Soixante-quinzième session,
7e séance plénière – matin
AG/EF/3544

La Deuxième Commission adopte trois projets de résolution qui font le lien entre la nature, le climat et le développement

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a adopté trois projets de résolution par consensus ce mercredi, tous ayant trait aux interactions de l’homme avec la nature.  Ils concernent plus précisément le développement agricole et la nutrition, l’eau et la sauvegarde du climat.  Le dernier projet a fait l’objet de votes enregistrés concernant certaines dispositions.

Le premier texte, intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition », déplore que les difficultés persistantes pour réaliser le deuxième objectif de développement durable (ODD 2) sur l’élimination de la faim dans le monde soient encore aggravées par la pandémie. 

Les délégations sont d’accord sur le fait que des changements en profondeur sont nécessaires pour réaliser cet objectif, y compris baisser les importations agricoles pour augmenter la résilience des pays.  Mais les États-Unis n’ont pas manqué de relever que cette recommandation était en conflit avec les prescriptions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Ils ont tenu à préciser que s’ils se souciaient bien du droit à l’alimentation, ce dernier ne constituait pas une obligation pour eux, n’étant pas partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Le projet inclut aussi des références à un changement de systèmes agricoles pour, à la fois, juguler la production de gaz à effet de serre, s’attaquer aux changements climatiques et réduire les risques de catastrophe.  L’Union européenne (UE), qui a plaidé en faveur de « systèmes alimentaires durables et plus verts », aurait préféré un engagement plus fort sur la question des changements climatiques.  Elle a regretté, à l’instar du Royaume-Uni, que l’inclusion du principe « Un monde, une santé », n’ait pas été retenue dans le projet final.

Le second texte, intitulé « Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures », a lui aussi été adopté sans vote, mais le consensus n’a pas été facile à atteindre.  Il a fallu en effet que la Commission procède à quatre mises aux voix concernant des propositions d’amendement avant de pouvoir adopter le projet dans son ensemble, sans vote.  Si les deux amendements proposés ont été rejetés, leurs auteurs ont ensuite demandé des votes pour décider de la « conservation » des paragraphes visés.  Les votes ont confirmé les paragraphes 2 et 10 du dispositif dans leur rédaction originale.

Ce texte recommande aux pays d’aligner leurs politiques nationales sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, afin de « reconstruire en mieux » et d’accélérer la transition vers des économies et des sociétés à faibles émissions de carbone.  Il soutient l’Accord de Paris, mais se préoccupe que les contributions déterminées au niveau national ne soient pas suffisantes pour contenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.

Les États-Unis ont sans succès tenté de modifier le paragraphe 10 en profondeur pour en supprimer les termes « collectivement », « respectueuse de l’environnement », « esprit d’ouverture » et « solidarité ».  Ils ont déclaré que malgré leur soutien à l’adoption du projet, ils ne tiendraient pas compte de ce paragraphe. 

La Fédération de Russie, en opposition franche avec le Groupe des 77 et de la Chine, a tenté sans succès de modifier, puis de supprimer, le second paragraphe, qui recommande de « rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques ».  Dans les conditions socioéconomiques actuelles, la Russie a condamné les tentatives de régulation des flux financiers, un projet qu’elle a jugé « polémique » et « inacceptable ».  Elle n’a été suivie sur ce chemin que par le Bélarus. 

L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a exprimé son amertume face à un texte final qu’elle a jugé trop timoré.  « L’ONU rate encore l’occasion d’un engagement clair », s’est-t-elle insurgée, déplorant un « libellé faible », comme « un placebo contre une maladie mortelle », et des « engagements vagues ».  L’Union européenne (UE) a, elle, estimé que l’adoption par consensus envoyait un signal fort, alors que l’on célèbre le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris.  Elle a refusé de choisir entre deux luttes, celle contre la pandémie et celle contre les changements climatiques: « il faut s’attaquer aux deux », a-t-elle tranché, souhaitant voir créer des emplois dans les domaines des énergies renouvelables et de la restauration des espaces naturels. 

Quant à la Chine, elle a vertement critiqué sans les nommer les États-Unis, pour ce qu’elle considère comme des tentatives d’ébranler le consensus, leurs velléités unilatérales, leur retrait de l’Accord de Paris.  « Ce pays prétend que le Programme 2030 et d’autres accords internationaux ne sont pas juridiquement contraignants et n’entraînent pas de contraintes financières », a-t-elle protesté.

Le troisième projet de résolution adopté ce matin détaille le contenu d’une prochaine conférence dédiée à l’eau qui se tiendra en mars 2023.  Plusieurs pays ont expliqué leur soutien au texte par le caractère indispensable de la coopération entre les pays dans la gestion de l’eau.  Elle deviendra de plus en plus cruciale dans le futur avec la demande croissante en eau et les changements climatiques, ont expliqué l’UE, le Japon ainsi que l’Iraq, pour qui l’ONU est « l’enceinte appropriée » pour discuter de l’importance de l’eau sur le développement durable. 

La Commission se réunira de nouveau, courant décembre, pour se prononcer sur un dernier projet de résolution traitant de l’Examen quadriennal des activités de développement du système des Nations Unies.

DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition

Le projet de résolution intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition » (A/C.2/75/L.56), adopté sans vote, traite des difficultés persistantes pour réaliser l’objectif 2 de développement durable sur l’élimination de la faim dans le monde.  Ces dernières sont aggravées par la pandémie de COVID-19, souligne le texte qui prévient aussi que des changements en profondeur sont nécessaires pour réaliser l’objectif d’éliminer la faim et l’insécurité alimentaire.  Le projet inclut aussi des références aux dégâts causés par la pandémie sur l’insécurité alimentaire et les productions agricoles.

Le texte se félicite de l’initiative prise par le Secrétaire général de convoquer le Sommet sur les systèmes alimentaires en 2021.

Demeurant profondément préoccupée par l’insécurité alimentaire et la malnutrition dont souffrent toujours des centaines de millions de personnes, l’Assemblée constatera néanmoins via ce texte qu’un nombre croissant de pays, notamment en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans le Pacifique, intègrent la sécurité alimentaire et la nutrition dans leurs politiques agricoles et plans d’investissement.

Citant le prochain Sommet Nutrition pour la croissance qui doit se tenir à Tokyo en 2021, le texte prie instamment les États Membres et les autres parties prenantes de promouvoir une action collective visant à remédier aux conséquences de la pandémie de COVID-19 sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.  Pour y parvenir, il préconise notamment de favoriser l’agriculture et les systèmes alimentaires durables, en assurant l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Il encourage à prendre des mesures pour assurer la sécurité alimentaire et la nutrition durant la pandémie, et pour réduire au minimum les vastes répercussions de cette dernière.

Il souligne qu’il faut accélérer la résilience et la capacité d’adaptation des systèmes alimentaires face à la variabilité du climat et aux phénomènes climatiques extrêmes en vue de libérer le monde de la faim et de la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030 : il engage en particulier la communauté internationale à continuer d’appuyer la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine et son cadre de résultats.

Le texte rappelle aussi que la population urbaine mondiale devrait pratiquement doubler d’ici à 2050 : il recommande donc de se focaliser sur la sécurité alimentaire des populations urbaines pauvres.

Il note enfin le commencement de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028).  À cet égard, il préconise l’application intégrale de la résolution dédiée, et accueille avec satisfaction le plan d’action mondial de la Décennie visant à promouvoir l’élaboration, l’amélioration et la mise en œuvre de politiques publiques en matière d’agriculture familiale.

Après l’adoption, l’Union européenne (UE) s’est félicitée de l’adoption par consensus de ce « texte important » sur les questions de développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition, qui sont la pierre angulaire de l’objectif 2 de développement durable (élimination de la faim).  Elle a souligné que la pandémie est bien plus qu’une crise sanitaire, car elle risque d’affecter la sécurité alimentaire dans le monde.  Dès lors, cette résolution devrait donner une voie à suivre sur la transformation à effectuer pour des systèmes alimentaires durables, surtout à l’aune du Sommet sur les systèmes alimentaires en 2021.

L’UE a toutefois indiqué qu’elle aurait préféré un libellé plus fort sur la question des changements climatiques.  Elle a plaidé en faveur de systèmes alimentaires durables et plus verts, ainsi que pour l’inclusion du principe « Un monde, une santé » dans le texte de la résolution. 

Les États-Unis ont apprécié que ce texte salue le rôle important que joue le développement agricole pour la sécurité alimentaire.  S’agissant du paragraphe 12 du préambule, qui fait référence à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, ils ont rappelé que les États-Unis avaient toujours soutenu les objectifs de ce programme.  Ils ont cependant indiqué être préoccupés par le libellé de certains points de l’Agenda 2063 qui n’est pas forcément conforme avec les prescriptions de l’OMC, en particulier pour ce qui est de la baisse des importations alimentaires.  La délégation a voulu de nouveau rappeler que les États-Unis ne plaident pas en faveur du protectionnisme et ne voient pas l’intérêt d’y faire allusion dans ce texte.  Tout en œuvrant, dans leurs politiques, en faveur du droit à l’alimentation, les États-Unis ont souligné qu’il ne s’agit cependant pas d’une obligation pour eux, n’étant pas partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.   La résolution ne devrait pas définir le contenu de ce droit et des droits y afférant, a conclu la délégation.

Le Royaume-Uni a souligné les conséquences de la COVID-19 sur les systèmes alimentaires dans le monde ainsi que l’impératif de repenser l’environnement pour qu’il soit au service de la santé, du développement durable et de la sécurité alimentaire.  La délégation a regretté que la référence au principe « Un monde, une santé » n’ait pas été reprise dans ce texte et a émis l’espoir que ce serait rectifié l’année prochaine.

Développement durable

Le projet de résolution intitulé « Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures » (A/C.2/75/L.26/Rev.1) a été adopté dans son ensemble sans vote, après cependant quatre votes enregistrés sur deux projets d’amendement. 

Le premier amendement (A/C.2/75/L.59) a été rejeté par 54 voix pour, 102 voix contre et 2 abstentions (Madagascar et Turquie). 

Présenté par les États-Unis, il proposait de remplacer le paragraphe 10 du projet par le paragraphe suivant:

« 10. Réaffirme qu’elle est attachée à réaliser le développement durable dans ses trois dimensions –économique, sociale et environnementale– d’une manière équilibrée et intégrée; ».

Le paragraphe final se lit comme suit: « 10. Souligne qu’il convient d’agir collectivement afin de promouvoir le développement durable dans ses trois dimensions d’une manière novatrice, coordonnée et respectueuse de l’environnement, et dans un esprit d’ouverture et de solidarité; ».

Avant le vote sur cette proposition d’amendement, les États-Unis ont commenté leur initiative.  Les trois mots proposés par les États-Unis devraient être, selon eux, familiers à toutes les délégations: ils sont une innovation précieuse tirée du Programme 2030, ont-ils rappelé.  Il faut, ont-ils plaidé, réaliser le développement durable dans ses trois dimensions, « économique, sociale et environnementale », comme indiqué dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Or, dans le paragraphe actuel, on s’éloigne de cette idée. »

Pour le Mexique, qui a voté en faveur du projet d’amendement, la modification est d’importance.  Le Mexique a relevé en effet que la question des changements climatiques est indissociable du développement durable.  Il a réaffirmé son plein appui à la réalisation des cibles et expliqué son vote en disant vouloir appuyer « tout ce qui promeut les objectifs de développement durable ». 

Une mise aux voix a ensuite été demandée pour conserver le paragraphe 10 du dispositif en l’état.  Par 83 voix pour, 61 voix contre et 6 abstentions (Côte d’Ivoire, Islande, Guinée équatoriale, Madagascar, Norvège et Suisse), le paragraphe 10 du dispositif a été confirmé.

Après ce vote, la Chine a fait une déclaration pour dire qu’elle promouvait la neutralité carbone et les accords internationaux visant l’atténuation des changements climatiques d’une manière équilibrée, espérant que toutes les délégations travailleraient ensemble pour réaliser le Programme 2030.

Après le vote, Le Brésil, le Venezuela, le Botswana, la Libye, le Yémen, la République dominicaine, la Tunisie, le Mozambique, le Gabon, la République centrafricaine, Djibouti, le Kenya et le Tchad ont demandé oralement à rectifier leur vote; ils avaient voté contre par erreur.  Ils se sont donc positionnés en faveur de la conservation du paragraphe 10.

Un deuxième amendement (A/C.2/75/L.60), présenté par la Fédération de Russie, a été rejeté.  Il n’a reçu que 2 voix pour (Bélarus et Fédération de Russie), 150 voix contre et 2 abstentions (États-Unis et Madagascar).  Il proposait d’ajouter, dans le paragraphe 2, les termes « selon qu’il conviendra, » après « mesures de relance liées à la COVID-19 »; de supprimer les termes « les investissements et » après « en alignant »; et de supprimer le membre de phrase « et à rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques, ».

Avant le vote, la Fédération de Russie a fait remarquer que, en conséquence de la pandémie, plusieurs objectifs de développement durable étaient menacés, que les systèmes nationaux de santé étaient débordés et que des millions de personnes avaient été mises au chômage.  Dans ces conditions, la Fédération de Russie a jugé « incorrect » que des délégations cherchent à imposer ce qu’elle a considéré comme des « démarches de relèvement déséquilibrées », notamment la régulation des flux financiers.  « La position russe a été communiquée maintes fois, mais le projet contient toujours des propositions polémiques, inacceptables pour la Russie », a dit la délégation qui a demandé par ailleurs à savoir quel État Membre avait demandé un vote sur sa proposition d’amendement. 

« Le vote a été demandé par le Guyana », a précisé le Président de la Deuxième Commission.

Le Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré aussitôt que le Groupe voterait contre le projet d’amendement.

Après le vote, la Fédération de Russie a regretté le résultat, qui montre, selon elle, que les délégations ne sont pas prêtes au compromis. 

Une mise aux voix a ensuite été demandée par la Fédération de Russie concernant la conservation du paragraphe 2.  La délégation russe a appelé à voter contre, et le Groupe des 77 et de la Chine a aussitôt répliqué qu’il voterait pour. 

La conservation du paragraphe a été approuvée par 154 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Fédération de Russie) et une abstention (Madagascar). 

Le projet de résolution intitulé « Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures » (A/C.2/75/L.26/Rev.1), qui a finalement été adopté dans sa version originale, demande instamment aux États Membres de tenir compte du climat et de l’environnement dans les mesures de relance liées à la COVID-19. 

Il recommande aux pays d’aligner leurs politiques nationales sur le Programme 2030, l’Accord de Paris et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, afin de reconstruire en mieux et d’accélérer la transition vers des économies et des sociétés à faibles émissions de carbone.

Il soutient l’Accord de Paris mais se préoccupe que les contributions déterminées au niveau national présentées à ce jour par les Parties à l’Accord ne soient pas suffisantes.  Des mesures doivent être prises pour contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, insiste le texte, évoquant notamment comme moyen le renforcement des capacités d’adaptation et de résilience.

Le projet attend avec intérêt l’organisation par le Gouvernement du Royaume-Uni, à Glasgow, du 1er au 12 novembre 2021, de la vingt-sixième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations sur les changements climatiques, de la seizième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto, et de la troisième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris. 

Il décide en outre d’inscrire au calendrier des conférences et réunions des Nations Unies pour les années 2022 et 2023 les sessions de la Conférence des Parties à la Convention et de ses organes subsidiaires.

Avant l’adoption, le Belize, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déploré que l’ONU rate encore l’occasion d’un engagement clair.  L’AOSIS a déploré un libellé faible, comme « un placebo contre une maladie mortelle », et des « engagements vagues ».  Selon la délégation, la résolution actuelle n’est pas assez ambitieuse; elle ne répond pas de manière adéquate aux défis en matière d’investissements, de financement et de renforcement des capacités.  L’AOSIS a également regretté que le paragraphe 2 ne reconnaisse pas les caractères spécifiques des pays en développement.  Dix ans après que les pays développés se sont engagés à fournir 100 millions de dollars par an pour lutter contre les changements climatiques, cette promesse n’est pas tenue, et les citoyens en sont tenus à lutter seuls contre la pandémie et les changements climatiques, a-t-elle poursuivi.  Qu’il n’y ait pas de mention spécifique aux pays en développement, qu’ils soient mis sur le même plan que les pays développés dans ce paragraphe 2 crée un « véritable déséquilibre », a martelé l’Association.  Elle a aussi estimé que les auteurs du projet étaient atteints de « myopie ».  L’AOSIS a demandé que soit mentionné au procès-verbal le fait qu’elle estime que le paragraphe 2 ne doit pas créer de précédent, et ne doit pas être utilisé dans d’autres textes.

Le Groupe des 77 et de la Chine a relevé que les changements climatiques étaient l’un des plus importants défis de l’époque.  Il a prôné une adoption consensuelle du projet. 

Après l’adoption, la Fédération de Russie a répété qu’elle se dissociait du paragraphe 2 du dispositif et n’en tiendrait pas compte.

L’Union européenne (UE) a estimé que l’adoption par consensus envoyait un signal fort, alors que l’on célèbre le cinquième anniversaire de l’Accord de Paris.  Il n’y a pas de choix à faire entre pandémie et changements climatiques, il faut s’attaquer aux deux, a-t-elle prôné, souhaitant voir créer des emplois dans les domaines des énergies renouvelables et de la restauration des espaces naturels.  L’UE a aussi loué les promesses faites par certains pays lors du dernier G20 d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. 

Les États-Unis ont regretté que le paragraphe 10 ne soit pas amendé.  Ils auraient préféré un « libellé de consensus » autour du développement durable.  Ils ont donc déclaré se dissocier du paragraphe 10 tout en s’associant au consensus sur ce projet.  Ils se sont aussi dissociés du paragraphe 2 du dispositif.  Concernant ce paragraphe 2 et le paragraphe 4 du préambule, ils se sont dits favorables au développement des énergies propres, et à canaliser les investissements privés à cette fin.  Concernant le relèvement contre la COVID-19, ils ont estimé qu’il n’y avait pas d’approche unique, et que chaque pays devrait organiser son relèvement comme bon lui semble.  Concernant les références au Cadre de Sendai, ils ont renvoyé à leur déclaration du 18 novembre.

Le Royaume-Uni a appelé à reconstruire en mieux et en plus vert, et a soutenu le paragraphe 2, qui lie relèvement économique et protection de l’environnement.  Il s’est dit impatient d’accueillir les délégations à Glasgow, du 1er au 12 novembre 2021, pour la vingt-sixième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations sur les changements climatiques, de la seizième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto, et de la troisième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris. 

L’Inde a estimé qu’avant de se fixer des objectifs pour 2050, il fallait d’abord se concentrer sur des objectifs à plus court terme, déjà fixés à 2030.  La délégation a appelé les pays développés à montrer plus d’enthousiasme, à l’instar de l’Inde, qui redouble d’efforts pour diminuer ses émissions carbonées.  Elle a appelé à plus de pragmatisme et engagé les pays développés à respecter leurs engagements internationaux. 

La Chine a relevé qu’« un certain pays » ébranlait l’approche consensuelle et a rejeté cette approche.  Poussé par des ambitions politiques nationales, ce « pays » s’est retiré de l’Accord de Paris et prétend que le Programme 2030 et d’autres accords internationaux ne sont pas juridiquement contraignants et n’entraînent pas de contraintes financières, a-t-elle dit.  Selon la Chine, ce « pays-là » ne fait que saper la communauté internationale, qui entend travailler par consensus.  La délégation a regretté que la locution « solutions basées sur la nature » ne fasse pas partie du dispositif final malgré le souhait de la Chine, dont le désir est de reconstruire en mieux, dans l’intérêt de tous les États Membres et de la communauté internationale. 

Le projet de résolution intitulé « Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème “L’eau et le développement durable” (2018-2028) » (A/C.2/75/L.2/Rev.1), adopté sans vote, détaille l’ordre du jour provisoire et le projet d’organisation des travaux de cette conférence qui se tiendra à New York, du 22 au 24 mars 2023, en même temps que la Journée mondiale de l’eau.

Avec ce texte, l’Assemblée réaffirmera aussi sa décision d’insister davantage sur le développement durable et la gestion intégrée des ressources en eau à des fins sociales, économiques et environnementales.

Elle accueillera avec satisfaction l’offre généreuse faite par les Gouvernements du Tadjikistan et du Royaume des Pays-Bas d’accueillir ensemble la Conférence et d’en assumer les frais.

La Conférence devra entre autres, selon le texte, évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la Décennie, y compris le Plan du Secrétaire général pour la Décennie d’action sur l’eau (2018-2028); identifier les éventuels défis et obstacles liés à la réalisation des objectifs de la Décennie. 

Elle devra aussi concevoir les actions et initiatives nécessaires pour accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs au cours de la deuxième moitié de la Décennie.  La Conférence comprendra une cérémonie d’ouverture et de clôture, six séances plénières et cinq dialogues interactifs.

Avec ce texte, l’Assemblée priera de nouveau sa présidence d’organiser à New York, en 2021, une réunion de haut niveau d’une journée pour promouvoir l’accomplissement de progrès sur la voie des objectifs et cibles relatifs à l’eau du Programme 2030.

Le texte demande en outre à sa présidence de tenir une réunion préparatoire d’une journée, d’ici à novembre 2022, au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, afin de finaliser les thèmes des dialogues interactifs et les autres questions d’organisation en suspens.

Le texte se félicite également de la contribution d’autres réunions existantes sur l’eau qui peuvent servir à alimenter le processus préparatoire de la Conférence.  Il salue à cet égard les offres généreuses du Gouvernement portugais d’accueillir un colloque de haut niveau sur l’eau pendant la Conférence des Nations Unies sur les océans, du Gouvernement allemand d’accueillir une conférence de haut niveau sur l’eau, du Gouvernement japonais d’appuyer l’organisation du Sommet Asie-Pacifique consacré à l’eau en avril 2022, du Gouvernement sénégalais d’accueillir le neuvième Forum mondial de l’eau du 21 au 26 mars 2022, et d’autres États Membres d’organiser des réunions visant à alimenter l’examen approfondi à mi-parcours.

Le Secrétariat de la Deuxième Commission, qui a rappelé l’offre généreuse faite par les Gouvernements du Tadjikistan et des Pays-Bas d’accueillir ensemble la Conférence et d’en assumer les frais, a annoncé que l’organisation de la Conférence n’aurait pas de conséquence sur le budget-programme.

Après l’adoption, le Tadjikistan, coauteur du projet de résolution, a salué le consensus ayant conduit à son adoption et a fait savoir que, depuis la présentation du projet de résolution, 190 États Membres s’étaient ralliés à la liste des coauteurs.  Il a fait part de son impatience à accueillir les délégations à la Conférence.  Il a plaidé en faveur de l’eau et d’un développement durable, des moyens de garantir l’atteinte des objectifs liés à l’eau dans le Programme 2030.  Il a invité les donateurs à soutenir la préparation des pays en développement à la Conférence. 

Également coauteurs, les Pays-Bas ont réitéré que les objectifs liés à l’eau sont au cœur du développement durable.  La délégation a insisté sur l’importance de faire résonner un nouveau sentiment d’urgence sur la question de l’eau et a rappelé qu’il s’agira de la première conférence sur l’eau en 50 ans.  Elle a salué le fait que les délégations accordent une grande importance à l’eau et à l’organisation de cette conférence.

Les États-Unis ont souhaité une approche « à parties prenantes multiples » sur la question de l’eau.  Ils ont ajouté qu’ils étaient prêts à faire le nécessaire pour le succès de la Décennie d’action sur l’eau.  La délégation a rappelé qu’elle n’était pas partie à tous les instruments internationaux, en particulier ceux qui menacent la vie et les conditions de vie sur terre, avant de renvoyer à sa déclaration du 18 novembre sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les autres accords internationaux.

L’Éthiopie a indiqué s’être jointe au consensus, reconnaissant l’importance de l’eau dans la réalisation du développement durable dans ses trois dimensions.  Le pays a prévenu que les paragraphes 8 et 16 du préambule de la résolution ne devront pas être considérés comme « convenus » pour des futures négociations.

L’Union européenne a salué le consensus sur le projet de résolution et a martelé que le Programme 2030 reste le cadre de ses actions.  Elle a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de ce programme et a déploré que certaines délégations aient formulé des objections à l’inclusion de références explicites aux objectifs de développement durable relatifs à l’eau.  Elle a estimé que le Programme ONU-Eau, qui plaide et communique dans le cadre de la Décennie, avait un rôle clef à jouer dans la préparation de la Conférence et de l’événement en tant qu’organe de coordination des Nations Unies pour les questions relatives à l’eau.  Cela aurait dû être plus clairement reflété dans le texte, a estimé la délégation.  Rappelant que la grande majorité des bassins versants dans le monde traversent les frontières nationales, elle a souligné le caractère indispensable de la coopération entre les pays dans la gestion de l’eau.  Cela deviendra encore plus important avec la demande croissante en eau et les changements climatiques, a-t-elle ajouté.  La délégation a regretté à cet égard que l’Assemblée générale n’ait pas été en mesure de prendre une position plus ferme en faveur d’une action accélérée en matière de coopération transfrontière.

Le Japon, qui s’est rallié au consensus, a prédit que les catastrophes liées à l’eau seront appelées à se multiplier à cause des changements climatiques.  Il a réitéré la nécessité de déployer des efforts supplémentaires pour réaliser les cibles internationalement agréées comme le Programme 2030, le Cadre de Sendai et l’Accord de Paris, au lieu de se focaliser uniquement sur l’objectif de développement durable no 6.  La délégation a annoncé qu’en avril 2022, elle organisera le quatrième Sommet Asie-Pacifique sur l’eau au Japon pour discuter de l’accès à l’eau et des questions relatives à l’eau, y compris les catastrophes liées à l’eau et la distribution.

L’Iraq, qui s’est joint au consensus, a souligné l’importance de l’objectif de développement durable 6 et de la première conférence liée à l’eau depuis 1977, étant donné l’importance de l’eau pour la vie et l’agriculture.  Il a annoncé qu’il était en faveur de la coopération transfrontalière sur l’eau afin de garantir le développement durable, la paix et la sécurité internationales.  Pour l’Iraq, l’ONU est l’enceinte appropriée pour discuter de l’importance de l’eau sur le développement durable.

Le Pakistan a dit que la conférence de 2023 sur l’eau était essentielle pour son pays qui souffre régulièrement de pénuries d’eau.  C’est une menace à la paix et la sécurité internationales, a prévenu la délégation qui a espéré que la Conférence arriverait à régler la question de la coopération transfrontalière liée à l’eau.

L’Égypte a souligné le rôle clef que joue l’eau pour l’intégration régionale et le développement durable.  Le nombre de problèmes liés à l’eau continue d’augmenter, a estimé la délégation, rappelant que 153 pays partagent 263 lacs et rivières transfrontaliers.  Il faut donc coopérer afin de régler toute crise existentielle liée à l’eau, a-t-elle prôné.  L’ONU ne peut pas fermer les yeux sur cette question, a alerté l’Égypte pour qui la Conférence sera une occasion de mener des discussions ouvertes et complètes sur la question de l’eau.  Il ne faudra occulter aucun problème, a plaidé la délégation. 

L’Afghanistan a estimé que le projet de résolution recouvrait les questions importantes liées à l’eau, avant de réaffirmer son appui pour assurer la réussite de la Conférence et les mesures pour y parvenir.

Le Saint-Siège a salué l’adoption de la résolution.  En 2023, la Conférence consacrée à l’examen à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème sera l’occasion de discuter des difficultés et des obstacles à la mise en œuvre de ladite décennie, a-t-il souhaité.  Après avoir salué les points positifs de la résolution, le Saint-Siège s’est félicité du paragraphe 8 du préambule. 

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