Soixante-quinzième session,
2e séance plénière – après-midi
AG/EF/3532

Deuxième Commission: la pandémie entrave les efforts de relèvement durable, notamment pour les pays en situation particulière face aux crises climatiques

Les membres de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, se sont penchés aujourd’hui sans complaisance sur la manière de surmonter les graves difficultés économiques provoquées par la pandémie pour réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  La thématique de cette soixante-quinzième session, « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable », s’y prête assurément.

Reconstruire en mieux pour un relèvement durable -ou « reconstruire mieux et en plus vert », selon une formule heureuse de la Thaïlande, les pays en situation particulière ne demandent pas mieux.  Mais ils ont clamé avec force, en ce deuxième jour de débat, que la pandémie les éloigne de leurs objectifs d’adaptation aux crises climatiques.

Peu contributeurs d’émissions de gaz à effet de serre, ils sont en première ligne face au réchauffement, aux tempêtes de sable et de poussière, à la désertification, ou encore à l’élévation rapide et irréversible du niveau des océans.  L’Inde, dont un plan national de développement prévoit la suppression des plastiques à usage unique avant 2022, l’a pointé: tous les pays ne sont pas à mettre « dans le même sac » concernant leur responsabilité historique face aux changements climatiques.

En revanche, quand la délégation indienne en a conclu que chaque État devrait « développer librement ses propres actions dans ce domaine », elle faisait presque figure de cavalier seul.  Les mots d’ordre du débat ont au contraire semblés être « l’action collective », comme l’a dit le Kenya, et « la coopération ».  Ce fut l’opinion du Kirghizistan qui, considérant que les catastrophes naturelles sont étroitement liées aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement, a jugé important de « poursuivre le développement de la coopération internationale, afin de produire des solutions efficaces et durables dans ce domaine ».  Il a été suivi par la Norvège, pour qui l’ONU doit être une « puissance fédératrice » garantissant une « riposte coordonnée » des États Membres pour renforcer la résilience contre les changements climatiques.

Pour le Pérou, en première ligne face aux crises climatiques de par sa position géographique, la réduction des risques de catastrophes doit être au centre des réflexions.  Plus largement, la Sierra Leone a appelé la communauté internationale à fournir une aide humanitaire, à harmoniser les plans de relèvement et à multiplier les partenariats public-privé, afin que les économies des pays en situation particulière tels que le sien puissent se remettre sur les rails du développement durable.  L’Arménie a appelé à des efforts de redressement « inclusifs », afin de soutenir le Groupe des pays en développement sans littoral auquel elle appartient, pour que ses membres enclenchent de nouveau la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

L’Islande a répondu présent, évoquant des initiatives nationales diverses en matière de lutte contre la désertification, inquiétude principale de l’Iraq avec les tempêtes de sable et de poussière.  Le Mexique a quant à lui revendiqué une approche innovante en matière de financement, en étant le premier, le mois dernier, à émettre une obligation souveraine liée aux objectifs de développement durable.  La coopération Sud-Sud, sans pour autant qu’elle se substitue à la coopération Nord-Sud, est une option de choix pour l’Algérie.

Les pays en développement ont aussi sonné l’alarme face à un autre défi de taille: la fracture numérique, qui s’élargit en conséquence de l’épidémie de COVID-19.  La Norvège l’a qualifiée de « nouvelle inégalité criante de notre temps ».  Durant la pandémie, la technologie numérique a émergé comme une bouée de sauvetage pour beaucoup de gens pendant ces périodes difficiles, a constaté le Népal.  Toutefois, la fracture numérique a laissé loin derrière les plus touchés: si cet écart dans l’accès à la technologie n’est pas comblé, les inégalités augmenteront encore.  L’Égypte et le Mexique ont particulièrement insisté sur le problème du manque d’accès à la connectivité dont souffrait déjà la moitié de la population mondiale avant la pandémie.  Même constat pour le Kenya, qui a appelé à une coopération internationale accrue par le transfert de technologies appropriées, ainsi que par le renforcement des capacités.  Le Mexique a réaffirmé son soutien à la feuille de route du Secrétaire général dans le domaine de la coopération numérique.

La République de Corée a fait part d’un plan de relèvement national semblant opérer une synthèse entre verdissement de l’économie et développement numérique, baptisé le « New Deal coréen ».  Ce programme a pour ambition de rebâtir une économie coréenne moins riche en carbone et plus inclusive, à l’aide de « filets de protection sociale ».

Plus généralement, la pandémie a entraîné une remise en question du système par plusieurs délégations, avec l’idée qu’il ne sera pas possible, si la pandémie est vaincue, de revenir sur des objectifs de croissance pré-COVID-19.  La situation nous conduit à « revisiter le déséquilibre dans le rapport entre les humains et la nature, origine de ces maladies », a estimé la Thaïlande.  Ce fut aussi l’avis du Pérou, pour qui l’approche « traditionnelle », plaçant la croissance au-dessus de tout, met en péril l’avenir de nos sociétés.  Ce pays a misé sur le Fonds vert pour le climat dans le but d’atteindre une véritable résilience et appelé à prendre en compte l’avis des pays en développement dans le processus de décision.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général jeudi 8 octobre, à partir de 10 heures.

Ce débat se tient en présentiel, les délégations étant réparties sur trois salles de conférence reliées par la sonorisation et l’image.  Les débats sur les différents points à l’ordre du jour sont abordés en séances virtuelles informelles.  Cette semaine, la Commission discute des questions suivantes: Activités opérationnelles de développement; Questions de politique macroéconomique; Système financier international et développement; Groupes de pays en situation particulière; Les technologies de l’information et des communications au service du développement durable; Mondialisation et interdépendance.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. FERNANDO DE LA MORA SALCEDO (Mexique) a rappelé l’initiative de son pays pour un projet de résolution concernant l’accès à la médecine, aux vaccins et aux équipements médicaux.  Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de saisir cette opportunité pour « reconstruire mieux sans tenter de revenir aux modèles du passé ».   Le Mexique s’est ensuite félicité de la revitalisation des travaux de la Deuxième Commission et de la voir, pour la première fois, dépasser les notes conceptuelles et opter pour un dialogue direct pour des résultats concrets.  Dans le cadre de l’examen quadriennal, le Mexique a indiqué qu’il allait proposer une série de mesures destinées à renforcer le système des coordonnateurs résidents, au bénéfice des objectifs du Programme 2030.

La délégation a particulièrement insisté sur le problème du manque d’accès à la connectivité dont souffre la moitié de la population mondiale et a réaffirmé son soutien à la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique, tout en continuant à promouvoir ces discussions au sein du groupe des Amis des Technologies Numériques que le Mexique copréside avec la Finlande et Singapour.  Par ailleurs, le délégué s’est réjoui que son pays, au nom de l’innovation en matière de financement, ait été le premier, le mois dernier, à émettre une obligation souveraine liée aux objectifs de développement durable.

Selon M. NESTOR POPOLIZIO (Pérou), si la pandémie représente le plus grand défi depuis la création de l’Organisation, c’est l’occasion de trouver des solutions innovantes pour « reconstruire le monde en mieux » et l’ONU représente l’enceinte idéale pour créer une réponse coordonnée.  Le représentant a appelé à redoubler d’efforts pour éliminer la pauvreté et les inégalités, demandant aussi que les futurs traitements et vaccins liés à la COVID soient considérés comme des « biens publics mondiaux ». Soucieux de remettre les groupes de pays en situation particulière sur les rails dans la mise en œuvre du Programme 2030, il a insisté sur le sort actuel des pays à revenu intermédiaire, qui doivent faire l’objet d’une attention particulière.

Partisan d’une croissance économique équitable et durable, le Pérou a engagé d’importants efforts en ce sens, a poursuivi le délégué en mettant l’accent sur l’urgence de la crise climatique, encore plus pressante depuis la pandémie.  L’approche « traditionnelle », plaçant la croissance au-dessus de tout, met en péril l’avenir de nos sociétés, a-t-il estimé.  Il a cité en exemple le Fonds vert pour le climat dans le but d’atteindre une véritable résilience, et appelé à prendre en compte l’avis des pays en développement dans le processus de décision.  Du fait de son emplacement géographique, le Pérou est très sensible aux questions relatives aux changements climatiques, a aussi expliqué le délégué qui a appelé la communauté internationale à agir de manière ambitieuse en matière de développement durable.  La réduction des risques de catastrophes doit être au centre des réflexions, selon lui; elle doit être intégrée dans les plans nationaux et internationaux.  Enfin, le délégué a dit que son pays attend beaucoup de l’examen quadriennal et des réformes du fonctionnement de l’ONU.

M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a rappelé le contexte d’incertitude pesant sur les débats, la COVID ayant encore aggravé la situation des pays en situation particulière.  Il a cité le recul des envois de fonds et la dette, ainsi que les investissements en berne.  Compte-tenu des circonstances actuelles, il a jugé « pertinente » et « appropriée » la thématique du débat général, « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable ».

La COVID a eu un effet néfaste sur le budget 2020 de la Sierra Leone et sur son programme de développement national, a expliqué le représentant.  Il a loué le fonds de relèvement mis en place par les organisations internationales, qui a grandement aidé le pays à maintenir « une certaine stabilité économique et financière ».  Le représentant a appelé la communauté internationale à fournir une aide humanitaire, à harmoniser les plans de relèvement et à multiplier les partenariats public-privé, afin que les économies des pays en situation particulière puissent se remettre sur les rails du développement durable.  En Sierra Leone, la priorité a été accordée à l’ODD 4 (éducation), avec la volonté d’offrir une éducation gratuite et de qualité aux enfants, aux femmes et aux filles, a précisé le représentant.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a relevé que le confinement et les mesures de distanciation sociale ont un coût économique et social disproportionné, faisant référence à l’arrêt de la production, à la fermeture des entreprises et au chômage qui touche des millions de personnes.  On prévoit une contraction de l’économie de 3 à 4% dans la région Amérique latine et Caraïbes, qui ne devrait revenir au niveau d’activité antérieur à la crise qu’en 2022, a-t-elle indiqué.  Selon la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL), à défaut d’adopter des politiques actives pour protéger ou remplacer les revenus des groupes vulnérables, plus de 30 millions de personnes pourraient tomber dans la pauvreté.  La représentante s’est inquiétée en particulier des personnes qui dépendent des marchés informels, ainsi que des microentreprises et petites et moyennes entreprises, des femmes détentrices d’emplois précaires, des peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine.

Le Honduras a élaboré un plan pour atténuer l’impact de la pandémie sur la population et ses conséquences macroéconomiques, a indiqué la représentante en citant notamment la baisse d’impôt sur les sociétés pour éviter les licenciements massifs.  La représentante a dit néanmoins craindre une récession économique pour son pays où 64,7% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.  Mais cela n’empêche par le Honduras de poursuivre la mise en œuvre du Programme 2030, a assuré la déléguée en insistant sur la nécessité d’une transition vers des sociétés durables et résilientes.  Elle a aussi soulevé le problème de l’accès réduit au financement préférentiel pour les pays qui voient leur revenu augmenter, comme ceux à revenu intermédiaire.  Elle a réclamé de nouveaux critères multidimentionnels pour mesurer les progrès sur la voie du développement, et pas seulement celui du revenu par habitant, avant de rappeler aux pays développés l’importance de verser l’APD qu’ils ont promise en l’alignant sur les priorités nationales des pays aidés.

Le Représentant du Royaume-Uni a rappelé que son pays avait contribué à hauteur de plus d’un milliard de dollars pour la réponse internationale à la pandémie de COVID-19.  La semaine dernière, a ajouté le délégué, le Premier Ministre britannique a annoncé jusqu’à 600 millions de dollars pour le mécanisme de garantie de marché COVAX, et 400 millions de dollars pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au cours des quatre prochaines années.  Le Royaume-Uni a doublé son prêt, qui est passé de 2 à 4 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS), au Fonds pour la réduction de la pauvreté et la croissance du Fonds monétaire international (FMI) et fourni jusqu’à 190 millions de dollars en subventions pour l’allégement de la dette.  Le Royaume-Uni demeure le troisième plus gros donateur au système des Nations Unies pour le développement et respecte son engagement de 0,7% en matière d’Aide publique au développement (APD), a ajouté le représentant.

Pour ce qui est de l’après-COVID-19, a dit le délégué, le Royaume-Uni mise sur une reprise verte et inclusive.  Il faut que les gens, la planète, la prospérité, la paix et le partenariat restent au cœur du Programme 2030, a plaidé la délégation qui a promis de défendre l’approche sexospécifique des ODD ainsi que son fondement dans les normes internationales en matière de droits de l’homme.  Il faut, en outre, faire des progrès pour relier davantage le développement humanitaire et la paix, a exhorté le représentant, invitant à ne pas perdre de vue les défis existentiels à long terme tels que les changements climatiques et la perte de biodiversité.  « Il est urgent de prévenir la dégradation de l’environnement, réduire les émissions de gaz à effet de serre, accroître la résilience et accélérer une croissance verte, inclusive et résiliente aux changements climatiques. »

S’agissant des pays en situation particulière, le délégué a réitéré la nécessité de tenir compte des besoins des pays les plus vulnérables et des situations spécifiques des pays en conflit et d’après-conflit.  La délégation organisera à la fin du mois une conférence sur l’accès au financement concessionnel pour ces pays.  Elle garde également comme domaines prioritaires la transparence et la lutte contre la corruption, a ajouté le délégué.

Selon M. DAVIT GRIGORYAN (Arménie), les délibérations de la Deuxième Commission –l’une des principales plateformes multilatérales pour la coopération au développement- devraient jouer un rôle important pour définir les moyens de sortir de la crise et de mieux reconstruire.  À cet égard, le thème du débat général de cette année, « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable », ne pouvait pas être plus opportun et pertinent, selon lui.  Toutefois, alors que de nombreuses nations du monde entier sont aux prises avec la crise socioéconomique mondiale causée par COVID-19, « certains États ont décidé de profiter des vulnérabilités mondiales causées par la pandémie pour concrétiser leurs menaces de longue date de recourir à la force », en violation flagrante de l’appel au cessez-le-feu mondial lancé par le secrétaire général, a regretté le représentant.

Le 27 septembre, a-t-il poursuivi, les forces armées d’Azerbaïdjan, « avec le soutien d’acteurs extérieurs et de combattants terroristes étrangers », ont lancé une attaque de grande envergure sur toute la ligne de contact avec le Haut-Karabakh.  « Des dizaines de civils ont été tués, et des centaines blessés », au cours de « l’agression azerbaïdjanaise en cours ».  Des colonies civiles et des infrastructures essentielles ont été détruites, entraînant ainsi de graves risques pour l’environnement, a-t-il poursuivi.  Tous les appels de la communauté internationale à cesser les hostilités et à s’engager en faveur de la paix sont « ouvertement rejetés par l’Azerbaïdjan », qui continue de mettre en danger des vies humaines et le droit au développement des peuples de la région, s’est indigné M. Grigoryan.

Le représentant a ensuite défendu le cas des pays en situation particulière.  Si la pandémie a eu des répercussions dans tous les coins du monde, les pays en situation particulière, tels que les pays en développement sans littoral, sont les plus sensibles aux chocs mondiaux.  Ils sont particulièrement exposés aux revers et aux conséquences disproportionnées des retombées de la pandémie, a-t-il déclaré.  À cet égard, l’Arménie attache une importance particulière à la mise en œuvre intégrale du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024.  L’adoption de la feuille de route pour la mise en œuvre accélérée de ce programme, le 25 septembre, a été une étape essentielle pour accélérer les efforts concertés de la communauté internationale, afin d’aider les pays concernés à atténuer les effets négatifs de la pandémie.  Enfin, le représentant a plaidé pour des efforts de redressement « inclusifs » afin de soutenir les pays en développement sans littoral, pour qu’ils enclenchent de nouveau la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a prôné un multilatéralisme plus robuste, conforme à la feuille de route du Secrétaire général, et souhaité en ce moment de crise que la Deuxième Commission soit à la hauteur de sa tâche.  Nous combattons une pandémie qui se trouve aussi être une occasion de reconstruire « mieux et en plus vert », a-t-il déclaré, ajoutant que « cette approche doit être axée sur l’être humain et prendre en compte les effets de la pandémie sur des populations différentes et pour beaucoup d’entre elles, vulnérables ».  Ce constat implique, selon lui, une action en leur faveur par l’investissement dans l’instruction, les services sociaux et une couverture santé universelle, sans oublier des efforts pour faire des vaccins et des médicaments des biens publics mondiaux.

Dans le contexte de la pandémie, le délégué ajoute que l’aide aux communautés locales est plus que jamais nécessaire et demeure la priorité de la Thaïlande en vertu de sa philosophie d’économie autosuffisante. « Cette crise nous conduit à revisiter le déséquilibre dans le rapport entre les humains et la nature, origine de ces maladies », a-t-il constaté, appelant à promouvoir une économie verte et circulaire, en conformité aux ODD afin de léguer une planète en bonne santé aux futures générations.  Le représentant a, en conclusion, souhaité que le Système des Nations Unies pour le développement continue à se montrer efficace et responsable, précisant le montant de la contribution de 500 000 dollars de la Thaïlande au fonds des Nations Unies pour la COVID.

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a rappelé l’impact drastique de la pandémie de COVID-19, qui pèse à la fois sur les économies et sur les populations les plus vulnérables, comme les femmes et les enfants, en provoquant une grave crise de développement.  Il a établi un parallèle avec une autre grave urgence: la crise climatique.  « Très peu d’événements dans l’Histoire de l’humanité ont mis en évidence de manière aussi claire les liens entre la santé des humains, la nature et les écosystèmes », a-t-il remarqué.

Selon le délégué, les changements climatiques ont un impact disproportionné sur les pays en développement et sur les populations vulnérables.  Il l’a interprété comme un besoin urgent de redresser les économies d’une manière « durable », « moins carbonée », afin d’atteindre les objectifs de résilience.  « La science nous ayant appris que nous n’avions que 10 ans pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre de 45% si nous voulions limiter le réchauffement de la planète de 1,5 degré seulement, nous ne pouvons pas revenir à ce que nous faisions auparavant, mais bien reconstruire nos économies de manière plus soutenable et inclusive », a tranché le délégué.  Jugeant cet état d’esprit essentiel pour rendre viable les objectifs du Programme 2030 et réduire les risques de catastrophe, la Colombie a réitéré son engagement en faveur du la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de la Convention sur la diversité biologique (CBD).

Le représentant colombien a enfin appelé à une approche multisectorielle pour sauvegarder les emplois ainsi que les exportations, cruciales pour le pays, et a espéré que l’examen quadriennal porte ses fruits.

M. SIDDHARTH MALIK (Inde) a relevé que la pandémie est une nouvelle incitation à poursuivre les efforts pour traduire en réalité les objectifs du Programme 2030, car « la COVID risque de détruire des décennies de progrès ».  Il s’est félicité de l’efficacité avec laquelle l’Inde a intégré les idéaux de 2030 dans ses objectifs nationaux, rappelant que 271 millions d’Indiens étaient sortis de la pauvreté en une décennie et que 400 millions de comptes en banques avaient été ouverts.  Le pays a aussi contribué à l’installation de 110 millions de toilettes et fourni une couverture santé d’une valeur de 7 000 dollars à un demi-milliard de citoyens.

Vantant diverses politiques environnementales de son pays, comme le plan de suppression des plastiques à usage unique avant 2022, le délégué a rappelé l’équilibre délicat que représente la gestion des productions des pays et affirmé que les considérations politiques et écologiques devaient être séparées.  Il a par ailleurs déploré que l’on revisite les exigences imposées aux pays développés en matière d’émissions de gaz à effet de serre et rappelé que son pays est aujourd’hui un leader dans le domaine des énergies renouvelables.  De plus, il a noté que tous les pays ne sont pas « dans le même sac » dans le domaine de la responsabilité face aux changements climatiques et que chaque État doit développer librement ses propres actions dans ce domaine. L’Inde, a insisté le délégué, a engagé un plan de relance économique de 300 milliards de dollars et fourni une aide médicale à 150 nations.  Son pays, l’un des leaders mondiaux pour la production de vaccin, a aussi contribué au fonds de l’ONU pour la COVID.  En conclusion, le délégué a marqué son souhait que la pandémie se révèle une occasion de « remettre les choses en ordre » dans les priorités de États Membres et des organisations internationales.

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a jugé le Programme 2030 ambitieux mais nécessaire pour les générations à venir.  Il a constaté des progrès, que la pandémie a stoppés net, avec 71 millions de personnes qui devraient retomber dans la pauvreté en 2020, le chômage qui augmente, des systèmes sanitaires et scolaires en effondrement, tandis que la crise climatique se poursuit et que l’humanité est trop passive.  La réalisation des ODD n’en devient que plus essentielle, a dit le délégué.  « D’ailleurs, si nous avions investi davantage dans des institutions plus transparentes, nous serions mieux préparés face à la pandémie. »  Le représentant a plaidé pour une croissance inclusive et un développement durable, qui sont des éléments importants pour lutter contre la COVID-19, tandis que des institutions fortes sont nécessaires pour prévenir les crises à venir.  Le délégué a soutenu l’appel du Secrétaire général à prévenir « l’érosion des institutions ».

Le représentant a axé le reste de son discours sur la lutte contre la traite des êtres humains, « déjà un des plus grands défis avant la COVID ».  Les auteurs restent impunis, la pandémie l’accentue, alors que de plus en plus de familles basculent dans la pauvreté, que les plus précaires sont à la merci de mariages forcés et de trafics d’enfants, a-t-il déploré.  Le Liechtenstein, qui a insisté sur la nécessité de lutter contre les flux financiers illicites liés à la traite des êtres humains, a développé des partenariats public-privé ainsi qu’une feuille de route préconisant un financement novateur et des prêts responsables pour lutter contre ces crimes.  «  Les flux financiers illicites tirés de la criminalité privent nos citoyens de ressources financières, sapent la primauté du droit et des institutions  », a conclu le représentant.

Mme OH HYUNJOO (République de Corée) a rappelé le rôle central du Programme 2030 et de l’Accord de Paris, « feuilles de route » pour sortir de la pandémie.  «  Le multilatéralisme fonctionne  », a-t-elle insisté, disant que son pays est déterminé à contribuer aux efforts de la Deuxième Commission pour reconstruire en mieux après la COVID-19.  « La réponse pour surmonter la COVID-19 réside dans la marche vers un monde plus inclusif par une action multilatérale », a formulé la déléguée, qui a défendu des actions coordonnées pour sauvegarder le libre-échange fondé sur le système commercial multilatéral de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  La République de Corée, pour sa part, s’est efforcée de « protéger les chaînes d’approvisionnement mondiales contre les perturbations » et de « faciliter la circulation transfrontalière essentielle des personnes », notamment des hommes d’affaires et des équipages maritimes.

Le « New Deal coréen  », plan national de relance, est basé sur un « New Deal numérique », un « New Deal vert » et des « filets de protection sociale » généreux, afin de rebâtir une économie moins riche en carbone et plus inclusive, a expliqué Mme Oh.  Elle a rappelé le rôle joué par son pays dans la célébration, le mois dernier, de la première Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus, dans plusieurs capitales du monde avec l’aide du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Elle a par ailleurs souligné que les partenariats multipartites doivent constituer une priorité transversale pour lutter contre la pandémie.  « Les efforts que nous avons déployés pour tester, tracer et traiter les cas de COVID-19 n’auraient pas été efficaces sans de solides partenariats avec le secteur privé. »  À ce titre, la déléguée a appelé à continuer à s’engager avec un large éventail d’acteurs, « notamment la société civile, les jeunes, le secteur privé, le secteur philanthropique, les médias et les universités ».

Enfin, concernant les réformes structurelles de l’ONU, la représentante a préconisé une approche renforcée à l’échelle du système, centrée sur des « conseils stratégiques intégrés  » pour « gérer les compromis  » et « créer des synergies  ».  Au niveau national, les coordonnateurs résidents devraient faciliter la cohérence des équipes de pays des Nations Unies et renforcer les liens entre les efforts humanitaires, de développement et de consolidation de la paix.

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a souligné que la COVID-19 avait montré à quel point nous sommes tous liés et en même temps mis en lumière les profondes disparités dans les pays et dans la communauté internationale.  La pandémie menace des décennies d’actions en faveur du développement économique, s’est-il inquiété.  Il a donc prôné une impulsion nouvelle pour protéger les acquis, tant du point de vue des changements climatiques, que de la santé et de l’insécurité alimentaire.

Le représentant a loué l’accent mis par l’Islande sur le concept de durabilité, clef de la croissance inclusive que connaît son pays, et décrit une politique étrangère qui prend en compte les changements climatiques, la réduction des inégalités des sexes, les personnes LGBTI et l’égalité d’accès à la santé.  Il a, de plus, mis en exergue la politique islandaise, lancée il y a plus d’un siècle, de restauration des terres, facteur d’un meilleur équilibre entre la nature et l’exploitation par les humains.  Il a aussi parlé des initiatives diverses de son pays en matière de lutte contre la désertification.  Enfin, le délégué a espéré que le nouvel examen quadriennal permettrait de combler les lacunes du précédent, exprimant l’intérêt de l’Islande pour la revitalisation en vue de la réalisation des objectifs du Programme 2030.

Selon Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan), la crise mondiale provoquée par la pandémie de COVID-19 a entraîné des changements fondamentaux dans le développement des États Membres, de nouvelles conditions qui exigent des mesures supplémentaires pour poursuivre la mise en œuvre des ODD.  Ces mesures, selon elle, devraient tout d’abord viser à poursuivre la promotion du financement du développement, devenu particulièrement pertinent à l’heure actuelle, et l’allégement de la dette des États Membres, en particulier celle des pays en développement.  La représentante a jugé encourageant que cette question reçoive l’attention nécessaire à la Deuxième Commission, ainsi que l’examen de la coopération internationale en matière de lutte contre la corruption, l’amélioration de la transparence financière et la restitution des avoirs transférés illégalement.  Élargir l’accès aux ressources financières nécessaires améliorera la situation des pays en développement, a-t-elle fait valoir en soulignant leurs besoins supplémentaires pour lutter contre la COVID-19.

Un autre domaine d’action important, selon la délégation, est le soutien au rétablissement des échanges commerciaux perturbés par la pandémie, surtout pour les pays en développement dont les économies dépendent non seulement des exportations mais aussi des importations de biens essentiels, notamment de médicaments.  Les États Membres sont maintenant obligés de dépenser des ressources importantes pour lutter contre l’épidémie de COVID-19, et continuent de faire face à la menace croissante des catastrophes naturelles.  Au niveau national, le Gouvernement kirghize applique systématiquement les principales dispositions du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes et continuera à soutenir les initiatives et résolutions pertinentes des Nations Unies, a affirmé la représentante.  Considérant que les catastrophes naturelles sont étroitement liées aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement, elle a enfin jugé important de « poursuivre le développement de la coopération internationale », afin de produire des solutions efficaces et durables dans ce domaine.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déploré les effets socioéconomiques de la pandémie, illustrés par des inégalités plus marquées encore dans l’accès à la santé et dans les conditions sociales.  L’occasion, à ses yeux, de mettre en pratique le multilatéralisme incarné par les Nations Unies et de lancer une véritable « alliance mondiale » pour lutter contre la pandémie.  « Le droit au développement appartient à tous », a-t-il affirmé, avant d’appeler les pays développés à, plus que jamais, remplir leurs responsabilités historiques en tenant leurs promesses d’aide à l’élimination de la pauvreté.  

Le représentant a loué les efforts du Nicaragua en ce domaine, en faisant état de la réduction de la pauvreté, passée de 40% en 2007 à 29% en 2017.  Il a aussi mentionné la mise en œuvre de la parité des sexes dans son pays, qu’il a décrite comme la meilleure au monde.  Mais il s’est aussi insurgé contre « les mesures coercitives unilatérales qui frappent nos peuples et constituent des crimes contre l’humanité nuisant gravement aux objectifs de 2030 ».

Il a, enfin, encouragé les pays développés à changer de cap et à contribuer véritablement au développement en soutenant la lutte contre les changements climatiques, les transferts de technologie et une utilisation responsable des ressources naturelles.  « Tous les États Membres doivent y contribuer », a-t-il conclu.

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a déclaré que la pandémie de COVID-19 aura ouvert des plaies béantes qui mettront certainement plusieurs années à panser.  Pour sortir de la pandémie et de ses conséquences dévastatrices, il ne faut pas perdre de vue le Programme 2030 qui doit être « le bréviaire de nos actions », a rappelé le délégué qui a demandé: comment assurer, dans la Décennie d’action pour atteindre les ODD, un relèvement socioéconomique durable après la pandémie afin que personne ne soit laissé pour compte? 

Pour y trouver réponse, a-t-il dit, il est impératif de s’atteler à trois priorités.  Premièrement, le financement du développement est une urgence.  Il faut, notamment, encourager les banques multilatérales de développement à soutenir de manière proactive les économies en développement.  Le financement du développement devra nécessairement intégrer le défi numérique et des solutions innovantes en faveur de l’environnement.  Deuxièmement, a poursuivi M. Niang, nous devons lutter vigoureusement contre les changements climatiques et protéger l’environnement.  L’action pour le climat et les solutions basées sur la nature doivent être renforcées dans les plans de relance.  À ce titre, a dit le représentant, le financement climatique est l’opportunité pour les pays en développement de privilégier des activités vertes.  Il a recommandé à cet égard que les pays développés fassent beaucoup d’efforts pour mobiliser les 100 milliards de dollars annuels promis à partir de 2020, a-t-il souligné.  Enfin, troisièmement, il faut renforcer la coopération et le multilatéralisme pour nous protéger des crises majeures, a encore suggéré le délégué.  

La COVID-19 a mis à nu nos vulnérabilités, a constaté le délégué.  « Individuellement, nous sommes tous faibles face à ce minuscule virus; mais unis, nous avons la force de le vaincre. »  De même, il a estimé que nous pouvons, par la coopération, relever tous les défis.  C’est tout le sens qu’il faut donner à la deuxième encyclique du pape François, parue dimanche dernier, appelant à « la fraternité universelle » et à « l’amitié sociale » pour construire un monde meilleur, a estimé le représentant du Sénégal.

Mme SUSAN WANGECI MWANGI (Kenya) a d’abord souligné le rôle important de la science, de la technologie et de l’innovation en tant que catalyseurs essentiels pour la réalisation du développement durable à tous les niveaux.  La pandémie actuelle a, en effet, démontré la nécessité urgente d’éliminer la fracture numérique alors que nous nous efforçons de ne laisser personne de côté, a constaté la représentante qui a appelé à une coopération internationale accrue par le transfert de technologies appropriées ainsi que par le renforcement des capacités.  Au Kenya, a indiqué la représentante, le Programme national de développement pour la période 2018-2022 a comme priorités de fournir des logements abordables et décents, de réaliser l’objectif de 100% de couverture sanitaire universelle et celui de la sécurité alimentaire pour tous les Kenyans.

La représentante a expliqué que le financement du programme de développement reste un défi et, à cet égard, elle a dit attendre avec impatience le dialogue de haut niveau sur le financement du Programme 2030 à l’ère de la COVID-2019 et au-delà.  Comme la pandémie a considérablement sapé les politiques budgétaires du pays et comme, par conséquent, la mobilisation des ressources intérieures a été interrompue, c’est l’occasion de donner un caractère formel au secteur informel et, par conséquent, d’élargir l’assiette fiscale, a estimé la représentante qui a, par ailleurs, réitéré l’urgence de réduire l’empreinte environnementale et de placer les gens et la nature au cœur de la reconstruction de « l’avenir que nous voulons ».  Enfin, elle a souligné l’importance d’une action collective pour le climat dans la quête du Kenya de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 45% au cours de la prochaine décennie et d’une émission nette « zéro » d’ici à 2050.

M. AHMED MAGDY MOHAMED RASHAD ABDELAAL (Égypte) a indiqué que son pays a placé le développement durable en tête des priorités de son programme national et entamé la mise en œuvre d’un programme ambitieux de réformes économiques, législatives et structurelles profondes, contribuant à des opportunités de travail décentes, à l’autonomisations des femmes et des filles égyptiennes et à une amélioration générale du cadre de vie des citoyens.  L’Égypte a d’ailleurs joué un rôle prépondérant dans la réforme des Nations Unies, s’est enorgueilli le représentant.

Concernant la macroéconomie, l’Égypte fonde de grands espoirs sur le projet de résolution renforçant les capacités des coordinateurs résidents, a dit le représentant, avant d’appeler les organisations internationales à honorer leurs engagements en matière d’aide au financement.  Il a aussi demandé aux pays du G20 de réduire le fardeau de la dette sur les pays africains, en raison des conséquences économiques de la pandémie.  Il a également encouragé toutes les opportunités permettant de réduire le fossé numérique et de favoriser le transfert des technologies.  Attachant une grande importance aux changements climatiques, qui affectent tous les aspects du développement des pays en développement, le représentant a appelé à une bonne gouvernance des cours d’eau transfrontaliers.  Enfin, affirmant le lien étroit entre biodiversité et changements climatiques, il a enfin réaffirmé sa disposition à coopérer pour progresser dans ces domaines.

M. ADISALEM DESTA TEKLU (Éthiopie) a dit que la panacée est de faire des progrès en matière de développement durable pour garantir le relèvement après la pandémie de COVID-19.  Le représentant a estimé que, pour y parvenir, le partenariat et la solidarité internationale s’imposent.  Les pays développés doivent fournir aux pays en développement des moyens de renforcement des capacités, a-t-il recommandé.  Il faut aussi, a ajouté le délégué, renforcer les capacités de remboursement des dettes des pays en développement et mobiliser des fonds pour que ces derniers puissent faire face aux chocs.

Pour l’Éthiopie, les changements climatiques sont un enjeu grave, a poursuivi le délégué.  Il a regretté que des pays se soient écartés des programmes internationaux sur les changements climatiques.  Avant de terminer, le représentant a insisté sur l’importance des équipes de pays des Nations Unies qui doivent être dotées de ressources nécessaires, surtout celles qui travaillent dans les pays en situation particulière qui ont besoin d’un climat propice pour mettre en œuvre leurs politiques nationales de développement.

Mme MONA JUUL (Norvège) a loué le système des Nations Unies pour le développement et les banques de développement.  L’accès à des sources plus flexibles de financement a permis au système de réagir plus efficacement, ce qui montre que nos efforts portent des fruits, selon elle.  « Hélas, la pandémie aura réduit à néant des années d’avancées. »  Près de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté, a en effet relevé Mme Juul en disant que « nous n’avons pas d’autre choix que de mettre à contribution le secteur privé, de maintenir l’aide publique au développement, de barrer la route aux flux financiers illicites, de régler les problèmes d’endettement croissant ».  Le moratoire de la dette ne doit être qu’une première étape en ce sens, a-t-elle précisé.

Les incidents liés aux changements climatiques frappent plus fort que jamais et portent atteinte à tous nos objectifs, a continué Mme Juul.  Or « il nous faut une planète en bonne santé pour parvenir aux ODD », a-t-elle mis en garde.  Elle a aussi parlé de la fracture numérique, qui risque d’être, selon elle, « la nouvelle inégalité criante de notre temps ».  La primauté du droit et l’égalité des sexes doivent être au cœur de nos initiatives, a-t-elle poursuivi.  Quant au système des Nations Unies, elle a plaidé pour qu’il soit renforcé.  Il faut que l’examen quadriennal garantisse la mise en œuvre des réformes.  Il faut que les coordonnateurs résidents puissent s’acquitter de leur rôle de dirigeant stratégique.  Il faut accroître la coopération dans les pays entre les différents acteurs, garantir une riposte coordonnée des États Membres dans le respect du Programme 2030, renforcer la prévention contre les chocs externes et la résilience contre les changements climatiques.  « L’ONU doit être une puissance fédératrice. »  Mme Juul a enfin demandé aux États Membres de fournir un financement prévisible, sans lequel l’ONU ne pourra fonctionner de manière soudée.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que la disponibilité de vaccin contre la COVID-19 devait être assurée à tous de manière équitable et durable.  Au Pakistan, a indiqué le représentant, le Gouvernement a investi dans la relance de l’économie et le relèvement après la pandémie.    Cependant, les efforts nationaux n’ont pas suffi, a-t-il averti.  Il faut des moyens supplémentaires pour donner une marge de manœuvre budgétaire aux pays pauvres, comme les allègements des dettes.  L’initiative du G20 d’un moratoire sur les dettes des pays en développement doit être prorogée d’un an et l’aide publique au développement doit être égale ou supérieure aux allègements des dettes obtenues, a réclamé le représentant.  Il a aussi suggéré l’octroi de prêts concessionnels, la création de 500 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) ainsi que la réaffectation des DTS non utilisés.

Le représentant a préconisé de restructurer les économies des pays en développement pour plus d’efficacité et d’égalité, avant de plaider pour un régime international fiscal juste.  Il faut aussi stopper les flux financiers illicites et investir dans les infrastructures publiques durables, selon le Pakistan.  Le représentant a aussi appelé à harmoniser les propriétés intellectuelles nécessaires pour réaliser les ODD et à numériser les économies des pays en développement.  Enfin, le délégué a préconisé la création d’une économie durable sans sacrifier la nature.

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a rappelé qu’avant le début de l’épidémie, l’économie mondiale avait connu une reprise au cours des deux dernières années et que le commerce mondial devait augmenter de 3%.  Mais avec l’effondrement lié à la COVID-19, qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de 2020, les pertes dans le commerce mondial pourraient s’élever à « environ 6 000 milliards de dollars, soit à peu près le double de la baisse du commerce pendant la crise financière de 2008  », selon le rapport du Secrétaire général.  Ces perturbations économiques et sociales causées par la pandémie, conjuguées à la fréquence accrue des catastrophes naturelles et à l’aggravation des inégalités de revenus au sein des pays et entre eux, menacent d’avoir de graves répercussions sur le programme de développement à long terme, à tous les niveaux, a prévenu le représentant.  En particulier dans les pays en développement et les groupes de pays vulnérables, qui dépendent fortement du commerce international comme moteur d’une croissance économique inclusive et de l’éradication de la pauvreté, ainsi qu’en tant que source essentielle de soutien au développement national et au Programme 2030.

La République démocratique populaire lao, comme de nombreux autres pays en situation particulière, fait tout son possible pour amortir les effets de la pandémie de COVID-19 et maintenir les progrès réalisés jusqu’à présent dans la mise en œuvre des ODD, tout en s’efforçant de sortir en douceur du statut de PMA dans les années à venir, a expliqué M. Vongnorkeo.  Il a cependant reconnu que la pandémie avait des conséquences immédiates et à long terme sur le développement socioéconomique national, et, surtout, sur les moyens de subsistance des populations, l’éradication de la pauvreté, la santé, l’éducation, les possibilités d’emploi et la protection sociale.  Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à garantir une réponse mondiale unie ainsi qu’un engagement renouvelé à soutenir le multilatéralisme.  Il a appelé à contenir conjointement la pandémie, à traiter son impact à long terme, tout en adoptant une « approche holistique » pour mieux reconstruire.  Pour cela, il a réclamé une évaluation de l’impact socioéconomique de la COVID-19, ainsi qu’un soutien technique et financier suffisant de la part des partenaires du développement, des entités du système des Nations Unies, des institutions financières internationales et d’autres parties prenantes.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a déploré que cinq ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon  2030, les objectifs de développement durable soient encore aussi lointains et entravés par la pandémie, qui va remettre en cause de nombreux acquis en matière d’élimination de la pauvreté, de la faim et des inégalités.  Elle va accentuer les différences entre nations, a-t-elle craint.  En même temps, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence que la volonté de renforcer le multilatéralisme et la solidarité entre nations, la coopération devant être mise en avant.

Pourtant la mise en œuvre du Programme 2030, de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai ne pourra progresser du fait des intérêts égoïstes de certaines nations, a regretté la déléguée.  Les exclusions économiques doivent être interrompues, a aussi réclamé la représentante, en plaidant pour des solutions immédiates qui respectent les intégrités des nations.  Elle a déploré que beaucoup de pays aient systématiquement violé les accords internationaux en matière de développement.  Il faut aussi renforcer le traitement spécial et différencié pour les pays en développement: la communauté internationale ne peut remettre ce problème à plus tard, a estimé la représentante.  Elle a également souhaité que l’Accord de Paris soit suivi, pour pouvoir préserver la planète.  Enfin, elle a rappelé que le peuple cubain est victime d’un « blocus financier illégal, immoral et injuste de la part des États-Unis », mais que cela ne l’empêche pas de s’atteler à mettre en œuvre le Programme 2030.

M. DAI BING (Chine) a estimé que « le Programme 2030 nous permettra de vaincre le virus ».  À condition, a-t-il précisé, de renforcer la coopération internationale et le multilatéralisme pour gagner la lutte contre la crise économique et renforcer la stabilité des marchés.  Le représentant a réitéré que le développement doit être la priorité de tous.  Il a donc demandé aux pays donateurs de respecter leurs engagements dans le cadre de l’Aide publique au développement.  Il faut en outre utiliser les DTS du FMI, alléger les dettes et atténuer les risques de crise de liquidités dans les pays en développement.  Le délégué de la Chine a également exigé une représentation accrue des pays en développement dans la gouvernance mondiale et l’industrie numérique.

La Chine, a informé le représentant, s’engage à fournir 2 milliards d’aide internationale dans les deux prochaines années.  Elle s’engage aussi à annuler la dette de pays africains cette année 2020 et à participer à l’initiative d’allègement de dettes du G20.  La Chine, qui a promis de parvenir à la neutralité carbone avant 2060, a donné 50 millions de dollars au plan de réaction à la COVID-19 et 50 millions de dollars pour la FAO, cette année, a encore indiqué le représentant.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a appelé à atténuer la faim dans le monde.  Le Brésil contribue à œuvrer en ce sens, a-t-il témoigné, en indiquant que le pays avait augmenté sa production alimentaire de 380% en 30 ans.  Seulement 30% de son territoire est dédié à l’agriculture, permettant, selon le représentant, de protéger l’Amazonie.  Il a signalé que le Code des forêts brésilien enjoint aux producteurs de protéger 80% des espèces natives sur leur sol.  L’agriculture brésilienne tend à être « propre », « non carbonée », a-t-il aussi assuré.

Le commerce international et l’accès aux carburants sont des problèmes délicats pour les pays en développement, a ensuite fait valoir le représentant, observant que les subventions massives ailleurs dans le monde nuisent aux exportations des pays en développement.  En ce qui concerne le bouquet énergétique brésilien, il est constitué à 40% d’énergies renouvelables, ce qui prouve qu’il y a des moyens pour contrer les changements climatiques.  Le représentant a conclu en appelant à trouver un équilibre entre production et soutenabilité.

Selon Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée), la réponse globale à ce défi mondial qu’est la pandémie de COVID-19 a révélé nos faiblesses et prouvé que nous avons un long chemin à parcourir avant que le véritable sens du multilatéralisme ne soit atteint.  Au moment où l’on met en place des mesures de précaution pour toute menace mondiale future, il faut commencer à travailler en coopération sur des questions fondamentales, a-t-elle recommandé.  S’agissant des engagements pris dans le cadre du Programme 2030, les réalisations jusqu’à présent n’ont pas été très prometteuses, a regretté la déléguée.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, la pandémie de COVID-19 menace d’inverser les gains réalisés et continue d’aggraver les inégalités déjà existantes entre les États et au sein des États.

Pour répondre à la crise actuelle, nous avons besoin d’un engagement accru envers nos actions et d’une solidarité sincère, a suggéré la délégation.  Elle a indiqué que son pays avait fait de modestes progrès, depuis son indépendance en 1991, et beaucoup restant à faire.  La priorité est accordée aux moins favorisés, aux populations rurales et aux personnes vulnérables.  De l’exploitation de l’eau à la reconstruction de ses infrastructures dévastées par la guerre, l’Érythrée a jeté les bases d’une croissance économique durable qui apporte une amélioration notable du niveau de vie de son peuple, a annoncé la représentante pour qui les effets socioéconomiques de la pandémie et l’invasion acridienne imminente dans la région obligent à redoubler d’efforts pour maintenir les progrès réalisés jusqu’à présent.

M. SOFIANE MIMOUNI (Algérie) a expliqué que l’Algérie avait mis sur pied un cadre national de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Le Programme 2030 sera bientôt incorporé aux lois financières et un cadre juridique sera élaboré par le biais d’une stratégie intégrée, a-t-il précisé.  Pour le représentant, la situation de la COVID-19 exige de veiller à ce qu’aucun pays ne soit marginalisé.  Il a notamment plaidé en faveur du renforcement de la coopération Sud-Sud, en précisant cependant qu’elle ne saurait se substituer à la coopération Nord-Sud.  Pour sa part, l’Algérie a intégré la coopération Sud-Sud dans sa stratégie de développement, a-t-il déclaré.

La question du financement du développement doit également être au cœur de nos travaux dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba, a poursuivi le représentant, soucieux de développer les liens économiques entre pays.  Concernant les activités opérationnelles de développement de l’ONU, l’Algérie soutient sans réserve les réformes du système opérationnel des Nations Unies pour le développement, a assuré le délégué, à l’approche de l’examen du nouveau système des coordonnateurs résidents.

M. OMAR HILALE (Maroc) a assuré que le Maroc restait engagé dans la réalisation du développement durable, aux plans régional et international.  Il a ajouté que le Maroc avait connu, au cours des deux dernières décennies, un développement sans précédent en termes d’infrastructures, de compétitivité et d’attractivité.  Plaidant pour des mesures volontaristes pour faire face aux défis sanitaires et socioéconomiques posés par la pandémie, il a indiqué que le Maroc avait versé 33,7 milliards de dirhams au fonds spécial de gestion des effets de la pandémie, grâce aux contributions volontaires de donateurs individuels ou de personnes morales publiques ou privées au bénéfice des petites entreprises, des personnes nouvellement au chômage et des plus vulnérables, des femmes et enfants ainsi que des travailleurs de l’économie informelle.  Le délégué a aussi indiqué que plus de 20 pays africains avaient bénéficié d’une aide médicale fournie par des entreprises marocaines, la coopération Sud-Sud étant un axe prioritaire de la politique marocaine.

Le délégué s’est aussi inquiété de la perturbation de la chaîne de valeur alimentaire, qui menace de pénurie alimentaire de nombreux pays dans les régions les plus défavorisées, notamment en Afrique.  Il a rappelé les efforts de son pays à l’ONU pour la promotion de la sécurité alimentaire dans les pays où les secteurs agricoles et alimentaires connaissent une crise.  Rappelant que les changements climatiques demeurent les plus graves menaces du XXIe siècle, le délégué a évoqué les efforts de son pays au niveau régional, tant du point de vue du développement social, de l’agriculture durable et de la conservation de la biodiversité que de l’accès à l’énergie.  Il a loué le rôle du Maroc dans la promotion d’un écotourisme durable, avant d’indiquer vouloir collaborer avec les délégations de la Deuxième Commission afin que cette dernière puisse capitaliser sur les expériences les plus réussies.

Pour M. SURENDRA THAPA (Népal), ces temps extraordinaires exigent des efforts extraordinaires de tous, et pour tous.  La Décennie d’action et de mise en œuvre du développement durable sera une décennie déterminante pour mieux construire l’après-COVID-19, a estimé le représentant.  Elle devra être une décennie qui permette d’en finir avec le modèle économique insoutenable actuel.  Les efforts nationaux doivent être complétés par des mesures internationales de soutien de même niveau, a suggéré le Népal qui a souligné la nécessité d’intensifier le soutien aux pays vulnérables pour faire face à la crise et pour la mise en œuvre accélérée du Programme 2030.  La situation exige le plein respect des engagements pris en matière d’aide publique au développement, a fait savoir le délégué.

Ce n’est pas le moment d’être complaisant, mais c’est le moment de s’engager pour la santé de la planète, pour l’avenir de l’humanité, a exhorté le Népal qui a voulu que dans la lutte contre les changements climatiques, les grands émetteurs intensifient leurs actions.  Le représentant a demandé une action forte et plus vigoureuse aux niveaux mondial et national, conformément à l’Accord de Paris.  Durant la pandémie de COVID-19, a constaté le délégué, la technologie numérique a émergé comme une bouée de sauvetage pour beaucoup de gens pendant ces périodes difficiles.  Toutefois, la fracture numérique a laissé loin derrière ceux qui sont les plus touchés.  Si cet écart dans l’accès à la technologie n’est pas comblé, les inégalités augmenteront encore, a prévenu le représentant.

M. FIRAS HASSAN JABBAR AL-KHAQANI (Iraq) a expliqué que son pays faisait face au terrorisme et à la baisse du prix du pétrole causant un déficit budgétaire en 2020 et les prochaines années.  En ce qui concerne le système des Nations Unies pour le développement, le représentant a demandé un déploiement géographique équitable des coordonnateurs résidents et des techniciens qui les épaulent, « lesquels doivent être recrutés localement ».

L’Iraq, a indiqué le délégué, attend avec intérêt le prochain Dialogue sur l’énergie organisé par le Département des affaires économiques et sociales.  C’est un secteur très important pour l’Iraq, a signalé le représentant qui a souligné l’importance de la transparence pendant les négociations avant le Dialogue.  Il a en outre exigé la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale sur l’énergie.  S’agissant de l’environnement, le représentant a dit être préoccupé par les conséquences des tempêtes de sable qui frappent son pays, notamment pour les secteurs de la santé publique, de la navigation aérienne, ainsi que pour la dégradation des sols.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a rappelé que prendre des mesures concrètes pour relever les défis de la COVID-19 est la tâche principale confiée à la Deuxième Commission.  Il est important que les gouvernements s’acquittent pleinement de leur responsabilité et de leur rôle en matière de développement économique, a avancé le délégué.  Chaque pays, a-t-il insisté, doit avoir son propre mode de développement conformément aux intérêts de sa population.  Ce qui est également important, a continué le représentant, c’est de créer un environnement favorable au développement économique des pays en développement.  À cette fin, des efforts conjoints devraient être faits, entre autres, pour établir des relations économiques internationales fondées sur des principes d’impartialité et d’avantages mutuels, a-t-il suggéré.  Les pays en développement ne se débarrasseront pas des lourds fardeaux de la dette extérieure et ne réaliseront pas une véritable coopération internationale dans le cadre des relations économiques internationales injustes actuelles, qui permettent des bénéfices économiques illimités conduisant à des modes de production et de consommation insoutenables, a jugé le délégué.  Il a refusé aussi de définir les droits de l’homme, la démocratie et la bonne gouvernance comme des conditions préalables au développement économique.

Il a poursuivi en plaidant pour que l’ONU joue un rôle central dans le dialogue et les négociations sur le développement économique.  Les résolutions des grandes conférences internationales doivent aussi être mises en œuvre, a plaidé le représentant qui a exigé une coopération accrue pour combattre la pandémie.  S’agissant de la situation dans son pays, le délégué a dit que « le peuple, lié comme un seul homme au camarade Kim Jong Un, s’engage dans la construction d’un État socialiste puissant, bravant de front toutes sortes de difficultés », notamment en intensifiant la construction de l’hôpital général de Pyongyang, un établissement de santé moderne pour le peuple.

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