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Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient: le Secrétaire général fait état d’une solution à deux États « plus éloignée que jamais »

La possibilité d’une paix entre Israéliens et Palestiniens « semble plus éloignée que jamais », a constaté à nouveau le Secrétaire général de l’ONU en ouverture du vingt-septième Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, auquel ont participé virtuellement des journalistes et experts des médias, mais aussi des décideurs politiques, des diplomates et des universitaires d’Israël, de Palestine et d’autres parties du monde. 

Organisée par le Département de la communication globale des Nations Unies, l’édition 2020 de ce séminaire s’est tenue les 8 et 9 décembre, avec pour thèmes centraux des tables rondes « le conflit israélo-palestinien et les défis de la nouvelle décennie » et, plus largement, le rôle des médias dans les perspectives de paix.

S’adressant aux participants dans un message lu par Mme Melissa Fleming, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, M. António Guterres a rappelé que cette manifestation annuelle, née il y a 29 ans, vise à promouvoir la compréhension entre Israéliens et Palestiniens.  À l’heure actuelle, a-t-il noté, les perspectives de paix restent sombres.  Tout en observant que, génération après génération, les rêves des Palestiniens ont été « obscurcis par les conflits et plus d’un demi-siècle d’occupation », il a aussi reconnu les « préoccupations légitimes » des Israéliens et leur aspiration à vivre dans la paix et la sécurité.

Après avoir rappelé que la position de l’ONU est définie par les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, ainsi que par le droit international et les accords bilatéraux, M. Guterres a souligné qu’une solution à deux États reste la « seule voie » pour garantir que les deux parties puissent vivre côte à côte dans la paix et la sécurité, sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem comme capitale des deux États. 

« Je continuerai à dénoncer tout effort qui sape la paix et éloigne les parties de négociations constructives », a-t-il affirmé, non sans exhorter les dirigeants israéliens et palestiniens à reprendre un dialogue constructif et saluer les initiatives internationales susceptibles de contribuer à la paix.

Prenant à son tour la parole, M. Cheikh Niang, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a évoqué les impacts dévastateurs de la pandémie de COVID-19 sur des Palestiniens déjà confrontés à une occupation sans fin et à de graves difficultés économiques.  Pourtant, a-t-il déploré, les médias internationaux n’offrent qu’une couverture partielle de la situation, des efforts incessants étant déployés pour détourner leur attention de la seule voie de règlement pacifique du conflit.  

Il a exhorté les médias à « réfléchir sérieusement à la manière dont l’histoire jugerait notre génération si nous faisions du tort au peuple palestinien à deux reprises », d’abord en ne tenant pas compte de la négation de leurs droits, puis en rendant compte de manière erronée des événements actuels.  « Cela équivaudrait à une erreur judiciaire », a-t-il martelé, avant d’exprimer son plein soutien à la proposition du Président de l’État de Palestine de tenir une conférence internationale de paix en 2021.

Dans la continuité de ces déclarations, la première table ronde a permis au rabbin Michael Melchior, Président du Centre Mosaica pour la coopération interreligieuse, de faire part de son optimisme, un nombre croissant travaillant, selon lui, à une solution juste pour les Palestiniens, « sans laquelle les Israéliens n’auront ni leur liberté ni leur avenir ».  Il reste à savoir si les récents efforts israélo-arabes aideront à promouvoir la paix entre Israéliens et Palestiniens ou constitueront de simples accords commerciaux. 

Moins optimiste, Mme Nour Odeh, fondatrice et PDG de Connect Strategic Communications Consultancy, ex-Directrice du Centre des médias palestiniens et porte-parole de l’Autorité palestinienne, a jugé qu’il n’y avait « ni paix ni processus ».  À ses yeux, la déconnexion avec la réalité, en cours depuis la naissance du processus de paix, découle du fait qu’Israël s’est vu accorder un « passe-droit » en tant que Puissance occupante.  

De plus, l’espace réservé dans les médias et les universités à ceux qui défendent les droits des Palestiniens se réduit du fait de la censure des voix palestiniennes sous diverses formes, a-t-elle souligné.  « Nous nous retrouvons obligés d’adopter le faux récit de deux partenaires égaux », a regretté Mme Odeh, ajoutant que les quatre dernières années avaient vu l’impunité prendre une « nouvelle dimension », avec le concours du Gouvernement américain actuel.    

Autre participante à ce débat, Mme Grace Wermenbol, chercheuse au Middle East Institute, a convenu que le Gouvernement du Président Trump avait nettement favorisé Israël et privé de leurs droits les Palestiniens, en tentant de les forcer à discuter en retirant leur aide.  Elle a estimé, elle aussi, que la paix « semble de plus en plus lointaine », d’autant plus que la nouvelle administration américaine ne donnera probablement pas la priorité à un nouvel effort de paix, même si elle a dit vouloir rétablir l’assistance aux Palestiniens et rouvrir le consulat des États-Unis à Jérusalem-Est. 

Pour la chercheuse, la nouvelle administration devrait indiquer clairement son adhésion aux normes juridiques internationales, notamment en renvoyant les États-Unis au Conseil des droits de l’homme, en qualifiant la Cisjordanie et Gaza d’« occupés » et en dénonçant les colonies israéliennes comme des violation de la résolution 2334 (2016).  Washington pourrait, selon elle, profiter de l’anniversaire de la Conférence de Madrid de 1991 pour se réengager dans une nouvelle conférence internationale visant à revigorer le processus de paix.

« Ce qu’il faut, c’est que cette occupation prenne fin », a résumé Mme Odeh, invitant les médias à réfléchir au rôle qu’ils jouent dans la politique nationale et internationale, et à en revenir à une couverture objective, basée sur les faits, plutôt que de contribuer à la polarisation. 

Cette question, jugée cruciale par tous les participants, a été au centre de la seconde table ronde du séminaire, intitulée « un conte et deux récits: la mauvaise information et la désinformation », tenue le 9 décembre. 

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