Soixante-quinzième session,
Dialogues virtuels – après-midi
AG/SHC/4306

La COVID-19 est une « crise majeure des droits de l’homme », affirme la Présidente du Conseil des droits de l’homme devant la Troisième Commission

La pandémie de COVID-19 se révèle être « non seulement une crise sanitaire mais aussi une crise majeure des droits de l’homme », ce qui a de fortes répercussions sur les travaux des organes et mécanismes afférents de l’ONU, lesquels continuent néanmoins d’agir malgré les difficultés, a souligné, aujourd’hui, la Présidente du Conseil des droits de l’homme (CDH), lors d’un dialogue virtuel nourri avec les membres de la Troisième Commission, qui n’ont en revanche participé qu’à minima à un échange sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.

À la tête du CDH depuis janvier, Mme Elisabeth Tichy-Fisslberger s’est félicitée que son organe et la Troisième Commission aient pu maintenir leur « conversation » par des moyens virtuels, la pandémie ayant rendu impossibles les contacts en personne entre Genève et New York.  Elle a aussi salué la souplesse dont le CDH a fait preuve pour mener à bien ses travaux, notamment pendant les trois mois de confinement.  Le Conseil, a-t-elle précisé, a conçu des formats informels, par le biais de visioconférences, tandis que les titulaires de mandat ont maintenu leurs activités autant que possible. 

En dépit des restrictions, le CDH a été le premier organe de l’ONU à reprendre les réunions formelles en personne dès la mi-juin, s’est-elle félicitée.  Le Conseil a aussi répondu aux situations sur le terrain en tenant deux débats d’urgence, dont le premier a porté sur les violations actuelles des droits de l’homme d’inspiration raciste, la brutalité policière et la violence contre les manifestations pacifiques.  Le deuxième débat d’urgence, organisé en septembre, a abordé la situation des droits de l’homme au Bélarus.

Le détail de ces activités a suscité des réactions partagées chez les membres de la Commission.  Si la Pologne s’est intéressée à la liberté d’expression au Bélarus, plusieurs délégations, dont la Fédération de Russie et la République islamique d’Iran, ont dénoncé une approche trop politisée à leur goût.  L’Inde a pour sa part demandé au CDH à adopter une position « sans équivoque » sur les droits humains, tandis que la Chine invitait la Présidente à se concentrer « sur son seul mandat ». 

Parmi les rares motifs de satisfaction, Mme Tichy-Fisslberger a cité l’Appel à l’action, lancé en février par le Secrétaire général, qui reconnaît que l’Examen périodique universel (EPU) est un « outil essentiel des travaux au niveau des pays ».  Elle s’est aussi réjouie de la participation de la société civile aux activités du CDH, qui aide à rendre son travail « plus tangible et connecté à la réalité sur le terrain ».  À ce sujet, plusieurs délégations, dont la Lituanie et l’Autriche se sont inquiétées de la recrudescence des représailles contre les ONG et les défenseurs des droits de l’homme coopérant avec les procédures spéciales de l’ONU et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). 

Mme Tichy-Fisslberger a en outre regretté l’impact causé au fonctionnement du Conseil par la crise de liquidité financière de l’ONU, notant que certaines activités officiellement mandatées, cette année, n’ont pu être mises en œuvre par le Haut-Commissariat.

Intervenant à sa suite, la Présidente du Groupe d’éminents experts indépendants sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban a, elle aussi, souhaité que les titulaires de mandat bénéficient des ressources nécessaires à l’exécution de leur travail, et ce, au titre du budget ordinaire de l’ONU.  Mme Edna Maria Santos Roland a notamment alerté la Commission sur la diminution « inacceptable » des ressources allouées à son mandat, ce qui a pour effet de compromettre la mise en œuvre des activités prescrites. 

Elle a par ailleurs déploré qu’en ce « moment décisif », au beau milieu de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, le manque de connaissance du public sur le contenu des textes adoptés à Durban en 2001 constitue un « obstacle majeur à la mobilisation de la volonté politique en vue de leur mise en œuvre complète et efficace ». 

La plupart des États n’ont, selon elle, pas fait assez pour intégrer cet instrument dans leurs efforts en matière de droits de l’homme ni pour investir les ressources nécessaires à l’éducation du public sur ce qui constitue pourtant « le guide le plus complet pour lutter contre le racisme ».  Dans de nombreux pays, le contenu de ces textes a même été déformé et l’absence de communication de l’ONU sur le sujet est « particulièrement grave », s’est-elle émue, appelant à rétablir la « dignité » de la Déclaration et du Programme d’action de Durban « injustement vilipendés ». 

Témoin de ce manque d’intérêt, un seul membre de la Commission, le Brésil, a pris la parole lors du dialogue interactif avec Mme Santos Roland, ce que cette dernière a amèrement regretté.  « Soit les États sont en accord avec les conclusions des experts indépendants, soit ils ne connaissent pas notre travail », a-t-elle commenté, après avoir rappelé, dans sa présentation liminaire, que la « feuille de route » de Durban est au cœur des efforts de lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, ainsi que les brutalités policières. 

Les orientations de Durban sont également essentielles pour les interventions d’urgence, en particulier les efforts internationaux de riposte à la COVID-19, a-t-elle insisté, avant de demander à l’Assemblée générale de prier à nouveau le CDH d’adopter un programme de sensibilisation pluriannuel afin d’informer et de mobiliser le public mondial sur ces questions. 

Comme les jours précédents, cette séance a été compromise par une série de problèmes techniques.  

La Troisième Commission reprendra son dialogue avec des titulaires de mandat, lundi 2 novembre, à partir de 10 heures. 

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME

Déclarations liminaires de titulaires de mandat au titre des procédures spéciales et d’autres experts, suivies d’un dialogue interactif

Exposé

Mme ELISABETH TICHY-FISSLBERGER, Présidente du Conseil des droits de l’homme (CDH), s’est tout d’abord félicitée, dans une déclaration préenregistrée, que son organe et la Troisième Commission aient maintenu leur « conversation » par des moyens virtuels, la pandémie de COVID-19 ayant rendu impossibles les échanges en personne entre Genève et New York.  Cette crise s’est vite avérée être non seulement une urgence sanitaire, mais aussi une « crise majeure des droits humains », a-t-elle souligné, se disant heureuse que le CDH ait été suffisamment agile pour mener à bien ses travaux malgré les multiples défis auxquels il était confronté.  Pendant les trois mois de confinement, le Conseil et ses mécanismes ont ainsi trouvé des moyens créatifs de continuer à s’acquitter de leur mandat.  Les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales sont restés très actifs et le CDH, lui-même, a conçu des formats informels pour répondre aux implications de la pandémie sur les droits de l’homme, qui ont été suivis par des milliers de personnes partout dans le monde, a précisé la Présidente. 

Le Conseil, a-t-elle encore indiqué, a été le premier organe de l’ONU à reprendre les réunions formelles en personne et son programme de travail dès la mi-juin.  Contre toute attente, il a pu adopter un total de 97 résolutions, 4 décisions et 2 déclarations présidentielles lors de ses sessions ordinaires de 2020, dont 72 sans vote.  Il a également répondu aux situations d’urgence sur le terrain en tenant deux débats d’urgence au cours de ses sessions ordinaires.  Quelques jours après la reprise de ses travaux, il a débattu des violations actuelles des droits de l’homme d’inspiration raciste, de la brutalité policière et de la violence contre les manifestations pacifiques.  La résolution adoptée dans ce contexte demande à la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de préparer un rapport sur le racisme systémique et les violations du droit international des droits de l’homme contre les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les forces de l’ordre, en particulier les incidents ayant entraîné la mort de George Floyd aux États-Unis, afin de contribuer à la responsabilisation et à la réparation des victimes.  

Le deuxième débat d’urgence a eu lieu, en septembre, pour aborder la situation des droits de l’homme au Bélarus, a rappelé la Présidente du CDH.  La résolution adoptée à cette occasion demande à la Haute-Commissaire de suivre de près la situation des droits de l’homme au Bélarus dans le contexte de l’élection présidentielle et de présenter au Conseil, avant la fin de l’année, une mise à jour orale intérimaire avec des recommandations.  Elle devra aussi présenter au CDH un rapport écrit complet sur la situation des droits de l’homme dans ce pays, pendant et après le scrutin présidentiel de 2020. 

Évoquant l’« Appel à l’action » lancé par le Secrétaire général, le 24 février dernier, à l’ouverture de la quarante-troisième session du CDH, Mme Tichy-Fisslberger s’est réjouie qu’il ait reconnu, entre autres choses, que l’Examen périodique universel (EPU) est un « outil essentiel des travaux au niveau des pays ».  Elle a salué la présentation, à cette occasion, d’un guide pratique sur l’utilisation de l’EPU pour relever les défis des droits de l’homme et a annoncé que la prochaine session du Groupe de travail sur l’EPU, initialement prévue en mai, devrait se tenir en format hybride à partir de lundi prochain, à moins que de nouvelles restrictions soient décidées entre-temps.

Mme Tichy-Fisslberger a ensuite souligné l’importance de la participation de la société civile aux activités du CDH.  Cela aide à rendre notre travail plus tangible et connecté à la réalité sur le terrain, a-t-elle relevé, notant que les organisations de la société civile jouent également un rôle clef dans le suivi et le renforcement des capacités dans leurs pays d’origine respectifs.  Si le CDH a trouvé des « solutions créatives » pour permettre cette participation malgré les restrictions liées à la COVID-19, ses travaux n’en sont pas moins affectés par la crise de liquidité financière de l’ONU, a-t-elle constaté.  L’impact se fait sentir non seulement sur les services de conférence fournis au Conseil, mais aussi sur des activités officiellement mandatées, cette année, qui n’ont pu être mises en œuvre par le Haut-Commissariat.  

Indiquant que le CDH a répondu à ce problème en adoptant une décision sur la manière de reporter les activités prescrites, elle a formé le souhait que la situation s’améliore dans les mois à venir, ajoutant que les efforts des précédents présidents ont déjà permis une réduction considérable du temps de réunion du Conseil au cours des dernières années, réduit encore de 15% cette année.  Avant de conclure, elle a indiqué que, d’ici à la fin de 2020, le Bureau du Conseil se concentrera sur la rationalisation des initiatives et sur leurs résultats, c’est-à-dire leur impact à la fois sur le budget de l’ONU et sur le programme de travail du CDH.  

Dialogue interactif

Dans un premier temps, le Mexique a voulu savoir par quel moyen renforcer les interactions entre le CDH et le Conseil de sécurité, « l’idée étant de placer les droits humains au cœur de la résolution des conflits armés ».

La Fédération de Russie a attiré l’attention sur une « tendance problématique »: selon elle, les pouvoirs de la Présidente du Bureau, qui ne devraient être que techniques, sont « de plus en plus politisés ».

« Qu’en est-il des innovations apportées aux méthodes de travail, notamment la réduction du temps des débats généraux? » s’est interrogé le Royaume-Uni.  Et quelle sera la contribution du CDH à la prochaine réunion de l’Assemblée générale consacrée à la pandémie, les 3 et 4 décembre prochain, a voulu savoir la Croatie.

La Lituanie s’est dite préoccupée par le niveau accru des représailles contre les ONG et les défenseurs des droits de l’homme coopérant avec les procédures spéciales de l’ONU et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).  Comment encourager davantage la participation de la société civile aux travaux du Conseil, en particulier pendant la pandémie mondiale?

Condamnant, elle aussi, toute forme d’intimidation et de violence à l’encontre des membres de la société civile qui cherchent à coopérer, coopèrent ou ont coopéré avec le Conseil et d’autres organes des Nations Unies, l’Autriche a demandé à la Présidente de traiter ces types de représailles en priorité.  Elle a en outre souhaité en savoir davantage sur « les méthodes novatrices » adoptées par le CDH pour améliorer son fonctionnement.

L’Union européenne (UE) a demandé à connaître les meilleures procédures dont dispose le CDH pour lutter contre la pandémie et promouvoir son travail de protection des droits de l’homme.  Elle a en outre appelé à ce que les mesures de restriction prises par les gouvernements contre la pandémie ne nuisent pas à l’état de droit. 

Qualifiant les principes d’impartialité et d’objectivité de « cruciaux », le Pakistan a appelé à « renforcer le dialogue » et à « réduire la politisation » et le « deux poids, deux mesures ».  L’Érythrée a pour sa part regretté « le manque d’efficacité » du CDH.

La Pologne a attiré l’attention sur la situation au Bélarus, et demandé comment le CDH pourrait y renforcer la liberté d’expression tout en luttant contre la COVID-19.  La Colombie s’est alarmée de la situation des droits de l’homme au Venezuela, tandis que l’Espagne s’est prononcée en faveur d’un multilatéralisme efficace pour protéger et promouvoir les droits de l’homme.

Quels enseignements tirer de cette année exceptionnelle, et quelles mesures prendre pour améliorer la coordination entre le CDH, la Troisième Commission et le reste de l’ONU, s’est enquise la Suisse.  « Vingt ans après la Déclaration de Durban, quelle est la situation et quels sont les objectifs du Conseil des droits de l’homme? » a pour sa part demandé l’Argentine.

L’Allemagne a voulu savoir comment faire des droits de l’homme un pilier des activités de l’ONU, et par quel moyen allier lutte contre la pandémie et protection de droits de l’homme. 

« Comment le Conseil peut-il optimiser l’utilisation de ses rares ressources pour avoir davantage d’impact sur le terrain? » ont demandé les Philippines, qui ont protesté dans un second temps contre la « politisation des droits de l’homme » dont le Gouvernement philippin serait victime.

La République islamique d’Iran a prôné une approche « non politisée, objective et impartiale » pour le Conseil, pour ensuite dénoncer les « sanctions unilatérales inhumaines » qui nuisent à la situation des droits humains dans le pays.  À ce sujet, le Qatar a demandé la levée des « mesures coercitives injustes » imposées à son encontre depuis 2017.

La Chine a espéré que la Présidente du Conseil se concentre « sur son seul mandat » et sur l’écoute des États Membres.  « Quels enseignements tirer de la protection des droits de l’homme? » a demandé à son tour l’Afghanistan

L’Indonésie s’est intéressée au renforcement des capacités, soulignant en outre que les travaux du Conseil doivent être fondés sur l’impartialité, la non-politisation et l’objectivité.

À son tour, l’Ukraine a souhaité un Conseil défendant « véritablement » les droits de l’homme, « notamment dans les zones du territoire ukrainien occupées par la Fédération de Russie ».  « Trop souvent, les États élus au Conseil négligent de respecter sa mission principale: protéger et promouvoir les droits de l’homme universels », a constaté l’Islande.  Mais dans l’ensemble, a-t-elle nuancé, « le Conseil est régulièrement le témoin de ce que nous pouvons faire de mieux dans ce domaine ».  L’Algérie a, pour sa part, incité à la prudence quant à la politisation du Conseil.

La République populaire démocratique de Corée s’est opposée à la résolution adoptée le 22 avril 2020 à son endroit, qu’elle a qualifiée d’« anti République populaire démocratique de Corée », « incluant des informations fausses », « déformées », l’assimilant à « une critique de son système social » et à une « provocation ».

Le Myanmar a demandé comment le CDH entendait prévenir le manque de confiance dans ses mécanismes.  La délégation s’est, elle aussi, opposée à « la politisation des droits de l’homme ».

Le CDH devrait avoir une position « sans équivoque » pour prévenir toute menace aux droits de l’homme et à la démocratie, a estimé pour sa part l’Inde.  Le Portugal a demandé quel serait l’enseignement le plus important à tirer de cette année écoulée, tandis que la République de Corée a demandé à la Présidente du Conseil de « renforcer les synergies ».

Enfin, l’Ordre souverain de Malte a alerté que la COVID-19 est un « coup de semonce » dirigé contre la situation des droits de l’homme.  Pour lutter contre la pandémie, l’Ordre a lancé un programme de santé baptisé « de Médecins à Médecins », avec une antenne dans l’État de Palestine. 

Suite à ces questions et commentaires, la Présidente du Conseil des droits de l’homme (CDH), a d’entrée abordé l’interaction entre le CDH et la Troisième Commission ou encore le Conseil de sécurité.  Il s’agit d’un seul et même système: celui de l’ONU, a-t-elle insisté.  Il est clair que nous vivons dans le même monde et que nous sommes confrontés aux mêmes défis et que chacun de ces organes a un rôle différent à jouer pour réagir à ces difficultés.  Il est donc très important de comparer nos expériences de temps en temps, d’échanger, d’apprendre à se connaître et surtout de continuer de coopérer, a préconisé la Présidente du CDH.  De plus, a-t-elle fait valoir, sur le terrain, peu se soucie de savoir quel est l’organe qui effectue le travail; il faut tout simplement que le travail soit fait. 

« Nous avons un objectif commun », a-t-elle insisté, citant à titre d’exemples, les objectifs de développement durable (ODD).

S’agissant de la riposte à la crise de la COVID-19, elle a souligné que le plus important est que le « système continue de fonctionner » même si on ne sait pas combien de temps va durer cette pandémie.  Au sein du CDH, il a fallu élaborer des méthodes de travail permettant de continuer d’œuvrer et de coopérer, et certaines des méthodes de travail novatrices doivent être conservées.  C’est notamment le cas des méthodes hybrides au titre desquelles l’outil numérique a été mis à contribution, le CDH étant passé à une numérisation complète de ses travaux, a-t-elle indiqué.  Tous ces outils ont démontré qu’en tenant des réunions à distance « nous pouvions atteindre des milliers de personnes de par le monde.  Voilà ce qui permet d’accroître notre visibilité et c’est là notre but! » s’est-elle réjouie.

Grâce à ces outils numériques, a-t-elle poursuivi, « nous avons également économisé beaucoup d’argent », notamment sur les voyages, en privilégiant les visioconférences.  S’il est vrai que les réunions en ligne ne remplacent pas les échanges en personne, ces méthodes ont prouvé que l’on pouvait poursuivre le dialogue, continuer de travailler et économiser beaucoup d’argent, a-t-elle indiqué.  Le CDH a ainsi pu économiser 50% de ses dépenses en termes de gestion de conférences, et 600 000 dollars rien qu’en évitant les réunions supplémentaires, au cours de la pause déjeuner notamment, nécessitant le recrutement d’interprètes supplémentaires.  Les retombées ont été positives en termes d’économies mais aussi en termes d’élargissement de notre public, et « maintenant nous savons comment travailler au cours d’une pandémie », s’est-elle félicitée. 

Pour ce qui est de l’efficacité, elle a fait savoir que le Secrétariat du CDH a été chargé de faire un bilan général de tous les mandats dans la perspective de la tenue, l’an prochain, d’un débat sur cette question.  Une réunion de bilan aura également lieu avant la fin de l’année, a-t-elle annoncé.  À cet égard, elle s’est réjouie que les titulaires de mandat aient travaillé main dans la main bien plus que par le passé.

Elle a par ailleurs conseillé aux États qui ne sont pas favorables aux mandats de pays, de travailler avec les titulaires de mandat et d’entamer un dialogue avec eux pour « présenter votre version des faits ». 

Exposé

Mme EDNA MARIA SANTOS ROLAND, Présidente du Groupe d’éminents experts indépendants sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, a mesuré l’opportunité de s’adresser à la Commission « en ce moment décisif », à la veille de la célébration du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, en plein milieu de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine et de la lutte contre la pandémie de COVID-19. 

Elle a annoncé que le Groupe a pu entrer dans une nouvelle phase active de ses travaux après la nomination de deux nouveaux membres, précisant que des rapports ont, d’ores et déjà, été soumis et publiés à la suite des sessions annuelles tenues à Genève en 2018 et 2019.  Les dates de sa session 2020 ont été reportées au mois de décembre 2020 et celle-ci se déroulera probablement de manière virtuelle.

Une attention particulière a été accordée à l’information publique et à la commémoration du vingtième anniversaire de la Déclaration et le Programme d’action de Durban.  Malheureusement, a-t-elle déploré, la Déclaration et du Programme d’action de Durban figurent parmi les programmes les moins diffusés de l’ONU.  Or, a poursuivi Mme Santos Roland, le manque de connaissance du public sur le contenu réel de ces textes constitue un obstacle majeur à la mobilisation de la volonté politique en vue de leur mise en œuvre complète et efficace.

La plupart des États n’ont pas fait assez pour intégrer cet instrument dans leurs efforts en matière de droits de l’homme, ni pour investir les ressources nécessaires à l’éducation du public et de leurs institutions au sujet de la Déclaration et le Programme d’action de Durban, « guide le plus complet pour lutter contre le racisme ».  Dans de nombreux pays, leur véritable contenu a été même déformé, s’est-elle inquiétée.  Et l’absence d’efforts spécifiques de communication de la part de l’ONU est « particulièrement grave ».  Elle a appelé à rétablir la « dignité » de la Déclaration et du Programme d’action de Durban qui ont été « injustement vilipendés ».

Poursuivant, Mme Santos Roland a expliqué que la Déclaration et le Programme d’action de Durban visent à combattre le racisme et la discrimination raciale en mettant l’accent sur les formes structurelles du racisme et de la discrimination raciale.  Cette feuille de route doit être au cœur de nos efforts de lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, ainsi que les brutalités policières, a-t-elle souligné.

Ses orientations sont également essentielles pour les initiatives mondiales à long terme, telle que la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), et pour les interventions d’urgence, notamment les efforts internationaux de riposte à la pandémie de COVID-19 qui, a-t-elle indiqué, a mis en évidence les fractures profondes d’un monde construit sur la base de l’esclavage et de la traite des esclaves.  Le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban doit être l’occasion d’un engagement mondiale à diffuser leur message à tous les niveaux.

Elle a demandé à l’Assemblée générale de réitérer sa demande au Conseil des droits de l’homme d’adopter un programme de sensibilisation pluriannuel afin d’informer et de mobiliser le public mondial en faveur de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Il faut aussi, a-t-elle exhorté, renforcer la sensibilisation au sujet de leur contribution à la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. 

Pour ce faire, elle a préconisé de doter ce programme de sensibilisation, de ressources adéquates et d’y associer les organisations de la société civile et les communautés victimes du racisme et de la xénophobie.  Il s’agit, a-t-elle dit, de faire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban un pilier central de l’éducation aux droits de l’homme et de démontrer la détermination des États à combattre toutes les formes de racisme. 

Elle a salué la décision du Conseil des droits de l’homme d’organiser, lors de sa prochaine session, une table ronde de haut niveau pour marquer le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, ainsi que la proposition faite à l’Assemblée générale de commémorer cet anniversaire par une réunion de haut niveau.  Il importe cependant de maintenir cet élan tout au long de l’année, a-t-elle souligné, avant de suggérer l’organisation d’un évènement intersessions du Conseil des droits de l’homme.  Il convient également de fournir les ressources nécessaires au titre du budget ordinaire.  À ce sujet, elle a alerté sur la diminution « inacceptable » des ressources allouées depuis le dixième anniversaire qui a pour effet de compromettre la mise en œuvre des activités prescrites. 

Dialogue interactif

Aucune délégation n’ayant posé des questions ou formulé des commentaires après sa présentation, la Présidente du Groupe d’éminents experts indépendants en a profité pour souligner qu’il est important que les États participent à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  « Notre rapport donne des idées et des propositions intéressantes dans ce sens », a-t-elle indiqué avant de prévenir qu’à moins de régler le problème du racisme, il ne sera pas possible de régler les problèmes créés par la pandémie. 

Elle a regretté qu’aucun pays n’ait souhaité participer au dialogue interactif.  Soit les États Membres sont en accord avec les conclusions des experts indépendants ou bien ils ne connaissent pas notre travail.  Si c’est le cas, toutes les informations sont disponibles sur Internet, a-t-elle fait savoir.  L’important est de surmonter les divisions dans cette époque tragique, a-t-elle conclu.

Le Brésil a ensuite pris la parole pour réaffirmer son soutien à la Déclaration et au Programme d’action de Durban, ainsi que sa détermination à lutter contre le racisme.

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