Forum politique de haut niveau,
1re, 2e & 3e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6999

Lancement du Forum politique de haut niveau sous les auspices de l’ECOSOC: des actions attendues avant le Sommet de septembre pour accélérer le développement

Le Forum politique de haut niveau pour le développement durable a lancé ses travaux, aujourd’hui, pour sa septième édition et la dernière année d’un cycle de quatre ans suivant l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Des travaux qui devraient aboutir, selon les vœux de la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), à des annonces de la part des États Membres et des autres acteurs du développement sur les actions prévues pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Pour la première fois depuis le lancement du Programme 2030, il y aura cette année deux Forums politiques de haut niveau, celui annuel placé sous les auspices de l’ECOSOC et le deuxième en septembre, sous les auspices de l’Assemblée générale et qui prendra la forme d’un Sommet.  Pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, 2019 est donc « une année décisive ».  D’ailleurs le Forum ne fera pas de déclaration ministérielle mais adoptera une déclaration politique lors du Sommet de septembre. 

Pour la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, le Forum politique de haut niveau est « spécial » cette année parce que c’est le dernier d’un cycle.  À l’issue de cette session, le Forum aura en effet réalisé son mandat de suivi et d’évaluation du Programme 2030: il aura examiné les 17 objectifs de développement durable, débattu de quatre thèmes et entendu 142 pays présenter leurs examens nationaux volontaires, dont 47 pour la présente session.  Ce Forum est également spécial parce qu’il enverra des messages pour alimenter les discussions de septembre. 

Il sera « le meilleur de tous les forums politiques de haut niveau », a prédit Mme King, car il rassemble 120 experts et intervenants spécialisés.  « Nous apprenons les uns des autres pour que nous puissions nous enrichir de nouvelles expériences afin d’améliorer la vie de nos populations », a-t-elle fait remarquer.  La Présidente de l’ECOSOC a d’ailleurs annoncé la tenue, en marge des réunions officielles, de 8 manifestations spéciales, plus de 130 évènements parallèles et plus de 30 expositions. 

Cette mobilisation semble à la mesure du défi immense qu’il faut relever d’ici à 2030.  Car jusqu’à présent, « la réponse mondiale n’a pas été assez ambitieuse », a admis le Secrétaire général adjoint, reprenant les termes d’une édition spéciale d’un rapport du Secrétaire général qui fait le point sur les objectifs de développement durable.  M. Liu a jugé impératif d’agir maintenant avec « un engagement renouvelé » et un rythme d’action plus rapide. 

Le Secrétaire général recense, dans son rapport, un ensemble de domaines transversaux dans lesquels il faudra faire preuve d’initiative politique et mener sans plus tarder des interventions multipartites adaptées.  Il souligne que, quel que soit le domaine considéré, l’action multilatérale est une nécessité, car ce n’est qu’en travaillant ensemble que les pays parviendront à trouver des remèdes contre la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques, qui sont « les plus grands défis de notre époque ». 

Dans ce contexte, le leadership doit « avoir les tripes de passer à l’action », a réclamé la Directrice exécutive de Island PRIDE, Mme Yolanda Joab Mori, des États fédérés de Micronésie, en expliquant que les jeunes sont avides de voir du courage chez les dirigeants.  Elle a invité ces derniers à ne pas avoir peur de « mettre les personnes et la planète au-dessus du profit ».  Le leadership, a-t-elle précisé, doit être inclusif et placer haut l’objectif d’égalité, en ayant le souci d’autonomiser tout le monde, « même une petite fille des îles comme moi ». 

Bousculant elle aussi les délégations sur le manque de progrès qui affecte en particulier les enfants, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, Mme Najat Maalla M’jid, a posé la question suivante: « Si le coût de la violence à l’égard des enfants est si élevé et si l’on connaît les solutions à ce problème, pourquoi est-ce que cela continue? » Elle a donc appelé à réfléchir à ce qui peut être fait pour y mettre un terme.

Une piste a été donnée pour le financement du développement durable avec la Fintech, la finance associée aux nouvelles technologies.  M. Chris Skinner, auteur et commentateur du Royaume-Uni, en a vanté les mérites et appelé à utiliser tout son potentiel pour financer les objectifs de 2030.

Les discussions de la présente session se pencheront en particulier sur les six objectifs suivants: éducation de qualité équitable; croissance économique inclusive et durable et travail décent pour tous; réduction des inégalités; lutte contre les changements climatiques; promotion de sociétés pacifiques et inclusives pour le développement durable; et renforcement des moyens de mise en œuvre.  Le Forum a commencé par l’objectif d’éducation de qualité, qui a été examiné cet après-midi.

Au cours de la séance d’ouverture, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Valentin Rybakov (Bélarus), a présenté les principaux messages issus du débat consacré à l’intégration, tenu hier par l’ECOSOC, tandis que lors des deux tables rondes d’aujourd’hui, les participants ont tenté de répondre à la question suivante: « Sommes-nous sur la bonne voie pour ne pas faire de laissés pour compte? »  Experts, représentants d’États Membres et grands groupes de la société civile ont fait le bilan de la réalisation du Programme 2030 après quatre ans de mise en œuvre pour identifier « ceux qui risquent d’être laissés sur le côté ».

Dans ce même esprit d’inclusion, il a été précisé que tout le monde peut prendre part à cette édition du Forum politique de manière virtuelle, par le biais du site www.slido.com (code: #HLPF2019): le public peut faire part de ses priorités en cliquant sur des thématiques proposées en ligne.

Le Forum politique de haut niveau poursuivra ses débats thématiques demain, mercredi 10 juillet, à partir de 9 heures. 

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Déclarations liminaires

Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que la session du Forum politique de haut niveau est spéciale cette année parce que c’est la dernière d’un cycle.  À l’issue de cette session, le Forum aura en effet réalisé son mandat de suivi et d’évaluation du Programme de développement durable à l’horizon 2030: il aura examiné les 17 objectifs de développement durable, débattu de quatre thèmes et entendu 142 pays présenter leurs examens nationaux volontaires.  Ce Forum est spécial parce qu’il enverra des messages pour alimenter les discussions du Forum politique de haut niveau qui se réunira en septembre sous les auspices de l’Assemblée générale, à l’occasion du Sommet du développement durable.  Il est spécial, a encore précisé Mme King, car nous nous approchons, quatre ans après l’adoption du Programme 2030, de la réalisation « collective, régionale, nationale et locale » des objectifs de développement durable.  La réunion n’est pas une fin en soi, a-t-elle ajouté, expliquant que c’est une plateforme globale pour partager les expériences et les enseignements qui en sont tirés ainsi que pour nouer des partenariats.  « Nous apprenons les uns des autres pour que nous puissions nous enrichir de nouvelles expériences afin d’améliorer la vie de nos populations. »  Notre objectif ultime, a-t-elle rappelé, c’est d’agir « pour le peuple, la planète et la prospérité ».  De l’avis de la Présidente, ce Forum sera également « le meilleur de tous les Forums politiques de haut niveau » avec ses 120 experts et intervenants spécialisés qui enrichiront les débats. 

La Présidente a ensuite énuméré les principaux événements qui se dérouleront au cours de ce Forum en marge des réunions officielles: huit manifestations spéciales, plus de 130 manifestations parallèles et plus de 30 expositions.  De nombreux représentants du système des Nations Unies, d’organisations internationales et régionales et intergouvernementales ainsi que plus de 1 500 grands groupes et autres parties prenantes participeront activement aux réunions.  Les discussions se pencheront sur six des 17 objectifs de développement durable, relatifs aux questions suivantes: éducation de qualité équitable; croissance économique inclusive et durable et travail décent pour tous; réduction des inégalités; lutte contre les changements climatiques; promotion de sociétés pacifiques et inclusives pour le développement durable; et renforcement des moyens de mise en œuvre.  On entendra aussi une évaluation des progrès accomplis et des défis restant pour savoir si nous sommes sur la bonne voie afin de réaliser le Programme 2030.  Nous allons débattre des défis spécifiques des pays en situation particulière ainsi que des pays à revenu intermédiaire grâce au thème « Donner des moyens d’action aux populations et assurer l’inclusion et l’égalité », a encore précisé la Présidente de l’ECOSOC.  Les grands groupes et les parties prenantes présenteront leurs perspectives sur l’inclusion et l’égalité.

Mme King a ajouté que le Forum prévoit des échanges sur les questions soulevées dans le premier rapport quadriennal sur les objectifs de développement durable ainsi que sur celles soulevées durant le Forum sur la science, la technologie et l’innovation et celui sur le financement du développement.  En outre, a-t-elle observé, « nous allons apprendre différentes politiques et actions entreprises pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national grâce aux 47 examens nationaux volontaires ».  À cela s’ajoutera une intervention du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales qui présentera les résultats de l’enquête du Département des affaires économiques et sociales (DAES) sur les quatre premières années du Forum politique de haut niveau ainsi que les messages pour le Sommet du développement durable.  Le Forum entendra en outre la Présidente de l’Assemblée générale et la Vice-Secrétaire générale de l’ONU qui partageront leurs réflexions sur la mise en œuvre du Programme 2030, les progrès et les défis.  De plus, le Forum entendra les représentants des jeunes.  En bref, « nous avons une chance immanquable d’échanger entre nous et d’apprendre de chacun », a lancé la Présidente à la salle en invitant les participants à saisir cette occasion.

La Présidente de l’ECOSOC a rappelé que cette année, le Forum ne fera pas de déclaration ministérielle.  Il y aura une seule et unique déclaration, une déclaration politique, qui sera adoptée au Sommet sur le développement durable.  Pour Mme King, la contribution de ce Forum de juillet sera essentielle sur la voie du développement durable.  « Nous espérons que tous les pays et tous les acteurs annonceront des actions pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable. »

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus), Vice-Président de l’ECOSOC, a présenté les principaux messages issus du débat consacré à l’intégration tenu hier par l’ECOSOC.  Les discussions, a-t-il dit, ont permis de mettre en avant l’interconnexion entre les différents objectifs de développement durable.  Le débat a aussi conduit à la constatation qu’aujourd’hui, le monde est bien différent de celui qu’il était en 2015 quand le Programme 2030 a été adopté.  Parmi les changements, il a cité le fait que de nombreux acteurs remettent en cause le multilatéralisme et relevé que les changements climatiques prennent de plus en plus d’importance, tandis que d’autres facteurs font obstacle à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Forts de ces constats, les participants au débat d’hier ont recommandé de concevoir des politiques et programmes d’une manière encore plus participative qu’avant.  Il faudra également mettre l’accent sur des politiques luttant contre les inégalités et les discriminations, y compris notamment celles ciblant les femmes, ont-ils suggéré. 

Quatre ans après l’adoption des objectifs de développement durable, il a été souligné que de nombreuses politiques et lois ne prennent toujours pas en compte l’importance d’intégrer le Programme 2030.  Il est dès lors important d’adopter des politiques intégrées afin d’accélérer les progrès.  Il faudra, par exemple, tenir compte des nouvelles technologies pour créer des emplois, sans oublier de modifier les politiques fiscales et macroéconomiques tout en adoptant des budgets cohérents.  De même, une approche intégrée des objectifs de développement durable demande aussi de faire le lien entre les droits de l’homme, les questions de paix et de sécurité et les préoccupations de développement.  Autres questions importantes qui ont été maintes fois rappelées lors du débat d’hier: la mobilisation des ressources et la question des données probantes.  En conclusion, M. Rybakov a recommandé de redoubler d’efforts pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment en mettant à contribution tout le savoir et les compétences des organes subsidiaires de l’ECOCOC. 

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui parlait au nom du Secrétaire général de l’ONU, a souligné la « portée et la signification sans précédents » que revêt le Programme 2030, qui constitue un plan concret pour des politiques susceptibles d’améliorer la vie de centaines de millions de personnes dans le monde.  Depuis 2016, le Forum politique de haut niveau a contribué de manière vitale dans la mise en œuvre du Programme 2030 en aidant les pays à optimiser leurs actions et à suivre les progrès, a rappelé M. Liu tout en notant que le monde fait toujours face à des défis importants alors que le temps passe.  Les pays et les populations les plus vulnérables continuent de souffrir, y compris dans les pays en situation particulière, en conflit et en situation d’après conflit, a-t-il rappelé.  Jusqu’à présent, la réponse mondiale n’a pas été assez ambitieuse, a admis le haut fonctionnaire.  Même s’il y a pléthore d’actions lancées par les gouvernements et d’autres parties prenantes, les progrès dans de nombreux objectifs sont lents, a-t-il regretté.  Pour lui, l’ambition commune de réaliser le Programme 2030 dépend de la façon dont on gère l’évolution des risques et des défis ainsi que de la capacité à saisir les opportunités sociales, économiques et environnementales qui se présentent.  Autrement, nous ne pourrons pas remplir notre obligation de réaliser les objectifs de développement durable dans les délais impartis, a prévenu M. Liu.  Il est impératif d’agir maintenant avec un engagement renouvelé et un rythme d’action plus rapide, a-t-il encore exhorté.  Il a aussi encouragé les participants à venir à New York en septembre pour annoncer des nouvelles actions qui permettent de hâter la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Pour le Secrétaire général adjoint, 2019 est une année décisive.  Pour la première fois depuis le lancement du Programme 2030 il y aura deux Forums politiques de haut niveau, l’un maintenant sous les auspices de l’ECOSOC et le deuxième sous les auspices de l’Assemblée générale, en septembre.  Le présent Forum est le dernier d’un cycle de quatre ans qui se déroule sous les auspices de l’ECOSOC et il va achever l’examen thématique de tous les objectifs de développement durable, a-t-il précisé.  Ce quatrième Forum a pour rôle de déterminer si et comment le cycle a respecté son rôle.  À cet égard, le Département des affaires économiques et sociales, a indiqué celui qui en est à la tête, conduit une enquête pour collecter les avis des États Membres sur la méthode de travail du Forum et des examens nationaux volontaires durant ces quatre dernières années.  Les résultats de l’enquête fourniront des contributions utiles à l’évaluation du Forum que les États Membres effectueront au cours de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale.  Ce sera le moment pour les dirigeants mondiaux d’affirmer une nouvelle fois leur engagement commun à mettre en œuvre ce programme transformateur et universel, a dit M. Liu.  Dans le contexte actuel où l’on voit grandir les inégalités et la souffrance humaine, il est essentiel de démontrer au monde que nous sommes réellement attachés à l’esprit et à l’ambition du Programme 2030, a pressé M. Liu. 

DONNER DES MOYENS D’ACTION AUX POPULATIONS ET ASSURER L’INCLUSION ET L’ÉGALITÉ

Discours liminaires

Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence à l’encontre des enfants, a fait remarquer que tous les objectifs de développement durable examinés au cours des quatre sessions du Forum politique sont pertinents par rapport aux enfants, car l’objectif du Programme 2030 est de « créer le monde que nous voulons » pour maintenant comme pour l’avenir.  Mais celui de cette année, a-t-elle relevé, est encore plus pertinent en ce qu’il va examiner des objectifs qui affectent directement la réalisation des droits des enfants, comme l’éducation.  La Sous-Secrétaire générale a aussi rappelé que 2019 marque le trentième anniversaire de la Convention sur les droits de l’enfant, avant de citer en particulier l’objectif 16.2 du Programme 2030 sur l’élimination de toutes les formes de violence contre les enfants.  Mme M’jid a toutefois regretté le manque de progrès constatés et notamment le fait que, chaque année, des millions d’enfants souffrent de la violence dans leur environnement, dans les écoles et les institutions censées leur apporter des soins, ainsi qu’en ligne et à la maison.  Le coût pour les économies, la société, les victimes et leurs familles est immense, a-t-elle souligné. 

Son Bureau, a-t-elle indiqué, lancera la semaine prochaine un rapport qui sera intitulé « Tenir les promesses – Mettre fin à la violence à l’encontre des enfants d’ici à 2030 ».  Ce rapport se base sur les contributions des parties prenantes de tous les groupes, a-t-elle précisé en expliquant qu’il met en évidence les changements positifs, les leçons apprises et les programmes exemplaires dans ce domaine.  Parmi les réussites, elle a énuméré les cadres juridiques et politiques plus solides, des données de meilleure qualité, des preuves de ce qui marche le mieux pour endiguer la violence, la meilleure cohérence et la bonne coordination des actions des parties prenantes en faveur du bien-être des enfants, les partenariats de plus en plus nombreux y compris avec les enfants-eux-mêmes, ou encore les changements d’attitude à tous les niveaux avec le rejet absolu de la violence.

Revenant aux problèmes à régler, Mme M’jid a rappelé, par exemple, qu’un enfant meurt toutes les 5 minutes à cause de la violence, que 300 millions d’enfants âgés de 2 à 4 ans sont victimes d’abus physique et psychologique et qu’un milliard d’enfants subissent chaque année une forme de violence, soit la moitié des enfants dans le monde.  Au titre des tendances inquiétantes qui mettent en danger les enfants, elle a parlé des changements climatiques, des conflits à long terme et des catastrophes humanitaires, des migrations, des discriminations et inégalités et de l’expansion du terrorisme.  « Si le coût de la violence à l’égard des enfants est si élevé et si l’on connaît les solutions à ce problème, pourquoi est-ce que cela continue? » a-t-elle demandé en appelant à réfléchir à ce qui peut être fait pour y mettre un terme.  Elle a indiqué que ces questions seront abordées lors d’un évènement parallèle, la semaine prochaine, organisé par son bureau. 

M. CHRIS SKINNER, auteur et commentateur du Royaume-Uni, a déploré le fait que de nombreuses personnes n’aient toujours pas accès aux services bancaires.  Il a toutefois salué la montée bienvenue du secteur de la Fintech, la finance associée aux nouvelles technologies, notamment les technologies numériques.  Ce nouveau secteur de la Fintech, a-t-il expliqué, ne mobilise pas moins de 110 milliards d’investissements chaque année à travers le monde.  Il a pris l’exemple de jeunes innovateurs qui ont lancé des innovations en mettant en pratique leur connaissance en matière de codage informatique. 

Dans cette alliance consacrée par la Fintech, M. Skinner a expliqué que le secteur des finances est « le père » et les technologies « l’enfant ».  « Il faut donc que le père s’occupe de son enfant. »  C’est dans cette perspective que la banque JP Morgan, par exemple, investit 11 milliards de dollars chaque année dans le cadre de la Fintech.  De ce fait, cette banque a réduit ses charges en diminuant le nombre de ses employés en faisant plus appel aux services de la technologie.  Ainsi, les banques sont passées de services physiques aux services numériques, a-t-il relevé.  Selon M. Skinner, ces applications laissent voir que l’on peut mobiliser la Fintech pour financer les objectifs de développement durable.

Mme YOLANDA JOAB MORI, Fondatrice et Directrice exécutive de Island PRIDE, et Ambassadrice de One Young World (Micronésie), a invité à voir, au-delà des clichés de cartes postales des îles du Pacifique, les histoires de résilience qui passent inaperçues.  Elle a parlé d’une femme insulaire de 91 ans qui a consacré sa vie aux tâches agricoles et familiales, subvenant ainsi aux besoins de plusieurs générations, mais qui se heurte maintenant aux effets des changements climatiques.  Mme Joab Mori, elle-même de Micronésie, s’est présentée comme une jeune qui travaille à l’adaptation de sa communauté face aux changements climatiques.  Elle a témoigné, à ce titre, que les décisions prises lors des réunions de haut niveau ne sont pas traduites en action sur le terrain.  En tant que jeune mère, elle a dit s’inquiéter pour les enfants du monde et a appelé à donner plus de place aux jeunes dans la mise en œuvre des objectifs.  Pour preuve de leur motivation, elle a rappelé que des milliers de jeunes étaient venus participer au Forum de la jeunesse de l’ECOSOC en avril dernier.  Mme Joab Mori a saisi cette occasion pour rappeler les messages clefs de ce forum, pour chaque objectif de développement durable. 

Avant de conclure, la jeune femme a appelé à l’action, car c’est de ça dont nous avons besoin maintenant, selon elle.  Les jeunes, a-t-elle dit, sont avides de voir le courage chez les dirigeants, de voir « un leadership qui a les tripes de passer à l’action », qui n’a pas peur de mettre les personnes et la planète au-dessus du profit.  Un leadership qui soit inclusif, qui place haut l’objectif d’égalité et qui autonomise tout le monde, « même une petite fille des îles comme moi ».  Avant le Sommet de septembre, elle a invité à se souvenir qu’il faut une évaluation des progrès qui reflète réellement ce qui se passe sur le terrain et qui apporte des solutions.  « Nous ne pouvons pas continuer de travailler en silos », a-t-elle prévenu en appelant à combler le fossé entre les gouvernements et les communautés.  Nous devons mobiliser les ressources pour consolider ce qui marche et ce qui bénéficie vraiment aux communautés, a-t-elle aussi recommandé.

Édition spéciale du rapport du Secrétaire général: point sur les objectifs de développement durable

S’exprimant avant le lancement des deux tables rondes de ce matin, M. ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté le rapport (E/2019/68) du Secrétaire général sur les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de développement durable (édition spéciale). 

Le rapport fait apparaître que des progrès ont été accomplis en quatre ans en ce qui concerne un certain nombre d’objectifs de développement durable et de cibles connexes, et que diverses mesures ont été prises par les pouvoirs publics et les parties prenantes afin de donner suite au Programme 2030 en général.  Toutefois, les progrès sont lents pour bien des objectifs, les populations et les pays les plus vulnérables souffrent le plus et l’action mondiale n’a pas été suffisamment ambitieuse jusqu’à présent.  En vue d’accélérer considérablement les progrès pour la prochaine décennie, le Secrétaire général recense un ensemble de domaines transversaux dans lesquels il faudra faire preuve d’initiative politique et mener sans plus tarder des interventions multipartites adaptées. 

Le rapport souligne d’abord les progrès tangibles et tendances favorables qui se dégagent clairement en ce qui concerne la concrétisation des objectifs de développement durable.  Ainsi, les taux d’extrême pauvreté et de mortalité juvénile continuent de chuter.  Des avancées sont notées pour certaines cibles touchant l’égalité des sexes, notamment pour ce qui est de la budgétisation tenant compte des questions de genre.  À l’échelle mondiale, la productivité du travail a augmenté et le chômage est revenu à ses niveaux d’avant la crise financière.  De plus, la part de la population urbaine vivant dans des taudis recule. 

Ces progrès illustrent l’action que de nombreux pays et leurs partenaires mènent inlassablement depuis 2015, selon le Secrétaire général.  De même, les examens nationaux volontaires apportent à l’ONU des éléments d’information supplémentaires.  Ces examens font aussi apparaître une mobilisation quasi générale et une forte appropriation nationale du Programme 2030.  Néanmoins, en dépit de ces tendances positives et de la diversité des mesures et initiatives que le Programme 2030 a inspirées jusqu’à présent, la rapidité et l’ampleur de l’évolution des modalités de développement sont encore insuffisantes pour que l’on puisse opérer la transformation nécessaire afin d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030. 

Certains faits sont très préoccupants.  Selon les prévisions, le taux d’extrême pauvreté devrait être de 6% en 2030, alors que l’objectif est d’avoir éliminé ce fléau à cette échéance; la faim progresse pour la troisième année consécutive; la biodiversité s’appauvrit à un rythme alarmant, avec environ un million d’espèces déjà menacées d’extinction, dont beaucoup à l’horizon de quelques décennies; les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter; le financement nécessaire pour le développement durable et d’autres moyens de mise en œuvre font encore défaut; les institutions ne sont pas assez solides ou efficaces pour faire face à ces énormes problèmes transfrontières qui sont liés les uns aux autres. 

En ce qui concerne le principe central du Programme 2030, qui consiste à ne pas faire de laissés-pour-compte, les progrès sont tangibles, mais lents.  Les groupes de population dont il est clairement établi qu’ils sont défavorisés demeurent largement exclus.  À l’échelle mondiale, les jeunes sont trois fois plus exposés au chômage que les adultes.  Les enfants sont surreprésentés parmi les plus pauvres et un enfant sur cinq vit dans l’extrême pauvreté.  Les disparités entre zones urbaines et zones rurales sont également manifestes dans des domaines comme l’éducation et les soins de santé.  Les personnes handicapées et celles qui vivent avec le VIH/sida sont toujours aux prises avec de multiples difficultés, qui les privent à la fois de perspectives de vie et de leurs droits fondamentaux.  Les inégalités de genre persistent aussi. 

Les femmes représentent moins de 40% des personnes employées et n’occupent qu’environ un quart des postes de direction dans le monde, tandis que l’écart de rémunération par rapport aux hommes s’établit à 12% (selon les données émanant d’un nombre limité de pays).  À peu près un cinquième des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire ces 12 derniers mois.  Le monde ne peut tout simplement pas atteindre les 17 objectifs de développement durable si l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles demeurent lettre morte, estime le Secrétaire général. 

En outre, le rapport souligne que l’attachement à la coopération multilatérale, si décisive pour l’application des grands accords mondiaux, est aujourd’hui remis en question.  Les conflits et l’instabilité se sont intensifiés dans de nombreuses parties du monde, causant d’indicibles souffrances humaines, compromettant la réalisation des objectifs de développement durable et annulant même des progrès qui avaient été obtenus.  Les pays en développement accueillent plus de 85% des 68,5 millions de personnes déplacées de force en 2017 et la pression pesant sur les dispositifs de prise en charge est énorme. 

Par ailleurs, les pertes économiques directes dues aux catastrophes ont augmenté de plus de 150% ces 20 dernières années, et ce sont les pays en développement vulnérables qui paient le plus lourd tribut.  Si l’on ne renforce pas nettement les efforts d’atténuation, le réchauffement de la planète se poursuivra à un rythme soutenu, amplifiant les problèmes posés par l’adaptation et faisant régner un sentiment de vulnérabilité et d’insécurité parmi de vastes groupes de population.  Ainsi, il est essentiel d’agir avec beaucoup plus d’urgence et d’ambition en ce qui concerne les objectifs de développement durable, conclut le rapport.  Cela vaut particulièrement pour ce qui se rapporte à la menace que les changements climatiques font peser sur la vie, sachant que la réalisation de tous les autres objectifs de développement durable sera menacée si l’on ne parvient pas à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. 

Il s’agit aussi de donner la priorité aux plus vulnérables pour veiller à ce que les pays progressent sans laisser personne de côté; de mobiliser un financement adéquat et de l’employer judicieusement; de renforcer les institutions et de les rendre plus efficaces et inclusives; de stimuler l’action locale en vue d’accélérer la mise en œuvre; de consolider les économies et d’accroître la résilience; d’améliorer la collecte, l’accessibilité et l’utilisation des données aux fins de la réalisation des objectifs de développement durable; de mettre à profit la science, la technologie et l’innovation en mettant davantage l’accent sur la transformation numérique au service du développement durable. 

Enfin, le rapport souligne que quel que soit le domaine considéré, l’action multilatérale est une nécessité.  En effet, ce n’est qu’en travaillant ensemble que les pays parviendront à trouver des remèdes contre la pauvreté, les inégalités et les changements climatiques, qui sont les plus grands défis de notre époque.  Le Secrétaire général estime donc que les pays doivent profiter du rassemblement mondial prévu en septembre pour faire preuve de l’ambition nécessaire concernant les changements climatiques, pour redynamiser et recentrer leur action en faveur des objectifs de développement durable et pour réaffirmer leur volonté de venir en aide aux personnes les plus défavorisées et aux plus vulnérables d’entre eux.

Tables rondes: Sommes-nous sur la bonne voie pour ne pas faire de laissés pour compte?

Ce premier débat du Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC était guidé par une préoccupation majeure: Sommes-nous sur la bonne voie pour ne pas faire de laissés pour compte?  Les panélistes et participants ont réagi en deux temps, d’abord en répondant à la question « où en sommes-nous? », ensuite en identifiant ceux qui sont les plus à risque d’être « laissés sur le côté ».

Où en sommes-nous?

Pour le moment, on en est à plus de 230 indicateurs dont certains sont de niveau 2 ou 3, ce qui laisse croire que les progrès sont difficiles à mesurer ou carrément impossibles à vérifier, a expliqué M. JULIO SANTAELLA qui est Président de l’Institut national de statistique et de géographie du Mexique.  Malgré les engagements pris au niveau international, il a insisté sur la mobilisation des efforts au niveau national, notamment par des investissements dans les systèmes nationaux de statistique et en élaborant des indicateurs nationaux.

Mme MARTA ACOSTA, Contrôleuse générale du Costa Rica, a parlé des conclusions de l’étude portant sur 70 institutions supérieures de contrôle des finances publiques concernant les résultats et les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a noté qu’il n’y a pas véritablement un souci d’alignement entre les plans nationaux de développement, les budgets nationaux et les objectifs de développement durable.  De même, de nombreux pays n’ont pas élaboré des indicateurs de mise en œuvre au niveau national, comme l’a relevé M. Santaella.  À sa suite, la Suède a suggéré une approche pluridimensionnelle de lutte contre la pauvreté, notamment en tenant compte des questions de gouvernance comme le suggère l’objectif de développement durable 16. 

En effet, a renchéri l’Organisation de la société civile pour l’Asie-Pacifique, il faut un programme de développement qui traite des injustices et mette en place une justice distributive.  La déléguée de cette organisation a dit sa déception face à des gouvernements de sa région qui négligent les objectifs de développement durable.  Devant ce manque de volonté politique, l’organisation a souligné que même si les économies qui connaissent la croissance la plus rapide se trouvent dans la région Asie-Pacifique, les retombées de cette croissance ne bénéficient qu’à une poignée de privilégiés. 

M. ROBIN OGILVY, Représentant spécial et Observateur permanent de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) auprès de l’ONU, a fait mention également de disparités dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable entre les membres de son organisation.  Il a noté que « le financement est le principal goulot d’étranglement de la mise en œuvre », avant d’appeler à investir différemment, par exemple en renforçant l’assiette fiscale dans les pays en développement.  Il a d’ailleurs vanté les mérites de l’expérience d’Inspecteurs des impôts sans frontières du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Cette initiative, a-t-il noté, a permis de constater que pour chaque dollar investi dans le renforcement du système fiscal, les pays en développement ont un gain de 100 dollars. 

M. THOMAS BROOKS, Scientifique en chef de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a souligné que la plupart des indicateurs en rapport avec les ressources naturelles sont au rouge, notamment si l’on s’en tient à la « liste rouge » des espèces en danger de l’UICN.  Il a aussi déploré le fait qu’il est désormais clair que les politiques environnementales actuellement en vigueur ne suffiront pas pour atteindre les objectifs du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique adopté en 2010 par les Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB).  Sa recommandation a été de prendre en compte les cibles environnementales dans la planification économique. 

Une représentante du grand groupe des femmes et des filles, venue d’Ouganda a dépeint une réalité dans sa région faite de disparités et discriminations à l’endroit des femmes.  Les taux de mortalité maternelle et d’autres indicateurs y sont en effet déplorables, a-t-elle décrié.

Alors que l’Union européenne a promis de s’investir davantage pour améliorer la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le représentant de la République islamique d’Iran a expliqué qu’il est difficile pour son pays de faire pareil, puisque les sanctions unilatérales qui lui sont imposées sapent son essor économique et partant, la réalisation des objectifs de développement durable.

La représentante de la Turquie a rappelé que son pays accueille la Banque des technologies pour les pays les moins avancés, soulignant ainsi l’importance de la question technologique pour éradiquer la pauvreté.  Il faut aussi tenir compte de l’apport des volontaires à travers le monde entier, a rappelé la représentante de l’Alliance des groupes de volontaires.  Elle a rappelé que les bénévoles agissent dans des zones les plus reculées du monde et réclamé que les États facilitent leurs efforts sur le terrain. 

L’animatrice de ces échanges, Mme MINH-THU PHAM, Directrice exécutive pour les politiques à la Fondation des Nations Unies (FNU), a rappelé à l’assistance qu’il est également possible de prendre part à cette édition du Forum politique de manière virtuelle.  En effet, l’application « Slido » permet au public de faire part de leurs priorités en cliquant sur des thématiques qui sont proposées en ligne.

Quels sont ceux qui risquent d’être laissés sur le côté?

Pour la seconde partie des échanges, l’animateur, M. NIKHIL SETH, Directeur exécutif de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a interrogé les participants pour savoir quelles sont les populations les plus à risque d’être laissées pour compte dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

« Les sociétés les plus inégales sont celles axées sur le présent et moins sur le développement durable », a répondu M. LUCAS CHANCEL, professeur et codirecteur du World Inequality Lab et de la base de données sur les inégalités mondiales à l’École d’économie de Paris, en France, et coordinateur du Rapport mondial de 2018 sur les inégalités.  Il a aussi expliqué que les 1% des plus riches bénéficient de plus de 30% de la croissance mondiale.  Avec ces tendances, « le monde est mal parti pour réduire significativement les inégalités d’ici à 2030 », a—t-il craint. 

Pour y remédier, M. Chancel a demandé d’examiner comment les impôts sont utilisés dans les pays.  Il a fait observer une tendance actuelle: les riches voient diminuer leur taux d’imposition, ce qui conduit à une forme d’injustice fiscale.  Selon lui, s’attaquer aux inégalités extrêmes est possible, mais cela ne dépend que de la volonté politique. 

Mme ALICIA BÂRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et coordinatrice des commissions régionales, a relevé que la zone d’Asie-Pacifique et la région d’Afrique seront des laissés pour compte car ces régions ne semblent pas pouvoir réaliser les objectifs de développement durable.  Il faut 638 milliards de dollars par an d’investissement en Afrique pour faire des progrès, a-t-elle notamment relevé.  En Amérique latine et dans les Caraïbes, certains objectifs sont en voie d’être atteints, malgré le poids du problème prépondérant des inégalités.  Dans la zone Europe, les inégalités entre les sexes restent une préoccupation, mais les autres objectifs de développement durable devraient être réalisés.  Dans la région arabe, les déplacements de population du fait des conflits sont une grave préoccupation, a-t-elle encore confié. 

Le délégué d’Haïti a tenu à souligner que les indicateurs peu reluisants de son pays trouvent également des explications dans l’extrême vulnérabilité d’Haïti aux phénomènes extrêmes comme les ouragans.  Mme Bárcena de la CEPALC a souscrit à cet avis en précisant que ces phénomènes naturels coûtent globalement 1 milliard de dollars par an aux pays de la région Amérique latine et Caraïbes.

La « bonne nouvelle », selon M. JARKKO TURUNEN, Chef de mission pour le Cambodge au Département Asie et Pacifique du Fonds monétaire international (FMI), c’est que grâce à une croissance soutenue, on a constaté des progrès dans la réduction de la pauvreté dans cette région.  On prévoit même l’élimination à terme de la pauvreté dans les pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Néanmoins, ces pays devraient renforcer leurs capacités fiscales tout en diversifiant leurs partenariats internationaux en vue du développement durable. 

M. STEPHEN CHACHA, cofondateur du Tanzania Data Lab et de Africa Philanthropic Foundation, a appelé pour sa part à investir davantage dans des secteurs à fort potentiel d’emplois comme l’agriculture.  Il faut aussi des investissements adaptés dans l’éducation et la santé en Afrique et s’appuyer sur le dividende démographique, a-t-il prescrit.  De même, étant donné qu’il faut mobiliser 638 milliards de dollars par an pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il a suggéré que les institutions fiscales du continent accentuent la lutte contre les flux financiers illicites qui partent du continent. 

Mme SARAH CHARLES, Directrice principale pour la politique humanitaire et le plaidoyer au Comité international de secours, a mentionné l’augmentation du nombre de réfugiés et de déplacés, d’autres laissés pour compte qui ne sont même pas mentionnés dans les examens nationaux volontaires présentés au Forum politique.  Pour pallier cette situation, elle a proposé que le texte de la déclaration qui conclura les travaux du Forum souligne clairement que ces deux classes sont des laissés pour compte.  De même, elle a plaidé pour qu’elles soient pleinement intégrées dans les plans nationaux de développement. 

Parmi les catégories qu’il faut mieux intégrer, il y a celle des femmes, car celles-ci sont plus vulnérables dans le monde du travail notamment, a rappelé la Finlande.  Les femmes sont par exemple plus susceptibles d’être victimes d’abus sexuels et touchent environ 70% du salaire des hommes à même niveau de compétence.  Le grand groupe des syndicats et des travailleurs a embrayé en demandant de combler les lacunes en matière de travail décent. 

Autre groupe de la société qui mérite des progrès, celui des personnes handicapées.  M. GEORGE KHOURY, Vice-Président de l’Association nationale pour les droits des personnes handicapées au Liban, a en effet déploré que ces personnes ne soient pas pleinement prises en compte dans les politiques nationales.  De même, les lacunes persistent dans l’éducation d’enfants handicapés qui ne bénéficient pas de programmes spécialisés.  M. Khoury a donc demandé une collecte de données, avec une ventilation par catégorie de handicap. 

Les peuples autochtones vivent une situation similaire, puisqu’ils sont « sacrifiés le plus souvent sur l’autel des intérêts économiques », a enchaîné la déléguée du grand groupe des peuples autochtones.  Alors que les autochtones représentent 7% de la population mondiale, ils représentent 15% des pauvres de la planète, a-t-elle noté.  Elle a aussi plaidé pour une protection spécifique des femmes autochtones. 

Le grand groupe des enfants et des jeunes a déploré l’injustice générationnelle marquée par les inégalités entre les jeunes et les personnes plus âgées.  En effet, les premiers sont les plus exposés aux inégalités.  Pour que cette question soit mieux prise en compte, la représentante a plaidé pour que le Forum politique organise davantage de séances consacrées aux questions relatives aux jeunes et aux enfants.

Parmi les facteurs de vulnérabilité, le Nigéria a mentionné les inégalités entre pays qui sont la conséquence de facteurs historiques.  Justement, la représentante des personnes d’ascendance africaine a évoqué le « racisme institutionnel » qui a un effet boule de neige résultant dans la mise à l’écart de personnes africaines ou d’ascendance africaine dans la prise de décisions, y compris sur des questions relatives aux objectifs de développement durable.  Elle a appelé à des données ventilées par race afin de faire voir les réalités cachées des inégalités et des discriminations raciales. 

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