8595e séance – après-midi
CS/13915

Libye: les membres du Conseil de sécurité condamnent l’attentat meurtrier à Benghazi et saluent l’engagement des parties à respecter la trêve proposée par l’ONU

Réunis d’urgence à la demande de la France sur la situation en Libye, les membres du Conseil de sécurité ont, cet après-midi, unanimement condamné un attentat à la voiture piégée survenu le jour même à Benghazi, dans lequel trois membres du personnel de l’ONU ont trouvé la mort.  Les Quinze ont également salué, toujours au cours de leurs interventions faites à titre national, l’annonce par les parties au conflit d’adhérer à la trêve humanitaire initialement proposée par les Nations Unies, et censée commencer dans la soirée à l’occasion de la fête musulmane de l’Eïd al-Adha.

L’attaque « épouvantable » d’aujourd’hui est survenue alors que les habitants de Benghazi s’apprêtaient à célébrer l’Eïd al-Adha, dans une zone « supposée être sous le contrôle sécuritaire total » de l’Armée nationale libyenne (ANL) du général Khalifa Belqasim Haftar, a souligné, à l’entame de la réunion, la Sous-Secrétaire générale de l’ONU aux opérations de maintien de la paix, précisant que l’attentat avait fait trois morts et trois blessés parmi le personnel de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL). 

Aux yeux de Mme Bintou Keita, cette attaque souligne à la fois le « danger constant » que représente le terrorisme dans l’ensemble de la Libye et les limites du contrôle exercé par les parties en l’absence « d’un gouvernement, d’une armée et d’une police uniques ».  Cela confirme également, a-t-elle ajouté, combien la reprise des combats dans le pays, il y a quatre mois, est en train de « créer un vide » dans lequel les éléments radicaux peuvent facilement s’engouffrer.  Dans ce cadre, la Sous-Secrétaire générale a expliqué la décision de l’Organisation de ne pas ordonner le rapatriement de son personnel sur place.  « L’ONU n’a aucunement l’intention de quitter la Libye », a-t-elle déclaré, estimant que sa place était aux côtés des Libyens, « à l’instar de nos collègues courageux qui ont fait le sacrifice de leur vie aujourd’hui ».

Dans ce contexte troublé, Mme Keita a toutefois notifié le Conseil d’un développement positif majeur.  Le Premier Ministre du Gouvernement d’entente nationale basé à Tripoli, M. Fayez el-Sarraj, et les forces de l’ANL, du général Haftar, ont tous deux accepté le principe d’une trêve, qui devait commencer dans la soirée, à l’entame de l’Eïd al-Adha, a-t-elle confirmé. 

Proposée aux parties par le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Ghassan Salamé, le 29 juillet dernier, cette trêve constitue la première phase du plan en trois étapes de M. Salamé pour sortir de l’impasse actuelle en Libye.  Ce plan comprend également la tenue d’une réunion internationale sur le conflit et l’organisation d’une réunion interlibyenne où toutes les régions du pays seraient conviées.  En outre, le Représentant spécial propose aux parties d’assortir la trêve annoncée de mesures de confiance, telles que l’échange de prisonniers et la libération de personnes enlevées ou détenues de façon arbitraire.

« C’est la première étape vers un retour à un processus politique », a salué, aujourd’hui, la haute fonctionnaire, pour qui il convient désormais de faire avancer les deux étapes suivantes du plan de M. Salamé. 

Faisant écho à son appel, le Royaume-Uni a proposé que le Conseil publie, dimanche 11 août, une nouvelle déclaration à la presse afin de soutenir la trêve et les efforts du Représentant spécial, une proposition également appuyée par la Pologne et la France.  Cette dernière, qui était à l’initiative de la réunion, a invité le Gouvernement d’entente nationale et l’ANL à saisir l’occasion qu’offre cette trêve, non seulement pour alléger les souffrances de la population libyenne, mais aussi pour avancer dans la direction d’une solution politique globale à la crise en Libye.

« Cette trêve est essentielle, afin d’éviter que la situation ne se dégrade encore davantage, pour permettre à la population de sortir des zones de conflit et pour permettre l’accès de l’aide humanitaire à ceux qui en ont urgemment besoin », a souligné la délégation.

Combiné avec le plan en trois points proposé par M. Salamé, un cessez-le-feu permanent permettrait en outre de relancer le processus politique et les négociations de paix afin d’aboutir à une Libye unifiée et démocratique, a renchéri l’Allemagne. 

En réponse, le représentant libyen a fait savoir que le Conseil présidentiel de la Libye était effectivement disposé à répondre positivement à l’appel à la trêve lancé par le Représentant spécial, à condition qu’elle s’applique sur toutes les zones de conflit et qu’elle ne soit pas l’occasion de mener des actions militaires, de déplacer des troupes ou de faire intervenir l’aviation.  « La soi-disant Armée nationale libyenne prétend avoir éliminé le terrorisme, mais on voit bien que son agression contre Tripoli est un désastre qui a fait de nombreuses victimes, causé le déplacement de plus de 100 000 personnes, endommagé des infrastructures et exacerbé les souffrances des populations », a par ailleurs dénoncé la délégation. 

La Fédération de Russie a toutefois mis en garde que toute tentative visant à identifier les coupables parmi les belligérants serait contre-productive et saperait les perspectives de dialogue entre les parties. 

Plusieurs membres du Conseil, dont la Belgique, le Royaume-Uni, la Russie, l’Allemagne et la République dominicaine, ont par ailleurs appelé les États Membres à respecter l’embargo sur les armes en Libye afin d’éviter que des « appuis externes » ne contribuent à l’aggravation de la crise actuelle.  La Guinée équatoriale a de plus appelé à « rectifier le tir » en réduisant le nombre de « personnes tierces » impliquées dans le conflit. 

À l’instar de l’Indonésie et de la Guinée équatoriale, nombre des membres du Conseil de sécurité ont également appelé à ce qu’une enquête « minutieuse » soit immédiatement ouverte par les autorités locales pour faire toute la lumière sur l’attentat d’aujourd’hui et traduire ses auteurs en justice. 

LA SITUATION EN LIBYE

Déclarations

À l’entame de la réunion, Mme BINTOU KEITA, Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, a abordé « la nouvelle tragique » de l’attentat à la voiture piégée qui s’est produit aujourd’hui à Benghazi.  Cette attaque a fait plusieurs victimes, y compris des membres du personnel de l’ONU qui travaillaient et vivaient dans la ville, a-t-elle indiqué, avant de préciser que trois membres du personnel onusien avaient trouvé la mort dans l’attentat et que trois autres avaient été blessés.  Des dizaines de Libyens ont également été blessés.

Cette attaque « épouvantable » est survenue alors que les habitants de Benghazi s’apprêtaient à célébrer l’Eïd al-Adha, dans une zone « supposée être sous le contrôle sécuritaire total » de l’Armée nationale libyenne (ANL) du général Khalifa Belqasim Haftar, a poursuivi la Sous-Secrétaire générale.  À ses yeux, cela souligne le « danger constant » que représente le terrorisme dans toute la Libye, ainsi que les limites du contrôle exercé par les parties en l’absence « d’un gouvernement, d’une armée et d’une police uniques ».  Cela confirme également, a ajouté Mme Keita, que la reprise récente des combats est en train de « créer un vide » dans lequel les éléments radicaux qui aspirent au chaos et à la violence peuvent facilement s’engouffrer.  « L’ONU n’a aucunement l’intention de quitter la Libye », a ensuite affirmé la Sous-Secrétaire générale, soulignant que la place de l’Organisation était aux côtés des Libyens, « à l’instar de nos collègues courageux qui ont fait le sacrifice de leur vie aujourd’hui ».

Mme Keita a ensuite attiré l’attention sur les autres développements significatifs qui ont eu lieu aujourd’hui en Libye.  En effet, a-t-elle expliqué, le Premier Ministre du Gouvernement d’entente nationale, M. Fayez el-Sarraj, et les forces de l’ANL du général Haftar ont tous deux répondu favorablement à l’appel du 29 juillet du Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Ghassan Salamé, en faveur de l’instauration, à partir de ce soir, d’une trêve à l’occasion de l’Eïd al-Adha.  « J’espère qu’ils respecteront réellement, de bonne foi, leur engagement public », a appelé la haute fonctionnaire de l’ONU, avant de déclarer: « La violence insensée et absurde doit cesser. »

« Aucune des deux parties ne pourra sortir vainqueur du conflit actuel », a en outre estimé la Sous-Secrétaire générale.  « Aujourd’hui apporte clairement la preuve qu’il y a déjà beaucoup de perdants, dont la majorité sont des civils innocents. »  Plus de quatre mois de combats ont démontré qu’aucune victoire militaire rapide ne permettrait de résoudre la « situation complexe » sur le terrain, a-t-elle affirmé, jugeant que la situation actuelle ne permettait ni de combattre efficacement le terrorisme, ni de résoudre la « tragédie de la migration illégale », ni de libérer le potentiel économique de la Libye au bénéfice de ses habitants et de la stabilité de la région.

Mme Keita a ensuite indiqué qu’en amont de l’annonce de la trêve, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) avait travaillé d’arrache-pied pour rétablir la confiance entre les parties.  Les mesures humanitaires immédiates proposées, telles que l’échange de prisonniers et de dépouilles mortelles et l’autorisation de rendre visite ou de téléphoner aux prisonniers, peuvent contribuer à réduire les tensions afin de permettre à la trêve de bien avoir lieu, a-t-elle ajouté.  Elle a exhorté les parties à se saisir de cette occasion, notant que « c’est la première étape vers un retour à un processus politique ».  Il est essentiel, a-t-elle affirmé, d’« étendre et approfondir » la trêve au travers de ces mesures de rétablissement de la confiance et que les parties avancent rapidement vers l’organisation d’une conférence internationale afin qu’elles puissent s’engager de nouveau sur une feuille de route pour sortir le pays du conflit et le remettre sur la voie d’un processus démocratique.  Conformément à la proposition du Représentant spécial, a-t-elle précisé, cette conférence serait ensuite suivie d’une réunion interlibyenne.  Elle a de plus estimé que la déclaration du Conseil, dans laquelle celui-ci fait part de son appui à la trêve, avait été importante pour démontrer l’unité renouvelée du Conseil de sécurité sur la question libyenne, ainsi que son engagement en faveur de l’initiative en trois points proposée par le Représentant spécial.

Mme Keita a par ailleurs déploré le chaos qui règne dans le sud de la Libye, selon elle miné par des querelles intercommunautaires, notamment entre les groupes tebu et ahali à Mourzouq.  Ces tensions, qui sont exacerbées par la polarisation sur l’ensemble du territoire national, ont pris un mauvais tournant, a-t-elle alerté, avant de préciser que le 4 août, trois raids aériens de l’ANL contre des éléments tebu ont causé la mort de 45 personnes.  Elle a ensuite appelé à faire en sorte que les tensions intercommunautaires à Mourzouq ne s’étendent pas à d’autres villes du sud du pays.  La Sous-Secrétaire générale a par conséquent exhorté le Conseil à veiller à ce que la trêve ne soit pas appliquée uniquement dans les zones sous le contrôle clair d’une des deux parties, mais bien dans l’ensemble de la Libye.

Avant d’achever son intervention, Mme Keita a abordé le cas de Mme Siham Sergewa, une juriste et parlementaire enlevée de son domicile le 17 juillet et dont on est sans nouvelles depuis.  C’est une attaque « inacceptable » contre une femme juriste et un crime contre toutes les femmes libyennes et la perspective de voir les femmes jouer un rôle dans la vie politique de la Libye, a-t-elle condamné, appelant les autorités de Benghazi à trouver les responsables de cet enlèvement « lâche ».

Mme ANNE GUEGUEN (France) a déclaré qu’il était essentiel que le Conseil de sécurité se réunisse en urgence étant donné les développements en Libye ces dernières heures.  Le conflit libyen est à un moment critique, a-t-elle souligné.  Elle a condamné l’attaque contre le personnel de la MANUL, à Benghazi, et a demandé que les circonstances de cet acte soient établies sans délai et que les responsables soient traduits en justice.

La représentante a ensuite salué la trêve acceptée aujourd’hui par les deux parties, « qui est une première étape importante pour alléger les souffrances de la population libyenne et créer les conditions pour aller vers une solution politique durable, permettant à la Libye de retrouver la paix et la stabilité ».  Elle a appelé l’ANL et le Gouvernement d’entente nationale à observer cette trêve à travers la Libye et dans la durée, de façon à permettre le temps des discussions nécessaires pour aller plus loin.  Cette trêve est essentielle afin d’éviter que la situation ne se dégrade encore davantage, pour permettre à la population de sortir des zones de conflit et pour permettre l’accès de l’aide humanitaire à ceux qui en ont urgemment besoin, a-t-elle insisté.

Poursuivant, Mme Gueguen a estimé que la trêve doit être accompagnée de mesures de confiance afin d’ouvrir la voie à un cessez-le-feu durable, assorti de garanties crédibles. 

Elle a également affirmé que la mise en œuvre d’un cessez-le-feu durable qui s’inscrive dans la relance du processus politique sous l’égide du Représentant spécial est la seule issue. 

La France appelle les parties libyennes à reprendre les discussions sur cette base, sous l’égide du Représentant spécial, afin que les éléments d’un accord répondant aux préoccupations de toutes les parties et surtout aux attentes de la population libyenne puissent être rapidement réunis sur la base des principes agréés à Paris, Palerme et Abou Dhabi. 

Elle a précisé que ces paramètres doivent être assortis de réformes économiques et sécuritaires, avec pour priorité la mise en œuvre rapide d’une gouvernance transparente de la banque centrale, la réforme de la gestion des revenus pétroliers, l’unification des institutions financières et sécuritaires, au bénéfice de tous les Libyens.  Ils doivent également être complétés par des dispositions solides en matière sécuritaire et sous-tendus par le respect des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier s’agissant de l’embargo sur les armes.

La France appelle instamment toutes les parties à saisir l’occasion qu’offre cette trêve pour avancer dans la direction d’une solution politique globale et soutient, dans cette optique, le principe d’une déclaration à la presse proposé par le Royaume-Uni. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a condamné l’attentat perpétré aujourd’hui à l’encontre de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) à Benghazi, et a exprimé ses condoléances aux familles des victimes.  Elle a appelé toutes les parties à respecter la trêve annoncée et remercié le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye pour les efforts qu’il déploie afin de faire en sorte que cette trêve ait bien lieu.  « C’est un moment essentiel pour les parties libyennes », a-t-elle estimé, appelant ces dernières à saisir cette occasion afin d’assurer la reprise du dialogue politique. 

Par ailleurs, la représentante a salué la décision de l’ONU de ne pas procéder à une évacuation de son personnel sur place en Libye, et ce, malgré les dangers actuels.  Elle a enfin appelé tous les pays à appliquer et respecter l’embargo sur les armes et à tout faire pour que les parties reprennent rapidement un dialogue politique.

La représentante a enfin proposé que le Conseil publie demain une déclaration à la presse sur la situation en Libye, afin de démontrer son unité sur la question et son appui à la trêve et aux efforts du Représentant spécial.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a déploré et condamné l’attaque contre le personnel de la MANUL à Benghazi ce matin, tout en précisant qu’il est de la responsabilité des autorités locales d’identifier et de condamner les criminels coupables de cet attentat.  Elle a aussi regretté le fait que le droit international humanitaire ait de nouveau été violé de manière flagrante au cours des derniers jours en Libye, les civils en étant les premières victimes.  Ces crimes ne doivent rester impunis, que ce soit devant les tribunaux nationaux ou à la Cour pénale internationale (CPI), a-t-elle dit. 

Mme Van Vlierberge a en outre exigé que l’accord donné par le Gouvernement d’entente nationale et l’Armée nationale libyenne à la proposition de trêve du Représentant spécial soit respecté.  Elle a exhorté les protagonistes à transformer cette trêve en un cessez-le-feu durable.  En parallèle, un dialogue politique doit reprendre, sans conditions et sous la médiation du Représentant spécial Salamé, a—t-elle affirmé.  Elle a enfin demandé le respect de l’embargo sur les armes, et que cesse le recours au recrutement de combattants, y compris de mercenaires étrangers et d’éléments terroristes, criminels et listés par le Conseil de sécurité.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a condamné l’attentat de Benghazi, avant de demander au Conseil de sécurité de soutenir l’action du Représentant spécial du Secrétaire général.  Il a salué le fait que les parties au conflit aient accepté la trêve proposée par le Représentant spécial et soutenue par le Conseil de sécurité.  Le représentant a rappelé qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise en Libye, tout en invitant les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire.  Dans le cadre de la célébration de l’Eïd al-Adha par les pays arabes et musulmans, le délégué a dit souhaiter que cette célébration leur apporte paix et prospérité. 

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a condamné l’attentat perpétré aujourd’hui à l’encontre de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) à Benghazi.  Il a dit attendre avec impatience les résultats de l’enquête qui sera menée par les autorités locales.  Pour l’heure, le représentant a renouvelé son soutien en faveur de tous les membres du personnel de la MANUL, ainsi que du Représentant spécial pour la Libye.

Par ailleurs, le représentant a salué l’annonce par les parties de leur volonté d’honorer la trêve proposée par M. Salamé, à l’occasion de l’Eïd al-Adha.  Il les a appelées à la respecter, avant d’exhorter tous les acteurs internationaux bénéficiant d’une influence sur les parties à œuvrer en ce sens.  Le représentant a en outre exhorté l’ensemble des parties libyennes à se mettre d’accord sur un cessez-le-feu permanent et à souscrire au plan en trois points proposé par M. Salamé, dans le but de relancer le processus politique qui devrait permettre d’aboutir à une Libye unifiée et démocratique.

Le représentant a enfin appelé tous les États Membres à faire respecter l’embargo sur les armes décrété par le Conseil concernant la Libye. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a condamné dans les termes les plus fermes l’attentat perpétré aujourd’hui contre la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), et a transmis ses condoléances aux familles des victimes.  Il a ensuite rappelé le bilan de l’attentat qui a frappé Tajoura au mois de juin, ainsi que les « évènements déchirants » qui se sont produits cette semaine dans le village de Mourzouq, dans le district de Qalaa, faisant plus de 100 victimes, dont 42 décès.  Il s’est inquiété de la létalité des attaques menées depuis le mois de mai, notant que les appuis externes, qui se font en violation de l’embargo sur les armes, viennent aggraver la crise.  Il a appelé l’ensemble des parties à respecter le caractère sacré de l’Eïd, pour ensuite exiger le maintien de cessez-le-feu et la repise du dialogue politique sous les auspices de l’ONU.

Dans une déclaration très courte, M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a condamné l’attentat d’aujourd’hui à Benghazi.  Il a appuyé l’annonce d’une trêve à l’occasion de l’Eïd al-Adha, ainsi que les mesures de confiance proposées par le Représentant spécial.  Il a ensuite exhorté les parties au conflit à garantir un accès humanitaire sans entrave à ceux qui en ont besoin et à protéger la population civile.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a condamné dans les termes les plus forts la « lâche attaque » perpétrée dans une zone commerçante du quartier al-Hawari de Benghazi, et a appelé à traduire les auteurs de cet acte ignoble devant les tribunaux compétents.  Il a constaté que plus de quatre mois après le début des hostilités pour le contrôle de la capitale Tripoli, la crise libyenne est plus que jamais dans l’impasse.  Cette première attaque contre du personnel de la MANUL doit interpeller notre Conseil sur la nécessité de convaincre les parties prenantes à accepter un cessez-le-feu à court terme, a-t-il estimé.

Le représentant a ensuite signalé que les livraisons avérées d’armes aux parties en conflit alimentent un conflit « dont l’enlisement éloigne les chances d’un cessez-le-feu et d’une reprise immédiate du dialogue interlibyen ».  Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire salue l’annonce faite ce jour par le général Khalifa Haftar d’une trêve à la veille de l’Eïd al-Adha et se félicite de l’engagement du Gouvernement d’entente nationale de sa disponibilité à accepter aussi un cessez-le-feu humanitaire à l’occasion de cette célébration.  Le représentant a ensuite exhorté les belligérants à prolonger la trêve et à relancer le processus politique de sortie de crise.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a condamné l’attentat de Benghazi.  Il a ensuite salué l’évolution sur le terrain avec des réponses positives des parties à la proposition de trêve du Représentant spécial.  Il a appelé les parties libyennes à se focaliser sur les intérêts nationaux, et a invité la communauté internationale à soutenir le processus politique appuyé par le Représentant spécial, tout en respectant la souveraineté nationale du pays.  La Chine s’est enfin dite disposée à apporter sa contribution pour faire revenir la paix en Libye.

Mme KGAUGELO THERMINA MOGASHOA (Afrique du Sud) a présenté les condoléances de sa délégation aux familles des victimes de l’attentat de ce jour à Benghazi, y compris celles des personnels onusiens.  L’Afrique du Sud, a-t-elle dit, condamne cet attentat à la voiture piégée et appelle toutes les parties au conflit à respecter la trêve humanitaire à laquelle elles se sont engagées en rapport avec la célébration de l’Eïd al-Adha.  Mme Mogashoa a ensuite déploré les quelque 1 100 morts du fait de la bataille de Tripoli, ainsi que les plus de 100 000 déplacés. 

La représentante s’est également préoccupée du prix payé par les migrants africains qui essayent de traverser la Méditerranée.  À ce propos, elle a rappelé au Conseil que le navire humanitaire espagnol « Open Arms » demeure bloqué en mer depuis neuf jours au large des côtes de l’île la plus méridionale de l’Italie, sans qu’aucun gouvernement européen ne se montre disposé à accueillir les 121 migrants qui se trouvent à son bord.  Le navire fait face à une amende qui peut atteindre un million d’euros s’il accoste en Italie, a précisé la déléguée, avant de demander au Conseil de traiter de toutes les questions relatives à la Libye avec « le même sentiment d’urgence », y compris celles portant sur le sort et les attaques de migrants.  La représentante a ensuite salué le fait que le Gouvernement d’entente nationale et le général Haftar aient accepté l’appel du Représentant spécial du Secrétaire général à une trêve humanitaire.  Selon elle, cette trêve ouvre une fenêtre d’opportunité pour encourager toutes les parties à retourner aux négociations et à rechercher une solution politique durable en Libye. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a condamné l’attentat d’aujourd’hui à Benghazi, et a demandé à ce qu’une enquête soit immédiatement ouverte pour faire la lumière sur cette attaque.  Il a également appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire dans le cadre du conflit en cours.

Par ailleurs, le représentant a salué le plan en trois points proposé par le Représentant spécial pour la Libye, à commencer par sa proposition d’établir une trêve à l’occasion de l’Eïd al-Adha.  Le représentant a salué les parties pour avoir accepté de l’appliquer.  Enfin, le représentant a appelé le Conseil à continuer de faire preuve d’unité sur la question. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a condamné l’attentat à la voiture piégée qui a entraîné le décès de trois fonctionnaires des Nations Unies à Benghazi, aujourd’hui.  Le représentant a appelé à ouvrir une enquête minutieuse afin de faire toute la lumière sur cette attaque et de traduire ses auteurs en justice.  Il a salué les membres défunts du personnel de l’ONU pour leur engagement et leur sacrifice en faveur de la paix.

Le représentant s’est dit « consterné » face à cette attaque et a appelé toutes les parties à respecter la trêve annoncée à l’occasion de l’Eïd al-Adha.  Il a rappelé l’attaque aérienne tragique contre un centre de migrants à Tajoura, le 2 juillet dernier, qui avait fait de nombreuses victimes, pour ensuite exhorter les parties à respecter le droit international humanitaire afin de garantir la sécurité des civils libyens.

Le représentant s’est en outre dit préoccupé face à l’implication de « personnes tierces » dans le conflit et a appelé à rectifier le tir en en réduisant le nombre. 

M. GERARDO TALAVERA (Pérou) a condamné l’attentat de ce jour à Benghazi.  Il a déploré le fait que le conflit en Libye ouvre la route à des groupes extrémistes.  Il a salué le plan en trois points du Représentant spécial, saluant notamment la trêve acceptée par les parties.  Il a enfin exhorté toutes les parties ayant une influence sur les protagonistes à faire pression sur elles pour assurer le respect du droit international humanitaire en Libye. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé que depuis plusieurs semaines, de nombreux migrants quittant la Libye ont péri en Méditerranée, et a fait savoir qu’au cours de la minute de silence observée en début de séance, il a également eu une pensée pour ces morts.  Toutes les vies humaines importent, a-t-il souligné.  Il a ensuite déploré la présence, en Libye, de terroristes venus de Syrie et d’Iraq, avant de rappeler l’importance qu’il y a de lutter contre ce fléau international.  Le délégué a souligné que les véritables causes de la migration tiennent des situations de conflit et des crises économiques.  Il ne faut pas lutter contre les migrants, mais bien contre les causes des migrations, a-t-il martelé. 

M. Polyanskiy a aussi déploré la situation catastrophique que connaît la Libye depuis 2011, et a invité ceux qui ont créé ce chaos en Libye et dans les pays voisins à reconnaître leur tort. 

Il a insisté sur l’importance de disposer d’institutions nationales libyennes unies, et a déploré le manque de confiance entre les parties libyennes en conflit.  Il a appelé l’ONU à jouer un rôle majeur pour faciliter les pourparlers, tout en saluant la trêve obtenue grâce aux bons offices du Représentant spécial.  M. Polyanskiy a par ailleurs plaidé pour le respect de l’embargo sur les armes en Libye.  Il a ensuite estimé que les tentatives d’identifier les coupables parmi les belligérants seraient contre-productives et n’auraient pour conséquence que de saper les perspectives de dialogue entre les parties. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a fait part de ses condoléances aux proches et aux familles des victimes de l’attentat de Benghazi, ainsi qu’à l’ensemble du personnel de la MANUL.  Condamnant fermement cette attaque, elle a appelé à ce que ses auteurs soient traduits en justice.

Il est regrettable que cette attaque ait eu lieu un jour avant l’Eïd al-Adha, au moment de l’annonce de la trêve, a déploré la représentante.  Cela démontre l’importance de cette trêve et nous rappelle à quel point le personnel de l’ONU se sacrifie au service de la paix, a-t-elle ajouté, avant d’appuyer la proposition faite par le Royaume-Uni de publier, demain, une déclaration à la presse sur la Libye.

M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a condamné les attentats de ce jour, avant de faire part de la disponibilité du Gouvernement d’entente nationale à lutter contre le terrorisme.  Il a aussi rappelé l’enlèvement d’une femme parlementaire dont le sort reste inconnu.  « La soi-disant Armée nationale libyenne prétend avoir éliminé le terrorisme, mais on voit bien que son agression contre Tripoli est un désastre qui a fait de nombreuses victimes, causé le déplacement de plus de 100 000 personnes, endommagé des infrastructures et exacerbé les souffrances des populations », a-t-il affirmé.

M. Elmajerbi a ensuite indiqué que le Conseil présidentiel s’était réuni en réponse à l’appel à la trêve lancé par le Représentant spécial à l’occasion de l’Eïd al-Adha.  Celui-ci a dit être disposé à y répondre positivement, à condition, a précisé le délégué, que la trêve s’applique sur toutes les zones de conflit, qu’elle ne soit pas l’occasion de mener des actions militaires, de déplacer des troupes ou faire intervenir l’aviation.  Il a terminé son propos en rappelant qu’il ne saurait y avoir de solution militaire à la crise en Libye, et que le dialogue est la seule voie de sortie du conflit.

 

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