8753e séance – matin
CS/14266

Conseil de sécurité: multiplication des appels à un cessez-le-feu national pour améliorer une situation humanitaire, économique et sanitaire préoccupante au Yémen

«  Le monde est face au même choix que le mois dernier : aider le Yémen maintenant, ou  le  regarder sombrer dans l’abîme  », a averti  aujourd’hui au Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark  Lowcock.   

Le Conseil, qui s’est réuni  en personne, pour la deuxième fois depuis la crise du coronavirus, a entendu de multiples appels à un cessez-le-feu dans tout le Yémen pour pouvoir  mettre en œuvre  des mesures propres à améliorer la situation  humanitaire, économique et sanitaire.  

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a  rappelé  que son Bureau  facilite depuis quatre mois  des  pourparlers  entre le Gouvernement yéménite et Ansar Allah pour parvenir à un accord sur une déclaration commune qui comprendrait un cessez-le-feu à l’échelle nationale,  des mesures économiques et humanitaires, et la reprise du processus politique visant à mettre fin au conflit.    Ces  négociations  doivent se faire, a-t-il pressé, avant que la fenêtre d’opportunité ne se referme.  Il faut espérer, a-t-il ajouté, que les parties feront les compromis nécessaires, d’autant plus que «  la vie est devenue encore plus impitoyable pour les Yéménites  ».  

La crise humanitaire n’a jamais été aussi grave, a confirmé le Coordonnateur des secours d’urgence.   De nouveau, la  famine est  à l’horizon, le  conflit s’intensifie, l’économie est en lambeaux et les  agences humanitaires sont presque en faillite.    À ces problèmes, il  a ajouté la propagation «  incontrôlable  » de la COVID-19, sans oublier la triste saga du pétrolier  Safer  sur  lequel il n’y a eu aucun progrès, en dépit de la réunion spéciale du Conseil, il y a deux semaines.   Si  le pétrolier  explose ou  si  son contenu  fuit, les ports de  Hodeïda  et  de  Salif  seraient  hors service pendant des semaines  voire  des mois.    

«  Cessez de soutenir et d’armer les belligérants  », ont  plaidé  les deux  représentants  de la société civile  yéménite, la Coordonnatrice générale de  «  Médecins sans Frontières (MSF)   » au Yémen, Mme  Wafa’a Alsaidy  et la Présidente de la «  Arab Human  Rights foundation  », Mme Raja Abdullah  Almasabi.   La première a fait le diagnostic d’un système sanitaire incapable de faire face à la pandémie, avec plus de la moitié des centres de santé ne fonctionnant pas bien ou pas du tout.  

«  Imaginez devoir fuir pour votre survie en fauteuils roulants ou avec des béquilles  », s’est alarmée Mme Almasabi qui a plaidé la cause des personnes handicapées comme elle.  Elle a demandé que le sort de ces personnes soient pris en compte dans chacune des déclarations et résolutions du Conseil de sécurité.    

En attendant, le Coordonnateur des secours d’urgence a dit craindre « la faillite » dans les comptes des opérations d’aide.    Des coupes sévères ont déjà été effectuées  dans  de  nombreuses activités  essentielles.  L’ONU ne fournit d’aide alimentaire qu’à 5 millions de personnes contre 13 millions  auparavant.   À ce jour, les organisations humanitaires ont reçu environ 18% de ce dont  elles ont besoin pour  cette  année.   En août, les programmes d’eau et d’assainissement seront divisés par deux dans 15 villes et en  septembre, l’ONU manquera d’argent pour soigner plus de 250 000 enfants souffrant de malnutrition  grave.   

Le Royaume-Uni a proposé deux mesures  clefs: le  financement  de  l’appel humanitaire des Nations Unies, et la fourniture d’une assistance financière à la Banque centrale du Yémen pour qu’elle ait  les  devises  nécessaires aux importations.   Le Coordonnateur des secours d’urgence a d’ailleurs mis en garde contre la chute du rial yéménite par rapport au dollar américain, sachant que le taux de change et le carburant sont les principaux déterminants du prix des denrées alimentaires et autres produits de première nécessité.   Le Royaume-Uni a invité le Gouvernement du Yémen à développer un « plan crédible et transparent » qui rassure les donateurs et inclut le paiement des salaires des fonctionnaires.  

Alors que nous payons les salaires, par le biais d’un compte spécial à la Banque centrale, dans un arrangement supervisé par l’Envoyé spécial, les houthistes, a accusé le Yémen, utilisent cet argent pour financer leur effort de guerre et tirer profit.   En mai dernier, le Gouvernement, a rappelé le Yémen, avait  accepté les  documents visant à établir un cessez-le-feu et à  initier  des mesures de confiance, avant de se heurter aux «  conditions impossibles  » des milices houthistes pour déjouer les efforts internationaux et à prolonger la guerre. 

La majorité des délégations ont insisté sur la pleine application des Accords de Stockholm et de Riyad, sous les auspices de l’ONU.  «  Seul un cessez-le-feu à l’échelle nationale, conformément à la résolution 2532 (2020) et à l’appel du Secrétaire Général des Nations Unies, permettra de lutter efficacement contre la pandémie de COVID-19  », a martelé la France.  Les États-Unis sont revenus aux évènements du 28 juin, lorsqu’ils ont barré la route, au large des côtes yéménites, à  un navire  chargé  d’armes iraniennes pour les houthistes.  L’idée de faire  porter la responsabilité du conflit à d’autres acteurs régionaux n’aide  en rien la situation, a commenté la Fédération de Russie, arguant que les acteurs « incriminés  » peuvent justement jouer un rôle positif dans le dénouement du conflit. 

LA SITUATION AU YÉMEN

Déclarations

En visioconférence depuis Genève, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. MARTIN GRIFFITHS, a rappelé que lors de son dernier exposé devant le Conseil de sécurité, il avait parlé des négociations entre le Gouvernement yéménite et Ansar Allah pour parvenir à un accord sur une déclaration commune qui comprendrait un cessez-le-feu à l’échelle nationale, des mesures économiques et humanitaires, et la reprise du processus politique visant à mettre fin au conflit.  Ces négociations durent depuis quatre mois, a-t-il dit, ajoutant que les deux parties ont soumis leurs commentaires sur les différents projets et propositions, mais elles ne sont pas encore parvenues à un accord sur un texte final. Les négociations doivent se conclure avant que la fenêtre d’opportunité ne se referme, a-t-il averti, en formant le vœu que les parties feront les compromis nécessaires.

L’Envoyé spécial a déploré le fait que malgré ces négociations, la vie est devenue encore plus impitoyable pour les Yéménites; la poursuite de la campagne militaire contre Mareb ayant eu de profondes conséquences humanitaires et économiques et pouvant compromettre les chances de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu.  Il a appelé à des mesures de désescalade « immédiates et urgentes », en cette veille de l’Eïd al-Adha.  Il a condamné toutes les attaques contre les civils et les biens à caractère civil et appelé toutes les parties à respecter leur obligation de protéger les civils, en vertu du droit international humanitaire.  À Hodeïda, le niveau de violence n’a pas baissé et le nombre des violations du cessez-le-feu a augmenté.  Le Comité de coordination du redéploiement et les mécanismes conjoints de mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda ne fonctionnent toujours pas.  La Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) poursuit ses efforts pour surmonter la méfiance entre les parties et rétablir le dialogue.

En outre, les indicateurs économiques pointent tous dans la mauvaise direction.  Les prix des denrées alimentaires augmentent, la monnaie se déprécie et la plupart des Yéménites n’ont pas assez d’argent pour subvenir à leurs besoins élémentaires.  C’est le peuple du Yémen qui souffre lorsque l’économie est militarisée et politisée, a rappelé l’Envoyé spécial.  Il a plaidé pour la levée immédiate des obstacles à l’importation et à la distribution de carburant et autres biens de première nécessité.  Il s’est réjoui de la décision du Gouvernement yéménite d’autoriser les activités d’un certain nombre de navires de ravitaillement ces dernières semaines et l’a encouragé à faire plus.  Les parties devraient également convenir de toute urgence d’un mécanisme de décaissement des revenus du port de Hodeïda en tant que contribution aux salaires des fonctionnaires.

M. Griffiths est revenu sur la question du pétrolier SAFER qui est aujourd’hui en décomposition, avec le risque de déverser plus d’un million de barils de pétrole dans la mer Rouge.  Au début de ce mois, Ansar Allah a confirmé par écrit qu’il autoriserait une mission technique supervisée par l’ONU.  Nous attendons toujours les autorisations, a dit l’Envoyé spécial.  L’ONU, a-t-il précisé, a clairement indiqué à Ansar Allah la mission de son équipe: évaluer l’état du pétrolier, entreprendre les premières réparations éventuelles et formuler des recommandations sur les mesures à prendre.  

S’agissant des provinces du sud, l’Envoyé spécial a salué la diminution des opérations militaires ces dernières semaines, malgré quelques affrontements limités sur la ligne de front à Abyan.  Cependant, les tensions sur les institutions publique persistent à Aden et dans d’autres régions, alors que le pays est confronté à la menace de la COVID-19 et à un déclin économique « alarmant ».  Il a salué les efforts des parties pour réactiver la mise en œuvre de l’Accord de Riyad, ainsi que le rôle de médiation de l’Arabie saoudite.

Les éléments en cours de négociation dans le cadre du processus de la déclaration commune sont importants, tant pour les parties que pour le peuple yéménite, a affirmé l’Envoyé spécial, admettant le risque réel que ces négociations échouent et que le Yémen entre dans une nouvelle phase d’escalade prolongée, de propagation incontrôlée de la COVID-19 et de déclin économique.  La période à venir mettra à l’épreuve la volonté politique des parties de faire une percée.

Selon le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. MARK LOWCOCK, la crise humanitaire au Yémen n’a jamais été aussi mauvaise.  Intervenant par visioconférence de New York, il a indiqué que la famine est à nouveau à l’horizon.  De nouveau, le conflit s’intensifie, l’économie est en lambeaux et les agences humanitaires sont presque en faillite.  À ces problèmes, le Coordonnateur des secours d’urgence a ajouté la propagation « incontrôlable » de la COVID-19, sans oublier la triste saga du pétrolier SAFER sur lequel il n’y a eu aucun progrès.  Si le pétrolier explose ou si son contenu fuit, les ports de Hodeïda et de Salif seraient hors service pendant des semaines, voire des mois.

M. Lowcock a indiqué que le pays compte désormais 43 lignes de front actives, contre 33 en janvier dernier.  Le nombre des incidents a augmenté au deuxième trimestre de l’année, et ce, pour le troisième trimestre consécutif.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par l’escalade à Mareb, dont les derniers bombardements.  Près d’un million de déplacés sont installées dans et autour de la ville, et s’il y avait un assaut, des vagues de personnes déjà vulnérables fuiraient la région.  Les Yéménites ont besoin d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, a martelé le Coordonnateur des secours d’urgence.

Sur le plan humanitaire, il a souhaité que le projet pilote du Programme alimentaire mondial (PAM), prévu depuis longtemps, démarre et que les bénéficiaires de l’aide alimentaire reçoivent enfin une identité biométrique.  Après avoir traîné des pieds pendant plusieurs semaines, la Coalition a accepté que l’équipement technique soit expédié au Yémen.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a exhorté les responsables d’Ansar Allah à agir rapidement pour mettre en œuvre ce projet.  Pendant ce temps, dans le sud du pays, l’on voit une recrudescence des incidents violents contre les biens humanitaires et la multiplication des obstacles bureaucratiques.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a insisté sur le fait que les opérations d’aide sont au bord du déficit.  Des coupes sévères ont déjà été effectuées dans de nombreuses activités essentielles.  L’ONU ne fournit plus l’aide alimentaire qu’à 5 millions de personnes contre 13 millions auparavant.  Huit millions de personnes ont vu leurs rations alimentaires divisées par 2 et les coupes affectent l’accès de millions à l’eau, à la santé et autres services vitaux.  À ce jour, les organisations humanitaires ont reçu environ 18% de ce dont elles ont besoin pour cette année.  En conséquence, ce qui était ces dernières années, l’une des opérations humanitaires les mieux financées au monde est aujourd’hui l’une des moins financées.  En août, les programmes d’eau et d’assainissement seront divisés par 2 dans 15 villes et en septembre, près de 400 établissements de santé, dont 189 hôpitaux, perdront leur approvisionnement en eau potable et en médicaments essentiels. 

Toujours en septembre, l’ONU manquera d’argent pour soigner plus de 250 000 enfants souffrant de malnutrition grave.  Seize districts sous le contrôle du Gouvernement sont désormais classés dans la « Phase 4 », celle d’avant la famine.  Les résultats d’une évaluation similaire dans les zones contrôlées par Ansar Allah seront disponibles dans les semaines à venir.  M. Lowcock a indiqué que la forte baisse des annonces de contribution et des versements des pays du Golfe cette année est la principale raison de ce fort déficit.  La COVID-19, a-t-il aussi reconnu, a fait chuter les envois de fonds des migrants.

Le Secrétaire général adjoint a mis en garde contre la chute du rial yéménite par rapport au dollar américain, sachant que le taux de change et le carburant sont les principaux déterminants du prix des denrées alimentaires et des autres produits de première nécessité.  « Le monde est face au même choix que le mois dernier: aider le Yémen maintenant, ou le regarder sombrer dans l’abîme. »

Par visioconférence depuis Sanaa, la Coordonnatrice générale de « Médecins sans Frontières (MSF) » au Yémen, Mme WAFA’A ALSAIDY, a parlé des mères et des enfants qui meurent de complications évitables pendant la grossesse ou l’accouchement.  Elle a parlé des pères désespérés qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants malnutris dans des centres de traitement, ou encore des patients, atteints de maladies chroniques, qui perdent la vie, incapables de trouver ou d’acheter des médicaments.  Les familles, a-t-elle raconté, doivent choisir entre les médicaments et la nourriture.  Les enfants qui ont survécu aux bombardements à Hodeïda, souffrent d’un stress posttraumatique et de phobies si graves qu’ils ont parfois même peur du bruit de la pluie. 

La Coordonnatrice a dit avoir vu une fille de 12 ans traumatisée après avoir trébuché sur le corps sans vie d’un camarade de classe lors du bombardement de son école à Sanaa.  Elle a aussi dit avoir vu des adultes qui présentent des symptômes d’anxiété et de dépression parce qu’ils ne peuvent subvenir aux besoins de leur famille.  Elle a relaté le sort de ces familles déchirées par la guerre, dont de nombreuses ne pourront se réunir pour l’Eïd. 

Cette situation déjà insupportable a été aggravée par la pandémie de COVID-19, a-t-elle alerté.  Je peux vous dire que nous voyons des gens mourir chez eux et dans les hôpitaux, pour n’avoir pas pu se rendre chez le médecin ou être arrivé trop tard.  Le système sanitaire du Yémen, plus que tout autre pays du monde, est incapable de faire face à la pandémie.  Plus de la moitié des centres de santé ne fonctionne pas bien ou pas du tout.  Les destructions, le manque de fournitures et de carburant, et les versements irréguliers des salaires sont à la base de cette situation.  Elle a salué « le sacrifice » des agents de santé yéménites qui, comme tous les autres fonctionnaires, travaillent sans percevoir de salaire.

Maintenant, a ajouté la Coordonnatrice, la détérioration de la situation économique fait que nourriture, médicaments et eau potable sont inabordables pour la plupart des Yéménites.  Contre le choléra, les gens se demandent comment se laver abondamment les mains quand il n’y a même pas d’eau à boire et pour cuisiner?

Mme Alsaidy a demandé au Conseil de sécurité de mettre fin au conflit au Yémen car c’est la façon de rétablir l’autonomie des Yéménites; de faire pression sur les pays directement impliqués dans le conflit pour qu’ils mettent fin aux opérations militaires et cessent de militariser les groupes armés au Yémen; d’obtenir des pays, y compris les membres permanents de cet organe, qu’ils mettent fin à leur soutien logistique et militaire direct et indirect aux opérations militaires au Yémen; de sauver l’économie du Yémen et de lever le blocus et toute autre restriction à l’import-export.

Le Conseil doit aussi, a poursuivi Mme Alsaidy, faire pression sur les pays directement impliqués dans le conflit pour qu’ils interviennent et arrêtent la dépréciation de la devise nationale, sur les parties au conflit pour qu’elles paient tous les impôts et recettes pétrolières à la Banque centrale du Yémen, et sur toutes les parties belligérantes pour qu’elles respectent le droit international humanitaire.  Elle a enfin plaidé pour le financement de l’aide, le contraire serait « absolument injuste » pour la population.

Mme RAJA ABDULLAH ALMASABI, Présidente de la Arab Human Rights foundation, a indiqué qu’il s’agit de la seule organisation locale au Yémen qui défend les droits humains des personnes handicapées.  « En tant que femme handicapée moi-même, je parle d’expérience, je me bats pour nos droits. »  Avant le début de la guerre en 2015, il y avait deux millions de personnes handicapées, maintenant elles sont entre 3,5 et 4,5 millions, a-t-elle dit, ajoutant que le véritable chiffre est probablement bien plus élevé.  La majorité des personnes ont connu un handicap pendant la guerre en raison des frappes aériennes, des mines et autres débris de guerre.  Le déni d’accès à l’aide humanitaire est aussi une cause de handicaps, notamment parmi les enfants, en raison de la malnutrition.  Certaines personnes avec un handicap avant la guerre peuvent également développer un handicap secondaire pendant.  Elle a ainsi indiqué qu’elle a elle-même deux handicaps, physique et auditif.  Elle a en outre rappelé la difficulté de fuir lorsqu’une personne est handicapée, si bien que nombre d’entre elles sont abandonnées par leurs familles.  « Imaginez devoir fuir pour votre vie en fauteuils roulants ou à béquilles. »  Elle a ensuite insisté sur les grandes difficultés éprouvées par les personnes handicapées dans les camps de déplacés, qui « n’ont pas été pensés pour nous ».

Maintenant, avec la COVID-19 et la crise sanitaire catastrophique qu’elle déclenche, les personnes handicapées sont de nouveau laissées de côté, a-t-elle regretté.  « Aucune action spécifique n’a été mise en place pour les personnes handicapées alors que nous savons qu’elles courent un risque accru de contracter le virus.  « Mme Almasabi a indiqué que la guerre a aussi appauvri les personnes handicapées, elle-même n’ayant pas reçu de salaire ces quatre dernières années.

Dans un tel contexte, elle a exhorté le Conseil –« chacun d’entre vous »- à agir pour mettre un terme à la guerre.  « Cessez de soutenir et d’armer les acteurs de cette guerre. »  Elle a aussi demandé que les droits et besoins des personnes handicapées soient au cœur des préoccupations et des budgets de l’ONU, des organisations non gouvernementales et des gouvernements.  « Toute négociation de paix doit inclure la participation des personnes handicapées », a-t-elle exigé, ajoutant que ce n’est pas le cas aujourd’hui: plus de quatre millions de personnes sont ainsi réduites au silence.  Enfin, elle a exhorté les membres du Conseil à apporter un soutien technique et financier aux personnes handicapées et à leurs organisations représentatives.  « Vous pouvez en faire davantage.  Vous pouvez faire mieux.  Les personnes handicapées doivent être incluses dans chacune de vos déclarations et résolutions.  Nous devons avoir un siège à la table. »

M. JONATHAN ALLEN (Royaume-Uni) a prévenu que dans le pire des cas, 85 000 Yéménites pourraient mourir de la COVID-19.  Il s’est dit frustré que les houthistes, en particulier, ne signalent pas de cas, qu’ils aient résisté à la mise en œuvre des nombreuses mesures d’atténuation et qu’ils empêchent la réalisation d’opérations sanitaires critiques, y compris les vaccinations.  Il a appelé toutes les parties yéménites à garantir un accès humanitaire sans restriction, à signaler les cas de COVID-19 de manière transparente et à faciliter la riposte de l’ONU.

Pour contrer la famine qui s’annonce, le représentant a proposé deux mesures clefs et d’abord le financement de l’appel humanitaire des Nations Unies.  Mon pays, a-t-il affirmé, a déjà décaissé plus de la moitié des 200 millions de dollars dédiés au Yémen cette année.  Quant à la deuxième mesure, a poursuivi M. Allen, elle consiste à fournir une assistance financière à la Banque centrale du Yémen pour qu’elle ait les devises nécessaires aux importations.  Dans le même temps, le Royaume-Uni a invité le Gouvernement du Yémen à développer un plan crédible et transparent qui rassure les donateurs et inclut le paiement des salaires des fonctionnaires.  Le moment est venu, s’est impatienté le représentant, de cesser les hostilités et d’accepter les propositions qui sont sur la table.  M. Allen s’est félicité de ce que la médiation saoudienne ait imprimé un nouvel élan à la mise en œuvre de l’Accord de Riyad.  Il n’a pas oublié de demander aux houthistes de collaborer avec les experts onusiens pour sécuriser le pétrolier SAFER.

Afin de lutter avec succès contre le virus au Yémen, M. ABDOU ABARRY (Niger) a exhorté les trois centres de pouvoir à cesser de se rejeter la responsabilité les uns sur les autres et à s’unir pour faire face à cette menace mortelle.  L’absence d’une autorité centrale rend difficile la mise en œuvre de mesures de précaution auxquelles les populations doivent se conformer, de manière coordonnée et cohérente.  Rappelant son optimisme le mois dernier alors que les parties en conflit avaient exprimé leur intérêt pour les propositions de l’Envoyé spécial relative à une déclaration conjointe sur un cessez-le-feu national, le délégué a indiqué qu’il n’en va malheureusement pas de même aujourd’hui au vu des derniers développements.  Aucun progrès, a-t-il prévenu, ne peut être réalisé ni dans le processus politique ni dans la situation humanitaire sans une véritable cessation des hostilités.  Il a invité les acteurs régionaux ainsi que les membres du Conseil qui ont une influence sur les parties à exercer les pressions nécessaires pour faire avancer les démarches de l’Envoyé spécial et parvenir à une déclaration de cessez-le-feu général.

Enfin, M. Abarry s’est félicité de l’accord donné par les houthistes pour l’accès d’une équipe d’experts des Nations Unies au pétrolier SAFER, qui est en quasi-abandon depuis plusieurs années au large du Port de Hodeïda.  Compte tenu du risque imminent que le pétrole ne se déverse en mer et des nombreuses conséquences écologiques, économiques et humanitaires, il est urgent d’agir au plus vite, a pressé le représentant.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a déclaré que l’alarmante situation humanitaire au Yémen est inextricablement liée à l’impasse politique.  Elle a exhorté toutes les autorités provinciales à prendre des mesures communes pour contrer la COVID-19 et alléger les souffrances de la population.  La délégation a appelé toutes les parties à cesser les hostilités, conformément à l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial et à la résolution 2532 (2020).  Les parties doivent se mettre d’accord sur des mesures de rétablissement de la confiance, telles que le paiement du traitement des fonctionnaires, la réouverture de l’aéroport de Sanaa et la levée des restrictions aux importations commerciales.  Estimant qu’une solution militaire n’est pas viable, l’Afrique du Sud a plaidé pour que toutes les parties abordent la reprise des négociations politiques avec un esprit de compromis et renoncent aux positions absolutistes.  Après avoir insisté sur la nécessité de mettre en œuvre l’Accord de Riyad entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de Transition du Sud, l’Afrique du Sud a demandé à toutes les parties de faciliter la réparation du pétrolier SAFER et d’éviter ainsi une catastrophe en mer Rouge.  Cette menace imminente doit être traitée sur une base purement technique, sans politisation, a conclu le représentant.

Notant que la mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad est au point mort, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a appelé les parties à s’abstenir de recourir à la force et à prendre des mesures pour désamorcer les tensions, et faciliter les efforts de l’ONU en vue d’un cessez-le-feu et d’un dialogue politique.  Alors que la pandémie de COVID-19 a fait un énorme bond dans le pays, le représentant a estimé que l’aide humanitaire devrait être la priorité du Conseil de sécurité.  Mais il a prévenu que l’on n’avancera pas sur le front humanitaire sans des progrès dans le règlement du conflit.  Il a donc appuyé la médiation de l’ONU auprès de toutes les forces politiques du pays.

L’idée de faire porter la responsabilité du conflit à d’autres acteurs régionaux n’aide en rien la situation, a souligné le représentant.  Au contraire, les acteurs régionaux incriminés peuvent jouer un rôle positif dans le dénouement du conflit.  Le représentant a d’ailleurs réitéré l’importance de la résolution 598 (1987) sur l’Iraq et l’Iran qui demande au Secrétaire général d’examiner avec les deux pays et d’autres États de la région, des mesures visant à renforcer la sécurité et la stabilité régionales, « y compris le concept de sécurité collective russe pour la région du golfe Persique ».

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a noté l’aggravation du conflit au Yémen, la volatilité de la situation sécuritaire et la détérioration de la situation humanitaire avec la pandémie.  Elle a demandé un accès humanitaire sans entrave, avant de plaider pour une solution politique, la seule durable au Yémen.  Mme King a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial et exprimé sa préoccupation devant l’insuffisance des ressources financières qui sape les opérations humanitaires.

Mme King a déploré que la question du pétrolier SAFER demeure en suspens, malgré la récente tenue d’une réunion du Conseil sur le sujet.  Elle a souligné les dommages environnementaux, économiques et humains graves qui pourraient résulter d’une fuite ou d’une explosion.  Afin d’éviter une catastrophe, le pétrolier doit faire l’objet d’une évaluation et des mesures adéquates doivent être prises, a-t-elle déclaré.  Enfin, la déléguée a exhorté toutes les parties à cesser les hostilités et à retourner à la table des négociations, avant d’insister sur l’importance d’un processus politique dirigé et contrôlé par les Yéménites.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a tout d’abord regretté l’absence d’orateurs de la société civile prévus pour cette réunion.  « Il devient sans cesse plus urgent de trouver une solution politique permettant de mettre définitivement un terme au conflit yéménite », a continué le délégué.  Il a appelé toutes les parties, notamment les parties yéménites, à endosser le projet d’accord proposé par l’Envoyé spécial.  « Nous sommes encouragés par le maintien d’un cessez-le-feu entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de Transition du Sud. »  Il a déclaré qu’il faut mettre en œuvre sans délais et en intégralité l’Accord de Riyad et a salué le rôle joué par l’Arabie saoudite à cet égard.  « Seul un cessez-le-feu à l’échelle nationale, conformément à la résolution 2532 (2020) et à l’appel du Secrétaire Général des Nations Unies, permettra de lutter efficacement contre la pandémie de COVID-19. »

Préoccupé par la hausse des attaques contre les civils, le représentant a rappelé que toutes les parties sont tenues de respecter leurs obligations dans le cadre du droit international humanitaire.  « La protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, ainsi que des infrastructures civiles, doit être une priorité absolue. »  Le délégué a aussi demandé à ce que tout soit fait pour garantir un accès humanitaire sûr et sans entraves.  « C’est indispensable pour contrer la propagation de la pandémie de COVID-19, dans un contexte où le taux de mortalité de la COVID-19 au Yémen est le plus élevé au monde. »

Enfin, s’agissant du pétrolier SAFER, il a regretté l’absence de progrès depuis la réunion du Conseil à ce sujet mi-juillet.  « Nous appelons les houthistes à tenir les engagements qu’ils ont pris au début du mois de juillet et à autoriser sans délai l’accès des Nations Unies au pétrolier. »  Une fuite de pétrole aurait des conséquences catastrophiques d’un point de vue environnemental, humanitaire et économique pour toute la région, a conclu le représentant.  « Il est urgent d’agir. »

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a apporté son plein soutien aux efforts de l’Envoyé spécial pour obtenir un cessez-le-feu national, des mesures de confiance et la reprise d’un processus politique inclusif.  Nous appelons toutes les parties à s’engager de manière constructive dans ces efforts et à faire preuve du courage politique nécessaire en vue de parvenir à un accord.  Il s’est dit alarmé par les récentes informations faisant état de victimes civiles, y compris des enfants, à la suite de frappes aériennes.  M. Pecsteen de Buytswerve a estimé que le fléau des criquets pèlerins ajoute une autre couche de vulnérabilité.  Il a soutenu les efforts des Nations Unies, en particulier l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour mener des opérations de surveillance et de contrôle sur le terrain.

Le délégué a qualifié la situation humanitaire d’« extrêmement préoccupante ».  Tous les partenaires extérieurs devraient faire preuve de solidarité avec le peuple yéménite en soutenant le plan d’intervention mené par les Nations Unies.  Réitérant l’importance de l’accès humanitaire, il a invité les autorités à accélérer le dédouanement des équipements de protection et des fournitures médicales et à faciliter les voyages aériens du personnel humanitaire.  S’agissant du pétrolier SAFER, le représentant a jugé plus urgent que jamais d’agir.  « Nous demandons instamment aux houthistes de donner suite à leur engagement et de permettre aux experts techniques des Nations Unies d’accéder au pétrolier, mais aussi de collaborer à une solution durable. »

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a fait remarquer que le Yémen est un pays en guerre, confronté à une autre guerre: la COVID-19.  Les parties doivent œuvrer à une désescalade des tensions et se réengager en faveur d’un règlement politique sous les auspices de l’ONU, a-t-elle préconisé.  « Les attaques transfrontalières des houthistes sapent les efforts en vue d’un règlement, conduisant à des souffrances accrues des Yéménites. »  Mme Craft a encore noté que des millions de Yéménites n’ont pas accès aux soins de santé, à l’eau potable et à des réseaux d’assainissement, autant d’éléments cruciaux pour prévenir une propagation du virus.

Sur le plan humanitaire, elle a jugé « inacceptable » et « inconscient » le niveau d’interférence et le raidissement des positions des houthistes malgré quelques améliorations, alors que le virus se propage.  Les houthistes peuvent et doivent en faire davantage en autorisant des évaluations rigoureuses de besoins et en facilitant la libre circulation et l’accès des travailleurs humanitaires, a estimé la représentante.  Préoccupée par la propagation du virus, elle a noté que les cas sont largement sous-évalués, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes.  Ce manque de transparence ne permet pas de faire une évaluation des conséquences du virus, qui circule largement dans le pays, causant la mort de nombreux Yéménites.  Mme Craft a jugé « absolument impératif » que toutes les parties ne prennent pas pour cibles les travailleurs humanitaires et de santé.  Elle a rappelé que son pays a contribué à hauteur de près de 4 milliards de dollars au développement de long terme du Yémen sur les 20 dernières années, y compris 132 millions pour des programmes de santé publique.  La déléguée a apporté son plein soutien aux droits des personnes handicapées.

Enfin, Mme Craft a tenu à attirer l’attention de ce Conseil sur les évènements du 28 juin, lorsque les États-Unis ont barré la route, au large des côtes yéménites, à un navire contenant des armes iraniennes illicites destinées aux houthistes.  « Le Yémen n’a pas besoin de plus d’armes », a conclu la déléguée, en appelant l’Iran à cesser d’armer les houthistes.

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a jugé inacceptable de rechercher des gains territoriaux aux dépens de la population qui endure une crise humanitaire de plus en plus grave.  Elle a appelé toutes les parties à cesser les hostilités et à s’accorder sur des mesures pour alléger les souffrances des Yéménites.  Cela est nécessaire, a-t-elle souligné, pour le lancement de la prochaine phase d’un processus politique robuste, la seule voie pour une paix durable.  L’Estonie a fermement condamné les récentes frappes aériennes qui ont fait de nombreuses victimes civiles, y compris des enfants, et rappelé aux parties leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Elle a également condamné les tirs de missiles balistiques et de drones contre les infrastructures civiles en Arabie saoudite.  Vivement préoccupée par l’alarmante situation humanitaire du Yémen, la délégation a insisté sur la nécessité d’un accès humanitaire sans entrave, notamment dans le nord.  Enfin, en ce qui concerne le pétrolier SAFER, l’Estonie a exhorté les autorités houthistes à prendre des mesures immédiates, sans conditions préalables, pour que la mission de l’ONU puisse y accéder.  Nous n’avons plus beaucoup de temps pour empêcher une possible fuite ou explosion, a conclu l’Estonie.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a exhorté toutes les parties concernées à agréer un cessez-le-feu immédiat à l’échelle nationale afin de faciliter la fourniture de l’aide humanitaire et la lutte contre la pandémie.  Il a aussi appelé les parties à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des personnes et infrastructures civiles.  Il a réclamé un accès humanitaire sans entrave et exhorté les donateurs à continuer de financer les opérations humanitaires afin de « sauver des vies au Yémen ».  Le délégué a ensuite demandé la pleine application des Accords de Stockholm et de Riyad sous les auspices de l’ONU et souligné l’importance d’une pleine participation des femmes au processus politique.  Il a exhorté les houthistes à fournir l’appui nécessaire à l’équipe technique de l’ONU afin de prévenir une catastrophe écologique.  Enfin, le représentant a apporté le soutien de son pays à l’approche de l’Envoyé spécial et ses trois piliers: la recherche d’un accord de cessez-le-feu à l’échelle nationale, la prise de mesures de rétablissement de la confiance et le redémarrage d’un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Yéménites.

M. ZHANG JUN (Chine) a indiqué que son pays soutient la recherche d’une solution au problème yéménite par le biais d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, de mesures économiques et humanitaires et de négociations politiques globales.  Entre-temps, la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale du Yémen doivent être pleinement respectées et maintenues.  Pour la Chine, toutes les parties au conflit devraient cesser immédiatement les actions militaires et améliorer la situation en matière de sécurité sur le terrain.  D’avril à mai de cette année, un cessez-le-feu général a été conclu dans le nord du Yémen.  Pour le représentant, cela montre que tant qu’il y a une volonté politique, il n’est pas impossible d’arrêter la violence.  C’est pourquoi la Chine, a-t-il dit, demande aux parties de rester attachées au règlement politique et de poursuivre les efforts de médiation et de négociation. 

Toutes les parties doivent renforcer leur coopération avec l’Envoyé spécial, s’engager dans des consultations de fond sur l’initiative de paix, parvenir à un consensus et rapprocher les points de vue afin de préserver l’avenir de l’initiative de paix.  Dans le même temps, il est nécessaire de mobiliser pleinement les pays de la région, et de les encourager à jouer un rôle actif en synergie avec les efforts de médiation de l’ONU.  Le représentant a plaidé pour une amélioration de la situation humanitaire, insistant pour que l’accès humanitaire soit garanti.  Il a jugé urgent de supprimer les obstacles à l’accès humanitaire et d’élargir l’échelle des opérations humanitaires.  Une attention particulière devrait également être accordée aux femmes, aux enfants, aux personnes handicapées et autres groupes vulnérables.  L’ONU devrait également exhorter les parties qui exercent un contrôle réel sur diverses régions à prendre des mesures efficaces pour prévenir et contrôler la pandémie de COVID-19.  Pour sa part, le 15 juillet, la Chine a fourni au Yémen un autre lot de fournitures pour lutter contre la pandémie, a souligné le représentant, qui a par ailleurs appelé le Conseil à obtenir des parties des mesures pratiques pour empêcher le pétrolier SAFER de provoquer une catastrophe écologique, humanitaire et économique.

M. CHRISTOPH HEUSGEN Allemagne a estimé que les souffrances extraordinaires endurées par les Yéménites, en particulier les femmes, les enfants et les personnes handicapées, doivent « nous pousser à agir ».  Frustré par les échecs accumulés jusqu’ici, le représentant s’est dit très déçu que les parties n’aient pas encore agréé la Déclaration commune.  Il est inconcevable que la vie des Yéménites ne soit pas la priorité et que les parties ne soient pas soucieuses ou capables de s’accorder sur un cessez-le-feu, s’est impatienté le représentant.  Il a noté la nette augmentation des attaques des Houthistes contre l’Arabie saoudite et les frappes accrues de la Coalition contre Sanaa, 10 enfants ayant perdu la vie. « C’est inacceptable », a tonné le représentant en rappelant l’intention du Secrétaire général de réinscrire la « Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen » dans la liste des parties commettant des violations contre les enfants.  « Le droit international n’est pas négociable », a tranché le représentant.  Il a jugé « irresponsable » que le plan de réponse humanitaire de l’ONU soit si sous-financé et s’agissant du tanker FSO SAFER, il a rappelé que près de deux semaines après la réunion du Conseil sur le sujet, l’équipe de l’ONU attend toujours l’autorisation des Houthistes de monter à bord.  « C’est inacceptable.  Les Houthistes doivent donner leur autorisation maintenant.  Le temps presse. » 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a indiqué qu’en mai dernier, le Gouvernement du Yémen a accepté les termes des documents visant à établir un cessez-le-feu et à initier des mesures de confiance.  Il continuera de collaborer avec l’Envoyé spécial dans le cadre du processus de paix parrainé par l’ONU, car il se soucie de la paix.  Le représentant a toutefois dit rejeter l’imposition de « conditions impossibles » par les milices houthistes, lesquelles visent uniquement à déjouer les efforts internationaux et à prolonger leur guerre futile contre les Yéménites.  En revanche, a-t-il avoué, le Gouvernement a mis en œuvre l’Accord de Riyad et respecté les délais convenus.  Il a donc demandé au Conseil de sécurité de s’employer à mettre fin à la violence causée par les milices houthistes soutenues par l’Iran, lesquelles déstabilisent le Yémen et la région.

Alors que le Gouvernement paie les salaires par le biais d’un compte spécial à la Banque centrale, arrangement qui est supervisé par l’Envoyé spécial, le représentant s’est dit surpris que les houthistes aient utilisé ces fonds pour financer leur effort de guerre et accroître leur gain personnel.

Sur le front de la santé, il a déclaré que le Gouvernement avait appelé à plusieurs reprises les houthistes à adopter une politique de santé unifiée.  Ces appels ont été rejetés par les milices qui nient la pandémie de COVID-19, intimident les équipes de santé et commettent des actes inhumains contre des personnes soupçonnées d’infection à la COVID-19, a assuré le délégué.

Concernant le pétrolier SAFER, il a déclaré que deux semaines après une réunion spéciale sur la question, les houthistes continuent de « traîner les pieds » et d’imposer des conditions, adoptant leur méthode habituelle pour absorber la pression internationale juste avant une réunion du Conseil sur la situation en Yémen.  « Ensuite, ils retournent simplement à leur procrastination et à leur tromperie, sans tenir compte de toutes les exigences du Conseil. »  Le représentant a exhorté le Conseil à faire pression sur les milices pour qu’elles autorisent l’équipe technique des Nations Unies à évaluer et à vider le pétrolier SAFER, et à faciliter les tâches de l’équipe sans conditions préalables.

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