant de conclure, elle a salué le travail de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix.  La Belgique appelle d’ailleurs les États Membres à accroître leurs contributions à ce Fonds et encourage l’approfondissement des relations du Fonds avec les institutions financières internationales.

Le succès de la transition du maintien de la paix vers la consolidation de la paix est essentiel pour maintenir une stabilité et une sécurité durables dans le monde, a estimé Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis).  L’ONU compte 14 missions de maintien de la paix et 11 missions politiques spéciales en activité, a rappelé la représentante.  L’objectif de chacune de ces missions est de procéder à un retrait progressif et de fermer, comme nous l’avons récemment fait en Côte d’Ivoire et au Libéria, et précédemment au Timor-Leste, a-t-elle ajouté, ajoutant que la gestion efficace du processus de transition pouvait être un défi complexe à relever. 

Selon la représentante, seule une transition menée par le pays hôte, avec l’appui total des États Membres, des organisations régionales et de l’ONU, est susceptible de déboucher sur une paix et une sécurité durables.  La planification et la communication sont également des éléments clefs du processus, a-t-elle ajouté.

Pour que les transitions soient réussies, toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement hôte, le Conseil de sécurité, les acteurs régionaux, le Secrétariat de l’ONU et la société civile, doivent prendre part à une phase de planification approfondie.  Pour cette raison, la représentante a appelé à ce que chaque mission ait une stratégie de sortie claire. 

Définir des jalons pendant les transitions constituent un indicateur essentiel pour garantir que toutes les parties prenantes, y compris le pays hôte, respectent les obligations qui contribueront à assurer une paix et une sécurité durables, a ajouté la représentante.  Les femmes doivent également jouer un rôle plus significatif dans les transitions du maintien de la paix vers la consolidation de la paix, a estimé la représentante. 

En octobre 2019, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) remplacera la Mission des Nations Unies pour l’appui de la justice en Haïti (MINUJUSTH), a rappelé Mme Norman-Chalet, ajoutant que cette transition vers une mission politique spéciale, après plus de 15 ans de maintien de la paix, constitue une étape importante.  Une fois terminée, nous pourrons faire de Haïti un exemple de transition réussie et sous contrôle national, a-t-elle dit.

Comme le Conseil de sécurité l’a répété à maintes reprises, c’est au Gouvernement haïtien qu’il incombe au premier chef de s’attaquer aux facteurs sous-jacents de l’instabilité, a poursuivi la représentante.  Selon elle, la réussite de la transition dépendra en grande partie des progrès réalisés par le Gouvernement haïtien dans divers domaines, notamment la tenue d’élections libres et équitables, la professionnalisation de la police nationale, la réduction de la violence communautaire et la lutte contre les gangs, la protection des droits de l’homme et la réforme du secteur de la justice.

Il est essentiel que le Gouvernement haïtien saisisse l’occasion offerte par le BINUH, a insisté la représentante.  En plus d’impliquer toutes les parties prenantes haïtiennes, y compris les femmes, les autorités du pays doivent continuer à travailler en étroite collaboration avec l’ONU et les partenaires internationaux pour jeter les bases d’un avenir prospère, a-t-elle estimé.

Si, au sortir d’un conflit, un pays ne dispose pas des conditions économiques, sécuritaires et institutionnelles appropriées, a estimé M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine), la situation risque fortement de déboucher sur une reprise du conflit.  Aussi le représentant a-t-il appelé à trouver un équilibre, lors des phases de retrait, entre les facteurs budgétaires et les besoins sur le terrain, afin d’éviter que ces phases ne se traduisent par une remise en cause des acquis. 

Le représentant a appelé l’ONU à adapter la consolidation de la paix aux besoins des pays hôtes et à garantir une plus grande participation des jeunes et des femmes lors des phases de transition.  Il a également souligné l’importance d’allouer aux pays hôtes les ressources financières nécessaires à leurs programmes de développement. 

La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) s’acquittent de tâches fondamentales pour apporter aux pays hôtes les ressources dont ils ont besoin, a estimé le représentant, jugeant que les fonds d’affectation spéciale sont le bon format pour canaliser ces ressources.

Le représentant a en outre appelé l’ONU à renforcer son partenariat avec les institutions financière multilatérales et le secteur privé lors des phases de consolidation de la paix.  Il a aussi appelé à davantage de coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Parallèlement, l’ONU doit, selon lui, travailler davantage avec les organisations régionales et sous-régionales.  Enfin, le représentant a estimé que la réconciliation est un facteur fondamental de la pérennisation de la paix.

M. VICTOR MANUEL ELÉ ELA (Guinée équatoriale) a déclaré que la complexité et la durée des conflits actuels, ainsi que leur lien avec la criminalité organisée et le terrorisme, rendent nécessaire d’investir pour réorganiser la manière dont l’architecture onusienne aide les pays pendant la période de transition vers la paix.  Il a souligné, à son tour, que le développement inclusif et durable est le meilleur moyen d’empêcher un pays de replonger dans le conflit.  À cet égard, il a encouragé le Secrétaire général à « garantir » le succès de la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  Le représentant a salué le travail et le « rôle unique » de la Commission de consolidation de la paix.  Il a estimé que la communauté internationale doit fournir une assistance « sincère » aux pays pour faciliter leur redressement économique. 

Les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales sont les outils les plus efficaces à la disposition de l’ONU pour promouvoir la paix et la stabilité, a estimé M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie).  « Mais ce ne sont pas des baguettes magiques », a-t-il nuancé.  « Il y a des limites à ce qu’elles peuvent accomplir. »  Pour éviter les risques croissants de reprise des conflits, le représentant a appelé à renforcer la gestion des phases de transition. 

Selon lui, la transition ne doit pas être perçue comme une fin en soi, mais plutôt comme un « processus de long terme qui commence avant et se poursuit après la clôture des missions ».  Aucune entité de l’ONU n’est capable à elle seule d’appuyer la paix lors des transitions, a-t-il estimé.  Nous avons besoin d’une planification intégrée en amont, en faisant appel à différentes entités de l’ONU et en développant une vision claire de la répartition des tâches, y compris entre la mission et l’équipe de pays.  L’établissement de partenariats avec des acteurs autres qu’onusiens est également essentiel, notamment avec les organisations régionales et les institutions financières internationales, a-t-il jugé.

Par ailleurs, le représentant a affirmé la primauté de l’appropriation nationale dans la consolidation de la paix.  Il a ainsi estimé que le succès d’une transition dépend du renforcement des capacités nationales et locales à capitaliser sur les gains enregistrés dans le cadre des missions.  L’appui international peut jouer un rôle de catalyseur, a estimé le représentant, à condition qu’il corresponde aux priorités stratégiques nationales, dans le respect de la souveraineté du pays.

Dans ce cadre, le représentant a appelé à garantir un financement adéquat, prévisible et durable au-delà du retrait de la mission.  Il a notamment appelé à ce que l’aide publique au développement soit davantage dirigée vers la consolidation de la paix.  La Commission de consolidation de la paix devrait également explorer des financements innovants, a-t-il ajouté, appelant à renforcer le rôle consultatif de la Commission auprès du Conseil de sécurité lors des phases de transition, mais aussi lors des phases de renouvellement des mandats, comme cela a été le cas avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

Enfin, le représentant a demandé au Secrétaire général d’inclure dans ses rapports sur les missions des recommandations pour minimiser les risques liés au retrait et une liste des jalons devant être atteints pour garantir une transition responsable.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a estimé que la problématique du renforcement des partenariats pour une appropriation nationale des transitions s’inscrit parfaitement dans l’histoire récente de son pays: après 13 ans de présence, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a pris fin le 30 juin 2017.  La transition réussie en Côte d’Ivoire est la résultante d’un long cheminement débuté en 2004 et nourri au fil des ans par une appropriation nationale forte de l’ensemble du processus de sortie de crise et de consolidation de la paix, a expliqué le représentant.  C’est surtout l’histoire d’une coopération multiforme et exemplaire entre le Gouvernement ivoirien et l’ensemble du système des Nations Unies, renforcée par des partenariats stratégiques coordonnés avec les acteurs institutionnels régionaux et de développement, a-t-il encore précisé.

À la lumière de son expérience nationale, la Côte d’Ivoire tient à insister sur la nécessité de définir des objectifs prioritaires clairs et précis dans des domaines jugés indispensables à la réussite du plan de transition, tout en tenant compte des facteurs de vulnérabilité susceptibles de causer une résurgence de la crise.  La définition de ces objectifs doit se faire dans le cadre d’une approche inclusive, en lien avec le gouvernement du pays hôte et tous les acteurs nationaux pour permettre une vision politique affirmée et partagée de la transition, et pour faire les évaluations en vue d’ajustements nécessaires au mandat de la mission onusienne. 

Pour le représentant, la réussite d’une transition est tributaire de l’appropriation nationale du processus, d’une part, et d’une communication stratégique sur les objectifs et le bien-fondé de l’action onusienne, d’autre part.  Il a souligné le rôle crucial qu’a joué la Radio « ONUCI FM » qui, dans le processus de transition en Côte d’Ivoire, a contribué à combler le fossé de méfiance et à rapprocher les populations locales des Nations Unies.  Appelée aujourd’hui « radio de la paix », elle poursuit toujours la promotion de la paix et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire.

Le représentant a également mis en exergue la contribution significative aux processus de transition des acteurs régionaux et sous-régionaux, ainsi que des bureaux régionaux des Nations Unies, en citant notamment l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que le bureau régional des Nations Unies au Sahel dans le cas de la Côte d’Ivoire.  Il a également salué la coopération fructueuse entre son pays et la Commission de consolidation de la paix qui a permis la mobilisation des ressources nécessaires au financement de projets prioritaires.

Pour M. BOCCHIT EDMOND, Ministre des affaires étrangères et du culte d’Haïti, il faut poursuivre la réflexion sur les principales exigences de la paix durable, en tenant compte de la situation particulière de chaque pays.  Ces discussions doivent être axées sur les trois piliers interconnectés et interdépendants de l’action de l’ONU, ainsi que sur la prise en compte des problèmes réels des pays, des besoins essentiels des populations et des priorités fixées par les autorités nationales.  D’où la nécessité d’un effort particulier de cohérence, de renforcement de partenariats, de création de nouveaux partenariats et de coordination à tous les niveaux, en vue de faire renaître la confiance et de maximiser les possibilités de développement à long terme.

Saluant les efforts de l’ONU en faveur de la consolidation et de la pérennisation de la paix, le Ministre a toutefois souligné que la situation d’Haïti doit être bien comprise.  « Vous conviendrez avec moi que mon pays n’est pas sorti d’une situation de conflit armé », a-t-il déclaré, en rappelant que depuis 2004, la MINUSTAH a évolué vers la MINUJUSTH qui, à compter du 16 octobre, sera remplacée par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).  Cela marque, à ses yeux, une reconnaissance des efforts déployés par les autorités haïtiennes, avec l’appui des missions de l’ONU.  Le Ministre a fait état de progrès indéniables comme le renforcement des capacités de la Police nationale, ou encore dans les domaines des droits de l’homme, de la justice, de la démocratie et de l’état de droit.  Cependant beaucoup reste à faire, a admis le Ministre, qui a pris note des principales tâches assignées au BINUH.

Il a appelé à tenir compte de l’importance croissante des effets des changements climatiques et des catastrophes naturelles sur la sécurité et la stabilité d’Haïti, un point de vue également défendu par le Groupe consultatif ad hoc de l’ECOSOC sur Haïti.  Pour le Ministre, la présence du BINUH doit tendre à appuyer les efforts des autorités nationales et les initiatives de la société civile pour s’attaquer aux causes profondes de la méfiance, de l’insécurité et de l’instabilité qui constituent « à coup sûr » des freins au développement à long terme du pays.  Les missions de l’ONU doivent être à la hauteur des principales urgences auxquelles font face les pays, et, dans le cas d’Haïti, le Ministre a cité les urgences sécuritaires, alimentaires, environnementales et humanitaires, y compris le choléra.

À cet effet, il a insisté sur l’importance d’un financement inconditionnel et soutenu des efforts de développement à long terme ainsi que sur la nécessité d’un dialogue soutenu entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies, afin que la présence onusienne dans un pays comme Haïti soit intégrée, équilibrée et synergique.

M. FIDELIS LEITE MAGALHÃES, Ministre de la réforme législative et des affaires parlementaires du Timor-Leste, a déclaré que cette réunion vient à point nommé car elle coïncide avec le vingtième anniversaire de la consultation populaire administrée par l’ONU et mandatée par le Conseil par le biais d’une mission politique spéciale.  Il s’agit de la Mission d’assistance des Nations Unies au Timor-Leste, qui a permis au pays d’accéder à l’autodétermination.  Fort de cette expérience de partenariat avec l’ONU, le Ministre a mis en exergue l’importance du leadership et de l’appropriation.  Selon lui, aucune appropriation des processus de transition n’est possible sans le plein engagement des dirigeants nationaux.  Il a mis en exergue le caractère vital de consultations régulières, larges et sincères avec les gouvernements et chefs de file locaux durant toute la vie de la mission et, de façon plus intense, quand elle est sur le départ. 

Ainsi, pour le Ministre, il importe de donner aux gouvernements le pouvoir de déterminer la durée et la stratégie de sortie de toute mission.  Il a rappelé qu’en conséquence, son pays avait créé un comité de haut niveau avec des représentants de l’État et la Mission.  Ce comité était chargé de rédiger un plan conjoint de transition.  Une fois les principaux aspects de ce plan réalisés, le Timor-Leste a décidé que pour que l’assistance soit optimale, elle devait être poursuivie par l’équipe de pays et les partenaires bilatéraux et multilatéraux, au lieu d’une autre mission de maintien de paix ou politique spéciale.  C’est là aussi qu’une « relation de coopération novatrice » a été proposée sous la forme d’un envoyé spécial du Secrétaire général chargé du renforcement et du développement des institutions, en se fondant sur le plan stratégique national de développement.  Le financement est fondamental pour le succès de toute transition, a-t-il insisté, ajoutant que l’aide publique au développement doit être dûment coordonnée pour faciliter la stratégie de sortie d’une mission.    

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