Soixante-quinzième session,
8e séance plénière – après-midi
AG/EF/3545

La Deuxième Commission parachève ses travaux par l’adoption de la résolution sur l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a achevé ses travaux, cet après-midi, en adoptant son projet de résolution phare sur l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement des Nations Unies.

Le Président de la Deuxième Commission, M. Amrit Bahadur Rai, a insisté dans son discours de clôture sur le caractère unique et inédit de cette session: le travail de la Commission a été affecté par la pandémie tant dans son contenu que dans ses méthodes de travail; elle a forcé les délégations à réduire l’ampleur des changements et des résultats espérés.

Malgré cette révision des ambitions à la baisse dues aux contingences sanitaires, la Deuxième Commission a adopté cette année 36 projets de texte –soit 11 de moins que l’an dernier- après 10 semaines de débats et d’intenses négociations.  Cela n’est pas forcément une régression: des voix s’étaient inquiétées, l’an dernier, du nombre de projets records examinés, et de la pertinence de plusieurs d’entre eux.

Pour cette session comparable à aucune autre, « nous avons concentré nos efforts sur la résolution relative à l’examen quadriennal et celle sur la « Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème “L’eau et le développement durable” (2018-2028) », a souligné le Président Rai.

 « Priorité de la Commission », la résolution du jour définit l’axe et les orientations des activités opérationnelles de développement pour les quatre prochaines années.  Des années « plus importantes que jamais », en raison du gigantesque impact économique et sanitaire de la pandémie.

Le Président avait bien insisté sur la nécessité impérieuse du compromis et du consensus autour du texte en début de séance.  Bien qu’il soit « loin d’être parfait », le texte est « une réalisation importante », qui fournira les orientations dont le système des Nations Unies pour le développement a tant besoin.

Des vœux non exaucés, la Fédération de Russie ayant rompu le consensus en demandant un vote sur l’ensemble du projet, après avoir proposé deux amendements, l’un et l’autre rejetés.  Derrière la promotion de l’action climatique évoquée dans le texte se cacherait selon la Russie « une lutte pour obtenir des marchés »; derrière la promotion de la sécurité, « une tentative d’ingérence pour obtenir des marchés intérieurs ».  Le projet a finalement été adopté par un vote unanime, moins l’abstention russe.

Une attitude vivement critiquée par le Groupe des 77 et de la Chine (G77), qui a déploré des « amendements de dernière minute ».  Accusation balayée par la Russie qui a rétorqué avoir émis des réserves dès le début des travaux.  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a regretté le manque de cohésion, de même que le CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) qui s’est désolé du « consensus rompu ».  « Nous ne sommes pas soudés quant au fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement », a déploré l’AOSIS.

Beaucoup de délégations, comme le Mexique, ont néanmoins félicité l’équilibre et le pragmatisme du projet, pavant la route vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et un multilatéralisme renforcé.

Le texte, long de 27 pages, prévoit notamment la mise en place d’une stratégie de financement plus durable.  Le Royaume-Uni a insisté sur la nécessité de revoir le « pacte de financement » pour tenir compte de la réalité sur le terrain.  Les États-Unis ont salué le paragraphe sur le caractère volontaire du financement, tandis que le Japon a souligné le rôle essentiel des ressources volontaires pour répondre à des besoins spécifiques sur le terrain.  L’Union européenne (UE) a toutefois regretté que son paragraphe sur le pacte de financement n’ait pas été retenu.

Pour l’UE, le texte adopté n’est pas aussi clair et consensuel qu’espéré.  L’UE s’est indignée des tensions autour des libellés concernant les violences sexuelles et les droits humains, estimant que l’autonomisation de femmes et l’égalité des sexes devraient dorénavant se retrouver mentionnées dans tous les travaux de développement.

De son côté, Israël a soulevé le risque d’une politisation du texte à cause des termes « pays et peuples sous occupation étrangère » figurant au paragraphe 10 et a proposé un amendement pour les supprimer, mais sa proposition a été rejetée.

Mme Maria-Francesca Spatolisano, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a félicité les délégations pour l’adoption du projet du jour, « feuille de route du Programme 2030 » comme l’a souligné le Saint-Siège, dans un contexte mondial aggravé par la pandémie et l’augmentation de l’extrême pauvreté.  Elle a rappelé que les travaux avaient mis en évidence la crise mondiale de la dette et les questions de reconstruction.

Dans son intervention liminaire d’octobre dernier, au début des travaux de la Commission, le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, avait commenté les graves répercussions sur les pays en développement du ralentissement économique mondial entraîné par la pandémie, en particulier sur les pays dépendant des exportations, dans un contexte d’effondrement des marchés.  Reprenant les conclusions de l’économiste, le Président Rai a rappelé que de nombreux pays voient leur dette continuer à augmenter. 

Un contexte très inquiétant, qui a rendu le thème de cette session d’autant plus à propos: « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable ».  « Cela résume l’essence de notre travail cette année et, je le pense, le travail de notre Commission dans les années à venir. »

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DE DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

Décision concernant le projet de résolution et les amendements proposés

Avant la présentation des projets d’amendements sur le projet de résolution à l’examen, la Fédération de Russie a pris la parole pour reconnaître « les efforts colossaux » consentis par les délégations tout au long des travaux.  La Russie a démontré sa volonté de parvenir à un compromis et de dégager un consensus, a assuré l’orateur pour qui, dans les circonstances actuelles, une des tâches prioritaires de la communauté internationale est d’afficher sa solidarité et sa cohésion, afin d’aider les pays dans le besoin et les citoyens ordinaires. 

La Russie a donc appelé à s’abstenir d’adopter des mesures unilatérales illégales en contournant le Conseil de sécurité.  Ces mesures nuisent directement, selon elle, à la capacité des États d’acheter des biens de première nécessité et des médicaments.

La Russie a aussi attiré l’attention sur le fait que les dérogations humanitaires ne fonctionnent pas et compliquent la lutte contre la pandémie.  Par ailleurs, la délégation a estimé que la résolution ne traite pas de manière équilibrée, ni réaliste, des thèmes des changements climatiques et de l’égalité entre les sexes.

Cependant, les arguments de la Russie n’ont pas été pris en compte, a déploré l’orateur, notamment concernant l’alinéa 10 du préambule, « qui peut être interprété dans sa forme actuelle comme encourageant le travail des enfants », ainsi que les paragraphes 29 b) et 30.

La Russie a souhaité profiter de cette intervention pour présenter son amendement, mais le Président de la Deuxième Commission a préféré s’en tenir au déroulé prévu de la séance.

Examen du projet de résolution A/C.2/75/L.61

Le projet de résolution intitulé « Examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies » (A/C.2/75/L.61) a été adopté par 167 voix pour, zéro voix contre et une abstention (Fédération de Russie).

Dans ce texte, il est dit que l’Assemblée veut faire de cet examen quadriennal l’outil principal pour conseiller le système des Nations Unies pour le développement sur ses activités opérationnelles de développement, le but final étant d’aider les pays en développement à appliquer le Programme 2030.  

Sous la forme d’un examen détaillé de 27 pages, le texte passe en revue tous les aspects des activités opérationnelles de développement: leurs orientations générales, ce qu’elles apportent, la question de leur financement et de leur gouvernance.  Il examine enfin le fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement.

Le texte définit d’abord les éléments qui caractérisent les activités opérationnelles de développement: l’universalité, le financement volontaire et à titre gracieux, la neutralité et le multilatéralisme.

Soulignant qu’il n’existe pas de solutions toutes faites en matière de développement, le texte explique que l’atout du système des Nations Unies pour le développement réside dans la légitimité que lui reconnaissent les pays: c’est un partenaire neutre, objectif et transparent.  Les gouvernements assument au premier chef la responsabilité du développement de leur pays, insiste le texte: ils coordonnent, en s’appuyant sur leurs stratégies et priorités nationales, toutes les formes d’aide extérieure.  

Sur la question du financement, l’Assemblée est consciente qu’intégrer le Programme 2030 aux objectifs de développement nécessite de mettre en place une stratégie de financement plus durable.  Les contributions volontaires aux activités opérationnelles de développement doivent être adaptées, tant en volume qu’en qualité.  Il s’agit de les rendre plus prévisibles, transparentes et efficaces, moins restrictives, et mieux alignées sur les priorités et plans nationaux définis par les pays de programme.

Concernant la gouvernance du système des Nations Unies pour le développement, l’examen souligne que sa structure doit être plus transparente, responsable et attentive aux besoins des États Membres.  L’indépendance, la crédibilité et l’efficacité du bureau chargé des évaluations doit être garantie: le texte prie à cet égard le Secrétaire général de donner au Conseil économique et social (ECOSOC), lors de son débat de 2021 consacré aux activités opérationnelles de développement, les informations utiles sur la structure du bureau envisagé.

Le texte prie enfin le Secrétaire général de présenter à l’ECOSOC, en 2021, 2022 et 2023, un rapport concernant l’application des dispositions de la présente résolution à l’échelle du système.

Avant le vote, la Fédération de Russie a demandé, « avec de profonds regrets », à mettre le projet aux voix.

Après le vote, le Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a réaffirmé son soutien à la résolution, qui met en place des orientations stratégiques ainsi que des modalités opérationnelles au niveau du système des Nations Unies pour le développement.  Un document important, qui fournit des indications claires, afin que celui-ci puisse aider les pays à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Le Groupe s’est inquiété cependant que les délibérations soient minées par des « propositions d’amendement de dernière minute ».  Le G77 a jugé malheureux que des délégations continuent à se demander quels pays avaient le plus besoin de cette assistance.  Le Groupe a travaillé de manière constructive, fait preuve de souplesse, intégrant tous les points de vue.  Il a pleinement appuyé l’appel à éradiquer la pauvreté dans le texte.  

Le Groupe aurait préféré que le texte se concentre uniquement sur le développement, avec moins de libellés insistant sur les inégalités de genre, mais il a fait preuve de compromis.  Il a remercié toutes les délégations pour leur participation et a espéré que le système des Nations Unies pour le développement gagnerait à l’avenir en cohérence et qu’il appuierait les programmes de pays dans leurs efforts de réaliser le Programme 2030.

L’Allemagne, au nom de l’Union européenne (UE), a apprécié les améliorations sensibles apportées au texte depuis l’an dernier, notamment les références aux droits de l’homme et à l’appui humanitaire.  Les mentions sur les violences sexuelles et sexistes sont apportées pour la première fois, s’est réjouie l’UE.

Cependant, l’UE aurait préféré un processus moins chaotique, des réflexions plus approfondies, des négociations plus simples.  Le texte adopté n’est pas aussi clair et consensuel qu’espéré, selon l’UE qui s’est dite particulièrement indignée par les échanges concernant les violences sexuelles et les droits humains: ils ne sont pas de bon augure.  L’autonomisation de femmes, l’égalité des sexes devraient pourtant se retrouver mentionnées dans tous les travaux de développement dorénavant, a estimé l’UE.

L’UE a aussi regretté que son paragraphe proposé sur la participation des jeunes n’ait pas été retenu, tout comme celui sur le pacte de financement.  Concernant les changements climatiques, l’UE a relevé que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes allait de pair avec la lutte contre les changements climatiques.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le Bélize a regretté l’absence de consensus sur la résolution.  Nous ne sommes pas soudés quant au fonctionnement du système de développement des Nations Unies, a regretté la délégation qui a dénoncé un mouvement délibéré de détourner le système de son objectif.  Lorsque nous nous sommes engagés dans le cadre du Programme 2030, on aurait espéré pouvoir tirer aujourd’hui des enseignements précieux pour avancer.  « Hélas, certains ont remis en question des paragraphes. »  On ne peut pas se contenter de deux ou trois priorités, a indiqué la délégation qui a souhaité que l’examen quadriennal complet se concrétise par des actes concrets sur le terrain.  « Si nous continuons de reporter les problèmes à plus tard, comment parvenir à les résoudre si nous ne sommes pas soudés? »

Au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), le Canada a regretté que le consensus ait été rompu sur la résolution.  Il a toutefois salué l’union des États Membres pour réaliser le Programme 2030 dans les prochaines années.  Il faut renforcer les outils des Nations Unies et l’établissement des responsabilités au Secrétariat, a recommandé le Canada pour qui le système des Nations Unies pour le développement doit permettre d’anticiper les crises et de gérer les risques existants.

La délégation des États-Unis s’est dissociée du paragraphe 10 de la résolution qui constitue néanmoins selon elle une orientation stratégique importante pour le système des Nations Unies pour le développement.  La délégation a réitéré son appui à l’appropriation nationale des objectifs et des priorités de développement.  Pour elle, l’ONU et les États Membres doivent embrasser les principes humanitaires.  Elle a souligné l’importance de l’appui aux équipes pays des Nations Unies ainsi qu’à l’établissement des responsabilités, qui est « essentiel dans tout le système des Nations Unies ».  Les États-Unis ont salué le paragraphe sur le caractère volontaire du financement du développement mais se sont dit préoccupés des indicateurs de rentabilité.  Ils ont également demandé le respect des droits de l’homme reconnus par tous.  S’agissant de la transition énergétique et du Programme 2030 ainsi que de l’Accord de Paris sur le climat, la délégation a renvoyé à sa déclaration du 18 novembre sur notamment le Programme 2030.

Le Mexique s’est félicité du pragmatisme et de l’équilibre du texte, et du fait qu’il prenne en compte « les défis du siècle ».  Le facilitateur a fait preuve de compromis et fait au mieux, selon le Mexique qui a dit appuyer pleinement le texte.

Concernant le paragraphe 12 de la résolution, la Hongrie a annoncé sa préférence pour une référence plus générales aux groupes vulnérables et aux personnes en situation de vulnérabilité.  L’inclusion des migrants dans ces énumérations est inacceptable pour la délégation qui aurait voulu que le texte évite de parler des personnes en situation de vulnérabilité.

L’Afghanistan est intervenu brièvement pour déclarer que c’est l’action sur le terrain qui fera la différence et qui révélera le succès du texte et du système des Nations Unies pour le développement.

Le Japon a dit reconnaître l’importance cruciale des contributions de base qui constituent le fondement des activités des Nations Unies.  Il s’est toutefois dit convaincu que les ressources volontaires jouent aussi un rôle essentiel pour répondre à des besoins spécifiques sur le terrain, lorsqu’elles sont utilisées stratégiquement.  Les deux types de ressources se complètent l’un l’autre, selon le Japon.

Concernant le renforcement des institutions, la Japon a apprécié le fait que leur importance soit reconnue, d’autant plus dans les pays touchés par des conflits.  La mise en place d’institutions efficaces, responsables et inclusives est essentielle pour renforcer la confiance des citoyens dans leur gouvernement, condition indispensable pour s’attaquer aux causes profondes des troubles sociaux et des conflits, a fait valoir la délégation.  Selon elle, les Nations Unies peuvent apporter une contribution significative dans ce domaine, en coordination avec l’aide humanitaire et les efforts de consolidation de la paix.

Enfin, le Japon a vivement regretté que les informations concernant les incidences budgétaires n’aient pas circulé avant la fin de la semaine, sans partage d’informations préalable et sans discussion sur le sujet durant les négociations informelles.  Il a réclamé plus de transparence à l’avenir.

La Fédération de Russie a estimé que les négociations avaient laissé à désirer cette année; elles eurent été meilleures avec plus d’écoute de la part des États Membres.  Elle a qualifié de « lamentable » que des délégations refusent de négocier à la fin du processus, tout en sachant qu’il n’y avait pas de consensus.  « Cela en dit long sur le respect de l’esprit des Nations Unies par certaines délégations », a estimé l’orateur.

Pour la Russie, derrière la promotion de l’action climatique se cache une lutte pour obtenir des marchés; derrière la promotion de la sécurité se cache une tentative d’ingérence pour obtenir des marchés intérieurs.  Ces questions continueront d’être soulevées par la Russie, a prévenu la délégation.  Regrettant le manque de consensus au sein des délégations, la Russie a rejeté avec force les accusations à son encontre de proposer des « changements à la dernière minute »; au contraire, elle avait émis des réserves dès le début des travaux.

La Russie continuera à appliquer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 « sans se laisser guider par les approches égoïstes qui ont guidé l’écriture de ce texte », a enfin déclaré la délégation.

Examen de l’amendement A/C.2/75/L.62

Israël a proposé un premier amendement (A/C.2/75/L.62) au projet de résolution L.61, qui consistait à supprimer, au paragraphe 10, la locution « et aux pays et peuples sous occupation étrangère » après « sortant d’un conflit ».  L’amendement a été rejeté, n’ayant reçu que 5 voix pour (Australie, Brésil, Canada, Israël, États-Unis), 106 voix contre et 45 abstentions.

Avant le vote, la délégation d’Israël a déclaré avoir voulu éviter de que soient politisées les questions comprises dans la résolution L.61, mais n’y être pas parvenu.  La délégation a expliqué qu’elle souhaitait modifier le paragraphe 10, pour « séparer la promotion du développement des querelles politiques ».

Le Guyana, au nom du groupe des 77 et la Chine, a dit ne pas pouvoir appuyer cet amendement proposé par Israël.

Après le vote, les États-Unis ont exprimé leurs vives préoccupations au sujet de la référence à « l’occupation étrangère » au paragraphe 10, qui va à l’encontre de l’esprit de l’Examen Quadriennal, selon eux.  « Ce paragraphe controversé continue de nous détourner de l’objectif de l’Examen Quadriennal complet », a regretté l’oratrice.

Examen de l’amendement CRP.4/Rev.1

Avant de présenter son amendement révisé au paragraphe 30, la Fédération de Russie a déclaré que ce paragraphe était « sans précédent et contre-productif ».  On y prie le Secrétaire général de « veiller à la mise en œuvre intégrale et effective, dans l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement, y compris ses institutions spécialisées, fonds et programmes, de l’Approche stratégique du système des Nations Unies face aux changements climatiques et du cadre du système des Nations Unies pour les stratégies environnementales ainsi que de leurs versions révisées ultérieures, et de continuer à œuvrer à la définition d’une méthode commune d’intégration des approches relatives à la biodiversité et des approches écosystémiques favorables au développement durable dans la planification et l’exécution des politiques et des programmes de l’Organisation, afin qu’elle soit rapidement et efficacement appliquée dans l’ensemble du système des Nations Unies, dans le respect des politiques, plans, priorités et besoins de développement définis par chaque pays. »

Cette « Approche stratégique », a insisté la Russie, est un document purement interne au Secrétariat élaboré en 2017.  « Elle n’a été ni approuvée ni discutée au niveau intergouvernemental. »  De ce fait, selon la Russie, en adoptant le paragraphe 30 en l’état, les États Membres créeraient un précédent dangereux et fâcheux et adopteraient une approche non agréée au niveau intergouvernemental.  L’amendement que propose la Russie permettra, selon elle, d’adopter la résolution par consensus.  La Russie a prévenu que, dans le cas contraire, il n’y aurait pas consensus sur la résolution dans son ensemble.  « Ce ne sera pas de notre faute », s’est dédouané la délégation.

Le Groupe des 77 et de la Chine a assuré que, durant les négociations, son Groupe avait montré la plus grande souplesse et le plus de compréhension possible pour arriver à un consensus.  Ce document constituant un tout, le Groupe n’appuiera pas l’amendement de la Russie, a-t-il annoncé.

Au nom de l’Union européenne, l’Allemagne, qui a demandé un vote sur l’amendement de la Russie, a souligné que ce paragraphe avait fait l’objet de négociations délicates.  Ce paragraphe maintient un équilibre délicat sur les changements climatiques et l’environnement, selon l’UE qui a déclaré s’opposer à l’amendement de la Fédération de Russie.

La Fédération de Russie a donc présenté le texte de l’amendement qu’elle proposait (A/C.2/75/CRP.4/Rev.1) qui consistait à enlever la première partie du paragraphe 30, à savoir: « de veiller à la mise en œuvre intégrale et effective, dans l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement, y compris ses institutions spécialisées, fonds et programmes, de l’Approche stratégique du système des Nations Unies face aux changements climatiques et du cadre du système des Nations Unies pour les stratégies environnementales ainsi que de leurs versions révisées ultérieures, et ».

L’amendement a été rejeté par 146 voix contre et 2 abstentions (États-Unis et Palaos).  Seuls le Bélarus et la Fédération de Russie ont voté pour.

Après le vote, la Fédération de Russie a dit qu’elle était forcée de revenir à la version précédente de l’amendement au paragraphe 30, telle que distribuée hier, et de la présenter à nouveau au vote, en tant qu’amendement oral.

L’amendement initial de la Fédération de Russie (A/C.2/75/CRP.4) a été lui aussi rejeté par 146 voix contre, 2 pour (Bélarus, Fédération de Russie) et l’abstention des États-Unis.

Le Royaume-Uni a recommandé que, après la pandémie de COVID-19, tout le système des Nations Unies pour le développement soit recadré en vue de la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle.  La délégation s’est dite déçue que le texte ne soit pas suffisamment fort concernant les droits des personnes.  Elle a reconnu les progrès réalisés depuis l’adoption du Programme 2030, mais a regretté l’absence de coordination entre les Nations Unies et les institutions de financement pour le financement dont ont besoin les pays les plus pauvres.  La délégation a insisté sur la nécessité d’harmoniser le financement des activités de développement et de revoir ce « pacte de financement » pour tenir compte de la réalité sur le terrain.

Israël, qui a voté pour la résolution, s’est dissocié du paragraphe 10.  La délégation a dit qu’elle était préoccupée par « la politisation de la Deuxième Commission et de ses travaux ».

Le Saint-Siège a rappelé que l’examen quadriennal est une feuille de route pour la mise en œuvre du Programme 2030.  La délégation a demandé de préserver la continuité de cette mise en œuvre par les États et l’engagement de ceux-ci en ce sens.  Elle a dit qu’elle aurait aimé un consensus sur la résolution.  Elle s’est réjouie du fait que le texte réaffirme l’importance des objectifs d’éradication de la pauvreté et de la faim.  Le Saint-Siège a ajouté qu’il était préoccupé du rajout de plusieurs paragraphes qui ne sont pas du ressort de l’examen quadriennal complet.  Ce sont des tentatives de torpiller la résolution qui nous écartent des objectifs et qui minent l’approche basée sur le consensus, a-t-il analysé.  Tout ceci laisse présager des négociations difficiles au sein de la Deuxième Commission, s’est inquiété le Saint-Siège.

Clôture des travaux de la Deuxième Commission

En sa qualité de Président de la Deuxième Commission, M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a insisté, dans son discours de clôture, sur le caractère unique et inédit de cette soixante-quinzième session.  Le travail de la Commission a été affecté par la pandémie de COVID-19, tant dans son contenu que dans ses méthodes de travail.  La pandémie a forcé les délégations à réduire l’ampleur des changements et des résultats espérés, a-t-il reconnu: nous avons concentré nos efforts sur la résolution relative à l’examen quadriennal et sur la résolution portant sur la « Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème “ L’eau et le développement durable ” (2018-2028)  » (A/C.2/75/L.2/Rev.1).

M. Rai s’est toutefois estimé heureux que le Bureau, avec l’aide des délégations, ait trouvé un « langage transversal » sur l’impact de la COVID-19 dès le début des travaux.  Il s’est aussi dit reconnaissant que les 36 projets de résolution de fond contiennent des évaluations spécifiques des effets de la pandémie et des recommandations axées sur l’action.

Si la conclusion des travaux dans les temps est un succès, M. Rai a appelé à faire davantage pour « exercer notre rôle de chef de file pendant la pandémie » et a plaidé, « aujourd’hui plus que jamais », pour un multilatéralisme dont le monde a absolument besoin pour sortir de cette crise.

S’appuyant sur l’intervention de M. Joseph Stiglitz au début des travaux –le prix Nobel d’économie avait détaillé les graves répercussions sur les pays en développement du ralentissement économique mondial entraîné par la pandémie, en particulier sur les pays dépendant des exportations, dans un contexte d’effondrement des marchés–, M. Rai a sobrement rappelé que de nombreux pays voyaient leur dette continuer à augmenter fortement.

Un contexte très inquiétant, qui a rendu le thème de cette session d’autant plus à propos, selon le Président de la Deuxième Commission: « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable ».  Cela résume l’essence de notre travail cette année et, je le pense, le travail de notre Commission dans les années à venir.

Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a déclaré dans son discours de clôture que l’engagement et le travail cohérent des États Membres étaient essentiels pour se remettre de la COVID-19 et de ses conséquences économiques.

Cette session a permis de mieux comprendre l’importance d’une économie mondiale plus globale, de sociétés inclusives et d’un développement plus vert, a-t-elle apprécié.  Les travaux de la Commission ont aussi mis en évidence la crise mondiale de la dette et les questions de reconstruction.  L’oratrice a appelé, entre autres initiatives, à un développement informé des risques de catastrophe et à un relèvement durable.

Mme Spatolisano a noté que l’extrême pauvreté augmentait pour la première fois en trois décennies, avec 130 millions de personnes au bord de la famine, et que la Commission avait attiré l’attention sur l’importance des cadres politiques intégrés.  Félicitant les délégations d’avoir approuvé le projet de résolution sur l’examen quadriennal, elle s’est réjouie qu’il puisse donner une impulsion et une orientation au système des Nations Unies pour le développement, pour accélérer les progrès vers la réalisation du Programme 2030.

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