Soixante-quatorzième session,
56e séance plénière – matin
AG/12239

L’Assemblée générale achève son débat sur les priorités du Secrétaire général pour 2020

L’Assemblée générale a achevé, ce matin, son débat sur les priorités du Secrétaire général pour 2020, en entendant plusieurs délégations défendre le multilatéralisme et le rôle irremplaçable de l’ONU, « meilleure option à la disposition du monde », selon l’expression du délégué de l’Indonésie.

Hier, le Secrétaire général, qui présentait son dernier rapport sur l’activité de l’Organisation, avait identifié les quatre « cavaliers de l’apocalypse », les quatre menaces grandissantes qui pèsent sur l’avenir du monde, et esquissé les pistes pour y remédier. 

Ces quatre menaces sont des tensions géopolitiques, au plus haut depuis des années, l’« existentielle » crise climatique, la méfiance qui gangrène les sociétés du monde entier et, enfin, « le côté obscur du monde numérique ».

Nous devons choisir entre ouverture ou isolement, coopération ou affrontement, multilatéralisme ou unilatéralisme, a déclaré aujourd’hui le délégué de la Chine qui a dénoncé l’unilatéralisme fondé sur la suprématie d’un seul pays et demandé un rôle accru de l’ONU, en vue notamment de promouvoir une gouvernance mondiale plus efficace. 

De son côté, le délégué de l’Irlande a jugé urgent de démontrer que le système multilatéral est en mesure de répondre aux menaces pesant sur le climat, la biodiversité et les océans.  L’ONU est le seul organisme au monde à pouvoir coordonner la réponse nécessaire aux changements climatiques, a-t-il souligné.

Dans cette même veine, le représentant du Pérou a plaidé pour le renforcement du multilatéralisme pour répondre de « façon cohérente » aux défis qui se posent à tous les pays.  « Remettons le multilatéralisme à l’honneur », a appuyé le délégué du Bangladesh, y voyant le meilleur outil au service des priorités du Secrétaire général. 

Une note quelque peu dissonante est venue de la délégation de la Fédération de Russie qui a déclaré que certaines propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général suscitent des questions.  Si la représentante russe a appuyé les efforts déployés pour que l’ONU devienne plus transparente, elle a invité à ne pas perdre de vue qu’il s’agit d’une instance intergouvernementale. 

« Ce sont les États Membres qui y prennent les décisions », a-t-elle tranché.  Enfin, elle a déploré que la question des interférences étrangères dans les conflits ne soit pas mentionnée dans le rapport précité et invité les agences humanitaires de l’ONU à mener un « travail patient » pour satisfaire les besoins des populations de pays frappés par des crises. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/74/1)

Déclarations

Mme JOHANNA ELIZABETH MARAIS (Afrique du Sud) a salué la stratégie à l’échelle du système du Secrétaire général sur la parité des sexes.  Elle s’est également réjouie de voir que l’ONU a soutenu l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) et la Zone de libre-échange continentale africaine.  Elle s’est dite ravie qu’une attention particulière sera portée sur les jeunes, notamment avec la tenue de la conférence de haut niveau sur les jeunes prévue le 31 mars prochain. 

La représentante a salué les efforts consentis par le Secrétaire général afin de veiller que les fonds adéquats soient dédiés aux programmes onusiens qui sont importants pour les pays en développement, notamment dans le cadre du maintien de la paix.  De même, elle s’est félicitée des efforts déployés par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour aider les pays africains à mettre au point des stratégies de développement.

Mme Marais a en outre noté l’engagement du Secrétaire général en faveur d’un monde sans arme nucléaire, et a dit attendre avec impatience la tenue de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020.  Sur un tout autre sujet, elle a demandé que le Secrétariat reste saisi de la question du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, et d’œuvrer pour mettre fin à l’occupation illégale et les pratiques d’apartheid contre le peuple palestinien.  L’Afrique du Sud demande enfin la réforme du Conseil de sécurité afin d’avoir un organe qui soit à même de faire face aux réalités actuelles du monde. 

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a pris note des priorités du Secrétaire général pour 2020, « une année qui marque la conclusion de plusieurs processus ».  Ces priorités permettent, selon lui, d’ajuster le cap et de concentrer les efforts notamment sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a espéré que les intérêts des pays en développement, les progrès technologiques et les changements climatiques obtiennent l’attention qu’ils méritent.  Ces priorités font écho aux priorités nationales du Bangladesh, a-t-il indiqué.

Pour relever ces défis, il a appelé à remettre le multilatéralisme à l’honneur, y voyant le meilleur outil pour aller de l’avant pour chacune de ces priorités.  Par ailleurs, il lui semble plus impératif que jamais de présenter le travail de l’ONU aux peuples du monde, une ONU plus transparente et efficace, a-t-il ajouté.  À cet égard, le Bangladesh compte sur le nouveau système de coordonnateurs résidents pour accompagner de manière pratique et efficace les pays en développement.

Le représentant a ensuite insisté sur l’importance du renforcement de l’état de droit, du droit international et du respect des droits de l’homme, ce qui lui semble indispensable au règlement des conflits et des crises migratoires.  Dès lors le Bangladesh espère que le Conseil des droits de l’homme aura un rôle plus significatif à l’avenir.  La délégation a également rappelé que le financement du développement reste une vive préoccupation des pays en développement.  Dans le contexte du Programme 2030, il faut mettre en place des mécanismes efficaces à cet effet, a-t-il demandé avant de mettre l’accent sur la menace que posent les changements climatiques et l’impératif de pleinement appliquer l’Accord de Paris.

M. ZHANG JUN (Chine) a noté le niveau accru d’instabilité dans le monde et la montée de l’unilatéralisme, ainsi que la persistance des conflits.  Les pays doivent faire des choix entre ouverture ou isolement, coopération ou affrontement, multilatéralisme ou unilatéralisme.  La Chine appuie les priorités du Secrétaire général, a-t-il dit.  Il a dénoncé l’unilatéralisme fondé sur la suprématie d’un pays et demandé un rôle accru de l’ONU dans les affaires internationales, en vue de promouvoir une gouvernance plus efficace.  Il a rappelé que son pays accueillera, en mai, à Beijing, la deuxième Conférence internationale sur les transports, avant de plaider pour une économie mondiale ouverte.  Le délégué a aussi souligné l’importance de régler pacifiquement les différents et d’éviter toute politisation, en particulier dans les domaines des droits de l’homme et du terrorisme.  La Chine a toujours défendu l’ordre international, a dit le délégué.  Enfin, alors que demain sera célébré le Nouvel An chinois, il a souhaité une année prospère à tous. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a jugé essentiel de réussir la réforme de l’ONU afin de lui permettre d’acquérir les moyens de réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Il a mis l’accent sur trois priorités que sont les changements climatiques, la parité et la protection des civils.  Il a jugé urgent de démontrer que le système multilatéral est en mesure de répondre aux menaces auxquelles font face le climat, la biodiversité et les océans.  Il a insisté sur le fait que l’ONU est le seul organisme au monde à pouvoir coordonner la réponse nécessaire aux changements climatiques.  Il a ensuite souligné l’importance de parvenir à une COP26 plus ambitieuse à Glasgow. 

Le représentant a en outre souhaité que la Conférence sur les océans qui se tiendra au Portugal, en juin 2020, marque un moment décisif dans les efforts collectifs visant à assurer la durabilité des océans.  La Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, prévue en Chine en 2020, sera tout aussi importante, a-t-il ajouté. 

S’agissant de la parité entre les genres, il a souhaité, 25 ans après Beijing, 20 ans après l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, et 10 ans après la création d’ONU-femmes, que l’événement sur l’éducation des filles, prévu le 11 février, soit l’occasion d’accélérer la transformation de notre monde pour répondre aux enjeux de la promotion des femmes et des filles.  Pour ce qui est de la protection des civils, le représentant de l’Irlande a regretté un recours croissant au droit de veto au Conseil de sécurité à des fins de politisation de l’aide humanitaire. 

Mme FARIDAH ISMAILA MOHAMMED (Nigéria) s’est préoccupée de « la santé précaire de notre planète », pointant notamment l’insuffisance de l’action climatique; l’extrémisme violent et le terrorisme; les rivalités croissantes entre grandes puissances et le manque de soutien au multilatéralisme et aux principes fondamentaux de l’ONU.  Elle a appuyé la stratégie du Secrétaire général pour faire face aux menaces émergentes.

Elle a souligné que la paix et la sécurité restent un pilier central du système de l’ONU et pour tous ses États Membres dans la mesure où il ne peut y avoir de développement en leur absence.  Dès lors, le Nigéria encourage tous les partenaires à soutenir l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général ainsi que son initiative pour le désarmement. 

Il faut en outre veiller à ce que les nouveaux développements dans le monde de la technologie ne soient pas utilisés pour promouvoir la course aux armements, a mis en garde la représentante, mais plutôt au service du Programme 2030.  À ce sujet, elle s’est inquiétée de la recrudescence des flux d’armes de petit calibre, en particulier en Afrique, en demandant une action multilatérale ciblée pour endiguer ce phénomène.  S’agissant de la réforme des Nations Unies, elle a salué les résultats préliminaires du système des équipes de pays et des coordonnateurs résidants. 

M. SULTAN MOHAMMED THANI AL FAZARI (Oman) a souligné l’importance du multilatéralisme et plaidé pour une coopération renforcée afin de relever les défis de taille mentionnés par le Secrétaire général dans son rapport.  Il a insisté sur l’apport des nouvelles technologies en vue de concrétiser les objectifs de développement durable.  Le maintien et la pérennisation de la paix doivent être la priorité de l’ONU, a-t-il dit, avant de souhaiter un recours accru au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies sur le règlement pacifique des différends.  Enfin, le délégué d’Oman a redit la confiance de son pays envers le Secrétaire général. 

M. NÉSTOR POPOLIZIO (Pérou) a soutenu l’appel du Secrétaire général à renforcer le multilatéralisme et la coopération internationale pour répondre de façon cohérente aux défis et problèmes urgents qui se posent à tous les pays.  En 2021, le Pérou célébrera le deux centième anniversaire de sa république, qui est aujourd’hui « une démocratie dotée d’une stratégie nationale de développement alignée sur le Programme 2030 », a-t-il rappelé.  Mais le pays reste néanmoins frappé par la corruption et a fait de la lutte contre ce phénomène une priorité nationale.  Il a ensuite indiqué qu’avec la Colombie, le Pérou organisera en 2021 une session extraordinaire de l’Assemblée générale sur cette question pour aborder en profondeur ce problème et définir des stratégies communes pour y faire face.

Poursuivant, le représentant a estimé que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable constitue une enceinte idoine pour faire le bilan des progrès réalisés dans ce domaine.  Il a également expliqué que son pays est frappé par les changements climatiques, se félicitant dans la foulée que cette problématique fait partie des priorités du Secrétaire général.  Il faut renforcer la coopération dans la lutte contre l’impact des changements climatiques avec les organisations régionales et financières, a estimé le représentant qui a également insisté sur le volet de la protection de la biodiversité.

Le délégué a par ailleurs indiqué que plus de 4,8 millions de Vénézuéliens ont migré à ce jour, dont 900 000 ont été accueillis par le Pérou.  Dès lors, le plan de riposte régional doit pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale, a-t-il estimé.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a dit son appréciation pour le processus de réforme en cours au sein de l’ONU et souligné la nécessité d’un financement pérenne pour l’Organisation.  Il a également souligné l’importance de la Décennie d’action afin de concrétiser les objectifs de développement durable. 

Le représentant a ensuite appelé à améliorer la qualité et l’efficacité des missions de maintien de la paix, en souhaitant également un rôle accru pour les femmes Casques bleus.  Il a appuyé les priorités du Secrétaire général au Moyen-Orient.  Il a réaffirmé sa solidarité avec le peuple palestinien, et soutenu tous les efforts visant à réaliser la solution des deux États, sur la base de paramètres internationalement agréés.  Enfin, M. Koba a indiqué que l’ONU est la « meilleure option » à la disposition du monde pour assurer la paix et la prospérité. 

Mme DINA A. GILMUTDINOVA (Fédération de Russie) s’est inquiétée de l’accélération des changements climatiques et de l’absence de perspectives pour les jeunes dans le monde ainsi que des retards dans la réalisation des objectifs de développement durable.  La Fédération de Russie comprend que l’ONU doit s’adapter aux nouvelles réalités, mais certaines propositions faites dans le rapport du Secrétaire général suscitent des questions, a-t-elle dit.

À cet égard, la représentante a appuyé les efforts déployés pour que l’ONU devienne plus transparente mais a appelé à ne pas perdre de vue qu’il s’agit d’une instance intergouvernementale et que ce sont les États Membres qui y prennent les décisions.  Sur le volet paix et sécurité, la Fédération de Russie déplore que la question des interférences étrangères dans les conflits n’y soient pas mentionnées.  Par ailleurs, elle est d’avis que la branche humanitaire de l’ONU doit mener un travail patient pour satisfaire les besoins des populations de pays frappés par des crises.  Il faut notamment mettre l’accent sur la complexité de la crise humanitaire au Yémen et assurer que l’aide parvienne à toute la population, a estimé la représentante, qui a appelé à éviter la politisation des activités humanitaires de l’ONU.

La Fédération de Russie partage l’aspiration du Secrétaire général qui vise à aider les États Membres dans le domaine du désarmement.  Elle regrette qu’il n’y ait pas eu de session de la Commission du désarmement et appelle le Secrétariat à régler les problèmes de visa qui se sont posés, à défaut de quoi, a prévenu la représentante, la prochaine session devra se tenir ailleurs qu’à New York.

Le système de développement doit être adapté au Programme 2030, a-t-elle poursuivi en appelant à une meilleure répartition des responsabilités au sein du système de l’ONU, tout en renforçant le rôle des gouvernements nationaux. 

Enfin, compte tenu du fait que la question du risque de voir des armes tomber entre les mains de terroristes n’a pas été abordée dans le rapport du Secrétaire général, la délégation russe demande une enquête sur les nombreux cas où les membres de l’EIIL en Syrie sont dotés d’arsenaux étrangers.

M. AMMAR AL ARSAN (République arabe syrienne) a indiqué que la seule priorité doit être le bien-être des peuples « sans deux poids, deux mesures ».  Il a évoqué la recrudescence des tensions géopolitiques, la menace nucléaire, la crise climatique et l’utilisation abusive des nouvelles technologies comme autant de défis à relever.  Il a mis en garde contre le danger d’un effondrement du système multilatéral, en raison de la montée de pratiques unilatérales, notamment de la part des États dotés de l’arme nucléaire.  Il a dénoncé l’imposition de blocus économique, dont les premières victimes sont les citoyens ordinaires.  « Nous ne nous faisons plus confiance et nous ne faisons plus confiance à l’ONU. »

Le délégué a déclaré que certains pays bailleurs de fonds de l’ONU continueront de s’immiscer dans le processus politique en Syrie en vue de l’affaiblir.  Il a dénoncé les mesures coercitives prises unilatéralement par certains pays.  Ces mesures, qui frappent aveuglement les populations, sont illicites au regard du droit international, a-t-il affirmé.  Enfin, le délégué a entendu répondre aux fausses accusations proférées hier par son homologue du Liechtenstein, s’agissant du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé d’enquêter sur les violations commises en Syrie.  L’Assemblée générale n’a pas mandat pour créer un mandat de ce type, a tranché le délégué syrien, en demandant aux États Membres de ne pas le soutenir.  « Nous ne verserons pas un dollar pour financer un organe aussi douteux. »

Droit de réponse

Le représentant du Pakistan a répondu à l’intervention de l’Inde en estimant qu’il est frappant que son représentant vienne parler ici au nom d’un régime qui repose sur des « idéologies suprémacistes ».  Il a accusé l’Inde d’avoir des organisations fascistes plaidant en faveur de la purification ethnique en citant à cet égard les nombreuses victimes musulmanes au Gujarat et la récente loi « raciste » d’amendement à la citoyenneté, y voyant une tentative de priver les musulmans de leurs droits.  Cette loi contrevient à une série de conventions et d’instruments du droit international, a souligné le représentant en les passant en revue.  Le représentant a également fait état du remaniement du statut du territoire du Jammu-et-Cachemire, un territoire actuellement sous blocus indien.  La communauté internationale ne peut se laisser méprendre par ce que fait l’Inde, en particulier pour ce qui est de la répression de ce peuple qui reste à ce jour privé de son droit à l’autodétermination.

 

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