SG/SM/20144

La Charte reste notre compas dans un monde en proie à une pandémie, aux discriminations, aux changements climatiques, à la pauvreté, aux inégalités et à la guerre

On trouvera ci-après le message vidéo du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de la Charte des Nations Unies, célébré le 26 juin: 

C’est à «  nous, les peuples  » que j’adresse mes salutations les plus chaleureuses.  Les trois premiers mots de notre charte fondatrice, adoptée il y a 75 ans aujourd’hui, donnent à l’ONU sa vision et sa mission.  Si nous sommes là, c’est pour servir les gens – et travailler ensemble pour le bénéfice de toutes et de tous. 

La Charte a été adoptée à la fin la Seconde Guerre mondiale, dans ses tout derniers mois.  Nous célébrons l’anniversaire de ce moment majeur alors même que les difficultés s’accumulent à travers la planète.  La Charte a apporté des règles à un monde en ruines et lui a redonné espoir.   

Elle reste notre compas dans un monde pris au piège d’une pandémie, déchiré par les discriminations, menacé par les changements climatiques et subissant la pauvreté, les inégalités et la guerre. 

L’accord sur la Charte a clos une époque et en a ouvert une autre.  Le régime génocidaire nazi et ses alliés ont disparu ; l’ère des droits de l’homme a commencé.  

Le nationalisme triomphant et l’équilibre précaire des pouvoirs à l’origine de deux guerres mondiales catastrophiques ont cédé la place à une promesse de sécurité collective et de règlement pacifique des conflits.   

Là où la précédente tentative d’organisation internationale avait échoué, la nouvelle Organisation a vu le jour sur un terrain plus solide, en s’appuyant sur des normes et en tirant les leçons du passé. 

L’architecture multilatérale de l’après-guerre a produit de beaux résultats – elle a sauvé des millions de vies, fait progresser la condition humaine et permis d’éviter une troisième guerre mondiale, ce qui était son but premier. 

Il y a eu toutefois des revers douloureux.  Aujourd’hui, la situation est plus sombre que jamais.  La COVID-19 frappe n’importe qui à tout endroit du monde – exactement le type de situation planétaire pour laquelle l’ONU a été créé.  

Parallèlement, les populations se méfient de plus en plus des institutions politiques.  Les marches d’aujourd’hui contre le racisme ont été précédées de grandes protestations contre les inégalités, la discrimination, la corruption et le manque d’opportunités partout dans le monde – des griefs auxquels il nous faut remédier, notamment par un nouveau contrat social.   

Par ailleurs, d’autres périls fragilisent la planète : la crise climatique, la dégradation de l’environnement, les cyberattaques, la prolifération nucléaire, le recul des droits de l’homme et le risque d’une autre pandémie.  On peut sans peine imaginer l’apparition d’un nouveau virus aussi contagieux que la COVID-19 et aussi létal qu’Ebola.  

Les représentants des États présents à San Francisco en 1945, qui avait eux-mêmes connu une pandémie, une dépression et une guerre, ont saisi l’occasion qui s’offraient à eux de planter les graines d’un monde meilleur.  

La même tâche nous incombe aujourd’hui.  Pour la réaliser, il nous faut réinventer le multilatéralisme, lui donner les moyens de fonctionner comme le voulaient ses fondateurs et veiller à ce que la gouvernance mondiale puisse réellement s’exercer lorsque cela est nécessaire.   

Nous devons également ouvrir nos instances à d’autres acteurs, dans le cadre d’un multilatéralisme inclusif et en réseau, les État n’étant plus aujourd’hui qu’une partie de l’équation politique.  La société civile, les villes, le secteur privé et les jeunes doivent être entendus dans l’élaboration du monde auquel nous aspirons.  

Comme l’ont fait en leur temps les rédacteurs de la Charte, nous devons examiner sans complaisance les injustices d’aujourd’hui, leurs racines et les souffrances qu’elles engendrent. 

Beaucoup de choses nous encouragent toutefois et nous invitent à persévérer :l’héroïsme et la solidarité qui se sont manifestées dans la lutte contre la pandémie; l’adhésion universelle aux objectifs de développement durable; les millions de jeunes militants et de citoyens du monde qui s’engagent en faveur de l’égalité, de l’action climatique et de l’économie verte et veulent prendre leur destin en main.

Je suis admiratif de tout ce qui a été construit et réalisé en 75 ans.  Je rends hommage au service et au sacrifice des milliers de casques bleus et de membres du personnel des Nations Unies qui, dans le monde entier et depuis l’origine, ont donné leur vie pour faire avancer les causes et les valeurs de l’Organisation. 

La Charte a su résister à l’épreuve du temps et la vision et les valeurs qu’elle porte continueront de nous inspirer.  Il nous faut maintenant persévérer, aller de l’avant, poursuivre nos objectifs, faire preuve de responsabilité vis-à-vis de la planète et prendre soin des uns des autres.  Il nous appartient d’être à la hauteur de ce moment décisif pour l’avenir. 

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