Soixante-quinzième session,
48e séance (reprise) – matin
AG/12307

Assemblée générale: le Secrétariat de l’ONU doté d’un budget de 3,2 milliards de dollars pour 2021

L’Assemblée générale a suivi aujourd’hui les 17 recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires et octroyé au Secrétariat de l’ONU un budget de 3,2 milliards de dollars pour 2021. 

Sa Commission ayant multiplié les votes, y compris sur le budget ordinaire, l’Assemblée a fait de même et également pour les recommandations en attente de ses Première et Troisième Commissions.  Mais d’abord son Président a rappelé qu’il a toujours dit que « tous les chemins mènent à la Cinquième Commission ».  Aujourd’hui, a-t-il dit, « nous sommes proches de notre destination ».  Il s’agit même d’une « journée historique » car l’Assemblée générale va pour la première fois adopter le budget de l’ONU lors du tout dernier jour de l’année, s’est-il félicité.  S’il s’était déclaré préoccupé, voire déçu, il y a deux jours, compte tenu des retards, M. Volkan Bozkir s’est, cette fois, dit heureux que les divergences aient pu être résolues. 

Il a remercié le Président et le bureau de la Cinquième Commission pour leurs efforts et les délégations pour leur souplesse et leur esprit de compromis.  Grâce à votre travail et à votre détermination, la Commission a pu s’acquitter de son mandat, et ce, malgré les défis engendrés par la pandémie de COVID-19, a-t-il souligné.  À cet égard, la Cinquième Commission a été la première grande commission à opérer des communications hybrides, à la fois en présentiel et à distance, a relevé M. Bozkir.  Observant qu’à l’occasion de cette soixante-quinzième session, les Nations Unies ont joué un « rôle vital » pour répondre aux effets de la COVID-19, il a souligné que l’Organisation a aujourd’hui besoin d’un « budget fort » car « le paysage mondial a changé de manière spectaculaire ».  

Il importe à présent de « reconstruire en mieux » et de permettre la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il insisté.  Quant à la situation financière de l’Organisation, pour laquelle le Secrétaire général a fait part de ses préoccupations, M. Bozkir a pris acte des « projections sombres » faites en Cinquième Commission.  Néanmoins, a-t-il affirmé, c’est la responsabilité des États Membres de donner à l’ONU les financements nécessaires à la mise en œuvre des activités mandatées, a ajouté le Président de l’Assemblée générale en appelant tous les États à respecter ses engagements au regard du budget et des quotes-parts.  

Comme à la Cinquième Commission, la Fédération de Russie a présenté un amendement oral à la résolution sur la planification des programmes, en renvoyant sur le fond à la position qu’elle a exprimée hier.  Cette proposition d’amendement prévoit de supprimer toutes les références faites au Mécanisme indépendant d’enquête pour la Syrie, a-t-elle répétée.  La République arabe syrienne a appuyé l’amendement russe, « pour les raisons invoquées lors de la dernière réunion de la Cinquième Commission ».  Également au nom du Liechtenstein, la Suisse a regretté un amendement oral qui constitue un « fâcheux précédent », rappelant que l’Assemblée générale a affirmé à maintes reprise son intention de financer ce Mécanisme par le biais du budget ordinaire. 

L’amendement a été rejeté 19 voix pour, 88 contre et 55 abstentions, ce qui a fait dire à la Fédération de Russie qu’elle s’est ralliée au consensus pour les raisons qu’elle a exposées hier mais qu’elle se dissocie des paragraphes du texte sur le Mécanisme d’enquête pour la Syrie.  Comme hier, le Myanmar s’est dissocié des références faites au « soi-disant »  Mécanisme d’enquête indépendant créé pour lui.  Se joignant également au consensus, la République arabe syrienne s’est naturellement dissociée des paragraphes portant sur le Mécanisme d’enquête qu’elle récuse.  Ce mécanisme et son mandat ont été créés sans nous consulter, a-t-elle dénoncé, y voyant une violation des articles 10, 11, 12 et 22 de la Charte de l’ONU.  L’Assemblée ne peut créer de telles mécanismes car elle n’en a pas l’autorité, a-t-elle assuré. 

La résolution sur la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a été adoptée par 166 voix pour et l’opposition du Canada, des États-Unis et d’Israël.  Faisant l’objet d’un vote séparé l’alinéa 3 et les paragraphes 1 et 2 du dispositif ont été maintenus par 99 voix pour, l’opposition du Canada, des États-Unis et d’Israël et 57 abstentions.  

Venant au budget-programme pour 2021,adopté par 168 voix pour et l’opposition des Etats-Unis et d’Israël, Cuba a souligné le fait qu’il n’existe pas de base juridique pour ce qui est de la responsabilité de protéger.  En l’espace de 10 années, le Secrétariat de l’ONU n’a pas réussi à présenter un mandat définitif sur ce concept, a constaté la délégation, regrettant la confusion engendrée avec le mandat sur la prévention du génocide.  Les amendements proposés, qui ont été rejetés par 19 voix pour, 81 voix contre et 58 abstentions, ne visent pas, a expliqué Cuba, à réduire les ressources du Représentant spécial contre les génocides mais à éliminer les estimations budgétaires relatives au Conseiller spécial sur la responsabilité de protéger, a-t-elle précisé.  Sur cette base et compte tenu de la crise financière que traverse l’ONU, elle a appelé les délégations à voter pour ces amendements. 

Une nouvelle fois, la Fédération de Russie a présenté un amendement, rejeté par 17 voix pour, 93 contre et 53 abstentions, à l’issue d’un vote demandé par l’Allemagne au nom de l’Union européenne, visant à supprimer les ressources de 17 millions de dollars allouées au Mécanisme d’enquête pour la Syrie.  Les États-Unis ont regretté que, trop souvent, les États Membres sacrifient des principes sur l’autel du consensus.  Ils ont ainsi déploré que le projet de budget proposé reflète un biais anti-israélien et antisémite.  Cela étant, nous ne renoncerons jamais à ce qui est bon pour le consensus, a assuré la délégation, rappelant que les États-Unis fournissent 25% des dépenses de maintien de la paix.  Cet engagement ne changera pas en raison de ce vote, a-t-elle ajouté, avant d’indiquer qu’ils sont néanmoins prêts à mettre en œuvre ce budget même si on « peut mieux faire ». 

Nous avons besoin d’une ONU qui promeuve la paix et la sécurité, la coopération et la protection des droits humains, ont professé les Etats-Unis, non sans dénoncer ceux qui ont cessé de respecter le « cœur moral » de ces principes.  Alors que l’ONU prévoit de marquer en 2021 le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, la délégation a estimé que, 20 ans plus tard, « il ne reste rien à célébrer » car ces documents « transpirent l’antisémitisme et sont contraires à l’objectif louable de lutter contre le racisme et la discrimination raciale », dont les amendements ont été rejetés par 168 voix pour, 2 contre, à savoir eux-mêmes et Israël.  

Face à ces « deux décennies d’hypocrisie », le Gouvernement des États-Unis préconise les Accord d’Abraham qui « rapprochent les peuples », a souligné la délégation, jugeant que « le monde avance alors que l’ONU reste bloquée dans le passé ».  Se disant par ailleurs « très déçue » du refus de réimposer des sanctions à l’Iran, la délégation américaine a estimé que l’Iran profite de l’inaction de l’ONU pour continuer à semer la terreur et la discorde dans la région.  Or, « les décisions prises dans cette instance ont de vraies conséquences dans le monde réel », a affirmé la délégation, avant de préciser: « nous n’avons pas besoin de justifier notre position morale ». 

Les États-Unis ont cependant noté qu’il y a de « grands accomplissements » dans ce projet de budget, notamment les mécanismes d’enquête au Myanmar et en Syrie.  Le vote d’aujourd’hui vise à renforcer notre appui sur la base des principes fondateurs.  Ils ont salué au passage la bonne gestion de « l’argent des contribuables » par le Secrétaire général, notamment dans l’époque actuelle.  

Le Canada a appelé toutes les délégations à voter contre l’amendement de Cuba sur la responsabilité de protéger.  Le Venezuela, la RPDC et la République arabe syrienne ont lancé un appel contraire.  En réponse aux États-Unis, qui se sont présentés comme des défenseurs des droits humains, la Syrie a estimé que cette position dénote avec ses agissements en appui au terrorisme et aux milices séparatistes sur le sol syrien.  La délégation a dénoncé les sanctions américaines qui sont « la principale cause des souffrances du peuple syrien ».  

Israël a rappelé qu’il y a 20 ans, la Conférence de Durban avait pour objectif l’idéal de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale.  Malheureusement, ce beau dessein a été pris en otage par les pays qui militent contre le droit d’Israël à exister.  Face à cette expression de haine, Israël s’est retiré de la Conférence.  Aujourd’hui, a souligné la délégation, nous devons dénoncer haut et fort le « scandale de Durban », qui ne vise qu’à propager l’antisémitisme.  Depuis Durban, a-t-elle ajouté, les forces qui se sont élevées alors ont pris de l’ampleur, comme en attestent les prises de parole de l’Iran. 

Durban a été un tremplin pour la campagne de délégitimation d’Israël, jugeant « scandaleux » que l’Assemblée générale souhaite financer une quatrième réunion de cette Conférence.  Nous ne voulons pas voter pour le financement de cette « réunion odieuse », a-t-elle martelé.  L’heure est, selon elle, venue de lutter contre ces mesures antisémites, « cette habitude abominable doit cesser ». 

Soutenue par le Bélarus dans son opposition au Mécanisme d’enquête pour la Syrie, la Fédération de Russie a appuyé le consensus sur le document budgétaire mais, pour les raisons évoquées hier en Commission.  Elle s’est par ailleurs félicitée de la proposition faite par le Secrétaire général de renforcer l’allocation budgétaire à l’UNRWA.  Enfin, pour ce qui est du paragraphe portant sur l’évaluation de l’activité du personnel pour les organes conventionnels, elle a estimé que ce personnel ne doit s’acquitter que des fonctions prévues dans les conventions et les pactes pertinents.  Pour les raisons évoquées hier, le Myanmar s’est dissocié des mentions faites aux ressources nécessaires pour le Mécanisme d’enquête créé pour lui.  La République arabe syrienne a fait de même s’agissant du sien. 

Elle a insisté sur la nécessité de ne pas politiser les questions humanitaires et de faire venir de l’aide à ceux qui en ont besoin.  Selon la délégation, les allocations pour ce mécanisme devraient plutôt aller à des organismes humanitaires comme le Croissant-Rouge syrien.  De plus, a-t-elle relevé, il s’avère que l’assistance transfrontalière ne suffit pas.  Cette aide ne parvient pas à ceux qui la méritent mais tombe aux mains de groupes armés qui imposent des taxes sur les convois circulant par des points de passage.  Enfin, a-t-elle conclu, certains pays occidentaux devraient lever leurs sanctions unilatérales contre la Syrie car elles nuisent à la santé et à la situation socioéconomique de tout un peuple.  

Le Venezuela s’est dissocié du document contenu dans le rapport relatif au Conseil des droits de l’homme.  Tout en se disant favorable à la résolution pourtant sur cet organe, il a condamné l’approbation de résolutions ou de procédures spéciales sur la situation des droits de l’homme dans des pays spécifiques.  Rejetant la sélectivité dans le traitement de ces questions, il a estimé que le document présenté prévoit l’imposition de mécanismes sans le consentement des peuples concernés.

Résolutions de la plénière de l’Assemblée générale

Informée par sa Cinquième Commission des incidences financières de plusieurs résolutions en attente, l’Assemblée générale a pu adopter par 152 voix pour, l’opposition de la Turquie et les abstentions de la Colombie, de Madagascar, du Nigéria et du Venezuela, le texte sur « les océans et le droit de la mer »* (1).  Ce texte a été décrit par Singapour comme une simple mise à jour technique, avec des modifications limitées en nombre « mais importantes ».  Le texte prend note des difficultés rencontrées par la Commission des limites du plateau continental, en raison de la pandémie de COVID-19 et demande le recours au Fonds de contributions volontaires pour permettre une participation virtuelle aux travaux. 

Le texte prend aussi note des appels en faveur des gens de la mer qui pâtissent de la pandémie.  Il y est aussi question de saluer la mise en œuvre du plan de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable.  Pour ce qui est du Mécanisme de notification et d’évaluation systématiques à l’échelle mondiale de l’état du milieu marin, le texte aborde différents aspects, dont le troisième cycle du Mécanisme.

La Turquie a indiqué qu’elle avait demandé un vote sur ce texte et voté contre.  Tout en se disant d’accord avec la teneur générale de la résolution, dont la portée s’est élargie de manière significative au fil du temps, elle a expliqué qu’elle avait été contrainte de demander une mise aux voix car elle n’est pas partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Selon elle, la Convention ne constitue pas le seul cadre juridique qui réglemente les activités dans les océans.

Affirmant être disposée à travailler avec les États Membres afin que cette résolution puisse être adoptée par consensus à l’avenir, elle a soutenu que le libellé de ce texte ne doit pas créer un précédent.  Si cette Convention s’appuie sur le principe d’équité, elle ne donne pas assez de garanties pour ce qui est des situations géographiques particulières, a fait valoir la délégation.  De plus, a-t-elle ajouté, elle ne permet pas aux États Membres d’enregistrer de réserves sur certains articles.  En conclusion, la Turquie a mis en garde contre une interprétation unilatérale du droit international qui pourrait favoriser des revendications maximalistes.

Le Venezuela, qui s’est abstenu, a souhaité exprimer des réserves sur cette résolution, rappelant qu’il n’est pas partie à la Convention sur le droit de la mer.  Qualifiant toutefois la résolution de « positive et constructive », il a estimé qu’il existe des possibilités de solution pour que le texte soit accepté par tous à l’avenir. 

Exerçant son droit de réponse, Chypre a réagi à la déclaration faite par la Turquie.  Bien que tout État Membre ait le droit absolu de ratifier ou non une convention, il est également clair que la communauté internationale est liée par les normes générales du droit international, a fait valoir la délégation, relevant que la Convention sur le droit de la mer codifie le droit coutumier international.

Ce qui est contenu dans cette Convention est donc contraignant pour tous, a-t-elle martelé.  Si la Turquie a des difficultés concernant la mise en œuvre du droit international de la mer, il existe des voies de recours et des instances juridiques pour cela, a signalé Chypre.  De fait, a poursuivi la délégation, la position d’un État Membre est sans préjudice sur ce que croit la communauté internationale et ce qu’elle a accepté.  Collectivement, nous devrions trouver les moyens d’une entente sur ce qu’est le droit international applicable, a-t-elle conclu.

La Colombie a tout d’abord regretté que la pandémie de COVID-19 ait entraîné des changements dans les relations que l’humanité entretient avec les océans, notamment en provoquant le report de discussions importantes.  S’agissant de la résolution, elle a constaté qu’il s’agit essentiellement d’une actualisation technique.  Toutefois, a noté la délégation, le texte contient des libellés que la Colombie n’accepte pas, en particulier ceux faisant référence à la Convention sur le droit de la mer.  Assurant que son pays déploie ses activités océaniques dans le strict respect du droit international, elle a exprimé des réserves quant aux mentions présentant la Convention comme le seul cadre normatif pour gérer les ressources des océans.

L’Assemblée générale a aussi pu adopter la résolution** sur les « fonctions résiduelles des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens ».  Par ce texte, elle prie le Secrétaire général de continuer de se concerter avec le Gouvernement cambodgien pour arrêter un projet de cadre pour l’achèvement des travaux des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, notamment en ce qui concerne la réduction des activités et les fonctions résiduelles à exercer.  L’Assemblée attend ce projet de cadre au plus tard le 15 mai 2021.

Résolutions de la Troisième Commission chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires

Se tournant vers les recommandations en attente de sa Troisième Commission, l’Assemblée a adopté par 106 voix pour, 14 contre et 44 abstentions, la résolution*** sur l’« Appel mondial pour une action concrète en vue de l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée et de l’application intégrale et du suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban ».

Le texte prie le Secrétaire général et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de prévoir les ressources nécessaires à la pleine exécution des mandats du Groupe de travail intergouvernemental sur l’application effective de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, du Groupe d’éminents experts indépendants sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban et du Comité spécial chargé d’élaborer des normes complémentaires.

Par ce texte, l’Assemblée décide de tenir une réunion de haut niveau d’une journée consacrée à la célébration du vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, qui aura lieu le deuxième jour du débat général de sa prochaine session sur le thème sera: « Réparations, justice raciale et égalité pour les personnes d’ascendance africaine. »

La résolution**** sur la « situation relative aux droits humains des musulmans rohingya et des autres minorités au Myanmar », a été adoptée par 130 voix pour, 9 contre (Bélarus, Cambodge, Chine, Fédération de Russie, Myanmar, Philippines, République démocratique populaire lao, Viet Nam et Zimbabwe) et 26 abstentions.  L’Assemblée générale exhorte, dans ce texte, l’armée et les forces de sécurité du Myanmar et d’autres groupes armés, en particulier dans les États rakhine, chin et shan, à entendre les appels du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, à mettre fin à toutes les hostilités et à régler les griefs par le dialogue politique.

Elle prie instamment le Gouvernement du Myanmar de respecter les dispositions de l’ordonnance rendue, le 23 janvier 2020, par la Cour internationale de Justice indiquant des mesures conservatoires en ce qu’elles concernent les Rohingya présents sur son territoire.

Elle se déclare vivement préoccupée par les restrictions imposées à l’accès humanitaire dans toutes les zones de conflit ainsi que par la faible portée des mesures prises pour assurer l’accès des Rohingya aux soins de santé, en particulier en période de COVID-19.

L’Assemblée engage de nouveau le Gouvernement du Myanmar à créer les conditions nécessaires au retour durable et librement consenti, dans la dignité et dans la sécurité, de tous les réfugiés, y compris les réfugiés musulmans rohingya, compte tenu notamment du fait qu’il n’y a eu jusqu’ici aucun retour de Rohingya dans le cadre du mécanisme de rapatriement concerté à titre bilatéral entre le Bangladesh et le Myanmar.

L’Assemblée appelle aussi à la mise en œuvre rapide du mémorandum d’accord signé par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avec le Gouvernement du Myanmar en 2018, et prorogé en 2019 et 2020, pour concourir à la création de conditions propices au retour des réfugiés du Bangladesh.

Le Myanmar a dit avoir voté contre ce texte qui, selon lui, exploite les droits humains à des fins politiques.  Il a déploré cette tentative d’utiliser et de manipuler les mécanismes des Nations Unies au prétexte des droits de l’homme.  Pour la délégation, cette résolution est non seulement « intrusive » mais elle porte aussi sur des questions relevant de la compétence du Myanmar, lequel a pris des mesures pour protéger les droits de toutes les personnes et ne tolère aucune violation de ces droits.  De plus, a-t-elle insisté, le pays est à même de garantir que des comptes soient rendus dans la cadre de ses mécanismes pertinents.

À cet égard, près de 74% des cas mentionnés dans le rapport ont fait l’objet d’une enquête et les organes pénaux compétents ont engagé des poursuites, a-t-elle assuré, évoquant en particulier les violations commises dans l’État rakhine en 2016 et 2017.  Le Myanmar a par ailleurs fortement avancé sur la voie de la démocratie, comme en atteste l’organisation d’élections législatives le mois dernier.  Récemment, a souligné la délégation, les différentes parties, notamment ethniques, se sont rassemblées pour former un nouveau gouvernement ouvert au dialogue avec tous les groupes.

Revenant au texte de cette résolution « politisée et erronée », elle a jugé qu’il ne tenait pas compte des communautés, autres que les musulmans rohingya, pour lesquelles des comptes doivent être rendus.  Pour parvenir à un règlement dans l’État rakhine, nous devons obtenir un soutien objectif et non pas faire l’objet de mesures malveillantes, a-t-elle conclu, réaffirmant sa volonté de continuer à œuvrer pour la promotion et la protection des droits de la personne en vue d’une « meilleure union démocratique ».

Résolutions de la Première Commission chargée des questions de désarmement et de la sécurité internationale

S’agissant des recommandations de sa Première Commission chargée des questions de désarmement et de la sécurité internationale, l’Assemblée a adopté par 92 voix pour, 50 contre et 21 abstentions, un texte sur les « progrès de l’informatique et des télécommunications et sécurité internationale »*****.  Elle décide dans cette résolution de constituer, à partir de 2021, un nouveau groupe de travail à composition non limitée qui sera chargé de poursuivre l’élaboration des règles, normes et principes de comportement responsable des États et de définir des moyens de les appliquer; d’examiner les initiatives prises par les États pour assurer la sécurité d’utilisation du numérique; ou encore d’étudier la possibilité d’instaurer un dialogue institutionnel régulier aussi large que possible auquel participeraient non seulement les États mais aussi d’autres parties intéressées, à savoir le secteur privé, les organisations non gouvernementales et les milieux universitaires.  Le nouveau groupe devrait tenir sa session d’organisation en 2021.  Avant l’adoption du texte, l’Assemblée a adopté l’alinéa 10 du préambule par 81 voix pour, 52 contre, 22 abstentions, le paragraphe 1 du dispositif par 73 voix pour, 51 contre et 28 abstentions.

Par une décision, adoptée sans vote, l’Assemblée décide que le Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale tiendra sa troisième et dernière session de fond du 8 au 12 mars 2021.  Elle prie par une autre décision, le Secrétaire général d’organiser la troisième et la quatrième sessions, avant la fin de mai 2021, du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les moyens de favoriser le comportement responsable des États dans le cyberespace dans le contexte de la sécurité internationale.

Quant à la résolution****** sur « le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects » adoptée sans vote, l’Assemblée générale décide d’organiser, du 26 au 30 juillet 2021, une réunion biennale des États d’une semaine en vue d’examiner les principales difficultés à surmonter et les principales possibilités à exploiter, s’agissant de la mise en œuvre du Programme d’action et de l’Instrument international de traçage aux niveaux national, régional et mondial.  Par une décision, adoptée sans vote, sur les « problèmes découlant de l’accumulation de stocks de munitions classiques en surplus », l’Assemblée prie le Secrétaire général de convoquer le Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les problèmes découlant de l’accumulation de stocks de munitions classiques en surplus pendant 10 jours ouvrables au maximum en 2021.  L’Assemblée a adopté l’alinéa 7 du préambule par 158 voix pour, l’opposition d’Israël et des États-Unis et les abstentions de l’Angola, de Guyana et de Madagascar. 

Déclaration de clôture

Ensemble, a dit le Président de l’Assemblée générale, nous avons poursuivi notre travail malgré des défis sans précédent.  En 2020, a-t-il souligné, l’Assemblée générale est restée le « chef de file » sur la scène mondiale.  Grâce à l’innovation, elle a mis en œuvre de nouvelles méthodes de travail pour maintenir ses opérations.  Cela étant, en cette période critique de l’histoire de l’ONU, plus de 75 réunions ont pu se tenir en présentiel dans la salle de l’Assemblée générale, dont la réunion plénière sur la riposte à la COVID-19.  M. Bozkir s’est dit confiant que cette dynamique se poursuive le reste de la session, y compris pour l’initiative « un vaccin pour tous ».  S’il reste beaucoup de travail à faire pour progresser sur les priorités clefs de la soixante-quinzième session, le multilatéralisme est l’unique moyen de faire progresser l’agenda humanitaire en parallèle avec l’action urgente et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

En 2021, nous devrons nous pencher sur les besoins de ceux qui sont le plus en retard en matière d’ODD, a-t-il précisé, ajoutant que « nous avons tous un rôle à jouer en tant qu’individu au sein des communautés ».  En 2020, la salle de l’Assemblée générale est devenue « l’espoir des Nations Unies » car c’est une des rares qui permette la distanciation sociale, a-t-il encore noté.  Avant de conclure, il s’est dit conscient des sacrifices personnels et familiaux imposés par la période actuelle.  J’espère que chacun pourra profiter d’une bonne pause, a-t-il dit, avant de souhaiter à tous une bonne et heureuse année 2021.

*A/75/L.39
** A/75/L.51
*** A/75/476
**** A/75/478/Add.3
***** A/75/394
****** A/75/399

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