8670e séance – après-midi
CS/14027

Conseil de sécurité: inquiétude face à la dégradation de la sécurité au Sahel, où la violence terroriste gagne les pays côtiers

Devant le Conseil de sécurité, qui examinait cet après-midi le rapport du Secrétaire général sur la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (FC-G5S), les intervenants ont présenté un tableau inquiétant de la détérioration de la sécurité dans la région.  Les appels se sont multipliés pour que la communauté internationale honore ses promesses de soutien, mais aussi pour que les pays concernés s’organisent mieux.

Depuis le début de l’année, le nombre d’attaques attribuées à des groupes terroristes, ou revendiquées par eux, a été multiplié par trois et elles s’étendent maintenant jusqu’au pays de la côte ouest-africaine et le long de la bande sahélo-sahélienne presque jusqu’au bassin du lac Tchad a indiqué la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Mme Bintou Keita.  Rien qu’au cours des 10 derniers jours, près d’une centaine de militaires burkinabé, nigérians et maliens ont perdu la vie dans plusieurs attaques visant le triangle du Liptako-Gourma.  Le 18 novembre, ce sont 24 soldats maliens qui ont péri près de Tabankort, dans le nord du pays.  Depuis le début de l’année, le Burkina Faso a enregistré 489 incidents contre 150 à la même période en 2018, tandis que le Niger connaissait 118 attaques, contre 69 en 2018.

Face à cette menace qui risque de faire tomber la digue de sécurité au Sahel, la communauté internationale doit, plus que jamais soutenir la Force conjointe du G5 Sahel afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle.  La Force doit disposer de ressources suffisantes pour être offensive et obtenir des résultats tangibles.  C’est là une « nécessité impérieuse », a insisté l’Observatrice permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, Mme Fatima Kyari Mohammed.

La Force a d’autant besoin d’appui qu’elle est « le meilleur outil », la « seule alternative disponible » dans la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier, dans l’espace commun des États qui y participent et « l’ultime digue » face à une « déferlante djihadiste » qui menace d’engloutir toute la sous-région, ont averti la France, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Burkina Faso, M. Alpha Barry et la Côte d’Ivoire, qui s’exprimait au nom du « A3 » (les trois pays africains membres du Conseil de sécurité).

De plus, grâce au renforcement du partenariat avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) obtenu par la résolution 2480 (2019) qui est maintenant en passe d’être mise en œuvre, la Force commence à être opérationnelle et à donner des résultats. Depuis le début de l’année, elle a mené 11 opérations.  Entre le 1er et le 17 novembre dernier, 1 400 soldats venus du Burkina Faso, du Niger, du Mali et appuyés par des militaires français ont conduit des opérations entre le Mali et le Burkina Faso.

L’appui international reste insuffisant, notamment à cause des difficultés rencontrées dans le décaissement des fonds promis et dans la mise en place effective des équipements qui restent, y compris en termes de renseignement, pour partie tributaires des partenaires.  En termes opérationnels, la Force ne dispose même pas de moyens aériens propres et n’a toujours pas de quartier général.

Partenaire du G5 Sahel, l’Union européenne entend continuer d’apporter de l’assistance, de même que ses États membres, comme en témoigne le nouveau  Partenariat pour la sécurité et la stabilité du Sahel (P3S), initiative lancée en septembre par la France et l’Allemagne dans le cadre du G7, ou encore l’enveloppe additionnelle de 138 millions d’euros, dont 100 millions pour l’opérationnalisation de la Force, a indiqué le Directeur du Service extérieur pour l’Afrique de l’Union européenne M. Koen Vervaeke.  Pour sa part, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est engagée en septembre à mobiliser, sur quatre ans, un milliard de dollars dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. 

Mais c’est aussi au Gouvernement malien de prendre les rênes, ont fait observer les États-Unis, qui estiment qu’il ne fait pas assez.  Le représentant a rappelé que son pays avait fourni, en 2018, une aide de 110 millions de dollars, auxquels s’ajoutent 200 millions accordés aux pays du Sahel, sans oublier les 235 millions versés par l’USAID au titre de l’aide humanitaire.  En l’absence de progrès, cette aide sera remise en cause.

Cela dit, les initiatives dans le domaine de la sécurité ne porteront des fruits que si des réponses satisfaisantes sont apportées aux questions relatives au sous-développement, à la pauvreté, à la gouvernance, aux difficultés d’accès aux services de base, à l’exclusion systématique, ainsi qu’aux effets des changements climatiques, ont plaidé plusieurs délégations, dont celles de la France, de la Chine et de la Belgique.

Il faut offrir aux populations, notamment aux plus jeunes, des perspectives d’avenir, a ajouté la Sous-Secrétaire générale, tandis que la Chine invitait à mettre en œuvre la Stratégie du Secrétaire général sur le Sahel et que le « A3 » appelait tous les partenaires du développement à soutenir le projet « Desert to Power » de la Banque africaine de développement.

De son côté, la Fédération de Russie a fait observer que les racines de cette situation étaient bien connues : « On récolte ici les fruits de l’intervention déstabilisatrice en Libye. »  Et de fait, tant que la situation ne sera pas normalisée en Libye, celle qui prévaut au Sahel ne le sera pas, a estimé le représentant.

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE – (S/2019/868)

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Département des opérations de paix et Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, a expliqué qu’au cours des six derniers mois, la sécurité s’était considérablement détériorée dans la région du Sahel, du fait d’attaques attribuées à des groupes terroristes ou revendiquées par eux.  Mme Keita a cité plusieurs de ces attaques meurtrières parmi les plus récentes: une quarantaine de civils et de soldats tués le 6 novembre à Boungou, dans le nord du Burkina Faso; près d’une centaine d’éléments de force de sécurité du Burkina, du Niger et du Mali tués au cours 10 derniers jours dans une série d’attaque visant le triangle du Liptako-Gourma; 24 soldats maliens tués le 18 novembre dernier près de Tabankort, au nord du Mali, à proximité de la frontière avec le Niger.

De plus, le nombre de ces attaques a été multiplié par trois depuis le début de l’année, en comparaison avec la même période de l’an passé, a ajouté Mme Keita.  Au Burkina, 489 incidents ont ainsi été enregistrés, contre 150 à la même période de 2018.  Au Niger, ce sont 118 attaques contre 69.  Par ailleurs, la violence des groupes terroristes s’étend désormais jusqu’au pays de la côte ouest-africaine et le long de la bande sahélo-sahélienne et dans le bassin du lac Tchad.  Ces faits ont été constatés par les chefs d’État de la région, qui ont par ailleurs mis en garde contre l’effondrement de la digue sécuritaire dans la région, a ajouté la Sous-Secrétaire générale.

Depuis la publication du rapport du Secrétaire général, la Force conjointe du G5 Sahel a conduit des opérations avec l’appui des Forces françaises, a précisé Mme Keita.  Ces opérations ont eu lieu à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso du 1er au 17 novembre dernier et ont impliqué 1 400 militaires venus du Burkina, du Niger, du Mali, aux côtés des Forces françaises.  Elles ont permis la neutralisation de 24 suspects terroristes, la saisie d’armes et de munitions, de 100 téléphones et 64 véhicules. 

Mais cette Force, bien que centrale dans le dispositif sécuritaire, ne peut à elle seule sécuriser la région, a souligné la Sous-Secrétaire générale, et il faut faire davantage pour prévenir la détérioration de la situation.  Mme Keita s’est toutefois félicitée de l’initiative franco-allemande du Partenariat pour la sécurité et la stabilité du Sahel (P3S), annoncé en septembre au Sommet de Biarritz du G7, et de l’engagement pris récemment par les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lors du Sommet extraordinaire de l’organisation régionale tenu à Ouagadougou le 14 septembre.  Ces initiatives devraient permettre de mieux lutter contre le terrorisme, avec une promesse d’un milliard de dollars, a-t-elle expliqué. 

Mme Keita a rappelé qu’alors que le terrorisme est un combat mondial et qu’aucun pays ne peut le mener seul,  la plupart des États du Sahel consacrent déjà 20% de leur budget à la défense et à la sécurité.  Selon elle, la communauté internationale doit donc contribuer à l’effort de lutte contre l’extrémisme au Sahel.  Elle doit soutenir la Force conjointe du G5 Sahel afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle et obtenir des résultats tangibles.  Les initiatives sur le plan sécuritaire ne porteront des fruits que si des réponses satisfaisantes sont apportées aux questions relatives au sous-développement, à la pauvreté, à la gouvernance, aux difficultés d’accès aux services de base, à l’exclusion systématique, ainsi qu’aux effets des changements climatiques, a encore averti Mme Keita, pour qui il faut « offrir aux populations, aux plus jeunes des perspectives d’avenir ».  La Sous-Secrétaire générale a conclu en appelant tous les partenaires à assurer un décaissement rapide des fonds promis et à soutenir la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. 

M. ALPHA BARRY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Burkina Faso, a jugé des plus inquiétantes la situation dans l’espace G5 Sahel.  Ces semaines ont été particulièrement éprouvantes pour le Mali et le Burkina Faso suite notamment aux lourdes pertes enregistrées par l’Armée malienne à Indelimane au début de ce mois, et encore avant-hier au sud de Ménaka, a-t-il reconnu.  Côté burkinabé, on est encore sous le choc de l’assassinat lâche et barbare du député-maire de Djibo en début de mois et, quelques jours tard, de l’attaque particulièrement sanglante d’un convoi de travailleurs de la société minière SEMAFO dans l’est du pays, a ajouté le Ministre. 

Cette pression de l’ennemi appelle nos États et leurs armées respectives à plus d’efforts, a poursuivi M. Barry.  Il a estimé que la Force conjointe, malgré les difficultés, avait pu mener un certain nombre d’opérations afin de marquer sa présence et sa détermination.  Ces opérations  sont au nombre de huit pour le premier semestre de 2019, a précisé le Ministre, pour qui les activités prévues sur l’ensemble du troisième trimestre de l’année ont été bien menées.  Pour ce dernier trimestre, la Force conjointe du G5 Sahel s’est engagée dans trois opérations conjointes avec les armées nationales et les forces partenaires, a encore ajouté M. Barry. 

Le Ministre a expliqué ensuite qu’un plan de campagne couvrant une durée d’une à deux années était envisagé et ferait l’objet d’une planification au cours des prochaines semaines.  L’objectif est de mettre en harmonie les futures opérations de la Force conjointe avec les différents efforts des armées nationales, de la Force française Barkhane et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Pour ce qui est du partenariat avec la MINUSMA, le soutien additionnel obtenu par la résolution 2480 (2019) est maintenant en passe d’être mis en œuvre, quelques mesures pratiques.

Mais, a ajouté le Ministre, il est clairement établi que la mise en œuvre de l’avenant à l’Arrangement technique entre la MINUASMA et la Force pourrait rencontrer d’énormes difficultés en matière de ravitaillement sur le terrain, du fait de l’éloignement de certains théâtres d’opérations.  Il a aussi déclaré qu’en dépit des progrès réalisés par la Force conjointe, des contraintes majeures demeurent. 

Sur le plan de l’équipement de la Force, le fort engouement international dont la Force a bénéficié dès sa création avait certes permis en son temps l’annonce d’une importante aide internationale en accompagnement des efforts nationaux, a reconnu M. Barry et de fait, 414 millions d’euros sur les 423 attendus ont été effectivement annoncés lors de la conférence des partenaires tenue en février 2018 à Bruxelles.  Cependant la mise en place effective des équipements qui devaient être financés par ces différents engagements tarde à se concrétiser sur le terrain, a poursuivi le Ministre, qui a égrainé les difficultés: sur la quarantaine de requêtes soumises aux partenaires, 10 seulement ont été approuvés par les partenaires; les moyens roulant de combat sont toujours en cours de livraison; dans le domaine logistique, certaines capacités restent largement tributaires des partenaires présents sur le théâtre d’opération; en termes opérationnels, la Force ne dispose pas de moyens aériens propres alors même que le combat antiterroriste ne peut pas se faire efficacement sans le volet aérien. 

Nous devons donc rechercher des alternatives pour rendre pleinement opérationnel notre Force sur le terrain, a estimé M. Barry.  Concernant le système de renseignement, des requêtes ont été lancées pour l’acquisition de capteurs et de moyens de surveillance mais n’ont toujours pas été suivies d’effet. 

Le Ministre a également jugé possible d’affirmer que la Force conjointe était actuellement la seule alternative disponible dans la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier, dans l’espace commun des États qui y participent.  Il existe, en outre, un besoin urgent de coordination et de mutualisation des capacités à l’interne des pays membres de l’Espace G5, tout comme vis-à-vis des autres initiatives de l’ensemble de la sous-région et de la communauté internationale. 

Le Ministre a réitéré, en conclusion, l’appel du Président du Burkina Faso à tous les États, afin qu’ils se joignent à l’initiative « Partenariat pour la stabilité et la sécurité au Sahel » proposée au Sommet du G7 en septembre dernier.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Observatrice permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a reconnu que la situation au Sahel était source de grande préoccupation pour son organisation, notamment du fait de la recrudescence des attaques terroristes ces dernières semaines dans la région dite des trois frontières, le Liptago-Gourma, entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Au Mali, ces attaques ont redoublé en particulier dans le nord et le centre du pays.  Elles visaient surtout les forces armées, mais ont également fait des dizaines de morts parmi les civils.  La dernière de ces attaques, dans la région de Gao, le 18 novembre, a causé la mort de 30 soldats maliens, 29 autres ayant été blessés, a rappelé Mme Mohammed.  Le Niger souffre pour sa part dans la zone frontalière avec le Mali et plus au sud, avec des incursions du groupe Boko Haram dans la région de Diffa.  Enfin, le Burkina Faso est le théâtre d’une nouvelle explosion de violences barbares dans le nord, le centre et l’est, et le Tchad n’a pas non plus été épargné, avec plusieurs attaques perpétrées en début d’année par Boko Haram dans le nord-est.  C’est déjà la dégradation de la situation qui avait conduit les chefs d’État du G5 Sahel à créer la Force conjointe, dont le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine a renouvelé le mandat le 9 avril dernier, a rappelé l’Observatrice permanente.

Pour la responsable, la Force conjointe du G5 Sahel nécessite plus que jamais de ressources suffisantes pour être offensive, C’est là une nécessité impérieuse pour aller de l’avant, a souligné Mme Mohammed, qui a rappelé les demandes répétées de financement visant à permettre à cette force de fonctionner et son souhait de la voir agir avec un mandat établi sous le Chapitre 7 de la Charte des Nations Unies.  Cette force et les efforts de la communauté internationale devraient aussi favoriser une approche globale prenant en compte les nombreux défis de la région du Sahel, y compris les changements climatiques, a poursuivi l’Observatrice permanente, qui a appelé la communauté internationale à apporter une aide substantielle.

Pour sa part, l’Union africaine continue d’apporter son concours au G5 Sahel en plaidant en faveur de la mobilisation des ressources pour financer un programme de développement prioritaire, tel qu’annoncé à Nouakchott en décembre 2018, a précisé Mme Mohammed.  Le soutien de l’Union africaine, des Nations Unies et de l’ensemble de la communauté internationale est une priorité absolue pour remporter la bataille contre le terrorisme dans la région, a-t-elle insisté en conclusion.

M. KOEN VERVAEKE, Directeur du Service extérieur pour l’Afrique de l’Union européenne, a rappelé que le partenariat de l’Union européenne avec le G5 Sahel combine dialogue politique et diplomatique, un appui à la Force conjointe, développement et assistance humanitaire.  Il a souligné le contexte de dégradation croissante de la sécurité dans lequel se tient la discussion d’aujourd’hui, dégradation qu’illustrent des attaques régulières, toujours plus ciblées et sophistiquées. 

À la suite d’une série de réunions et de conférences entamée en 2018, l’Union européenne a décidé de renouveler son soutien à la Force conjointe avec une enveloppe additionnelle de 138 millions d’euros, dont 100 millions pour l’opérationnalisation de la Force, étant entendu que cet appui s’effectue dans le cadre d’engagements et d’avancées concrets, a précisé le représentant.  À cet égard, M. Vervaeke a indiqué que des progrès étaient attendus notamment sur l’action de la Force conjointe, sur son fonctionnement et sur le renforcement du rôle de coordination et d’impulsion du Secrétariat permanent du G5 Sahel, qui doit définir un cadre stratégique intégré en matière de sécurité et de développement.  Le document conjoint adopté cible la stabilisation des zones définies comme les plus vulnérables et prioritaires et doit être adopté lors du prochain Sommet du G5 Sahel, a-t-il rappelé.  Simultanément, la mise en œuvre « effective » du cadre de conformité sur les droits de l’homme par la Force et ses États membres est tout aussi importante, a-t-il insisté.

S’agissant des missions relevant de la politique de défense et de sécurité communes de l’Union européenne, le représentant a affirmé que des actions étaient en cours au Niger et au Mali afin de mieux soutenir les autorités maliennes dans leurs efforts dans le Centre du pays.

L’Union européenne a également appelé les partenaires régionaux et internationaux à se mobiliser en faveur de la stabilisation de la région du Sahel et, à ce titre, a décidé de soutenir l’initiative P3S (Partenariat pour la sécurité et la stabilité du Sahel) lancée en septembre par la France et l’Allemagne dans le cadre du G7, ainsi que l’engagement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour la sécurité régionale et le plan d’action qu’elle est supposée adopter lors de son prochain sommet.  Face à ces objectifs, l’appui des partenaires et le levier du Conseil de sécurité sont plus indispensables que jamais, a conclu M. Vervaeke.

Mme ASSITAN DIALLO, Présidente de l’Association des femmes africaines pour la recherche et le développement (AFARD-Mali), a concentré son intervention sur l’accès à la justice pour les survivantes de violences basées sur le genre, la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les aspects de paix et de sécurité et le souci de s’assurer que la MINUSMA et le G5 Sahel soient en mesure de répondre aux besoins sécuritaires des communautés. 

Sur l’accès à la justice, Mme Diallo a regretté qu’aucun des auteurs de violences sexuelles commises durant la crise de 2012 et de 2013 n’a été condamné.  Les plaintes déposées au nom de 115 victimes demeurent en suspens.  Entre 10% et 20% des femmes et des filles ayant souffert de violences sexuelles ont accès à une protection et à une aide judiciaire.  L’insécurité dans le nord et le centre du Mali empêche actuellement les autorités judiciaires de retourner vers des zones où certains ont été enlevés, torturés ou tués.  En outre, les groupes armés cherchent à saper les obligations relatives aux droits de l’homme en utilisant des lois religieuses au niveau local, risquant d’escamoter ainsi la laïcité de l’État tout en compromettant la justice réelle rendue aux survivantes de violence basée sur le genre.

Pour ce qui est de la participation dans tous les aspects de paix et de sécurité, Mme Diallo a déploré qu’en dépit de l’obligation de représentation de 30% des femmes dans tous les processus et institutions soutenant la mise en œuvre de l’Accord de Bamako, ce quota est loin d’être rempli.  Elle a demandé que les processus de désarmement, démobilisation et réintégration et de réforme du secteur de sécurité soient sensibles au genre et incluent une représentation égale des femmes, afin que leurs besoins et leurs expériences soient réellement pris en compte.  L’inclusion et l’engagement actif des femmes est particulièrement important pour contrecarrer le risque que les jeunes marginalisés et désenchantés se tournent vers la violence, a ajouté Mme Diallo.

 S’agissant de la MINUSMA et du G5 Sahel au Mali, Mme Diallo a fait part de l’existence d’une frustration généralisée face à l’incapacité de la Mission à protéger efficacement les civils, ainsi qu’un sentiment d’insécurité en dépit de la présence de l’ONU et de forces régionales.  La présence de la MINUSMA ne donne pas aux gens le sentiment d’être en sécurité, a-t-elle constaté.  La Mission doit aussi faire plus pour aborder les dimensions de genre en matière de sécurité, et le G5 Sahel doit veiller à ce que ses nouvelles unités consacrées au genre soient capables de défendre de manière robuste les droits des femmes à travers la région du Sahel.  La MINUSMA doit aussi appuyer plus fortement le Gouvernement pour lui permettre de délivrer ses services publics de base et d’assurer la sécurité à long terme.  Si la neutralité de la MINUSMA est cruciale, la plupart des Maliens veulent également voir la Mission assumer son rôle de protection des civils et d’assurer leur sécurité de manière efficace.

Avant de terminer, Mme Diallo a appelé le Conseil à encourager le Gouvernement malien à promouvoir l’inclusion dans les processus de désarmement, démobilisation et réintégration ainsi que dans la réforme du secteur de la sécurité, ainsi qu’à intégrer dans ces processus des mécanismes de contrôle robustes.  Il s’agit de dissuader les pratiques de corruption et d’abus, de tenir la direction de la MINUSMA et de la Force conjointe du G5 Sahel pour responsables de la protection des civils et de la prise en compte du genre à travers toutes leurs opérations, a expliqué Mme Diallo.  Elle a également demandé au Gouvernement malien de garantir l’accès à la justice pour toutes les victimes de crimes, y compris pour les survivantes de violences basées sur le genre. 

Pour M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), la situation au Sahel demeure préoccupante avec plus de 1 500 morts au Mali et au Niger depuis le début de l’année.  Les armées des pays de la région sont en première ligne, en particulier les Forces maliennes et nigériennes qui font preuve de détermination face à la menace terroriste, a-t-il relevé.  En réponse, la Force conjointe du G5 Sahel est le meilleur outil, a-t-il estimé, en se félicitant de son opérationnalisation, qui lui a permis de conduire 11 opérations depuis le début de l’année. 

Des progrès sont également à signaler concernant le cadre de conformité en matière de droits de l’Homme, dispositif financé par l’Union européenne et mis en œuvre par le Haut-commissariat des Nations Unies, a poursuivi le représentant.  Néanmoins, la Force doit faire plus pour protéger davantage les civils, en particulier femmes et enfants. 

Pour réussir, la Force conjointe a besoin d’une mobilisation sans faille, celle des pays du G5 Sahel en premier lieu, mais aussi celle des partenaires internationaux, a poursuivi M. de Rivière.  Lors de la conférence de février 2018, 414 millions d’euros ont été promis, avec l’Union européenne, ses États membres et les États-Unis comme principaux donateurs.  Cependant, moins de la moitié de cette somme a été décaissée ou en cours, a regretté le représentant, qui a appelé les donateurs à tenir leurs engagements.

M. de Rivière a également salué la mise en œuvre en cours d’un soutien logistique de la MINUSMA au profit des contingents de la Force.  Là encore, la France soutient les demandes des pays du G5 en vue d’un soutien multilatéral accru. 

Mais ces efforts ne suffisent pas puisque le terrorisme menace désormais l’ensemble de la sous-région, a poursuivi le représentant.  Il a expliqué que le Partenariat pour la sécurité et la stabilité du Sahel, lancé par la France et l’Allemagne, avait vocation à renforcer la Force conjointe tout en élargissant l’approche à tous les pays de la région.  Il a notamment salué les engagements de la CEDEAO.  Mais, a-t-il prévenu, il n’y aura pas de sécurisation durable du Sahel sans développement.  C’est pourquoi le représentant a appelé à redoubler les soutiens pour répondre aux besoins humanitaires croissants dans la région, en particulier au Burkina Faso. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit partager le cri d’alarme lancé, ici, concernant la situation dans le Sahel.  Mais, selon le représentant, les racines de cette situation sont bien connues: « on récolte ici les fruits de l’intervention déstabilisatrice de la Libye. »  Et de fait, tant que la situation ne sera pas normalisée en Libye, celle qui prévaut au Sahel ne le sera pas, a estimé le représentant.

M. Polyanskiy a également dit soutenir la Force conjointe du G5 Sahel et son opérationnalisation.  Mais la Fédération de Russie constate que des défis persistants demeurent, notamment dans le choix du quartier général de la Force et dans le décaissement des fonds promis par les donateurs.  Ces derniers doivent rapidement tenir leur promesse, a-t-il dit, se félicitant aussi de l’engagement pris par les chefs d’État de la CEDEAO de consacrer un milliard de dollars à la lutte contre le terrorisme.  Sur ce point, la Fédération de Russie estime que la lutte contre ce phénomène ne se fera pas uniquement par une réponse militaire.  Il faudra aussi inculquer le respect des droits de l’homme et assurer le développement dans la région. 

La Fédération de Russie suit avec attention les développements dans cette région.  En outre, elle participe déjà à la formation des forces de sécurité et de police de certains pays de cette région, a rappelé le représentant en conclusion. 

Pour M. PAUL DUCLOS (Pérou), la Force conjointe du G5 Sahel reste un acteur essentiel pour faire face aux attaques terroristes et à la violence intracommunautaire.  Le représentant a jugé nécessaire de lui attribuer un équipement correct, de l’entraînement et un financement prévisible, tout en renforçant les capacités opérationnelles de ses diverses composantes, y compris les équipes d’enquête.  Le représentant a salué la ferme décision des chefs d’État de la CEDEAO, en septembre, de créer un front uni pour combattre de façon prioritaire le terrorisme sur la base d’un plan d’action intégral. 

Si la réponse militaire est nécessaire pour combattre l’insécurité dans la région, elle doit forcément s’accompagner de mesures destinées à promouvoir le développement et à faire face à ses causes profondes, telles que la pauvreté, la faible présence de l’État, la marginalisation et l’impact des changements climatiques, a toutefois ajouté M. Duclos.  Aussi, a-t-il souligné la nécessité d’un soutien international à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, comme cadre intégral adapté aux priorités des pays de la région, saluant au passage le Partenariat pour la sécurité et la stabilité du Sahel lancé en septembre par la France et l’Allemagne. 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) s’exprimant au nom des trois membres africains du Conseil de sécurité (Guinée équatoriale, Afrique du Sud et Côte d’Ivoire – « A3 »), s’est dit gravement préoccupé par la détérioration critique de la sécurité au Sahel.  Il a notamment évoqué les actes persistants de déstabilisation des groupes terroristes au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ainsi que l’exacerbation des violences intercommunautaires menaçant les États côtiers de l’Afrique de l’Ouest.  Le représentant a noté que, malgré la conjoncture économique difficile, le Mali comme le Burkina Faso consacraient environ un quart de leur ressources budgétaires aux dépenses militaires.  Selon lui, ces deux pays représentent « l’ultime digue » face à une « déferlante djihadiste » qui menace d’engloutir toute la sous-région. 

Notant les efforts consentis par les États membres du G5 Sahel pour la mise en œuvre de leur Force conjointe, M. Adom en a appelé à un soutien renforcé de la part de la communauté internationale et du Conseil de sécurité.  Il s’est aussi félicité de la récente promesse de don d’1 milliard de dollars des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO. 

Le « A3 » appelle les autorités locales à promouvoir davantage les cadres de dialogue au sein des communautés touchées et les parties en conflit à garantir l’accès humanitaire à ces communautés.  Il constate avec regret que les investissements en matière de sécurité ne suffiront pas à trouver des solutions durables aux problèmes économiques et sociaux, de bonne gouvernance et des changements climatiques de la région.  Il appelle les États du G5 Sahel à mettre en œuvre les initiatives de l’Alliance pour le Sahel et du Programme d’investissement prioritaire, ainsi que « tous les partenaires du développement » à soutenir le projet « Desert to Power » de la Banque africaine de développement. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a exprimé ses « profondes inquiétudes » quant à la sécurité au Sahel, constatant que les attaques terroristes et les violences entre communautés se multipliaient alors que la situation humanitaire se dégradait.  Il s’est félicité de la mise en œuvre de la Force conjointe du G5 Sahel ainsi que de ses composantes policière et civile, qui permettront à la Force de recevoir un meilleur soutien de la part de la population.  À contrario, il s’est inquiété des insuffisances en termes d’entraînement et de matériel, notant aussi les relocalisations successives du quartier général de la Force, dont l’emplacement final n’a toujours pas été décidé. 

Le représentant s’est félicité du soutien des partenaires internationaux et régionaux à la Force, mentionnant la promesse de don d’1 milliard de dollars faite récemment par les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans le cadre des efforts de lutte contre le terrorisme.  Il a souligné l’urgence pour les donateurs d’honorer leurs promesses.  Enfin, M. Syihab a rappelé l’importance d’un redoublement des efforts de développement en complément de l’approche sécuritaire. 

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a déploré la dégradation de la sécurité et a dit craindre que la violence se propage à la région côtière.  C’est pourquoi la communauté internationale doit agir de toute urgence pour aider à stabiliser la région, a-t-il estimé.  L’Initiative de la France et de l’Allemagne présentée en marge du dernier G7 (le P3S), et présentée, ici, devant l’Assemblée générale vise à renforcer le soutien aux pays du G5 Sahel en se concentrant sur tous les acteurs pertinents et à appuyer les efforts de réforme de leurs forces armées, a expliqué le représentant.  Mais à cause des défis pressants il est nécessaire d’avancer plus rapidement dans l’opérationnalisation de la Force conjointe et dans l’intégration politique de cette force, a-t-il avancé.

L’Allemagne est un partenaire proche du G5 et contribue à l’appui de la Force conjointe, qui va avoir besoin d’augmenter rapidement ses capacités opérationnelles, a poursuivi M. Schulz, qui a dénoncé notamment le manque de locaux pour l’état-major de la force à Bamako.  Il faut davantage de soutien des partenaires internationaux qui doivent veiller à renforcer la prévisibilité de leur aide, a-t-il plaidé. 

Il faut aussi beaucoup plus de capacités et d’engagement de la part des pays du G5 pour que la Force soit vraiment opérationnelle, a ajouté le représentant.  Il a enfin insisté sur la préservation et le respect du droit des personnes, sur lesquels « il ne peut y avoir de compromis ».  Enfin, l’Allemagne soutient des mesures multilatérales permettant de renforcer les capacités nationales, les mesures de confiance avec les populations et une approche intégrée misant sur le développement et l’assistance humanitaire par les Nations Unies.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a dit être préoccupé par la détérioration de la situation au Sahel en matière de sécurité et sur le plan humanitaire, alimentée par la propagation du terrorisme et l’augmentation des violences intercommunautaires qui risquent de menacer la stabilité de toute l’Afrique de l’Ouest.  Cela exige de redoubler d’efforts et d’agir avec fermeté, en abordant le problème dans toutes ses dimensions -politique, sécuritaire et de développement-, a-t-il dit, tout en reconnaissant que ce n’est pas là une tâche facile, étant donné la complexité de la situation sécuritaire au Sahel, particulièrement au Mali.  Il a dès lors appelé à appuyer de manière déterminée les pays de la région, y compris la Force conjointe du G5 Sahel, dans leur combat en faveur de la paix, la sécurité et la stabilité politique et économique. 

Le représentant a exhorté le Gouvernement malien, les groupes armés signataires, la société civile et tout autre partie prenante à poursuivre les efforts pour résoudre leurs différends dans le cadre d’un dialogue d’inclusion nationale, pour la mise en œuvre sans délai de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Il a salué le rôle des organisations de la société civile à cet égard. 

M. Singer Weisinger a également recommandé de renforcer l’offensive contre la violence des groupes armés et terroristes qui opèrent au Sahel et contre la criminalité organisée, appelant la communauté internationale à maintenir son appui aux forces de sécurité nationales et à la Force conjointe.  Il faut une meilleure coopération entre les différentes forces opérant sur le terrain, a-t-il ajouté.  Enfin, M. Singer Weisinger appelé à avancer dans l’opérationnalisation de la Force conjointe, souhaitant notamment des opérations dans les trois zones frontalières désignées et une amélioration de la sécurité de la population.

M. JUN ZHANG (Chine) a déclaré qu’il importait d’accorder un appui à la Force conjointe, y compris par le biais de la MINUSMA, en conformité avec l’accord de coopération.  La communauté internationale doit pour sa part continuer d’aider les parties à résoudre les crises internes qui menacent la paix et de sécurité dans la région, notamment en aidant à la mise en œuvre de l’Accord de paix au Mali et en résolvant la crise dans ce pays, avec la coopération des organisations régionales et sous-régionales. 

Du point de vue de la Chine, il faut lutter tant contre les causes que les conséquences de la situation, dont la pauvreté.  Et pour cela, il faut aider le Secrétaire général à mettre en œuvre sa stratégie pour le Sahel, afin que tous puissent jouir des effets bénéfiques du développement.  En ce qui la concerne, la Chine se tient aux côtés de l’Afrique pour lui assurer un développement, a conclu le représentant. 

M. PAWEŁ RADOMSKI (Pologne) a estimé que les nouvelles initiatives de la communauté internationale sur la région du Sahel, notamment le partenariat pour la sécurité et la stabilité dans le Sahel, renforceraient le soutien apporté par l’ONU à la région. 

Malheureusement, a regretté le représentant, le rapport du Secrétaire général montre une augmentation alarmante du nombre des attaques terroristes et des victimes en particulier au Mali et au Burkina Faso.  Les groupes terroristes ont renforcé leurs positions dans toute la région rendant instables de nombreuses zones du Sahel.  L’absence de stabilité, la pauvreté, l’exclusion, l’impunité, la présence limitée de l’État sont les causes du terrorisme. 

La Pologne est en outre profondément préoccupée par l’information en provenance de la région de Mopti concernant les éléments des Forces armées maliennes opérant sous la bannière de la Force conjointe, qui auraient commis des violations des droits de l’homme, y compris des exécutions extrajudiciaires de deux hommes dans le village de Boulekessi.  Il est très important que des enquêtes soient rapidement menées sur ces unités de la Force conjointe, a exigé le représentant.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERE (Belgique) a déclaré que sa délégation appuyait et partageait l’objectif de raffermir la coopération sécuritaire transfrontalière par la création de la Force conjointe du G5 Sahel, et plus largement celui de renforcer le secteur de la sécurité des cinq États membres de la Force. 

Le représentant a reconnu que certains équipements promis à la Force n’avaient pas été livrés.  Pour autant, a-t-il expliqué, les chantiers ne manquent pas et des progrès certains sont possibles sans moyens additionnels, comme le fonctionnement du Secrétariat permanent, le développement de la composante police, la mise en œuvre du Quartier général, la rédaction d’un concept d’opérations actualisé ou la mise en place d’un mécanisme de coordination internationale.  M. Pecsteen de Buytswere a appelé les États du G5 à collaborer pleinement avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour la pleine et rapide mise en place du Cadre de conformité en matière des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

Le représentant a également déploré l’évolution préoccupante de la situation sécuritaire et humanitaire dans une partie du Sahel.  La solution y est avant tout politique et les actions à prendre sont multiples, a-t-il estimé.  Il faut bien sûr apporter une réponse ferme sur le plan sécuritaire, démanteler les réseaux terroristes, assécher leurs sources de financement et contrecarrer leur narratif mortifère.  Mais, il faut aussi répondre aux aspirations des populations en termes de développement, de fourniture de service de base, de lutte contre la corruption et de justice.  Il faut assurer le respect des droits de l’homme, combattre toute forme de stigmatisation de certains groupes ethniques ou de certaines communautés, et aussi lutter contre l’impunité. 

C’est donc véritablement un effort global de gouvernance et de prévention qu’il faut mener dans ces territoires afin que les populations puissent y mener une vie normale, paisible et digne, a estimé le représentant. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a insisté sur les défis humanitaires présents au Sahel, où 12 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire, en plus des problèmes de sécurité.  Pour le représentant, il est indéniable que la Force conjointe du G5 Sahel joue un rôle de grande importance.  Il en a salué l’opérationnalisation, et notamment les cinq opérations menées depuis mai malgré les défis administratifs et financiers que connait la Force.

Le représentant a salué les efforts de la MINUSMA qui fournit l’appui requis à la Force, ainsi que ceux entrepris pour promouvoir la conformité et le respect des droits humains dans la région.  Mais il a aussi rappelé aux donateurs l’importance de tenir leurs promesses de contribution pour que la Force conjointe puisse se consacrer à sa mission.

M. Alotaibi a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération régionale et internationale pour faire face aux nombreux défis, de consolider les échanges d’informations et de meilleures pratiques, d’autant que, a-t-il remarqué, les terroristes bénéficient de réseaux transfrontaliers et se financent via des échanges de marchandises.  Pour le représentant, ces échanges d’informations doivent aussi se faire entre les États membres de la Force conjointe et la MINUSMA.  M. Alotaibi a jugé souhaitable d’adopter un mécanisme pour améliorer cette coopération entre les deux entités et a appelé le Conseil à étudier les moyens à sa disposition pour contribuer au renforcement de la coopération régionale.

M. BARKIN (États-Unis) s’est dit préoccupé par le fait que la Force conjointe du G5 Sahel ne soit toujours pas pleinement opérationnelle.  Il a rappelé que son pays lui avait fourni, en 2018, une aide de 110 millions de dollars, auxquels s’ajoutent 200 millions accordés aux pays du Sahel, sans oublier les 235 millions versé par l’USAID au titre de l’aide humanitaire. 

Selon le représentant le Gouvernement malien devrait prendre les rênes, ce qu’il ne fait pas assez.  Les États-Unis sont ainsi déçus par l’absence de progrès pour ce qui est avec l’accord avec les groupes armés.  M. Barkin a appelé la Force conjointe, ainsi que les Gouvernements burkinabè et malien, à respecter le droit international humanitaire, sans quoi les États-Unis pourraient revoir leur aide, a-t-il mis en garde.  Notant qu’un appui direct de l’ONU dans la région était souvent demandé, il a estimé que c’est avant tout par l’intermédiaire du G5 Sahel qu’il convenait d’agir. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a renouvelé son appui aux pays du G5 Sahel et de la Force conjointe, mais a estimé qu’une coopération étroite s’imposait avec les acteurs dans la région et qu’un partenariat robuste était indispensable entre l’opération Barkhane, la MINUSMA et le G5 Sahel pour que la Force conjointe réussisse.  Le représentant a demandé au G5 Sahel de surveiller la situation aux trois frontières du Mali, Niger et Burkina Faso et de respecter pleinement les droits humains et le droit humanitaire: à ce titre il a demandé au Burkina Faso d’enquêter sur des allégations de violations des droits de l’homme par ses forces et au Mali de terminer son enquête sur des allégations similaires.  Le cadre élaboré sur ce plan est louable mais il doit maintenant être pleinement mis en œuvre, a-t-il insisté.

Enfin, le représentant a appelé les parties concernées à honorer leurs engagements financiers envers la Force conjointe du G5 Sahel, rappelant que le Royaume-Uni avait versé pour sa part 20 millions via l’Union européenne et 16 millions en aide bilatérale.

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