8762e séance – après-midi 
CS/14315

Conseil de sécurité: le conflit israélo-palestinien se détériore, mais certains développements « positifs » donnent des raisons d’espérer, selon l’ONU

Entre la poursuite de la colonisation israélienne, la propagation de la pandémie de COVID-19 et l’augmentation des violences réciproques, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a, cet après-midi, dressé au Conseil de sécurité un tableau très sombre de l’évolution du conflit israélo-palestinien sur le terrain.  M. Nickolay Mladenov a toutefois appelé les parties à redynamiser le processus de paix, à la faveur d’une série d’« évolutions positives » récentes. 

Pour le haut fonctionnaire, en effet, la signature par Israël d’accords sur l’établissement de relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, sous l’égide des États-Unis, la suspension du plan israélien d’annexion de certaines parties de la Cisjordanie, qui découle directement de ces accords, l’annonce des préparatifs pour la tenue d’élections générales palestiniennes et la reprise de négociations sur la paix au sein du Quatuor pour le Moyen-Orient et de la Ligue des États arabes sont autant d’« évolutions positives », au cours des deux derniers mois, sur les lesquelles les parties devraient s’appuyer pour relancer la solution des deux États. 

M. Mladenov, qui d’exprimait par visioconférence depuis Jérusalem, était venu présenter au Conseil son dernier rapport trimestriel sur l’application de sa résolution 2334 (2016).  Adopté le 23 décembre 2016 par 14 voix pour, avec l’abstention des États-Unis, ce texte exige d’Israël qu’il cesse « immédiatement et complètement » toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est. 

De ce point de vue, le Coordonnateur spécial a noté que la situation sur le terrain s’était fortement détériorée, en raison notamment de la poursuite des activités de peuplement israéliennes en Cisjordanie, marquée par la construction de nouveaux bâtiments, ainsi que par les destructions et saisies de logements palestiniens.  À cela s’ajoute la recrudescence des affrontements meurtriers entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes, y compris des attaques à l’arme blanche et à la voiture-bélier, ainsi que des échanges de tirs de roquettes et de missiles entre Gaza et Israël, a-t-il souligné. 

Aux yeux de M. Mladenov, cette évolution ne contribue qu’à saper les bases d’une solution politique au conflit.  Il a par conséquent appelé Israël à cesser ses activités illégales de peuplement dans les territoires occupés et a exhorté les deux parties à mettre fin aux violences réciproques afin de relancer la vision d’une solution à deux États, à l’intérieur de frontières fiables et reconnues selon le tracé d’avant 1967. 

Sur le plan financier, M. Mladenov s’est dit préoccupé par le refus de l’Autorité palestinienne de recevoir les recettes fiscales et douanières qu’Israël collecte en son nom, par le manque de financement pour répondre à la pandémie, qui ne cesse de gagner du terrain dans la zone, et par le déficit budgétaire de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui a besoin de 31 millions de dollars supplémentaires pour financer son action humanitaire.  Le Coordonnateur spécial a appelé Israéliens et Palestiniens à revoir la nature de leurs relations économiques et a invité les bailleurs de fonds internationaux à davantage financer l’UNRWA, tout comme la riposte à la crise sanitaire au Moyen-Orient.

À Gaza, après l’escalade de la violence entre le Hamas et Israël, M. Mladenov a salué la signature d’un mémorandum d’accord, le 13 août, grâce à la médiation du Qatar, qui s’est traduite par une diminution des tirs de roquettes et l’assouplissement des barrages israéliens dans la zone.  Le Coordonnateur spécial a également salué la tenue d’une réunion récente entre l’Autorité palestinienne et toutes les factions palestiniennes, afin de renforcer leur unité politique.

À sa suite, les États-Unis ont salué la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe, grâce à la « diplomatie audacieuse » du Président Donald Trump qui, en prenant « le parti de l’action », a permis la signature des accords avec les Émirats arabes unis et Bahreïn.  L’Estonie s’est également félicitée du rôle « constructif » joué par les États-Unis dans la signature de ces accords, dont la Belgique a espéré qu’ils créeraient « une nouvelle dynamique » pour la résolution du conflit israélo-palestinien.  Pour le Royaume-Unis, les « étapes historiques » des deux derniers mois ont déjà eu un impact, notamment la reprise des vols directs entre Israël et les Émirats arabes unis, ainsi que les premiers accords commerciaux, des exemples dont devraient selon lui inspirer les autres États de la région. 

Les accords conclus ne doivent cependant pas occulter « l’impérieuse nécessité d’une résolution juste et durable de la question palestinienne », a déclaré le Niger.  « Un plan de paix réaliste et crédible aboutira à une véritable solution à deux États; pas à un État viable et à un Bantoustan », a renchéri l’Afrique du Sud, soutenant l’appel lancé la semaine dernière par le Président palestinien Mahmoud Abbas, lors du débat général de l’Assemblée générale, pour que le Secrétaire général entame les préparatifs, avec le Quatuor pour le Moyen-Orient et le Conseil de sécurité, d’une conférence internationale sur le conflit en 2021.  Les efforts internationaux visant à promouvoir un règlement pacifique ne peuvent en effet être couronnés de succès qu’en facilitant des négociations directes et constructives entre les parties, a secondé Saint-Vincent-et-les Grenadines.  À son tour, la Tunisie a appuyé la demande de M. Abbas, de même que la Chine, qui s’est félicitée de la suspension des plans d’annexion du territoire palestinien, qui contrevenaient au droit international.

La France a plaidé pour une « pérennisation de cette suspension », tout en espérant des avancées dans les relations intrapalestiniennes, notamment grâce au processus d’Ankara.  Il convient pour cela d’appuyer les efforts égyptiens en vue d’une réconciliation des factions palestiniennes, a quant à elle estimé la Fédération de Russie, appelant également à relancer les discussions au sein du Quatuor.  Le Viet Nam s’est de son côté alarmé de l’impact « dévastateur » de la pandémie de COVID-19 et des mesures de restriction sur l’économie palestinienne, au moment où baisse fortement l’aide étrangère.  Le pays a donc appelé les donateurs internationaux à poursuivre leur soutien, notamment à l’UNRWA.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, qui présentait au Conseil son quatorzième rapport trimestriel sur l’application de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, a tout d’abord jugé comme un élément positif l’annonce récente d’accords concernant l’établissement de relations diplomatiques entre Israël, d’un côté, et les Émirats arabes unis et Bahreïn, de l’autre.  Ces accords ont permis de suspendre la poursuite par Israël de son plan d’annexion de certaines parties de la Cisjordanie occupée, s’est également félicité M. Mladenov, qui s’exprimait par visioconférence depuis Jérusalem.  Entre autres évolutions positives, le Coordonnateur spécial a aussi mentionné la reprise de négociations internationales pour relancer la solution des deux États à Amman et la tenue de discussions sur l’organisation d’élections générales palestiniennes. 

Toutefois, M. Mladenov s’est dit préoccupé par l’augmentation des infections de COVID-19 dans les territoires occupés et en Israël.  Il s’est félicité des engagements financiers récents pour appuyer la réponse à la pandémie, notamment à Gaza. 

Le Coordonnateur spécial s’est par ailleurs inquiété de la détérioration de la situation sur le terrain, marquée notamment par la poursuite des activités de peuplement illégales israéliennes, des affrontements violents entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes, des actes de violence liés aux colons, des attaques à l’arme blanche et à la voiture-bélier et des tirs de roquettes.  À ses yeux, cette évolution ne contribue qu’à saper les perspectives d’une solution politique au conflit. 

M. Mladenov a tout d’abord réaffirmé l’obligation d’Israël de mettre fin « immédiatement et complètement » à toute activité de peuplement dans les territoires occupés.  S’il a constaté qu’il n’y avait pas eu, pendant la période considérée, de nouveau projet de peuplement dans la zone C, le Coordonnateur spécial a déploré la poursuite des constructions israéliennes, ainsi que des démolitions et saisies de structures palestiniennes et des expulsions de Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés.  Ces agissements ont entraîné selon lui le déplacement de plusieurs dizaines de Palestiniens en Cisjordanie occupée.  Des structures agricoles et d’approvisionnement en eau ont également été détruites par les autorités israéliennes, a-t-il dénoncé. 

M. Mladenov a par ailleurs déploré la persistance d’affrontements violents entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes, y compris les tirs de dizaines de roquettes et d’obus de mortiers depuis Gaza vers Israël, qui ont blessé des civils et créé plusieurs incendies.  Les forces de sécurité israéliennes ont riposté par des dizaines de tirs de missiles qui ont tué et blessés des civils palestiniens, a également déploré le Coordonnateur spécial, s’inquiétant en outre d’une recrudescence des attaques à l’arme blanche et à la voiture-bélier ainsi que des attaques contre des civils de la part des forces israéliennes de sécurité, qui ont coûté la vie à plusieurs personnes de part et d’autre. 

Le Coordonnateur spécial a tout autant déploré la persistance de propos incendiaires et appels à la haine proférés par les deux parties, dont des propos antisémites de responsables du Fatah et les incitations à la violence de la classe politique israélienne. 

M. Mladenov s’est toutefois félicité de la tenue d’une réunion récente entre l’Autorité palestinienne et toutes les factions palestiniennes, afin de faire avancer la question de l’unité palestinienne.  Après l’escalade de la violence entre le Fatah, le Hamas et Israël, il a également salué le rôle de médiateur assumé par le Qatar au mois d’août.  Cette initiative a conduit à la signature d’un mémorandum d’accord, le 13 août, qui a selon lui entraîné une désescalade à Gaza, marquée par une diminution des tirs de roquettes et l’assouplissement des barrages israéliens dans la zone. 

M. Mladenov s’est cependant dit préoccupé par le refus de l’Autorité palestinienne de recevoir les recettes fiscales et douanières qu’Israël collecte en son nom en vertu du Protocole de Paris.  Il s’est ainsi inquiété du manque de ressources fiscales de l’Autorité palestinienne.  Dans le même ordre d’idées, le Coordonnateur spécial a mis l’accent sur le déficit financier de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui a besoin de 31 millions de dollars supplémentaires pour financer sa réponse humanitaire.  M. Mladenov a également estimé que la réponse à la pandémie dans la zone était sous-financée. 

Au niveau international, le Coordonnateur spécial a salué la réunion, le 27 août et aujourd’hui, des envoyés du Quatuor pour le Moyen-Orient.  La Ligue des États arabes s’est également réunie, le 9 septembre, pour relancer du processus de paix, a-t-il ajouté. 

Face à ces développements positifs, M. Mladenov a appelé les parties à mettre un terme à la détérioration de la situation sur le terrain.  Il a notamment exhorté Israël à cesser ses activités de peuplement illégales dans les territoires occupés, ainsi qu’à mettre fin à l’augmentation des démolitions et saisies de structure palestiniennes et aux pressions israéliennes croissantes à l’encontre des civils palestiniens, notamment dans la zone C.  Le Coordonnateur spécial a aussi appelé les parties à mettre fin aux actes de violence réciproques, qu’il s’agisse des tirs de roquettes depuis Gaza, d’attaques à l’arme blanche ou des agressions de civils par les forces de sécurité israéliennes. 

Les deux parties devraient en outre revoir la nature de leurs relations économiques pour mettre fin à l’absence chronique de ressources financières de l’Autorité palestinienne, a estimé M. Mladenov, avant de demander à Israël de mettre fin à sa pratique consistant à ne pas restituer les dépouilles de Palestiniens à leurs familles, au mépris des obligations qui lui incombe en vertu du droit international humanitaire. 

Le Coordonnateur spécial a enfin indiqué que le conflit se trouvait à un « moment charnière », suite aux accords passés entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, sous l’égide des États-Unis.  Il a appelé les parties à profiter de ce contexte favorable pour relancer la vision d’une solution à deux États souverains, vivant à l’intérieur de frontières fiables et reconnues, d’après le tracé d’avant 1967. 

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a salué la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe, en se félicitant des accords conclus entre Israël et Bahreïn et entre Israël et les Émirats arabes unis, grâce à la « diplomatie audacieuse » du Président Trump.  Le représentant a indiqué qu’il n’y avait eu que deux accords de ce type ces dernières décennies et que deux nouveaux accords ont donc été signés en un mois.  M. Trump a donné confiance à ses alliés régionaux pour qu’ils s’éloignent de leurs intérêts à courte vue pour une résolution du conflit, a affirmé M. Hunter, pour qui les États-Unis ont pris le parti de l’action et obtenu des résultats tangibles en vue de la coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens.

Le représentant a regretté les tirs de roquettes de la part de « terroristes palestiniens » depuis Gaza les 15 et 16 septembre visant le territoire israélien alors qu’Israël célébrait la signature des accords précités.  Il a exhorté les dirigeants palestiniens à renoncer à la violence et à embrasser la paix, avant de souhaiter que d’autres pays arabes signent des accords similaires.  Enfin, M. Hunter a dit espérer que les membres du Conseil se saisiront de ces accords en vue d’une percée historique dans ce dossier. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a rappelé que la Palestine et son peuple demeurent sous occupation illégale et que peu de progrès ont été accomplis vers le droit de la Palestine à l’autodétermination, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté.  À cet égard, le représentant a réaffirmé sa position selon laquelle aucun plan de paix ou initiative de paix ne peut avoir de mérite ou de succès si toutes les parties au conflit ne sont pas incluses dans les pourparlers en tant que partenaires égaux, dès le départ.  « Un plan de paix réaliste et crédible aboutira à une véritable solution à deux États; pas à un État viable et à un Bantoustan », a-t-il tranché.  Par conséquent, l’Afrique du Sud a soutenu l’appel du Président Abbas, dans sa déclaration lors du débat général de l’Assemblée générale des Nations unies, pour que le Secrétaire général entame les préparatifs, avec le Quatuor pour le Moyen-Orient et le Conseil de sécurité, d’une conférence internationale.  Celle-ci verrait la participation de toutes les parties concernées à des discussions sur un véritable processus de paix, y compris pour résoudre toutes les questions relatives au statut final.

En ce qui concerne l’application de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, l’Afrique du Sud a demandé une fois de plus la pleine application de ses dispositions.  « De mars à août 2020, nous avons assisté à la démolition ou à la saisie de 389 structures appartenant à des Palestiniens, le taux de destruction moyen le plus élevé en quatre ans.  Cela s’est produit malgré l’indication des autorités israéliennes selon lesquelles elles s’abstiendraient de telles actions pendant la pandémie. »  Le représentant a dénoncé le fait que ces démolitions et saisies aient conduit 442 Palestiniens à se retrouver sans abri, à un moment où Israël et le territoire palestinien occupé sont sous verrouillage.  « Où ces Palestiniens, privés de leur foyer légitime, sont-ils censés aller? » s’est demandé le représentant.  La destruction, pendant une pandémie, d’infrastructures essentielles telles que l’eau, l’hygiène et l’assainissement, est un autre sujet de préoccupation, à l’heure où se généralise la tendance à se laver les mains régulièrement et à maintenir des distances sociales.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a déclaré être profondément préoccupée par les tendances observées sur le terrain.  « L’occupation et le conflit prolongés ont causé d’immenses souffrances au peuple palestinien », a-t-elle constaté, en se disant particulièrement préoccupée par les nombreux rapports faisant état d’incidents violents contre des civils dans toute la Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  La représentante a ensuite attiré l’attention sur les graves violations du droit international perpétrées par Israël, malgré les appels continus de la communauté internationale en faveur de l’arrêt complet et immédiat et de l’annulation des activités de colonisation.  Aussi a-t-elle fermement appelé Israël à respecter pleinement la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité et toutes les autres dispositions pertinentes du droit international et des résolutions de l’ONU. 

À cet égard, il convient de souligner que les efforts internationaux visant à promouvoir un règlement pacifique ne peuvent être couronnés de succès qu’en facilitant des négociations directes et constructives entre les parties, a considéré la représentante.  Elle a donc appelé le Quatuor pour le Moyen-Orient à renouveler ses efforts et à rétablir la conviction parmi les Palestiniens et les Israéliens qu’un accord de paix négocié reste possible. 

À Gaza, Israël a continué d’intensifier les mesures de répression contre les Palestiniens placés sous son contrôle, essentiellement en raison de son « blocus illégal et inhumain » de Gaza, a regretté Mme King.  « Nous saluons les efforts continus des Nations Unies et de ses partenaires pour mettre en œuvre des interventions humanitaires et économiques urgentes en vue d’aider à soutenir la vie et les moyens de subsistance des Palestiniens à Gaza et appelons Israël à mettre fin à son blocus de Gaza », a conclu la représentante.

M. GENG SHUANG (Chine) a indiqué que la communauté internationale n’avait jamais oublié la question palestinienne et qu’elle souhaitait son règlement durable.  Il a invité le Conseil à écouter les Palestiniens, tout en exhortant la communauté internationale à des efforts redoublés pour obtenir le règlement de cette question.  Il a appuyé la demande de M. Mahmoud Abbas pour qu’une conférence internationale se tienne l’année prochaine sur le sujet. 

Le représentant s’est félicité de la suspension des plans d’annexion du territoire palestinien, qui contrevenaient au droit international, avant d’exhorter les parties à s’abstenir de toute mesure susceptible d’aggraver la situation.  Il a dénoncé la démolition d’un nombre sans précédent d’habitations et de structures palestiniennes en Cisjordanie, avant d’exhorter Israël à permettre l’acheminement d’une aide accrue pour Gaza.  Palestiniens et Israéliens doivent lutter main dans la main contre la COVID-19, a-t-il dit.  Enfin, M. Geng a apporté son appui aux revendications légitimes des Palestiniens et mentionné l’aide substantielle, notamment médicale, apportée par la Chine aux Palestiniens. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé qu’il est favorable à la solution des deux États et à la création d’un État palestinien viable, sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il est aujourd’hui de notre responsabilité d’œuvrer à une reprise du dialogue entre les deux parties, a estimé le représentant, la France étant convaincue qu’aucun des peuples ne saurait satisfaire ses aspirations au détriment de celles de l’autre.  Aussi la France se dit-elle prête à accompagner une reprise progressive du dialogue entre les parties, lesquelles doivent aussi reprendre leur coopération à tous les niveaux, y compris pour faire face à la pandémie actuelle. 

Le représentant a demandé la suspension des projets d’annexion des territoires palestiniens et la pérennisation de cette suspension, précisant que la colonisation ne doit pas permettre l’annexion par d’autres moyens.  C’est pourquoi il a demandé à Israël de suspendre les activités de colonisation en Cisjordanie occupée.  Sa délégation a également appelé de ses vœux des avancées dans les relations intrapalestiniennes, souhaitant que le processus d’Ankara produise des résultats en ce sens.  En conclusion, le représentant s’est dit prêt à soutenir toute initiative qui se fondera sur le droit international et les paramètres agréés. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est félicité de la signature des accords entre Israël et les Émirats arabes unis et entre Israël et Bahreïn, ainsi que du rôle « constructif » joué par les États-Unis à cet égard.  Il a jugé positif qu’Israël se soit engagé à suspendre ses projets d’annexion unilatérale de zones du territoire palestinien occupé. 

Nous pensons que ces développements historiques contribuent à la paix et à la stabilité dans toute la région et donnent l’élan nécessaire pour trouver une solution globale au conflit israélo-palestinien, a ajouté le représentant.  Une solution à deux États et une paix durable ne peuvent être obtenues que par des négociations directes, en tenant compte des aspirations légitimes des deux parties et des préoccupations sécuritaires israéliennes, a-t-il ajouté.  L’Estonie exhorte donc les dirigeants israéliens et palestiniens à renouer avec des négociations constructives.  Condamnant en outre le meurtre « odieux » du rabbin Shai Ohayon le 26 août, M. Jürgenson a appelé les parties à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter l’escalade de la violence.  Enfin, il a demandé à l’Autorité palestinienne de reprendre sa coopération sur la base d’accords avec Israël.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a déclaré que le conflit israélo-palestinien est dans l’impasse.  La situation sur le terrain reste instable, tant à Gaza qu’en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et les parties semblent plus éloignées que jamais, a-t-elle constaté.  Elle a, comme priorité, appelé les Israéliens et les Palestiniens à se mettre à la table des négociations sans conditions préalables et à reprendre de véritables négociations.  « C’est en effet la seule façon de parvenir à une paix juste, globale et durable. »

Elle a jugé que la normalisation des relations entre Israël et le monde arabe est un élément important pour la paix et la stabilité dans la région, en se félicitant des accords conclus entre Israël et le Bahreïn, entre Israël et les Émirats arabes unis.  « Nous espérons que ces développements créeront une nouvelle dynamique pour la résolution du conflit israélo-palestinien sur la base de la solution des deux États. »  L’annonce de la suspension des plans visant à formaliser l’annexion de certaines parties du territoire palestinien occupé est un pas dans la bonne direction, a poursuivi la déléguée.  Elle a exhorté Israël à abandonner définitivement les plans d’annexion.  L’annexion, quelles que soient son ampleur et sa dénomination, constitue une grave violation du droit international, a-t-elle estimé, en prévenant qu’elle fermera définitivement la porte à la reprise des négociations et portera le coup final à la solution des deux États. 

Mme Van Vlierberge a demandé que les activités illégales de colonisation menées par Israël, qui s’accompagnent d’expropriations, de démolitions, de confiscations et de déplacements de population, cessent immédiatement.  Elle s’est ensuite félicitée du calme relatif qui règne à Gaza suite aux escalades du mois d’août et a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue.  Sur le plan politique, la seule solution juste est la levée du blocus et la réouverture complète des points de passage, tout en tenant compte des préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité, a plaidé la représentante.  Elle a salué les efforts récemment déployés par les factions palestiniennes en vue de leur réconciliation.  « Nous espérons que ceux-ci ouvriront la voie à des élections législatives et présidentielle authentiques, libres, équitables et inclusives sur l’ensemble du territoire palestinien, y compris à Jérusalem-Est. »

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) s’est alarmé de l’impact « dévastateur » de la pandémie de COVID-19 et des mesures de restriction sur l’économie palestinienne, dans un contexte où l’aide étrangère à la Palestine a fortement décliné depuis le début de 2020.  Il a donc appelé les donateurs internationaux à poursuivre leur soutien pour surmonter la crise actuelle et à maintenir et à accroître l’assistance à l’UNRWA. 

« Face à ces défis multidimensionnels, la question de longue date de l’expansion continue des colonies israéliennes en Cisjordanie reste sans solution », a constaté avec regret M. Dang, qui s’est dit alarmé par la démolition de foyers palestiniens en Cisjordanie, qui a provoqué le déplacement de populations.  « Comme l’affirme clairement la résolution 2334 (2016), l’établissement par Israël de colonies de peuplement dans le territoire palestinien occupé n’a aucune validité juridique et constitue une violation du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution à deux États et à une paix juste, durable et globale », a affirmé le représentant. 

S’il a exhorté toutes les parties à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible de conduire à des violences récurrentes, M. Dang s’est toutefois félicité de toutes les initiatives et mesures existantes visant à parvenir à un règlement global, juste et durable de la question de Palestine.  En conclusion, il a vigoureusement appuyé la solution des deux États, y compris la création de l’État de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, coexistant en paix et en sécurité avec Israël, dans des frontières sûres et internationalement reconnues sur la base des frontières d’avant 1967. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé que la cause profonde du conflit israélo-palestinien était l’occupation illégale des territoires palestiniens par Israël.  « En tant que telle, l’idée de promettre la paix sans s’attaquer à la cause fondamentale n’est qu’une illusion de paix », a-t-il ajouté.  Tous les efforts visant à résoudre le conflit et à instaurer la paix doivent d’abord et avant tout être entrepris avec la participation des deux principales parties, les Palestiniens et les Israéliens, a insisté le représentant.  Selon lui, « chercher une solution qui ne tient pas compte des autres parties est injuste ». 

Nous devons montrer notre soutien à l’appel du Secrétaire général exhortant les dirigeants tant israéliens que palestiniens à reprendre des négociations constructives, a poursuivi M. Djani.  Il a salué l’appel lancé à l’Assemblée générale par le Président Mahmoud Abbas pour que le Secrétaire général entame, avec le Quatuor et le Conseil de sécurité, une conférence internationale avec toutes les parties. 

En plus de faire face à la menace des expulsions forcées, la démolition de maisons, la discrimination et la violence, les Palestiniens sont maintenant également confrontés à la pandémie de COVID-19 et à ses retombées socioéconomiques, s’est inquiété M. Djani.  Le représentant a exhorté le Gouvernement israélien à mettre fin au blocus de Gaza et à permettre un accès sans entrave à l’aide humanitaire et aux biens. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a rappelé que les dirigeants du monde avaient, lors du débat général, réitéré leur volonté d’un règlement juste et durable de la question palestinienne, de l’édification d’un État palestinien et de la cessation de l’occupation israélienne.  Le représentant a noté l’appui international constant, y compris celui de son pays, à la cause palestinienne et à la défense des droits inaliénables et imprescriptibles du peuple palestinien.  Il a exhorté Israël à cesser ses activités de colonisation et à abandonner ses visées annexionnistes. 

M. Ladeb a précisé que la Tunisie était prête à appuyer toute initiative de paix.  Mais, a-t-il ajouté, la participation de la partie palestinienne à toute initiative est un préalable indispensable en vue d’une solution durable.  Il a exhorté le Conseil à appuyer le processus de paix et invité le Quatuor à assumer son rôle, avant de défendre la solution des deux États.  Enfin, le représentant a appuyé la demande faite par M. Mahmoud Abbas pour la tenue d’une conférence internationale de relance du processus de paix selon un calendrier défini et a souhaité un appui financier renforcé à l’UNRWA.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est déclaré profondément préoccupé par la résurgence de cas positifs de COVID-19 dans le territoire palestinien occupé et en Israël, notant une augmentation de cas ce mois-ci de 30% dans le territoire palestinien occupé et de 83% dans la bande de Gaza.  « Un cessez-le-feu permanent est essentiel pour permettre aux deux pays de répondre à cette pandémie », a-t-il souhaité.  Il s’est ensuite félicité de l’annonce faite par le Président Abbas, lors de son discours à l’Assemblée générale, concernant les préparatifs en cours pour la tenue d’élections législatives, suivies d’une élection présidentielle, avec la participation de tous les partis politiques.  Le représentant a également salué les accords de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis et, plus récemment, avec Bahreïn « qui devient l’un des quatre pays arabes à ouvrir un dialogue et des liens directs avec Israël ». 

Tous ces efforts et toutes stratégies doivent aboutir à combler les aspirations légitimes des Palestiniens et des Israéliens à vivre dans la paix, la prospérité et la justice après tant d’années de division, d’hostilité et de souffrance, a plaidé M. Singer Weisinger.  Il a appelé la Palestine à conserver sa place incontestée dans le monde arabe et à favoriser un engagement constructif en vue de créer de nouvelles opportunités.  « Pour de nombreux Palestiniens, cela peut sembler être l’heure la plus sombre.  Mais nous tenons à vous rappeler que c’est précisément après l’heure la plus sombre que pointe une nouvelle aube. »

La délégation dominicaine a ensuite exprimé son opposition à toute tentative d’annexion du territoire palestinien occupé, laquelle aurait de graves implications et violerait le droit international, y compris la résolution 2334 (2016) de ce Conseil.  « Les colonies contribuent non seulement à l’escalade des tensions sur le terrain, mais aussi à s’éloigner de la possibilité d’une solution pacifique à deux États, sur la base de l’inclusion sociale et de l’aspiration à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens. »  Le représentant a réaffirmé le plein appui de son pays à une solution à deux États, telle qu’énoncée dans les différentes résolutions de l’ONU, indiquant continuer à adhérer au cadre des accords bilatéraux entre Israéliens et Palestiniens.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que son pays s’était vivement félicité des « étapes historiques » intervenues ces deux derniers mois, avec la normalisation des relations entre « trois grands amis » du Royaume-Uni, Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn.  Ces mesures positives ont déjà un impact, notamment des vols directs entre Israël et les Émirats arabes unis et les premiers accords commerciaux, a-t-il indiqué, assurant que « d’autres viendront ».  Il a appelé les autres pays de la région à suivre l’exemple des Émirats arabes unis et de Bahreïn. 

Pour le représentant, il est essentiel que la communauté internationale appuie cet élan de normalisation pour progresser dans la résolution du conflit israélo-palestinien.  M. Allen a dit voir dans la suspension des plans d’annexion de la Cisjordanie une « opportunité » et a exhorté l’Autorité palestinienne à reprendre sa coopération avec Israël, dans l’intérêt du peuple palestinien.  Il a également invité les deux parties à prendre des mesures constructives et ouvertes en vue d’un retour au dialogue. 

Si la menace d’annexion semble avoir reculé, M. Allen s’est déclaré préoccupé par certaines « tendances négatives » sur le terrain.  Il a réitéré son appel aux deux parties à mettre fin à toute activité rendant la paix plus difficile à réaliser, notamment aux démolitions de biens palestiniens, qui sont contraires au droit international.  Il a appelé Israël à renoncer à de telles actions et à fournir une voie claire de construction aux Palestiniens de la zone C.  De même, a-t-il fait valoir, si Israël a le droit légitime de se défendre contre les attaques, il est essentiel que ces actions soient proportionnées pour éviter des pertes civiles.  Enfin, tout en appelant le Hamas à cesser ses tirs de roquettes sur l’État hébreu, le représentant s’est félicité des efforts de réconciliation du Fatah et du Hamas, en espérant que cela permettra la tenue d’élections démocratiques dans les territoires palestiniens occupés.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a pris note des accords signés entre Israël et Bahreïn et Israël et les Émirats arabes unis.  Il a défendu la solution des deux États et indiqué que toutes les questions relatives au statut final devraient être tranchées au moyen de pourparlers directs.  Ces pourparlers doivent commencer dès que possible. 

Le représentant a noté la proposition faite la semaine dernière lors du débat général de l’Assemblée générale par M. Mahmoud Abbas en vue d’une relance des négociations.  Aucune percée ne sera possible en faisant cavalier seul, a insisté M. Nebenzia, qui a demandé des efforts collectifs en vue de mettre en œuvre la solution des deux États, la seule qui soit possible.  Le représentant a aussi souhaité une relance des discussions au sein du Quatuor et a appuyé les efforts égyptiens en vue d’une réconciliation des factions palestiniennes.  Enfin, il a demandé l’abandon de la colonisation et des projets d’annexion d’Israël, ainsi qu’un soutien accru à l’UNRWA.

M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) s’est félicité de la signature récente des accords de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis et entre Israël et Bahreïn, en reconnaissant le rôle joué par les États-Unis à cet égard.  « L’élan généré par la signature de ces accords devrait maintenant être axé sur la recherche définitive d’une solution juste, durable et globale au conflit israélo-palestinien sur la base du droit international, des résolutions pertinentes de l’ONU et des paramètres convenus au niveau international », a exhorté le représentant.  « La normalisation ne doit pas aboutir à la consolidation du statu quo, mais doit plutôt aller de pair avec la reprise des pourparlers de paix », a poursuivi M. Sautter.  L’Allemagne reste attachée à une solution négociée à deux États, dans laquelle deux États souverains, démocratiques et indépendants, Israël et la Palestine, coexisteraient en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues sur la base des frontières du 4 juin 1967. 

M. Sautter a ensuite déclaré que l’Allemagne, avec ses partenaires européens et arabes, l’Égypte, la France et la Jordanie, poursuivra les efforts de bons offices pour faciliter le retour à un dialogue crédible et à un règlement pacifique négocié.  « Lors de notre réunion de la semaine dernière à Amman, nous avons souligné que des négociations aussi sérieuses, significatives et efficaces doivent être fondées sur le droit international et des paramètres convenus et être menées soit directement entre les parties, soit sous l’égide des Nations Unies, y compris le Quatuor pour le Moyen-Orient », a déclaré le représentant.  M. Sautter a également accueilli favorablement l’appel lancé par le Président Mahmoud Abbas au Secrétaire général pour qu’il convoque une conférence internationale au début de l’année prochaine avec toutes les parties concernées. 

En conclusion, M. Sautter réaffirmé que les activités de colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés étaient illégales au regard du droit international et sapaient les perspectives d’un État palestinien viable et contigu dans le cadre d’une solution négociée à deux États.  « Nous sommes convaincus que les plans d’annexion israéliens sont réellement et définitivement suspendus.  Nous demandons à Israël de mettre fin à l’expansion des colonies, en particulier dans les zones critiques autour de Jérusalem-Est, et à la légalisation des avant-postes de colonies afin d’empêcher une annexion de fait », a conclu le représentant. 

M. ABDOU ABARRY (Niger) a dit avoir « suivi avec intérêt » la signature à Washington des accords de normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis et Bahreïn.  Le Niger, a-t-il précisé, soutient toute initiative qui permettra à cette région de retrouver la paix et la stabilité.  Néanmoins, le représentant a appelé à « regarder la réalité avec lucidité »: les accords conclus ne doivent pas occulter « l’impérieuse nécessité d’une résolution juste et durable de la question palestinienne », laquelle, a-t-il rappelé, est la principale source de tension au Moyen-Orient depuis des décennies.

M. Abarry a par ailleurs salué le récent rapprochement entre les factions palestiniennes, y voyant l’occasion pour les Palestiniens de parler d’une seule voix dans le processus de paix.  Il a appelé à redoubler d’efforts pour amener les parties israéliennes et palestiniennes à renouer avec le dialogue en profitant de l’occasion offerte par le réchauffement des relations entre les pays arabes et Israël, afin de revitaliser les pourparlers de paix, « conformément aux paramètres internationalement reconnus » et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2334.  M. Abarry a rappelé ces « principes cardinaux »: cessation de l’occupation illégale et de l’annexion des terres palestiniennes; et solution à deux États, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte, dans la paix et la sécurité, sur la base des frontières de 1967.

Le Niger reste en outre préoccupé par la propagation de la COVID-19 dans la région et appelle la communauté internationale à faire preuve de plus de générosité pour assurer la continuité des programmes de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  M. Abarry a rappelé qu’Israël doit assumer les devoirs que son statut de Puissance occupante lui impose en vertu du droit international. 

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