SG/SM/20102

Le maintien de la paix obtient de meilleurs résultats quand les femmes sont présentes à tous les niveaux, dit le Secrétaire général en honorant la mémoire des Casques bleus tombés pour la paix

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée lors de la cérémonie virtuelle pour la remise du Prix du militaire de l’année pour la défense de l’égalité des genres et de la Médaille Dag Hammarskjöld, à New York, aujourd’hui:

Permettez-moi de vous demander, avant de commencer, d’observer une minute de silence à la mémoire de tous ces soldats de la paix qui ont perdu leur vie en protégeant celle des personnes que nous assistons.

Nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies dans des circonstances sans précédent dans l’histoire de l’Organisation des Nations Unies.  La pandémie de COVID-19 a changé tout ou presque dans notre travail quotidien – ici au Siège comme dans les missions.  Il y a quelques instants, j’ai déposé une couronne au pied du Monument à la mémoire des Casques bleus en hommage au plus des 3 900 femmes et hommes qui ont perdu la vie depuis 1948 en servant sous le drapeau des Nations Unies.  Les années précédentes, des centaines de diplomates, de fonctionnaires des Nations Unies et de journalistes étaient présents à mes côtés pour ce moment important.  Aujourd’hui, je sais qu’ils se joignent à moi par la pensée.  En raison de la pandémie, nous sommes ainsi contraints de tenir une cérémonie virtuelle pour la remise du Prix du militaire de l’année pour la défense de l’égalité des genres et de la Médaille Dag Hammarskjöld. 

Mais s’il est une chose que le virus n’a pas pu changer, c’est le sens du service, l’esprit de sacrifice et l’altruisme dont font preuve les plus de 95 000 femmes et hommes qui servent dans les 13 opérations de maintien de la paix déployées à travers le monde.  Chaque jour, les Casques bleus continuent de protéger les populations locales vulnérables, d’appuyer le dialogue et de s’acquitter de leur mission tout en combattant la COVID-19.  Ils font tout leur possible pour contribuer à remédier à la crise tout en protégeant leur santé et celle des populations qu’ils servent.  Comme toujours, ils donnent à la famille des Nations Unies de nombreuses raisons d’être fière.  Le virus n’est pourtant pas la seule menace à laquelle ils font face.  Les attaques, les engins explosifs improvisés, les accidents et les maladies continuent d’imposer un lourd tribut. 

Aujourd’hui, en leur remettant la Médaille Dag Hammarskjöld, nous rendons hommage aux 83 soldats, policiers et civils issus de 39 pays qui ont perdu la vie l’année dernière alors qu’ils servaient dans les opérations de paix des Nations Unies.  Malheureusement, j’aimerais aussi vous dire qu’entre hier et aujourd’hui, deux de nos collègues militaires sont morts des suites de la COVID-19.  (L’un d'eux vient du Cambodge et l’autre du Salvador) tous les deux membres de la MINUSMA.  Maintenant, pour honorer la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, je présente mes plus sincères condoléances à leurs familles.  J’espère que cette médaille leur apportera quelque réconfort.  À présent, je vous demande à toutes et à tous, où que vous soyez, d’exprimer votre solidarité avec ces familles qui demeurent en permanence dans notre mémoire, car ce sont elles qui ont le plus souffert, et qui ont perdu ceux tombés dans l’exercice de leurs fonctions.

En cette année qui marque le vingtième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies est placée sous le thème « Les femmes dans le maintien de la paix : une clef pour la paix ».  La résolution 1325 a constitué une étape importante dans la reconnaissance du droit des femmes à une participation pleine, égale et effective aux processus de paix, au règlement des conflits et à la consolidation de la paix.  Elle a mis en lumière le rôle essentiel que jouaient les soldates de la paix dans la réussite des opérations de paix. 

Jour après jour, ces femmes contribuent à améliorer tous les aspects de nos opérations et à obtenir de meilleurs résultats ; elles permettent un meilleur accès aux populations locales ; elles contribuent à prévenir et à réduire les conflits et les heurts ; elles sont un modèle pour leurs pairs et les autres.  Nous avons également vu qu’il était plus facile d’établir la confiance avec celles et ceux qui ont besoin de protection lorsque l’effectif des opérations reflétait les populations qu’elles servent.  C’est une raison supplémentaire pour laquelle il est si primordial d’accroître le nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Le maintien de la paix obtient de meilleurs résultats quand des femmes sont présentes à tous les niveaux, y compris au niveau décisionnel.  Nous continuerons à faire tout notre possible, en coopération notamment avec les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, pour atteindre cet objectif.

Décerné depuis 2016, le Prix du militaire pour la défense de l’égalité des genres récompense des personnes parmi les militaires du maintien de la paix qui se sont illustrées par leur dévouement et leurs efforts dans la promotion des principes de la résolution 1325 dans les opérations de paix.  

Aujourd’hui, je suis fier d’annoncer que deux soldates de la paix recevront conjointement le prix pour leur action en faveur de cette cause : la commandante Carla Monteiro de Castro Araujo, membre de la marine brésilienne, qui est actuellement affectée à la Mission des Nations Unies en République centrafricaine ; et la major Suman Gawani, qui appartient à l’Armée indienne et qui a précédemment été déployée comme observatrice militaire dans la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud. 

La commandante Monteiro de Castro Araujo est Conseillère militaire auprès de la MINUSCA pour les questions de genre et la protection des femmes.  Dans cette fonction, elle aide la Mission à mieux protéger les civils, à lutter contre les violences sexuelles liées au conflit et à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles.  Elle s’emploie également à améliorer les conditions de vie des femmes qui servent à ses côtés. 

La major Gawani, durant son déploiement au Soudan du Sud, a formé plus de 230 observateurs militaires sur la question des violences sexuelles liées au conflit et veillé à ce que des observatrices militaires soient présentes dans toutes les bases d’opérations de la Mission.  Elle a également participé à la formation des forces gouvernementales du Soudan du Sud et aidé celles-ci à lancer leur plan d’action contre les violences sexuelles liées au conflit. 

Commandante Monteiro de Castro Araujo, major Gawani, votre travail est une source d’inspiration.  Il a contribué de façon remarquable à la promotion de l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes, aussi bien celles des pays où vous avez été déployées que celles qui servent à vos côtés.  Votre travail est la preuve que les soldates de la paix sont indispensables à la paix et à la sécurité partout dans le monde. 

Permettez-moi pour terminer d’exprimer à nouveau ma profonde reconnaissance à toutes celles et ceux qui servent dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour leur courage et leur dévouement.  Vous aidez le monde à faire face à l’urgence d’aujourd’hui tout en préparant la reprise et en ouvrant la voie à un avenir plus pacifique.

Je vous remercie. 

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