Soixante-quinzième session,
2e séance plénière
CPSD/717

Quatrième Commission : les questions du multilinguisme à l’ONU et de la décolonisation des « îles Malvinas » et de Porto Rico dominent le débat général

Cet après-midi, la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation –la Quatrième Commission–, a entamé son « débat général conjoint ».  COVID-19 oblige, la Commission a opté pour cette nouvelle formule pour les 12 séances publiques dédiées à ce débat pendant lesquelles les délégations s’expriment une seule fois sur l’ensemble des points inscrits à son ordre du jour, ou choisissent de mettre l’accent sur l’un ou plusieurs d’entre eux. 

L’un de ceux qui ont retenu l’attention de plusieurs groupes de pays est celui relatif à l’information et au travail du Département de la communication globale, dont la Cheffe, Mme Melissa Flemming, a eu l’occasion de présenter, lundi dernier, les travaux et les modalités choisies pour continuer de pleinement fonctionner dans le contexte actuel d’une pandémie mondiale.

Ces efforts ont été largement salués par les intervenants de cet après-midi.  Si le G77 et la Chine ont assuré vouloir rester des partenaires de choix du DCG, d’autres, comme l’ASEAN, s’y sont associés pour le féliciter pour ses campagnes de lutte contre la désinformation par ces temps de COVID-19, notamment la campagne « Verified » en vue de fournir des informations « claires, opportunes, factuelles, précises, fiables et complètes ». 

Comme l’a relevé le Groupe des ambassadeurs francophones, la crise actuelle a montré à quel point le multilinguisme est fragile et combien cette situation impacte négativement l’efficacité des actions sur le terrain.  Il est plus que jamais crucial de partager des informations fiables et en temps voulu dans différentes langues afin de pouvoir toucher toutes les populations, en particulier les plus vulnérables et permettre l’accès à une information multilingue, précise et vérifiée, a fait observer le représentant.  

En effet le respect du multilinguisme au sein de l’ONU et notamment sur tous les supports du DCG a, comme par le passé, mobilisé l’attention de nombreux intervenants.  Même s’ils ont salué les efforts fournis pour rendre disponibles les contenus des sites Web de l’ONU et de ses réseaux sociaux dans les six langues officielles ainsi que les activités de communication des centres d’information des Nations Unies (CINU), d’aucuns ont estimé qu’une communication efficace ne peut se limiter à la traduction de contenus produits en anglais, alors que d’autres, comme le G77, ont appelé à renforcer les moyens humains et techniques des CINU pour qu’ils servent davantage de relais et de producteurs de contenus dans les langues locales en appui aux coordonnateurs résidents. 

« La vitalité du multilatéralisme dépend véritablement de sa capacité à permettre un dialogue réel entre les États », a insisté le groupe francophone, en rappelant que chaque pays doit disposer des mêmes opportunités de prendre part aux débats et d’avoir accès à l’information dans les langues officielles de l’ONU, mais aussi dans d’autres langues comme l’hindou et le kiswahili, a demandé le G77 alors que la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) a souligné que la promotion de la langue portugaise dans le contexte national et international du multilinguisme ne peut qu’agir en faveur de la diversité culturelle et du dialogue interculturel. 

Si tout le monde est conscient du potentiel des nouvelles technologies de l’information et des communications pour l’Organisation en vue d’élargir la portée de son message, le G77, le groupe francophone et la CARICOM, entre autres, ont estimé que tant que la moitié du monde n’est pas « connectée », le Département devra continuer d’accorder une attention particulière aux moyens traditionnels de communication, notamment la radio et les CINU pour lui permettre de diffuser et sensibiliser les audiences du monde entier. 

La CELAC, le MERCOSUR et le Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA) ont axé leurs interventions sur la décolonisation et plus spécifiquement sur les cas des îles Malvinas et de Porto Rico.  Ces groupes ont réitéré leur ferme soutien aux droits légitimes de l’Argentine dans le conflit de souveraineté relatif aux îles Malvinas, aux Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et aux zones maritimes environnantes, appelant la reprise des négociations entre l’Argentine et le Royaume-Uni afin de trouver dès que possible une solution pacifique et définitive à leur différend. 

Même son de cloche du côté de l’Argentine, qui une nouvelle fois a fait valoir que le droit à l’autodétermination ne s’applique pas à la population de ces îles qui y a été selon elle transplantée par le Royaume-Uni et que la solution à ce différend de souveraineté passe par la négociation directe entre les deux parties.  S’agissant de Porto Rico, la CELAC a rappelé que 37 résolutions et décisions ont été approuvées par consensus par le Comité spécial de la décolonisation ces dernières années, qui réaffirment, entre autres, le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance. 

La question du maintien de la paix a également retenu l’attention des intervenants et notamment des États membres du Mouvement des pays non alignés.  Ils se sont félicités du fait qu’en dépit de la COVID-19, le Département des opérations de paix ait réussi à maintenir un niveau d’engagement très satisfaisant.  Le Mouvement a également demandé que les sommes dues depuis longtemps aux pays fournisseurs de contingents soient versées immédiatement alors que l’Union européenne a plaidé pour un financement total de ces opérations arguant qu’il y va de leur efficacité. 

En début de séance, le Président de l’Assemblée générale, M.  Volkan Bozkir, s’est adressé à la Commission.  Il a noté l’impact de la COVID-19 sur les travaux de cette session-anniversaire, saluant le pragmatisme de l’Organisation dans le cadre de ses travaux. 

La Commission a également élu par acclamation M. Marius-Ioan Piso, de la Roumanie, à la présidence du Groupe de travail plénier sur l’espace extra-atmosphérique.  

Le débat général commun de la Quatrième Commission se poursuivra demain, jeudi 15 octobre, à partir de 15 heures. 

Allocution du Président de l’Assemblée générale

S’adressant à la Quatrième Commission, le Président de l’Assemblée générale, M. VOLKAN BOZKIR (Turquie), a noté l’impact de la COVID-19 sur les travaux de cette session-anniversaire, saluant le pragmatisme de l’Organisation dans le cadre de ses travaux.  Pour ce qui est de la décolonisation, il a salué les acquis obtenus au cours des 75 dernières années, tout en notant qu’il existe toujours 17 territoires non autonomes dont les peuples attendent de pouvoir exercer leur droit à l’autodétermination.  Le Président a ensuite appelé à tout mettre en œuvre pour protéger le personnel de maintien de la paix de l’ONU, encourageant tous les États Membres à tirer parti de l’élan imprimé par l’Initiative Action pour le maintien de la paix, pour traduire leurs engagements en actes. 

Passant à la question de la Palestine, M. Bozkir a souhaité que soit réaffirmé l’attachement de la communauté internationale à la paix au Moyen-Orient en aidant Palestiniens et Israéliens à régler ce conflit sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies et des frontières de 1967.  La Quatrième Commission a un rôle important à jouer à cet égard, a-t-il noté, saluant au passage le soutien apporté par l’UNRWA aux plus de 5,5 millions de réfugiés palestiniens.  Il a insisté sur l’impératif d’un financement suffisant et durable pour l’Office, encourageant la communauté internationale à faire preuve de générosité. 

En ce qui concerne l’espace extra-atmosphérique, le Président de l’Assemblée générale a mis l’accent sur le concept de l’espace au service de l’humanité tout entière.  Au travers de l’adoption de la Déclaration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, les États Membres se sont engagés à œuvrer de concert, a-t-il rappelé aux membres de la Commission avant de souhaiter le plein succès aux travaux de la Commission. 

En début de séance, la Commission a élu par acclamation M. Marius-Ioan Piso, de la Roumanie, à la présidence du Groupe de travail plénier sur l’espace extra-atmosphérique. 

DÉBAT GÉNÉRAL CONJOINT

Déclarations

Mme MEGAYLA ULANA AUSTIN (Guyana) qui s’exprimait au nom du G-77 et de la Chine, a félicité Mme Melissa Flemming de la manière avec laquelle elle dirige le Département de la communication globale et lui a assuré que le Groupe serait un partenaire fiable de ses activités.  Le Groupe a félicité le DCG pour ses efforts en vue de s’adapter aux nouvelles modalités de travail dans le cadre de la COVID-19 et continuer à diffuser les messages de l’ONU et l’information.  Elle s’est dite consciente des difficultés rencontrées par l’Organisation, saluant l’approche de l’ONU pour faire face à la désinformation, y compris par le réseau des CINU à l’appui des coordonnateurs résidents sur le terrain et ses campagnes de communication, notamment « Verified », ou encore sa première stratégie de communication globale.  Le G-77 a appelé le Département à mettre l’accent sur les questions prioritaires pour l’ONU et à impliquer les populations du monde entier.

Soulignant l’importance du multilinguisme « qui fait le lien entre les peuples » et permet de toucher une audience beaucoup plus large aux quatre coins du monde, le G77 a pris acte de la demande de contenus dans les six langues sur tous les supports d’information de l’ONU, rappelant par exemple que le service hispanique de l’ONU représente 40% de la fréquentation du site de l’Organisation.  Il faut produire du contenu dans les six langues officielles, ainsi qu’en portugais, kiswahili et hindi, a poursuivi la représentante, en invitant le Département à redoubler d’efforts pour garantir l’égalité linguistique.  Le G77 a également salué la contribution des CINU pour préparer des contenus adaptés aux populations locales et les engager à s’impliquer dans les activités et travaux de l’Organisation dans leurs langues locales respectives.  Dès lors, le Groupe s’est dit d’avis qu’il faut renforcer les CINU en termes de personnel et de ressources.

Tout en reconnaissant que les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) sont d’une importance indéniable, le Groupe a toutefois demandé que tant que la moitié du monde n’est pas « connectée », le Département recoure également aux moyens de communication traditionnels pour faire passer ses messages.  Par ailleurs, ces technologies doivent être utilisées dans le respect de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans les affaires intérieures, a plaidé la représentante avant d’exhorter le DCG à redoubler d’efforts pour appuyer toutes les entités de l’ONU dans la lutte contre la haine, la discrimination et la stigmatisation, en particulier dans le contexte de la COVID-19. 

M. KAMAL ALIZADA (Azerbaïdjan), qui a pris la parole au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a réitéré son soutien à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui fournit une aide humanitaire à plus de 5,6 millions de réfugiés palestiniens, en attendant une solution juste à leur sort sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, y compris la résolution 194 (III) de 1948, qui a affirmé leur droit au retour et à une juste compensation.  Le Mouvement estime que les opérations de l’UNRWA en Jordanie, au Liban, en Syrie et dans les Territoires palestiniens occupés restent indispensables jusqu’à la réalisation d’une solution juste, durable, globale et pacifique de la question de Palestine, y compris s’agissant du sort des réfugiés.

L’appui de longue date de la communauté internationale est particulièrement nécessaire compte tenu de la détérioration des conditions socioéconomiques et de l’instabilité dans la région, qui ont été aggravées par la COVID-19, a-t-il noté.  À cet égard, le NAM a regretté l’exacerbation de la grave crise de financement de l’Agence, en particulier à la suite de la décision punitive du Gouvernement américain de mettre un terme à son financement à l’Agence.  Malgré les demandes répétées de respect par Israël du droit international, les violations par la Puissance occupante se poursuivent sans relâche, a-t-il souligné.  La délégation a réitéré sa grave préoccupation devant toutes les violations commises par Israël et a appelé à une action internationale, y compris de la part du Conseil de sécurité, pour garantir la cessation des violations commises par la Puissance occupante.  

Passant à la question du maintien de la paix, le représentant a souligné qu’en dépit de la COVID-19, le maintien de la paix a réussi à maintenir un niveau d’engagement très satisfaisant.  Il a estimé que les opérations de maintien de la paix doivent s’ancrer dans une stratégie politique tout au long de leur durée.  En outre, les sommes dues depuis longtemps aux pays fournisseurs de contingents et de police, y compris ceux dont les missions de maintien de la paix sont clôturées, doivent être versées immédiatement.  La pandémie changera définitivement notre façon de maintenir la paix, a-t-il déclaré, mais il faut aussi prendre en compte l’évolution de la nature des conflits, l’impact croissant de la désinformation sur la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix, les transitions ou les risques accrus auxquels nos soldats de la paix sont confrontés.

Le NAM a également tenu à souligner la pertinence du programme Femmes, paix et sécurité, 20 ans après l’adoption de la résolution 1325.  Le Mouvement, a dit le représentant, s’est engagé de manière constructive à soutenir une plus grande représentation des femmes dans le maintien de la paix.  Concernant les missions politiques spéciales (SPM), il a noté qu’elles ont été touchées par la pandémie.  Les missions politiques spéciales contribuent à promouvoir des programmes et des questions importants tels que la représentation géographique équitable, la paix et la sécurité des femmes et la paix et la sécurité des jeunes, a-t-il observé.  Malgré leur travail crucial, elles ne relèvent pas du budget ordinaire de l’ONU, a-t-il regretté, réitérant qu’elles soient financées selon les critères retenus pour les opérations de paix. 

S’exprimant au nom de la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. JUAN RAMON DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a tenu à réaffirmer son ferme soutien au processus de décolonisation qui constitue l’une des tâches les plus importantes de l’histoire de l’Organisation.  Le fait que 17 territoires demeurent encore « non autonomes » révèle que le processus de décolonisation n’est pas encore achevé et que l’élimination du colonialisme reste une priorité des Nations Unies, a-t-il observé.  La CELAC a donc renouvelé son plein attachement à cet objectif et appelé une fois de plus les puissances administrantes à prendre les mesures nécessaires pour parvenir à la décolonisation rapide de chacun de leurs territoires non autonomes, en tenant compte de la situation spécifique dans chaque cas, parmi lesquelles les situations coloniales définies comme « spéciales et particulières », puisqu’elles impliquent des conflits de souveraineté.  

La CELAC, a poursuivi la délégation, soutient le travail du Département de la communication globale (DCG) pour promouvoir les objectifs de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, et du Plan d’action pour l’éradication du colonialisme, « et nous demandons de redoubler d’efforts à cette fin ».  À cet égard, tout en lui exprimant notre reconnaissance de l’importance que le site Web de la Décolonisation soit disponible dans les six langues officielles, la délégation a demandé au DCG de le tenir à jour dans toutes ces langues officielles, avec des « informations actualisées et homogènes » et une « conception attrayante », pour renforcer encore plus le travail de l’ONU dans ce domaine.  La CELAC a exhorté le Département des affaires politiques et de consolidation de la paix et le DCG à continuer d’assurer la diffusion la plus large d’informations relatives à la décolonisation, y compris la couverture de toutes les réunions du Comité spécial, conformément à la résolution 70/103 de l’Assemblée générale. 

La délégation a ensuite réaffirmé sa position sur la question des îles Malvinas, réitérant son ferme soutien aux droits légitimes de l’Argentine dans le conflit de souveraineté relatif aux îles Malvinas, aux Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et aux zones maritimes environnantes.  La CELAC s’est dite favorable à ce que l’Argentine et le Royaume-Uni reprennent les négociations afin de trouver dès que possible une solution pacifique et définitive à leur différend, conformément à la résolution 2065 (XX) de l’Assemblée générale.  Les chefs d’État et de gouvernement de la CELAC ont aussi réitéré l’importance de respecter la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, qui appelle les deux parties à s’abstenir de décisions susceptibles d’entraîner des modifications unilatérales de la situation actuelle. 

La question coloniale de Porto Rico, a poursuivi la délégation, est examinée depuis plus de 47 ans au Comité spécial de la décolonisation.  En conséquence, 37 résolutions et décisions ont été approuvées par consensus ces dernières années, qui réaffirment, entre autres, le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance.  Il est important de se référer à la Déclaration de La Havane de 2014, dans laquelle les chefs d’État et de gouvernement ont chargé le Quatuor de la CELAC de présenter des propositions pour faire avancer la question de Porto Rico, a dit la délégation.  « En ce qui concerne les petits territoires insulaires des Caraïbes et du Pacifique, qui constituent la majorité des territoires non autonomes, la CELAC estime qu’il est nécessaire de continuer à prendre des mesures pour faciliter une croissance soutenue et équilibrée de leurs économies fragiles.  Ces territoires devraient être autorisés à exercer leur droit à l’autodétermination », a-t-elle estimé. 

La CELAC reste aussi préoccupée par la situation aux Îles Turques et Caïques et souligne la nécessité d’assurer une gouvernance véritablement inclusive, démocratique et représentative dans ce territoire.  Concernant le Sahara occidental, l’organisation continue d’appuyer fermement les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour parvenir à une solution politique « juste, durable et mutuellement acceptable conduisant à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental » dans le cadre d’arrangements compatibles avec les principes et buts de la Charte des Nations Unies et de la Résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, ainsi que d’autres résolutions pertinentes.  À cet égard, la Communauté espère que les efforts multilatéraux visant à promouvoir des négociations plus soutenues et de fond entre les parties se poursuivront sous les auspices du Secrétaire général et de son Envoyé personnel en vue de parvenir à une solution définitive à cette situation de longue date. 

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), qui s’exprimait au nom de la CARICOM, a constaté d’emblée que plus que jamais les questions de développement durable, de paix et de sécurité ont été remises en question par la pandémie de COVID-19.  Il a salué la réactivité du Département des opérations de paix pour permettre aux missions de continuer à fonctionner tout au long de la pandémie.  La CARICOM s’est fait l’écho de l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial.  « Il doit y avoir un seul combat dans le monde d’aujourd’hui, celui contre la COVID-19 », a estimé son représentant.  Le Groupe a salué l’adoption de la résolution 2476 (2019) qui a créé le BINUH en Haïti l’an dernier, affirmant que ce Bureau a joué « un rôle consultatif important » auprès du Gouvernement haïtien.  En outre la CARICOM a plaidé pour la participation active des femmes aux efforts de maintien de la paix, et soutenu l’idée de la création de conseillers pour l’égalité entre les sexes au sein des missions.  En outre, la CARICOM a plaidé pour la participation active des femmes aux efforts de maintien de la paix, et soutenu l’idée de la création de conseillers pour l’égalité entre les sexes au sein des missions.

Passant aux questions relatives à l’information, la CARICOM a réaffirmé son appui aux activités du Département de la communication globale et a pris note du rapport du Comité de l’information.  Elle a mis l’accent sur l’importance des CINU pour diffuser une information fiable, en temps opportun et dans les langues locales, surtout en cette période de pandémie.  Elle a salué en outre les efforts du Département pour lutter contre la désinformation et l’a félicité de ses efforts constants visant à sensibiliser aux activités des Nations Unies auprès du plus large public de par le monde.  Elle a appuyé l’engagement du Département de la communication globale en faveur du suivi et de l’évaluation de ses travaux, en particulier dans le contexte du repositionnement du système des Nations Unies.  À cet égard, le représentant a estimé que cette transition ne doit pas affaiblir le rôle des centres d’information.  Il a également plaidé en faveur d’efforts robustes pour utiliser toutes les plateformes de communication créatives et efficaces pour toucher une audience de portée mondiale, les TIC et les supports traditionnels, en se servant de toutes les langues officielles.  Il a ensuite regretté la fracture numérique qui persiste avant de réaffirmer l’appui de la CARICOM aux réseaux des CINU. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. MOHAMMAD KURNIADI KOB (Indonésie) a déclaré que l’utilisation et l’exploration de l’espace extra-atmosphérique doivent être effectuées exclusivement à des fins pacifiques et dans l’intérêt de tous les pays, quel que soit leur degré de développement économique ou scientifique.  Il a estimé que cette question devrait devenir une priorité du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS).  C’est pourquoi le représentant a demandé l’élaboration d’un cadre juridique pour renforcer la coopération internationale dans l’espace.

Mettant l’accent sur l’outil indispensable que représente le maintien de la paix et de la sécurité, M. Koba a salué le rapport 2020 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34), qui se félicite de la coopération et des initiatives de l’ASEAN en matière de maintien de la paix.  Il a rappelé que les pays de l’ASEAN fournissent plus de 4 800 Casques bleus à diverses opérations de paix et poursuivent leur collaboration sur les questions liées au maintien de la paix avec leurs partenaires extérieurs, notamment par le biais des cadres du Forum régional de l’ASEAN (ARF) et de la Réunion des ministres de la défense de l’ASEAN Plus (ADMM Plus). 

Par ailleurs, la délégation a souligné l’importance d’une coopération et de partenariats renforcés entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en matière de maintien de la paix.  Il a salué l’engagement accru entre l’ASEAN et l’ONU dans le cadre du Plan d’action visant à mettre en œuvre la Déclaration commune sur le partenariat global entre l’ASEAN et le Plan d’action 2021-ONU de l’ASEAN et de l’ONU.  Il s’est réjoui à l’idée de promouvoir une collaboration plus étroite par l’adoption et la mise en œuvre d’un nouveau Plan d’action ASEAN-ONU 2021-2025.

Le représentant de l’ASEAN a salué le « bon travail » accompli par le Département de la communication globale (DCG) pour sensibiliser le monde aux travaux et aux priorités de l’ONU par le biais de ses services de communication stratégique, de ses services d’information et de ses services de sensibilisation et de connaissances.  Préoccupé par la tendance actuelle de la propagation de canulars, de fausses nouvelles et de désinformation, le représentant de l’ASEAN a réitéré son soutien au DCG pour qu’il continue de jouer son rôle de « messager responsable de l’ONU » afin de fournir des informations « claires, opportunes, factuelles, précises, fiables et complètes » sur les activités de l’ONU.  « Région de cultures et de langues diverses, l’ASEAN attache une grande importance au multilinguisme », a ajouté le représentant avant d’inviter la DCG à collaborer avec les centres d’information des Nations Unies afin d’utiliser non seulement les six langues officielles, mais aussi les langues locales, dans le but de toucher les audiences les plus vastes possibles aux quatre coins du monde.  

M. CARLOS AMORIN (Uruguay), qui s’exprimait au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a abordé la question de la décolonisation en axant son intervention sur la question des îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des zones maritimes environnantes, qui revêt une importance particulière pour le bloc. Depuis la résolution 2065  (1965), l’Assemblée générale et le Comité spécial de décolonisation ont reconnu que la question des îles Malvinas est un conflit de souveraineté qui implique l’Argentine et le Royaume-Uni, et que le moyen de mettre fin à cette situation coloniale spéciale est une solution pacifique et négociée entre les deux parties, a-t-il rappelé.  Les membres du MERCOSUR se sont prononcés à plusieurs reprises sur cette question, plus récemment dans le communiqué conjoint adopté à Asunción, au Paraguay, le 2 juillet 2020, lorsque les présidents du MERCOSUR ont réaffirmé les termes de la Déclaration des présidents des États parties du MERCOSUR, de la Bolivie et du Chili, signée le 25 juin 1996 à Protero de los Funes et réitéré leur soutien aux droits légitimes de l’Argentine dans le différend de souveraineté lié à la question des îles Malvinas.  La délégation a également souligné que l’adoption de mesures unilatérales n’est pas compatible avec ce qui avait été convenu aux Nations Unies, et rappelé l’intérêt régional dans un règlement, dès que possible, de cette question qui soit conforme aux résolutions pertinentes des Nations Unies et aux déclarations de l’Organisation des États américains, du MERCOSUR et autres forums régionaux et multilatéraux.  Elle a souligné à nouveau la volonté manifestée en ce sens par le Gouvernement argentin et exhorté le Royaume-Uni à reprendre les négociations pour trouver une solution définitive à ce différend de souveraineté. 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) s’exprimait au nom du Groupe des Ambassadeurs francophones qu’il préside et dont la composition reflète celle de l’Organisation internationale de la Francophonie, à savoir 88 États et gouvernements membres et observateurs.  Porter l’information aux peuples du monde par l’ensemble des moyens de communication, et ce, à travers les langues qu’ils comprennent le mieux, est plus que jamais indispensable à l’accomplissement des mandats confiés au Secrétariat et à la réalisation de nos objectifs communs, a-t-il souligné d’emblée.  Les langues ont un impact sur la substance et sur les politiques, a observé M. Adom, et, en ce sens, l’examen des points 54 (étude d’ensemble de la question du maintien de la paix) et 56 (question de l’information) de l’ordre du jour de la Quatrième Commission se rejoignent pleinement, à ses yeux.  Il ne peut y avoir d’appropriation nationale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sans prise en compte du multilinguisme dans toutes les phases de la mise en œuvre, a dit le représentant.  De la même manière, les mandats confiés par le Conseil de sécurité ne peuvent être menés à bien sans prendre en compte les contextes, notamment les langues, dans lesquels les mandats sont déployés.  Abordant le point 54 de l’ordre du jour, M. Adom a appelé à refonder la diversité culturelle et linguistique et encouragé le Département des opérations de paix, aussi bien que le Département de l’appui opérationnel, à poursuivre l’ensemble des actions engagées au bénéfice d’une pleine intégration de l’enjeu linguistique dans l’action de maintien de la paix.

Le plaidoyer du groupe francophone se fonde sur les considérations suivantes, a dit la délégation : la pratique du français par le personnel d’une opération de maintien de la paix, lorsqu’il s’agit de la langue du pays hôte d’une mission, contribue significativement à la performance de l’opération ; dans un contexte où les mandats des opérations de maintien de la paix sont multidimensionnels avec des tâches croissantes dévolues à la protection des civils et à la consolidation de la paix, pouvoir interagir en français, s’il s’agit de la langue des autorités et des populations locales, revêt une dimension essentielle.  Cette interaction favorise la confiance et l’acceptation des missions tout en facilitant l’interculturalité et une meilleure compréhension des réalités locales dans une perspective de pérennisation de la paix, a expliqué le représentant.  En outre, l’usage du français, et les cultures juridiques qu’il véhicule, est un élément clef de l’efficacité des stratégies de sortie comme des transferts de compétences vers les institutions nationales de la justice, de la police, ou encore du système pénitentiaire.  Le maintien et la consolidation de la paix constituent donc une illustration claire des attentes du groupe francophone, alors que trois des plus importantes missions de maintien de la paix sont déployées dans des pays francophones.

La crise actuelle a montré à quel point le multilinguisme était fragile, a renchéri le groupe francophone, et combien sa mise à mal impacte négativement l’efficacité des actions sur le terrain, comme souligné dans une lettre du Groupe adressée au Secrétaire général en mai 2020, conjointement avec le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies.  Cette crise nous a enseigné également qu’il est plus que jamais crucial de partager des informations fiables et en temps voulu dans différentes langues afin de pouvoir toucher toutes les populations, en particulier les plus vulnérables et permettre l’accès à une information multilingue, précise et vérifiée, a fait observer le représentant.

Passant au point 56 de l’ordre du jour, il a salué les efforts fournis pour rendre disponible le contenu des sites Web de l’ONU et de ses réseaux sociaux dans les six langues officielles ainsi que les activités de communication des centres d’information des Nations Unies, « car une communication efficace ne peut se limiter à la traduction des contenus produits en anglais ».  Comme cela a été souligné dans la correspondance adressée au Secrétaire général en mai dernier, les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre intégrale du multilinguisme au niveau des organes et du Secrétariat nuisent à l’égale participation des États Membres aux discussions internationales.  « La vitalité du multilatéralisme dépend véritablement de sa capacité à permettre un dialogue réel entre les États », a martelé le représentant, en rappelant que chaque pays doit disposer des mêmes opportunités de prendre part aux débats et d’avoir accès à l’information dans les langues officielles de l’ONU ainsi que dans les autres langues.  La confiance dans le système multilatéral repose sur la transparence, le respect des règles et la redevabilité, donc l’accès à l’information dans les différentes langues, a fait valoir le groupe francophone.  Elle est la condition d’une ONU véritablement comprise et acceptée des pays, comme des populations et des sociétés civiles locales, notamment de la jeunesse.  Dès lors le Groupe a demandé au Département de la Communication globale d’assurer un emploi équilibré des six langues officielles sur les sites Internes du Secrétariat en vue de résorber le décalage entre l’emploi de l’anglais et les cinq autres langues, et ce, de manière à accroître la portée de l’action des Nations Unies, et sa compréhension, à un plus large public.

Les technologies de l’information et des communications représentent des opportunités inestimables pour l’Organisation d’élargir son rayon d’action et la portée de son message.  Mais pour ne laisser personne de côté, il importe de continuer d’accorder une attention particulière aux moyens traditionnels de communication.  C’est pourquoi le groupe francophone a appelé au renforcement du rôle joué par ces canaux traditionnels, notamment par la Radio des Nations Unies, dans la diffusion d’informations auprès des populations locales, dans les langues officielles comme dans certaines langues locales, notamment dans les pays en développement, tout en continuant les efforts déployés dans les centres d’information des Nations Unies pour permettre de diffuser et sensibiliser l’action de la communauté internationale au plus grand nombre.  Le groupe francophone est conscient des défis que connaît le Secrétariat en termes de moyens et de ressources, a concédé son Président, mais ces contraintes financières ne doivent pas entraver les impératifs d’égalité et de parité entre les langues qui s’imposent à l’Organisation, a conclu M. Adom.

M. JOSE LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde), au nom de la Communauté des pays de langue portugaise, a déclaré que cette organisation réunit des États dont le partage de la langue portugaise est un moyen de promouvoir ensemble la primauté de la paix, de la démocratie, de l’état de droit, des droits de l’homme, du développement économique et de la justice sociale, « entre eux et à travers leurs relations avec d’autres communautés ».    

Ajoutant que la promotion de la langue portugaise dans le contexte national et international du multilinguisme ne peut qu’agir en faveur de la diversité culturelle et du dialogue interculturel, le représentant a estimé qu’à l’heure où toutes les nations sont confrontées à la pandémie de COVID-19, l’information exacte est un outil essentiel, également précieux dans la recherche de solutions aux problèmes posés par la crise sanitaire.  « Aujourd’hui, plus que jamais, la fourniture d’informations correctes, impartiales, complètes et multilingues est un service impératif pour les enceintes internationales », a-t-il encore indiqué.  

« Le Département de la communication globale est une pierre angulaire du système des Nations Unies, diffusant et promouvant le message de l’Organisation, non seulement dans les six langues officielles de l’ONU, mais aussi dans plusieurs autres, dont le portugais, laquelle concerne plus de 300 millions de locuteurs dans le monde », a poursuivi le représentant.  Il a conclu en soulignant combien les objectifs internationaux de paix, de droits de l’homme et de bien-être des personnes ne pourraient être pleinement atteints « sans nos aspirations communes à revigorer le lien entre multilatéralisme et multilinguisme ».  

S’exprimant aussi au nom des huit États membres du Système d’intégration centraméricain (SICA), à savoir le Belize, le Costa Rica, la République dominicaine, El Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Panama et le Nicaragua, M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a réaffirmé l’engagement de ce groupe à continuer de travailler dans le cadre du droit international, en particulier la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale des Nations Unies du 14 décembre 1960 et d’autres résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, pour faire de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes un territoire exempt de colonialisme et de colonies.  Le SICA a réaffirmé son soutien le plus vigoureux aux droits légitimes de l’Argentine dans le différend de souveraineté sur les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes, ainsi que l’intérêt permanent des pays de la région à voir les gouvernements argentin et britannique reprendre les négociations en vue de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique et définitive à ce différend. 

Le SICA a réaffirmé qu’il importe de respecter les dispositions de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, qui exhorte les deux parties à s’abstenir de prendre des décisions qui impliqueraient l’introduction de modifications unilatérales de cette situation, aussi longtemps que les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes suivent le processus recommandé par l’Assemblée générale. Le SICA a enfin salué le fait que le Parlement centraméricain a proclamé le 10 juin Journée de solidarité centraméricaine avec les îles Malvinas argentines. 

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a commencé par rappeler que son pays est un fournisseur de contingents de premier plan à plusieurs opérations de paix des Nations Unies à travers le monde.  Passant à la question du Jammu-et-Cachemire, il a souligné qu’au lieu de respecter l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, l’Inde avait rompu le cessez-le-feu en vigueur dans ce territoire.  Le représentant a noté que la Charte des Nations Unies est un instrument de sécurité et une source d’espoir, notamment pour les pays qui souhaitent se protéger du colonialisme.  « Le colonialisme est incompatible avec la Charte des Nations Unies », a-t-il souligné.  Le refus du droit à l’autodétermination crée de la colère et constitue une menace pour la paix et la sécurité, a poursuivi le représentant, en affirmant que ce droit à l’autodétermination a été refusé au Jammu-et-Cachemire, tout comme il l’est à la Palestine.  À cet égard, il a estimé que seule une solution à deux États est possible pour garantir une paix durable au Moyen-Orient et que la communauté internationale se doit de renflouer l’UNRWA qui fait face à de graves défis financiers.  Le Pakistan a insisté sur le fait que l’Inde a refusé au peuple du Jammu-et-Cachemire le droit à l’autodétermination, en lançant l’an dernier des offensives dans cette région, a emprisonné tous les opposants, imposé des châtiments collectifs, démoli des quartiers entiers.  La communauté internationale doit demander des comptes à l’Inde, a-t-il exhorté en conclusion.  

M. NÉSTOR POPOLIZIO (Pérou) a expliqué que son pays n’a cessé d’appuyer les efforts de l’ONU en faveur de la décolonisation, rappelant que 80 anciennes colonies avaient obtenu leur indépendance grâce au rôle du Comité spécial pour la décolonisation.  Néanmoins, il a estimé que nous étions confrontés à un processus inabouti puisque le Comité de décolonisation est toujours saisi de la situation de 17 territoires non autonomes alors que nous sommes entrés dans la dernière année de la Troisième décennie internationale de lutte contre le colonialisme.  Il a appelé à l’adoption d’une approche au cas par cas qui permette de tenir compte de chaque situation pour trouver des solutions viables.  Il a indiqué que le Pérou a toujours appuyé les droits légitimes de l’Argentine en matière de souveraineté sur les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, y compris les zones maritimes environnants conformément à la résolution 2065 de l’Assemblée générale.  Il a appelé à une reprise de négociations entre le Royaume-Uni et l’Argentine afin de trouver une résolution pacifique dans le cadre des résolution pertinentes de l’ONU et de l’Organisation des États américains (OEA). 

Mettant l’accent sur les opérations de paix, le Pérou a appelé à des mesures qui participent de l’amélioration de l’efficacité des missions, dont l’utilisation des technologies de pointe, de nouvelles capacités de renseignements, ou encore l’élaboration de plans stratégiques pour le déploiement des troupes.  « Il faut que les pays fournissent de contingents fournissent du personnel formé et compétent », a-t-il aussi insisté avant de souligner la valeur ajoutée de la coopération infrarégionale et la coopération triangulaire en matière de maintien de la paix.  Il a précisé que les femmes représentent 20% du personnel de maintien de la paix déployés sur le terrain. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a axé son intervention sur la question des îles Malvinas, rappelant que de nombreuses résolutions avaient été adoptées à cet égard en 55 ans, à commencer par la résolution 2065 (XX), par laquelle l’Assemblée générale reconnaissait expressément l’existence d’un différend entre l’Argentine et le Royaume-Uni au sujet de la souveraineté sur les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes et exhortait les deux parties à mener des négociations pour y trouver une solution définitive.  Depuis lors, ce mandat défini par cette Assemblée a été renouvelé à ce jour et est également soutenu par diverses organisations internationales, des organisations et forums régionaux et bi-régionaux, tels que le MERCOSUR, l’Organisation des États américains (OEA), la Communauté des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), les sommets ibéro-américains, le Sommet des pays sud-américains et arabes (ASPA) , le Sommet de l’Amérique du Sud et de l’Afrique (ASA) et le Groupe des 77 et de la Chine.  Néanmoins, le Royaume-Uni continue d’ignorer cet appel, ne respectant pas ses obligations en matière de décolonisation.  Face à ce refus réitéré, l’Argentine dit avoir prié le Secrétaire général de renouveler ses efforts concernant la mission de bons offices qui lui a été confiée par la résolution 37/9 de l’Assemblée générale afin d’aider les parties à reprendre les négociations.  La délégation s’est dite convaincue que ces bons offices aideront les deux parties au différend à se conformer à ce qui a été établi par la communauté internationale. 

L’Argentine défend le droit à l’autodétermination des peuples dans tous les cas où ce droit est applicable, a expliqué la représentante, cependant, il ne faut pas oublier qu’« autodétermination » et « décolonisation » ne sont pas synonymes.  Le droit à l’autodétermination n’est pas un droit reconnu à toute population humaine, mais uniquement aux « peuples ».  Dans le cas des îles Malvinas, bien qu’il s’agisse d’une situation coloniale, on ne peut considérer que ses habitants aient été soumis à une subjugation, une domination ou une exploitation coloniales étrangères.  Il n’y a pas de « peuple » là-bas, qui puisse être titulaire du droit à l’autodétermination, a-t-elle expliqué, mais plutôt un groupe d’habitants descendants de colons britanniques qui, au XIXe siècle, ont été transférés sur une partie du territoire argentin qui a été illégalement occupée depuis 1833.  Reconnaître le droit à l’autodétermination d’une population qui ne se distingue pas de celle de la métropole signifierait une déformation de ce droit de l’homme, et une interprétation erronée qui aurait pour but de légitimer une occupation illégale qui perturbe l’intégrité territoriale d’un État, a tranché la représentante. 

Par conséquent, aucune des résolutions adoptées par l’Assemblée générale ou par le Comité spécial de la décolonisation ne fait référence à un droit présumé à l’autodétermination de ceux qui habitent les îles Malvinas.  De plus, l’Argentine ne peut accepter que le Royaume-Uni continue de poursuivre des actes unilatéraux dans la zone contestée comme l’exploitation unilatérale et illégale des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables en violation flagrante des dispositions de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale.  En outre, les îles Malvinas sont devenues l’hôte d’une base militaire aux proportions injustifiables.  En conclusion, l’Argentine a à nouveau invité le Royaume-Uni à revenir à la table des négociations et à rechercher avec elle le meilleur moyen de mettre fin à ce différend inutilement prolongé.  « La réalité ne peut être niée à jamais »: ce différend de souveraineté existe et les deux gouvernements sont appelés à reprendre le dialogue qui a existé dans le passé pour trouver une solution pacifique et définitive, a-t-elle conclu. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a déclaré que l’UE continue de promouvoir la préservation d’un environnement spatial sûr et durable.  À cet égard, il a expliqué que l’UE est sur le point d’adopter un programme spatial pour les années 2021-2027 afin de renforcer les capacités spatiales de l’UE dans les domaines de la navigation, de l’observation de la Terre, de la sensibilisation à la situation spatiale et de la communication gouvernementale par satellite. 

Par ailleurs, il a réitéré le soutien de l’Union au travail de l’UNRWA dans un contexte extrêmement difficile, précisant que l’UE et ses États membres sont collectivement les plus importants contributeurs au budget de l’Office.  Il a indiqué que, conformément au droit international, y compris la résolution 2334 (2106), l’UE a toujours réitéré sa ferme opposition à la politique de colonisation d’Israël et aux mesures prises dans ce contexte.  Il a demandé à Israël de mettre fin à l’expansion des colonies, y compris à Jérusalem-Est, en particulier dans des zones sensibles comme Har Homa, Givat Hamatos et E1, qui menace gravement la solution à deux États et compromet sérieusement la possibilité que Jérusalem devienne la future capitale des deux États.  L’UE s’est félicitée de l’annonce de la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis et de l’établissement de relations diplomatiques avec Bahreïn.  La délégation a ajouté que l’engagement d’Israël à suspendre les projets d’annexion unilatérale des zones du territoire palestinien occupé est une étape positive.   

Soulignant l’importance primordiale de la prévention des conflits ainsi que le rôle crucial que jouent les missions politiques spéciales, le représentant de l’Union a dit qu’elle est l’une des priorités du partenariat stratégique UE-ONU.  La délégation a estimé que les opérations de paix de l’ONU ne seront efficaces que si elles disposent de ressources suffisantes pour s’acquitter de leurs mandats.  C’est pourquoi elle a demandé à tous les États Membres de verser leurs contributions intégralement et en temps opportun, sans conditions, tant pour les budgets réguliers que pour les budgets de maintien de la paix.  

Reconnaissant que de véritables partenariats ne reposent pas sur des paroles mais sur des actes, la délégation a précisé que l’ONU et l’UE ont signé en septembre 2020 un accord de soutien mutuel dans le cadre de leurs missions et opérations respectives sur le terrain.  « Cet accord-cadre juridique permet des échanges et une coopération étroite entre les missions du PSDC de l’UE et les opérations de maintien de la paix de l’ONU », a-t-il ajouté, avant de préciser qu’il s’agit d’une contribution à la mise en œuvre de l’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P) et du programme de réforme plus large des Nations Unies.   

La délégation a réitéré la volonté des États membres de l’UE de continuer à contribuer de manière constructive aux travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34).  L’UE a précisé que l’alignement de la structure du rapport C34 sur l’ordre du jour de l’A4P était la bonne décision, car elle permet de faire du rapport C34 un véhicule essentiel pour un maintien de la paix plus efficace grâce à la mise en œuvre de l’initiative du Secrétaire général.   

L’Union a aussi félicité la Secrétaire générale adjointe à la communication, Mme Melissa Fleming, et son équipe pour le lancement de la stratégie de communication globale 2020 qui a été façonnée par la pandémie de COVID-19.  Le représentant a dit que les récentes réformes introduites pour rendre la communication plus agile, l’engagement croissant avec toutes les parties prenantes, y compris la société civile, et l’accent mis sur les jeunes comme public prioritaire, se sont avérés essentiels pendant la pandémie.  « En outre, l’approche proactive du Département, intensifiée de façon stratégique pour soutenir les priorités de l’Organisation pendant la crise, a prouvé son efficacité pour susciter le sens des responsabilités de chacun pour contrer la pandémie et œuvrer à un environnement plus durable », a-t-il déclaré avant de rappeler que cette période difficile a exigé de fournir sans délai des informations précises et fiables et d’une manière qui favorise la compassion et la solidarité entre citoyens du monde.  Le représentant a aussi vivement salué les mesures prises par le DCG pour lutter contre la vague de désinformation et de mésinformation qui a accompagné la crise – y compris dans le cadre de la campagne « Verified ».  L’UE a enfin estimé que cette préoccupation est partagée sur tous les continents, comme en témoigne le succès de la déclaration interrégionale sur « l’infodémie » à laquelle ont souscrit 132 signataires, dont les 27 États membres de l’Union européenne, en juin 2020.

M. EDWARD RUGENDO NYAGA (Kenya) a noté que 80 anciennes colonies, dont le Kenya, avaient obtenu leur indépendance depuis la création de l’ONU, il y a 75 ans.  Notant que 17 territoires non autonomes sont toujours inscrits aux travaux du Comité spécial de la décolonisation, le représentant du Kenya a appelé à des efforts renouvelés de l’ONU en faveur de la décolonisation.  Il a aussi appuyé le processus de paix au Moyen-Orient en soutenant la solution des deux États.  Le représentant a souligné l’importance des opérations de paix avant d’appuyer en particulier le plan de transition de la Somalie, jugeant indispensable un renforcement de la MANUSOM.  Il a ajouté que les applications de technologies spatiales peuvent contribuer à réaliser les objectifs de développement durable (ODD), dont la lutte contre les changement climatiques et contre la faim.

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a exprimé l’attachement de sa délégation à l’éradication du colonialisme, qui continue d’être une dette morale et historique envers les peuples colonisés dans les territoires non autonomes et autres territoires, afin que ces peuples puissent exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination, à l’indépendance et leur droit au développement.  « Il est important qu’en ces temps de pandémie et cinq ans après le début de la mise en œuvre du Programme 2030, nous adoptions des mesures efficaces qui tiennent compte du droit des peuples à l’autodétermination.  Il est nécessaire d’entreprendre de nouvelles actions et des mesures efficaces, conformément au droit international, pour éliminer les obstacles qui empêchent la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples vivant sous occupation coloniale et étrangère et qui continuent de nuire à leur développement économique et social et son environnement. » 

Le Nicaragua a redit sa solidarité avec le Gouvernement et le peuple argentins et leur souveraineté sur les îles Malvinas, les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants, « territoires occupés par le Royaume-Uni ».  « Notre Assemblée nationale a proclamé le 10 juin Journée nationale de solidarité avec l’Argentine pour les îles Falkland.  De même, notre Parlement centraméricain (PARLACEN) a également institué le 10 juin Journée de solidarité centraméricaine avec les îles Malvinas Argentinas », a-t-il ajouté.  Le représentant a réaffirmé que Porto Rico est un pays d’Amérique latine et des Caraïbes, « qui reste sous le joug colonial et a besoin de notre solidarité et de notre soutien dans sa lutte pour son indépendance et son autodétermination ».  

En ce qui concerne les droits inaliénables du peuple sahraoui à son autodétermination et à son indépendance conformément à la Résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, M. Jiménez a estimé que l’engagement des parties est nécessaire pour entrer dans une phase de négociations intensives, de bonne foi et sans conditions préalables, ce qui permettrait enfin au peuple sahraoui d’exercer pleinement ses droits inaliénables.  « La tenue du référendum des Nations Unies pour l’autodétermination du peuple sahraoui est décisive pour la solution de cette situation coloniale, c’est pourquoi la nomination de l’Envoyé spécial du Secrétaire général est nécessaire », a ajouté en conclusion la délégation. 

Droits de réponse

Le Royaume-Uni a réagi aux interventions de la CELAC, du Mercosur, de l’Argentine et du Pérou, disant n’avoir aucun doute concernant la souveraineté du Royaume-Uni sur les îles Falklands et les espaces maritimes avoisinants, pas plus que sur l’applicabilité du principe du droit de leurs habitants à l’autodétermination.  Il ne peut donc y avoir aucun dialogue sur la souveraineté de ces îles à moins que leur peuple ne le souhaite, « or il ne le souhaite pas », comme l’a confirmé le referendum organisé en 2013.  Par conséquent, le Royaume-Uni est d’avis que l’Argentine doit respecter ce souhait et reste donc attaché à défendre le droit à l’autodétermination du peuple des Îles Falkland.  Il n’a pas non plus émis de doute sur la souveraineté britannique sur les îles Chagos. 

Réagissant, l’Argentine a rappelé que ces les îles Malvinas font partie intégrante du territoire de l’Argentine et l’objet d’un différend de souveraineté suite à une occupation illégale par le Royaume-Uni.  Cela a été reconnu par pas moins de 10 résolutions de l’Assemblée générale qui demandent au Royaume-Uni de reprendre les négociations, a martelé le représentant.  L’Argentine a répété que le principe de l’autodétermination des peuples est inapplicable s’agissant de ce différend.  Par conséquent, le vote qui a eu lieu sur les îles Malvinas en 2013 n’a aucune valeur juridique et n’affecte en rien les droits légitimes des Argentins.  Le règlement de ce différend de souveraineté ne saurait être le fruit du vote d’un peuple « qui n’existe pas au sens propre », puisqu’il s’agit de Britanniques venus s’installer là-bas.  L’Argentine a donc réaffirmé son droit de souveraineté sur ces îles.

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