Soixante-quinzième session,
76e séance plénière – après-midi
AG/12334

Assemblée générale: Les délégations applaudissent la Déclaration politique « qui remet sur les rails » la lutte contre le VIH/sida, « l’épidémie des inégalités »

Quarante ans après les premiers cas de sida et 20 ans après la création du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), l’Assemblée générale a dû se rendre à l’évidence: 1,7 million de nouvelles infections enregistrées en 2019, contre un objectif mondial pour 2020 de moins de 500 000 infections et depuis 2016, une hausse dans au moins 33 pays.  Hier comme aujourd’hui, les participants à la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida ont salué la nouvelle Déclaration politique « qui remet sur les rails » la lutte contre « l’épidémie des inégalités », après les quatre Déclarations quinquennales précédentes.  La réalisation des objectifs fixés pour 2025, sera évaluée en 2026, au cours d’une autre réunion de haut niveau.

Dans leur Déclaration politique de 73 paragraphes étalés sur 23 pages, adoptée hier par 165 voix pour et l’opposition du Bélarus, du Nicaragua, de la Syrie et de la Fédération de Russie dont les trois séries d’amendements ont été rejetées par vote, les dirigeants du monde « constatent avec préoccupation » que les inégalités fondées sur la séropositivité, le genre, la race, l’origine ethnique, le handicap, l’âge, le niveau de revenu, l’éducation, la profession, les disparités géographiques, le statut migratoire ou encore l’incarcération se croisent et s’aggravent les unes les autres, et contribuent à l’échec de la réalisation des objectifs mondiaux en matière de VIH .

Ils s’engagent à lutter contre ces inégalités et à agir d’urgence durant les cinq prochaines années à œuvrer au plus vite à la mise au point d’un vaccin contre le VIH et d’un traitement permettant de le guérir, sachant que la réalisation de ces engagements permettra de réduire le nombre annuel de nouvelles infections à moins de 370 000 et le nombre annuel de décès à moins de 250 000 d’ici à 2025.  Ils insistent, dans ce cadre, sur l’élimination de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH et promettent de faire en sorte, que d’ici à 2025, 95% des personnes à risque aient accès à des options de prévention combinée efficaces, adaptées, hiérarchisées et centrées sur la personne.

Les dirigeants du monde promettent aussi de veiller à ce qu’au moins 34 millions de personnes vivant avec le VIH aient accès à des médicaments, à un traitement et à un diagnostic d’ici à 2025 et d’éliminer la transmission de la mère à l’enfant, en faisant en sorte que 95% des femmes enceintes aient accès à un test de dépistage prénatal.  Ils promettent encore de veiller à satisfaire les besoins de 95% des femmes et des filles en âge de procréer en matière de services de soins du VIH et de santé sexuelle et procréative.  Ces efforts devraient porter à moins de 50 000 le nombre de nouveaux cas d’infection à VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes.  Compte tenu de leur efficacité, les dirigeants du monde s’engagent à confier aux collectivités et aux organismes de proximité 30% des services de dépistage et de traitement, 80% des services de prévention et 60% des programmes contribuant à l’activation de leviers sociétaux. 

Quant à la lutte contre la stigmatisation et la discrimination attachées au VIH, ils appellent à la modification des cadres juridiques et des cadres de politique générale « restrictifs », avant d’en venir à la question épineuse du financement.  Ils s’engagent à porter les investissements annuels en matière de VIH dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire à 29 milliards de dollars d’ici à 2025, à financer le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à honorer tous les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD) et à s’attaquer aux problèmes de soutenabilité de la dette.

Pour élargir l’accès à des médicaments sûrs, efficaces et de qualité, « y compris des médicaments génériques », les dirigeants du monde s’engagent à utiliser pleinement les possibilités offertes par l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).  Ils assurent vouloir développer les capacités des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire de renforcer et de produire localement des technologies sanitaires de qualité.

Les dirigeants du monde demandent à l’ONUSIDA de continuer d’aider les États à agir sur les facteurs sociaux, économiques, politiques et structurels de l’épidémie de sida, notamment par la promotion de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes ainsi que des droits humains, en renforçant les capacités des gouvernements nationaux d’élaborer des stratégies nationales globales et en plaidant pour un plus grand engagement politique mondial dans la lutte contre l’épidémie.

Au Secrétaire général de l’ONU, ils demandent de présenter à l’Assemblée générale un rapport annuel sur les progrès accomplis dans les engagements pris et de contribuer à l’examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 mené dans le cadre du Forum politique de haut niveau et des Réunions de haut niveau sur la tuberculose, en 2023, sur la couverture sanitaire universelle, la même année, et sur les maladies non transmissibles, en 2025, afin de veiller à ce que les mécanismes de suivi et d’examen fassent le bilan des progrès accomplis dans la lutte contre le sida.

Parmi d’autres, le Ministre de la santé du Kazakhstan a estimé que la Déclaration politique doit non seulement être considérée comme un document qui relève les lacunes et les insuffisances actuelles, mais surtout comme un outil qui crée de nouvelles opportunités tant au niveau national qu’international.  Son homologue australien a salué un document aux objectifs « ambitieux » « qui remet sur les rails » la lutte contre le VIH/sida. 

Nous savons ce qui fonctionne: des partenariats entre les gouvernements, les communautés affectées, les chercheurs et les cliniciens, ainsi que des programmes fondés sur des preuves ciblant les populations clefs, à savoir les travailleurs et travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes qui s’injectent des drogues, les transsexuels, les personnes incarcérées ou vivant dans d’autres milieux fermés et toutes les personnes vivant avec le VIH.  Cette approche, a affirmé le Ministre, a permis à l’Australie d’avoir le plus faible nombre de nouvelles infections en 20 ans.

L’Assemblée générale, qui a aussi poursuivi aujourd’hui ses travaux autour de trois tables rondes sur la lutte contre les inégalités, une riposte centrée sur les individus et les communautés et le financement, a prévu une autre séance publique demain, à partir de 15 heures, pour clore le chapitre de sa Réunion de haut niveau. 

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Débat général (suite)

La Vice-Présidente de la Gambie, Mme ISATOU TOURAY, a voulu que cette Réunion de haut niveau soit « le tremplin » de la Décennie d’action pour réaliser le Programme 2030 et réduire les inégalités et les déterminants sociaux qui alimentent le VIH/sida.  Elle a estimé que la déclaration politique doit réaffirmer les engagements actuels et identifier des actions réalistes pour guider et soutenir la riposte de l’avenir.  La crise de la COVID-19, a-t-elle encore souligné, a révélé de graves faiblesses dans les systèmes de santé nationaux.  Elle a confirmé la détermination de son pays à intensifier la prévention, le dépistage et le traitement, en promouvant l’autonomisation des jeunes, l’égalité des sexes et la lutte contre la violence sexiste et la stigmatisation.

M. PIERRE DIMBA, Ministre de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle de la Côte d’Ivoire, a commencé par évoquer l’impact considérable qu’a la pandémie de COVID-19 sur la continuité des services de lutte contre le VIH dans son pays, ainsi que sur les chaînes d’approvisionnement des médicaments antirétroviraux.  Il a rappelé qu’au cours de la dernière décennie, la Côte d’Ivoire a enregistré des progrès notables grâce aux efforts de son gouvernement et à l’appui de partenaires techniques et financiers.  Les principaux indicateurs montrent que la prévalence de l’infection à VIH a reculé dans la population générale, passant de 4,7% en 2005 à 2,1% en 2020, s’est-il félicité, ajoutant que le nombre de personnes vivant avec le VIH a lui aussi reculé, de 430 000 en 2015 à 380 000 en 2020.  Dans le même temps, l’accès gratuit aux traitements antirétroviraux a été généralisé dans toutes les régions, avec au total 280 000 personnes vivant avec le VIH sous traitement. 

S’agissant de la cible des « trois 90 », il a reconnu que les résultats obtenus en 2020, bien qu’encourageants, sont en deçà des objectifs fixés par l’ONUSIDA, en particulier chez les enfants.  Les efforts à réaliser pour les atteindre ont cependant été traduits dans le plan stratégique national de lutte contre le sida 2021-2025.  Pour les années à venir, des stratégies innovantes seront développées pour dépister le VIH à travers une offre diversifiée chez les cibles prioritaires que sont les jeunes et les adolescents, les hommes âgés de 25 ans et plus, les femmes enceintes, ainsi que les populations clefs, a-t-il assuré, avant de réitérer l’engagement de son pays à éliminer le sida comme « problème majeur de santé publique » à l’horizon 2030, sous le leadership des Nations Unies. 

La Ministre de la santé de l’Argentine, Mme CARLA VIZZOTTI, a indiqué que l’Amérique latine vit des heures difficiles du point de vue sanitaire à cause de la pandémie de COVID-19 qui a mis en exergue les fragilités et les lacunes des systèmes de santé.  Qu’il s’agisse de la COVID-19, du VIH/sida, de l’hépatite ou de la tuberculose, elle a estimé qu’il faut garantir le droit de tous aux médicaments et aux vaccins.  La conjoncture actuelle ne doit pas empêcher les États d’avancer dans la riposte au VIH/sida, a souhaité la Ministre, qui a également appelé à lutter contre la stigmatisation des malades et des populations clefs.  Pour mettre un terme à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030, il faut placer les individus au cœur de la riposte, venir à bout des inégalités, autonomiser les femmes et les filles et investir dans la prévention et les traitements, mais aussi repenser la question des brevets pour rendre les médicaments plus accessibles au monde en développement, a conclu la Ministre.

M. JULIO BORBA, Ministre de la santé publique et de la protection sociale du Paraguay, a indiqué que la lutte contre le VIH/sida constitue une priorité de son gouvernement.  Alors que l’épidémie apparue dans le pays en 1985 est restée stable ces dernières années, le défi consiste à faire progresser la riposte multisectorielle et à renforcer le travail coordonné avec les communautés.  Au Paraguay, a indiqué le Ministre, cette action est menée par le Ministère de la santé publique et de la protection sociale, grâce au Programme national de lutte contre le VIH/sida aligné sur l’engagement à mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.  Parallèlement, a-t-il ajouté, le pays se joint aux efforts mondiaux dans le cadre de la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 et s’emploie à faire avancer des projets sociaux et solidaires centrés sur les groupes à risque.  À cet égard, le Paraguay met l’accent sur l’information et l’éducation, qui sont des éléments essentiels pour parvenir à la pleine réalisation du droit de chacun à la santé physique et mentale.

Exprimant sa préoccupation face à l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la lutte contre le VIH/sida et d’autres maladies transmissibles et non transmissibles, avec des effets exacerbés pour les populations vulnérables, le Ministre a jugé qu’une approche de solidarité mondiale et de responsabilité partagée stimulera l’action et générera une réduction significative des nouvelles infections et des décès liés au sida.  En conclusion, il a appelé les États, le système des Nations Unies et les organisations régionales, ainsi que le secteur privé, la société civile et le monde universitaire, à réorienter leurs actions pour renforcer la riposte et mettre fin à cette épidémie.

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a considéré que la lutte contre le VIH/sida reste une priorité, comme en témoigne la loi n°5 adoptée par son pays, qui vise à mettre un terme à l’épidémie d’ici à 2030, tout en combattant les inégalités dans l’accès au dépistage et aux soins.  Il s’est félicité de l’ouverture récente de huit centres de dépistage supplémentaires, l’objectif de son gouvernement étant de centraliser les traitements antirétroviraux.  En dépit de ces avancées, nous sommes conscients du chemin qu’il reste à faire pour éliminer le VIH/sida, a reconnu le Président.  Aussi, s’est-il félicité de la volonté affichée de redoubler d’efforts au niveau international pour y parvenir.  La détermination avec laquelle les États se sont attaqués à la COVID-19, « eh bien, nous devrions la faire nôtre lorsqu’il s’agit de venir à bout du VIH/sida », a-t-il ajouté en conclusion.

M. DAG-INGE ULSTEIN, Ministre du développement international de la Norvège, a fait observer que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités de par le monde, les rendant plus visibles.  Ce sont malheureusement les plus vulnérables qui sont les plus durement touchés.  La pandémie a compliqué la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et en même temps, elle nous a montré qu’il nous faut redoubler d’efforts pour les atteindre, notamment en matière de lutte contre le VIH/sida.  Nous savons, a dit le Ministre, ce qu’il faut faire.  En effet, a-t-il poursuivi, ce qui était jadis une peine de mort, ne l’est plus aujourd’hui, pour autant que les conditions soient réunies.  Le coronavirus, le VIH et d’autres maladies prospèrent sur les inégalités, c’est pourquoi, il a appuyé pour finir, la Déclaration politique 2021-2026.

M. DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et des sports du Liechtenstein, a estimé que la riposte au VIH/sida est une véritable réussite du multilatéralisme et de la solidarité internationale, dont les Nations Unies sont le fer de lance.  Depuis la première session extraordinaire, il y a 20 ans, nous avons intensifié l’action collective, avec des résultats tout à fait remarquables: les décès liés au sida ont diminué de 60% depuis le pic de 2004 et le nombre des nouvelles infections par an a diminué de plus d’un tiers depuis 2001.  Mais ces chiffres montrent aussi clairement que beaucoup trop de personnes continuent de succomber à une mort évitable et d’être infectées.

Le VIH/sida continue d’avoir des effets sanitaires et socioéconomiques de grande ampleur et s’accompagne d’une stigmatisation et d’une discrimination des personnes touchées et des personnes à risque.  La pandémie du COVID-19 a exacerbé la situation.  Les inégalités, a reconnu le Ministre, entravent les progrès dans la lutte contre le VIH/sida.  Il a dit voir dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 tous les outils nécessaires et a appelé à l’accélération de sa mise en œuvre.  Les conseils et le leadership de l’ONUSIDA sont essentiels pour l’action collective, tout comme le travail du Fonds mondial contre le VIH/sida et les organisations de la société civile concernées.  Le Ministre a rappelé que depuis 2007, son pays a versé un total de 335 000 francs suisses à l’ONUSIDA, et entend poursuivre son soutien. 

Mme MARIA AMELIA FLORES GONZÁLEZ, Ministre de la santé et de la protection sociale du Guatemala, a souhaité que l’adoption de la Déclaration politique permette d’accélérer la réalisation de l’objectif 3 de développement durable sur la santé et le bien-être.  Elle a indiqué que son Ministère s’efforce de mettre en œuvre la loi générale sur la lutte contre le VIH/sida, qui met l’accent sur l’éducation, la surveillance épidémiologique, la recherche, le suivi des dossiers et la protection des droits des personnes touchées par cette maladie.  En 2020, a-t-elle précisé, le Guatemala a enregistré une incidence de 0,05 pour 1 000 et un total de 1 606 nouveaux cas positifs. 

Grâce au programme national de prévention et de lutte contre le VIH/sida et les infections sexuellement transmissibles, toutes les personnes diagnostiquées bénéficient d’une prise en charge et de la fourniture de médicaments, a assuré la Ministre, selon laquelle les autorités travaillent également avec la société civile pour générer une participation inclusive et ne laisser personne de côté.  Les peuples autochtones, les populations clefs, les personnes vivant avec le VIH ou à risque sont des acteurs importants pour assurer la durabilité de la riposte et contribuer aux actions menées avec le soutien de la communauté internationale, a souligné Mme Flores. 

Nous sommes le seul pays d’Asie centrale où le traitement du VIH est entièrement pris en charge par l’État, a affirmé M. ALEXEY TSOY, Ministre de la santé du Kazakhstan, précisant que grâce à un accès universel au dépistage et au traitement, 83% des patients séropositifs connaissent aujourd’hui leur statut.  Nous avons ainsi obtenu des succès remarquables dans l’arrêt de la transmission verticale du VIH de la mère à l’enfant, non seulement par rapport à la région d’Asie centrale, mais aussi au niveau mondial, s’est enorgueilli le Ministre.  Grâce aux efforts continus de prévention, la prévalence reste à un niveau relativement faible de 0,2%, ce qui est nettement inférieur à la moyenne dans les pays d’Europe orientale et d’Asie centrale.

Pour lui, la Déclaration politique 2021-2026 doit être considérée non seulement comme un document qui traite des lacunes et des insuffisances actuelles, mais aussi comme un outil permettant de créer de nouvelles opportunités de lutte contre l’épidémie de VIH/sida tant au niveau national qu’international.  Le Ministre a réaffirmé la volonté du Kazakhstan de mettre en œuvre les objectifs adoptés par la communauté mondiale et son engagement à être un partenaire de confiance dans l’action multilatérale.

Mme ANAHIT AVANESYAN, Ministre de la santé par intérim de l’Arménie, a indiqué que la Déclaration politique souligne la nécessité d’approches et de mesures clefs afin de prévenir la menace posée par le VIH/sida et d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.  Très peu de pays ont été en mesure d’atteindre, même partiellement, les objectifs contenus dans la précédente Déclaration.  La Ministre a indiqué que, si la pandémie de COVID-19 a submergé les systèmes de santé, elle a aussi mis en lumière la flexibilité et l’utilité de la réponse apportée au virus du VIH/sida.  Le système de santé, qui avait été créé pour répondre au virus du VIH/sida, a été largement mis à profit pour répondre à la pandémie de COVID-19.  Enfin, la Ministre a souligné l’importance de maintenir la lutte contre le VIH/sida en haut de l’ordre du jour international et d’assurer un financement suffisant, malgré les pertes financières considérables causées par la pandémie de COVID-19.

M. FRANCISCO T. DUQUE III, Secrétaire d’État à la santé des Philippines, a déclaré que son pays s’est doté de mécanismes visant à faciliter l’accès des populations vulnérables aux traitements et à des soins intégrés, que le Gouvernement fournit dans le cadre d’une coopération avec des organismes internationaux comme l’ONUSIDA, et en partenariat avec les communautés locales.  Il s’agit également d’assurer la participation des personnes à risque aux stratégies multisectorielles, pour lesquelles les ressources suffisantes doivent être pleinement mobilisées, a ajouté M. Duque.

La Ministre des affaires étrangères et de la condition féminine de l’Australie, Mme MARISE PAYNE, a indiqué que son pays s’est associé à l’ONUSIDA pour mettre en œuvre un nouveau programme dans la région indo-pacifique sur le dépistage et la prévention auprès des populations clefs, complétant ses investissements « substantiels » dans le Fonds mondial, l’ONUSIDA et les programmes bilatéraux et de recherche.  La Ministre a insisté sur la santé et les droits sexuels et reproductifs dans la riposte au VIH, y compris l’accès des jeunes à une éducation sexuelle complète.  L’Australie, a dit la Ministre, a annoncé un nouvel investissement de 44 millions de dollars australiens pour répondre aux besoins urgents en matière d’informations sur la santé et les droits sexuels et reproductifs dans les communautés-cibles de la région indo-pacifique.

La route est longue, mais nous devons rester concentrés, a constaté la Ministre et la pandémie de COVID-19 n’a pas été le seul obstacle.  La Ministre a estimé, à son tour, que la fragilité des gains réalisés, exacerbée par les inégalités sont à l’origine des ratés.  Fière de son pays qui avec la Namibie a facilité les négociations sur la Déclaration politique, la Ministre a souligné les objectifs « ambitieux » du texte pour remettre la riposte sur les rails.  « Nous savons ce qui fonctionne: des partenariats entre les gouvernements, les communautés affectées, les chercheurs et les cliniciens, ainsi que des programmes fondés sur des preuves ciblant les populations clefs », a-t-elle déclaré.  En Australie, cette approche a permis d’avoir le plus faible nombre de nouvelles infections en 20 ans.  Avant de conclure, la Ministre a encouragé les États Membres à tirer parti de cette réunion pour galvaniser tous les efforts, à savoir ceux des gouvernements, des organisations internationales, de la société civile et des communautés affectées, pour mettre fin au sida d’ici à 2030.

M. MOULY IENG, Ministre d’État et Président de l’Autorité nationale de lutte contre le sida du Cambodge, a insisté sur la détermination de son pays à parvenir à la cible 95-95-95 d’ici à 2025.  Le Cambodge est l’un des sept pays au monde à avoir atteint la cible 90-90-90 en 2017, a-t-il dit, en insistant sur l’importance des partenariats avec les organisations de la société civile.  Il a néanmoins déclaré que son pays ne sera pas en mesure de réduire le nombre des nouvelles infections selon les cibles fixées pour 2025, l’insuffisance des ressources financières entravant l’accès aux traitements les plus novateurs des populations les plus vulnérables.  La pandémie de COVID-19 a créé de nouveaux obstacles en termes de financement, a souligné M. Ieng qui a tout de même indiqué que son pays entend prendre d’ici les cinq prochaines années, des actions urgentes, dans le cadre d’une réponse nationale coordonnée s’appuyant sur la solidarité internationale en vue de mettre pleinement en œuvre les engagements contenus dans la Déclaration politique.  Enfin, il a exhorté les pays développés à « ajuster » leur aide publique au développement (APD).

M. KWAKU AGYEMAN MANU, Ministre de la santé du Ghana, a indiqué que depuis la Déclaration politique de 2016, son pays a déployé des efforts considérables pour lutter contre les épidémies.  Le Ghana a adopté une nouvelle loi et autres instruments législatifs, alors que la Commission nationale contre le VIH/sida a collaboré avec d’autres partenaires pour élaborer une stratégie des droits de l’homme visant à protéger les droits des personnes vivant avec le VIH et des personnes à haut risque et à lutter contre les inégalités et les obstacles sur la voie de la lutte contre le VIH et la tuberculose.  En outre, a poursuivi le Ministre, au début de l’année, le Gouvernement a signé un accord de 204 millions de dollars US avec le Fonds mondial pour soutenir les interventions en matière de VIH, de paludisme et de tuberculose.  Un montant supplémentaire de 34 millions de dollars a été reçu pour améliorer la riposte contre la COVID-19.  Le Ministre a souligné que dans le cadre de la position africaine commune sur l’amélioration de la production et de l’utilisation des produits de santé, son gouvernement continuera à investir dans la fabrication locale des vaccins, des diagnostics et des antirétroviraux. 

Mme SIGRID KAAG, Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays Bas, a rappelé que 38 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde et que les inégalités croisées sont souvent au cœur de l’infection, dont la stigmatisation, la discrimination et même la criminalisation.  « Tous ces éléments excluent les personnes des tests et des traitements vitaux dont elles ont besoin », a-t-elle souligné.  Après 40 ans de riposte, nous savons ce qui fonctionne, a dit Mme Sigrid Kaag en mettant l’accent sur la nécessité de respecter les droits de l’homme.  Elle parlé en particulier des adolescentes et des jeunes femmes, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des professionnel(le)s du sexe, des personnes qui consomment de la drogue, des personnes transgenres et des prisonniers qui paient le prix le plus élevé de l’échec collectif à arrêter la propagation du VIH.  Elle a précisé que dans son pays, les groupes à haut risque bénéficient d’un accès gratuit aux soins de santé sexuelle et reproductive. 

La Ministre a salué la nouvelle Stratégie mondiale qui selon elle, contribuera à remettre la riposte au VIH/sida sur les rails.  Se félicitant que les pays d’Afrique orientale et australe montrent la voie, elle a expliqué que, dans ces régions, un leadership politique constructif, une société civile active et des réponses communautaires ont permis une baisse de 38% des nouvelles infections.

M. WENDY MORTON, Sous-secrétaire d’État parlementaire au Voisinage européen et aux Amériques du Royaume-Uni, s’est félicité de la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida, attirant l’attention sur les contributions substantielles que son pays a versées à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et au Fonds mondial.  Il a annoncé une autre contribution de 7 millions de livres sterling au « Fonds Robert Carr », pour les trois prochaines années.  Cette somme, a-t-il expliqué, sera utilisée pour soutenir les réseaux de la société civile et défendre les droits des populations mal desservies.  Pour le représentant, l’un des principaux obstacles à l’éradication du sida est le manque de volonté politique dans la promotion des droits des femmes, des adolescents, des personnes LGBTQ et des minorités.  Il en va du sida comme du COVID-19, a-t-il martelé.  Il a appelé à s’appuyer sur les données de la santé publique pour protéger et responsabiliser les personnes les plus marginalisées.  Le Royaume-Uni, a-t-il ajouté, est un fervent défenseur de la santé et des droits sexuels et reproductifs et il continuera d’utiliser « sa voix sur la scène mondiale » pour l’égalité des sexes et les droits de l’homme.  Personne, a conclu le représentant, ne doit être laissé pour compte.  C’est un devoir moral, une nécessité de santé publique et le seul moyen de mettre fin à l’épidémie de sida une fois pour toutes.  

M. MIKHAIL MURASHKO, Ministre de la santé de la Fédération de Russie, a affirmé que son pays adhère à l’objectif mondial 95-95-95 de lutte contre le VIH.  Soulignant la responsabilité sociale et financière des États pour garantir la santé de ses citoyens, il a jugé que la redistribution actuelle des finances associée à la pandémie de COVID-19 ne devrait pas affecter la mise en œuvre des mesures visant à lutter contre la propagation du VIH.  Dans ce contexte, a-t-il indiqué, la Fédération de Russie a adopté une nouvelle stratégie nationale contre le VIH qui court jusqu’en 2030.  Grâce aux financements de l’État, elle prévoit de combiner systématiquement les efforts de dépistage et de prévention avec la fourniture de traitements et de médicaments antirétroviraux gratuits, sans oublier le soutien social.

Ces quatre dernières années, s’est félicité le Ministre, la Fédération de Russie a réussi à réduire de plus de 26 000 le nombre des nouveaux cas de VIH, grâce à la collaboration des ONG.  Le pays a en outre accru ses tests de dépistage, développé les traitements antirétroviraux et pratiquement éliminé la transmission verticale du VIH.  Affirmant que les progrès de la science font partie intégrante de la riposte au VIH, M. Murashko a rappelé que Moscou accueille actuellement une Conférence scientifique sur les défis liés à cette épidémie, avec la participation d’experts internationaux de haut niveau.  Il a d’autre part réaffirmé que son pays accorde une grande importance à la coopération internationale, comme en atteste son financement, depuis 2013, du Programme d’assistance technique à l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.  « Ce n’est que grâce à des efforts conjoints, mais en tenant compte des contextes nationaux, que nous pourrons mettre fin au sida », a-t-il dit.

M. JOSÉ ANGEL PORTAL MIRANDA, Ministre de la santé de Cuba, a déclaré que, 20 ans après la Déclaration d’engagement pour la lutte contre le VIH/SIDA, les inégalités d’accès à la santé non seulement persistent, mais s’aggravent dans de nombreux pays.  À ce scénario injuste, est venu s’ajouter l’impact négatif de la pandémie causée par la COVID-19, qui influence négativement la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Cuba, a affirmé son représentant, envisage depuis toujours une riposte au VIH centrée sur les personnes et le système de santé publique, et avec une participation de tous les secteurs et des populations clefs, et une réponse aux besoins spécifiques de chaque groupe.  Dans notre pays, la mortalité liée au sida diminue progressivement et l’incidence de la maladie montre une tendance à la stabilisation.  L’un des indicateurs positifs est que les moins de 15 ans ne sont pratiquement pas touchés par cette épidémie, s’est félicité le représentant.  En 2015, puis à nouveau en 2017 et 2019, a-t-il rappelé, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a accordé à Cuba le statut de premier pays au monde à avoir éliminé la transmission mère-enfant pour le VIH et la syphilis.

Parmi les nombreuses actions menées à Cuba, le représentant a souligné la mise en place d’un programme de prévention, de diagnostic et de traitement antirétroviraux.  Environ deux millions de tests sérologiques sont effectués chaque année avec une couverture de dépistage et de traitement qui dépasse les 99% pour les femmes enceintes.  En outre, a-t-il ajouté, nous avons fait des progrès soutenus dans la sensibilisation aux stéréotypes de genre et aux schémas sexistes.  Aujourd’hui, il y a parmi notre population plus de compréhension et d’acceptation de la diversité sexuelle et des personnes qui vivent avec le VIH, a assuré le Ministre.

M. KHALID AIT TALEB, Ministre de la santé du Maroc, a assuré que son pays est mobilisé en faveur de la lutte contre le sida depuis le début de l’épidémie, avec une culture de partenariat entre les départements gouvernementaux et les organisations de la société civile, bénéficiant d’un engagement politique au plus haut niveau.  Il a notamment cité l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) pour lutter contre l’exclusion sociale et la précarité; le Nouveau modèle de développement du Maroc récemment lancé, visant à réduire les inégalités; et l’extension de la protection sociale en cours, pour ne laisser personne à la traîne, convergeant notamment vers la couverture sanitaire universelle dans le cadre de la réforme profonde du système de santé. 

Dans le contexte particulier lié à la riposte contre la pandémie de COVID-19, a poursuivi M. Taleb, le Maroc a consenti d’importants efforts pour en atténuer l’impact sur les programmes nationaux de santé en général, et sur celui de la lutte contre le sida en particulier, en instaurant des mesures exceptionnelles pour assurer la continuité des services de prévention et de traitement, ainsi que pour réduire l’impact psychologique, économique et social sur les personnes vivant avec le VIH.  Il s’est dit fier d’annoncer que le nombre des nouvelles infections VIH et de décès liés au sida au Maroc a diminué de 50% depuis 2010.  « Le pourcentage des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut sérologique a atteint 81% et la couverture par le traitement ARV est de 76%, depuis 2019, dans notre pays », s’est enorgueilli le Ministre. 

M. MARCELO QUEIROGA, Ministre de la santé du Brésil, a déclaré que les engagements internationaux ont porté leurs fruits pour faire baisser la transmission du VIH, même si les taux de prévalence à travers le monde restent beaucoup trop élevés.  Malgré le fardeau de la pandémie de COVID-19, a-t-il relevé, le Brésil continue de fournir des soins aux personnes vivant avec le VIH, le Gouvernement ayant l’ambition de permettre à au moins 40 000 personnes supplémentaires d’ici à la fin de l’année d’avoir accès aux traitements antirétroviraux, dont une grande partie sont fabriqués dans le pays.  « Il reste encore énormément à faire pour en finir avec le sida, mais nous nous rapprochons de notre objectif », a assuré le Ministre.

La Ministre de la santé du Nicaragua, a indiqué que son pays enregistre une épidémie de VIH/sida de type concentré, avec une prévalence supérieure à 5% chez les populations clefs.  Pour y faire face, la Commission nicaraguayenne du sida, qui articule la riposte, s’appuie sur la loi pour la promotion, la protection et la défense des droits de l’homme, la loi pour la prévention et les soins face au VIH/sida ainsi que sur le plan stratégique de réponse nationale aux maladies sexuellement transmissibles et au VIH.  Dans ce cadre, a-t-elle précisé, l’accent est mis sur la défense des droits des personnes vivant avec le VIH, la qualité de la prise en charge et les prestations de soins gratuites.

Grâce à un réseau de 84 cliniques de traitement complet du VIH, le pays met également en œuvre une politique de prévention tout en proposant des tests de dépistage aux populations clefs et en renforçant la surveillance épidémiologique.  S’agissant du processus de soins, la Ministre a noté que les efforts nationaux portent sur la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis congénitale, la surveillance des enfants exposés, la riposte à la pandémie de COVID-19 et l’implication des personnes séropositives et vivant avec le VIH.  De plus, a-t-elle ajouté, le personnel de santé fournit en permanence des conseils sur les traitements et les moyens de se prémunir.

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