Session de 2019,
18e et 19e séances plénières, Matin & après-midi
ECOSOC/6991

ECOSOC: la session sur les activités opérationnelles de développement a permis aux États de faire entendre leur avis sur les propositions du Secrétaire général

« J’ai une vision encore plus claire de la position des États Membres sur les sujets sur lesquels nous devons encore travailler », a affirmé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, à la clôture de la session de 2019 des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement. 

Ce segment annuel du programme de travail du Conseil économique et social (ECOSOC), entamé mardi dernier, a permis d’examiner, au cours de tables rondes et de séances de débat général, des éléments clefs de la réponse aux résolutions de l’Assemblée générale de 2016 sur l’examen quadriennal complet et de 2018 sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.

À l’ouverture des travaux, le Secrétaire général avait eu un avant-goût des préoccupations des délégations au cours d’un échange interactif.  Le système onusien est « animé d’un sentiment d’urgence afin de faire en sorte que personne ne soit laissé de côté », avait-il relevé.

Pour rappel, c’est en décembre 2017 que le Secrétaire général avait transmis des propositions destinées à transformer substantiellement le système des Nations Unies pour le développement.  À l’issue de consultations intensives, le 1er juin 2018, l’Assemblée générale, dans sa résolution 72/279, a adopté un ensemble de réformes sans précédent pour repositionner ce système de manière à le rendre plus efficace.  C’est ce que M. António Guterres s’est attelé à faire dans son rapport sur la mise en œuvre de la résolution 71/243 de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet.

Au cœur de ces propositions, figurait la constitution d’une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies dirigées par un système de coordonnateurs résidents indépendants et autonomes, dans le cadre d’une approche régionale revitalisée.  Le Secrétaire général a aussi fait des suggestions pour renforcer les équipes de pays, notamment les bureaux multipays, sans oublier les régions. 

Enfin, le dernier grand volet est le pacte de financement, résultat d’une série de dialogues approfondis qui se sont tenus entre les États Membres de l’ONU et les membres du Groupe des Nations Unies pour le développement durable.  Au cours d’un débat sur la question, les délégations ont rappelé que les 22 engagements contenus dans ce pacte, dont 8 pris par les États Membres et 14 par le Groupe des Nations Unies pour le développement durable, sont ambitieux et se renforcent mutuellement.  Leur mise en œuvre nécessite un changement significatif de la manière dont le système des Nations Unies pour le développement fonctionne et dont les États Membres financent le système.

À la fin des travaux, la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme Kira Danganan-Azucena (Philippines), a rappelé que le Secrétaire général avait demandé aux États Membres d’approuver ces propositions.  De leur côté, par de nombreuses remarques et questions posées au cours des échanges, les États Membres ont demandé des détails chiffrés sur ces propositions et souhaité que les consultations se poursuivent. 

Face aux remarques et interrogations soulevées au cours de ces trois derniers jours, la Vice-Secrétaire générale a dit avoir « une vision encore plus claire de la position des États Membres sur les sujets sur lesquels nous devons encore travailler », avant de dire qu’il faut « avancer ensemble, dans un dialogue permanent ».  S’adressant aux délégations, elle leur a assuré que l’ONU avait « entendu avec soin leurs idées et réactions ».

Dans la matinée, le dialogue avec des chefs de secrétariat du système des Nations Unies pour le développement a donné l’occasion à ces hauts fonctionnaires de détailler les mesures mises en place pour assurer que le nouveau cadre de coopération pour le développement durable fonctionne, et de préciser les changements prévus pour soutenir la mise en œuvre au niveau du pays.

Au cours de la dernière partie des travaux, consacrée à l’alignement de la gouvernance à l’échelle du système et des entités pour une meilleure responsabilisation, le Représentant permanent de la République de Corée et Président du Conseil d’administration du PNUD/FNUAP/UNOPS, a expliqué que le manque de communication entre les organes directeurs au sein du système des Nations Unies pour le développement pouvait amener à un manque de confiance.  Il les a donc invités à avoir plus d’échanges réguliers. 

Pour le Secrétaire général adjoint au Département des affaires économiques et sociales (DAES), M. Liu Zhenmin, la bonne gouvernance des activités opérationnelles du système des Nations Unies pour le développement est essentielle.  Il a rappelé que l’architecture actuelle de la gouvernance est à trois étages: Assemblée générale, ECOSOC et organes directeurs des fonds et programmes.  Malgré cette structure claire, dans la réalité le système fonctionne de façon décentralisée, a-t-il noté.  C’est pourquoi il a suggéré que l’ECOSOC supervise les orientations de l’Assemblée générale.  Il a insisté sur le fait que le travail de ces deux instances doit être fondé sur des faits et des données claires, notamment dans le contexte des indicateurs de l’examen quadriennal complet. 

Certains coordonnateurs résidents ont demandé que les liens entre l’ECOSOC et les comités directeurs des institutions onusiennes soient renforcés dans le contexte de la mise en œuvre du plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable.  Il faut donc s’éloigner, selon eux, de l’approche par mandat pour adopter une démarche axée sur le Programme 2030. 

En tout cas, la Vice-Secrétaire générale a demandé aux uns et aux autres de « viser très haut et d’avoir de l’ambition pour parvenir à un système des Nations Unies pour le développement capable d’aider les pays et leur population à réaliser les objectifs de développement durable ».

Les discussions extrêmement riches de ces trois jours vont aider à lancer le processus qui va aboutir au prochain examen quadriennal complet, a conclu la Vice-Présidente de l’ECOSOC. 

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Dialogue avec des chefs de secrétariat du système des Nations Unies pour le développement

Le dialogue de ce matin, qui était modéré par le Représentant permanent de El Salvador, M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN, a été l’occasion pour les chefs de secrétariat de détailler les mesures mises en place dans leurs entités pour assurer que le nouveau cadre de coopération pour le développement durable fonctionne, et de préciser les changements prévus pour soutenir la mise en œuvre au niveau du pays.

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Vice-Président du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, est revenu sur la deuxième version du « document stratégique à l’échelle du système demandé par les États Membres », que le Groupe qu’il préside produit.  Il s’est excusé des lacunes potentielles liées au fait que la réforme du système des Nations Unies pour le développement vient à peine d’avoir lieu et que certains de ses éléments clefs sont toujours en train d’être définis, notamment pour ce qui est du déploiement sur le plan pratique.  Se voulant rassurant, il a affirmé que l’objectif du système des Nations Unies est d’élaborer une stratégie cohérente, mais expliqué que « ce processus n’est pas simple ».  Voilà pourquoi le rapport sur l’avancement du système des Nations Unies pour le développement dans le cadre de l’examen quadriennal complet est toujours en cours d’élaboration.

À ce stade, M. Steiner souhaite entendre les orientations souhaitées par les États Membres pour le document stratégique.  L’un des buts de la réforme est de faciliter un processus de prise en main, par les pays, de la réalisation des objectifs de développement durable, avec le soutien le plus pertinent possible des agences onusiennes, « d’où la difficulté de tout rassembler dans une stratégie unique », a-t-il expliqué.

En tant qu’Administrateur du PNUD, M. Steiner a rappelé que dès 2016-2017, le PNUD s’était préparé à la réforme et avait aidé le nouveau système à être pleinement opérationnel.  Pour ce qui est des effets immédiats, il a rappelé que les pays recevraient sous peu les nouvelles orientations, ce qui n’empêche pas les équipes du PNUD de continuer à travailler sur le terrain.  Le PNUD est également en train de reconfigurer la façon dont il travaille en ce qui concerne les cadres de coopération et il met l’accent sur l’analyse du cadre pays et la collecte de données pertinentes.  De manière générale, M. Steiner a estimé que le PNUD est pleinement investi et attaché aux objectifs de la réforme.

Lui emboitant le pas, Mme HENRIETTA H. FORE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui intervenait par lien audio alors qu’elle participe à la Conférence sur les violences sexistes à Oslo (Norvège), a, elle aussi, souligné l’investissement de l’UNICEF dans la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  En tant qu’institution avec son propre mandat mais faisant partie du système des Nations Unies, son objectif est d’atteindre les objectifs de développement durable fixés en travaillant de manière souple et créative.  L’UNICEF élabore des analyses pour les équipes de pays, sur la base de données collectées en fonction du principe de « nationalisation des données ».  Cette démarche renforce les capacités des gouvernements et des équipes de pays, a-t-elle expliqué.  Par ailleurs, elle copréside, avec le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Groupe des partenariats de l’ONU dans le contexte du Programme 2030, où l’accent est mis sur chaque pays au cas par cas.  Elle a également fait état de gains d’efficacité dans les passations de marchés et les achats, ce qui a permis de réaliser des économies importantes.  Pour Mme Fore, il faut des orientations claires dans chaque contexte.  Les nouvelles orientations pour 2019 se fondent sur l’analyse des situations pour chaque pays en se basant sur des données nationales, a précisé la Directrice exécutive.

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, qui participait par visioconférence depuis Johannesburg (Afrique du Sud), a expliqué que cette réforme donne l’occasion à ONU-Femmes, en tant que « petite entité avec un vaste mandat et d’énormes ambitions », de nouer de nouveaux partenariats.  Nous sommes à une phase critique dans toutes les agences et fonds de l’ONU parce qu’il nous faut, d’une part, gérer et intégrer la réforme dans les modes de fonctionnement et, d’autre part, continuer à s’acquitter de notre mandat spécifique, ce qui n’est pas tâche facile parce que beaucoup de composantes continuent d’évoluer. 

Mais travailler avec l’ensemble du système des Nations Unies est capital pour ONU-Femmes, a assuré la Directrice exécutive, qui a indiqué que l’entité coopère et consulte « les agences sœurs ».  Il n’y a pas de panacée ou de solution unique pour venir en aide aux femmes et aux filles, a-t-elle fait remarquer en conseillant de trouver les moyens de répondre à leurs attentes où qu’elles soient.  La Directrice exécutive a relevé que l’objectif principal est de faire en sorte que la réforme actuelle contribue à combler le fossé hommes-femmes dans le monde.  La parité fait partie des nouveaux cadres de coopération, ce dont témoigne la nouvelle génération de plans d’action pour l’égalité hommes-femmes qui a été lancée au niveau de tout le système et sur le terrain, a-t-elle précisé.  La Directrice exécutive a également plaidé pour plus d’investissements et des ressources spécifiques pour la promotion de la parité par toutes les entités.

Pour Mme LAURA LONDÉN, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le système de coordonnateurs résidents est essentiel pour recentrer le système des Nations Unies pour le développement.  La stratégie du FNUAP se concentre sur la coopération avec les coordonnateurs résidents sur le terrain.  À cette fin, son personnel est en train d’être formé sur la relation de coopération à établir avec ce nouveau système de coordonnateurs résidents, notamment lorsqu’il est question d’analyses intégrées et de planification conjointe.  Ensemble, avec les autres membres de l’équipe de pays des Nations Unies, les coordonnateurs résidents sont régulièrement invités aux réunions du FNUAP. 

Parallèlement, le Fonds aligne ses processus internes sur les nouveaux cadres de coopération.  Des séminaires en ligne, ou « webinaires », sont régulièrement organisés au niveau mondial pour former le personnel sur le terrain.  Les bureaux régionaux jouent un rôle d’appui important pour les bureaux nationaux, notamment pour mobiliser un large éventail de partenaires pour la réalisation des objectifs de développement durable, et ces démarches doivent être soutenues par des données pertinentes, a précisé la Directrice adjointe. 

Dans le dialogue interactif qui a suivi, le Brésil a reconnu la difficulté de la rédaction du document stratégique à l’échelle du système quand on n’a pas encore accès au nouveau plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD).  Ce document devrait être générique tout en permettant aux pays d’avoir un mot à dire dans la mise en œuvre du document.  Il devrait en outre mettre en avant la valeur ajoutée de chaque entité, a estimé la délégation brésilienne.  Une fois ce document finalisé, le Brésil souhaiterait que les entités onusiennes présentes au niveau des pays contactent les gouvernements respectifs pour les informer de la direction dans laquelle on s’oriente dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Le Canada, a dit son représentant, aurait souhaité entendre les chefs d’institution sur les efforts en cours dans le contexte des cadres de coopération.  Le Canada cherche en outre à mieux comprendre l’interaction entre les sièges des institutions et leurs équipes régionales et de pays, pour ce qui est des orientations dans le contexte du nouveau cadre de responsabilisation.  S’agissant de l’examen quadriennal complet, la délégation a estimé qu’il serait utile d’en savoir plus sur le travail des fonds et programmes afin d’accélérer le travail sur différentes cibles.  Suite aux échos positifs quant à la transition en douceur vers le système de coordonnateurs résidents, elle a demandé des éclaircissements sur l’action intégrée.

Pour le Danemark, la réforme doit être la clef de la pertinence des Nations Unies.  « Comment les capacités peuvent-elles être mieux mobilisées et allouées aux niveaux national et régional? » a-t-il demandé.

La Finlande a insisté sur le fait que la réforme en cours concerne toutes les entités des Nations Unies.  Elle aurait donc souhaité voir des représentants d’institutions spécialisées à la tribune de ce matin.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ont répondu présents à cet appel plus tard dans la matinée. 

La Finlande, tout comme Cuba, aurait souhaité un document stratégique plus complet qui mette en avant les lacunes et les risques de chevauchement tout en mettant l’accent sur les droits de l’homme au cœur du Programme 2030.  Pour Cuba, ce document aurait dû aussi être moins descriptif, plus concis et plus concret pour orienter la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La représentante a également voulu connaître les mécanismes disponibles pour les gouvernements nationaux lorsqu’ils ont besoin d’éclaircissements ou d’orientations.

Réagissant à la question du Brésil sur la responsabilisation dans la mise en œuvre de la réforme à tous les niveaux, l’Administrateur du PNUD a affirmé que tous les pays participaient à la conception du PNUAD.  Il s’agit en premier lieu, pour le réseau des Nations Unies pour le développement, d’appuyer les capacités des entités de l’ONU déployées dans les pays tout en essayant de réaliser des économies d’échelle au niveau régional.

Pour ce qui est de la formation dispensée aux équipes de pays pour qu’elles collaborent efficacement avec le coordonnateur résident, il a parlé de webinaires, du laboratoire d’accélération ou encore des meilleures données recherchées pour aider les gouvernements à prendre des décisions informées.  Le rôle d’intégration du PNUD, « c’est avant tout d’aider les gouvernements à définir une démarche intégrée pour la réalisation du Programme 2030 ».

Sur une note optimiste, l’Administrateur du PNUD a encouragé les États Membres à ne pas sous-estimer le travail collectif de « la famille des Nations Unies au service du développement durable ».  La Norvège a elle aussi défendu ce point de vue en faisant remarquer que le système des Nations Unies pour le développement d’aujourd’hui est très différent de ce qu’il était il y a 20 ans.  Le représentant a appelé à faire fond sur une coopération plus étroite.  S’agissant de coopération, au-delà de celle entre les entités onusiennes, l’Administrateur du PNUD a insisté sur le rôle important à jouer par la coopération Sud-Sud dans le contexte du Programme 2030.

Pour la Directrice exécutive adjointe du FNUAP, la nouvelle approche a le mérite de promouvoir la prise en main et le leadership national dans la réalisation du Programme 2030, ce que l’Afrique du Sud a confirmé en insistant sur l’impératif pour les équipes de pays de tenir compte des priorités nationales de développement.  En République-Unie de Tanzanie, l’appropriation nationale est notamment passée par la traduction des objectifs de développement durable en kiswahili pour que la population puisse réellement les comprendre et y adhérer.  Son représentant a d’ailleurs tenu à rassurer les autres États Membres en expliquant que la transition s’y était faite en douceur et que l’équipe de pays impliquait toutes les agences des Nations Unies.  Cela fonctionne très bien, a dit le délégué. 

Rebondissant sur une intervention de la Suède pour laquelle les droits de l’homme sont la pierre angulaire du Programme 2030, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a estimé que cette réforme devait être une opportunité pour mettre l’accent sur les droits, notamment à la santé reproductive.

Les délégations restent cependant confuses quant à la manière dont la révision des orientations stratégiques par pays sera présentée « au niveau directeur », rappelant qu’auparavant, le PNUAD était présenté au niveau directeur et que les orientations relatives aux pays étaient en annexe.

Une autre question qui est revenue plusieurs fois est celle de savoir comment éviter les chevauchements dans le travail des différentes entités des Nations Unies au niveau du pays. 

En tant qu’agence spécialisée de l’ONU, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué avoir créé un poste de représentant à New York pour faciliter l’alignement de son action sur la réforme en cours, « l’occasion de réduire le morcellement ».  Elle a également précisé que les États membres de l’OMS réunis en Assemblée mondiale étaient en train de débattre de l’incidence de la réforme sur le travail de l’Organisation dans le cadre du PNUAD.

Autre institution spécialisée, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué réfléchir à la meilleure façon de travailler avec le nouveau système des Nations Unies pour le développement alors qu’elle n’est qu’une petite agence avec seulement sept bureaux de pays.  L’OMM participe à des projets techniques et va mettre l’accent sur une meilleure communication avec les coordonnateurs résidents là où elle n’est pas présente.

En guise de conclusion, l’Administrateur du PNUD a expliqué que les agences, fonds et programmes des Nations Unies travaillent à la transcription du nouveau PNUAD dans leurs activités et organisations.  Ainsi, les offres d’emplois viennent d’être révisées et le personnel est en cours de formation pour répondre à la nouvelle approche du Programme 2030.  Les fiches descriptives de pays sont également en cours de révision pour satisfaire au mieux les besoins des pays.

Pour ce qui est des programmes communs, M. Steiner a rassuré les États Membres que le système est fonctionnel et beaucoup moins morcelé que dans le passé, ce qui permet de tirer parti des avantages comparatifs de chaque entité.  Ce qui est clair, c’est que la réforme suppose une gouvernance plus sophistiquée, a-t-il reconnu.

Elle aussi optimiste, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a rappelé que son entité, le PNUD et d’autres agences avaient d’ores et déjà commencé à placer leurs équipes dans des bureaux partagés, ce qui facilite les synergies et assure une meilleure synchronisation des activités en tirant parti des avantages respectifs, avec également une meilleure distribution des ressources.  « Même si nous semblons toujours avoir du mal à vous l’expliquer, nous le vivons déjà et cela fonctionne », a-t-elle lancé aux délégations.

De son côté, la Directrice exécutive adjointe du FNUAP a annoncé que le document sur le cadre de coopération sera posté en ligne pour les États Membres, et qu’il y aura des séances d’information nationales ainsi que pour les équipes de pays.  L’évaluation commune de pays est la seule analyse sur laquelle le cadre de coopération sera fondée, a-t-elle expliqué, ajoutant que l’aspect régional y sera également pris en compte.

Faciliter le changement: le pacte de financement

Cette session a traité de la manière dont le système des Nations Unies pour le développement et les États Membres doivent opérer un changement de culture et de comportement afin de respecter les engagements envisagés dans le pacte de financement.  Le pacte proposé est le résultat d’une série de dialogues approfondis qui se sont tenus entre les États Membres de l’ONU et les membres du Groupe des Nations Unies pour le développement durable. 

Le pacte comporte 22 engagements, dont 8 pris par les États Membres et 14 par le Groupe des Nations Unies pour le développement durable, devant faire l’objet d’un suivi à l’aide de 50 indicateurs et cibles.  Les engagements sont ambitieux, se renforcent mutuellement et nécessiteront un changement significatif de la manière dont le système des Nations Unies pour le développement fonctionne et dont les États Membres financent le système.

Il faut noter, a souligné l’animateur du débat, M. SANJAY REDDY, professeur d’économie à The New School for Social Research, et ancien membre de l’équipe indépendante des conseillers aux dialogues de l’ECOSOC, que le système des Nations Unies pour le développement est unique du fait de son caractère indépendant.

Pour le Représentant permanent adjoint du Royaume-Uni auprès des Nations Unies, M. JONATHAN GUY ALLEN, il est important, aujourd’hui encore plus qu’hier, d’élargir la discussion sur le financement des activités opérationnelles, notamment en attirant d’autres bailleurs de fonds que les donateurs traditionnels.  De même, la gouvernance des programmes de pays doit être au centre de la discussion. 

M. ELLIOT HARRIS, Économiste en chef de l’ONU, a insisté sur le fait que c’est un programme universel qui doit être financé de manière universelle.  Il a plaidé pour que le financement bénéficie d’une plus grande prévisibilité et pour qu’il relève davantage des ressources de base, car il est très difficile de financer des activités de développement sans savoir d’où viendront les fonds.  Dans cette situation, il est difficile d’avoir un financement bien planifié. 

En effet, le montant des ressources consacrées aux activités opérationnelles de développement était de 33,6 milliards de dollars en 2017, ce qui représente une augmentation de 12,6% par rapport à 2016.  Mais les ressources de base ne représentaient qu’environ un cinquième du financement consenti en 2017, soit la part la plus faible jamais enregistrée pour ces ressources. 

M. Harris a expliqué que certains bailleurs préfèrent verser des ressources préaffectées car ils se plaignent du manque d’efficacité et de transparence du système.  Il est dès lors difficile d’obtenir des résultats précis à un moment donné en matière de développement, ce processus étant en soi un processus évolutif et dynamique.

La Coordonnatrice résidente en Bosnie-Herzégovine a ajouté que ces financements préaffectés « nous détournent des priorités des pays d’accueil pour favoriser ceux du pays offrant les fonds ».  L’Économiste en chef a reconnu que le dialogue ayant mené au pacte n’avait pas assez débattu de la raison de la prévalence des ressources préaffectées.  Selon lui, l’une des raisons serait l’obligation des bailleurs de fonds de rendre compte à leurs contribuables des dépenses engagées dans le développement.  D’où leur choix de financer ce qui est important pour leurs citoyens. 

« On a longuement discuté de l’importance des ressources de base, mais on a peu parlé de la question de l’élargissement de la base des donateurs et encore moins des gains d’efficacité attendus du système des Nations Unies pour le développement », a réagi l’Union européenne (UE).  Cette délégation a remarqué, par exemple, que le pacte de financement prévoit de faire des économies mais sans rien quantifier.

La Coordonnatrice résidente en Bosnie-Herzégovine a assuré que des économies étaient déjà faites, mais elle a reconnu que ces efforts ne sont pas toujours présentés aux bailleurs de fonds sous forme de chiffres.

Mme ANITA BHATIA, Conseillère principale sur les partenariats stratégiques à ONU-Femmes, a relevé que la création d’ONU-Femmes, il y a neuf ans, symbolise ce qui peut se passer quand les États sont engagés dans une cause commune.  Elle a expliqué qu’ONU-Femmes a peu de moyens mais un mandat assez élargi, d’où l’importance pour cette agence onusienne de bénéficier de partenariats, y compris au sein et en dehors du système onusien.  Le pacte de financement est donc une initiative cruciale, notamment dans un contexte où seulement 2% des dépenses des activités de développement concernent l’égalité des sexes. 

M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD, Représentant permanent adjoint de l’Égypte auprès des Nations Unies, a indiqué que les États Membres attendent du système onusien un changement de culture qui va induire une modification au sein des équipes de pays, et notamment de la part des nouveaux coordonnateurs résidents selon le système revigoré.  Le succès dépendra aussi de la capacité de l’équipe de pays à disposer de ressources nécessaires pour mettre en œuvre le cadre de coopération adopté.  Il faut par exemple garantir suffisamment de moyens pour les nouveaux coordonnateurs résidents. 

Cependant, la Turquie estime que le pacte de financement ne peut pas suffire pour combler le manque de fonds dédiés au système de coordonnateurs résidents revigoré, alors que pour l’Allemagne, le fonds spécial dédié aux coordonnateurs résidents semble avoir rempli ses ambitions.  Son représentant a souhaité lui aussi l’élargissement de la base des donateurs pour le financement des activités opérationnelles de développement.  Le Représentant permanent du Royaume-Uni a rappelé que son pays avait décidé d’orienter une grande partie de l’aide publique au développement (APD) vers les pays fragiles. 

De toutes les façons, a expliqué l’animateur de la séance, le besoin des bailleurs traditionnels de rendre des comptes est désormais intégré dans le pacte de financement.  En effet, les entités du système des Nations Unies pour le développement s’y engagent à œuvrer en vue d’obtenir des résultats conjoints de manière de plus en plus concertée, en poursuivant des objectifs communs et en fonctionnant plus efficacement.  Pour renforcer la confiance entre elles et les États Membres, elles s’engagent à fournir davantage de précisions sur les résultats obtenus avec les ressources qui leur sont confiées en présentant des rapports plus transparents et cohérents, en améliorant les évaluations conjointes à l’échelle du système et en rendant plus accessibles les audits. 

En retour, les États Membres s’engageront dans ce pacte, tel qu’il est rédigé, à améliorer la qualité et la prévisibilité des contributions volontaires destinées au système des Nations Unies pour le développement, notamment en augmentant les ressources de base et les contributions aux fonds de financement commun interorganisations, idéalement par des engagements pluriannuels.  Ainsi, le financement sera davantage aligné sur les objectifs stratégiques des entités du système des Nations Unies pour le développement et le PNUAD, ce qui permettra aux entités d’offrir les solutions globales et intégrées dont elles ont besoin pour renforcer leur soutien au Programme 2030.  En outre, le Bureau de la coordination des activités de développement coordonnera le suivi régulier des engagements découlant du pacte de financement. 

Aligner la gouvernance à l’échelle du système et des entités pour une meilleure responsabilisation

Le deuxième dialogue de l’après-midi était modéré par Mme INGA RHONDA KING, Présidente de l’ECOSOC

Le premier panéliste, M. CHO TAE-YUL, Représentant permanent de la République de Corée et Président du Conseil d’administration du PNUD/FNUAP/UNOPS, s’est aperçu que le manque de communication entre les organes directeurs au sein du système des Nations Unies pour le développement pouvait amener à un manque de confiance.  Il les a donc invités à avoir plus d’échanges réguliers entre eux.  S’agissant des petites institutions comme le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), il a estimé qu’elles pouvaient grandement contribuer à la mise en œuvre de la réforme.  Toutefois, « leur crainte d’empiéter sur les plateformes d’institutions plus grandes » les empêche parfois de le faire.  Il faudrait par conséquent que l’ECOSOC les sollicite directement. 

Comme Président du Conseil d’administration de trois institutions, il doit faire en sorte que l’ECOSOC puisse avoir un dialogue stratégique plus important.  La réunion des comités directeurs des institutions doit désormais viser l’action, a noté M. Cho en soulignant l’importance des interactions et du dialogue au sein du système de l’ONU.  À ce sujet, il a regretté qu’il n’y ait pas assez de temps entre le débat de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles et les réunions des conseils d’administration des fonds et programmes des Nations Unies qui aura lieu en juin, pour qu’ils puissent tenir compte des réflexions et recommandations faites lors de ce débat sur les activités opérationnelles.

Mme King, en tant que Présidente de l’ECOSOC, lui a proposé de modifier la date de cette réunion, en lui rappelant que le calendrier de l’ECOSOC est mandaté par ses États Membres et donc plus difficile à changer.

Mme TATJANA VON STEIGER, Directrice adjointe de Global Cooperation, Agence suisse de la coopération pour le développement, a rappelé que la gouvernance a une incidence sur les orientations stratégiques et le suivi des résultats.  Elle a invité à réfléchir en termes de ce qui existe et de ce qui doit être fait pour améliorer la responsabilisation.  Elle a également appelé les États Membres à accréditer les coordonnateurs résidents plus rapidement, estimant que le succès de la réforme dépend en partie de la confiance des États.  À ses yeux, le cadre de coordination est essentiel car il permet aux équipes de pays de se retrouver autour d’objectifs stratégiques communs.  C’est également un instrument de responsabilisation. 

Saluant les propositions pragmatiques du Secrétaire général pour améliorer le rôle des instances régionales dans le développement, elle a ajouté que pour que le système soit plus efficace, il faut veiller à la meilleure allocation possible des ressources en faveur de la mise en œuvre du Programme 2030.  En ce qui concerne la gouvernance mondiale, elle a appelé à un retour à ce qui est prévu par la Charte des Nations Unies et a souligné l’importance d’un changement de mentalités au sein des organes directeurs.  Le Comité des chefs de secrétariat a un rôle important à jouer dans ce cadre.

Pour M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint au Département des affaires économiques et sociales (DAES), la bonne gouvernance des activités opérationnelles du système des Nations Unies pour le développement est essentielle, rappelant que l’architecture actuelle de la gouvernance est à trois étages: Assemblée générale, ECOSOC et organes directeurs des fonds et programmes.  Malgré cette structure claire, dans la réalité le système fonctionne de façon décentralisée, a-t-il noté.  Il a donc suggéré que l’ECOSOC « supervise » les orientations de l’Assemblée générale.  Il faut assurer que le travail de ces deux instances soit fondé sur des faits et des données claires, notamment dans le contexte des indicateurs de l’examen quadriennal complet.  Le Secrétaire général a proposé un programme de travail pluriannuel pour le segment sur les activités opérationnelles de développement pour permettre à l’ECOSOC de mener des examens plus pointus et de donner des orientations en dehors de l’examen quadriennal si nécessaire.  Les résolutions de fin de cycle pourraient ainsi se baser sur ces recommandations intérimaires.  L’Union européenne a demandé plus de précisions sur cette proposition.

Certains coordonnateurs résidents présents dans la salle ont demandé que les liens entre l’ECOSOC et les comités directeurs des institutions onusiennes soient renforcés dans le contexte de la mise en œuvre du PNUAD.  Il faut s’éloigner, selon eux, de l’approche par mandat pour adopter une démarche axée sur le Programme 2030.

S’agissant du recrutement, ils ont estimé que les équipes de pays devaient y participer conjointement avec le coordonnateur résident.  Ils ont également mis en avant que ce sont les priorités nationales qui doivent guider le cadre de coopération. 

Le Groupe des 77 et la Chine se sont opposés au paragraphe 188 du rapport du Secrétaire général qui veut que l’Assemblée générale n’adopte de résolution sur le système de développement que tous les quatre ans, l’année où se tient l’examen quadriennal complet, alors que l’ECOSOC pourrait le faire toutes les autres années.  De son côté, l’Union européenne a appuyé cette proposition du Secrétaire général dans le but d’éviter les doublons entre l’Assemblée générale et l’ECOSOC. 

Sur cette question de la périodicité des résolutions de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC, le Secrétaire général adjoint du DAES a rappelé aux délégations que cette proposition se fonde sur les commentaires des États Membres qui s’étaient plaints des doublons.  Par conséquent, le Secrétariat attend leurs orientations sur ce point.

Pour ce qui est de renforcer le débat sur les activités opérationnelles de développement, Cuba a regretté que les espaces de dialogue ne soient pas toujours mis à profit pour échanger entre États Membres et institutions onusiennes dans le cadre ces activités.

Reprenant la parole, le Président du Conseil d’administration du PNUD/FNUAP/UNOPS a demandé aux coordonnateurs résidents s’ils avaient des feuilles de route pour mettre en œuvre les réformes engagées à New York, en soulignant le sentiment « d’urgence » qui prévaut.

La Coordinatrice résidente en Bosnie-Herzégovine lui a répondu en affirmant être bien consciente du sentiment d’urgence même si la feuille de route n’est pas encore claire car il s’agit d’un processus organique.  Cependant, les plans de travail des équipes de pays sont préparés chaque année, a-t-elle précisé.

Revenant sur la coordination interorganisations sur le terrain, la Directrice adjointe de Global Cooperation a jugé excellente l’approche fondée sur les problèmes.  Avec le nouveau cadre de coordination et les objectifs de développement durable, les coordonnateurs résidents ont, selon elle, les moyens de rallier les équipes de pays autour de causes communes et de responsabilités partagées. 

S’agissant de la réforme du DAES, le Secrétaire général adjoint a expliqué que le Département était mandaté pour soutenir l’Assemblée générale, l’ECOSOC et le système des Nations Unies pour le développement en préparant notamment le rapport sur l’examen quadriennal complet.

Clôture des travaux

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a fait le résumé des travaux de ces trois derniers jours.  S’adressant aux délégations, elle leur a assuré que les Nations Unies avaient « entendu avec soin leurs idées et réactions », ce qui va permettre de « prendre des mesures correctives ».  Elle a dit avoir une vision encore plus claire de la position des États Membres sur les sujets sur lesquels il faut encore travailler, avant de recommander d’« avancer ensemble, dans un dialogue permanent ». 

Nous avons maintenant les ingrédients nécessaires pour changer la manière dont les équipes de pays doivent travailler, a encore affirmé Mme Mohammed, avant d’annoncer que l’ONU « met la touche finale au cadre de coopération avec les États ».  Ces derniers, a-t-elle assuré, seront informés en temps voulu des évolutions.  La Vice-Secrétaire générale a rappelé qu’il n’existe pas de solution universelle aux attentes nationales, raison pour laquelle il est important de poursuivre le dialogue avec les États Membres.  « Nous sommes prêts à commencer les consultations immédiatement avec les pays couverts par les bureaux multipays », a-t-elle annoncé, ajoutant qu’il faut « viser très haut et avoir de l’ambition pour parvenir à un système des Nations Unies pour le développement capable d’aider les pays et leur populations à réaliser les objectifs de développement durable ».

 

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