SC/14258

Conseil de sécurité: Pas d’annexion de parties de la Cisjordanie mais «  pas de quoi sabler le champagne  », estime le Président de « US/Middle East Project »

À ce jour, Israël n’a pas annexé de parties de la Cisjordanie mais l’heure n’est pas à l’autosatisfaction.   « Pas de quoi sabler le champagne », a estimé le Président de «  US/Middle East Project  », M. Daniel Levy, qui a parlé aujourd’hui à la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, aux côtés du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix, M. Nickolay Mladenov, et du Directeur du Centre palestinien de recherche sur les politiques et les enquêtes, M. Khalil Shikaki. 

Distanciation sociale oblige, c’est chacun dans sa mission que les 15  membres du Conseil font leur déclaration et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux. 

Le fait qu’Israël n’ait procédé à aucune annexion de jure ne mérite pas les applaudissements du public.   Ce qui est normal, c’est de ne pas commettre de crime, a souligné le Président de «  US/Middle East Project  ».   Qu’elle se fasse ou pas, l’annexion, a-t-il estimé, n’est que le symptôme d’une crise plus profonde, à savoir le déni de la liberté, des droits et de l’égalité des Palestiniens.   Pour aller de l’avant, M. Levy a prôné l’établissement des responsabilités pour les violations israéliennes du droit international; la défense des droits de l’homme qui doivent être «  l’étoile des mages  » pour la communauté internationale; le réexamen de la question du partage consacré par l’ONU en 1947; ou encore la création d’une commission pour évaluer de nouvelles approches.  

C’est d’autant plus urgent qu’aujourd’hui plus des trois quarts des Palestiniens jugent impossible qu’un État palestinien soit créé dans les cinq prochaines années, s’est alarmé le Directeur du Centre de recherche palestinien.  Beaucoup d’entre eux, a-t-il avoué, et en particulier les jeunes, sont tout aussi découragés par les lacunes de leurs propres dirigeants.   Lors des Accords d’Oslo, un cinquième seulement de la population palestinienne soutenait l’option de la violence.   Aujourd’hui, c’est près de la moitié après l’annonce, il y a six mois, du plan de l’Administration américaine et de la dynamique d’annexion qu’elle a déclenchée.   Depuis que le Président  Trump a  présenté  sa “Vision pour la paix”, personne n’a soumis d’alternative «  réaliste et crédible  », ont rétorqué les États-Unis.  

Toute annexion potentielle de certaines parties de la Cisjordanie constituerait une violation manifeste du droit international,  porterait une atteinte flagrante à l’ordre international, compromettrait gravement, voire rendrait impossible, la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens et rapprocherait d’une réalité à un  seul  État, avec de graves conséquences  pour la sécurité et la stabilité régionales, a égrainé le Secrétaire d’État allemand aux affaires étrangères, qui présidait la séance.  «  Le plan Trump  » et son corollaire annexionniste disent clairement aux Palestiniens et aux Israéliens que la solution des deux États est hors de portée et peut-être même morte et enterrée, a renchéri le Directeur du Centre palestinien de recherche sur les politiques et les enquêtes.  

Le temps presse et il ne suffit plus de réaffirmer notre opposition à l’annexion, s’est impatienté le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient.  Au risque de provoquer un conflit perpétuel, il est impératif, a-t-il alerté, de «  redémarrer la diplomatie  ».  La solution des deux États n’est pas un concept extensible à l’infini, a prévenu le Président de «  US/Middle East Project  ».  Discutons de ce qui peut et doit être fait pour protéger les efforts liés à la perspective des deux États « des trublions, des radicaux et des extrémistes », a encouragé le Coordonnateur spécial.   

De nombreuses délégations se sont donc félicitées du fait que le Président palestinien Mahmoud Abbas ait annoncé sa disposition à reprendre les négociations avec Israël, sous les auspices du Quatuor pour le Moyen-Orient, avec une participation internationale.   Membre dudit Quatuor, la Fédération de Russie  a  exhorté  ses  partenaires  -les Nations Unies, l’Union européenne et les États-Unis - à intensifier leur coopération.  La Chine et la Tunisie ont appuyé deux autres idées du Président Abbas: la convocation d’une conférence internationale de paix et la création d’un mécanisme multilatéral élargi pour la paix. 

Les paramètres de règlement du conflit sont connus, a rappelé la France: deux États, vivant dans la paix et la sécurité, dans des frontières sûres et reconnues, avec Jérusalem comme capitale commune, et une réponse « réaliste » à la question des réfugiés, a ajouté le Royaume-Uni.  Le conflit ne se résoudra pas par des décisions unilatérales.  La voie de la paix, s’est expliquée la France, sera longue et difficile et requerra des décisions politiques courageuses.   La volonté politique d’Israël et l’unité des Palestiniens sont des préalables au dialogue, a souligné la République dominicaine. 

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

Pour le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général, M. NICKOLAY MLADENOV, les Palestiniens et les Israéliens sont aux prises avec une crise complexe et potentiellement déstabilisante à trois volets: une crise sanitaire croissante alors que les deux luttent pour contenir la hausse rapide des cas de COVID-19; une crise économique en spirale alors que les entreprises ferment, le chômage monte en flèche, les protestations augmentent et l’économie subit l’impact financier de mois de confinement et de restrictions; et enfin, une confrontation politique croissante, motivée par la menace d’annexion israélienne de certaines parties de la Cisjordanie occupée, et les mesures prises en réponse par les dirigeants palestiniens. 

Ces développements récents ont mis en évidence la non-viabilité de l’occupation et la nécessité de mettre à jour les accords qui définissent les relations entre les deux parties dans l’intérêt de la paix, a fait valoir M. Mladenov rappelant que ces dernières semaines, la région et la communauté internationale dans son ensemble ont continué d’exprimer leur ferme rejet de l’annexion.  À cet égard il a notamment cité l’éditorial publié le 1er juillet par le Premier Ministre du Royaume-Uni dans un grand journal israélien affirmant qu’une telle mesure violerait le droit international et serait « contraire aux intérêts à long terme d’Israël », ainsi que les deux déclarations conjointes publiées le 7 juillet - l’une des ministres des affaires étrangères de l’Égypte, de la France, de l’Allemagne et de la Jordanie, et la seconde de leurs homologues de neuf États arabes et du Secrétaire général de la Ligue arabe pour exprimer leur ferme opposition à cette décision et appeler au retour aux négociations fondées sur les résolutions de l’ONU et le droit international.  Le 2 juillet, les dirigeants du Fatah et du Hamas ont tenu une rare conférence de presse vidéo conjointe, a également rappelé le Représentant spécial, dans le but de réaffirmer leur opposition à l’annexion et de s’engager en faveur d’un front palestinien unifié contre elle.  M. Mladenov a aussi évoqué les initiatives de femmes palestiniennes et israéliennes qui ont fait entendre leur voix, notamment lors du dialogue du 9 juillet, organisé par ONU-Femmes, auquel il a participé.  En réponse à ces initiatives, 45 femmes leaders du monde entier ont signé un appel conjoint contre l’annexion et pour la paix, soulignant l’importance de tenir compte de la voix des femmes dans les situations de conflit. 

M. Mladenov a assuré que le Secrétaire général et l’ONU poursuivront leurs efforts pour ressusciter un dialogue entre toutes les parties prenantes, sans conditions préalables, dans l’intérêt de la paix et d’un règlement négocié du conflit.  Pour que ces efforts aient une chance de succès, il faut cependant une volonté politique de toutes les parties, a-t-il martelé, mettant en garde qu’à défaut, la voie vers une solution négociée risque de devenir imprévisible, et qu’on risque de s’orienter vers un seul État d’occupation et un conflit perpétuel. 

Notant que la situation sur le terrain est rapidement affectée par l’augmentation drastique des cas de COVID-19 en Cisjordanie -y compris à Jérusalem-Est et en Israël-, M. Mladenov a passé en revue les mesures prises des deux côtés pour contenir la pandémie, y compris des restrictions de mouvement à travers la Cisjordanie, les fermetures et limitations de rassemblements, le re-confinement dans certaines zones spécifiques alors que les déplacements entre Israël, la Cisjordanie et Gaza restent fortement limités, et que le passage de Rafah entre Gaza et l’Égypte est fermé dans les deux sens depuis le 15 mai.  M. Mladenov a expliqué que c’est d’autant plus difficile de faire face à la pandémie en Cisjordanie et de renforcer les efforts de prévention à Gaza que la coordination entre l’Autorité palestinienne et Israël est au plus bas et que l’Autorité palestinienne refuse d’accepter les recettes de dédouanement transférées par Israël.  Cela a exacerbé une crise budgétaire déjà préoccupante et a eu un impact sur la fourniture de services, a constaté le Représentant spécial. En réponse, l’ONU s’est engagée avec toutes les parties pour assurer la fourniture continue et sans entrave de l’aide humanitaire.  Elle a conclu des accords avec l’Autorité palestinienne pour qu’elle fasse des exceptions dans la coordination des livraisons humanitaires et avec Israël pour rationaliser ses procédures administratives.  

Sur le plan économique, le Ministère palestinien des finances a annoncé, le 2 juillet, qu’il paierait une partie des salaires du Gouvernement pour le mois de mai qui n’ont pas été versés en raison d’une réduction de 80% des revenus palestiniens résultant de l’impact économique de la COVID-19 et du refus de l’Autorité palestinienne d’accepter les transferts mensuels de ses recettes de dédouanement, a expliqué M. Mladenov.  Il ne voit d’ailleurs pas comment le Gouvernement palestinien pourra disposer de ressources suffisantes pour effectuer les versements futurs de salaires et même pour continuer à s’acquitter de ses fonctions de Gouvernement dans les mois à venir.   

Passant brièvement à la situation dans la région, il a constaté, pour ce qui concerne le Liban, que la situation économique continue de se détériorer, avec l’inflation qui augmente et la lire libanaise qui baisse par rapport au dollar américain.  Alors que les secteurs de la santé et de l’éducation sont les plus touchés et que l’insécurité alimentaire est de plus en plus préoccupante, le Gouvernement libanais et le Fonds monétaire international (FMI) restent engagés dans des pourparlers sur un éventuel programme d’assistance, a indiqué le Coordonnateur spécial soulignant aussi le pic d’infections quotidiennes de COVID-19, avec 2 542 cas confirmés au Liban au 15 juillet. 

Face à la virulence du coronavirus et son bilan humain et économique dévastateur, M. Mladenov a plaidé pour que des mesures extraordinaires et prioritaires soient prises, « des mesures qui doivent dépasser la politique habituelle  ».  Les dirigeants israéliens et palestiniens ont le devoir de protéger la vie et les moyens de subsistance de leurs populations, a-t-il martelé.  Alors que le chômage en Israël dépasse les 20% et que des milliers d’Israéliens sont descendus dans la rue pour exiger un soutien financier accru de leur Gouvernement, beaucoup ont souligné le coût financier et, potentiellement, humain, significatif des plans d’annexion.  M. Mladenov a donc réitéré l’appel du Secrétaire général au Gouvernement israélien pour qu’il abandonne les projets d’annexion de parties de la Cisjordanie occupée. 

S’agissant de la partie palestinienne, avec une réduction de 80% de ses revenus, l’Autorité palestinienne fait face au risque d’un effondrement total à un moment où les Palestiniens ont plus que jamais besoin des services et du soutien de leur Gouvernement, a-t-il mis en garde avant d’exhorter les deux parties à travailler avec les Nations Unies pour faire en sorte que les formes de coordination civile et sécuritaire, « essentielles pour empêcher la propagation du coronavirus »,  soient rétablies immédiatement.  Pour les Nations Unies, la protection des vies restera toujours la priorité absolue. 

Aujourd’hui, il ne suffit pas de réaffirmer notre opposition à l’annexion, a-t-il conclu.  « Aujourd’hui, nous devons discuter de ce qui peut et doit être fait pour améliorer la situation sur le terrain, préserver la perspective d’une solution à deux États, augmenter les chances de négociations significatives pour un règlement pacifique du conflit et protéger ces efforts des trublions, des radicaux et des extrémistes.  À cet effet, il a réitéré l’appel lancé par le Secrétaire général aux membres du Quatuor pour le Moyen-Orient, aux pays arabes, aux dirigeants israéliens et palestiniens à se réengager d’urgence.  «  Nous devons redémarrer la diplomatie!  »

M. DANIEL LEVY, Président du « US/Middle East Project », a indiqué qu’à ce jour il n’y a pas eu d’annexion supplémentaire de la Cisjordanie par Israël.  « Ce n’est pas le moment de verser dans l’autosatisfaction; gardons le champagne au frais. »  Pour lui, ne pas avoir procédé à une annexion de jure n’est naturellement pas quelque chose à récompenser.  Éviter de commettre un acte criminel doit être la norme, a-t-il dit. 

Une annexion de jure ne ferait que renforcer et accélérer des tendances négatives existantes.  Qu’elle se produise ou non, elle est le symptôme d’une crise plus profonde – le déni permanent de la liberté, des droits et de l’égalité des Palestiniens, a asséné M. Levy, en rappelant « les deux millions de Palestiniens qui endurent à Gaza un blocus inhumain ».  Il a affirmé que le processus de paix, tel qu’il est actuellement construit et poursuivi, est devenu un refuge loin des choix difficiles, une zone de confort, où prévaut « la loi des rendements décroissants ».  « Il nous a emmenés au bord de l’annexion et du précipice d’un effondrement financier de l’Autorité palestinienne. »  La question n’est pas, selon lui, de redoubler d’efforts et de reprendre les négociations. Faire plus ou moins la même chose ne pourra qu’aboutir à une plus grande dégradation de la situation, a-t-il déclaré, en y voyant un « échec de l’imagination ». 

M. Levy a appelé à se concentrer, non pas sur des solutions rapides, mais sur la création des conditions permettant des progrès afin que Palestiniens comme Israéliens jouissent de l’égalité, de la dignité et de la sécurité.  « Il ne s’agit pas d’un conflit de deux parties égales qui poursuivent des actions unilatérales pareillement destructrices. »  Il a relevé que le fait de se concentrer d’abord sur la partie israélienne reflète le rapport de forces, celui dicté par une partie occupante qui détermine par ses actions la réalité du terrain.  M. Levy a « humblement » soumis les éléments suivants à l’attention du Conseil, la reddition de comptes d’abord face à la violation continue du droit international par Israël « parce que ce dernier peut tout simplement se le permettre ».  « Les condamnations rhétoriques sans reddition de comptes et sanctions véritables sont risibles. »

Il a ensuite insisté sur la défense des droits qui doit être l’étoile guidant la communauté internationale et ne plus dépendre d’un processus de paix qui a manifestement échoué.  « Cela exige de soutenir les défenseurs palestiniens et israéliens des droits de l’homme, d’appuyer des enquêtes sérieuses sur les violations graves des droits de l’homme, y compris par la Cour pénale internationale, et de donner la priorité à un cessez-le-feu permanent pour protéger les civils, en particulier à Gaza et dans le sud d’Israël. »  Remettre les droits humains au centre n’est pas un retour à l’ennuyeux et au réchauffé, c’est insister sur ce qui est imprescriptible et nécessaire, a-t-il poursuivi, en y incluant le droit à ne pas subir l’antisémitisme et l’islamophobie. 

M. Levy a ensuite déclaré que la solution des deux États n’est pas un concept élastique à l’infini.  Il n’y a pas d’État « moins », selon lui, mais plutôt « une occupation continue ». Un plan qui prive de ses attributs de souveraineté un État qui n’a pas encore été établi ne peut être un chemin vers la paix, a-t-il asséné.  Au regard de l’écart qui existe entre les exigences à remplir pour une véritable solution à deux États et la réalité du terrain dictée par Israël, M. Levy a invité le Conseil à considérer d’autres idées, pour autant que celles-ci respectent l’égalité et les droits de tous.  Il a rappelé qu’en 1947 l’ONU s’était prononcée pour un partage et souhaité que la perspective de la question du partage soit revisitée dans un avenir proche.  

Enfin, M. Levy a noté la profonde transformation que connaît la situation israélo-palestinienne.  Il a invité le Conseil à explorer la création d’un mécanisme permettant d’évaluer sa propre efficacité sur cette situation et à mettre sur pied une commission qui pourrait évaluer des approches nouvelles pour régler ce conflit. 

En visioconférence depuis Ramallah, M. KHALIL SHIKAKI, Directeur du Centre palestinien de recherche sur les politiques et les enquêtes, a estimé que les Palestiniens et Israéliens vivent actuellement « l’un des moments les plus déroutants et déprimants de leur histoire ».  Les Palestiniens sont témoins de l’écrasement de leur rêve de voir un jour la fin de l’occupation israélienne et la construction de leur propre État indépendant et souverain, a-t-il expliqué en citant une enquête menée le mois dernier et selon laquelle plus des trois quarts des Palestiniens ne pensent pas qu’un État palestinien puisse être créé dans les cinq prochaines années.  « La plupart sont déchirés entre leur aspiration nationale à la décolonisation, la construction d’un État qui leur est propre et leur reconnaissance du fait que ce n’est plus faisable en raison de la triste réalité sur le terrain dans laquelle l’expansion des colonies israéliennes détruit, jour après jour, la chance de paix basée sur la partition. ».  Il a ajouté que beaucoup d’entre eux, en particulier les jeunes, sont découragés aussi en raison des propres lacunes nationales palestiniennes et se sont résolus à une solution à un État, dans laquelle la démocratie règne, sur la base d’« une personne une voix » pour tous les juifs et tous les Palestiniens.  « La tendance de la dernière décennie est incontestable et le soutien s’incline progressivement en faveur d’un État », a constaté le Directeur du Centre palestinien de recherche sur les politiques et les enquêtes.

Par ailleurs, il a estimé que les Palestiniens, dans leur volonté de retrouver liberté et dignité, sont également déchirés entre le désir de lutter par tous les moyens -y compris la lutte armée- pour mettre fin à l’occupation militaire israélienne, et leur responsabilité de nourrir leurs familles, en particulier dans les conditions actuelles de la crise du coronavirus et notamment dans la Bande de Gaza.  Ceux qui soutiennent la violence étaient tombés à un cinquième de la population au début des Accords d’Oslo mais ils ont commencé à augmenter il y a cinq ans, a-t-il dit en signalant que c’est maintenant près de la moitié des Palestiniens qui la soutiennent.  Et récemment, un pic a été atteint à la suite, il y a six mois, de la publication du plan Trump et de la dynamique d’annexion qu’il a déclenchée. 

En ce qui concerne les Israéliens, M. Shikaki a remarqué que la plupart des Israéliens sont arrivés à la même conclusion, à savoir que l’expansion des colonies rend la solution des deux États de moins en moins faisable.  Pendant que les Palestiniens se sentent trop faibles et abandonnés, non seulement par la communauté internationale, mais aussi par leurs propres frères arabes, les Israéliens peuvent faire ce qu’ils veulent avec peu de conséquences parce que les États-Unis et l’histoire récente les protègent des sanctions, a dénoncé M. Shikaki.  Pour lui, le plan Trump et son corollaire annexionniste envoient le message aux Palestiniens et aux Israéliens que la solution des deux États est hors de portée, peut-être même morte et enterrée.  

« En raison du désespoir et du pessimisme face à l’avenir, nos enquêtes conjointes palestiniennes et israéliennes montrent que l’opinion publique des deux côtés n’est pas une force de paix », a -t-il dit tout en assurant que les conclusions des enquêtes montrent clairement que les deux publics ne sont pas un obstacle à la paix et qu’ils peuvent être amenés à soutenir une vision identique détaillée de la paix basée sur une solution réelle, et non imaginaire, à deux États. 

En conclusion, M. Shikaki a prévenu que remplacer un système international fondé sur des règles par un système basé sur la cupidité et les mythes religieux évangéliques est « une menace non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour vous tous ».  Tout en reconnaissant les lacunes des palestiniens et leur incapacité à trouver un chemin vers la démocratie, la bonne gouvernance et les élections, et à travailler conjointement avec les partenaires arabes et la communauté internationale pour proposer un contre-plan détaillé pour une vision de la paix, M. Shikaki a appelé les membres du Conseil de sécurité à cesser de se cacher derrière leurs propres lacunes pour échapper à leur responsabilité de tenir tête aux administrations Trump et Netanyahu et de protéger le normes et règles du système international.  

Le Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Allemagne, M. Miguel Berger, a remercié M. Levy et le Professeur Shikaki, pour leurs observations et évaluations et face à la crise de COVID-19, il les a assurés du soutien de l’Allemagne et les a invités « à plus de coopération, pas moins  ».  Vingt-six ans après Oslo, peut-on encore parler d’un processus de paix? s’est demandé le Secrétaire d’État.  Il a néanmoins relevé que les deux premiers orateurs ont insisté sur le fait de la solution négociée des deux États reste la seule solution viable et qu’elle bénéficie toujours du soutien du public.  Cette solution répond aux besoins de sécurité israéliens et palestiniens et aux aspirations légitimes des Palestiniens.  

Cette solution met fin à l’occupation, résout toutes les questions liées au statut final et garantit l’égalité des droits de tous les habitants, sur la base du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU.  Il est vrai, a reconnu le Secrétaire d’État, que nous ne cessons de répéter ce message.  Il y a vu la preuve de l’attachement à un ordre international fondé sur des règles, à la sécurité d’Israël en tant qu’État juif et démocratique et au droit du peuple palestinien à l’autodétermination et au statut d’État.  C’est le seul cadre viable, « sinon le meilleur », pour une solution véritablement négociée, a martelé le Secrétaire d’État. 

Il a prévenu, à son tour, que la mise en œuvre du plan d’annexion, constituerait une violation du droit international indépendamment de la taille du territoire annexé et de la terminologie utilisée.  L’annexion compromettrait gravement, sinon rendrait impossible, la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.  On se rapprocherait d’une réalité à un seul État, avec de graves conséquences pour la sécurité et la stabilité régionales. L’annexion, a aussi prévenu le Secrétaire d’État, aurait des conséquences sur les relations, « étroites », entre l'Union européenne et Israël, mais aussi sur la perspective d’une normalisation des relations entre Israël et les États arabes.  

Le Secrétaire d’État a indiqué que depuis sa visite en Israël et en Jordanie au mois de juin dernier, son Ministre de tutelle a promu des échanges « cruciaux » entre les États européens et arabes sur les questions de sécurité régionale.  Des propositions prometteuses ont été faites, a-t-il affirmé, y compris dans le cadre de l’Initiative de paix arabe, pour rétablir, ensemble, un programme constructif et réengager les parties.  Mais, a dit le Secrétaire d’État, cela nécessite au préalable, la reprise des négociations directes et substantielles entre les parties.  Les parties, a-t-il estimé, doivent faire preuve de flexibilité et d’ouverture, et la réactivation du Quatuor serait « la meilleure option » pour discuter de la voie à suivre. 

En attendant, le Secrétaire d’État a demandé à Israël de mettre fin à ces mesures unilatérales, sans manquer de condamner les attaques et menaces du Hamas et d’autres groupes terroristes contre Israël.  Il a appelé les Palestiniens á l’unité et exhorté le Conseil de sécurité à examiner ces éléments constitutifs d’un programme positif qui ouvrirait un espace de dialogue indispensable contrairement aux mesures unilatérales.  «  Travaillons ensemble et inversons la tendance ! » 

Parlant de la multiplication des suicides et tentatives de suicide, au cours des six derniers mois, les États-Unis ont estimé que la moitié de la population de Gaza qui a moins de 18 ans mérite un autre avenir que la misère que leur préparent leurs dirigeants actuels.  Ils ont dénoncé « le régime oppressif du Hamas, une organisation terroriste », qui prétend fonctionner comme un gouvernement, mais qui en réalité use de tactiques d’intimidation contre les médias et la société civile, restreignant la liberté d’expression.  La Charte du Hamas, ont affirmé les États-Unis stipule que la seule solution à la question palestinienne, c’est le Jihad.  Le Hamas, ont accusé les États-Unis, préfère condamner le peuple palestinien au désespoir et au conflit perpétuel, pour concrétiser sa vision violente et les aspirations hégémoniques de ses parrains, dont le « régime iranien », plutôt que de forger un avenir de paix et de prospérité.  

Le États-Unis ont fustigé l’influence du « régime de Téhéran » qui est sur le point de causer encore plus de misère et d’effusion de sang, non seulement à Gaza, mais aussi au Liban, en Syrie, en Iraq et au Yémen.  Ils ont mis en garde le Conseil de sécurité contre toute idée de lever l’embargo sur les armes.  « Au-delà de la sémantique et des résolutions », les États-Unis ont voulu que l’on se concentre sur la manière d’insuffler de l’espoir aux jeunes de Gaza, de Cisjordanie et d’Israël.  Le Président Trump, ont-ils plaidé, a présenté sa « Vision pour la paix » et depuis lors, personne n’a présenté d’alternative « réaliste et crédible ».  

On préfère discuter de la manière de punir Israël plutôt que des moyens de s’engager en faveur de la paix et d’encourager les Palestiniens à venir à la table des négociations, ont taclé les États-Unis qui ont insisté sur la nécessité de contenir le parrainage, par l’Iran, du Jihad islamique et du Hamas, « semeurs du chaos et de la mort ».  Soulignant qu’il ne peut y avoir d’alternative à des négociations directes entre les deux parties, les États-Unis ont exhorté le Conseil de sécurité à donner la priorité à la recherche de la paix pour un avenir meilleur, à la fois pour les Palestiniens et les Israéliens, en s’attaquant aux causes profondes du conflit et aux « agitateurs ».

La Chine a jugé alarmant que l’annexion potentielle de certaines parties de la Cisjordanie par Israël puisse provoquer une nouvelle vague de tensions et mettre en péril le processus de paix au Moyen-Orient et la solution des deux États.  Cela constituerait une violation « très grave » du droit international. Appelant Israël à abandonner son plan d'annexion, la Chine l’a aussi appelé à renoncer à ses autres mesures unilatérales.  Le Conseil, a-t-elle martelé, doit veiller à ce que ses décisions, y compris la résolution 2334, soient pleinement appliquées.  Les résolutions pertinentes des Nations Unies, le principe « terre contre paix » et la solution des deux États sont des paramètres importants du processus de paix.  Ils incarnent, a insisté la Chine, la sagesse et le travail acharné de plusieurs générations.  Elle a appuyé l’appel du Président Mahmoud Abbas en faveur d’une conférence internationale de paix et d’un mécanisme multilatéral élargi pour la paix.  La Chine a exhorté les pays qui ont une influence sur la Palestine et Israël à rester impartiaux et justes.  Inquiète de la situation humanitaire dans le territoire palestinien occupé, la Chine a appelé la communauté internationale à apporter plus d’appui à la Palestine, y compris par l’intermédiaire de l’UNRWA.  Elle a également demandé la levée rapide du blocus de la bande de Gaza. 

L’Estonie a souligné l’importance de la poursuite de la coopération entre les autorités palestiniennes et israéliennes face à la pandémie.  Elle a redit son engagement en faveur de la solution des deux États et pris note du fait que l’Autorité palestinienne ait fait part de sa disposition à reprendre les négociations.  Prenant également de la contre-proposition du Quatuor, l’Estonie a jugé essentiel que les parties reprennent des négociations directes.  Elle les a exhortées à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible de fragiliser les efforts de paix.  Une possible annexion des parties de la Cisjordanie occupée saperait la perspective d’une solution négociée à deux États et menacerait la stabilité de la région, a prévenu, à son tour, l’Estonie.  Elle a rappelé que les deux parties ont l’obligation de prévenir les actes de violence contre les civils et condamné les tirs de roquette qui se poursuivent depuis Gaza vers Israël.  Elle a encouragé les factions palestiniennes à se réconcilier, « un pas essentiel » pour parvenir à la solution des deux États.  Elle a aussi fortement encouragé les Palestiniens à annoncer une date pour les élections.  

Après avoir exprimé ses préoccupations face à l’expansion des colonies illégales, à la menace d’annexion et à une situation humanitaire exacerbée par la COVID-19, Saint-Vincent-et-les Grenadines a appelé la communauté internationale, ainsi que d’autres acteurs, à octroyer davantage de ressources au plan d’intervention interinstitutions révisé, toujours sous-financé.  La délégation s’est félicitée de la volonté affichée par l’Autorité palestinienne de reprendre les négociations avec Israël sous les auspices du Quatuor, avec une participation internationale.  Elle a donc appelé le Quatuor à engager des consultations avec les parties concernées et les principaux acteurs régionaux.  Malgré de nombreux revers, des négociations directes peuvent renforcer les perspectives d’une solution négociée à deux États et promouvoir une paix durable dans la région. 

La grave situation socioéconomique et humanitaire du peuple palestinien dans la bande de Gaza nécessite, selon la délégation, une solution politique urgente, pour faciliter la levée du blocus israélien qui dure depuis 13 ans.  Il est important de noter que le travail de l’UNRWA contribue de manière significative au bien-être général des réfugiés palestiniens.  La délégation a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse à l’UNRWA le financement nécessaire.  Bien qu’Israël n’ait pas mis en œuvre son plan d’annexion le 1er juillet, la délégation s’est dit consciente que la menace n’a pas pour autant disparu.  Elle a répété que l’annexion d’une quelconque partie du Territoire palestinien occupé constituerait une grave violation du droit international et compromettrait l’idée d’accélérer le processus de paix au Moyen-Orient. 

Le Niger a rappelé que le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne ont su surmonter leurs divergences, il y a quelques mois, et renforcer leur coopération afin de répondre efficacement aux conséquences de la pandémie.  Cette pandémie, avec ses effets dévastateurs, s’ajoute à une situation sanitaire déjà complexe, caractérisée par un manque d’équipements et de produits médicaux adéquats et une situation économique désastreuse induite par un blocus de la bande de Gaza.  Dans ce contexte, le Niger a félicité tous les pays qui ont fait preuve d’une grande générosité en acceptant de contribuer au financement des programmes d’intervention des Nations Unies contre la COVID-19 et aux activités quotidiennes de l’UNRWA. 

Pour le Niger, il incombe aujourd'hui au Conseil de sécurité, au Quatuor et à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour exploiter cette lueur d’espoir, si petite soit-elle, en vue de relancer le processus de paix israélo-palestinien sur la base d’idéaux unanimement acceptés, dont la résolution 1515 (2003), qui consacre la solution des deux États.  Le Niger a rappelé que « l’impasse politique actuelle » exige l’engagement, le sens du compromis, le respect mutuel et le leadership des deux côtés.  Il faut accepter par l’acte et la parole la solution des deux États comme seule voie vers la paix, a dit le Niger en paraphrasant le Secrétaire général de l’ONU. 

La République dominicaine a souligné la nécessité du dialogue pour améliorer la vie de toutes les personnes touchées par le conflit israélo-palestinien.  Un tel dialogue doit conduire à la cessation immédiate de toutes les actions incompatibles avec le droit international et avoir pour priorité le bien-être des peuples.  Notre action collective doit contribuer, de manière impartiale et efficace, à la recherche de solutions réelles à ce conflit, a argué la délégation. « Nous devons aller de l’avant », a-t-elle poursuivi, en rejetant toute démagogie. Volonté politique, a-t-elle argué, c’est ce qu’il faut pour régler les problèmes à Gaza.  La délégation s’est dit attristée par la mort de sept Palestiniens, y compris un enfant, lors des manifestations et des affrontements dans les territoires palestiniens occupés.  Elle a jugé « inacceptable » le nombre d’enfants palestiniens tués et blessés, l’interruption de leur scolarisation, à cause des frappes aériennes et des tirs de roquette.  Elle a exhorté Israël et l’État palestinien à prendre des engagements concrets afin de prévenir les violations graves contre les droits de l’enfant.  L’unité palestinienne et la volonté politique israélienne, a-t-elle conclu, sont des préalables au dialogue. Les dirigeants politiques des deux pays doivent comprendre que la négociation est la seule manière d’aller de l’avant.  

Le Royaume-Uni s’est dit très préoccupé par la perspective d’une annexion, qui saperait les efforts pour relancer les négociations, violerait le droit et aggraverait une situation humanitaire et sanitaire fragile.  La priorité doit être de prévenir cette annexion et de trouver d’autres moyens d’engager les parties.  La délégation a averti qu’elle reconnaîtra aucune modification des lignes de juin 1967, sauf celles agréées par les deux parties.  Le Royaume-Uni a exhorté ces dernières à retourner à la table des négociations.  Il est temps, a-t-il martelé, qu’Israël dise clairement qu’il ne prendra aucune mesure unilatérale vers l’annexion.  Les Palestiniens doivent aussi tendre la main aux États-Unis et à Israël et revenir aux négociations, a déclaré le Royaume-Uni.  Il a exprimé sa vive préoccupation face à la poursuite de la colonisation, en violation du droit international, et appelé Israël à mettre un terme aux projets d’expansion des colonies de Givaat Hamatos et dans la zone E1 ».  La délégation n’a pas oublié de dénoncer la multiplication des tirs de missile depuis Gaza contre Israël, qui montre les intentions « inacceptables » des militants palestiniens à l’égard des civils israéliens.  Le Royaume-Uni a conclu, en appelant à la reprise de la coopération entre les autorités israéliennes et palestiniennes face à la COVID-19. Il a redit son soutien à un règlement négocié conduisant à deux États, vivant dans la paix et la sécurité, dans des frontières sûres et reconnues, avec Jérusalem comme capitale des deux États.  Il a aussi dit son soutien à un règlement « réaliste » de la question des réfugiés.  

La Belgique s’est ralliée à l’opposition quasi générale à l’intention déclarée du Gouvernement israélien d’annexer des parties de la Cisjordanie occupée.  Il s’agit, a-t-elle martelé, d’un acte illégal au regard du droit international qui serait considéré comme nul et non avenu et ne changerait en rien les obligations d’Israël en tant que Puissance occupante, en vertu du droit international humanitaire, et plus particulièrement de la quatrième Convention de Genève.  La Belgique a réaffirmé qu’elle reconnaîtra aucun changement aux frontières d’avant 1967, y compris Jérusalem, autres que ceux convenus par les parties elles-mêmes dans des négociations directes.  Nous continuerons, a-t-elle promis, à faire la distinction entre le territoire de l’État d'Israël et les territoires occupés depuis 1967.  L’annexion, a-t-elle poursuivi, mettrait gravement en péril la situation sécuritaire sur le terrain, y compris la sécurité d’Israël, « qui pour nous n’est pas négociable ».  Mais l’annexion aurait un impact sur les relations bilatérales avec Israël et inévitablement des conséquences importantes sur les relations entre Israël et l’Union européenne. 

L’annexion saperait tous les efforts pour relancer les négociations et signifierait la mort de la solution des deux États.  La Belgique a donc exhorté «  une fois de plus  » Israël à s’abstenir de toute décision unilatérale qui impliquerait une annexion de jure ou de facto de toute partie de la Cisjordanie occupée.  Elle a appelé la communauté internationale à prendre fermement position contre une telle décision.  Plus que jamais les parties doivent éviter actions et déclarations unilatérales et s’engager dans des négociations directes et constructives, a martelé la Belgique qui a aussi souligné l’importance de la réconciliation intrapalestinienne et des élections lorsque les conditions le permettront. 

Après avoir rappelé que le Conseil de sécurité par ses résolutions et la communauté internationale ont souligné qu’aucun changement ne sera reconnu aux lignes du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, autres que ceux convenus par les parties dans le cadre de négociations, la Tunisie a jugé « regrettable et scandaleux » qu’Israël, Puissance occupante, persiste à ignorer de manière flagrante toutes ses obligations juridiques, ainsi que tous les appels répétés de la communauté internationale pour qu’il mette fin à son occupation illégale du territoire palestinien et à ses politiques et pratiques agressives contre le peuple palestinien.  L’impunité dont jouit Israël depuis des décennies constitue, pour la délégation, se manifeste par l’occupation, les politiques de colonisation, les pratiques agressives et racistes, et récemment par les menaces imminentes d’une possible annexion illégale de facto de la terre palestinienne, en réalité, «  planifiée depuis longtemps  ». 

La communauté internationale doit rester ferme, a exigé la Tunisie.  Elle doit faire respecter le droit international et rejeter fermement toute mesure illégale unilatérale, qui constituerait une menace existentielle pour les droits fondamentaux des Palestiniens et pour la paix et la sécurité internationales.  Il y va de la crédibilité de l’ensemble du système multilatéral et des perspectives de paix, a martelé la Tunisie.  Elle s’est dit convaincue que le Quatuor, avec le soutien du Conseil de sécurité et d’autres acteurs internationaux, est en mesure de sauver la solution des deux États et de relancer le processus de paix.  La conférence internationale de paix proposée par le Président Mahmoud Abbas doit recevoir la plus grande attention, a estimé la Tunisie, car elle pourrait constituer un nouveau départ vers un Moyen-Orient plus stable et plus pacifique. 

L’Indonésie a déclaré que les voix de certains membres de la communauté internationale s’unissent pour dénoncer le plan d’annexion israélien qui détruirait les fondements mêmes du processus de paix, avec des conséquences négatives pour des millions de Palestiniens et la stabilité de la région et au-delà.  La « pause  » dans le plan d’annexion ne suffit pas, a-t-elle prévenu.  Toute annexion serait « illégale et préjudiciable ».  La politique d’Israël est un défi direct au principe du droit international sur lequel a été fondé l’ONU.  

La délégation a appelé les parties à relancer le processus de négociation et exhorté la communauté internationale à mobiliser l’appui à des négociations «  crédibles  » sur la solution des deux États.  L’Indonésie a également engagé les parties à assurer l’accès humanitaire, arguant que la perspective de l’annexion et la pandémie de COVID-19 alourdissent sensiblement le fardeau des Palestiniens.  Il faut continuer d’appuyer l’UNRWA, a-t-elle plaidé. 

La France a rappelé que les paramètres de règlement du conflit sont connus: deux États, vivant en paix et en sécurité, le long de frontières sûres et reconnues, avec Jérusalem comme capitale des deux États.  « C’est une question de droit mais aussi de pragmatisme: seule la solution des deux États permettra de répondre aux aspirations des Palestiniens et de garantir la sécurité d’Israël avec laquelle la France ne transigera jamais. » 

Dans ce cadre, la France a réitéré son appel à Israël à renoncer à tout projet d’annexion de parties de la Cisjordanie, quel qu’en soit le périmètre.  Elle a estimé, « comme l’écrasante majorité de ce Conseil l’a rappelé le mois dernier », que toute annexion constituerait une violation manifeste du droit international et porterait une atteinte flagrante à l’ordre international.  Toute annexion de territoires porterait également un coup irréversible au processus de paix, ainsi qu’à la solution des deux États, a assuré la France.  Elle viendrait renforcer les ennemis de la paix, au détriment des efforts en vue de parvenir à une paix régionale et au détriment de la sécurité d’Israël, et ne serait dans l’intérêt ni des Israéliens ou des Palestiniens. 

La délégation a affirmé que la France ne reconnaîtra aucune modification des lignes de juin 1967, sauf celles agréées par les deux parties, conformément au droit international, aux résolutions de ce Conseil comme aux paramètres internationalement agréés sur lesquels repose la solution des deux États.  Elle a aussi rappelé que toute décision d’annexion aurait des conséquences pour la relation de l’Union européenne avec Israël.  « Il est donc de la responsabilité de ce Conseil de rester mobilisé pour prévenir toute décision en ce sens. »   

La France a exprimé également sa vive préoccupation à l’égard de la poursuite de la colonisation, en violation du droit international, et appelé Israël à mettre un terme aux projets d’expansion des colonies de Givaat Hamatos et dans la zone « E1 », qui sont d’une sensibilité particulière pour la viabilité de la solution des deux États.  

Elle s’est enfin dite déterminée à continuer à œuvrer en faveur de la reprise de négociations crédibles et ambitieuses entre les parties, fondées sur le droit international, les résolutions de ce Conseil et les paramètres internationalement agréés.  Le conflit ne se résoudra pas par des décisions unilatérales, a conclu la délégation en prévenant que la voie de la paix sera longue et difficile et requerra des décisions politiques courageuses. 

La question de Palestine est au cœur de celle du Moyen-Orient, a souligné la Fédération de Russie.  Elle a prévenu que la mise en œuvre du plan d’annexion, qui semble ne pas avoir commencé, peut fermer la porte à la solution des deux États et exacerber la situation.  Nous ne voyons pas d’alternative à la coexistence pacifique de deux États, la Palestine et Israël, a martelé la Fédération de Russie qui a appelé à l’abandon des actes de provocation et des mesures unilatérales.   

En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et du Quatuor de médiateurs internationaux, elle s’est dit prête à déployer des efforts pour parvenir à un règlement dans le cadre des paramètres internationalement reconnus, dont les résolutions de l’ONU, les Principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe, qui prévoient la création d’un État palestinien indépendant, souverain à l’intérieur des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.  Dans ce contexte, la Fédération de Russie a exhorté ses partenaires du Quatuor -les Nations Unies, l’Union Européenne et les États-Unis- à intensifier leur coopération.  Nous sommes prêts, a-t-elle affirmé, à dialoguer avec les principaux acteurs régionaux.  

La Fédération de Russie a mis l’accent sur les problèmes quotidiens liés aux activités de colonisation, à la démolition des biens palestiniens et aux expulsions, aux affrontements et aux tirs de missiles contre le territoire israélien.  Le coronavirus ayant aggravé ces problèmes, elle s’est inquiétée de la situation humanitaire « préoccupante » dans la bande de Gaza.  Elle a appelé à l’unité du peuple palestinien et a promis de coopérer activement avec les différents représentants palestiniens pour les aider à surmonter les divisions internes. 

La viabilité du règlement du conflit israélo-palestinien dépend de son ancrage dans les principes internationalement reconnus et l’adhésion des deux parties au processus de négociations.  Aucune recette ou plan qui ne tiendrait pas compte de cette réalité ou qui serait clairement rejeté par l’une des parties, ne devrait être imposé, a prévenu la Fédération de Russie qui a réaffirmé que toute tentative de détourner l’attention de la communauté internationale du nœud du problème et de rejeter la faute sur d’autres acteurs régionaux ne mènera personne, ni les Palestiniens ni les Israéliens, à une solution viable.   

Le Viet Nam a déclaré sa préoccupation devant l’augmentation du nombre de cas de COVID-19 depuis juin.  Les efforts de l’UNRWA, de conserve avec l’OMS ces derniers mois, sont cruciaux pour apporter une aide médicale et sanitaire aux Palestiniens, a-t-il estimé, en exhortant les autorités israéliennes et palestiniennes à poursuivre leur coopération face au virus. 

La délégation a dénoncé le projet d’Israël d’annexer de vastes zones du Territoire palestinien occupé, compte tenu des conséquences « irréversibles » pour la viabilité de la solution des deux États et pour la stabilité régionale.  Une telle annexion constituerait une violation grave du droit international et irait à l’encontre des intérêts des Israéliens eux-mêmes.  Le Viet Nam a noté « l’angoisse et les tensions » suscitées par l’annonce de ce projet.  Dans un tel contexte, a-t-il dit, il est plus que temps de redoubler d’efforts pour désamorcer les tensions et reprendre le dialogue.  Plaidant pour qu’Israël renonce à son projet, le Viet Nam a salué l’annonce faite par le Président Mahmoud Abbas sur la disposition de l’Autorité palestinienne à reprendre les pourparlers de paix avec Israël.  En conclusion, le Viet Nam a exhorté la communauté internationale à accroître son aide au peuple palestinien, y compris en contribuant au budget de l’UNRWA.  La solution des deux États est le seul moyen de satisfaire les intérêts légitimes des parties et de promouvoir la paix et la stabilité au Moyen-Orient, a-t-elle répété.

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