Session de 2019,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, Matin & après-midi
ECOSOC/6981

Le Forum sur la science, la technologie et l’innovation a permis de voir la créativité et le talent au service des objectifs de développement durable

La Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Inga Rhonda King, a indiqué, à la clôture du quatrième Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) pour la réalisation des objectifs de développement durable, que les débats intéressants et instructifs de ces deux derniers jours avaient permis de relever « ce qui est possible quand les innovateurs mettent leur créativité et leur talent au service des objectifs de développement durable ».

Placé sur le thème « Science, technologie et innovation au service de l’inclusivité et de l’égalité », le Forum s’est décliné en neuf sessions d’échanges focalisées sur les objectifs de développement durable 4, 8, 10, 13 et 16 qui portent respectivement sur l’éducation, la croissance économique, les inégalités, les changements climatiques et les institutions efficaces. 

Le Forum STI fait partie du Mécanisme de facilitation des technologies mandaté par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Cette quatrième Edition était coprésidée par les Représentantes permanentes de la Barbade et de la République tchèque, Mmes Elizabeth Thompson et Marie Chatardová. 

À l’ouverture des travaux hier, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, avait souligné que les STI étaient nécessaires pour trouver des solutions dans tous les secteurs et déterminantes pour concrétiser les objectifs de développement durable.  Les derniers travaux du Mécanisme de facilitation des technologies laissent voir que si on n’agit pas de manière proactive pour justement « faciliter les technologies », les inégalités pourraient s’aggraver, ce qui va à l’encontre du vœu du Programme 2030 de « ne laisser personne de côté ».

Les échanges du Forum ont ainsi permis de souligner la nécessité d’attirer et garder les femmes dans les domaines des STI.  Notant que la population mondiale féminine cumule environ 12 milliards d’heures de travail non rémunérées par jour, les parties prenantes au débat ont recommandé une plus grande participation des femmes aux domaines des STI, par exemple en suscitant un plus grand intérêt des femmes pour le codage informatique.

La place de l’éducation pour promouvoir les STI a été également soulignée.  La réforme des programmes scolaires a été envisagée, dans le souci de voir les jeunes générations recevoir une éducation de qualité pour susciter leur vocation aux métiers de la science.  Le représentant de l’Allemagne a parlé des opportunités de l’enseignement en ligne, moins coûteux et qui permet en outre de toucher un plus grand nombre de personnes.

La représentante de la France a même suggéré la création d’un « pacte d’égalité » pour s’assurer que tout le monde ait accès au numérique, y compris les jeunes.  La déléguée du grand groupe des enfants et des jeunes n’a pas dit le contraire en parlant de la « justice technologique » et en appelant à un « débat intergénérationnel sur la durabilité » afin de favoriser le renforcement des capacités des jeunes par le biais du mentorat.

En outre, il faudra recruter 10 millions d’étudiants supplémentaires d’ici à 2025 pour constituer un groupe de personnes capables de comprendre l’ampleur des défis à relever face aux changements climatiques, a suggéré le PDG d’Urban Breakthroughs, qui a recommandé, au vu de l’urgence de la situation, que le tiers des budgets des États soit consacré à la lutte contre les changements climatiques et aux problèmes de l’urbanisation. 

Un innovateur, M. Matthew Goldberg, a présenté le projet « BioLite HomeStove » qui apporte une réponse au problème de la cuisson au feu de bois, sachant que trois millions de personnes dans le monde utilisent encore ce procédé pour cuire leur nourriture, émettant ainsi trop de carbone.  Ce fourneau innovant, qui fonctionne avec des biocarburants ultrapropres et produit en outre de l’électricité, a été vendu en 25 000 exemplaires en Afrique subsaharienne.

Quant aux populations autochtones, « il ne faut pas les voir seulement comme des bénéficiaires de la science et de la technologie », a fait observer Mme Minnie Degawan, du Programme des peuples autochtones et traditionnels à Conservation International.  Leurs systèmes de connaissances autochtones fonctionnent et cela a été reconnu par l’ONU.  Pour la Chef du Secrétariat de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies, Mme Chandra Roy-Henriksen, dire que les peuples autochtones ont des connaissances millénaires ne signifie pas que ces peuples sont « coincés dans le passé ».  Selon elle, ils continuent aujourd’hui de créer et d’innover, en s’appuyant justement sur ces savoirs millénaires.

Alors que de nombreux orateurs de ce forum STI ont rappelé l’importance du renforcement des capacités et du transfert des technologies en faveur des pays du Sud, d’autres n’ont pas manqué de dénoncer les possibles travers des technologies.

C’est ainsi que le grand groupe des enfants et des jeunes s’est préoccupé des avancées technologiques non réglementées et des risques qu’elles peuvent avoir sur la santé, citant notamment le CRISPR, un mécanisme de manipulation génétique.  Une association d’ingénieurs a par ailleurs appelé l’ONU à répondre au problème de la corruption dans la construction et l’ingénierie, indiquant que plus de 500 milliards de dollars sont perdus chaque année dans ces secteurs, sans parler des coûts et des pertes en vies humaines.

L’une des leçons tirées par la Présidente de l’ECOSOC à la conclusion de ce forum est que le travail du Mécanisme de facilitation des technologies ne doit pas se réduire à deux jours de débats annuels du Forum STI.  Elle a dit espérer que ce dernier deviendrait le point culminant annuel du travail du Mécanisme, avec des messages et recommandations pointus.  Concernant les recommandations du Forum qui s’est achevé aujourd’hui, elles seront transmises au Forum politique de haut niveau pour le développement durable dont la prochaine réunion en juillet sera placée sous les auspices de l’ECOSOC. 

QUATRIÈME FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Thème: « Science, technologie et innovation au service de l’inclusivité et de l’égalité - Accent principalement mis sur les objectifs de développement durable 4, 8, 10, 13 et 16 »

Session sur un avenir meilleur: les jeunes, les écosystèmes d’innovation et le développement

Cette session a permis de mettre l’accent sur le rôle et les perspectives des jeunes dans le cadre de la mise sur pied d’écosystèmes d’innovation durable en vue de réaliser les objectifs de développement durable. 

La session a commencé par un message vidéo de M. A MIN TJOA, Président de la Commission sur la science et la technique au service du développement (CSTD).  Il a parlé de la vingt-deuxième session de la CSTD qui se déroule à Genève, du 13 au 17 mai 2019, et qui se penche, entre autres, sur les incidences des changements technologiques rapides sur le développement durable et sur le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) dans l’édification de sociétés résilientes, notamment par la contribution des « sciences citoyennes ».

Mme ELIZABETH THOMPSON, Représentante permanente de la Barbade auprès des Nations Unies, a ensuite invité des jeunes innovateurs à présenter leurs projets.  Elle a expliqué que ces acteurs de la société civile sont les 10 lauréats d’un concours mondial lancé par l’ONU auquel 350 candidats ont participé. 

Ainsi, Mme ANNE K. RWEYORA a parlé de l’initiative « A roof, a Skill and a Market for Women » en Ouganda qui vise à faciliter l’acquisition de maisons par les femmes les plus pauvres.  Grâce à des contributions de mécènes, des habitations sont construites avec des matériaux durables afin de s’assurer que les femmes auront des toits pour longtemps.

Au Pakistan, a témoigné Mme FAKHIRA NAJIB, le projet « Broad Class - Listen to Learn » utilise des émissions radiophoniques pour dispenser des enseignements à distance en faveur des communautés isolées et parmi les plus démunies.  Ce programme, qui touche directement 200 000 personnes et indirectement 10 millions de gens, est à la recherche de financements pour être pérennisé. 

Enfin, l’initiative « Coliba Recycling » a été présentée par M. PRINCE AGBATA, du Ghana.  Elle a permis de créer une structure de recyclage des déchets plastiques, permettant ainsi d’offrir un emploi à des femmes et jeunes défavorisés qui n’ont plus besoin de se rendre dans les décharges publiques à la recherche d’objets susceptibles d’être revendus.

Par la suite, l’animatrice de la session, Mme HEIDE HACKMANN, Directrice exécutive du Conseil international pour la science (CIUS) et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a demandé aux panélistes de présenter leur expérience en matière d’implication des jeunes dans les STI.

Il faut que les jeunes générations reçoivent une éducation de qualité pour susciter leur vocation aux métiers de la science, a dit tout d’abord Mme KHALISAH ZULKEFLI, biochimiste à l’Université de Melbourne (Australie).  Et cela passe aussi par une communication scientifique de proximité qui rendra plus digestes les résultats des recherches, afin que le grand public puisse mieux comprendre.  Il faut également des plateformes et des ressources pour intégrer les objectifs de développement durable dans les programmes d’enseignement. 

Mme AMOLLO AMBOLE, enseignante à l’Université de Nairobi (Kenya) et membre de l’initiative « Africa Climate Change Leadership program » (AfriCLP), a affirmé que l’Afrique recèle d’un vivier inestimable de jeunes sur lequel elle peut s’appuyer pour son développement.  Elle a parlé des jeunes citadins, par exemple, qui innovent en trouvant les voies et moyens de connecter les foyers démunis des villes kényanes au réseau électrique.  Même si cela se fait dans l’illégalité, elle a salué ce côté inventif qui mérite d’être promu durablement dans le cadre de structures formelles d’innovation. 

Justement, Mme TIA HODGES, responsable au sein de la Fondation de Citi Group, a fait valoir que la structure pour laquelle elle travaille apporte son soutien aux jeunes innovateurs du monde entier, notamment ceux issus de communautés vulnérables.  La Fondation entend accompagner ces jeunes qui s’évertuent à trouver des solutions aux défis de la société, mais il manque des capitaux pour valoriser l’initiative des jeunes. 

Alors comment peuvent-ils faire? a demandé l’Ambassadrice de la Barbade.  Mme Hodges de Citi Group a suggéré aux jeunes de s’insérer dans des réseaux de financement, non seulement pour lancer leurs initiatives, mais également pour les maintenir sur la durée.

La déléguée de l’Indonésie a évoqué les mesures prises par son gouvernement en faveur des jeunes dans les domaines liés aux STI.  Par exemple, 20 000 bourses ont été offertes aux jeunes qui sont engagés dans les technologies de l’information et des communications (TIC). 

La représentante de la France a suggéré la création d’un pacte d’égalité pour s’assurer que tout le monde ait accès au numérique, y compris les jeunes.  Elle a aussi insisté sur l’inclusion du numérique dans les programmes scolaires.  La déléguée du grand groupe des enfants et des jeunes n’a pas dit le contraire en parlant de la « justice technologique » et en appelant même à un « débat intergénérationnel sur la durabilité » afin de favoriser le renforcement des capacités des jeunes par le biais du mentorat.

La représentante d’IBM a demandé de ne pas oublier le secteur privé qui a des fonds disponibles et qui est souvent le moteur de l’innovation.  Le monde universitaire peine souvent à suivre le rythme, a reconnu de son côté Mme Ambole, de l’Université de Nairobi.  Étant donné que les programmes de formation sont désuets, elle a plaidé pour une collaboration renforcée avec le secteur privé pour offrir plus de stages aux jeunes qui veulent découvrir le milieu professionnel.  Cela est important, a renchérit Mme Zulkefli, de l’Université de Melbourne, avant d’insister pour que « la science, la technologie et l’innovation permettent à plus de laissés-pour-compte d’avoir aussi une place au soleil, et notamment les jeunes ». 

Session sur les STI au service des sociétés inclusives et équitables (objectifs de développement durable 10 et 16)

Avant d’entamer la discussion, les participants ont entendu la présentation de deux projets novateurs.  Dans un premier temps, Mme FUNKOLA ODELEYE, Cofondatrice de DIYlaw, au Nigéria, a expliqué que dans son pays, les entrepreneurs se heurtent au coût élevé des services juridiques, ce qui a pour effet de limiter la création d’emplois, l’accès au financement et la croissance du secteur des petites et moyennes entreprises.  DIYlaw offre ces services en Afrique à des coûts abordables, notamment en ce qui concerne l’enregistrement des entreprisse.

Mme NINA TUSHEV a ensuite présenté les grandes lignes d’un projet qui utilise les drones pour cartographier, assurer le suivi et protéger les territoires autochtones, et qui a en même temps permis de déterminer que les territoires protégés par les autochtones constituent la meilleure défense contre les changements climatiques.  Ce projet permet notamment de collecter des données essentielles, ce qui aide les autorités locales à prendre des mesures efficaces.  Grâce à ce projet, des communautés locales au Panama ont pu alerter les autorités du problème du braconnage et lutter contre la déforestation.

M. MAHMOUD MOHIELDIN, Vice-Président principal pour le Programme de développement 2030 au sein de la Banque mondiale, a indiqué que dans un article récemment publié dans la revue MIT Technology, M. Bill Gates avait appelé à utiliser les technologies de manière à permettre à chaque personne de vivre une vie épanouie.  Il s’est inquiété du fait que certaines technologies avancées portent cependant atteinte au respect de la vie privée et sapent la confiance.  « Soit nous récolterons les fruits de la technologie, soit le fossé numérique se creusera encore davantage », a-t-il déclaré.  L’expert a aussi prévenu que, quelles que soient les percées technologiques qui seront faites, on n’en récoltera pas les dividendes si on néglige les secteurs de la santé et de l’éducation. 

M. Mohieldin s’est également préoccupé du problème de la perte d’emplois, de l’avenir de la protection sociale ainsi que de l’essor du secteur informel dans de nombreuses économies émergentes.  La protection sociale doit être abordée en adoptant un angle totalement différent lorsqu’il s’agit des nouvelles technologies, a-t-il estimé, précisant que la Banque mondiale met l’accent sur la création de partenariats public-privé pour combler le fossé numérique.  L’expert a aussi plaidé pour le renforcement des infrastructures et des capacités du personnel, conseillant aussi de fournir des services intermédiaires pour mieux répondre aux besoins.

Autre source de préoccupation pour lui, l’impact, notamment sur le plan environnemental, des « mauvaises technologies », comme les cigarettes électroniques et les gobelets en plastique.  « Si on ne donne pas aux sociétés les outils et le savoir-faire nécessaires, nous perdrons tous les bienfaits des nouvelles technologies », a-t-il averti.

M. BONIAN GOLMOHAMMADI, Secrétaire général du 16+ Forum, en Suède, a indiqué que son institution mettait l’accent sur les entrepreneurs urbains et les innovations urbaines.  Elle soutient la création de 30 start-ups qui ambitionnent d’avoir un impact sociétal positif.  L’expert a insisté sur l’importance des informations accessibles en ligne, signalant à cet égard que des portails de gouvernance électronique avaient été lancés an Arménie et en Géorgie.  Il est ainsi possible d’accéder à la justice en ligne, tandis qu’un service permet de faire une demande de passeport et de le recevoir « le temps de boire un café ».

En Indonésie, une application permet de renforcer la transparence en cas de catastrophe, tandis qu’au Bangladesh, des systèmes d’envoi de textos en langue locale permettent de dispenser des informations sur l’hygiène ou d’assurer un suivi médical.  De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) met en œuvre des projets de chaînes de blocs pour réduire le coût des transactions et aider les réfugiés à obtenir de l’aide.  Cependant, a–t-il constaté, la pénurie de données dans certains domaines reste problématique, de même que la facture numérique.

Mme ELIZABETH LOCKWOOD, représentante de CBM, International Advocacy and Alliances, a abordé le sujet sous l’angle de l’inclusion des personnes handicapées, notant que l’intelligence artificielle et la robotique, qui modifient notre manière de travailler, sont particulièrement utiles à cette fin.  Malgré les progrès, les handicapés continuent cependant de se heurter au problème de l’exclusion et sont marginalisés, a-t-elle déploré. 

Elle a appelé à inclure ces personnes dans tous les débats sur les nouvelles technologies, car la plupart du temps, les décideurs évaluent leur impact en pensant uniquement à l’utilisateur moyen.  Il faut aussi veiller à fournir ces technologies à un coût abordable, a-t-elle ajouté, présentant l’aspect financier comme un autre obstacle à leur utilisation par les personnes handicapées.

M. WILBERT MURUKE, responsable des affaires internationales au sein de l’Agence météorologique tanzanienne, a insisté sur l’importance d’une bonne coordination au niveau national pour veiller à ce que les STI profitent aux habitants moyens.  La Commission des sciences et de la technologie tanzanienne remplit ce rôle, a-t-il indiqué.  Il a appelé à assurer une participation inclusive de tous les pays dans le domaine des STI.  Il a aussi recommandé de redéfinir les indices de développement avec pour objectif de lever les restrictions d’accès aux marchés financiers et privilégier la collaboration.

Ces exposés ont été commentés par les délégations, comme celle de l’Iraq qui s’est interrogée sur l’utilisation des technologies pour réduire la propagation de discours extrémistes, une préoccupation partagée par une représentante d’une organisation confessionnelle du Danemark, qui a appelé à mieux comprendre l’impact des nouvelles technologies sur le déroulement des conflits et la prolifération de l’extrémisme violent.  Elle a aussi invité à mieux comprendre l’impact du facteur numérique sur la participation des femmes à la consolidation de la paix.  « Nous n’utilisons plus les outils.  Ce sont les outils qui commencent à faire de nous leurs outils et à modifier notre perception du monde », a alerté la représentante pour qui une discussion sur cette question s’impose. 

Abondant dans ce sens, le grand groupe des enfants et des jeunes s’est préoccupé des avancées technologiques non réglementées et des risques qu’elles peuvent avoir sur la santé, citant notamment CRISPR, un outil de manipulation génétique.

L’absence d’un système de signalétique standardisé pour tous les pays a préoccupé Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui a fait observer que dans des pays comme le sien, des services comme Uber ou la cartographie numérique n’existent pas: les rues n’ont pas de noms, et les maisons ne sont pas numérotées.  « En cas de catastrophe, les secouristes devraient pouvoir trouver ma maison aussi rapidement que celle d’un habitant de Brooklyn », a commenté le représentant.

De son côté, le Chili a vanté les initiatives lancées par son gouvernement pour appuyer la formation de scientifiques, citant notamment l’ouverture d’un nouveau ministère pour les sciences et la technologie.  La création d’un ministère est-elle cependant suffisante, a réagi le panéliste de la Banque mondiale qui a insisté sur l’importance de la réglementation des données et l’élaboration de partenariats positifs avec le secteur privé, entre autres.

Il faut aussi permettre aux jeunes, qui sont nés avec un portable entre les mains, de participer à l’éducation numérique des adultes et des responsables, a lancé à son tour une ONG de Brooklyn.  Suite à cette intervention, les panélistes se sont accordés sur l’importance d’élaborer des politiques pour l’inclusion des jeunes.

L’Union européenne a parlé d’Horizon Europe, un projet de recherche et d’innovation de grande ampleur qui est en cours d’élaboration et qui pourrait être doté d’un budget conséquent de 100 milliards d’euros.  « Nous allons frapper à votre porte! » s’est félicité le panéliste de 16+ Forum qui a encouragé le lancement de petits projets dans les zones reculées, notant les « financements gigantesques » dont dispose l’Union européenne. 

Une association d’ingénieurs a par ailleurs appelé l’ONU à répondre au problème de la corruption dans la construction et l’ingénierie, indiquant que plus de 500 milliards de dollars sont perdus chaque année dans ces secteurs, sans parler des coûts et des pertes en vies humaines provoquées par la mauvaise qualité des constructions. 

Cette session était modérée par M. HUADONG GUO, membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies et Président du Comité universitaire de l’Institut de la télédétection et de Digital Earth, au sein de l’Académie des sciences de la Chine, qui a souligné le rôle de la technologie pour améliorer la transparence des institutions et appuyer les groupes les plus discriminés.

Session sur les STI au service de l’action contre les changements climatiques et leurs impacts

M. MATTHEW GOLDBERG a présenté le projet « BioLite HomeStove » qui vise à répondre au problème lié au fait que trois millions de personnes dans le monde utilisent encore le feu de bois pour cuire leur nourriture. 

Un fourneau à biocarburants ultrapropre et producteur d’électricité a ainsi été conçu et 25 000 exemplaires ont été vendus en Afrique subsaharienne, évitant ainsi d’émettre trop de carbone dans l’environnement.  En outre, ce fourneau permet de charger les téléphones mobiles.

M. PADMANABAN ANANTHA GOPALAN, de No Food Waste, a expliqué que son projet vise à récupérer la nourriture qui n’a pas été consommée et qui est destinée aux décharges afin de la redistribuer aux plus démunis.  À ce jour, l’organisation, dont le travail est effectué par plus de 1 000 bénévoles, a pu récupérer 728 tonnes de nourriture.

« It’s our forest too » est un autre projet, présenté par Mme CHRISTINA DAHL JENSEN.  Ce projet cible une forêt au Cambodge qui est menacée de disparition en raison de la déforestation.  Il est né de la constatation que les personnes travaillant sur place n’avaient que des crayons et du papier et aucune fourniture nécessaire à la collecte de données.  Une application a donc été créée par l’Université de Copenhague pour faciliter la collecte de données.  Elle sera prochainement disponible dans d’autres pays.

Les panélistes ont ensuite fait des exposés sur des questions liées aux changements climatiques.  Mme MIKIKO KAINUMA, responsable de la recherche auprès de l’Institut pour les stratégies environnementales mondiales du Japon, a averti qu’à moins d’obtenir les financements nécessaires pour lutter contre les changements climatiques, 100 millions de personnes risquent de sombrer dans la faim.  Elle a appelé à transformer les systèmes traditionnels pour intégrer les énergies renouvelables au plus vite et instaurer une taxe carbone et des systèmes de décarbonisation.  Elle a reconnu que la transition représente un véritable défi, et a plaidé pour l’adoption de stratégies respectueuses des cultures et des environnements traditionnels.

M. SETH SCHULTZ, Conseiller spécial du Pacte mondial des maires pour la science et l’innovation, et Fondateur et PDG d’Urban Breakthroughs, s’est tout d’abord félicité d’être le seul homme blanc à la tribune et d’avoir assisté, dans la matinée à un panel constitué uniquement de femmes.  Il a rappelé que la population mondiale se déplace vers les villes à un rythme sans précédent.  « C’est la plus grande migration de mammifères au monde », a-t-il lancé.  Or, les villes génèrent des taux importants d’émissions carboniques, d’où l’importance de la réaction des maires qui sont cependant souvent mal équipés pour faire face au défi.  Il a parlé de l’adoption de la Déclaration d’Edmonton qui a ensuite été adoptée par d’autres villes à une vitesse sans précédent, ainsi que du lancement du programme One Planet, par le Président Emmanuel Macron.  De plus, six des plus grandes économies au monde ont lancé des projets particulièrement novateurs.  Et tout cela a été réalisé en l’espace d’à peine trois ans, s’est-il félicité.

Mme SIGNE RATSO, Directrice générale adjointe de la Direction générale de la Commission européenne pour la recherche et l’innovation, a indiqué que l’Union européenne visait à réduire de 40%, d’ici à 2030, les émissions de gaz à effet de serre et à parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  Mais pour ce faire, la recherche et l’innovation ont un rôle particulièrement important à jouer.  Des mesures importantes doivent être prises dans ces domaines, a-t-elle dit en citant les carburants décarbonisés, la technologie des véhicules et le rôle central de la bioéconomie.  Des mesures législatives doivent être adoptées et un système de financement mis sur pied.

L’experte a ensuite parlé du programme Horizon Europe (2020-2027), « le programme de recherche le plus ambitieux jamais lancé », qui est financé à hauteur de 100 milliards de dollars.  De plus, 35% des investissements seront alloués à la lutte contre les changements climatiques.  Ce programme contient une innovation majeure qui vise à expliquer aux citoyens pourquoi il importe d’investir dans la recherche et l’innovation et il cible aussi la création de villes intelligentes, entres autres.  La panéliste a aussi insisté sur l’importance de la coopération internationale pour faire face à l’ampleur des défis.

Rebondissant sur ces déclarations, le Rwanda a indiqué qu’au mois de janvier, son gouvernement avait lancé le premier laboratoire sur la qualité de l’air en Afrique, en collaboration avec le MIT, tandis que la Rwanda Cooling Initiative (R-COOL) vise à assurer le rafraichissement du pays en tenant compte de l’augmentation de sa population sans impact sur l’environnement.  « Et le Rwanda a interdit les sacs plastiques », s’est félicité un intervenant, un chercheur, avant de souligner que le secteur de la santé se doit aussi de s’adapter aux pratiques durables. 

Un autre intervenant de la société civile a réclamé l’élaboration d’un système de normes comptables pour le calcul des émissions de carbone, sans double comptabilisation, et en ayant recours aux chaînes de blocs de manière à encourager les citoyens à vérifier les mesures d’atténuation.

« Il faut cesser d’accorder la priorité au profit aux dépends de la planète », a lancé à son tour le représentant du grand groupe des enfants et des jeunes, qui a appelé à tenir compte des vulnérabilités au niveau social et régional et à prendre des mesures urgentes pour protéger les droits des plus vulnérables, dont les peuples autochtones. 

Enfin, un représentant du milieu universitaire a attiré l’attention sur les bienfaits de l’éducation multidisciplinaire, mettant en exergue plusieurs projets lancés par l’Université de Helsinki qui permettent aux étudiants de briser les silos et de mieux comprendre l’étendue des défis que connaissent les villes.

Effectivement, a acquiescé le PDG d’Urban Breakthroughs, qui a expliqué qu’il faudra recruter 10 millions d’étudiants supplémentaires d’ici à 2025 pour constituer un groupe de personnes capables de comprendre l’ampleur des défis à relever.  Il a aussi recommandé qu’un tiers des budgets des États soit consacré à la lutte contre les changements climatiques et à l’urbanisation. 

Comment améliorer la coopération au niveau mondial pour faire face à la menace commune que représentent les changements climatiques? a demandé l’Iran, avant que la panéliste de la Commission européenne ne souligne que les partenariats devront aussi s’axer sur les expériences de terrain avant d’inviter les États à se manifester dès à présent pour participer au projet Horizon Europe.  La panéliste de l’Institut pour les stratégies environnementales mondiales du Japon a de son côté souligné que la collaboration internationale est particulièrement importante dans le mesure où les technologies doivent, selon elle, être développées dans les pays où elles seront utilisées.

Le Kazakhstan a dit viser le partage des pratiques renouvelables optimales, tandis que la République de Corée s’est vantée des 10 milliards de dollars qu’elle consacre à la science et à la recherche.

Les débats étaient modérés par Mme AGNES LAWRENCE KIJAZI, Coprésidente du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies et Directrice générale de l’Agence météorologique de Tanzanie

Session sur le lien à faire entre la science, la technologie et l’innovation des peuples autochtones, la culture et les savoirs traditionnels, et la mise en œuvre des objectifs de développement durable

Cette session a permis aux intervenants d’examiner comment trouver des synergies avec les connaissances autochtones et traditionnelles et les technologies locales pertinentes pour la réalisation des objectifs de développement durable. 

L’animateur du débat, M. JOSÉ RAMÓN LÓPEZ-PORTILLO ROMANO, membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a rappelé que les progrès de la science d’aujourd’hui avaient été rendus possibles grâce aux connaissances parfois millénaires des peuples traditionnels, y compris les ressources naturelles qu’ils ont préservées.  Il ne faut donc pas sous-estimer l’importance et la valeur des savoirs autochtones, a-t-il prôné. 

Il ne faut pas non plus voir les autochtones seulement comme des bénéficiaires de la science et la technologie, a fait observer Mme MINNIE DEGAWAN, Directrice du Programme des peuples autochtones et traditionnels à Conservation International.  Elle a fait remarquer que les systèmes de connaissances autochtones fonctionnent et que cela avait été reconnu par les Nations Unies.  Elle a précisé que ces connaissances traditionnelles ne sont pas des anecdotes ou des histoires racontées.  Selon elle, c’est bien un système qui a été développé et a produit des connaissances séculaires.  Elle a prévenu que si on ne protège pas les détenteurs de ces connaissances, alors celles-ci disparaîtront.  C’est pourquoi il faut reconnaître et protéger les droits des peuples autochtones, y compris leur langue, notamment en cette année internationale des langues autochtones. 

Justement, cette année a été proclamée par les Nations Unies afin de protéger ces langues qui courent le risque de disparaître, a enchaîné Mme CHANDRA ROY-HENRIKSEN, Chef du Secrétariat de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies.  Dire que les peuples autochtones ont des connaissances millénaires ne signifie pas que ces peuples sont « coincés dans le passé », a-t-elle dit.  Selon elle, ces peuples continuent aujourd’hui de créer et d’innover, en s’appuyant justement sur ces savoirs millénaires.  Elle a pris l’exemple de peuples qui vivent dans l’Arctique et élèvent des rennes.  Avant, a-t-elle noté, ils marchaient avec leur troupeau, mais aujourd’hui ils se déplacent sur des motoneiges. 

Dans cet alliage du passé et du présent, M. FREDDY MAMANI, architecte et membre d’une communauté autochtone de Bolivie, a expliqué comment des projets d’urbanisation dans son pays avaient été menés en tenant compte des modes de vie et des pratiques architecturales du passé.  La ville d’El Alto a ainsi été conçue en tenant compte de l’architecture andine, avec une nouvelle architecture qui tient compte de la préservation de l’environnement.  Ce projet a toutefois besoin d’appui de la part de la communauté internationale.  La ville est aujourd’hui un site touristique de choix parce qu’elle est le siège de la cohabitation des modèles de construction traditionnels et modernes.  L’architecte a conclu en invitant la communauté internationale à respecter l’architecture des peuples autochtones. 

« Les savoirs autochtones sont essentiels pour comprendre les dynamiques environnementales », a également argué la déléguée d’Ingénieurs sans frontières, intervenant au nom du grand groupe des enfants et des jeunes

Un représentant du FILAC, l’organisation des peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes, a même parlé d’une crise existentielle du fait de la tyrannie d’un seul modèle de développement.  De son avis, il est urgent d’établir un dialogue afin de déterminer un nouveau mode de société qui tienne compte des modèles de société des peuples autochtones. 

Cela est d’autant plus important que « les peuples autochtones n’innovent et ne créent qu’en respectant le principe de l’équité et de la préservation de l’harmonie ».  L’harmonie entre les gens, d’une part, et entre les gens et la nature, d’autre part, a précisé Mme Degawan, de Conservation International.  Pour le Mexique, il est important que les Nations Unies établissent une sorte de recueil de toutes les techniques et technologies des peuples autochtones afin d’en assurer la pérennité. 

En fin de compte, pour les intervenants à cette session, les peuples autochtones sont des partenaires essentiels pour la réalisation du développement durable, notamment par le biais des savoirs traditionnels qui peuvent, parallèlement à la science formelle, offrir des solutions aux défis de développement insolubles.

Session sur l’appui à la mise en œuvre du Mécanisme de facilitation des technologies – marche à suivre pour une action conjointe

M. MACHARIA KAMAU, Secrétaire principal auprès du Ministère des affaires étrangères du Kenya, a souligné que la science et la technologie sont un des plus grands moteurs du développement, d’où l’importance que revêt le Mécanisme de facilitation des technologies.  Il a appelé les gouvernements à jouer un rôle essentiel, comme ils l’avaient fait pendant les années 50, et à ne pas céder la place au secteur privé qui, a-t-il indiqué, défend ses propres intérêts.  Les gouvernements doivent donc créer un environnement incitatif qui favorise l’émergence de la science et de la technologie, lesquelles ont du mal à pénétrer dans les zones reculées ou isolées.  Il faut, a-t-il préconisé, un système éducatif qui privilégie l’apprentissage des sciences, des mathématiques et de l’ingénierie.  Pour les pays en développement, passer des politiques à la création de liens avec le secteur privé est un défi énorme.  Mais sans ces liens, les pays en développement ne pourront pas entrer dans le cercle vertueux d’un développement mu par la science et la technologie.

Au Kenya, l’accent est mis sur une administration publique tout entière dévouée à la création de liens avec les structures nationales chargées des sciences, de la technologie et de l’innovation.  Des milliers d’emplois ont pu être créés pour les jeunes, renforçant l’économie des connaissances.  L’Union africaine s’est aussi dotée d’une stratégie à moyen terme pour les sciences et la technologie mais M. Kamau n’a pas oublié l’initiative Mandela qui permet de former de nouveaux talents à la technologie et de dégager des idées en ingénierie.  Le panéliste s’est inquiété de ce que les idées développées en Afrique soient souvent subtilisées compte tenu de l’absence d’un écosystème protecteur.

L’établissement d’une collaboration véritable au niveau local est un défi, a reconnu Mme LYNN ST AMOUR, Présidente du Groupe consultatif multipartite du Forum sur la gouvernance de l’Internet, qui a annoncé que le prochain Forum aura lieu au mois de novembre en Allemagne.  Les tenants et les aboutissants de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés (PMA) ont été expliqués par M. JOSHUA PHOHO SETIPA, Directeur principal de ladite Banque.  Il a d’abord souligné un fait: les Américains passent 24 heures par semaine sur Internet alors que 4 milliards de personnes dans le monde n’y ont toujours pas accès.  Est-ce à cause du manque d’accès aux infrastructures ou du manque d’intérêt?  Pourtant, l’Internet à bande large à des répercussions positives sur les économies: une augmentation de 10% de l’accès à la bande large se traduit par une augmentation de 1% du PIB.  Il a donc appelé à adopter des politiques pour créer davantage de savoir et a réclamé l’appui des États pour élargir la portée de l’action de la Banque qui travaille en outre avec des partenaires pour appuyer le renforcement des capacités.

Des appels ont été lancés pour que l’on institutionnalise le Forum et que l’on établisse un mécanisme annuel pour aider les pays à anticiper les changements techniques et à tenir compte de leur impact sur les groupes les plus vulnérables, dont les autochtones.  Le Panama a parlé d’un atelier organisé par la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) pour appuyer le renforcement des capacités.  Les autres régions devraient s’en inspirer, a-t-il estimé.  L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a quant à elle attiré l’attention sur le symposium qui a permis de mettre en lumière l’importance de l’innovation dans le secteur agricole.  Un séminaire sur la transformation de ce secteur est prévu au mois de juin et se concentrera sur les zones reculées.  Favoriser la création de nouveaux produits exige la modification des droits de douanes et des normes, a fait observer un intervenant. 

C’est un « pool de talents » qu’il faut, a préconisé la représentante de Engineering for Change qui s’est inquiétée de « la pénurie » d’ingénieurs dans les PMA.  Il faut faire comprendre pourquoi cette discipline est importante, créer des plateformes d’informations accessibles à tous et adopter de nouvelles approches pour le déploiement de cette main-d’œuvre « essentielle ».  Avoir des interlocuteurs compétents est particulièrement important pour nous, a avoué le Directeur principal de la Banque de technologies pour les PMA, tandis que la Présidente du Groupe consultatif multipartite du Forum sur la gouvernance de l’Internet a appelé à des activités conjointes et interdisciplinaires pour enrichir les travaux du Forum. 

Les débats étaient modérés par M. VAUGHAN TUREKIAN, Coprésident du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies et Directeur exécutif à l’Académie nationale des sciences, de l’ingénierie et de la médecine des États-Unis.

Remarques de clôture

Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est félicitée du large éventail de questions abordées au cours de ces deux journées de travaux, espérant que ceux-ci inciteraient à mettre les STI au service des objectifs de développement durable.  Des questions plus transversales ont aussi été abordées, notamment celle de savoir comment tirer parti du potentiel des STI tout en en minimisant les risques, ou encore les synergies entre les savoirs autochtones et traditionnels et la promotion de la participation des femmes aux systèmes d’innovation.  Mme King a estimé que ce forum devrait être le point d’orgue des travaux intersessions de l’ECOSOC.

 

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