Session de 2019,
8e séance plénière – matin
ECOSOC/6965

L’ECOSOC fait le point sur les opérations de secours après les ravages provoqués par le cyclone Idai au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe

Quinze jours après le passage du cyclone Idai, qui a ravagé le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe et provoqué la mort d’au moins 700 personnes, le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu aujourd’hui une « réunion spéciale » pour faire le point sur les secours et sur la réaction à l’une des pires catastrophes climatiques de l’histoire de l’Afrique qui a touché directement quelque trois millions de personnes.

Face aux besoins « énormes » des trois pays touchés, la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, a annoncé qu’il faudra une somme de 394,2 millions de dollars pour couvrir les besoins humanitaires au cours des trois prochains mois.  Les communautés, qui étaient déjà en insécurité alimentaire, sont encore plus vulnérables après la perte des récoltes.  Au moins un million d’enfants ont besoin d’une assistance d’urgence et il est à craindre que des villages entiers aient été balayés dans les zones isolées. 

Le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) a raconté que l’ONU et les nombreuses ONG sur le terrain n’ont nulle part où aller, dans la mesure où il n’y avait plus de routes ni d’emplacements pour faire atterrir les hélicoptères.  M. David Beasley a appelé à des dispositions pour reconstruire les maisons de manière à les rendre résistantes aux cyclones, car, a-t-il prévenu, « Idai ne sera pas le dernier ».  L’évaluation des besoins après catastrophe doit commencer tôt et les acteurs du développement doivent s’engager et mobiliser des ressources pour appuyer les efforts des gouvernements, a renchéri le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, qui a averti que les besoins en matière de résilience, de redressement et de reconstruction sont « immenses ». 

Avec l’aide du système de l’ONU, de la Banque mondiale et de l’Union européenne, a indiqué l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Achim Steiner, une évaluation est en cours de planification pour tracer la voie du redressement à court, moyen et long terme.  Mais dans l’immédiat, la dévastation massive et les risques liés aux maladies transmises par l’eau, dont le choléra déjà déclaré au Mozambique, rendent urgente la nécessité d’une amplification des réponses sanitaires.  Le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) a déjà été ponctionné de 20 millions de dollars pour démarrer les secours.  Plusieurs pays ont annoncé ou confirmé aujourd’hui leurs contributions, après avoir entendu les trois pays touchés décrire par le menu l’impact de la catastrophe.

Le Mozambique a expliqué que l’œil du cyclone a touché terre dans la ville portuaire de Beira, qui est non seulement la deuxième ville du pays mais également un hub de transport stratégique pour les pays voisins, dont le Malawi, la Zambie et le Zimbabwe.  Selon une évaluation préliminaire, 90% des infrastructures de Beira ont été endommagées et plus de 713 000 hectares de culture ont été détruits.

Le Malawi a en effet souligné que le cyclone a frappé au moment même où les agriculteurs commençaient la récolte.  Les prix des produits alimentaires de base ont augmenté de 50%.  Le Zimbabwe s’est ému d’un « sombre tableau de dévastation » et des secours « lents et difficiles ».  Le cyclone Idai, a-t-il dit, a fait comprendre à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qu’elle n’est « pas du tout préparée » malgré sa Stratégie régionale de préparation aux catastrophes.  « Les changements climatiques s’accentuent plus vite que nos efforts », a alerté la Vice-Secrétaire générale de l’ONU. 

Rappelant que c’est la raison pour laquelle le Secrétaire général a convoqué un sommet sur le climat le 23 septembre à New York, Mme Amina J. Mohammed l’a paraphrasé en disant: « Ne venez pas avec des discours mais avec des actes ».  Elle a dit attendre la multiplication des contributions prévues déterminées au niveau national, en vertu de l’Accord de Paris, en particulier pour baisser les émissions de gaz à effet de serre de 45% dans les 10 prochaines années et un taux zéro d’ici à 2050. 

La Vice-Secrétaire générale a dit espérer des initiatives dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, des forêts, des océans et de la résilience.  Il faut accélérer la transition vers les sources d’énergie durables, ce qui veut dire mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles et aux modes de production agricole non durables.  Cela veut dire, a-t-elle poursuivi, un prix du carbone qui reflète le vrai coût des émissions en termes de risque climatique et de pollution de l’air.  Cela veut dire, a-t-elle ajouté, accélérer la fermeture des centrales à charbon et remplacer les emplois par des alternatives plus saines pour que la transition soit plus juste, plus inclusive et plus profitable.  Le Zimbabwe a saisi cette occasion pour rappeler que les pays en développement ont le plus grand mal à accéder au Fonds vert pour le climat. 

RÉUNION SPÉCIALE DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EN RÉPONSE AU CYCLONE IDAI AU MOZAMBIQUE, AU MALAWI ET AU ZIMBABWE

Déclarations liminaires

Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est remémorée les tempêtes tropicales sévères qui se sont abattues sur l’hémisphère sud et qui ont touché l’Afrique australe.  Le cyclone Idai a fait 700 morts et causé la destruction de plus de 100 000 maisons, tandis que des milliers d’écoles et des dizaines de centres de santé ne sont plus utilisables, a-t-elle déploré.  Elle a également mentionné l’apparition du choléra et la destruction des récoltes sur pied.  Faisant référence à l’intensité croissante des revers climatiques et catastrophes naturelles dans d’autres parties du monde, elle a rappelé que l’ECOSOC avait tenu une réunion spéciale il y a 18 mois sur la question, après les ouragans qui s’étaient abattus dans les Caraïbes.

Mme Rhonda King a expliqué avoir convoqué cette réunion spéciale aujourd’hui pour discuter tout d’abord de la nécessité urgente d’apporter un soutien aux efforts humanitaires de trois pays et des agences humanitaires de l’ONU.  Elle a annoncé qu’il fallait réunir 394,2 millions de dollars pour couvrir les besoins humanitaires des trois prochains mois.  Les communautés qui étaient déjà en insécurité alimentaire sont plus vulnérables après les pertes de récoltes, a-t-elle fait remarquer.

La deuxième recommandation de Mme Rhonda King est d’aller au-delà de la réponse humanitaire pour gérer la vulnérabilité et rendre les communautés résilientes dans ces pays.  « Je vous appelle à soutenir le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe dans leur phase de rétablissement où les besoins seront énormes. » Au niveau de la communauté internationale, nous devons passer à la vitesse supérieure pour réduire les risques de catastrophe naturelle avant le prochain évènement climatique extrême, a-t-elle ajouté.  Alors que le forum de l’ECOSOC sur le suivi du financement du développement se tiendra dans deux semaines, la Présidente a rappelé les défis qui se posent sur le plan financier, avant d’appeler à trouver des solutions systémiques, notamment par l’octroi de ressources financières à des conditions favorables.

En troisième lieu, la Présidente de l’ECOSOC a appelé à renforcer la coopération, la cohérence et la complémentarité entre le développement humanitaire et l’action climatique.  Il faut, a-t-elle dit, investir dans la réduction des risques de catastrophe.  Mme Rhonda King a également appelé à accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Nous devons chercher à atteindre les objectifs de développement durable pour garantir que personne n’est laissé de côté. »

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a souligné que le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi viennent de vivre l’une des pires catastrophes climatiques de l’histoire de l’Afrique.  Le cyclone Idai a causé au moins 700 morts dans les trois pays et des centaines de personnes disparues.  Les destructions ont touché environ trois millions de personnes, dont près des deux-tiers au Mozambique.  Au moins un million d’enfants ont besoin d’une assistance d’urgence et ce nombre pourrait augmenter.  Il est à craindre que des villages entiers aient été balayés dans les zones isolées.  Les pertes en infrastructures sont estimées à un milliard de dollars. 

À ce jour, a poursuivi la Vice-Secrétaire générale, les équipes humanitaires des Nations Unies ont pu distribuer de la nourriture à 267 000 personnes et elles intensifient leurs efforts pour aider beaucoup d’autres.  Elles font tout pour prévenir la propagation de maladies mortelles comme la diarrhée, le choléra ou le paludisme.  Le Fonds central pour les interventions d’urgence a débloqué une somme initiale de 20 millions de dollars et d’autres pays ont fait des annonces de contribution. 

Les changements climatiques s’accentuent plus vite que nos efforts et c’est la raison pour laquelle le Secrétaire général a convoqué un sommet sur le climat le 23 septembre à New York.  « Ne venez pas avec des discours mais avec des actes », a dit la Vice-Secrétaire générale en paraphrasant le Chef de l’ONU.  Elle a dit attendre la multiplication des contributions prévues déterminées au niveau national, en vertu de l’Accord de Paris, en particulier pour baisser les émissions de gaz à effet de serre de 45% dans les 10 prochaines années et un taux zéro d’ici à 2050. 

La Vice-Secrétaire générale a espéré des initiatives dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, des forêts, des océans et de la résilience.  Il faut accélérer la transition vers les sources d’énergie durables, ce qui veut dire mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles et aux modes de production agricole non durables.  Cela veut dire, a-t-elle poursuivi, un prix du carbone qui reflète le vrai coût des émissions en termes de risque climatique et de pollution de l’air. 

Cela veut dire, a-t-elle ajouté, accélérer la fermeture des centrales à charbon et remplacer les emplois par des alternatives plus saines pour que la transition soit plus juste, plus inclusive et plus profitable. 

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a expliqué que la réponse au cyclone Idai est conduite par les gouvernements des trois pays affectés, Mozambique, Malawi et Zimbabwe.  Les États Membres, les organisations régionales, les individus, le secteur privé, les Nations Unies et les organisations non gouvernementales ont mobilisé du matériel et des ressources humaines et financières.  La priorité a d’abord été la recherche et le sauvetage, puis l’assistance aux communautés isolées; aujourd’hui la réponse est en phase d’accélération avec le Comité permanent interorganisations (IASC), notamment au Mozambique.

L’ONU et ses partenaires humanitaires intensifient la fourniture d’une aide humanitaire aux trois pays en question, a indiqué M. Lowcock.  Compte tenu de la dévastation massive et des risques liés aux maladies transmises par l’eau et aux cas de choléra déclarés au Mozambique, et de la menace du paludisme, il est urgent d’amplifier les réponses sanitaires et en ce qui concerne l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour tous (WASH).

Routes et ponts coupés, écoles transformées en abris, hôpitaux et centres de santé endommagés et manquant de produits de première nécessité, zones privées d’électricité: « la coordination avec les autorités et entre partenaires humanitaires est indispensable si l’on veut pouvoir accéder rapidement et efficacement aux personnes dans le besoin », a insisté le Secrétaire général adjoint. 

Des efforts sont déployés pour prévenir les risques de violence sexiste, la séparation des familles et la politisation de l’aide, a souligné M. Lowcock.  « Au-delà des besoins humanitaires immédiats, les besoins en matière de résilience, de relève et de reconstruction restent immenses », a-t-il averti.  C’est pourquoi « l’évaluation des besoins après la catastrophe doit commencer tôt et les acteurs du développement doivent s’engager et mobiliser des ressources pour appuyer les efforts gouvernementaux ». 

Le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) a déjà alloué 20 millions de dollars pour démarrer les activités de secours.  Des appels éclairs ou des plans d’intervention ont été lancés pour les trois pays pour un total de 394,2 millions de dollars (282 millions pour le Mozambique; 45,2 millions pour le Malawi; 67 millions pour le Zimbabwe).  Le Coordonnateur a demandé aux donateurs de fournir des financements immédiats et flexibles. 

Trois millions de personnes ont été affectées, a rappelé M. Lowcock en dressant le bilan du cyclone.  Plus de 500 personnes ont été tuées au Mozambique; 181 au Zimbabwe et 59 au Malawi.  Au Mozambique, 100 000 maisons ont été détruites.  Plus de 140 000 personnes ont trouvé refuge dans 161 sites à Beira et au-delà.  Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déployé du personnel dans les trois pays.

M. DAVID BEASLEY, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a raconté que l’ONU et les nombreuses ONG sur le terrain n’avaient nulle part où aller, dans la mesure où il n’y avait plus routes ni d’emplacement pour faire atterrir les hélicoptères.  Il s’agit, a-t-il dit, du pire cyclone de ces deux dernières années.  Des centaines d’ingénieurs de pays et organisations partenaires travaillent à la réparation des ponts et des infrastructures.  Le Gouvernement du Mozambique se montre très coopératif jusqu’à présent.  Je lui ai demandé, a confié le haut fonctionnaire, de veiller à ce que l’assistance humanitaire ne soit pas instrumentalisée à des fins politiques et je pense pouvoir dire que « tout le monde sera traité sur un pied d’égalité » s’agissant de l’aide à fournir.  Il faudra prendre des dispositions pour reconstruire les maisons de manière à les rendre résistantes aux cyclones, car Idai ne sera pas le dernier, a prévenu M. Beasley.  Le Directeur exécutif a indiqué que le PAM a débloqué la somme de 44 millions de dollars pour les secours d’urgence alors que 60 millions d’annonces de contribution ont été faites pour le moment.

Déclarations des représentants des pays touchés

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) a confirmé que le cyclone a provoqué d’énormes pertes en vies humaines et laisser derrière lui un sombre tableau de dévastation.  Dans les régions les plus affectées, il faudra reconstruire complètement les routes, les ponts, les écoles, les hôpitaux.  Le nombre de morts est estimé à 259, y compris des écoliers, et de nombreuses personnes sont toujours portées disparues.  Quelque 87 écoles ont été détruites et devant tant de destructions, le Gouvernement a débloqué une somme de 4 millions pour la réhabilitation et la reconstruction des écoles dans les zones les plus affectées.  Le Gouvernement a aussi adopté un programme pour aider les enfants traumatisés, en déployant des psychologues dans les régions concernées.  Les efforts de secours étant lents et difficiles, pour les accélérer le Gouvernement a mis les bouchées doubles pour la reconstruction des ponts et créer des routes secondaires pour faciliter l’acheminement de la nourriture et des médicaments.  Plus de 13 ponts devraient ainsi reconstruits pour un coût estimé à 20 millions de dollars. 

Mais le Gouvernement veut d’abord évaluer avec soin les dégâts avant d’établir un plan de travail.  Il a débloqué la somme de 100 millions de dollars pour les travaux d’urgence et en particulier 3,8 millions pour la réhabilitation des systèmes d’adduction d’eau.  Lançant un appel à la communauté internationale et aux partenaires au développement pour qu’ils continuent à fournir toute l’assistance qu’ils peuvent mobiliser, le représentant a indiqué que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a débloqué 500 000 dollars pour les trois pays et la Commission de l’Union africaine, 350 000 dollars.  Malgré sa stratégie régionale de préparation aux catastrophes, la SADC a compris avec le cyclone Idai qu’elle n’est « pas du tout préparée ».  Ses membres, a estimé le représentant, doivent redoubler d’efforts pour renforcer les capacités de gestion des risques, y compris les systèmes d’alerte rapide. 

Le représentant a appelé à une ambition plus forte et à l’opérationnalisation de l’Accord de Paris.  Les pays d’Afrique, a-t-il rappelé, ont besoin de fonds additionnels pour financier les objectifs de l’Accord.  L’accès au Fonds vert pour le climat reste problématique, a-t-il prévenu, en insistant sur le lien entre l’Accord et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Chez nous l’assistance a été généreuse mais insuffisante, a prévenu M. PERKS MASTER CLEMENCY LIGOYA (Malawi).  Quelque 868 000 personnes ont été sinistrées et certaines écoles utilisées comme des camps de fortune ont dû être fermées.  Les ponts et les systèmes d’irrigation ont été endommagés par une catastrophe qui s’est produite au moment même où les agriculteurs commençaient la récolte.  Les camps et les écoles, avec des problèmes d’assainissement qui augurent de maladies à venir.  Les inondations des latrines ont entraîné la contamination des eaux, emmenant avec elles le choléra et le paludisme, dont le taux de prévalence est en hausse.  Le prix des produits alimentaires de base a augmenté de 50%.  L’impact de la catastrophe naturelle sera évalué sur le nombre de personnes touchées mais sur les récoltes perdues. 

Les vaccins, les médicaments ont été emportés par les eaux, privant la population de l’accès aux soins de santé primaire mais aussi aux traitements antirétroviraux.  Une évaluation des besoins à court et à long terme a été faite par le Malawi et le Comité tripartite ONU-Banque mondiale-UE pour combler le déficit qui est actuellement de 28 millions de dollars.  Un vaste programme de reconstruction va être mis en œuvre pour les trois pays touchés, auquel seront associés d’autres qui se sont relevés de l’impact de catastrophes naturelles similaires, comme l’Indonésie.  M. Ligoya a ajouté, en conclusion, que les « créanciers » « ne peuvent s’attendre à ce que nos trois pays remboursent leurs dettes », car le peu d’argent dont ils disposent sera consacré à l’aide aux populations.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a rappelé le passage, en 2000, du cyclone Éline qui avait ravagé six pays d’Afrique australe, provoquant notamment une catastrophe humanitaire dans son pays.  Dix-neuf ans plus tard, le cauchemar est revenu, mais avec une férocité encore plus cruelle, sous la forme du cyclone Idai qui a frappé la région, le 15 mars dernier.

À l’approche du cyclone, le Gouvernement avait activé, dès le 12 mars, l’alerte rouge et essayé de relocaliser 300 000 personnes qui étaient dans les zones à risque.  Du personnel a été déployé dans les zones stratégiques pour appuyer les opérations de secours, mais la férocité du cyclone a été telle qu’une fois qu’il a touché terre, tout effort s’est avéré impossible.  Les provinces de Sofala et de Manica ont subi l’impact le plus redoutable du cyclone dont les effets se sont fait ressentir dans certaines parties des provinces de Tete, Zambezia et Inhambane.  Les vents ont atteint entre 180 et 220 kilomètres par heure, accompagnés de lourdes inondations.

À ce jour, 598 morts sont signalés, « un nombre qui augmente tous les jours ».  On compte aussi 1 641 blessés.  Quelque 967 014 personnes sont sans abris et sans moyens de subsistance et 1,8 million de personnes en tout ont été affectées par l’impact du cyclone et les inondations.  Environ 96 292 habitations ont été entièrement ou partiellement détruites et 15 784 maisons inondées.  Quelque 3 344 salles de classes ont été endommagées, affectant 150 854 enfants, et 54 centres de soins et 713 378 hectares de culture.  L’évaluation des dommages causés aux routes, aux ponts, aux télécommunications et aux générateurs électriques est en cours.

L’’œil du cyclone a touché terre dans la ville portuaire de Beira, la deuxième ville du pays et un hub de transport stratégique pour les pays voisins, notamment le Zimbabwe, le Malawi et la Zambie.  Selon une évaluation préliminaire, 90% des infrastructures de Beira ont été endommagées.

Juste après le passage du cyclone, l’ensemble du Cabinet s’est réuni et une équipe de hauts fonctionnaires a été déployé à Beira pour superviser les opérations de secours.  Le Président a lancé un appel à l’aide humanitaire internationale et le Gouvernement a déclaré l’état d’urgence.  Les activités de secours ont pris fin et les personnes directement touchées ont été relogées dans 156 centres d’hébergement.

Alors que le plan de redressement après urgence est en cours d’élaboration, le Mozambique aura besoin d’aide humanitaire pour établir des centres de traitement du choléra, mener des campagnes de vaccination à grande échelle et rétablir les infrastructures et les services essentiels.  Le pays devra également identifier les terres pour la réinstallation définitive des déplacées, procéder à une évaluation complète des dégâts et des besoins et faire une cartographie des districts touchés à l’aide de drones.  Les défis immédiats sont liés à l’approvisionnement en eau et en assainissement, notamment aux craintes de propagation du choléra et du paludisme.

Le représentant a passé en revue certains des enseignements tirés du passage du cyclone, insistant sur le renforcement des systèmes d’alerte précoce et des unités de gestion des risques du pays, sans oublier le rôle « crucial » des médias pour sensibiliser la population et mobiliser l’appui et la solidarité envers les personnes touchées.  Le représentant a fait observer que depuis 1975, le Mozambique a été frappé par 25 cyclones, dont 12 ces 20 dernières années, ce qui illustre sa vulnérabilité aux changements climatiques.  Après le passage d’Idai, les besoins sont énormes et urgents pour pouvoir remettre sur la voie de la réalisation des objectifs de développement durable.

Déclarations

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a décrit avec émotion l’image d’un jeune homme poussant, dans un des trois pays affectés, une moto dans une zone inondée, évoquant les longues années et les privations endurées pour pouvoir économiser assez d’argent pour l’acheter et améliorer son niveau de vie.  Aujourd’hui, le cyclone a balayé tous ses efforts.  Personne, a reconnu l’Administrateur, n’était prête à faire face à une catastrophe d’une telle l’ampleur du cyclone Idai.  Mais, a-t-il insisté, les investissements dans la préparation portent toujours leurs fruits, comme on l’a vu au Bangladesh et au Japon.

Avec l’aide du système de l’ONU, de la Banque mondiale et de l’Union européenne, a-t-il indiqué, une évaluation des besoins est en cours de planification laquelle tracera la voie du redressement à court, moyen et long terme.  L’évaluation permettra d’identifier les mesures prioritaires de réduction des risques de catastrophe et d’adaptation aux changements climatiques.  Au Mozambique, le PNUD fournit un appui à des secteurs clefs comme l’agriculture, l’éducation et les infrastructures pour y intégrer une composante « réduction des risques et adaptation ».  Au Zimbabwe, le Fonds pour le renforcement des capacités est en train d’être mis en œuvre, tandis qu’au Malawi, le PNUD, avec l’appui du Fonds vert pour le climat, fourni des prévisions météorologiques précises et élargit le système communautaire d’alerte précoce à 75% des districts du pays.

S’exprimant en sa qualité de Vice-Président de l’ECOSOC et de Président du segment des affaires humanitaires de l’ECOSOC, M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que le cyclone Idai présente trois dimensions.  La première illustre les effets néfastes des changements climatiques, en particulier sur le continent africain, d’où l’impératif d’actions concrètes et d’un engagement plus ferme pour la mise en œuvre des accords internationaux dans le domaine climatique, en particulier l’Accord de Paris.  Le deuxième aspect est celui du développement.  L’impact du cyclone aura des conséquences lourdes sur les efforts de reconstruction et engendrera un retard significatif dans la réalisation des objectifs de développement durable.  La troisième dimension est humanitaire.  Il ne s’agit pas uniquement de la réponse humanitaire d’urgence pour venir en aide à des milliers de victimes.  Il en va surtout du renforcement de la résilience des États pour mieux se préparer à ce genre de catastrophes à l’avenir, a expliqué M. Hilale. 

La réunion d’aujourd’hui démontre selon lui l’impératif de transformer nos discussions politiques à l’ONU en actions concrètes avec des résultats palpables sur le terrain.  L’ECOSOC est le forum idoine pour discuter de telles urgences humanitaires, s’est-il félicité, en annonçant que son segment des affaires humanitaires consacrera une de ses deux tables rondes, au mois de juin prochain à Genève, à la préparation des pays aux défis et risques croissants liés aux changements climatiques et aux catastrophes météorologiques.  Il s’agira d’examiner spécifiquement les voies et moyens de renforcer la préparation et la réponse humanitaire et de mieux collaborer au renforcement de la résilience, a déclaré le Vice-Président.  Il a enfin proposé d’effectuer une visite sur le terrain, préalablement au segment humanitaire, avec pour objectif de « préserver l’élan et la visibilité de cette situation » et de « constater de visu l’ampleur des dégâts causés par ce cyclone ». 

Dialogue interactif

Non seulement les changements climatiques se traduisent par la destruction totale, la sècheresse, la famine et la perte des terres arables, ils polluent en plus les eaux, s’est alarmé le Kazakhstan.  La Turquie a elle insisté sur la nécessité de prioriser les activités d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, pour prévenir de telles situations à l’avenir.  Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, le Belize a demandé aux partenaires internationaux d’aider ces pays à passer de la phase d’atténuation à la phase d’adaptation.  Le cyclone Idai vient en effet de montrer, a renchéri Cabo Verde, que les changements climatiques sont « tout sauf abstrait ».  Il a annoncé une contribution « symbolique » de 200 000 dollars aux trois pays touchés. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Rwanda a évoqué les mesures prises par l’Union africaine par solidarité avec les trois pays touchés par le cyclone Idai, dont le versement d’une aide de 350 000 dollars et l’envoi d’une mission d’évaluation des besoins sur place.  Il faut, a-t-il recommandé, que les partenaires au développement examinent nos stratégies et approches pour renforcer notre résilience, en pariant sur un changement de paradigme qui tienne compte de l’interdépendance entre changements climatiques, sécurité et développement.  Le renforcement de la résilience doit être lié au développement et aux programmes d’éradication de la pauvreté, comme le prévoit le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a souligné Guyana.  Le Japon a annoncé que la prochaine Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) sera largement consacrée à l’effort de relèvement post Idai. 

C’est une somme de 3,5 millions d’euros que l’Union européenne a annoncé tout comme le déploiement de cinq experts dans les trois pays touchés et un soutien aux efforts de la Croix-Rouge.  L’Union européenne a également activé son Mécanisme de protection civile, dont 11 membres ont été dépêchés sur place pour évaluer les besoins.  En plus de sa contribution dans le cadre de l’Union européenne, l’Irlande a parlé d’un apport bilatéral de 1,15 million de dollars.  La Norvège a annoncé une aide de 5 millions de dollars.

Quant au Canada, c’est un train de mesures financières de 10 millions de dollars qu’il a promis, dont 3,5 millions pour l’eau potable et l’assainissement et 4,5 millions de dollars supplémentaires pour la santé.  Près de 7,3 millions de dollars ont été versés par les États-Unis.  Précisant que l’effort consenti se concentre surtout sur le Mozambique, un partenaire de développement de longue date, la Suède a tout de même indiqué que son aide alimentaire de 10 millions de dollars ira aux trois pays.  Le Brésil a versé 100 000 euros à l’appui du Mozambique, alors que le Royaume-Uni a aussi réagi rapidement, mobilisant plus de 28 millions de dollars.  Le Portugal a insisté sur l’aide qu’il fournit par le biais de la Communauté des pays de langue portugaise.  La République de Corée a insisté sur les activités de reconstruction à court et à long terme et l’Angola a lancé un appel à la générosité des bailleurs de fonds internationaux. 

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