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La Conférence internationale sur la question de Palestine s’achève sur un rejet du plan de paix américain et un appel à la mobilisation internationale

KUALA LUMPUR, 28 et 29 février -- Le plan de paix des États-Unis pour le conflit israélo-palestinien a été unanimement rejeté par les participants à la Conférence internationale sur la question de Palestine, qui s’est conclue à Kuala Lumpur par un appel à la communauté internationale pour qu’elle intensifie ses efforts visant à faire cesser l’occupation du Territoire palestinien et qu’elle continue d’appuyer la solution des deux États, seule à même de permettre une paix durable. 

Organisée par le Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, en partenariat avec le Gouvernement de la Malaisie et la « Perdana Global Peace Foundation », la Conférence de deux jours avait pour thème cette année le « Soutien de l’Asie du Sud-Est aux droits du peuple palestinien ».  La dernière journée a donné lieu à un dialogue avec des experts sur les moyens de renforcer la solidarité de la région avec les Palestiniens.  Il a également été question des projets menés à cette fin par des organisations de la société civile. 

Le Président du Mouvement international pour un monde juste, M. Chandra Muzzafar, a déploré que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) n’ait pas encore réussi à adopter une position commune à l’égard des Palestiniens, alors que le soutien à ce peuple s’est renforcé dans d’autres régions du monde, notamment en Amérique latine.  Mme Zulaiha Ismail, de la Perdana Global Peace Foundation, a encouragé la société civile à agir contre le « mémoricide » perpétré par Israël dans le but d’effacer la civilisation et l’identité palestiniennes. 

Revenant à ce qu’il considère être la priorité de toute action en faveur des Palestiniens, M. Ryad Mansour, Observateur permanent de l’État de Palestine auprès des Nations Unies, a répété que les droits de son peuple resteront bafoués tant que durera l’occupation.  Il s’est félicité à cet égard de ce que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) ait publié la liste des entreprises qui continuent de commercer illégalement avec les colonies israéliennes en Cisjordanie.  Un avis partagé par Mme Nadzirah Osman, Vice-Secrétaire générale du Ministère malaisien des affaires étrangères, qui a exhorté tous les pays à se pencher sur cette liste et à reconnaître que les implantations israéliennes sont contraires au droit international. 

Dans ce contexte, a souligné M. Mansour, les États doivent prendre leurs responsabilités, dire non au plan américain, refuser l’annexion de la Cisjordanie et soutenir le plan global pour mettre un terme à l’occupation, sur la base des frontières d’avant 1967.  Il a aussi rappelé la position du Secrétaire général de l’ONU selon laquelle il n’existe pas de plan B à la solution des deux États.  « Enterrons le plan Trump! » a-t-il martelé, tandis que Mme Osman, dans sa déclaration de clôture, qualifiait les propositions de Washington d’« attaque contre la paix » en contradiction avec les résolutions onusiennes.  De fait, a renchéri la responsable malaisienne, la communauté internationale ne peut rester inerte, alors que les Palestiniens se font tuer et voient leur terre confisquée.  Il importe donc, selon elle, que la question de Palestine « conserve une place importante dans le programme de travail des Nations Unies ». 

Ce dont les Palestiniens ont besoin, « ce n’est pas d’un nouveau plan mais d’un mécanisme garantissant la mise en œuvre des résolutions existantes de l’ONU », a renchéri l’Observateur permanent, appelant par ailleurs l’Autorité palestinienne et le Hamas à surmonter leurs divisions.  « Nous devons remettre de l’ordre dans la maison », a-t-il plaidé, avant de se prononcer pour la tenue d’élections dans tout le Territoire palestinien occupé. 

La veille, la Conférence s’était ouverte sur une dénonciation sans concession de « l’annonce unilatérale » des États-Unis par le Premier Ministre malaisien, M. Mahathir Mohamad, lequel a vu dans le plan de paix américain une « caricature » des efforts internationaux pour résoudre la crise dans la mesure où il ne prévoit ni dialogue ni négociation.  « Le présenter comme l’accord du siècle relève de la malhonnêteté ultime », a-t-il lancé, avant d’exprimer son rejet catégorique de ce plan « entièrement inacceptable et grossièrement injuste ». 

Sur le plan régional, M. Mahathir a invité les pays membres de l’ASEAN à poursuivre leur coopération non seulement dans les domaines politique et économique mais aussi dans la recherche de la justice et de la paix pour le peuple palestinien.  « Notre voix collective devrait porter sur des sujets dépassant les seuls développements économiques », a-t-il insisté.  « Nous devrions aussi adopter un front uni en appui aux droits des Palestiniens. » 

Coorganisateur de la Conférence, M. Cheikh Niang, Président du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a souligné l’engagement fort du Sud-Est asiatique pour la cause palestinienne.  « Les peuples de cette région soutiennent depuis longtemps la quête du peuple palestinien pour se libérer de l’oppression et de l’occupation », a-t-il dit, y voyant un effet de leur lutte pour l’indépendance et la souveraineté.  Il a cependant regretté, à son tour, que tous les pays membres de l’ASEAN n’aient pas encore reconnu l’État de Palestine et les a enjoints à accentuer leurs pressions en vue de l’établissement d’un mécanisme multilatéral de négociations entre Israéliens et Palestiniens. 

La Conférence, à laquelle ont participé plus de 300 représentants de gouvernements et de la société civile, a également entendu le Coordonnateur résident des Nations Unies en Malaisie, M. Stefan Priesner, qui représentait le Secrétaire général.  Il a réaffirmé le danger que fait courir la détérioration de la situation à la solution des deux États.  Il a réitéré la position de l’ONU selon laquelle l’annexion de territoires en Cisjordanie porterait un coup fatal à cette perspective et à toute chance de paix.  En outre, a-t-il averti, une telle décision aurait de graves répercussions dans toute la région.  Saluant enfin les bons offices de l’Égypte dans les efforts de réconciliation interpalestiniens, il a estimé que « le soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation, cette année, est l’occasion de défendre les valeurs de la Charte et de progresser dans la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien ». 

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