Cinquante-septième session,
4e et 5e séances plénières, matin & après-midi
SOC/4875

La Commission du développement social inaugure son premier forum ministériel consacré à la protection sociale

La deuxième journée de la cinquante-septième session de la Commission du développement social a été marquée par la tenue, le matin, du tout premier Forum ministériel sur la protection sociale.  Dans l’après-midi, la Commission a repris son débat général durant lequel les délégations ont continué d’échanger sur les actions menées dans leur pays respectif pour mettre au point ou renforcer des dispositifs de protection sociale, dans le but d’offrir le bien-être et de réduire les inégalités.  Si les mesures varient d’un pays à l’autre, l’objectif avoué par nombre de pays reste le même, à savoir « rendre universelle la couverture d’assurance sociale ». 

Cette session, qui a pour thème prioritaire « la lutte contre les inégalités et les obstacles à l’inclusion sociale au moyen des politiques budgétaires et salariales et des politiques de protection sociale », voit défiler les délégations représentées au niveau ministériel ou par des délégués jeunesse, ainsi que des représentants d’ONG et d’institutions internationales, qui égrainent les mesures prises ou recommandées pour démocratiser la protection sociale dont est encore exclue plus de la moitié de la population mondiale, selon l’Union européenne.

« La protection sociale fait partie des valeurs clefs de l’Union européenne », a assuré la délégation pour qui fournir des soins de qualité peut contribuer à favoriser l’entrée et l’intégration sur le marché du travail, et ainsi générer des richesses.  Dans l’Union européenne, a-t-elle indiqué, 10 piliers couvrent la question de la protection sociale, tandis qu’une autre politique est en cours d’élaboration pour permettre aux travailleurs informels de bénéficier d’une couverture sociale. 

Au Ghana, 90% du budget du Ministère des questions de genre, de l’enfance et de la protection sociale sont consacrés à la protection sociale, tandis qu’au Zimbabwe, pour la première fois, 31 millions de dollars ont été octroyés à chacune des 10 provinces du pays pour financer cette protection.

Au Pérou, où près d’un quart de la population ne dispose pas d’assurance maladie et près de la moitié des personnes de plus de 50 ans n’ont pas de mutuelle, le Gouvernement a réussi à venir en aide à 6,8 millions de personnes en 2018.  La Ministre péruvienne du développement et de l’inclusion sociale a mentionné, par exemple, les bienfaits du programme « Retraite 65 » qui octroie une protection aux personnes de plus de 65 ans vivant dans la pauvreté extrême grâce à un transfert de fonds bimensuel.  Le Gouvernement péruvien entend maintenant passer à un système universel, dans l’espoir de surmonter définitivement la pauvreté sous toutes ses formes. 

La protection sociale nécessaire à la jeunesse était également au centre des préoccupations des gouvernements, comme l’a exprimé notamment le Sous-Secrétaire au Département de la finance des Philippines.  Ce pays, qui compte la troisième plus jeune population de la région Asie-Pacifique, entend tirer parti de sa démographie en mettant en œuvre le Plan de développement de la jeunesse philippine 2017-2022.  Ce plan prévoit, entre autres, l’accès universel à l’éducation.  En outre, pour réduire le taux de chômage des jeunes, une loi sur l’entrepreneuriat a été adoptée aux Philippines en vue d’encourager l’esprit d’entreprise des jeunes. 

La représentante des jeunes de la Roumanie a affirmé devant la Commission que « ce que recherchent les jeunes dans le travail, c’est un sens à leur vie ».  Elle a soulevé le problème de l’accueil des jeunes qui quittent leur pays pour suivre des études et trouver du travail à l’étranger, avant de plaider « pour mieux utiliser le potentiel des jeunes, qui sont comme des incubateurs d’idées ».  Il faut les protéger et les soutenir jusqu’à ce qu’ils atteignent la maturité professionnelle. 

Deux autres délégués de la jeunesse, venus d’Allemagne, ont dénoncé l’« âgisme » qui établit un salaire minimum pour les jeunes, les condamnant ainsi à être moins payés que leurs collègues plus âgés qui font le même travail.  L’âgisme, qui est aussi à la base de la discrimination des jeunes en matière de protection sociale: bien souvent ils ne peuvent bénéficier de la sécurité sociale que s’ils ont déjà eu un emploi.  L’âgisme, qui touche à la fois les jeunes et les personnes âgées, car les deux catégories ont des difficultés à trouver leur place sur le marché de l’emploi.  Ces jeunes allemands ont donc demandé aux États de résoudre ce problème, notamment en s’assurant que les salaires ne dépendent pas de l’âge, mais uniquement des qualifications. 

Enfin, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a attiré l’attention sur le cas des travailleurs de l’économie informelle qui n’ont accès qu’à une protection limitée, dans le meilleur des cas, alors que presque tous les pays du monde disposent d’un système de protection sociale.  Ce fossé est inacceptable, a-t-elle estimé en rappelant que, pour atteindre les objectifs de développement durable, il fallait « ne laisser personne sur le côté ».

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, mercredi 13 février, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Forum ministériel sur la protection sociale

Alors que 7 personnes sur 10 vivent dans des pays où les inégalités de revenus se sont aggravées au cours des 30 dernières années, ce forum, premier du genre à être organisé par la Commission du développement social, a permis aux délégations d’échanger sur les actions menées dans leur pays respectif pour mettre au point ou renforcer des dispositifs et mesures de protection sociale.

En guise d’introduction, le Président de la Commission a notamment fait observer que la protection sociale s’est imposée comme l’un des principaux moyens d’action qui permettent de réduire simultanément les inégalités et la pauvreté, tout en favorisant une croissance inclusive.

Interventions liminaires

Mme CYNTHIA MAAMLE MORRISON, Ministre des questions de genre, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, a expliqué qu’une politique de protection sociale est appliquée dans son pays à large échelle depuis 2008 grâce à la mise en œuvre de cinq programmes phares, dont un système de transfert de fonds connu sous le nom de Livelihood Empowerment Against Poverty (LEAP).  Un programme, a-t-elle précisé, qui vise à aider les ménages les plus pauvres à subvenir à leurs besoins essentiels.  Grâce à LEAP, les inscriptions scolaires ont augmenté de 12% et la sécurité alimentaire de 65%.

Tirant les enseignements de la mise en œuvre de LEAP, la Ministre a insisté sur l’importance de bien définir les critères d’éligibilité, afin de renforcer la transparence et la confiance dans tout système, « notamment en Afrique où tout est interprété et perçu dans une optique politique ».  Il est également essentiel de bien cibler les mesures de protection sociale, a-t-elle ajouté.  La Ministre a signalé que les communautés les plus pauvres n’ont pas accès aux politiques sociales universelles du fait de leur manque d’information sur les services disponibles, les procédures à suivre et les critères à remplir pour en bénéficier. 

Mme Morrison a aussi insisté sur l’importance de veiller à une meilleure intégration des interventions de protection sociale afin d’avoir un impact cohérent et complémentaire sur les ménages et les communautés.  Uniquement fournir des fonds, sans prévoir le développement des compétences nécessaires pour générer des revenus pour la suite, ne permettra pas d’opérer une sortie durable de la pauvreté, a-t-elle averti.  De plus, elle a recommandé des systèmes renforcés de protection sociale pour une bonne mise en œuvre.

Parmi les défis rencontrés, la Ministre a cité le manque de financement qui empêche son gouvernement d’atteindre toutes les personnes les plus pauvres qui représentent 8,2% de la population.  Les liens inadéquats entre différents programmes posent également un problème, mais des discussions sont en cours pour établir des systèmes de collaboration entre les différents programmes sociaux du Gouvernement.  Si le Ghana n’a pas encore mis en œuvre une stratégie de sortie pour les bénéficiaires de LEAP, il a toutefois prévu de lancer cette année un programme d’inclusion productive.

Au Pérou, la création d’un système de protection sociale figure parmi les grandes priorités du Gouvernement, a témoigné, à son tour, Mme LILIANA DEL CARMEN LA ROSA HUERTAS, Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou.  Il faut travailler dans l’urgence, tout en tenant compte des limites des ressources budgétaires du pays, a-t-elle expliqué.  Elle a averti que des millions de personnes sont vulnérables face à des chocs imprévus en matière d’emploi ou de santé.  En effet, près d’un quart de la population péruvienne ne dispose pas d’assurance maladie, et près de la moitié des personnes de plus de 50 ans n’ont pas de mutuelle.  Des milliers de personnes risquent donc de sombrer dans la pauvreté en cas de perturbation, s’est-elle inquiétée, malgré les progrès économiques récemment engrangés par le Pérou. 

La Ministre a toutefois fait valoir qu’en 2018, le Gouvernement est venu en aide à 6,8 millions de personnes.  Le programme « Retraite 65 » octroie une protection aux personnes de plus de 65 ans vivant dans la pauvreté extrême grâce à un transfert de fonds bimensuel.  Il existe également des programmes de prévention de la grossesse chez les jeunes filles, de protection de l’environnement et d’aide aux personnes touchées par un handicap grave.

Le Gouvernement péruvien entend maintenant passer à un système universel, qui touche donc tout le monde, dans l’espoir de surmonter définitivement la pauvreté sous toutes ses formes.  Alors que trois quarts des emplois sont dans le secteur informel, la Ministre a parlé des défis « culturels » notables qu’il faut encore surmonter pour générer des richesses et faire en sorte que tout le monde bénéficie d’une couverture sociale.  Il faut concevoir le revenu non pas comme un simple moyen de créer de la richesse, mais comme un moyen de générer richesse et sécurité pour tous.

Un autre domaine d’action où le Pérou peut progresser est la fiscalité, a signalé la Ministre en expliquant que l’imposition fiscale a toujours été faible dans le pays.  Il faudra donc renouveler le contrat social entre le Gouvernement, la population et le secteur privé pour veiller à ce que chacun paye ses impôts.  De plus, le pays étant fortement décentralisé, il faut veiller à préserver sa grande diversité culturelle, a dit Mme La Rosa.

Faisant elle aussi le bilan des programmes sociaux dans son pays, Mme SEKAI IRENE NZENZA, Ministre du service public, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a parlé de la création d’un système de quota pour permettre aux femmes de devenir propriétaire de terres.  Elle a aussi mentionné un programme budgétaire pour améliorer le secteur de l’éducation, en s’enorgueillissant que le Zimbabwe ait désormais le niveau le plus élevé d’alphabétisation du continent africain.  Des systèmes de lutte contre le VIH/sida visent par ailleurs à renforcer l’accès des personnes les plus vulnérables aux thérapies antirétrovirales.  La Ministre a également expliqué qu’une taxe de 5% sur l’utilisation des téléphones portables génère 4 millions de dollars par mois, des sommes qui sont affectées à l’achat de médicaments essentiels.  Une politique sur le handicap sera par ailleurs présentée à la prochaine réunion ministérielle du Gouvernement. 

Parmi les autres programmes sociaux, la Ministre a cité un système d’aide alimentaire qui bénéficie à 600 000 ménages dans le besoin, ainsi que des réseaux de cantines scolaires.  En outre, des banques de microfinance à l’intention des femmes et des jeunes ont été mises sur pied.

La Ministre a également parlé des défis liés au patriarcat.  Pour réduire les mariages précoces dans les communautés pauvres des zones rurales, des sanctions pénales ont été prévues pour toute personne qui s’unit par le mariage à une jeune femme de moins de 18 ans.  Ces mariages persistent cependant en raison de lacunes de la législation.  Cependant, des progrès ont été faits pour que les filles qui enfantent puissent retourner à l’école après l’accouchement et terminer leur éducation.

Mme Nzenza a par ailleurs expliqué que les pouvoirs confiés par le Gouvernement central aux conseils provinciaux étaient importants.  Cela permet un partage équitable des ressources nationales.

Le cas de la Palestine a aussi été évoqué par M. MOHAMMED SHTAYYEH, Ministre du Conseil économique palestinien pour le développement et la reconstruction de l’État de Palestine, qui a déclaré que l’occupation et le développement ne peuvent pas faire route ensemble.  Certains progrès ont tout de même pu être réalisés, entre autres sur le plan des infrastructures, grâce à l’aide des donateurs.  Mais la détérioration économique et sociale est sans précédent, a alerté M. Shtayyeh, en en faisant porter la responsabilité à l’occupation.  Il a précisé qu’un pourcentage élevé d’habitants de Gaza dépendent de l’aide humanitaire.  La Palestine est obligée de prendre des crédits pour répondre aux besoins sociaux de la population et réduire les déséquilibres entre les différentes régions du territoire palestinien.  Une attention toute particulière est accordée aux partenariats avec le secteur privé, à la situation des femmes, au chômage et au manque de développement, a-t-il ajouté.

Pour combattre la pauvreté, a poursuivi M. Shtayyeh, le Gouvernement vise à renforcer l’éducation de base et l’assistance médicale.  Il a cité les programmes de couverture sociale pour les pauvres et les stratégies de lutte contre la consommation de drogue.  Il a expliqué qu’un programme de protection sociale est en cours d’élaboration.  Doté de trois volets, celui-ci vise à octroyer une pension aux travailleurs du secteur public, à fournir des allocations aux ménages les plus pauvres et à élaborer des programmes pour couvrir les besoins dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’énergie.  Il a aussi fait valoir que près de 27 000 familles bénéficient d’un programme de renforcement des capacités, avant de mentionner l’adoption de lois de protection des mineurs et des personnes handicapées.

Le Ministre a cependant averti que la Palestine souffre de la spoliation de ses ressources et de son territoire en raison de l’occupation.  De plus, la politisation de l’assistance humanitaire a un impact direct sur la possibilité d’offrir une aide aux pauvres, a-t-il signalé, évoquant notamment le cas de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  « Empêcher les gens de se nourrir ne sert pas la cause de la paix », a-t-il affirmé.  « C’est en Palestine que Jésus est né, lui-même qui a dit qu’on ne peut pas vivre uniquement de pain, mais qu’on est également épris de liberté », a-t-il conclu.

Commentateurs

Presque tous les pays du monde disposent d’un système de protection sociale, a commenté Mme VALÉRIE SCHMITT, Directrice adjointe du Département de la protection sociale de l’Organisation internationale du Travail (OIT), tout en reconnaissant que les travailleurs de l’économie informelle n’ont accès qu’à une protection limitée dans le meilleur des cas.  Ce fossé est inacceptable, a-t-elle dit en avertissant que c’est en outre une « occasion manquée sur le plan économique ».  Elle a parlé d’expériences qui ont démontré que l’élargissement de l’assiette fiscale est possible, même dans les pays en développement.  Elle a donc invité chacun de ces derniers à élargir l’imposition afin d’élaborer et de renforcer les systèmes de protection sociale.  Même avec un système minimal, il est possible de ne laisser personne pour compte, a-t-elle assuré.  Elle a également appelé les États Membres à appuyer USP2030, un nouveau partenariat de la Banque mondiale et de l’OIT, qui vise à promouvoir l’adoption de systèmes de protection sociale.

« La protection sociale fait partie des valeurs clefs de l’Union européenne », a assuré de son côté M. RUDI DELARUE, Chef adjoint de l’Unité relations internationales de la Direction générale de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion de la Commission européenne.  Mais il s’est alarmé du fait que plus de la moitié de la population mondiale n’en bénéficie pas.  Fournir des soins de qualité peut contribuer à lever des obstacles sur le marché du travail et ainsi générer des richesses, a-t-il indiqué à titre d’exemple, avant de préciser que dans la politique de l’Union européenne, 10 piliers couvrent la question de la protection sociale.  Celle-ci est importante pour garantir l’avenir du marché du travail, notamment dans les nouveaux secteurs.  Une politique est en cours d’élaboration à l’échelle de l’Union européenne pour permettre aux travailleurs informels de participer aux systèmes de couverture sociale, a indiqué M. Delarue.  Par ailleurs, un nouveau système technique alliant politique sociale et emploi fournit une aide technique aux États qui désirent élaborer des systèmes sociaux plus justes.

Débat interactif

Comment faites-vous pour inscrire la stabilité macroéconomique dans vos objectifs de développement équitable?  Comment garantir un espace fiscal suffisant au sein des budgets nationaux pour financer les programmes de protection sociale? a voulu savoir l’ONG Conseil exécutif du bien-être social.

La Ministre du Ghana a expliqué que 90% du budget de son ministère est consacré à la protection sociale, tandis que celle du Zimbabwe a indiqué que pour la première fois, 31 millions de dollars ont été octroyés à chacune des 10 provinces du pays pour financer la protection sociale.

Il faut repenser la protection sociale en réfléchissant à la protection des droits, à la lutte contre la corruption et à la création d’un espace budgétaire suffisant, a commenté, à son tour, la Ministre du Pérou qui a souligné qu’un système de protection sociale ne peut être viable sans solidarité, ni confiance.

Pour sa part l’État de Palestine, a fait savoir son ministre, opère une évolution pour passer d’un système de transfert de fonds à un système de création d’emploi.

L’Argentine a jugé nécessaire de prendre en compte la complexité de la pauvreté dans toute sa dimension humaine avant que la France n’intervienne pour citer certaines nouvelles initiatives comme l’augmentation de 30%, en octobre dernier, de l’aide pour les gardes d’enfants de familles monoparentales.  En outre, l’aide aux personnes âgées a été augmentée de 35% pour leur permettre de renforcer leur pouvoir d’achat.  Une prime mensuelle pour les familles les plus pauvres permet aussi d’aider plus de cinq millions de personnes, a ajouté la délégation.

L’ONG Save Cambodia a jugé important de veiller à ce que l’aide parvienne aux groupes autochtones et non pas aux étrangers, tandis que la Finlande a voulu savoir quelles idées avaient le plus inspiré les panélistes.

Suite du débat général

Mme SEKAI IRENE NZENZA, Ministre du service public, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a dit que le quota de 20% de terres réservées aux femmes avait permis à celles-ci de postuler à des activités agricoles.  Ainsi, 29% des femmes au Zimbabwe sont désormais fières de posséder leurs propres terres.  Les jeunes ont également été intégrés au secteur agricole dans le cadre d’un programme qui les encourage à participer à des activités agricoles contractuelles en atténuant les problèmes de financement et en facilitant la commercialisation de l’agriculture.  Les initiatives gouvernementales visant à réduire la pauvreté, garantir la sécurité alimentaire et la nutrition et créer de l’emploi ont été renforcées ces trois dernières saisons dans le cadre d’un programme financé exclusivement par les entreprises locales à des conditions abordables.  Le programme a permis à de nombreux agriculteurs de participer et d’accroître la production agricole, ce qui a conduit à l’autosuffisance alimentaire du pays. 

La Ministre a aussi longuement détaillé des actions gouvernementales menées en 2018, comme la loi sur l’éducation qui garantit notamment le droit des personnes handicapées à la formation, et le droit de ne pas être soumises à la torture ou à des peines ou des traitements dégradants.  En 2018 également, plus d’un million de Zimbabwéens ont accès au traitement rétroviral et il est prévu que cet accès bénéficiera bientôt à 1,3 millions de personnes séropositives.  Le Gouvernement a en outre lancé le Plan national d’action sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes 2016-2020 pour mettre fin aux mariages d’enfants et réduire la grossesse des adolescentes. 

Mme PAULINE IRENE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a indiqué que son pays s’est donné pour cap une « croissance à visage humain ».  Malgré la conjoncture économique difficile marquée par la baisse du cours de pétrole et par les efforts consentis pour préserver la paix civile face aux menaces terroristes, le Gouvernement continue de mettre en œuvre des orientations de politiques budgétaires et salariales ainsi que des programmes de protection sociale.  Sur la base de la « Vision 2035 », qui prévoit l’élargissement du système de sécurité sociale, plusieurs stratégies sectorielles ont été élaborées dans la santé, l’éducation, l’emploi, la sécurité sociale, la promotion du genre et la solidarité nationale.

Le Cameroun vise notamment à se doter d’une politique nationale de protection sociale.  La Ministre a précisé que la réflexion engagée en vue de la mise en place d’une couverture santé universelle est en cours de finalisation.  L’identification et le ciblage des personnes socialement vulnérables devraient aboutir à la mise en place d’un « registre social unifié ».  En matière d’emploi, Mme Nguene a évoqué l’adoption, en juillet 2018, d’une loi régissant la formation professionnelle qui vise notamment les personnes en situation de handicap.  Un plan d’action national pour l’emploi des femmes vise, quant à lui, à redynamiser la réinsertion économique et l’insertion des femmes.  La Ministre a par ailleurs cité le renforcement de la lutte contre le phénomène des enfants de rue.

De plus, un décret dispose que l’État encourage la création d’entreprises, de coopératives de production ou de petites et moyennes entreprises par les personnes handicapées.  D’autres mesures concernent l’augmentation des enveloppes budgétaires dédiées au secteur du développement social et l’amélioration des conditions salariales.  De plus, ces trois dernières années, des mesures ont été prises pour revaloriser le montant des prestation familiales, déplafonner le taux de cotisation en vue de l’augmentation de la pension vieillesse, réduire de 50% le coût des soins aux retraités, et enfin, mensualiser la pension retraite.

M. SEBASTIAN VILLARREAL, Vice-Ministre du développement social du Chili, a évoqué les défis nationaux dont le premier, à relever de façon urgente et efficace, est le vieillissement accéléré de la population.  En 2050, il y aura six millions de personnes âgées de plus de 60 ans au Chili, a précisé M. Villarreal avant d’indiquer que le Gouvernement a créé l’Alliance en faveur du vieillissement digne et positif.  Ce programme prévoit un aménagement des villes pour qu’elles soient capables d’accueillir les personnes âgées et de leur offrir des prestations de service adaptées, pour leur permettre de vivre de manière active.

Un autre groupe auquel le Chili accorde une grande importance est celui des enfants et des jeunes.  Un groupe de travail a été créé pour trouver un accord sur l’enfance, a indiqué le Vice-Ministre qui a ensuite parlé du groupe des peuples autochtones.  Le Chili entend promouvoir le développement de ces peuples, a-t-il assuré en citant un projet de loi pour la reconnaissance constitutionnelle des peuples autochtones et le projet de création d’un conseil national des peuples autochtones. 

M. ALEXEY CHARKASOV, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Fédération de Russie, a indiqué que des progrès notables avaient été réalisés dans son pays dans la réduction des inégalités de revenus, grâce à l’augmentation du salaire minimum qui, s’est-il félicité, correspond désormais au revenu vital.  Le montant des indemnités de licenciement a été limité pour les personnes occupant des postes de direction dans certains secteurs, tandis que le pays envisage de renforcer les prestations accordées aux familles nombreuses dans le but non seulement de stimuler la démographie, mais aussi de financer les congés parentaux.  Le Vice-Ministre a aussi assuré que les femmes ont accès à l’éducation et à la formation professionnelle.  L’accès universel à l’éducation préscolaire représente un autre chantier en cours, a-t-il ajouté.

La Fédération de Russie vise par ailleurs à créer les conditions propices à un vieillissement actif.  Il est notamment prévu de permettre aux personnes âgées d’avoir un contrôle médical annuel et de prendre leur retraite le plus près possible de leur foyer.  Des efforts visent aussi à adapter les compétences professionnelles des personnes en préretraite aux réalités du marché du travail.  Pour lutter contre la pauvreté, a poursuivi M. Charkasov, la Fédération de Russie compte indexer les salaires, assurer l’octroi des prestations sociales et augmenter les cotisations pour les pensions.  Les allocations pour les familles avec enfants, qui représentent la majorité des pauvres en Russie, vont également être augmentées, tandis qu’un registre des personnes pauvres va être mis sur pied.

M. GIL S. BELTRAN, Sous-Secrétaire au Département de la finance des Philippines, a dit que le Plan de développement 2017-2022 vise à réaliser « Ambisyon 2040 », une aspiration collective du peuple philippin à bâtir une société où personne n’est pauvre et où les gens vivent longtemps en bonne santé dans des communautés sûres, inclusives et dynamiques.  L’adoption de politiques et de programmes de protection sociale est essentielle pour autonomiser les gens et mettre fin à la pauvreté, a fait remarquer M. Beltran.  Il a fait valoir qu’à la date d’octobre 2018, le taux d’emploi aux Philippines était de 94,9% avec un taux d’activité de 60,6%, les travailleurs, y compris ceux travaillant à l’étranger, bénéficiant en outre de la couverture d’assurance sociale.  À la même date, 107 260 travailleurs du secteur informel bénéficiaient aussi d’une couverture sociale. 

Les Philippines ont lancé, avec le Canada et la Banque asiatique de développement, le programme « Jobstart Philippines » qui aide les jeunes à débuter leur carrière et à trouver un emploi décemment rémunéré.  Avec la troisième population la plus jeune de la région Asie-Pacifique, le Gouvernement reconnaît qu’il est urgent de tirer parti du dividende démographique.  C’est pourquoi il met en œuvre, par le biais de la Commission nationale de la jeunesse, le Plan de développement de la jeunesse philippine 2017-2022 qui vise notamment à garantir l’accès à l’éducation.  En outre, pour réduire le taux de chômage des jeunes, une loi sur l’entrepreneuriat a été adoptée en vue d’encourager l’esprit d’entreprise des jeunes.  L’État s’occupe également des personnes âgées en mettant en œuvre des programmes sociaux divers, entre autres un transfert de fonds qui a pour visée de réaliser l’objectif de développement relatif à l’éradication de la faim.  M. Beltran a aussi vanté les mérites du programme « Pantawid Pamilyang Filipino », le plus grand programme de protection sociale du pays, mis en œuvre dans 41 620 villages et 1 627 villes et municipalités. 

M. NICEA MERGEANI, Vice-Ministre du travail et de la justice sociale de la Roumanie, a dit que la politique d’inclusion sociale du Gouvernement vise à augmenter le niveau de vie de la population et stimuler les revenus du travail en facilitant l’emploi et par des politiques publiques bénéficiant à tous les groupes vulnérables.  Les programmes menés par le Ministère ont pour objectif le développement des individus et des groupes.  Le but est de répondre aux besoins sociaux et d’augmenter la qualité de vie.

Le Ministre a ensuite donné la parole au représentant des jeunes de la Roumanie, M. AURELIAN MOHAN, qui a déclaré que ceux-ci s’efforcent de disséminer les stratégies relatives aux jeunes afin de convaincre les dirigeants locaux de créer des conseils des jeunes et de rejoindre le réseau des conseils des jeunes du monde d’ONU-Habitat, de se mettre en lien avec les différentes parties prenantes pour garantir les progrès des jeunes, et de créer des mécanismes visant à augmenter la participation citoyenne des jeunes.

« Ce que recherchent les jeunes dans le travail, c’est un sens à la vie », a commenté une autre représentante de la jeunesse roumaine, Mme ANDRADA BABA.  Si les jeunes vont de l’avant, ils ne sont pas bien préparés pour une telle responsabilité, a-t-elle remarqué.  Elle a estimé qu’il fallait laisser les jeunes faire des erreurs au départ pour, en fin de compte, qu’ils arrivent à dépasser leur potentiel.  Faisant aussi remarquer que les jeunes quittent souvent leur pays afin de poursuivre leurs études et trouver du travail, elle s’est demandé si les sociétés étaient prêtes à les accueillir.  Pour mieux utiliser le potentiel des jeunes, qui sont comme des incubateurs d’idées, elle a recommandé de les protéger et de les soutenir jusqu’à ce qu’ils atteignent la maturité professionnelle et, alors, puissent donner en retour. 

Mme OLEKSANDRA CHURKINA, Vice-Ministre des politiques sociales de l’Ukraine, a indiqué que pour promouvoir un emploi productif et réformer le marché du travail, le Service d’État pour l’emploi avait notamment établi une base de données de curriculum vitae.  Les procédures pour les inscriptions au chômage ont été approuvées l’été dernier, tandis que le Concept de réforme du système de gestion et de protection du travail a été approuvé en décembre.  La Vice-Ministre a expliqué que le paiement de pensions est un des aspects centraux de la politique de protection sociale de l’Ukraine, précisant que le système est financé grâce à un prélèvement de 17,8%, et qu’une réforme a permis, en 2018, d’augmenter de 40% les montants versés, comparé à 2017. 

En tout, a-t-elle poursuivi, 2,1 millions de familles perçoivent des allocations sociales de l’État, dont 38% ont des enfants de moins de 18 ans.  En outre, 30% des ménages touchent une subvention au logement, et depuis le mois de janvier 2019, celle-ci peut être versée en liquide.  L’ouverture de « bureaux transparents » est en cours dans l’ensemble du pays pour permettre le dépôt et le traitement de demandes de services sociaux.  Mme Churkina a aussi parlé de la création, en 2018, d’un service de transport pour les personnes handicapées, et de la distribution aux familles ukrainiennes, depuis le 1er septembre 2018, d’une « boîte pour bébé » contenant des articles essentiels pour nouveau-nés.  En outre, depuis le 1er janvier 2019, le programme « Nounou municipale » assure le remboursement des frais de garde d’enfants de moins de 3 ans.

Mme HALBIBI TACHJANOVA, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de Turkménistan, a déclaré que la protection sociale du Gouvernement repose notamment sur le respect des valeurs culturelles des populations et le respect des capacités de l’écosystème dont dépend toute vie.  Le programme de protection sociale comporte 40 mesures notamment la loi sur la protection des droits de l’homme et contre la traite d’êtres humains.  Le plan national de protection des droits des enfants est mis en œuvre pour la période 2018-2020.  La politique nationale de protection sociale vise à garantir le développement économique et la qualité de l’emploi, a précisé la Vice-Ministre qui a aussi parlé du plan d’emploi pour les personnes handicapées, lancé en 2016, pour aider celles-ci à intégrer graduellement le marché du travail.  Le Turkménistan continue d’améliorer son infrastructure économique pour garantir la qualité de vie de la population, a assuré Mme Tachjanova.

M. REINALDO SANCHEZ, Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Honduras, a indiqué que le Plan stratégique 2018-2022 élaboré par son gouvernement traite notamment des questions de sécurité alimentaire, protection de l’environnement et développement des territoires.  Depuis cinq ans, un plan pour l’amélioration de la vie de tous est en cours d’élaboration.  Ce plan, qui vise notamment à lutter contre la pauvreté et la corruption, repose sur un programme de transfert de fonds, de distribution de vivres, de création d’emplois et de microcrédits, a-t-il précisé.

M. Sanchez a ensuite indiqué que la pauvreté extrême au Honduras avait baissé de 1,7% entre 2013 et 2017, mais que le taux national demeure au-dessus de la moyenne mondiale.  Il a également fait savoir qu’une loi de responsabilité fiscale avait été adoptée afin de créer un cadre à moyen terme.  Une politique nationale pour l’emploi a aussi été adoptée en 2017, laquelle permet notamment d’octroyer des crédits pour stimuler l’emploi.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance de l’éducation et de la santé, notamment dans les zones rurales.  Une initiative vise d’ailleurs à assurer une couverture sanitaire universelle.

M. PORAMETEE VIMOLSIRI, Secrétaire permanent du Ministère du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande, a indiqué que le Gouvernement de son pays avait mis en œuvre une certaine discipline fiscale afin de renforcer la protection sociale de toute la population, notamment les enfants, les jeunes, les femmes, les personnes âgées, les handicapés, les pauvres et les groupes vulnérables.  Concernant les enfants par exemple, une allocation a été établie en 2015 qui permet aux familles démunies de recevoir une allocation mensuelle pour prendre soin des enfants.  Les autorités ont également mis sur pied une politique pour rendre l’éducation obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans, ce qui fait que le taux de fréquentation du primaire est maintenant de 98% pour les deux sexes.  D’autres mesures ont été arrêtées afin de promouvoir la participation des femmes dans la société et de lutter contre la discrimination liée au genre. 

Anticipant sur le fait que 20% de sa population aura plus de 65 ans d’ici à 2021, la Thaïlande a également adopté un ensemble de mesures afin de protéger cette couche sociale.  Par ailleurs, les entreprises publiques ou privées de plus de 100 employés ont l’obligation de recruter des personnes handicapées selon un quota de 1%.  Les entreprises privées qui se soumettent à cette politique sont éligibles à des aménagements fiscaux.  Dans le même temps, en tant que Président de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour cette année, la Thaïlande entend promouvoir la protection sociale pour tous, avec comme but ultime la réalisation des objectifs de développement durable et, en fin de compte, de ne laisser personne à la traine. 

Mme GABRIELA AGOSTO, Secrétaire exécutive du Conseil national de la coordination des politiques sociales de l’Argentine, a expliqué que son gouvernement, qui a pour ambition de réduire la pauvreté, veut une politique sociale capable de protéger les droits sociaux de base, notamment pour les communautés autochtones et les groupes vulnérables.  La politique de développement humain de l’Argentine est ainsi axée sur trois points: le revenu minimum pour les personnes vulnérables, la qualité de vie pour les familles et la mobilité sociale pour rompre le cercle vicieux de la pauvreté.

Reconnaissant qu’il est parfois difficile de mettre en œuvre les politiques publiques, Mme Agosto a appelé les institutions gouvernementales à coopérer en ce sens.  Elle a ensuite cité les mesures prises dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Le Gouvernement, a-t-elle ajouté, essaie d’être présent dans les zones vulnérables et de s’occuper de la population à tous les stades de la vie, en particulier l’enfance.  Un plan pour la petite enfance a ainsi été adopté, tandis que d’autres plans ont été lancés pour éliminer les violences faites aux femmes et pour lutter contre les grossesses prématurées.  Tous ces plans et politiques exigent un effort budgétaire: 65% des dépenses publiques leur sont consacrées. 

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a indiqué que dans son pays, où le paysage socioéconomique est en pleine mutation, le Président Buhari est sur le point de mettre en œuvre un nouveau salaire minimum pour les travailleurs du secteur public, de renforcer la rémunération du personnel de police et de régler les pensions des soldats à la retraite.  Depuis le mois d’août, un programme de cantine scolaire a permis de fournir, chaque jour, un repas équilibré à base de produits locaux aux écoliers de 47 299 écoles primaires dans tout le pays.  Ce programme a eu des retombées financières notables car il permet d’employer 90 670 cuisiniers, pour majorité des femmes, et d’augmenter le revenu des agriculteurs ruraux. 

« Trader Moni », un programme entrepreneurial, octroie des prêts sans intérêt pour une période de six mois aux petits commerçants et artisans.  Depuis août, plus de 10,7 millions de dollars ont été distribués dans ce cadre à 386 000 bénéficiaires.  M. Itegboje a poursuivi en signalant qu’un système de transfert de fonds fournit une aide monétaire mensuelle aux ménages vulnérables les plus pauvres.  Des efforts sont par ailleurs déployés pour aider les personnes âgées, notamment dans les zones rurales.  En outre, la loi sur les personnes handicapées prévoit de leur réserver 5% des postes dans le secteur public et de faire payer des amendes aux personnes qui participent à leur discrimination.  Le Gouvernement a aussi établi un partenariat avec un important fabricant de prothèses et de membres artificiels afin de les distribuer gratuitement aux personnes qui en ont besoin.

Mme ROCÍO PÉREZ MENDOZA (Mexique) a estimé que les groupes les plus vulnérables et défavorisés devraient être la priorité des gouvernements, appelant ceux-ci à commencer par s’attaquer aux causes des inégalités.  Elle a invité à miser sur les mesures fiscales et budgétaires, et à respecter les droits sociaux des personnes vulnérables.  Le Mexique cherche à renforcer la participation des personnes vulnérables, et notamment des peuples autochtones, aux travaux de la Commission, a assuré la représentante.  Elle s’est d’ailleurs réjouie que les jeunes aient été mis au centre des discussions.

Au Mexique, où la moyenne d’âge de la population est de 25 ans, le Gouvernement donne des bourses de formation aux jeunes sans ressources, a indiqué la déléguée avant de parler de l’alliance public-privé qui permet aux entreprises d’accueillir les jeunes sans expérience et sans formation.  Mme Pérez Mendoza n’a pas non plus oublié d’attirer l’attention de la Commission sur les droits -y compris les droits sociaux- des femmes.  Elle a terminé en réaffirmant la pertinence du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses objectifs pour la Commission. 

M. MAGINO CORPORAN LORENZO, Directeur du Conseil national sur le handicap de la République dominicaine, a indiqué qu’en 2018, son pays s’est soumis à l’examen national volontaire sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Gouvernement a déployé des efforts pour inclure de manière plus spécifique les personnes âgées et les jeunes dans toutes les politiques du pays, a-t-il dit.  Le programme « Sagesse et alphabétisation », par exemple, permet aux personnes âgées de percevoir des revenus en échange d’un travail.  Le Gouvernement remet aussi un prix aux personnes âgées qui demeurent très actives, a aussi mentionné le représentant.

Concernant les familles défavorisées, il existe le programme « Je prends soin des miens », tandis que le programme « Mi casa es tu casa » vise à renforcer la participation des personnes âgées dans la vie communautaire.  Pour ce qui est du handicap, a-t-il poursuivi, des efforts visent à renforcer les possibilités d’accès des personnes handicapées au tourisme et à la justice.  Enfin, parmi les mesures qui visent à soutenir les jeunes, le délégué a mentionné des stratégies de création d’emplois ciblant spécifiquement les jeunes, notamment le programme « Quisqueya Joven ».

M. STEPHEN CUENI, Vice-Directeur du Bureau fédéral de la sécurité sociale de la Suisse, a souscrit aux rapports du Secrétaire général notamment à son appel à instaurer des socles minimaux de protection sociale.  « Bien gouverner consiste certes à coordonner intelligemment des politiques, mais aussi à gérer correctement les deniers publics, à les investir à des fins pacifiques et à éliminer les sources de corruption », a-t-il expliqué.  Il a ensuite fait savoir que la Suisse doit veiller à ce que les franges nouvelles de la population ne tombent pas dans la pauvreté et que l’attention de son gouvernement se focalise sur la classe moyenne.  Un ménage doit pouvoir se loger, s’approvisionner en énergie, scolariser ses enfants et financer sa couverture maladie sans risquer de tomber dans la pauvreté, a-t-il souligné.  Et en cas de chômage, de longue maladie ou de passage à la retraite, la perte de revenus qu’il subit ne doit pas le précipiter dans la pauvreté.

M. Cueni a ensuite vanté l’effet redistributif de la fiscalité et du système de sécurité sociale suisse, pour ensuite préciser que le Programme national suisse de lutte contre la pauvreté 2014-2018 a fait une priorité de la promotion des services à la petite enfance, « essentiels aux enfants de familles défavorisées ».  Le représentant a par ailleurs fait savoir qu’il n’existe pas, en Suisse, de salaire minimum légal, mais que les conventions collectives de travail négociées entre partenaires sociaux prévoient souvent des salaires minimums.  Il s’agit dès lors de conditions salariales contraignantes, a-t-il précisé, et ces salaires minimums négociés collectivement tiennent compte de la situation économique d’une entreprise ou d’une branche.  La Suisse a, en outre, développé un outil d’autoanalyse de l’égalité salariale pour les entreprises (Logib) qui a été salué par un prix d’excellence de l’ONU.

M. YOSHIAKI KATAYAMA, Représentant de la Division des droits de l’homme et des affaires humanitaires du Ministère des affaires étrangères du Japon, a prévenu que si nous voulons abattre les obstacles à l’inclusion sociale causés par les inégalités, chaque pays doit améliorer sa politique sociale.  S’agissant de la santé, le représentant a dit qu’il était important de promouvoir une couverture sanitaire universelle.  Dans ce domaine, il est essentiel que chaque pays partage ses expériences et connaissances, a encouragé M. Katayama qui a dit que le Japon continuera de partager son expérience sur la question.  Pour ce qui est de l’éducation, il a jugé crucial d’assurer une éducation de qualité et de mettre en place une stratégie d’apprentissage et de formation pour les jeunes.  Le Japon a créé le Groupe d’amis pour l’apprentissage afin de sensibiliser sur l’importance de l’effort dans ce domaine. 

Mme ANNE MARTH MALMGREN-HANSEN (Danemark) a indiqué que de nombreux programmes publics danois permettent de venir en aide aux personnes marginalisées.  Cependant, le taux de chômage parmi les personnes handicapées reste élevé, aussi le Gouvernement a-t-il adopté un plan national pour stimuler la création d’emplois à leur intention.  Il est crucial de mieux comprendre le potentiel que peut offrir chaque personne handicapée, a-t-elle souligné.  Parmi les initiatives lancées à cette fin, elle a cité la création d’une carte de visite personnalisée qui permet aux candidats de décrire leurs compétences ainsi que les dispositifs dont ils ont besoin pour pouvoir travailler.

M. MARK KAMPERHOFF, Chef de la Division de la coordination de l’Union européenne et des affaires internationales du Ministère fédéral des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et des jeunes de l’Allemagne, a relevé que la réduction des inégalités implique la promotion de la redistribution, des dépenses pour des services publics essentiels, le respect et la protection des droits des travailleurs et un salaire minimum au-dessus du salaire décent.  Il faut donc adopter des approches intersectorielles afin de bâtir des systèmes fiscaux progressifs, des systèmes de protection sociale et améliorer la qualité de l’éducation et des services de santé.  Il a estimé que le Partenariat mondial pour la protection sociale, appelé « USP2030 », est une bonne initiative pour rendre la protection sociale universelle, souhaitant même que l’initiative soit intégrée dans la résolution qu’adoptera la Commission, afin de la promouvoir davantage. 

Deux délégués jeunesse ont ensuite pris la parole.  Mme ANTONIA KUHN, tout d’abord, a dénoncé une discrimination majeure: l’âgisme.  Selon elle, l’âgisme est patent quand un pays établit un salaire minimum pour les jeunes, car ces jeunes se retrouvent moins payés que leurs collègues plus âgés qui font le même travail.  L’âgisme, c’est aussi le fait d’établir qu’on ne peut bénéficier de la sécurité sociale que si l’on a déjà eu un emploi, ce qui exclut les demandeurs d’emploi.  L’âgisme, a-t-elle poursuivi, touche à la fois les jeunes et les personnes âgées, car les deux catégories ont des difficultés à trouver leur place sur le marché de l’emploi.  Mme Kuhn a donc demandé aux États de gérer ce problème, notamment en s’assurant que les salaires ne dépendent pas de l’âge, mais uniquement des qualifications. 

Les jeunes sont aussi victimes de discriminations liées au genre, à la religion et à l’ethnicité, a fait remarquer M. LUKAS G. SCHLAPP qui a demandé une approche intersectorielle pour arriver à l’élimination complète de la discrimination.  Il a également souligné une barrière structurelle qui entrave l’entrée des jeunes sur le marché du travail: les stages non rémunérés.  La jeune génération est « la génération des stagiaires », puisque c’est la condition requise pour espérer trouver un emploi.  De fait, les stages ne sont accessibles qu’aux jeunes de familles riches ou des villes, puisqu’ils sont non ou mal rémunérés.  Le jeune délégué a donc proposé des lois nationales plus strictes pour réglementer les stages, ce qui permettrait que ces derniers soient davantage ouverts à des jeunes de divers horizons.  Les jeunes ont terminé en demandant à être écoutés et à faire partie des solutions. 

Mme ANA ROLON, Première secrétaire du Ministère des affaires étrangères du Paraguay, a déclaré que le plan national de développement est l’instrument utilisé pour faire de l’objectif de « ne laisser personne sur le côté » une réalité.  Le Gouvernement paraguayen a transformé le Secrétariat à l’action sociale en Ministère du développement social afin d’améliorer les conditions de vie des populations en tenant en compte des différences culturelles et sociales.  De plus, le Gouvernement a récemment lancé un système de protection sociale intitulé « Vamos ».  Mme Rolon a également cité l’adoption du Plan d’accès aux opportunités d’emploi à tous les niveaux et la mise en place d’un dialogue sectoriel avec les instances nationales pertinentes dans le domaine social et les organismes internationaux.  En 2018, le Gouvernement a aussi lancé l’assurance vie gratuite pour les familles pauvres, tandis qu’un programme de logements sociaux a été créé.  Tous ces programmes cherchent à enrayer la transmission sociale de la pauvreté, a expliqué Mme Rolon. 

M. MCCALLUM SIBANDE, Directeur au Ministère du genre, de l’enfance, du handicap et de la protection sociale du Malawi, a indiqué que son pays avait adopté des mesures législatives et politiques pour aider les personnes « en bas de l’échelle économique ».  Un programme de développement socioéconomique « ambitieux » place la protection sociale au cœur de son action, tandis que la Stratégie III de croissance et de développement met l’accent sur la réduction de l’inégalité, de l’extrême pauvreté et de l’insécurité alimentaire.  Il existe aussi différents mécanismes de protection sociale au Malawi.  Ainsi, plus de 280 000 ménages parmi les plus pauvres, ce qui représente 1 178 326 individus, ont pu bénéficier du Programme social de transfert de fonds, tandis que 1,2 millions de personnes ont participé au Programme de travaux publics.  Grâce à un programme de microfinance, le niveau d’épargne représente environ 2% du PIB du Malawi.

M. Sibande a aussi indiqué que le système de cantines scolaires avait permis de renforcer les inscriptions et la rétention scolaire.  Il a aussi mentionné un programme de subvention agricole qui permet de venir en aide aux groupes les plus vulnérables.  Les programmes de formation professionnelle entendent fournir aux jeunes et aux personnes handicapées les capacités techniques et entrepreneuriales nécessaires pour être indépendants.  Par ailleurs, environ 16 000 familles bénéficient d’un programme de subvention au logement.  Le Malawi a également augmenté le montant du salaire minimum et du revenu non imposable pour les travailleurs les plus pauvres.  Des défis persistent cependant en ce qui concerne les personnes handicapées et les personnes âgées, a reconnu le Directeur.

« Il faut comprendre que l’avenir n’est pas quelque chose qui nous arrive, mais quelque chose que nous créons », a déclaré Mme HAJAR YAGKOUBI, déléguée jeunesse des Pays-Bas.  Elle a insisté sur l’importance de l’éducation, déplorant que de nombreux réfugiés n’ont pas accès à l’éducation primaire ou secondaire.  Lorsqu’elle envisage l’avenir, cette « génération perdue » ne s’imagine pas devenir dentiste ou enseignant, mais pense tout simplement qu’elle est perdue, s’est-elle alarmée.  Elle a appelé à lutter contre le cynisme pour éviter que ces enfants ne croient en rien et pour leur offrir la perspective d’un avenir en lequel croire.  Elle a jugé crucial que les institutions de l’ONU interrogent les jeunes réfugiés sur les obstacles à surmonter pour garantir leur éducation.

À son tour, Mme EEJKE VA DE WAEW, également déléguée jeunesse néerlandaise, a insisté sur l’importance de l’égalité intergénérationnelle.  Les jeunes ne veulent pas uniquement être assis à la table mais ils veulent aussi être écoutés à égalité avec les adultes, a-t-elle insisté.  Elle a parlé des craintes qu’entretiennent les jeunes pour l’avenir de la planète et de l’environnement et a souligné que le monde a besoin de leur énergie et de leur militantisme.  Il faut s’investir ensemble pour un avenir commun, a-t-elle recommandé.

M. MZOLISI TONI, Directeur général par intérim du Département du développement social de l’Afrique du Sud, a déclaré que depuis le début de la démocratie dans son pays, la politique sociale a été axée sur le respect des droits de l’homme et focalisée sur les 17 millions de pauvres.  Des bourses pour les personnes handicapées sont disponibles, a-t-il donné comme exemple.  Par ailleurs, le Ministre du développement social a décidé de prendre en charge les frais de transfert de fonds pour les familles nécessiteuses.  Le Gouvernement s’attaque également au fléau de la violence sexuelle et sexiste.  Il entend promouvoir l’accès des jeunes à la santé et à l’éducation et a développé le programme de développement de la petite enfance.  Le Président de l’Afrique du Sud a l’intention d’intégrer ce dernier programme au Ministère de l’éducation nationale. 

Le Président a aussi adopté un programme de bourses scolaires pour les familles dont les objectifs sont notamment de favoriser la poursuite de la scolarité et d’avoir de bons résultats scolaires.  « Mais tout cela ne suffit pas aux jeunes pour relever les défis qui sont les leurs. »  Ils ont besoin d’emplois décents et productifs, a estimé le Directeur.  C’est la raison pour laquelle un programme d’offres d’emploi productif à un million de jeunes sud-africains a été approuvé.  En outre, des mesures visant à instaurer le salaire minimum ont été adoptées et seront révisées annuellement. 

M. KAI SAUER (Finlande) a fait observer que la croissance économique à elle seule ne débouche pas automatiquement sur le bien-être de tous.  À moins d’adopter de bonnes politiques publiques, de nombreuses personnes sont laissées de côté, a-t-il relevé en soulignant que les personnes qui se sentent exclues deviennent facilement la proie de politiciens ou de mouvements qui offrent des solutions simples pour les problèmes complexes.

S’attardant sur l’impact de l’inégalité sur les enfants, le représentant s’est préoccupé du risque « véritable » d’un cycle de pauvreté intergénérationnelle.  La Finlande investit donc dans tous les enfants afin d’assurer le bien-être pendant tout le cycle de vie.  L’octroi gratuit d’une éducation de qualité ainsi que la création d’un système d’imposition fiscale progressive permet de renforcer l’équité et la cohésion sociale et d’assurer l’existence de ressources pour financer des soins de santé sexospécifiques, les congés parentaux et les services de garde d’enfants.  Une étude a d’ailleurs fait valoir que 79% des Finlandais disent payer leurs impôts avec plaisir, a-t-il ajouté.

Pour simplifier son système de sécurité sociale, créer de l’emploi et réduire la bureaucratie, le Gouvernement finlandais a lancé une expérience de deux ans qui s’est achevée en 2018, et qui a conclu qu’un revenu minimum et non imposable de 560 euros par mois était suffisant pour inciter à chercher et accepter un emploi temporaire ou à temps partiel.  De plus, les récipiendaires de cette aide ressentaient moins de stress, avaient moins de problèmes de santé et étaient plus confiants en l’avenir.

En outre, une nouvelle initiative intitulée « l’économie du bien-être » vise à mieux comprendre la relation réciproque entre l’économie et le bien-être des individus.  L’économie du bien-être, a-t-il précisé, est une perspective horizontale et holistique qui fait du bien-être l’objectif ultime et de l’économie un moyen pour y arriver.  L’objectif, a-t-il encore expliqué, est de déterminer comment le secteur du bien-être contribue à une croissance économique durable et, inversement, quel type de développement économique contribue le mieux au bien-être multidimensionnel des individus.  Cette question, a-t-il ajouté, sera l’un des thèmes prioritaires de la présidence finlandaise de l’Union européenne durant la deuxième moitié de 2019. 

Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a déclaré que sur les 17 millions de Zambiens, 54,4% sont pauvres.  Dans les zones rurales et isolées, la pauvreté reste élevée avec un taux de 76,6%.  En conséquence, le Gouvernement a développé un certain nombre de politiques et de programmes pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités.  Le programme de transfert d’argent a fait ses preuves dans la réduction de la pauvreté ainsi que la distribution des revenus aux foyers, en particulier dans les zones rurales.  La Zambie a réussi brillamment à étendre ce programme, qui couvrait au départ 78 districts, à tous les 116 districts.  Il bénéficie à 574 000 familles, soit 3,5 millions de bénéficiaires individuels.  Le programme a d’ailleurs été élargi pour pouvoir atteindre 700 000 familles bénéficiaires dans tout le pays avant la fin de 2019, soit 4,2 millions de personnes.

Le Gouvernement a aussi renforcé d’autres programmes de protection sociale comme celui des cantines scolaires qui soutient 977 904 élèves de huit provinces, sur les 10 que compte le pays.  Le programme de sécurité alimentaire est un autre programme efficace qui vise 80 000 foyers en leur offrant des kits de sécurité alimentaire.  Ce programme contribue au soutien de la productivité agricole et promeut la sécurité alimentaire familiale au niveau des ménages.  En outre, en menant des actions pour maintenir les filles à l’école, le Gouvernement a réussi à réduire les écarts ou les inégalités entre les sexes.  Dans le cadre des efforts visant à garantir l’accès des filles à l’enseignement secondaire, plus de 20 000 filles ont reçu une aide en termes de frais de scolarité et de fournitures.

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