Soixante-quinzième session,
56e séance – matin
AG/12315

L’Assemblée générale à l’unisson sur les « diamants de la guerre » mais divisée sur la coopération avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques

L’Assemblée générale a fait montre, ce matin, d’unité pour soutenir la poursuite des travaux du Processus de Kimberley contre le commerce illicite des diamants et appuyer le renforcement de la coopération avec le Conseil de l’Europe, lors d’une séance plénière marquée par l’adoption de six résolutions, dont deux qui portaient sur ces questions.  Les États Membres se sont en revanche déchirés à propos de la coopération avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), la résolution sur ce point ayant fait l’objet de plusieurs votes avant son adoption. 

Sur une note plus positive, l’Assemblée générale a également fait siens deux textes soulignant les apports inestimables de la nature, le premier proclamant le 10 mai « Journée internationale de l’arganier », arbre endémique du Maroc, le second faisant de 2023 l’Année internationale du mil, céréale nutritive mais aussi capable de résister aux parasites et de survivre dans des conditions climatiques extrêmes. 

S’agissant du texte relatif aux diamants « facteur de conflits », avalisé par consensus, la Fédération de Russie a précisé qu’il était de « nature technique », les travaux du Processus de Kimberley ayant été en grande partie gelés en 2020 du fait de la pandémie de COVID-19.  Pour cette raison, a-t-elle indiqué, la présidence russe du Processus a été reportée à 2021 et celle du Botswana à 2022.  La résolution prend note de ces reports et encourage par ailleurs la poursuite du renforcement du Processus de Kimberley afin de le rendre mieux à même de résoudre les problèmes auxquels font face l’industrie diamantaire et les populations qui en dépendent.

Particulièrement concerné par l’extraction des diamants, activité minière qui lui a permis de se hisser au rang de pays à revenu intermédiaire, le Botswana a insisté sur le rôle central du Processus de Kimberley dans la lutte internationale contre les « diamants de la guerre » et plaidé pour un resserrement de la coopération avec les pays producteurs.  Un appel qui faisait écho à celui lancé par le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, selon lequel il importe que le commerce des diamants « alimente le développement et non les conflits ». 

Elle aussi adoptée sans vote, la résolution sur la coopération entre l’ONU et le Conseil de l’Europe encourage les deux entités à renforcer leur coopération à tous les niveaux pour faire face efficacement à la crise sanitaire provoquée par la maladie à coronavirus (COVID-19) et aux conséquences désastreuses qu’elle a pour les populations d’Europe et du monde.

Lors de la présentation de ce texte, l’Allemagne a regretté que la question de la peine de mort n’y figure pas du fait de la résistance de plusieurs délégations.  Une position partagée par l’Ukraine, qui a, d’autre part, souhaité que le Conseil de l’Europe prenne en considération les violations des droits de l’homme commises par la Russie dans le Donbass et les territoires ukrainiens temporairement occupés par ce pays.

En réponse, la Fédération de Russie s’est élevée contre les discriminations visant les populations russophones en Ukraine et dans les pays baltes, tout en déplorant, par ailleurs, que les facilitateurs du texte n’aient pas tenu compte des points de vue de certains membres du Conseil de l’Europe sur des questions telles que les principes régissant l’aide humanitaire et les violences faites aux femmes. 

Plus « épineux », de l’aveu même des Pays-Bas qui l’ont présenté, le projet de résolution sur la coopération entre l’ONU et l’OIAC n’a été entériné qu’après un vote sur quatre paragraphes de son dispositif puis sur le texte dans son ensemble, finalement adopté par 109 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et République arabe syrienne) et 11 abstentions. 

Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale prend note avec une vive préoccupation du premier rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification chargée d’identifier les auteurs de l’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne, intitulé « Contrer la menace que constitue l’emploi d’armes chimiques: Latamné (République arabe syrienne), 24, 25 et 30 mars 2017 » et publié le 8 avril 2020.

À l’origine de ces mises aux voix, la République arabe syrienne, appuyée par Cuba, l’Indonésie et la République islamique d’Iran, a fustigé un projet « politisé » et dénué de transparence, qui mentionne des mécanismes non consensuels et se focalise sur la Syrie sans que le pays ait pu participer à sa rédaction.  Plus grave encore, à ses yeux, la résolution ignore les groupes terroristes qui utilisent des armes chimiques en Syrie.

« L’Assemblée doit cesser d’adopter des résolutions antisyriennes chaque fois qu’elle discute de l’OIAC », a renchéri la délégation russe, avant de s’en prendre à ceux qui veulent faire de cette organisation « un instrument servant leurs intérêts nationaux ».  La Malaisie a, pour sa part, déploré l’ajout dans ce texte de points qui ne pouvaient que causer des divergences, « notamment l’importation d’un dossier à la charge du Conseil de sécurité ».

Enfin, l’Assemblée générale a adopté par consensus une résolution sur la coopération entre l’ONU et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral, par laquelle elle considère qu’il y a lieu d’améliorer encore les activités dudit Fonds afin de renforcer les partenariats régionaux en matière de développement social et économique, de protection de l’environnement, de gestion des ressources en eau, d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de leurs conséquences.  Le texte a suscité des réserves de la part du Kirghizistan, qui a appelé de ses vœux une réforme du Fonds pour le rendre plus efficace. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

LES DIAMANTS, FACTEUR DE CONFLITS

Décision concernant le projet de résolution A/75/L.65

Aux termes de la résolution A/75/L.65, intitulée « Les diamants, facteur de conflits: rompre le lien entre le négoce illicite de diamants bruts et les conflits armés afin de contribuer à la prévention et au règlement des conflits », présentée par la Fédération de Russie et adoptée par consensus, l’Assemblée générale prend note du report de la présidence de la Fédération de Russie à 2021 et de celle de la République du Botswana à 2022. 

Considérant que le Système de certification du Processus de Kimberley facilite l’application effective des résolutions du Conseil de sécurité imposant des sanctions contre ceux qui se livrent au commerce des diamants de la guerre, elle demande que soient intégralement appliquées les mesures déjà adoptées par le Conseil pour réprimer le commerce illicite de diamants bruts, notamment les diamants de la guerre contribuant à entretenir les conflits. 

L’Assemblée générale réaffirme l’importance de la nature tripartite du Processus de Kimberley et souligne qu’une participation aussi large que possible au Système de certification du Processus est essentielle.  À cet égard, elle rappelle que les communautés minières occupent une place centrale dans le Processus de Kimberley et qu’il faut s’attacher tout particulièrement à intégrer les creuseurs artisanaux dans les structures de gouvernance. 

Elle encourage la poursuite du renforcement du Processus de Kimberley afin de le rendre mieux à même de résoudre les problèmes auxquels font face l’industrie diamantaire et les populations qui en dépendent, y compris les problèmes découlant de l’instabilité et des conflits, et de faire en sorte qu’il continue de contribuer à la paix et à la sécurité internationales, ainsi qu’à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a noté que le commerce illicite des diamants continue d’être un facteur de conflits et d’instabilité dans le monde.  Il est impératif que les États Membres poursuivent leur lutte contre ce commerce illicite en participant au Processus de Kimberley, qui, depuis son lancement en 2003, a démontré son efficacité.  Son fonctionnement tripartite a permis de superviser le commerce de diamants bruts en aidant à appliquer les résolutions de l’ONU, a-t-il souligné, appelant à la participation la plus large possible au Processus.  Cette industrie de plusieurs milliards de dollars devrait contribuer à la lutte contre la pauvreté et à la réalisation des objectifs de développement durable, a ajouté M. Bozkir.  Selon lui, la résolution L.65 souligne la nécessité de conserver toute la pertinence du Processus pour que le commerce des diamants alimente le développement et non les conflits. 

Lors de la présentation du projet de résolution, M. EVGENY Y. VARGANOV (Fédération de Russie) a indiqué que la présidence russe du Processus de Kimberley en 2020 a coïncidé avec une crise sanitaire mondiale sans précédent causée par la pandémie de COVID-19.  Pour cette raison, a-t-il expliqué, les pays participants ont décidé, en août dernier, de reporter la présidence de la Fédération de Russie à 2021 et celle du Botswana à 2022.  Le délégué a indiqué que la résolution présentée ce jour est essentiellement de nature technique.  Il a par ailleurs regretté qu’un membre du Secrétariat de la présidence du Processus, qui était censé venir à New York pour présenter ce projet de texte, n’ait pas pu participer faute de visa d’entrée aux États-Unis, malgré la soumission préalable des documents.  Cela confirme à nouveau l’abus par les États-Unis de leur statut de pays hôte du Siège de l’ONU et la discrimination dont font l’objet certaines délégations, a-t-il déploré. 

Mme PEGGY VISSERS, de l’Union européenne, a relevé que 2020, « année exceptionnelle », avait entraîné le report des présidences de la Russie et du Botswana, pour ensuite se féliciter de la reprise des travaux du Processus de Kimberley.  Elle a souligné que les extractions artisanales doivent figurer au cœur des efforts qui doivent notamment tirer parti des expériences des communautés locales.  Elle a aussi parlé des nouveaux défis liés à l’approvisionnement.  Elle s’est inquiétée de la situation en République centrafricaine tout en saluant l’engagement de ce pays à garantir la traçabilité de ses diamants. 

M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a relevé que la pandémie avait durement touché les pays participant au Processus.  Il a rappelé que le Botswana est devenu, notamment grâce aux recettes tirées de l’extraction des diamants, un pays à revenu intermédiaire.  L’apport du diamant au développement est indéniable, a-t-il affirmé.  Il a souligné les apports du projet de résolution, notamment son appel à resserrer la coopération avec les pays producteurs de diamants.  Le délégué a enfin appelé à continuer d’honorer le Processus de Kimberley qui, depuis 2003, a permis de rendre moins nombreux les diamants de la guerre.

M. PHILIP REED (Royaume-Uni) a affirmé que le processus de Kimberley est un outil de prévention des plus utiles et lui a apporté le soutien de son pays.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a relevé que le trafic de diamants demeure un défi et a jugé nécessaire de renforcer le Processus.  Il a également affirmé son attachement à préserver la fermeté et la crédibilité du Processus pour qu’il continue de préserver et développer le commerce de diamants. 

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES

Décision concernant les projets de résolution A/75/L.62 et A/75/L.63

Par la résolution A/75/L.62, intitulée « Journée internationale de l’arganier », présentée par le Maroc et adoptée par consensus, l’Assemblée générale décide de proclamer le 10 mai Journée internationale de l’arganier, qui sera célébrée chaque année. 

L’arganier est un arbre à usages multiples, qui, indique la résolution, joue un rôle très important dans la réalisation du développement durable dans ses trois dimensions au niveau local.  L’huile d’argan a de nombreux usages, en particulier dans la médecine traditionnelle et complémentaire et dans les industries culinaires et cosmétiques.

Considérant qu’il est urgent de mieux faire connaître les bienfaits du mil sur le plan nutritionnel et les atouts qu’il présente pour la résilience face aux changements climatiques, l’Assemblée générale décide de proclamer 2023 Année internationale du mil en adoptant par consensus la résolution intitulée « 2023, Année internationale du mil » (A/75/L.63), présentée par l’Inde.

Elle invite tous les États Membres, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales et toutes les parties prenantes concernées à célébrer cette Année internationale au moyen d’activités et d’orientations visant à faire mieux connaître les effets bénéfiques de la consommation de mil pour la nutrition et la santé et la possibilité de le cultiver dans des conditions climatiques hostiles et changeantes, tout en mettant également l’accent sur l’amélioration de l’efficacité des chaînes de valeur. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a présenté le projet de résolution L.62 en notant que l’arganier, arbre endémique du pays, inscrit en 2014 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité établie par l’UNESCO, est une source ancestrale de développement.  En proclamant le 10 mai comme « Journée internationale de l’arganier », les Nations Unies célèbrent le rôle vital que joue cet arbre dans le maintien de l’équilibre naturel et dans la préservation de la biodiversité, et consacrent le rôle des femmes en milieu rural, tout en faisant la promotion de chaînes de valeurs solidaires et équitables.

Faisant état d’un projet de plantation de 10 000 arganiers par son pays, le représentant a indiqué que la résolution reflète l’importance de la résilience et de l’adaptation aux changements climatiques.  À cette fin, le texte appelle à renforcer le soutien financier aux initiatives d’adaptation climatique, à l’instar du Fonds vert pour le climat qui préconise de sauvegarder les arganiers, a-t-il indiqué.

En présentant le projet de résolution L.63, M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a souligné que le mil est considéré comme une céréale nutritive et que plus de 90% de sa production a lieu en Afrique et en Asie.  Le mil est non seulement riche en protéines mais aussi en promesses pour ceux qui ont un déficit en micronutriments, a relevé la délégation, ajoutant que le mil contribue à la réduction du diabète.  De plus, cette céréale résiste aux parasites et peut survivre dans des conditions climatiques extrêmes, a-t-elle fait valoir, avant de déplorer que sa production baisse dans le monde.  Il convient selon elle d’améliorer la recherche et les investissements dans le développement du mil, tout en alignant ces actions avec le secteur de l’alimentation.  Il faut aussi sensibiliser le public aux avantages nutritifs du mil et à sa résistance aux changements climatiques, a-t-elle ajouté.  Ce texte, a conclu l’Inde, contribuera à la sécurité alimentaire et l’élimination de la pauvreté.  Il permettra aussi de promouvoir le mil comme partie intégrante du panier alimentaire de base. 

Explications de position

Les États-Unis se sont exprimés sur les résolutions L.62 et L.63 pour rappeler notamment que le Programme d’action d’Addis-Abeba n’a pas de valeur juridiquement contraignante.  Ils ont aussi estimé que l’ONU ne doit pas dicter aux organisations intergouvernementales ce qu’elles doivent faire sans un apport clair de ressources financières.

La Fédération de Russie a salué le texte sur le mil, qui participe à la préservation de la biodiversité agricole et à la promotion d’une alimentation saine. 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LE CONSEIL DE L’EUROPE

Décision concernant le projet de résolution A/75/L.64

Aux termes de la résolution A/75/L.64, intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Conseil de l’Europe », présentée par l’Allemagne et adoptée par consensus, l’Assemblée générale se félicite de la contribution du Conseil de l’Europe et de ses États membres, à tous les niveaux de gouvernement, à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en Europe et au-delà. 

Elle encourage l’Organisation des Nations Unies et le Conseil de l’Europe à renforcer leur coopération à tous les niveaux pour faire face efficacement à la crise sanitaire provoquée par la maladie à coronavirus (COVID-19) et aux conséquences désastreuses qu’elle a pour les populations d’Europe et du monde, y compris le creusement des inégalités qui existaient déjà auparavant.

En outre, l’Assemblée générale demande de nouveau que la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Conseil de l’Europe soit renforcée en ce qui concerne la promotion et la protection de tous les droits humains et de toutes les libertés fondamentales et la promotion de la démocratie, de l’état de droit et de la bonne gouvernance à tous les niveaux.

Lors de la présentation du projet de résolution, M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a regretté l’impossibilité d’inscrire la question de la peine de mort dans le texte à cause de la résistance des certaines délégations.  Le Conseil de l’Europe poursuivra sa lutte contre la peine de mort qui est un traitement inhumain n’ayant aucun effet dissuasif.  Il continuera aussi de lutter contre les discriminations dont sont victimes les personnes homosexuelles, a fait savoir le délégué.

Explications de position

La Hongrie a indiqué que la résolution sur la coopération avec le Conseil de l’Europe contient des passages qui ne sont pas acceptables par son pays, notamment en ce qui concerne la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite Convention d’Istanbul.  La résolution aurait dû être neutre sur ce point plutôt que d’encourager à la rejoindre, a dit la déléguée, tout en soulignant l’engagement de son pays dans la lutte contre la violence faite aux femmes.  « C’est bien l’action gouvernementale qui permet d’éliminer une telle violence, non pas la ratification d’un traité. »  Enfin, elle s’est dissociée de toute mention faite au Pacte mondial sur les migrations que son pays ne reconnaît pas.  Plutôt que d’encourager les migrations, il convient de remédier à leurs causes profondes sur place, a-t-elle conclu, en insistant sur les menaces sécuritaire et sanitaire de flux migratoires non contrôlés.

L’Égypte a pris acte que certains paragraphes ont été intégrés dans la résolution « sans consultations suffisantes », notamment le paragraphe 3 sur le terme « multiples formes de discrimination » qui est à la fois trop vague et sans une définition reconnue.

L’Ukraine a salué la décision de la Cour européenne des droits de l’homme qui a reconnu sa compétence dans l’affaire qui l’oppose à la Fédération de Russie sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et la situation des droits de l’homme en Crimée.  Elle a regretté que la peine de mort soit exclue de la résolution qui vient d’être adoptée.  Le Conseil de l’Europe est capable de prévenir les conflits, a indiqué le représentant qui attend du Conseil qu’il tienne compte des violations des droits de l’homme commises par la Russie dans le Donbass et les territoires temporairement occupés de l’Ukraine.  Ce pays refuse d’appliquer les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de l’Europe sur ce conflit, a-t-il décrié. 

L’Iraq a également estimé que le terme « multiples formes de discrimination » est trop vague et sans définition reconnue. 

La Fédération de Russie a déploré que les négociateurs n’aient pas tenu compte des points de vue de certains membres du Conseil de l’Europe sur plusieurs questions, notamment sur les violences faites aux femmes ou sur les principes qui régissent l’aide internationale.  Celle-ci doit être acceptée par le pays hôte, a déclaré le délégué.  Il a aussi regretté que le texte ne contienne pas l’appel lancé par le Secrétaire général en mars dernier pour la levée des sanctions.  « Cela montre le vrai visage de ceux qui s’érigent en figure de proue de l’aide humanitaire. »  Enfin, il a dénoncé les discriminations visant les populations russophones en Ukraine et dans les pays baltes et affirmé que la Convention du Conseil de l’Europe, dite de Budapest, sur la cybersécurité est « dangereuse » car elle permet un accès à des données nationales.

La République arabe syrienne a salué le consensus, tout en se dissociant des mentions faites aux conventions auxquelles elle n’a pas adhéré. 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L’ORGANISATION POUR L’INTERDICTION DES ARMES CHIMIQUES

Décision concernant le projet de résolution A/75/L.56

Aux termes de la résolution A/75/L.56, intitulée « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) », présentée par les Pays-Bas et adoptée par 190 voix pour, 3 contre (Chine, Fédération de Russie et République arabe syrienne) et 11 abstentions, l’Assemblée générale prend note avec une vive préoccupation du premier rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification chargée d’identifier, conformément à la décision C-SS-4/DEC.3, les auteurs de l’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne, intitulé « Contrer la menace que constitue l’emploi d’armes chimiques: Latamné (République arabe syrienne), 24, 25 et 30 mars 2017 » et publié le 8 avril 2020.

De même, elle prend note de la décision du Conseil exécutif, en date du 9 juillet 2020, intitulée « Contrer la détention et l’emploi d’armes chimiques par la République arabe syrienne », et se félicite que cette décision et les rapports y associés aient été transmis au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale par le Secrétaire général. 

Vote sur les paragraphes 5 à 8 du projet de résolution L.56

L’Assemblée générale a maintenu le paragraphe 5 du projet de résolution L.56 par 85 voix pour, 10 voix contre et 21 abstentions.

Le paragraphe 6 du même projet de résolution a lui aussi été maintenu par 83 voix pour, 11 voix contre et 22 abstentions.

Il en a été de même pour le paragraphe 7, maintenu par 77 voix pour, 10 voix contre et 25 abstentions, ainsi que pour le paragraphe 8 maintenu pour sa part par 88 voix pour, 8 voix contre (Bélarus, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, République arabe syrienne, Venezuela et Zimbabwe) et 16 abstentions.

Explications de vote

Avant le vote, la République arabe syrienne a assuré que son gouvernement a tout fait pour se débarrasser de son stock d’armes chimiques et détruit toutes ses installations.  Elle a dénoncé les paragraphes du projet de résolution qui n’ont rien à voir avec le caractère technique du projet, c’est-à-dire la coopération entre l’ONU et l’OIAC.  Elle a décrié la présentation d’un texte politisé qui vise la Syrie.  La Syrie est mentionnée dans le projet mais la délégation syrienne n’a pas participé à sa rédaction et n’y a pas été invitée, s’est-elle insurgée.  Ce texte biaisé mentionne des mécanismes non consensuels et ignore les groupes terroristes qui utilisent les armes chimiques, a ajouté la délégation qui a accusé les Pays-Bas de soutenir des organisations terroristes en Syrie.  La délégation a ensuite demandé des votes séparés sur les paragraphes 5, 6, 7 et 8 et le projet dans son ensemble. 

La Fédération de Russie a dénoncé le caractère politisé de ce texte sur l’OIAC et s’est interrogée sur sa valeur ajoutée.  L’Assemblée doit cesser d’adopter des résolutions antisyriennes chaque fois qu’elle discute de l’OIAC, a déclaré la délégation.  Elle a dénoncé ceux qui veulent faire de l’OIAC un instrument servant leurs intérêts nationaux.  L’OIAC a demandé à la Syrie de déclarer der armes chimiques qu’elle n’a pas, a déploré le délégué.  Il a souligné la méthodologie défaillante des rapports de l’OIAC et leur manque de crédibilité, notamment en ce qui concerne les incidents de la Ghouta et de Khan Cheïkhoun.  L’OIAC n’a pas non plus répondu aux questions dérangeantes qui lui ont été posées.  À la lecture du projet de résolution, on a l’impression que le seul sujet de préoccupation de l’OIAC est la Syrie, a affirmé la délégation, en regrettant que pas un mot ne soit dit sur le stock d’armes chimiques des États-Unis.  « La Russie votera contre ce document pour préserver l’intégrité de l’OIAC, ainsi que son véritable objectif qui est la non-prolifération des armes chimiques. »

La République islamique d’Iran a dit avoir suggéré des modifications au paragraphe 3 du dispositif afin qu’il aille dans le sens des objectifs de la Convention sur les armes chimiques.  Pour la délégation, il est essentiel que le projet de résolution se concentre sur la coopération entre l’ONU et l’OIAC et se limite aux seules questions couvertes par l’accord entre les deux organisations.  Pourtant, a-t-elle noté, certains paragraphes vont bien au-delà et touchent des points non consensuels, ce qui constitue une politisation alors que le texte devrait avoir un but technique. 

À l’issue des mises aux voix, l’Argentine a insisté sur l’importance de respecter toutes les dispositions de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Elle a estimé que les résolutions de l’Assemblée générale ne doivent pas être utilisées comme plateformes pour viser certains pays, au risque de porter atteinte à la relation entre l’ONU et l’OIAC. 

Cuba s’est opposée un projet car il mentionne un pays en particulier.  La délégation a également relevé que les décisions de l’OIAC qui figurent dans le projet n’ont pas obtenu de consensus. 

L’Indonésie a indiqué avoir voté pour le projet de résolution, tout en estimant que celui-ci n’aurait pas dû viser un pays en particulier.  Elle s’est abstenue sur les paragraphes 5, 6, 7 et 8, espérant que la prochaine mouture du projet serait être adoptée par consensus en se focalisant sur la coopération entre les deux organisations.

L’Égypte a voté pour ce texte mais s’est abstenue lors du vote sur certains paragraphes en raison de manque d’éléments pour pouvoir voter de manière éclairée.  Elle a dénoncé les pays qui s’opposent à la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.

La Malaisie a voté pour ce texte mais s’est abstenue lors du vote sur certains paragraphes.  « Nous aurions dû trouver le moyen de rapprocher encore les points de vue. »  Elle a regretté l’ajout dans ce texte de points qui ne pouvaient que causer des divergences, notamment l’importation d’un dossier à la charge du Conseil de sécurité.  Elle a espéré qu’une version affinée de ce texte sera présentée à l’avenir.

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LE FONDS INTERNATIONAL POUR LE SAUVETAGE DE LA MER D’ARAL

Décision concernant le projet de résolution A/75/L.66

Selon les termes de la résolution « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral » (A/75/L.66), présentée par le Tadjikistan et adoptée par consensus, l’Assemblée générale considère qu’il y a lieu d’améliorer encore les activités du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral afin de renforcer la coopération régionale dans des domaines tels que le développement social et économique, la protection de l’environnement et les interventions en cas de catastrophe naturelle, la gestion des ressources en eau, l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs conséquences, l’échange d’informations, la science et l’innovation et d’autres domaines connexes. 

Elle considère également qu’il importe de renforcer la coopération et la coordination entre le système des Nations Unies et ledit Fonds.

En outre, elle note qu’il est proposé d’examiner la possibilité de mettre en place un programme spécial des Nations Unies pour le bassin de la mer d’Aral et de tenir à cet égard des consultations en 2022 avec le Comité exécutif du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral, les États Membres et les entités compétentes des Nations Unies.

Explication de position

Avant l’adoption du texte, le Kirghizistan a indiqué que son pays, en 2016, a gelé sa participation au Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral en raison de son manque d’efficacité.  Il s’est néanmoins déclaré disposé à discuter de la réforme du Fonds avec les autres pays de l’Asie centrale pour le rendre plus efficace. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.