SC/14162

Conseil de sécurité: deux hauts fonctionnaires de l’ONU voient dans la pandémie de COVID-19, une chance d’accélérer les efforts de paix au Yémen

« Le Yémen ne peut pas faire face à deux fronts en même temps: la guerre et la pandémie de COVID-19 », a prévenu l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Martin Griffiths, qui, avec le Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies, M. Mark Lowcock, a vu dans la pandémie, « une chance de ramener la paix », alors que le Yémen a enregistré son premier cas, le 10 avril dernier.  

COVID-19 oblige, la réunion du Conseil de sécurité s’est tenue dans un cadre inédit.  C’est chacun dans sa Mission que les 15 membres ont conversé avec leurs invités et fait leurs déclarations.  La menace de la COVID-19 a galvanisé les efforts de paix des Yéménites et de la communauté internationale, a affirmé l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Il s’est félicité de ce que le Gouvernement yéménite et Ansar Allah aient répondu favorablement à l’appel à la fin des hostilités lancé, le 25 mars dernier, par le Secrétaire général de l’ONU.  

L’Envoyé spécial a aussi salué la « vague de soutien » des autres dirigeants politiques yéménites et de la société civile, y compris les femmes et les jeunes.  Il a rappelé, en s’en réjouissant, que le 8 avril, la « Coalition en appui à la légitimité en Yémen », dirigée par l’Arabie saoudite, a annoncé un cessez-le-feu unilatéral d’une période initiale de deux semaines dans le but « explicite » de créer un environnement propice au succès des efforts de paix dirigés par l’ONU.  

M. Martin Griffiths a informé le Conseil des propositions qu’il a présentées aux deux parties: un accord de cessez-le-feu national et des mesures humanitaires et économiques, notamment la libération des prisonniers et des détenus, l’ouverture de l’aéroport international de Sanaa, le paiement des salaires des fonctionnaires, l’ouverture des routes d’accès, et l’entrée des navires transportant des produits essentiels dans les ports de Hodeïda.  Ces mesures contribueront directement et indirectement à la lutte contre la COVID-19, a estimé l’Envoyé spécial, avant d’annoncer sa troisième proposition qui consiste en la reprise urgente du processus politique. 

Nous faisons de réels progrès vers le consensus sur les accords en négociation, a-t-il affirmé, en particulier sur le principe d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  Nous redoublons d’efforts, a-t-il ajouté, pour rapprocher les parties, avant de les convoquer à une réunion virtuelle durant laquelle, des accords seront « déposés, confirmés et publiés ».  L’Envoyé spécial a tout de même reconnu que les opérations militaires se poursuivent sur un certain nombre de fronts, « ce qui risque de continuer jusqu’à l’obtention d’un accord ».

Dans ce contexte, la priorité au Yémen est d’accélérer les efforts de paix mais aussi, a ajouté le Coordonnateur des secours d’urgence, de protéger les civils, assurer l’accès de l’aide humanitaire, financer cette aide et relancer l’économie yéménite.  S’agissant de la protection des civils, M. Mark Lowcock a prévenu qu’après cinq ans d’un conflit qui a endommagé les infrastructures de santé, affaibli les systèmes immunitaires et aggravé les vulnérabilités, les épidémiologistes estiment que la COVID-19 pourrait se propager plus vite au Yémen, avec des conséquences encore plus meurtrières que partout ailleurs.  

« La plus grande action humanitaire au monde » se poursuit mais, a dénoncé le Coordonnateur des secours d’urgence, nous continuons à nous heurter à des restrictions à la liberté de mouvement et aux obstacles bureaucratiques du Gouvernement yéménite et des autorités locales des territoires contrôlés par Ansar Allah.  M. Lowcock a indiqué que 31 des 41 programmes de l’ONU seront menacés dans les semaines à venir s’ils ne reçoivent pas de fonds supplémentaires.  Il faut, a-t-il rappelé, une somme de 900 millions de dollars pour maintenir les opérations jusqu’au mois de juillet.  Or, les annonces de contributions ne s’élèvent qu’à 800 millions de dollars contre 2,3 milliards, l’année dernière à la même époque.  

Le Yémen a confirmé aujourd’hui son engagement « inébranlable » à la question humanitaire, ajoutant que celui des houthistes pourrait ouvrir la voie aux discussions sur d’autres questions et à un règlement global qui réponde aux aspirations des Yéménites de voir restaurer l’État, mettre fin au coup d’État, déposer les armes et reprendre le processus politique là où il s’est arrêté.  

S’il s’est félicité du cessez-le-feu unilatéral de la Coalition, il a dit avoir constaté que les trêves sont devenues un outil dont se servent les houthistes pour prolonger la guerre au lieu d’avancer vers la paix.  Le Yémen a appelé la communauté internationale à exercer plus de pressions sur les milices pour qu’elles répondent aux appels à la cessation des hostilités, sans conditions préalables.  Toutes les violations, s’est-il indigné, doivent fournir à la communauté internationale «  des preuves claires et convaincantes » de la nature criminelle des milices houthistes, au service du projet destructeur de l’Iran.  

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité. 

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a déclaré qu’une chance est née pour ramener la paix au Yémen.  Cette chance s’est présentée alors que le pays fait face à certains de ses jours les plus difficiles: les escalades militaires et l’arrivée de la pandémie de COVID-19.  C’est un moment opportun pour que les deux parties s’engagent à faire taire les armes et à mettre fin au conflit par une solution politique pacifique.  La menace de COVID-19 a galvanisé l’effort de paix entre les Yéménites et la communauté internationale, a estimé l’Envoyé spécial.  Le 25 mars, le Secrétaire général a lancé un appel urgent pour qu’il soit mis fin immédiatement aux hostilités au Yémen et pour que les parties se concentrent sur la conclusion d’un règlement politique et fassent tout ce qui est possible pour contrer la COVID‑19.  Le Gouvernement du Yémen a immédiatement accueilli favorablement l’appel du Secrétaire général, tout comme la direction d’Ansar Allah.  En outre, il y a eu une vague de soutien venue de la part des autres dirigeants politiques yéménites et de la société civile, y compris des femmes et des jeunes, a indiqué M. Griffiths. 

L’Envoyé spécial a ajouté: j’ai été frappé par la cohérence et la clarté du message des gens partout au Yémen, au cours des dernières semaines.  Ils veulent la fin de la guerre.  Ils veulent que leurs dirigeants acceptent de résoudre leurs différends par le dialogue.  Pour ne donner qu’un exemple, l’Envoyé spécial a dit avoir rencontré récemment le Groupe consultatif technique des femmes yéménites, qui a pour rôle de conseiller, d’appuyer et de guider ma mission.  Elles ont insisté sur le fait que le temps de la guerre est révolu.  Elles ont souligné l’importance de se mettre d’accord sur des mesures humanitaires, en particulier pour améliorer la liberté de mouvement et libérer les prisonniers de guerre.

Le 8 avril, a poursuivi M. Griffiths, la Coalition dirigée par l’Arabie saoudite a annoncé un cessez-le-feu unilatéral pour une période initiale de deux semaines.  Le but explicite de ce cessez-le-feu était et est de créer un environnement propice au succès des efforts de paix dirigés par l’ONU.  C’est un signe clair d’engagement en faveur d’une solution pacifique et politique du conflit, a souligné l’Envoyé spécial.  Il faut, a-t-il exhorté, soutenir les efforts des Nations Unies.  Dans les coulisses, de nombreux gouvernements ont aidé l’ONU.  L’Envoyé spécial a d’ailleurs remercié le Conseil de sécurité pour son appui, ajoutant que désormais tous les regards sont tournés vers les parties au conflit.  C'est le moment, leur a-t-il dit, de prendre des décisions difficiles.  Je sais, a-t-il affirmé, que le Gouvernement du Yémen et Ansar Allah veulent mettre fin à ce conflit sur la base d’une paix juste et équitable. 

L’Envoyé spécial a informé le Conseil des propositions qu’il a présentées aux deux parties: un accord de cessez-le-feu national et des mesures humanitaires et économiques, notamment la libération des prisonniers et des détenus, l’ouverture de l’aéroport international de Sanaa, le paiement des salaires des fonctionnaires, l’ouverture des routes d’accès, et l’entrée des navires transportant des produits essentiels dans les ports d’Hodeïda.  Ces mesures contribueront directement et indirectement à la lutte contre la COVID-19, a estimé M. Griffiths avant d’annoncer sa troisième proposition qui consiste en la reprise urgente du processus politique.

Il a expliqué qu’au cours des deux dernières semaines, il a eu des négociations régulières avec les parties sur les textes des accords.  Nous nous attendons à ce qu’elles acceptent et adoptent formellement ces accords dans un avenir immédiat, a-t-il annoncé.  Nous faisons de très bons progrès vers le consensus, en particulier sur le principe d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  Nous redoublons d’efforts, a ajouté l’Envoyé spécial, pour rapprocher les parties, avant de les convoquer à une réunion virtuelle durant laquelle, des accords seront « déposés, confirmés et publiés ».  Il ne fait aucun doute, a dit l’Envoyé spécial, que le consensus diplomatique joue un rôle central « crucial et indispensable » pour pousser tout le monde dont les deux parties vers ce que nous espérons être « un succès à court terme ». 

Mais, a-t-il tempéré, les opérations militaires se poursuivent sur un certain nombre de fronts malgré les nombreux appels des Yéménites et de la communauté internationale et de ce Conseil pour qu’elles cessent.  Cela risque de se poursuivre jusqu’à l’obtention d’un accord, a-t-il dit craindre.  « Le plus tôt nous arrêterons les combats, mieux ce sera », a estimé le haut fonctionnaire, qui a déploré les violents combats et les victimes civiles comme dans l’attaque contre la section des femmes de la prison centrale de Taëz, le 5 avril.  Toutes les personnes et infrastructures civiles, y compris les prisonniers et les prisons, doivent être protégées en vertu du droit international humanitaire.  À Hodeïda, les violations du cessez-le-feu se poursuivent quotidiennement.  Après qu’un chargé de liaison du Gouvernement du Yémen a été blessé, le Comité de coordination pour le redéploiement et les mécanismes conjoints pour mettre en œuvre l’Accord sur Hodeïda ont cessé de fonctionner. 

Alors que nous nous efforçons tous de maintenir la stabilité à Hodeïda et de consolider le cessez-le-feu, il est important que les parties reprennent les travaux du Comité de coordination, a conseillé M. Griffiths, qui a terminé en déclarant que « la menace de COVID-19 au Yémen requiert toute notre attention et toutes nos ressources ».  Le Yémen ne peut pas faire face à deux fronts en même temps: la guerre et la pandémie.  La nouvelle bataille que le Yémen livre contre le nouveau coronavirus sera dévastatrice.  « Cette guerre doit cesser et nous devons porter toute notre attention sur cette nouvelle menace. »

Après avoir précisé que le Gouvernement du Yémen a confirmé son premier cas de COVID-19 le 10 avril dernier, M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies, a dit que la menace de la pandémie de COVID-19 devrait galvaniser le processus politique, malgré les défis.  Il a rappelé que cinq années de guerre ont endommagé les infrastructures de santé du pays, affaibli les systèmes immunitaires et aggravé les vulnérabilités.  Les épidémiologistes estiment que la COVID-19 peut se propager plus vite au Yémen, avec des conséquences plus meurtrières que dans beaucoup d’autres pays.  M. Lowcock a indiqué que la Coordonnatrice humanitaire, Mme Lise Grande, a parlé de la pandémie comme « l’une des plus grandes menaces de ces 100 dernières années ».

Dans ce contexte, le Secrétaire général adjoint a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur cinq priorités que sont la protection des civils; l’accès à l’aide humanitaire et sa distribution; le financement de l’aide; l’économie yéménite; et finalement les progrès vers la paix.  Il a précisé que la pandémie de la COVID-19 affecte chacune de ces priorités.  S’agissant de la protection des civils, il a parlé des 500 civils tués ou blessés.  Il a dénoncé la persistance des hostilités malgré les appels au cessez-le-feu et précisé que le bombardement de la prison des femmes à Taëz, le 5 avril dernier, avait tué cinq femmes et un enfant, et blessé 26 autres.  Depuis janvier, au moins 60 000 personnes ont fui Al Jawf et les territoires voisins, dont la plupart sont arrivés à Marib, qui compte déjà 800 000 déplacés.  M. Lowcock s’est félicité des récentes initiatives en faveur d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, y compris la déclaration de la Coalition, la semaine dernière.  Il a exhorté toutes les parties à se joindre à cet effort, qui doit donner au Yémen toutes ses chances du combattre l’épidémie de COVID-19 et mettre fin au fardeau de la guerre.  

Pour ce qui est de l’accès humanitaire, le Coordonnateur des secours d’urgence a assuré que les précautions prises face à la COVID-19 n’entament pas l’aide accordée à des millions de Yéménites.  Il a néanmoins regretté les restrictions imposées aux mouvements du personnel humanitaire et des cargos en raison des obstacles bureaucratiques et de l’insécurité, également dans les territoires contrôlés par le Gouvernement.  Les organisations humanitaires attendent depuis des mois que le Gouvernement approuve les 43 projets destinés à aider quelque 2,3 millions de personnes.  

Dans le nord, les progrès ne sont pas assez rapides pour faciliter les opérations humanitaires malgré les mesures prises par les autorités d’Ansar Allah.  Bien qu’elles aient approuvé 13 projets depuis le début du mois de mars, 92 attendent toujours une autorisation, dont 40 depuis des mois.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a dénoncé ces blocages et ces restrictions qu’il a attribués aux autorités locales.  Il a jugé particulièrement « inacceptable » que du personnel international de l’ONU ait été empêché de se rendre à Sanaa et dénoncé le manque de progrès, s’agissant du cargo pétrolier SAFER.   

Chaque mois, a-t-il rappelé, nous aidons 13 millions de Yéménites.  L’ONU a soutenu 3 100 infrastructures de santé et effectué 17 millions de consultations médicales en 2019.  Nous avons garanti l’accès à l’eau potable à 11 millions de Yéménites et soigné près d’un million d’enfants malnutris.  Près de 12 millions de Yéménites ont reçu une aide alimentaire mensuelle en 2019.  Ces programmes, a martelé, M. Lowcock, sont indispensables dans le contexte d’une pandémie.  

Mettant l’accent sur les ressources nécessaires, il a indiqué que 31 des 41 programmes des Nations Unies seront menacés dans les semaines à venir s’ils ne reçoivent de fonds supplémentaires.  Il s’est inquiété de l’impact de ce déficit éventuel sur les deux millions d’enfants malnutris dont les systèmes immunitaires sont affaiblis et qui sont donc particulièrement vulnérables à la COVID-19, au choléra et autres maladies.  La « plus grande opération humanitaire au monde » ne peut subir de coupes budgétaires.  Il faut, a souligné M. Lowcock, la somme de 900 millions de dollars pour maintenir les opérations jusqu’au mois de juillet.  Il a particulièrement remercié l’Arabie saoudite pour son annonce de contribution de 500 millions de dollars, la semaine dernière.  De telles annonces, a-t-il indiqué, ont atteint les 800 millions de dollars pour 2020, alors que l’année dernière à la même époque, la somme était de 2,6 milliards, soit trois fois plus.   

Pour ce qui est de l’économie yéménite, M. Lowcock s’est inquiété des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les importations, prévenant qu’elles ont baissé de 9% au mois de mars à Hodeïda et Salif.  Avec la chute des prix du pétrole, les ressources du Gouvernement diminuent et il lui sera bientôt difficile de financer les importations et de payer les fonctionnaires.  Un nouvel effondrement de la devise nationale pourrait provoquer la même famine qu’il y a 18 mois, a alerté M. Lowcock.  

Il s’est aussi inquiété d’une éventuelle diminution de 70% d’envois de fonds des migrants yéménites, compte tenu de l’impact de la pandémie sur toutes les économies du monde.  Ces fonds sont estimés à 3 milliards de dollars par an et face au risque de réduction, il faut des actions fortes dont l’injection de devises et des garanties pour l’importation des biens de consommation à un prix abordable.  La riposte à la pandémie de COVID-19 est une occasion unique de redynamiser le processus politique et rétablir la paix, a conclu le Secrétaire général adjoint.  

Pour le Royaume-Uni, « la dernière chose dont le Yémen a besoin c’est une épidémie de COVID-19 ».  À cet égard, la délégation a indiqué que son pays fournit 930 millions de dollars pour appuyer la réponse mondiale à la pandémie.  Elle a appelé le Gouvernement et les houthistes à maintenir leur engagement auprès de l’OCHA et de l’OMS, rappelant que 24 millions de personnes ont besoin d’une assistance au Yémen.  Un cessez-le-le feu et une bonne participation au processus politique onusien constituent la meilleure défense contre les effets dévastateurs de la COVID-19, selon le Royaume-Uni en soulignant que l’annonce saoudienne d’un cessez-le-feu est une occasion rare de restaurer la paix au Yémen.  Disant appuyer l’appel mondial du Secrétaire général, il a estimé que le Conseil de sécurité devait l’appliquer à des situations spécifiques.  

Le Royaume-Uni a noté que les houthistes avaient répondu positivement à cet appel, mais dit sa déception qu’ils ne l’aient pas encore traduit dans les faits.  La délégation les a en conséquence appelés à cesser immédiatement les hostilités, à s’emparer de manière constructive des propositions de l’Envoyé spécial et à s’engager à participer à une réunion de toutes les parties sous les auspices de l’ONU, et ce, le plus rapidement possible.  Toute tentative visant à saper les efforts de l’Envoyé spécial par le biais d’une action militaire reviendra à saper les efforts de l’ONU consistant à mettre fin à ce terrible conflit, a prévenu la délégation.  En outre, face aux conséquences dévastatrices de la COVID-19 pour le Yémen, les houthistes doivent satisfaire aux exigences opérationnelles minimales définies par la communauté internationale, en laissant notamment les agences humanitaires opérer librement et de manière indépendante.  Enfin, rappelant qu’aucune partie ne peut l’emporter militairement au Yémen, la délégation a exhorté le Conseil à envoyer un signal fort aux parties afin qu’elles se rallient au processus de paix.  

L’Afrique du Sud a dit être préoccupée par le nombre de morts -plus de 100 000- causés par la guerre au Yémen, ainsi que par la famine généralisée que cela a entrainé.  La délégation s’est aussi alarmée de la terrible situation humanitaire qui continue de s’aggraver en raison de la poursuite du conflit.  Elle a exhorté toutes les parties à reprendre les négociations politiques qui devraient déboucher sur une paix durable et permettre la reconstruction du pays.  Notant que le premier cas de COVID-19 a été confirmé au Yémen le 10 avril, la délégation a averti que le pays est extrêmement sous-équipé pour supporter le fardeau, étant donné que la moitié seulement des infrastructures de soins de santé est opérationnelle.  L’Afrique du Sud a néanmoins salué les mesures prises par le Gouvernement national d’accord et les houthistes pour freiner la propagation de la COVID-19 au Yémen.  Ces mesures mettent en évidence la capacité des deux parties à travailler ensemble vers un objectif commun, a estimé la délégation qui a appelé les parties au conflit à s’acquitter de leurs responsabilités envers le peuple du Yémen en garantissant la fourniture de matériel humanitaire et médical à ceux qui en ont le plus besoin et en stoppant la propagation du virus. « Il est temps de déposer les armes et de mener ensemble la lutte contre le coronavirus. »

L’Afrique du Sud a aussi réitéré son appel à toutes les parties au conflit pour qu’elles respectent leurs obligations en droit international des droits l’homme et en droit international humanitaire.  Cette crise humanitaire sans précédent révèle véritablement le bilan humain de la poursuite des actions militaires et du conflit au Yémen.  Elle nécessite un engagement urgent en faveur d’un cessez-le-feu et la recherche d’une solution négociée, pacifique et inclusive à la crise.  En effet, selon l’Afrique du Sud, une solution durable à ce conflit ne peut être trouvée que par un règlement politique négocié, dirigé par les Yéménites et leur appartenant, qui offre à toute la population un avenir économique et politique solide.   

L’Estonie a exprimé son plein appui à tous les efforts du Secrétaire général concernant l’impact de la COVID-19 dans les pays touchés par un conflit.  Seuls un cessez-le-feu immédiat et une réponse collective, en coopération avec les agences des Nations Unies, peuvent contribuer à prévenir la propagation du virus, a estimé la délégation.  Elle a salué l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral par l’Arabie saoudite, au nom de la Coalition.  Elle s’est aussi félicitée de la réponse favorable du Gouvernement yéménite, avant d’appeler les houthistes à faire de même. 

La délégation a exhorté toutes les parties à mettre fin aux attaques aveugles contre les infrastructures civiles et a souligné la nécessité de protéger les populations vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.  Nous demandons également à toutes les parties, a-t-elle ajouté, de se conformer aux droits de l’homme et d’établir les responsabilités pour toutes les violations et abus.  Pour la délégation, l’annonce du premier cas de COVID-19 au Yémen souligne la nécessité d’arrêter les combats et de se concentrer collectivement sur cette menace commune.  L’Estonie a donc exhorté les parties à dialoguer de manière constructive et sans délai avec l’Envoyé spécial.  Elle a plaidé pour un processus politique inclusif et global sous la médiation des Nations Unies, avec une participation pleine et entière des femmes.  L’Estonie a conclu sur l’action humanitaire, demandant aux parties de garantir un accès sûr, complet et sans entrave aux agents humanitaires.  Les houthistes, a-t-elle précisé, doivent autoriser les fonctionnaires des Nations Unies à accéder sans délai au pétrolier SAFER, afin d’éviter une catastrophe écologique.  

La Fédération de Russie a appelé toutes les parties à cesser les hostilités et à s’engager sur la voie d’un règlement politique du conflit.  Elle a dit soutenir les efforts de l’Envoyé spécial visant à rassembler le Gouvernement du Yémen, « Ansar Allah » et la « coalition arabe », sous les auspices de l’ONU, afin de travailler à la désescalade, à un cessez-le-feu durable, à des mesures de confiance, au lancement d’un processus politique inclusif et à la conclusion d’un accord global.  Le dialogue est absolument essentiel, a souligné la Fédération de Russie, qui a avoué qu’elle ne s’attend pas à des résultats dans l’immédiat mais qu’elle espère que cette fois, il y a une chance d’entrer dans une nouvelle étape du règlement du conflit.  La délégation a aussi promis de continuer de soutenir les efforts des Nations Unies, arguant que l’aide humanitaire reste une priorité tout comme la riposte à la menace posée par la COVID-19.  La Fédération de Russie a rappelé que les quelque 20 millions de Yéménites ont déjà connu d’autres épidémies graves, notamment le choléra, la diphtérie et la faim.  Il est donc important de garantir aux agents humanitaires et aux professionnels de la santé un accès sans entrave à toutes les régions du pays.  La Fédération de Russie a conclu en souhaitant le succès à l’Envoyé spécial.

La France a rappelé qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise yéménite et estimé que la possibilité d’une solution politique existe aujourd’hui.  Il n’y a pas de moment plus indiqué pour faire taire les armes, a-t-elle dit, en appelant les parties à s’engager dans des négociations, sous les auspices de l’Envoyé spécial.  Le rôle de ce dernier est crucial pour coordonner les efforts, a souligné la France, qui a appelé les parties à poursuivre les discussions sur la base des propositions de l’Envoyé spécial, notamment en acceptant la réunion de crise qu’il a appelée de ses vœux.  La délégation a salué l’annonce que l’Arabie saoudite a faite, au nom de la Coalition, sur le rétablissement de la légitimité au Yémen et l’arrêt unilatéral des frappes.  La France a néanmoins regretté que les parties n’aient pas répondu à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial immédiat.  Les parties, et notamment les houthistes dans le nord de la province de Marib, ont, au contraire, intensifié les hostilités, a-t-elle déploré, en condamnant les affrontements.

La délégation a appelé les parties à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave, qu’elle a jugé crucial pour faciliter la riposte à la COVID-19.  La propagation du virus pourrait avoir des conséquences catastrophiques au Yémen, a déclaré la France, en appelant à agir avec un sentiment d’urgence.  « Toute action précoce pourrait empêcher la propagation du virus », a-t-elle insisté, avant d’appeler à la levée des obstacles qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire.  Enfin, la délégation a assuré que son pays œuvre à une désescalade des tensions au niveau régional.

Nous sommes ravis, ont dit les États-Unis, de voir les parties soutenir l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu global et à la lutte contre la propagation de la pandémie de COVID-19.  La délégation a salué le cessez-le-feu unilatéral décrété par l’Arabie saoudite, rejointe dans cette initiative par le Gouvernement du Yémen.  Nous exhortons les houthistes à prendre le même engagement, a plaidé la délégation.  Malheureusement, a-t-elle poursuivi, comme c’est trop souvent le cas au Yémen, les sujets de préoccupation ne manquent pas.  À Marib, les déplacés et les communautés d’accueil sont toujours vulnérables, compte tenu de la poursuite des combats et de la menace très réelle de la pandémie de COVID-19.  Les attaques de missiles balistiques menées par les houthistes contre Riyad sont inacceptables et contredisent directement leur soutien déclaré à l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire général.  

Toutes les parties doivent renouveler leur engagement à la désescalade laquelle, a précisé la délégation, devrait être suivie de la reprise des pourparlers en vue d’une solution politique.  Une nouvelle escalade militaire, a-t-elle martelé, ne fera qu’entraver l’accès aux soins de santé.  Les États-Unis ont exhorté les parties yéménites à accepter l’invitation à la réunion de crise préparée par l’Envoyé spécial et l’Arabie saoudite.  Ils ont aussi exhorté tous les États Membres à se conformer pleinement à l’embargo sur les armes décidé par la résolution 2216 et noté avec préoccupation les informations faisant état d’une ingérence iranienne dans le conflit, sous la forme d’une aide matérielle aux houthistes.  Les États-Unis n’ont pas manqué de dénoncer l’obstruction des houthistes aux opérations humanitaires.  L’implication délibérée des houthistes dans l’acheminement de l’aide limite la capacité de l’ONU et des autres organisations humanitaires à aider les Yéménites les plus vulnérables, ont souligné les États-Unis.  De telles entraves « inacceptables » ont déjà causé des retards importants dans les programmes humanitaires existants.  Elles ont également forcé notre gouvernement, ont confié les États-Unis, à suspendre partiellement les subventions dans le nord du Yémen sauf pour les programmes les plus essentiels.  Ces entraves, ont-ils insisté, menacent les efforts internationaux visant à fournir une assistance cruciale pour empêcher la propagation de la COVID-19.  

La délégation a appelé les houthistes à laisser l’ONU inspecter et entretenir le navire pétrolier SAFER.  L’ONU doit pouvoir immédiatement prévenir une catastrophe écologique qui aurait un impact grave au Yémen et autour de la mer Rouge.  Il faut, ont encouragé les États-Unis, concentrer les efforts sur la réduction de la propagation de la pandémie de COVID-19 et l’accès sans entrave de l’aide humanitaire et des professionnels de la santé.  « Le temps est venu de lutter contre la pandémie de COVID-19, et plus contre les autres ».  

Pour l’Allemagne, la situation au Yémen est certainement celle qui nécessite le plus un cessez-le-feu.  Mais, a-t-elle regretté, les promesses que nous avons entendues sont restées vaines.  Les combats se sont même intensifiés au moment même où la COVID-19 est entrée dans le pays.   Cette pandémie mondiale, a mis en garde l’Allemagne, ne doit pas entraîner plus de souffrances, plus de combats et plus de morts.  Au contraire, elle appelle à la coopération, au dialogue et à la concertation pour placer la protection de la vie humaine au centre de tout.  Encouragée par les réponses positives à l’appel de M. António Guterres, l’Allemagne s’est pourtant dit déçue que l’annonce de l’Arabie saoudite de cesser toutes les hostilités pendant deux semaines n’ait pas été suivie d’effet, en particulier du côté des houtistes.  L’Allemagne a appelé les parties à mettre immédiatement un terme aux hostilités, à retourner à la table des négociations et à traduire enfin en actes leur volonté déclarée d’aller de l’avant, en acceptant un cessez-le-feu national comme première étape vers une solution politique globale et inclusive du conflit.  

L’Allemagne a aussi appelé les parties à accepter l’invitation de l’Envoyé à se réunir virtuellement, à accepter ses propositions et à entamer des pourparlers de paix constructifs sur cette base.  Les premiers cas de COVID-19 étant confirmés au Yémen, tous les acteurs doivent désormais se concentrer sur les moyens de limiter la propagation de la pandémie, a prescrit l’Allemagne qui a rappelé qu’extrêmement sous-équipé à faire face à une maladie hautement contagieuse comme la COVID-19, et déjà confronté au choléra.  

Toutes les parties doivent également adhérer pleinement au droit international humanitaire et au droit relatif aux droits de l’homme et protéger la population vulnérable en particulier les femmes et les enfants ainsi que les infrastructures sanitaires essentielles nécessaires pour lutter contre le virus.  L’Allemagne a, en outre, exigé le plein accès des travailleurs humanitaires internationaux, des médicaments et des fournitures médicales au Yémen.  L’accès à ceux qui en ont besoin doit être accordé.   En plus des activités de préparation et d’intervention liées à la COVID-19, le personnel humanitaire doit être en mesure de continuer à fournir l’aide humanitaire d’urgence.  Les importations commerciales et humanitaires doivent également être autorisées à entrer dans le pays.  Le respect des principes humanitaires et la sécurité du personnel humanitaire restent cruciaux pour que l’aide puisse entrer, a rappelé la délégation allemande.  Elle est aussi inquiète de la situation de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).  La pandémie de COVID-19 pose des défis particuliers au fonctionnement et aux opérations de la Mission.  La situation est aggravée par les restrictions aux déplacements imposées par les houthistes.  Les restrictions ne sont pas acceptables et exploitent cyniquement la COVID-19 pour limiter l’efficacité de la MINUAAH.  La Mission doit bénéficier de l’accès et de la liberté de mouvement dont elle a besoin pour assurer ses opérations, y compris le bien-être de son personnel, a réitéré l’Allemagne. 

L’Indonésie s’est dite encouragée par l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral par la Coalition, en écho de l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial.  Elle a exhorté les houthistes à prendre un engagement similaire, avant de regretter que l’Accord sur Hodeïda ne soit toujours pas respecté.  Dans ce contexte, l’Indonésie a salué les propos des envoyés spéciaux du Secrétaire général pour la région du Moyen-Orient, qui ont rappelé aux Yéménites que le meilleur camp, c’est celui de l’Histoire.  Alors que le monde fait face à un nouvel ennemi, la COVID-19, le Yémen ne peut se permettre de combattre deux ennemis à la fois.  Les parties doivent donc s’unir derrière l’Envoyé spécial et saisir cette occasion unique pour s’entendre sur un second dialogue et s’engager vers un règlement politique global et inclusif.  L’Indonésie s’est par ailleurs inquiétée de la situation humanitaire à la lumière de la menace liée à la pandémie.  Elle a exhorté les parties à coopérer avec les acteurs humanitaires pour qu’une situation déjà mauvaise ne s’empire.  L’Indonésie a fait siennes les craintes du Coordonnateur des secours d’urgence qui a estimé que la COVID-19 pourrait avoir des conséquences plus meurtrières encore au Yémen que partout ailleurs.  

L’Indonésie s’est inquiétée de ce que 31 des 41 programmes humanitaires des Nations Unies sont menacés par l’insuffisance des fonds.  Elle a exhorté les houthistes à autoriser aux inspecteurs de l’ONU d’accéder au pétrolier cargo SAFER.  Elle a réitéré la nécessité de mettre en œuvre les Accords de Stockholm et de Riyad, « parce qu’ils sont d’une importance critique ».  Elle a pressé les parties de procéder à l’échange de prisonniers, étant donné que les centres de détention sont des lieux de transmission par excellence.  « Alors que nous nous apprêtons à célébrer le ramadan, période de paix et de tranquillité, il n’y a pas de meilleure occasion pour les Yéménites de s’engager sur la voie de la paix pour pouvoir faire face dans les meilleures conditions à la pandémie », a conclu l’Indonésie.  

Le Viet Nam s’est dit très inquiet de la reprise des combats au Yémen quelques jours à après l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral par l’Arabie saoudite, au nom de la Coalition, avec le soutien du Gouvernement yéménite.  Il a exhorté toutes les parties, notamment les houthistes, à cesser les hostilités.  Il a appuyé l’initiative conjointe qu’ont prise, le 11 avril dernier, les cinq envoyés spéciaux de l’ONU au Moyen-Orient de demander aux parties de la région de travailler en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, conformément à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial pendant la pandémie de COVID-19.  

Le Viet Nam s’est par ailleurs inquiété de la décision de certains donateurs d’arrêter de financer l’aide humanitaire.  En conséquence, le Programme alimentaire mondial (PAM) doit renoncer à 50% de ses activités au Yémen alors que la situation est désastreuse et que le pays s’apprête à faire face à la COVID-19. La délégation a exhorté toutes les parties à mettre en place un cessez-le-feu immédiat pour faciliter l’action humanitaire et la lutte contre la pandémie.  Il a aussi invité les Nations Unies, les États Membres, les organisations internationales ainsi que les donateurs à soutenir le travail humanitaire.  Il s’est fait l’écho des appels des autres États qui demandent aux parties d’honorer leurs obligations en vertu des Accords de Stockholm et de Riyad.  Nous soulignons, a conclu le Viet Nam, la nécessité d’un processus politique inclusif, avec une réelle participation des femmes.  Il n’a pas oublié de demander aux parties de coopérer avec l’Envoyé spécial, sur la base des trois piliers proposés. 

Le Niger a indiqué que l’évolution de situation au Yémen depuis la mi-janvier n’a fait que valider ses craintes d’une escalade militaire prolongée.  Il a condamné cette escalade et exhorté les parties à répondre favorablement à l’appel du Secrétaire général du 23 mars, ainsi qu’à celui de cinq de ses envoyés spéciaux au Moyen-Orient pour une cessation immédiate des hostilités sur tous les théâtres de conflit dans la région.  « Nous saluons le cessez-le-feu unilatéral décrété par la Coalition dirigée par l’Arabie saoudite et appelons les houthistes à en faire de même dans les plus brefs délais, afin d’accorder un répit au peuple yéménite, qui d’ores et déjà est gravement affecté par ce conflit prolongé. »

Aujourd’hui, plus que jamais, a poursuivi le Niger, les parties doivent reconnaître que la paix ne pourra découler que du postulat selon lequel les solutions militaires aux conflits dans la région ne sont pas viables.  Le Niger a aussi demandé aux parties de reprendre les pourparlers de paix et de respecter les accords signés, y compris ceux agréés lors du dialogue national, l’Accord de Riyad et les dispositions de l’Accord de Stockholm. 

La délégation a demandé la levée de toutes les restrictions qui entravent les mouvements des agents humanitaires, avant d’exhorter les parties à se concentrer sur la pandémie de COVID-19, « notre ennemi commun ».  Une épidémie de coronavirus pourrait être particulièrement désastreuse pour le pays, a relevé le Niger, qui a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à œuvrer pour prévenir « un tel désastre sanitaire ». 

La Belgique a salué l’annonce du cessez-le-feu par la Coalition ainsi que la réaction positive du Gouvernement yéménite.  Elle a appelé les houthistes à prendre rapidement des engagements de même ordre.  Toutes les parties doivent cesser les combats et s’engager de bonne foi dans les pourparlers sous les auspices des Nations Unies, a exigé la délégation en exprimant son inquiétude au sujet de la situation à Marib.  La Belgique a dit appuyer les efforts de l’Envoyé spécial pour parvenir à un cessez-le-feu dans tout le pays, soutenant aussi les pourparlers en vue de la désescalade qui devraient mener à des pourparlers politiques et ainsi à la fin du conflit.  Encourageant les parties à s’abstenir d’actions qui sapent ces efforts, la délégation a ensuite souligné l’importance de la participation des femmes et des jeunes au processus politique qui doit être inclusif.

Alors que le pays se débat aussi avec la pandémie de Covid-19, la Belgique a souhaité que l’aide humanitaire continue d’arriver au Yémen et a appelé à cet effet les autorités à faciliter les déplacements du personnel et du matériel humanitaires.  La Belgique est en effet inquiète de l’obstruction à l’aide humanitaire et rappelle aux parties leurs obligations en droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Elle a aussi attiré l’attention sur les enfants qui souffrent particulièrement de la crise au Yémen, et s’est félicitée de l’adoption par consensus de conclusions sur le Yémen par le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, après plus de sept mois de négociations.  Elle a donc appelé les parties à appliquer les recommandations du Conseil et en particulier à prendre des mesures pour prévenir les graves violations des droits des enfants.  Enfin, la délégation a exhorté les houthistes à permettre l’accès au pétrolier SAFER pour pouvoir évaluer la situation et éviter une catastrophe écologique.

Pour Saint-Vincent-et-les Grenadines, le peuple yéménite a besoin d’une aide urgente après les inondations subites et dévastatrices qui ont touché Sanaa.  De même, la COVID-19, qui a des conséquences profondes, ajoute une nouvelle couche de complexité au conflit et à la situation humanitaire désastreuse au Yémen.  La délégation a souligné que les infrastructures du Yémen ont été dévastées pendant les années de conflit, ce qui rend le pays extrêmement vulnérable aux effets néfastes de cette pandémie.  Elle a donc encouragé les agences nationales compétentes et l’OMS à coopérer pour limiter la propagation, tout en soulignant la nécessité d’une collaboration régionale et internationale dans cette lutte commune.  

La délégation a en outre salué le cessez-le-feu annoncé par la Coalition ainsi que les engagements ultérieurs du Gouvernement du Yémen en faveur du cessez-le-feu.  Elle a encouragé toutes les parties à s’engager vers une cessation permanente des hostilités et à mettre celle-ci en œuvre de bonne foi, au moment où des efforts sont déployés pour lutter contre la propagation de la COVID-19.  Elle a aussi plaidé pour que les travailleurs de la santé et le personnel humanitaire se voient garantir un accès sûr et sans entrave afin de pouvoir fournir une assistance vitale et ralentir le taux d’infection.  Si la population du Yémen est menacée de propagation de la pandémie de COVID-19, elle souffre également des conséquences d’un conflit vieux de cinq ans, a-t-elle rappelé, ajoutant qu’il est extrêmement important de maintenir l’aide humanitaire à ce stade.  Elle a conclu en exprimant sa préoccupation concernant l’impossibilité d’accès au pétrolier SAFER, lequel fait poser le risque d’une catastrophe environnementale marine imminente.  Selon elle, cette question doit être traitée de toute urgence pour le Yémen, la région et pour la protection de nos biens communs mondiaux. 

Pour la Tunisie, la poursuite des hostilités et de l’escalade ne peuvent que rendre cette flambée imparable et extrêmement meurtrière, dans un pays dont les infrastructures sont dévastées par la guerre, qui n’a ni les ressources ni la préparation nécessaires pour faire face à la pandémie, et où les combats et les groupes armés vont continuer de bloquer l’accès à l’aide humanitaire.  La Tunisie s’est donc  félicitée de l’annonce faite par l’Arabie saoudite, au nom de la Coalition, en faveur d’un cessez-le-feu unilatéral au Yémen, ainsi que de la réponse positive du Gouvernement du Yémen en faveur du processus de paix des Nations Unies.  La Tunisie a souligné la nécessité urgente de s’appuyer sur ces efforts pour créer un environnement qui permette aux parties de discuter des propositions et des mécanismes liés à un cessez-le-feu permanent et de relancer le processus politique pour une solution globale.  Pour la Tunisie, la pleine mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad ne peut que contribuer à renforcer les mesures de confiance, puisque que ce n’est que par le dialogue et les négociations que les parties pourront parvenir à un règlement global.  

La Chine a apporté son appui à l’appel au cessez-le-feu lancé par le Secrétaire général et par son Envoyé spécial pour le Yémen.  Elle a salué l’annonce faite par l’Arabie saoudite, au nom de la Coalition de soutien à la légitimité au Yémen, d’un cessez-le-feu unilatéral de deux semaines dans ce pays. C’est un nouveau progrès, s’est réjouie la Chine, qui a exhorté toutes les parties à poursuivre leurs efforts dans cette direction, en veillant à ce qu’un cessez-le-feu complet soit atteint et maintenu.  Tous les efforts doivent être faits pour un règlement politique au Yémen, a encore déclaré la Chine: de nombreux défis nous attendent, mais le règlement politique représente la seule solution au problème yéménite.  La Chine a plaidé ā cette fin pour un processus politique global et inclusif mené par l’ONU.  Il est aussi impératif que toutes les parties renforcent leur volonté politique, s’engagent dans un dialogue et dans des consultations.  Elles doivent mettre en œuvre l’Accord de Stockholm et l’Accord de Riyad.  

La Chine a appelé à davantage d’efforts pour mettre fin à la violence et pour instaurer une confiance mutuelle.  Apparemment, a constaté la délégation, le manque de confiance mutuelle entrave le processus politique.  La Chine s’est également dite préoccupée par la sombre situation humanitaire au Yémen, en particulier dans les circonstances actuelles de propagation mondiale de la pandémie de COVID-19.  La communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité et les agences humanitaires sur le terrain, doivent accorder une attention particulière à l’impact possible de la pandémie sur le Yémen.  La Chine a exhorté toutes les parties à unir leurs forces pour combattre ensemble la pandémie « dans l’intérêt fondamental de tous les Yéménites ».  Les parties concernées doivent en outre fournir un accès sans entrave à l’aide humanitaire « qui est extrêmement importante en ce moment », a relevé la délégation.  

La République dominicaine a exhorté les parties au conflit au Yémen à suspendre immédiatement les combats.  La délégation leur a demandé d’appliquer sans tarder le cessez-le-feu, de libérer tous les détenus et ceux qui ont disparu et de mettre à exécution les accords d’échange de prisonniers.  Elle a aussi exhorté les parties à travailler avec l’Envoyé spécial pour le Yémen afin de redémarrer d’urgence des négociations politiques globales concernant le processus de paix, dans un processus qui inclue tout le monde et notamment les femmes.  La situation sur le terrain est loin d’être stable, a averti la République dominicaine avant de souligner que l’épidémie de COVID-19 est présente au Yémen et que le pays est gravement sous-équipé pour y faire face, avec seulement la moitié des établissements de santé qui sont fonctionnels.  La délégation a aussi parlé des millions de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Les épidémies d’autres maladies comme le choléra ont démontré la vulnérabilité du pays aux maladies infectieuses.  Le confinement éventuel des travailleurs et de la main d’œuvre serait dévastateur sur le plan économique, en plus du manque potentiel de transferts de fonds de la diaspora yéménite, qui est un élément vital de l’économie du Yémen, a prédit la République dominicaine.  

Une action précoce peut encore empêcher une épidémie complète, a estimé la délégation.  Pour que cette action soit efficace, toutes les parties doivent déposer les armes en même temps et s’engager dans la lutte contre le coronavirus.  Les autorités doivent permettre au personnel sanitaire et à la communauté humanitaire d’accéder au pays et aux communautés dans le besoin, pour ralentir le taux d’infection, en tenant compte du nombre élevé de personnes déplacées.  Les parties sont également priées de respecter les obligations qui leur incombent en droit international.  Avant de terminer, la République dominicaine a demandé aux parties yéménites de travailler avec le Représentant spécial sur le sort des enfants en temps de conflit armé pour convenir et mettre en œuvre un plan d’action visant à mettre fin et prévenir les violations graves des droits des enfants.

Le Yémen a dit avoir opté pour la désescalade, répondant ainsi à l’appel du Secrétaire général à combattre la pandémie du coronavirus, et à créer un environnement propice au succès des efforts de l’Envoyé spécial pour parvenir à une paix durable.  Le Gouvernement s’est aussi félicité de l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral de deux semaines par la « Coalition en appui à la légitimité », dirigée par l’Arabie saoudite.  La délégation a expliqué que la position de son gouvernement découle de son engagement « inébranlable » à accorder la priorité à la question humanitaire.  L’engagement des houthistes en faveur de cette question, a-t-elle fait observer, pourrait ouvrir la voie aux discussions sur d’autres questions et à un règlement global qui réponde aux aspirations des Yéménites de voir restaurer l’État, mettre fin au coup d’État, déposer les armes et reprendre le processus politique là où il s’est arrêté. 

Le Yémen a souligné l’importance d’établir des mécanismes urgents et efficaces pour empêcher l’exploitation de la trêve humanitaire par les houthistes qui pourraient intensifier les opérations militaires, comme en témoignent leur récente expansion sur tous les fronts, les résultats des précédentes trêves.  « En raison de l’intransigeance et de l’arrogance de la milice houthiste », les trêves, a accusé la délégation, sont devenues un outil pour prolonger la guerre et s’y préparer au lieu d’avancer vers la paix.  Le Gouvernement du Yémen appelle la communauté internationale à exercer plus de pressions sur les milices houthistes pour qu’elles répondent aux appels à la cessation des hostilités sans conditions préalables.  La communauté internationale, a martelé la délégation, doit les tenir responsables de l’escalade, en particulier après le premier cas de COVID-19 au Yémen.

La délégation a parlé des crimes commis par les houthistes, tels que les attaques contre les civils à Marib, Hodeïda, Taëz et d’autres fronts.  Elle a aussi parlé des attaques contre les camps de déplacés dans le district de Razih de la province de Saada, le jour même où le cessez-le-feu a été annoncé par la Coalition dirigée par l’Arabie saoudite.  La délégation n’a pas oublié de mentionner le bombardement de la section des femmes de la prison centrale de Taëz, tuant et blessant des détenus au début de la semaine dernière.  Elle a ensuite rappelé l’attaque contre une station de pétrole de la compagnie pétrolière SAFER, à Marib.  Toutes ces violations injustifiées, s’est indignée la délégation, doivent fournir à la communauté internationale « des preuves claires et convaincantes » sur la nature criminelle des milices houthistes, au service du projet de l’Iran de détruire la région.  La passivité de la communauté internationale devant ces crimes brutaux est ce qui encourage les milices houthistes à poursuivre leur projet subversif au mépris de toutes les résolutions du Conseil de sécurité et en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme, a fait remarquer la délégation.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à condamner et à arrêter les actes illégaux des houthistes qui ont, par exemple, prononcé la peine de mort contre quatre journalistes enlevés et détenus depuis 2015.

La lutte contre la flambée de la pandémie est la plus haute priorité du Gouvernement, a affirmé la délégation.  Le Gouvernement, a-t-elle dit, a équipé des centres de mise en quarantaine et amélioré l’état de préparation des hôpitaux dans toutes les provines.  Le Gouvernement essaie aussi d’obtenir des médicaments et des respirateurs en nombre suffisant pour se préparer à la lutte contre la pandémie.  La délégation a salué l’appui fourni par le Royaume d’Arabie saoudite pour renforcer les capacités du secteur de la santé et a sollicité le soutien urgent des donateurs, des organisations internationales et des partenaires au développement.  Elle a terminé en confirmant le soutien renouvelé du Gouvernement aux efforts déployés par l’Envoyé spécial pour parvenir à une solution globale et durable qui ouvrirait une nouvelle phase propre à mettre fin aux souffrances du peuple yéménite et à une guerre menée par les houthistes depuis six ans maintenant.

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