Cinquante-huitième session,
9e et 10e séances plénières – matin & après-midi
SOC/4888

La Commission du développement social achève son débat général sur le sans-abrisme

 

La Commission du développement social a achevé, aujourd’hui, son débat général, l’occasion pour États Membres et ONG de revisiter les causes du sans-abrisme et les solutions à y apporter avant de se réunir à nouveau dans quelques jours pour se prononcer sur l’adoption de « la première résolution sur le sans-abrisme ».

Pour le Ministre des services publics, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, le sans-abrisme est un défi d’ampleur qui se révèle être différent dans chaque pays.  Face à cette menace d’ordre sociétal, les solutions doivent être résolues et ciblées, a insisté M. Paul Mavima.  Ce dernier a notamment attiré l’attention sur l’impact des changements climatiques sur le sans-abrisme dans les pays en développement, un son de cloche repris par le Guatemala qui a alerté que la « menace » du sans-abrisme est « aggravée par l’augmentation des catastrophes naturelles ».

Alors qu’El Salvador a pointé les problèmes liés au creusement des inégalités, et le Bhoutan les conséquences de l’urbanisation, le Burkina Faso a indiqué que la crise sécuritaire qu’il traverse en raison des attaques terroristes avait provoqué le déplacement forcé de plus de 765 000 personnes.  De son côté, l’ONG Sisters of Mercy of the Americas a accusé l’industrie minière d’être à l’origine du sans-abrisme de beaucoup de personnes dans le monde. 

La « dégénération progressive » de la fibre sociale a également été citée par le Ministre zimbabwéen qui s’est soucié du sans-abrisme des personnes âgées, en particulier des femmes âgées chassées de leur logis à la suite du décès de leur conjoint.  Les femmes étant considérées comme particulièrement vulnérables, de nombreuses ONG se sont mobilisées pour appeler à leur fournir un appui, VIVAT International ayant chiffré à 41 millions le nombre de femmes déplacées, notamment en raison de catastrophes climatiques.

Pour répondre à la vulnérabilité des femmes en matière de droit à la propriété, la délégation de l’Inde a indiqué que dans le cadre de la mise en œuvre d’un programme de logements abordables pour les pauvres, lequel a déjà permis la construction de plus 18,4 millions de logements, le titre de propriété de chacun de ces logements est établi au nom de la femme chef de famille ou conjointement.

Comme lors des séances précédentes, de nombreuses délégations ont insisté sur l’importance des programmes de protection sociale universelle pour venir à bout du sans-abrisme.  Notant que la plupart des pays d’Asie du Sud et du Sud-Est y consacrent moins de 2% de leur PIB, la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a souligné qu’une augmentation progressive de l’investissement régional dans la protection sociale d’ici à 2030 permettrait de faire sortir de manière permanente quelque 233 millions de personnes de la pauvreté « et donc du sans-abrisme ». 

En début de séance, la Commission a décidé de désigner M. Godwin Rapando Murunga, du Kenya, pour siéger au Conseil d’administration de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD) pour un mandat de quatre ans qui prendra effet à la suite de la confirmation du Conseil économique et social, au plus tôt le 1er juillet 2020, et qui expirera le 30 juin 2024.

La Commission se réunira une dernière fois mercredi 19 février, à partir de 10 heures.

QUESTIONS RELATIVES AUX PROGRAMMES ET QUESTIONS DIVERSES

Projet de plan-programme pour 2021

Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (E/CN.5/2020/6)

En ouverture de cette séance, Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales, a indiqué que le plan-programme pour 2021 ferait l’objet d’une mise à jour et que le budget-programme serait finalisé au cours de l’année 2020. 

À sa suite, M. PAUL LADD, Directeur de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), a rappelé que cette structure est un institut de recherche autonome sur les programmes et les questions contemporaines en lien avec le développement social inclusif.  Depuis deux ans, a-t-il indiqué, l’Institut est dirigé par un conseil d’administration composé d’un président nommé par le Secrétaire général et de six membres désignés par la Commission du développement social et dont quatre sièges sont vacants.  Au cours de la cinquante-huitième session, a-t-il ajouté, l’Institut doit pourvoir l’un des postes vacants pour un mandat de quatre ans.  Le candidat pour ce poste est M. Godwin Rapando Murunga, du Kenya, Secrétaire exécutif au Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique à Dakar et chargé de recherche principal à l’Institute for Development Studies de l’Université de Nairobi. 

En l’absence de tout autre candidat, le Président de la Commission sociale a considéré que la Commission décidait de désigner M. Godwin Rapando Murunga pour siéger au Conseil d’administration de l’UNRISD pour un mandat de quatre ans, qui prendra effet à la suite de la confirmation du Conseil économique et social, au plus tôt le 1er juillet 2020, et qui expirera le 30 juin 2024. 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Thème prioritaire: assurer l’accès de tous à des systèmes de protection sociale et à un logement à un coût abordable pour lutter contre le sans-abrisme

Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux

Suite et fin du débat général

M. PAUL MAVIMA, Ministre des services publics, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a constaté que le sans-abrisme est un défi d’ampleur, qui se révèle être différent dans chaque pays.  Face à cette menace d’ordre sociétal, les solutions doivent être résolues et ciblées, a-t-il plaidé, jugeant particulièrement approprié le thème prioritaire de cette session de la Commission, à la lumière du cyclone qui a dévasté la partie est de son pays, tout en frappant aussi le Malawi et le Mozambique.  Pour le Ministre, il s’agit d’une nouvelle preuve des effets dévastateurs des changements climatiques dans les pays en développement, lesquels sont facteurs de sans-abrisme.  Se félicitant que le thème de cette session ait permis de partager les meilleures pratiques pour mettre au point des mesures concrètes face à ce phénomène, il a rappelé que plusieurs centaines de milliers de personnes vivent également dans des taudis en Afrique subsaharienne.  Pour remédier à ces problèmes connexes, il est, selon lui, indispensable que toutes les parties prenantes s’engagent dans une coopération sans réserve en matière de développement. 

Les personnes âgées ne sont pas épargnées, a souligné M. Mavima.  Elles se heurtent notamment à des problèmes d’accès au logement par défaut de ressources financières et sont souvent mises à la porte à la suite de saisies.  De l’avis du Ministre, la dégénération progressive de la fibre sociale a contribué au sans-abrisme de ces personnes, en particulier des femmes âgées chassées de leur logis à la suite du décès de leur conjoint.  Il faut prendre des décisions qui mettront fin à ces tragédies, a-t-il dit, précisant que son gouvernement a mis au point un programme d’ensemble qui offre des services sociaux, des programmes d’éducation et de protection sociale aux plus vulnérables.  Malgré l’austérité actuelle, des actions ciblent les sans-abri au Zimbabwe en associant la société civile et le secteur privé.  Des soins institutionnels sont ainsi fournis aux personnes handicapées qui n’ont pas d’abri.  Le Ministre a conclu son propos en soulignant que les pays ont besoin d’aide pour se doter de l’expertise technique nécessaire au renforcement de leurs capacités de développement. 

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a estimé que le sans-abrisme est la manifestation de défis socioéconomiques fortement ancrés et a jugé nécessaire d’accorder autant d’attention à la protection des personnes sans abri et de leur famille qu’à la nécessité de répondre aux causes structurelles à l’origine du phénomène.  Elle a indiqué que son gouvernement entend veiller à ce que chaque Indien ait accès à un logement doté d’infrastructures de base d’ici à 2022.  Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement a mis sur pied le plus important programme au monde de logement abordable pour les pauvres, lequel a déjà permis la construction de plus 18,4 millions de logements.  Pour répondre à la vulnérabilité des femmes en matière de droit à la propriété, le titre de propriété de chacun de ces logements est établi au nom de la femme chef de famille ou conjointement, a-t-elle ajouté.

La représentante a également indiqué qu’Aadhaar, le système d’identification biométrique du pays, couvre à présent 90% de la population du pays, ce qui facilite leur accès à toute une gamme de services de protection sociale.  Trois cent quatre-vingts millions de personnes qui auparavant n’étaient pas qualifiées pour accéder à des services financiers ont pu ouvrir un compte en banque, tandis que la loi Mahatma Gandhi pour l’emploi rural permet à chaque ménage rural d’obtenir un minimum de 100 jours d’emploi rémunérés chaque année.  Le Gouvernement est également en train de mettre en œuvre le plus important programme de santé au monde qui couvre près de 500 millions de personnes.  D’autres initiatives, comme la fourniture de 80 millions de raccords de gaz de cuisson propre à des familles défavorisées, permettent également d’améliorer la santé de millions de femmes et d’enfants.

Mme ZOYA STEPANYA (Arménie) a indiqué que son gouvernement avait entrepris d’importantes réformes dans le but d’éliminer la pauvreté.  Les allocations consacrées à la protection sociale ont augmenté de 20% en deux ans, et une stratégie de développement pour le travail et la protection sociale est en train d’être débattue.  Suite à l’importante transformation économique et politique qu’a connue le pays en 2018, une nouvelle stratégie pour l’emploi est en cours d’élaboration, laquelle cible la réforme institutionnelle, la protection du droit du travail et l’élimination de l’écart salarial, entre autres.  Les systèmes de santé sont également en train d’être réformés et une augmentation significative des allocations a permis d’élargir la couverture pour près de 25% de la population.

La représentante a ensuite indiqué que l’Arménie avait affronté un grave problème de logement suite au tremblement de terre de 1988 qui avait laissé des centaines de milliers de personnes sans abri.  Ces effets se font encore ressentir et le Gouvernement a multiplié par 6 le financement accordé aux besoins en logement.  Une politique de certificat pour l’achat d’une maison est également appliquée dans la zone du séisme.  Au début des années 1990, le pays a également accueilli une importante population de réfugiés et de déplacés et en 2020, le Gouvernement a alloué des fonds importants pour répondre aux besoins en logement des familles qui demeurent déplacées.

M. CÉDRIC BRAQUETTI (Monaco) s’est inquiété du fait que près de 80% de la population mondiale n’a pas accès à une sécurité sociale formelle, pour ensuite souligner que les systèmes de protection sociale ne sont pas des freins au développement économique.  Au contraire, a-t-il affirmé, ils sont des instruments de stabilisation macroéconomique et sont générateurs de richesses.  La Principauté de Monaco, a-t-il poursuivi, a fait le choix d’une modèle économique protecteur centré sur l’humain.  Ainsi, elle investit plus de 8% de son PIB dans le domaine social et sanitaire, et son système de santé, de retraite et d’assurance chômage est accessible à tous les Monégasques et plus largement aux personnes qui travaillent en Principauté.  Monaco consacre aussi près de 14,5% pour développer des logements aux loyers protégés ou subventionnés.

Le représentant a ensuite parlé du sport, « formidable instrument au service du développement durable ».  Il a indiqué que le sport, en particulier pour les personnes sans logement, permet de garder un lien social, de prendre confiance en soi et de garder une santé physique et mentale essentielle pour permettre les conditions d’une réinsertion.  Par ailleurs, la Principauté a investi massivement dans de nombreuses solutions technologiques et des infrastructures de pointe.  Ces nouveautés, a-t-il indiqué, ont permis de développer de nombreux services dans l’éducation et la santé accessibles à tous gratuitement.

M. AHMED DAWOOD ALI AL ZADJALI (Oman) a indiqué que le droit au logement est consacré par la Constitution de son pays et que son gouvernement accorde une attention particulière au droit au logement des personnes recevant un revenu modeste.  Un projet de logement durable et abordable a d’ailleurs été élaboré en partenariat avec la société civile.  Ce qui distingue par ailleurs Oman est sa politique de logement qui prend en charge les orphelins et les personnes vivant seules.  Quatre-vingt-neuf pour cent de familles ont un logement, faisant d’Oman le pays jouissant du deuxième taux le plus élevé de logement au monde, s’est-il enorgueilli. 

M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a reconnu que son pays doit surmonter des défis sociaux dans les domaines de l’éducation, la santé et la couverture sociale.  Cela exige un service public transparent et efficace, a-t-il noté.  Le Gouvernement cherche à mobiliser la participation des jeunes au développement, ainsi que celle des personnes âgées.  Le Gouvernement veut en outre établir une alliance pour permettre aux personnes âgées d’avoir accès aux prestations sanitaires et sociales.  S’agissant de l’accès au logement abordable, le Gouvernement a élaboré un programme d’accueil pour les personnes expulsées, qui leur fournit notamment un accompagnement psychologique et un accompagnement social pour les suivre dans la recherche d’un emploi. 

Mme MAYRA LISSETH SORTO ROSALES (El Salvador) a estimé que l’intégration constitue l’un des piliers des domaines interdépendants du développement social.  Elle a également rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 désigne l’accès à un logement abordable comme un services de base.  Si des progrès ont été enregistrés depuis la Déclaration de Copenhague il y a 25 ans, ces progrès n’ont pas été uniformes.  L’inégalité a progressé dans une majorité de pays, plongeant de très nombreuses personnes dans le sans-abrisme, qui est un état proche de la pauvreté extrême.  Ce phénomène, a souligné la représentante, est une violation flagrante du droit au logement et du droit international des droits de l’homme.  C’est la raison pour laquelle le Président d’El Salvador a décidé de donner la priorité au logement décent et abordable.  Le Ministère du logement a pour compétence de formuler cette politique et doit veiller à créer des conditions d’accès pour les plus faibles, a-t-elle indiqué.  La vision d’El Salvador est de s’appuyer sur cette politique pour améliorer l’utilisation du territoire, le développement urbain et la construction de logements pour tous.  Pour la représentante, il y a lieu de veiller à ce que le logement social devienne une obligation.  Le Gouvernement lutte en outre contre l’expulsion des familles et appuie des projets de construction afin de réduire les coûts de main d’œuvre. 

M. JESÚS MARÍA LAVALLE MERCHÁN (Espagne) a indiqué que son gouvernement s’est doté d’une politique de protection des personnes âgées et a adopté des règles claires pour protéger les personnes qui ont besoin de l’aide de l’État pour obtenir un logement, notamment les personnes à revenu modeste ou expulsées.  Le représentant a fait observer que les personnes âgées occuperont une place de plus en plus importante dans la pyramide démographique, et doivent pouvoir avancer en âge accompagnées par un système social qui veille sur leurs droits.  Cela nécessitera notamment d’allonger la moyenne d’âge de départ à la retraite et d’améliorer les conditions de travail des personnes âgées et de recourir aux technologies nouvelles.  Le Gouvernement a ainsi élaboré une politique appelée « vieillissement actif ».  Il a aussi développé le « tourisme personnes âgées ».  La solitude des personnes âgées représente cependant un défi, et le Gouvernement veille à ce qu’elles reçoivent des soins spécifiques, en particulier celles qui souffrent de maladies chroniques comme Alzheimer.  Une loi pour la protection des droits des patients âgés a par ailleurs été adoptée. 

Pour M. HONG JIN UM (République de Corée), lutter contre le sans-abrisme implique de faire reculer la pauvreté et de promouvoir la protection sociale.  Forte de ce principe, a-t-il dit, la République de Corée met l’accent sur des mesures visant à assurer l’accès au logement durable pour tous, tout en améliorant la situation des plus marginalisés.  En s’appuyant sur sa feuille de route sur le logement adoptée en 2017, le Gouvernement s’emploie notamment à assouplir les conditions d’accès aux logements publics.  Les résultats sont concrets, le nombre de personnes habitant dans des logements ne répondant pas aux exigences minimales ayant baissé, a indiqué le représentant.  Une politique de relogement est également menée afin de permettre à ces personnes de retrouver un foyer, tandis que des programmes d’assistance qui s’inscrivent dans le cadre du plan quinquennal de protection sociale aident à la réhabilitation des sans-abri. 

La République de Corée continue en outre de travailler sur le plan interrégional pour améliorer les services publics et intégrer les sans-abri dans les communautés.  Dans ce contexte, a précisé le représentant, le Gouvernement met en œuvre des politiques et programmes tenant compte des besoins de tous les groupes vulnérables, notamment des jeunes, pour les aider à participer aux processus de prise de décisions et à trouver un travail décent.  Le délégué a enfin indiqué que son pays est confronté à un vieillissement sans précédent de sa population.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, il fournit des mesures d’appui aux personnes âgées et des aides financières aux employeurs faisant appel à des personnes âgées. 

Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a indiqué que son gouvernement avait pris l’engagement, à travers le Plan national de développement économique et social (PNDES), de promouvoir l’emploi décent et la protection sociale pour tous, particulièrement pour les jeunes et les femmes.  Dans le domaine de l’éduction, la parité est une réalité au préscolaire, au primaire et au postprimaire, tandis que dans le domaine de la santé, la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que la gratuité des produits contraceptifs, est effective depuis avril 2016.  De nombreuses réformes ont également été entreprises dans le domaine de l’emploi pour promouvoir celui des jeunes et des femmes.  Le Gouvernement a en outre l’ambition de réaliser ou favoriser la réalisation de plus de 35 000 logements sur la période 2016 à 2020, et de permettre la mise en place d’un mécanisme pérenne de production de logements décents accessibles à la majorité de la population à revenu faible.

La représentante a ensuite indiqué que la crise sécuritaire que connaît le Burkina Faso en raison des attaques terroristes avait occasionné plusieurs milliers de déplacés internes qui, a-t-elle déploré, vivent dans des conditions délétères.  À la date du 12 février 2020, on dénombrait 765 517 personnes déplacées internes, dont 89 783 ménages.  Les principaux défis portent sur le financement de la réponse d’urgence et du relèvement précoce, le renforcement de la cohésion sociale et de la sécurité et la coordination de toutes les interventions pour plus d’efficacité et d’efficience.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a indiqué que l’augmentation des catastrophes naturelles fait du Guatemala un pays très vulnérable.  Face aux défis multiples qu’affronte le pays, il faut appliquer d’urgence les résolutions de la Commission de développement social et les objectifs de développement durable, ainsi que le programme Habitat III, a estimé le représentant.  Il a expliqué que depuis 2019, le Guatemala connaît un déficit de 1 840 000 de logements.  Il n’en demeure pas moins que le Gouvernement veut que les familles aient accès au logement durable, et cible en premier lieu les personnes vivant dans des conditions extrêmement fragiles.  La priorité est également accordée au renforcement de capacités des plus vulnérables.  Le Gouvernement compte en outre mettre en place une politique pour les personnes âgées afin d’améliorer leur bien-être et aide par ailleurs les personnes handicapées à avoir accès aux services de santé. 

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a constaté que malgré les avancées de ces 25 dernières années, la pauvreté accable encore trop de personnes dans le monde et la lutte contre les inégalités et l’injustice constitue toujours un défi majeur à relever.  Déterminé à lutter contre ces déséquilibres, le Maroc prend cet engagement avec le plus grand sérieux, a-t-elle assuré, faisant état d’un processus de réformes politiques, économiques et religieuses engagé depuis des décennies.  Dans ce cadre, a-t-elle relevé, l’initiative nationale pour le développement humain, initiée en 2005, vient de lancer sa troisième phase pour la période 2019-2023 en se centrant sur le capital humain et l’appui aux catégories en situation difficile.  Convaincu qu’investir dans le capital humain, c’est investir dans l’avenir du pays, le Maroc a financé la phase 3 de cette initiative à hauteur de 18 milliards de dirhams marocains.  Depuis son lancement, a précisé la déléguée, ce programme a bénéficié à des millions de Marocains en améliorant leurs conditions de vie.  Enfin, sur le plan régional, le pays continue à œuvrer à une coopération Sud-Sud efficiente.

M. KOUADJO MICHEL KOUAKOU (Côte d’Ivoire) a constaté qu’en dépit des efforts déployés par la communauté internationale, la question du sans-abrisme demeure préoccupante et engage à investir davantage dans les systèmes de protection sociale.  C’est tout le sens, a-t-il indiqué, de l’adoption, en 2014, par le Gouvernement ivoirien d’une stratégie nationale de protection sociale (SNPS).  Il a expliqué que celle-ci s’articule notamment autour de l’amélioration du niveau de vie des plus pauvres; de l’accès aux services sociaux de base et de l’investissement dans le capital humain; de l’accompagnement dans la prévention et la réponse aux risques d’abus, de violence, d’exploitation, de discrimination et d’exclusion, et de l’atteinte progressive de niveaux plus élevés de protection sociale. 

Parmi les actions prioritaires qui appuient la mise en œuvre de cette stratégie, il a cité, entre autres, le programme national de logements sociaux et économiques, des programmes nationaux d’électrification et d’accès à l’eau potable en milieu rural ainsi que la généralisation de la couverture maladie universelle dont les prestations, a-t-il précisé, ont débuté en octobre 2019.  À cela s’ajoutent l’institution d’un régime social des travailleurs indépendants, le projet « Filets sociaux productifs » qui accorde un appui financier aux ménages les plus pauvres et, enfin, le projet national d’assistance en faveur des personnes âgées.  Ce renforcement progressif du système de protection sociale vise, à terme, à accroître de manière durable la résilience des ménages et des personnes les plus vulnérables dans le cadre de la lutte contre l’extrême pauvreté qui peut conduire au sans-abrisme, a-t-il dit.

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a relevé que malgré les efforts réalisés depuis l’adoption de la Déclaration de Copenhague, l’emploi et l’intégration sociale restent des défis.  Il a également vu dans le sans-abrisme un phénomène mondial qui appelle une approche mondiale.  L’accès à la terre et au logement sont autant de questions qu’il faut aborder pour combattre le sans-abrisme, a-t-il estimé.  Le projet national russe « logement et milieu urbain » a pour objectif de favoriser l’accès au logement pour les familles de la classe moyenne en leur octroyant des prêts à des taux avantageux.  L’autre volet du projet est la location sociale de logement aux familles à revenu modeste, l’objectif étant de rendre disponibles 120 millions de mètres carrés de logement avant 2024.  Le Gouvernement a aussi développé un nouveau modèle de financement de logement qui permet aux entreprises de recevoir un prêt à taux réduit d’aide à la construction, à condition que les logements soient destinés à des locataires.  Ceci permet à l’État de contrôler tout le processus de la construction à la location, a-t-il indiqué. 

Sur le plan social, le Gouvernement a par ailleurs élaboré une politique familiale qui octroie une aide financière de 7 700 dollars pour le premier et deuxième enfant et de 7 200 dollars pour le troisième enfant afin d’aider les familles à acquérir un logement.  Il a créé un service de nuit pour les sans-abri pour qu’ils n’aient pas froid en hiver, ainsi qu’un programme pour les aider à trouver du travail. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a indiqué que la politique nationale de développement social de son pays repose sur l’assurance sociale et l’assistance sociale.  L’assurance sociale, qui couvre les salariés des secteurs public et privé, est de nature contributive et est liée à l’emploi, a précisé le représentant.  L’assistance sociale se traduit quant à elle par des transferts réguliers et prévisibles en espèces ou en nature en faveur d’individus et de ménages.  Ces transferts, qui peuvent inclure les allocations sociales et les pensions sociales, visent à réduire la pauvreté et la vulnérabilité et accroître l’accès aux services de base, a poursuivi le délégué.  De plus, a-t-il souligné, le Gouvernement poursuit l’objectif de réalisation d’une société inclusive, conformément aux ODD, à travers la couverture maladie universelle, laquelle vient en complément de la couverture maladie pour les fonctionnaires et les salariés du secteur privé et à celle pour les indigents. 

Par ailleurs, le droit au logement étant considéré au Mali comme un droit fondamental, le Gouvernement s’efforce de garantir l’accès de tous à un logement décent à un prix abordable, contribuant ainsi à lutter contre le sans-abrisme.  À cette fin, a indiqué M. Konfourou, le pays a adopté en 2015 une loi qui encadre le montant des loyers à usage d’habitation.  Parallèlement, dans le cadre de la poursuite de programmes de logement entamé depuis 2007, le Gouvernement a octroyé plus d’une centaine de milliers de logements sociaux en faveur des personnes à revenu intermédiaire et faible, y compris à la diaspora malienne.  En outre, afin de ne laisser personne de côté, il assiste, avec l’appui de partenaires comme le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), les réfugiés maliens, les personnes déplacées internes et les victimes de catastrophes naturelles de retour dans leur localité d’origine en reconstruisant et réhabilitant leurs logements à travers le « cluster Abris ».  Les sans-domicile fixe bénéficient également de ce programme, a assuré le représentant. 

M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie) a indiqué que la Constitution accorde le droit à la protection sociale aux Éthiopiens.  Parmi ces droits figure le droit au logement.  Le Gouvernement a créé un plan de logement dans les zones urbaines.  Il a également élaboré une aide à la construction pour les familles modestes qui leur permet de prolonger le délai de paiement de leurs prêts au logement.  Les promoteurs ont également accès à des crédits pour la construction d’immeubles, a ajouté le représentant.  La priorité du Gouvernement va également à la politique familiale et à la pleine participation des personnes handicapées en matière de protection sociale.  Face aux nombreux défis sociaux, il a prôné l’adoption d’une approche novatrice pour réaliser le développement social. 

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a fait valoir que la Constitution de son pays prévoit une feuille de route pour l’inclusion sociale.  Il s’agit notamment de donner à tous les citoyens la possibilité de jouir du droit à un logement décent et de doter le pays des infrastructures nécessaires pour la production de ces logements.  Dans ce contexte, a souligné le représentant, l’accès au logement décent vise à permettre l’autonomisation des personnes et à assurer leur dignité.  Des programmes sont ainsi entrepris pour fournir des logements abordables et améliorer les conditions de logement, notamment par le truchement d’une stratégie nationale sur le logement.  Toutefois, a-t-il reconnu, en dépit de ces efforts, beaucoup de défis restent à relever, à commencer par une meilleure planification urbaine et spatiale pour réhabiliter les bidonvilles.  Si le sans-abrisme n’est pas encore un problème majeur à Cabo Verde, il augmente avec le temps.  De fait, a indiqué le délégué, des services doivent leur être fournis, et ce, même si des obstacles entravent cette politique, en particulier les événements climatiques qui limitent les capacités du pays.  À cela, a-t-il dit, s’ajoutent les inégalités sociales dans les différentes îles de l’archipel.  De fait, seul le développement durable permettra de surmonter ces défis, a-t-il conclu, en plaidant pour une action collective au niveau international. 

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a indiqué que son gouvernement accorde la priorité à l’accès au logement décent et aux services sociaux de base.  S’agissant de la lutte contre la sans-abrisme, le Gouvernement a pris des mesures visant à faciliter l’accès à la terre et au logement à toutes les couches de la population.  Il a entrepris notamment la construction de réserves foncières dans une trentaine de localités, et à ce jour, plus de 2 000 hectares sont en cours de sécurisation.  Des lois portant sur la promotion immobilière, l’urbanisme, la location-accession et la vente d’immeuble ont été adoptées. 

Le Gouvernement a également entrepris la construction de 12 000 logements sociaux, l’aménagement de 50 000 parcelles et des investissements de l’ordre de 350 milliards de francs CFA par le Crédit foncier du Cameroun.  Pour ce qui est de la protection sociale pour tous, le Gouvernement a entrepris la mise en place de nombreux programme et projets sociaux, notamment l’extension de la couverture sociale vers les personnes en marge de la société, la mise en place d’une couverture santé universelle, et la validation d’un document de politique nationale de protection sociale. 

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a noté que le logement est un catalyseur pour 13 des objectifs de développement durable, appelant la communauté internationale à en être consciente et à agir en conséquence.  Dans le cadre du Bonheur national brut, a-t-elle relevé, le Gouvernement du Bhoutan a accordé la priorité à un plan de développement national destiné à réduire l’inégalité.  Dans ce cadre, l’accessibilité au logement et la lutte contre le caractère inabordable des habitations sont au cœur de l’action gouvernementale.  Notant que la population urbaine du pays représente désormais plus du tiers de la population nationale, la déléguée a indiqué que la politique du logement avait été récemment révisée pour permettre une amélioration de l’accès au logement abordable dans les villes.  À ce titre, des mesures ont été prises pour réglementer les loyers et les empêcher de dépasser 30% du revenu des foyers.  Le Gouvernement a en outre consacré une partie du budget à des encouragements à ceux qui louent leur logement ou qui construisent des logements.  Il s’agit d’aider les plus vulnérables à sortir de la pauvreté et de promouvoir l’intégration, a-t-elle souligné, notant que le logement est une plateforme de durabilité qui fait partie de l’indice pour le développement humain. 

Mgr GABRIELE GIORDANO CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a salué le choix du thème du sans-abrisme et a espéré que cela permettra de prendre des mesures concrètes pour y faire face à l’échelle mondiale.  Il a constaté que le logement reste un problème grave dans de nombreuses parties du monde.  Au-delà de la privation physique d’un espace de vie, le sans-abrisme est aussi le reflet de la perte de sa famille, de ses amis et de sa communauté, a souligné l’observateur.  Il s’accompagne dans la plupart des cas de chômage, de protections sociales inadéquates, d’expulsions et de politiques de location injustes, de discrimination, de pauvreté, de conflits ou de catastrophes naturelles.  Il a en outre relevé que les conséquences du sans-abrisme touchent de manière disproportionnée les personnes en situation vulnérable comme les chômeurs, les femmes, les enfants, les membres de populations autochtones et de minorités, les personnes âgées et les personnes handicapées.

L’observateur a ensuite cité trois types d’initiatives, dont certaines ont depuis longtemps été menées par les institutions caritatives catholiques dans le monde pour prendre en charge les sans-abri.  À ce titre, il a expliqué qu’au niveau « de la rue », les sans-abri ont besoin de nourriture, d’habits et d’un toit.  Les soupes populaires, les abris et centres de jour opérés par les diocèses et paroisses ainsi que par des ordres religieux et des associations de volontaires apportent cette aide de « première ligne ».  Sur le plan national, il a demandé que l’on fasse plus d’études sur les causes du sans-abrisme qui peuvent être différentes d’une région à une autre et d’un pays à un autre, en tenant compte de données micros et macros.  L’archevêque a notamment insisté sur la prise en compte des pratiques injustes du secteur immobilier et a exigé des réglementations et législations pour y remédier.  Au niveau international, il a estimé que le droit universel à un logement décent ne devrait pas uniquement être abordé par la Commission du développement social mais également dans les différents fora de droits de l’homme de l’ONU.

Mme EWA STAWORZYNSKA, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a appelé à établir des systèmes nationaux de protection sociale dotés de seuils qui garantissent un niveau minimal de protection pendant tout le cycle de vie.  Il faut également accélérer les progrès vers la protection sociale universelle et assurer un financement durable et équitable des systèmes de protection sociale.  Elle a également appelé à l’élaboration de systèmes de protection sociale inclusifs et à adapter les systèmes de protection sociale aux besoins nouveaux et futurs. 

Mme TINO, Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a observé que si la pauvreté est à la baisse dans la région, les inégalités augmentent de manière significative.  En effet, a-t-elle expliqué, la croissance économique et les progrès sociaux ont bénéficié à ceux qui étaient déjà privilégiés, ce qui a eu pour effet de creuser encore les inégalités entre les pays et à l’intérieur de chacun d’eux.  Face à cette situation, a-t-elle précisé, la plupart des pays d’Asie du Sud et du Sud-Est consacrent moins de 2% de leur PIB à la protection sociale.  Dans les pays en développement de la région Asie-Pacifique, les dépenses sociales sont en moyenne d’environ 3,7% du PIB, contre 11,2% dans le monde et 21% pour les pays de l’OCDE.  Ce sous-investissement explique pourquoi 60% de la population de la région n’a pas de protection en cas de grossesse, de maladie, de chômage ou encore pour accompagner la vieillesse et le handicap.  Or, a fait valoir la représentante, augmenter progressivement l’investissement régional dans la protection sociale d’ici à 2030 permettrait de faire sortir de manière permanente quelque 233 millions de personnes de la pauvreté. 

M. NINAN VARUGHESE, du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a souligné que l’accès au logement est une question de santé publique.  Il a averti que le VIH peut mener au sans-abrisme, et que les personnes sans logement sont particulièrement exposées au VIH.  Pour mettre fin à l’épidémie de sida, il a encouragé les États Membres à mettre en place un système de protection sociale prenant en compte les personnes atteintes de VIH, et à élaborer des politiques pour combattre la discrimination.  ONUSIDA, a-t-il dit, a élaboré un partenariat pour mettre un terme à la discrimination et à l’épidémie de sida en privilégiant l’accès égal aux services de santé de base.

Mme CAROLINE FORD, du Consortium pour les enfants des rues, a indiqué que son organisation est la seule à travailler sur la question des enfants des rues dans 130 pays.  Elle a noté à cet égard que les recherches menées sur la pauvreté font apparaître une mise à l’écart des vulnérables.  Les enfants sont ainsi exclus des données qui sont censées informer les politiques aux niveaux national et international, a-t-elle dénoncé, déplorant que tout un pan de la population ne soit pas pris en compte.  S’il importe de créer des mesures de protection sociale pour les plus pauvres, il ne faut pas que ces dispositifs se fondent sur des sondages lacunaires, a martelé la représentante.  Or, selon elle, les enfants des rues restent invisibles.  Ils sont au-delà de tout filet de sécurité et ne bénéficient pas des efforts menés dans le cadre du Programme de développement à l’horizon 2030.  Selon l’UNICEF, a-t-elle poursuivi, 35% des enfants sont couverts socialement mais ces données sont sujettes à caution dans la mesure où nombre d’enfants sont exclus des statistiques.  De fait, a-t-elle relevé, personne ne sait combien il y a d’enfants dans les rues, d’autant plus que les données ne sont pas comparables d’un pays à l’autre.  Elle a appelé les États Membres à agir et à adopter des mesures de collecte de données qui prennent en considération les enfants des rues. 

M. SERGEI ZELENEV, du Conseil international de l’action sociale (CIAS), a souligné que l’inclusion doit être l’une des priorités dans l’élaboration de programmes de lutte contre le sans-abrisme.  Il a expliqué que le CIAS soutient une approche globale et holistique pour venir à bout du sans-abrisme.  Il a également estimé que la protection sociale universelle est la solution la plus logique pour tous les pays.  Elle doit être reconnue comme un droit de l’individu, de la naissance à la mort, a-t-il insisté.  Elle est un outil indispensable contre le sans-abrisme et l’exclusion. 

Mme DELOIS BLAKELY, de New Future Foundation, Inc., a indiqué que sa structure se concentre sur le sans-abrisme aux États-Unis, lequel représente selon elle « une vague qui menace de nous engloutir ».  Pour la représentante, ce phénomène est principalement causé par les prêts vautours et la fraude à l’hypothèque.  De fait, a-t-elle souligné, de nombreuses organisations financières agissent de manière frauduleuse et injuste, contribuant à aggraver le phénomène du sans-abrisme.  Elle a appelé l’ONU à se pencher sur les actions menées par son organisation, notamment par ses jeunes militants qui manifestent à Washington pour que cette situation change et soit reconnue comme une question des droits de la personne. 

Mme FRANCESCA TORCASIO BARBERIS, de l’Institute of The Blessed Virgin Mary-LORETO GENERALATE, a déploré que les jeunes filles ne soient pas considérées comme étant une catégorie sociale à part entière méritant attention et protection, notant que ces dernières sont particulièrement exposées au sans-abrisme.  La représentante a demandé une protection particulière pour les 1,8 milliard de jeunes femmes et de filles dans le monde, en particulier en matière de logement. 

Mme FAITH KABORA, de World Youth Alliance, a déclaré que son organisation non gouvernementale travaille pour protéger la dignité des personnes et à construire la solidarité en faveur des jeunes, notamment pour lutter contre le sans-abrisme.  À ses yeux, toute politique sociale doit se fonder sur la dignité humaine et les droits de base.  Or, a-t-elle déploré, ne pas fournir un logement à tous constitue un frein à l’épanouissement des personnes.  De fait, a-t-elle plaidé, il importe que chaque personne soit reconnue comme contributrice au développement et pas seulement comme bénéficiaire.  Observant que les objectifs de développement durable no 2, 3, 6 et 11 se penchent sur la situation des personnes en situation vulnérable, elle a aussi jugé que l’éducation peut aider les personnes, notamment les enfants, à se rendre compte que la dignité est importante.  Il convient donc d’inclure toutes et tous et de créer des politiques faisant des êtres humains des facteurs de solutions, a-t-elle conclu. 

Mme KIRIN TAYLOR, de UNANIMA International, a regretté que le sans-abrisme des jeunes, des jeunes femmes notamment, demeure invisible.  Elles sont pourtant très vulnérables.  Au Kenya, des mères célibataires sans revenu n’ont pas les moyens de nourrir leurs familles, s’est-elle inquiétée.  Elle a estimé que le partenariat et le partage de meilleures pratiques sont nécessaires pour lutter contre le sans-abrisme.  La complaisance envers la pauvreté doit être éliminée, a-t-elle en outre tranché. 

Mme SYLVIA HORDOSCH, d’ONU-Femmes, a demandé à éliminer toutes les discriminations à l’encontre des femmes et des filles notamment en matière de logement.  Des progrès s’imposent également dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la violence, a-t-elle estimé, pour ensuite décrier la persistance de défis en matière de distribution des richesses.  Elle a également prévenu que les nouvelles technologiques ouvrent une nouvelle phase d’incertitude pour les femmes et les filles.  La représentante a exigé la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, appelant notamment à l’abrogation des lois discriminatoires, à un financement adéquat et à mettre le potentiel de la technologie au service de l’égalité entre les sexes. 

Elle a ensuite annoncé qu’ONU-Femmes organisera, avec le Mexique et la France, en mai et juin 2020, le Forum Génération égalité, où six coalitions d’action seront lancées dans le but d’obtenir des résultats quantifiables.  Une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale est également prévue le 23 septembre pour célébrer Beijing+25.

Mme SCHUTZ, Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd, a indiqué qu’à Auckland, le mois dernier, des femmes sans abri ont protesté contre l’exclusion de leurs enfants du système scolaire en raison de leur statut.  Cette situation montre que le sans-abrisme n’est pas un choix des femmes mais le résultat de conditions socioéconomiques qui empêchent les femmes marginalisées de disposer d’un logement, a-t-elle estimé.  Les politiques néolibérales font non seulement de la discrimination à l’égard des femmes et des filles mais obligent certaines d’entre elles à échanger un logement contre des faveurs sexuelles, s’est-elle insurgée.  Il faut, selon elle, s’attaquer d’urgence au lien existant entre la prostitution et l’accès au logement, lequel doit être un bien social ouvert à tous. 

Mme RAMIREZ, de FEMM Foundation, a relevé que 70% des sans-abri dans le monde sont des femmes et qu’elles ont un accès limité aux médecins ou aux hôpitaux.  La santé est un problème qui doit être abordé pour réduire le sans-abrisme, a-t-elle estimé, insistant par ailleurs sur l’importance de la santé sexuelle.  Les femmes qui connaissent leurs corps sont des femmes qui peuvent faire des choix informés sur leur santé, a-t-elle souligné.  Elle a exhorté les États Membres à investir dans les soins de santé qui répondent aux besoins des femmes.

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a tout d’abord exprimé sa solidarité avec le Gouvernement et le peuple chinois dans les efforts déployés pour maîtriser le coronavirus.  Saluant la volonté de la Commission du développement social de débattre pour la première fois de la question du sans-abrisme, il a assuré que Djibouti était heureux de se joindre au consensus sur la résolution relative au thème prioritaire de cette session.  Pour le représentant, le sans-abrisme et l’insalubrité des logements ont pris des dimensions alarmantes dans le monde et tout particulièrement en Afrique.  Sur le continent africain, a-t-il relevé, des besoins en dotations très importants se font sentir pour lutter contre ces phénomènes.  Face à l’ampleur de la situation et à la précarisation des logements, le Gouvernement djiboutien a entrepris des efforts en vue de faciliter l’acquisition de logements sociaux.  Dans ce cadre, il a pris des mesures en faveur des plus vulnérables et mis en place des moyens visant à améliorer les conditions de logement, notamment via la stratégie « Zéro bidonville » qui a pour objectif d’offrir aux citoyens les mêmes chances d’accès au logement décent, quel que soit leur statut social.  À cette fin, a-t-il précisé, il est prévu de financer des infrastructures pour décongestionner les bidonvilles les plus peuplés. 

Mme ADA C. OKIKA, de Irene Menakaya School Onitsha, a voulu un logement abordable pour tous, afin d’aider tous les membres de la communauté à devenir propriétaires.  Pour réaliser les objectifs de développement durable, il faut donner la priorité au logement, a-t-elle également souligné.  La représentante a expliqué que son ONG s’efforce de mobiliser les acteurs de l’éducation et d’autres acteurs communautaires afin de combler les lacunes de l’apprentissage tout au long de la vie.  Elle a appelé à mettre en œuvre de l’objectif de développement durable no 4 sur l’éducation, soulignant les liens qui existent entre l’éducation et les efforts de lutte contre le sans-abrisme.  Les gouvernements doivent prendre des mesures adéquates pour réaliser les droits de l’homme au logement et à l’éducation, a-t-elle affirmé.

Mme ROSE THERESE NOLTA, de VIVAT International, un réseau de 14 organisations religieuses, a rappelé que le sans-abrisme touche un grand nombre de groupes sociaux vulnérables, en particulier les femmes.  Dans le cadre de ses activités, l’ONG est témoin des conditions infrahumaines dans lesquelles vivent ces personnes, notamment les personnes migrantes, handicapées ou souffrant de troubles mentaux, quand elles sont privées de logement.  Aux yeux de la représentante, le sans-abrisme est un symptôme de questions apparentées comme l’inégalité, l’exclusion, les migrations liées au climat ou encore la condition des femmes chassées de leur foyer.  D’après les données officielles, a-t-elle relevé, 41 millions de femmes sont déplacées dans différents contextes, singulièrement en raison de catastrophes climatiques.  Pour faire face à ces phénomènes, il faut selon elle des politiques mûrement réfléchies qui débouchent sur l’adoption de lois.  En parallèle, a-t-elle ajouté, il est essentiel que la Commission s’attaque à cette question pour faire de la protection des personnes marginalisées une priorité des programmes de la communauté internationale. 

Mme JONI CARLEY, de Kosmos Associates, Nonviolence International, a rappelé aux États Membres que la résolution 65/309 de l’Assemblée générale appelait à un nouveau paradigme économique fondé sur le bonheur et le bien-être.  Cela nécessitera de passer de la concurrence à des normes axées sur la valeur, a ajouté la représentante.  Les recherches ont d’ailleurs démontré que les gens accordent plus d’importance à la connectivité et au bien-être qu’à tout le reste.  Placer les valeurs des droits de l’homme au centre du développement social est le seul moyen de s’éloigner du sans-abrisme, a estimé la représentante.

M. STEFANO GENNARINI, Center for Family and Human Rights (C-FAM), a constaté que le sans-abrisme est souvent considéré comme une question fiscale, voire comme une simple statistique à corriger.  Or il s’agit, selon lui, d’un phénomène multidimensionnel qui nécessite de planifier le logement afin de permettre aux familles de jouer leur rôle social.  Pour le représentant, la protection de la famille est un impératif des droits de l’homme, dans la mesure où la famille est une unité de groupe fondamentale de la société.  Si les familles ont droit à la protection sociale, le droit international exige une protection sociale pour les mères et leurs enfants, a-t-il souligné, ajoutant que l’une des causes premières du sans-abrisme est la désintégration de la famille.  Elle devient, de fait, plus vulnérable à l’insécurité financière, au chômage et donc au sans-abrisme.  De surcroît, a noté le représentant, alors que la fertilité recule dans le monde, les systèmes de sécurité sociale s’effondrent en raison de la baisse du nombre de personnes qui travaillent.  Cet état continuera de se détériorer si les États ne prennent pas des mesures pour renforcer la famille et en faire l’axe central des politiques de protection sociale, a-t-il averti. 

M. CHAUDHURI, Institute of International Social Development, a déclaré que pour lutter contre le sans-abrisme, chaque gouvernement doit disposer d’un budget pour promouvoir le logement, la formation professionnelle et d’autres services pour les populations les plus vulnérables.  Il a passé en revue les programmes de son institut, s’attardant notamment sur la construction de logements verts et l’appui accordé au transport, en utilisant par exemple le vélo pour le déplacement.  Nous avons aidé de nombreux sans-abri à se remettre sur pied, s’est-il félicité.

M. SARAN, Voice of Specially Abled People Inc., a mis l’accent sur la marginalisation croissante des personnes handicapées dans les questions de logement.  Il a relevé que pour répondre à ce phénomène, le département américain du logement a lancé un programme spécifiquement destiné aux personnes en situation de handicap afin de les aider à accéder au logement.  Pour l’heure, on compte 1,4 million de bénéficiaires de ce programme, a-t-il indiqué.  Le représentant a ajouté que, selon les chiffres de l’Université de Harvard, 1% seulement des aides au logement se concentre sur les personnes handicapées aux États-Unis.  Sa consœur Mme DESAI a ensuite plaidé pour qu’un effort d’information soit fait pour aider les personnes handicapées à identifier les logements accessibles.  Plus largement, elle a appelé à un engagement mondial en faveur de l’inclusion des personnes handicapées.  

Mme JOSEPHINE TYNE, Concepts of Truth Inc., a expliqué que son ONG aide quelque 20 000 femmes aux États-Unis et dans le monde, des récipiendaires qui, a-t-elle avisé, sont susceptibles de tomber dans le sans-abrisme.  L’ONG appuie l’autonomisation de ces femmes pour les aider à surmonter les conséquences « spirituelles » et physiques de leur état de sans-abrisme.  Elle donne également des ressources pour assurer l’éducation sexuelle des femmes sans abri. 

Mme ELIZABETH DEFEIS, Fraternité Notre Dame, a indiqué que l’action de l’ONG cible les personnes sans abri et leur protection sociale.  Pour venir en aide à ces personnes, la charité est sans doute l’outil le plus efficace, a-t-elle estimé, mettant en avant le travail des missionnaires auprès des personnes laissées pour compte.  Dans ce cadre, la Fraternité Notre Dame distribue de la nourriture et apporte l’éducation morale et spirituelle dont ont besoin les exclus, notamment les jeunes.  De l’avis de la représentante, les médias parlent trop rarement des actions charitables « alors qu’ils montrent sans relâche le vice et l’horreur ».  Elle s’est enfin félicitée que, lorsque l’on évoque la lutte contre la pauvreté, on pense toujours à Saint Vincent de Paul, qui reste une figure populaire, « même chez les athées ». 

Mme AMANDA CARRIER, Sisters of Mercy of the Americas, a dénoncé l’industrie minière qui est à l’origine du sans-abrisme pour beaucoup de personnes dans le monde.  Elle a réclamé l’établissement d’un cadre pour que cette industrie réponde de ses actes en ce qui concerne son impact sur le sans-abrisme.  De plus, les victimes doivent avoir des possibilités de recours lorsqu’elles sont victimes des activités de l’industrie minière.  La représentante a appelé les États à contribuer à aider les victimes des activités minières, en particulier les personnes déplacées. 

Mme MARIA PIA BELLONI MIGNATTI, World Organization for Early Childhood Education, a observé que les enfants déplacés sont particulièrement susceptibles au sans-abrisme.  Il est indispensable que ces enfants aient accès aux filets de sécurité sociaux, a-t-elle plaidé, notant que le droit à la protection sociale s’applique à toutes les personnes et à tout âge.  Pour les enfants, a-t-elle ajouté, la protection est d’autant plus importante que les effets de la pauvreté et des privations durant la prime enfance peuvent durer toute la vie.  De fait, les enfants qui grandissent sans abri en subissent les répercussions pendant de longues années, a-t-elle insisté.  Leurs capacités cognitives en sont affectées et cela sape leur participation à la société.  Pour la représentante, l’aide à l’enfance en situation de crise est donc une nécessité, de même que l’aide matérielle et psychosociale aux parents. 

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