Soixante-quinzième session,
88e séance - après-midi
AG/12343

L’Assemblée générale adopte la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, « schéma partagé de collaboration »

Ce qui a commencé en 2006 avec un texte d’une page a pris de l’ampleur et est devenu un document exhaustif de 166 paragraphes de fond, s’est réjoui le groupe CANZ, devant la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies que l’Assemblée générale a adoptée aujourd’hui par consensus.*  

Cofacilitatrice des négociations, l’Espagne a dûment rappelé que ce septième texte sur « le schéma partagé de collaboration » intervient pendant une année marquée par le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.  Sur ses 166 paragraphes, plus de 50 sont nouveaux.  De nouvelles questions ont été prises en compte mais il faut espérer, a avoué l’Espagne, que certaines des propositions « innovantes », qui n’ont pas pu être adoptées cette année, le seront à l’avenir.

Dans sa résolution, l’Assemblée juge important que la Stratégie et ses trois piliers restent d’actualité, compte tenu des menaces émergentes que représente la multiplication des attaques terroristes fondées sur la xénophobie, le racisme et d’autres formes d’intolérance, ou commises au nom de la religion ou des convictions.  L’Assemblée se dit tout de même consciente que Daech, Al-Qaida et leurs affiliés continuent de représenter « un défi de taille » et encourage les États à tenir compte du régime de sanctions établi par les résolutions du Conseil de sécurité. 

Le Bureau de lutte contre le terrorisme est félicité pour ses efforts visant à mieux rendre compte de son action et à gagner en transparence et en efficacité, en renforçant la coopération entre les entités du Pacte mondial de coordination de la lutte contre le terrorisme.  L’Assemblée a souligné la nécessité de doter le Bureau de moyens et de ressources suffisantes.  Elle demande au Secrétaire général de l’ONU d’évaluer la nécessité de mieux intégrer l’état de droit, les droits humains et l’égalité des genres dans les actions menées contre le terrorisme par le système des Nations Unies, y compris la nécessité de moyens consultatifs ou en matière de suivi et d’évaluation.

Aux États Membres, l’Assemblée demande d’utiliser efficacement les bases de données, outils d’analyse et autres instruments fournis par INTERPOL, afin de renforcer les enquêtes et procédures pénales.  Si l’action menée contre le terrorisme, avertit-elle, fait fi de l’état de droit et viole le droit international, elle trahit non seulement les valeurs qu’elle prétend défendre, mais elle risque aussi d’attiser le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme. 

L’Assemblée se félicite par ailleurs de l’initiative du Secrétaire général de convoquer le premier Congrès mondial des victimes du terrorisme.  Elle demande d’ailleurs à tous les États de mettre en évidence le rôle important des femmes dans la lutte contre le terrorisme, tout en empêchant leur instrumentalisation.  Elle les exhorte aussi à intégrer dans les programmes concernés une analyse des facteurs de radicalisation conduisant au terrorisme axée sur les femmes, et à étudier les incidences spécifiques des stratégies de lutte contre le terrorisme sur les femmes et les organisations féminines.  Ces dernières, souligne l’Assemblée générale, doivent être consultées davantage pour l’élaboration des stratégies contre le terrorisme.

Préoccupée par l’usage croissant que font les terroristes des technologies de l’information et des communications, en particulier Internet et d’autres médias, l’Assemblée appelle les États Membres, les organisations internationales, régionales et sous-régionales, le secteur privé et la société civile, à s’attaquer à ce problème.  Elle se dit tout aussi préoccupée par le risque que des technologies nouvelles et émergentes soient utilisées à des fins terroristes, telles que l’intelligence artificielle, l’impression 3D, les actifs virtuels, les systèmes de drones aériens, ainsi que l’armement des drones commerciaux.  

Israël a rejeté un alinéa du préambule qui réaffirme la détermination des États de tout faire pour, entre autres, mettre fin à l’occupation étrangère.  Rien ne justifie le terrorisme, dont le meurtre de sang froid de civils, a martelé Israël, soutenu par les États-Unis.  Ces derniers ont aussi critiqué des dispositions qui parlent de la nécessité de faire en sorte que les législations antiterroristes n’entravent pas l’aide humanitaire, « même si les terroristes en bénéficient ».  Ils se sont aussi élevés contre les références à un soi-disant « principe d’extradition et de poursuite ».  Les obligations en la matière, ont-ils argué, découlent des traités multilatéraux spécifiques.

À son tour, la Fédération de Russie s’en est prise à une résolution qui ne dit rien sur les obstacles à une coopération multilatérale efficace et sur la nécessité d’améliorer les cadres juridiques internationaux.  La résolution, a-t-elle aussi dénoncé, a été étoffée de « mises en garde » sur les droits de l’homme, résultat d’un processus de négociation qui a tenté de « réduire au silence » certains groupes de délégations, tout en promouvant « ouvertement » d’autres priorités nationales et régionales.  Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), l’Arabie saoudite s’est quant à elle félicitée de ce que la résolution parle de Daech et non plus d’un prétendu « État islamique d’Iraq et du Levant ». 

L’Assemblée générale a terminé sa journée en adoptant les recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires dont un budget de 6,3 milliards de dollars pour les 12 opérations de paix des Nations Unies pour l’exercice 2021-2022.**  Comme à la Commission, la seule résolution mise aux voix a été celle sur la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), adoptée par 133 voix pour et l’opposition du Canada, des États-Unis et d’Israël.

L’Assemblée générale achèvera son débat sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, mardi 6 juillet, à partir de 15 heures.

* A/75/L.105
** AG/AB/4368  

STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES

Adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste (A/75/L.105)

Israël s’est dit déçu de l’alinéa 43 du préambule qui dit « réaffirmant la détermination des États Membres à continuer de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour résoudre les conflits, mettre fin à l’occupation étrangère, lutter contre l’oppression, éliminer la pauvreté, favoriser une croissance économique soutenue, le développement durable, la prospérité mondiale, la bonne gouvernance, les droits humains pour tous ainsi que l’état de droit, améliorer la compréhension entre les cultures et assurer le respect de toutes les religions, valeurs religieuses, croyances et cultures ».  Il ne peut y avoir d’excuse au terrorisme, y compris le meurtre de sang froid de civils, a martelé Israël. 

Au nom du Bélarus, de la Chine, de Cuba, de l’Iran, du Nicaragua, de la Syrie, du Venezuela et du Zimbabwe, la Fédération de Russie s’est dite guidée par la nécessité de continuer à construire un front uni contre le terrorisme sur la base du respect mutuel, du rejet de la « politique des deux poids, deux mesures » et des agendas cachés et de l’attachement à la Charte des Nations Unies.  Malheureusement, a-t-elle ajouté, le processus d’examen n’a pas été à la hauteur des idéaux et des attentes de tous les États Membres.  

La Fédération de Russie a reproché à la résolution d’ignorer certaines des questions les plus pressantes telles que les obstacles à une coopération multilatérale efficace et la nécessité d’améliorer les cadres juridiques internationaux.  La résolution, a-t-elle critiqué, a été étoffée d’une manière disproportionnelle par des mises en garde relatives aux droits de l’homme.  Or, les partisans de ces libellés ont pris soin de dissimuler leurs propres manquements et, dans certains cas, leurs violations de ces droits.  La résolution, a-t-elle poursuivi, met l’accent sur la nécessité de traiter les détenus « avec humanité » mais ne dénonce en rien les cas de torture dans des « prisons secrètes ».  Le processus de négociation, a-t-elle déploré, a rendu difficile la prise en compte de toutes les positions et surtout les différentes réalités sur le terrain.  Toute tentative de réduire au silence certaines délégations ou même certains groupes, tout en promouvant ouvertement d’autres priorités nationales et régionales, est absolument incompatible avec le principe d’impartialité, a protesté la Fédération de Russie. 

Cofacilitateur des négociations sur la résolution, avec l’Espagne, Oman a salué le consensus sur un document « satisfaisant » qui répond aux préoccupations de tous et fixe un cap pour l’avenir.  Nous avons, a-t-il rappelé, écouté la société civile et les experts qui ont effectivement « enrichi les débats ».  La lutte contre le terrorisme, qui n’a ni religion ni culture, nécessite une coopération internationale et l’abandon des politiques de deux poids, deux mesures, a-t-il souligné, insistant sur le fait que la responsabilité première en la matière incombe aux États et que la lutte doit se faire dans le respect des droits des minorités, des femmes, des enfants et plus généralement, des droits de l’homme.

L’autre Cofacilitateur, l’Espagne, a expliqué que l’objectif était d’évaluer la mise en œuvre du sixième examen de la Stratégie, tout en tenant compte d’une année marquée par le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.  À son tour, elle a insisté sur la coopération, en se félicitant d’une Stratégie qui est un instrument essentiel dans la mesure où elle fournit un « schéma de collaboration partagée ».  De même, a-t-elle ajouté, il est nécessaire de s’adapter aux transformations du phénomène terroriste, ce qui explique le caractère évolutif de la Stratégie, qui est corrigée et affinée à chaque examen.  

Malgré les difficultés imposées par la pandémie de COVID-19, qui avait déjà retardé cet examen d’un an, nous avons mené, a indiqué l’Espagne, plus de 50 consultations informelles en cinq mois qui se sont ajoutées aux 45 réunions précédentes avec des États Membres, des groupes régionaux et des entités de ONU, aux séminaires tenus avec des spécialistes et des universitaires, ainsi qu’à l’interaction continue avec la société civile.  Grâce au travail partagé durant ces mois, la résolution sur le septième examen de la Stratégie mondiale a pu être adoptée aujourd’hui par cette Assemblée.  L’Espagne a évoqué l’aspect qualitatif de cet effort: le texte comprend cette fois 166 paragraphes, dont plus de 50 nouveaux.  Mais, à ses yeux, l’essentiel a été de maintenir le consensus afin d’envoyer « un message d’unité » contre le terrorisme. 

Tout en se réjouissant que de nouvelles questions aient été prises en compte, elle a espéré que certaines des propositions innovantes, qui n’ont pas pu être adoptées, puissent l’être à l’avenir et intégrées dans les prochaines résolutions.  Parmi les problèmes traités, l’Espagne a cité l’évolution du paradigme de la lutte contre le terrorisme.  En effet, a-t-elle relevé, la menace de Daech et d’Al-Qaida persiste.  Bien que ces groupes n’aient plus l’influence qui était la leur au Moyen-Orient, il y a trois ans, des organisations affiliées continuent d’étendre leurs actions en Europe, en Asie et surtout en Afrique.  Nous sommes également préoccupés par les nouvelles menaces terroristes aux racines idéologiques et politiques différentes, alimentées dans certains cas par le racisme et le suprématisme, a-t-elle indiqué, jugeant important de traiter tous les types de terrorisme, avec un suivi attentif de leur évolution.

Dans ce cadre, l’Espagne a salué la croissance institutionnelle du Bureau de lutte contre le terrorisme, y voyant « l’une des nouvelles positives de ces dernières années dans le domaine du multilatéralisme ».  Elle a d’autre part noté que l’accent a été mis sur le suivi et l’évaluation dans l’application des principes et valeurs de la Charte, sur la base de méthodologies et d’outils scientifiques.  La résolution, a encore précisé l’Espagne, place le droit international au centre de la Stratégie, en particulier le droit international humanitaire et les droits de l’homme, a-t-elle précisé.  Elle a aussi attiré l’attention sur la visibilité donnée aux victimes du terrorisme, avec un projet de congrès mondial, au rôle des femmes et de leurs organisations comme pilier essentiel de la lutte contre le terrorisme et à la contribution indispensable de la société civile.  Enfin, a conclu l’Espagne, la résolution a examiné attentivement la manière de traiter l’utilisation par les terroristes des nouvelles technologies pour leurs agissements criminels. 

Débat général

M. SILVIO GONZATO, représentant de l’Union européenne a estimé que la résolution est adaptée aux défis actuels du terrorisme.  Il a insisté en la matière sur l’égalité, les droits de l’homme et l’état de droit, comme fondement de la lutte contre le terrorisme.  La résolution, a-t-il dit, représente un consensus âprement gagné.  Il a salué l’accent mis sur le rôle des femmes, de la société civile et du secteur privé et en a profité pour accuser certains États de se servir de la lutte contre le terrorisme pour réduire au silence les voix dissidentes et les défenseurs des droits de l’homme.  Il a aussi salué le fait que la résolution dénonce l’extrémisme violent sous toutes ses formes, la manipulation par les groupes terroristes des technologies et le risque que ces derniers accèdent aux armes.  Après avoir insisté sur l’importance d’avoir des structures de contre-pouvoir « indépendants et crédibles » dans les institutions nationales de lutte contre le terrorisme, il a décrié le manque de financement du Bureau de lutte contre le terrorisme et plaidé pour une meilleure interaction de ce dernier et le Pacte mondial de coordination contre le terrorisme. 

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a regretté les nombreuses modifications apportées à l’avant-projet qui ont, selon lui, compliqué les négociations et perturbé l’équilibre entre les quatre piliers de la Stratégie.  Après avoir mis l’accent sur une approche fondée sur le respect des droits de la personne et souligné que le terrorisme ne peut être associé à aucune religion, civilisation, ou groupe ethnique, le représentant a insisté sur le fait que l’organisation terroriste autoproclamée « État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) » n’est ni un État ni islamique.  Ce groupe ne mérite que le nom de « Daech », rien d’autre, a-t-il martelé.

Au nom du groupe CANZCanada, Australie, Nouvelle-Zélande-, M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a reconnu que la nature de la menace terroriste évolue et qu’il incombe aux États de s’y adapter.  Constatant que les nouvelles technologies et les réseaux sociaux peuvent être exploités à des fins terroristes alors que les griefs et l’intolérance continuent d’alimenter les menaces terroristes, M. Hawke a ajouté que la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’aggraver les inégalités et l’isolement, ouvrant de nouvelles voies aux terroristes pour se radicaliser.  Il a plaidé pour une réponse collective, une réponse qui ne saurait être isolée des autres priorités exclusivement sécuritaires.  La meilleure défense contre le terrorisme, s’est-il expliqué, est une société résiliente et inclusive où les individus se sentent en sécurité et où les idéologies extrémistes violentes ne peuvent prospérer.  Il a mis en garde contre que les mesures antiterroristes qui ne protègent pas le tissu social, en amenuisant la protection des droits de l’homme, en combattant la diversité dans les communautés et en ignorant l’équilibre nécessaire entre sécurité et libertés fondamentales.

Le représentant a salué les mises à jour importantes de la résolution qui, a-t-il dit, a un langage « plus nuancé » sur l’importance de protéger les droits de l’homme.  Avec les menaces multiformes du terrorisme aujourd’hui, l’engagement avec toutes les parties prenantes en tant que véritables partenaires, y compris la société civile, le secteur privé et les groupes religieux, reste essentiel.  Il était donc important, s’est félicité le représentant, de le dire dans la résolution.  Ce qui a commencé en 2006 avec trois paragraphes opérationnels, a pris de l’ampleur, s’est-il-réjoui, devant une résolution de 166 paragraphes de fond.  En tant que donateurs de fonds extrabudgétaires, les pays du groupe CANZ, a conclu le représentant, s’inquiètent que certains s’opposent à l’inclusion dans la résolution, d’un appel à la transparence et à l’amélioration du suivi et de l’évaluation des efforts.  

Au nom du groupe MIKTA -Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie-, M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a convenu de la difficulté de dégager un consensus avec 193 États aux contextes géographiques, politiques, sociaux et économiques différents et aux préoccupations sécuritaires divergentes.  Notre groupe, s’est-il enorgueilli, se compose de pays différents géographiquement, culturellement, historiquement et religieusement.  Pourtant, les valeurs partagées et la volonté d’identifier des intérêts communs lui permettent non seulement de surmonter les problèmes éventuels que ces différences peuvent créer, mais aussi d’utiliser cette diversité pour l’intérêt général.

Malgré tous les efforts de la communauté internationale, la menace du terrorisme persiste et aucun pays ni aucune région n’est à l’abri.  Avec l’émergence de la pandémie de COVID-19, les organisations terroristes ont accéléré leurs efforts pour diffuser leur propagande hors ligne et en ligne, et radicaliser les jeunes et autres segments de la société.  Face à cette menace qui se complexifie, a estimé le représentant, la communauté internationale doit agir « avec détermination et ingéniosité ».  Le représentant a souligné la nécessité d’une approche globale qui s’appuierait non seulement sur des mesures essentielles de lutte contre le terrorisme fondées sur la sécurité, mais aussi sur des mesures de prévention systématiques et d’autres axées sur le respect de la personne et l’état de droit. 

Le terrorisme et l’extrémisme violent ne peuvent et ne doivent pas être associés à une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique.  Le groupe MIKTA, a souligné le représentant, est convaincu que ce n’est qu’à travers une action concertée aux niveaux mondial et régional, et dans le respect du droit international, que l’on peut lutter efficacement contre le terrorisme.  Il a donc noté que la résolution tient dûment compte des références aux nouveaux défis et des menaces déjà identifiées, telles que les combattants terroristes étrangers, le financement du terrorisme, les discours terroristes et l’exploitation des technologies à des fins terroristes.  Enfin, il a salué l’ajout d’un libellé supplémentaire sur les victimes du terrorisme et ainsi que ceux sur le rôle de la société civile, des jeunes et acteurs locaux.  

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a fait observer que le monde a changé depuis 2018, quand l’Assemblée générale a examiné la Stratégie pour la dernière fois.  La pandémie de COVID-19 a en effet modifié le paysage de la sécurité mondiale car avec les restrictions aux frontières, les terroristes ont déplacé leurs opérations dans le cyberespace « où ils crachent leur venin à un public en ligne captif ».  Il y a à peine quatre ans, a rappelé le représentant, une organisation terroriste inspirée de Daech a assiégé Marawi dans le sud du pays, une organisation qui avait des liens avec des groupes terroristes internationaux, pourvoyeurs de fonds, de combattants terroristes étrangers et de matériels.  Les Philippines, s’est enorgueilli le représentant, ont agi rapidement, en adoptant une stratégie nationale inspirée de celle des Nations Unies.  L’année dernière, nous avons voté la Loi antiterroriste.  Mais, a reconnu le représentant, les évènements de Marawi, avec ses éléments transnationaux, ont démontré la nécessité de la Stratégie mondiale et pour rester « un document vivant », évoluant avec le temps et les paradigmes changeants du terrorisme, et « un document réaliste et réactif » aux besoins des États Membres.  Le représentant s’est donc félicité des mises à jour « substantielles » de ce septième examen et du maintien des principes clefs.

M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne) a annoncé que la lutte contre le terrorisme sera l’une des priorités de la Pologne lorsqu’elle accèdera à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Le représentant a appelé à l’élargissement de la coopération internationale.  Il a aussi appelé à l’examen approfondi de la question de l’utilisation abusive des technologies, en particulier Internet et les médias sociaux, par les groupes terroristes.  Il faut également, a-t-il ajouté, examiner les moyens d’arrêter le recrutement et l’utilisation d’enfants par ces groupes.  Poursuivant, le représentant a plaidé pour la promotion de la solidarité internationale en faveur des victimes du terrorisme, en particulier leur accès à la justice et le renforcement de leur résilience.  Il a d’ailleurs salué l’intention du Secrétaire général de l’ONU de convoquer le premier Congrès mondial des Nations Unies sur les victimes du terrorisme. 

Il a par ailleurs appelé à la protection des minorités religieuses et à la compréhension mutuelle.  La Pologne, a fait observer le représentant, a été à l’origine de la Journée internationale de commémoration des victimes d’actes de violence fondés sur la religion ou la conviction.  Il s’est attardé sur la nécessité de renforcer la lutte contre le financement du terrorisme, avant d’appeler à la poursuite de la coopération internationale pour protéger l’aviation civile contre les attaques terroristes, conformément à la résolution 2309 (2016) du Conseil de sécurité.  Il faut, a-t-il conclu, promouvoir la mise en œuvre du Plan mondial de sûreté de l’aviation (GASeP) de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a reconnu que le processus de négociation a été « complexe et difficile ».  Ce n’est que par la coopération, une évaluation constante de la menace terroriste et le partage d’informations et de bonnes pratiques que nous pourrons commencer à progresser, a-t-elle professé.  Un cadre multilatéral, avec l’ONU en son centre, demeure essentiel pour prévenir et contrer la menace terroriste.  Prenant note des inquiétudes nées ces derniers jours quant à une possible résurgence des activités terroristes, une fois que les restrictions liées à la pandémie de COVID-19 seront levées, elle a conseillé « la vigilance ».  La représentante s’est félicitée de ce que la résolution mette un accent nouveau sur l’extrémisme violent.  Pour triompher de ce fléau, il faut associer les efforts nationaux à la coopération internationale, régionale et sous-régionale.  La représentante a insisté sur l’assistance technique et la mise à disposition des ressources adéquates pour le renforcement des capacités.  Après avoir fait part des efforts de l’Union africaine, elle a plaidé pour la création d’un centre régional de lutte contre le terrorisme pour la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Elle n’a pas oublié d’apporter son appui à la stratégie antiterroriste que les BRICS -Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud- ont adoptée en 2020, conformément à la Stratégie antiterroriste mondiale.

Bien que la menace du terrorisme soit faible en Jamaïque, les activités terroristes sont devenues plus étroitement liées au crime organisé, a expliqué Mme DENIESE AVA-LOU SEALEY (Jamaïque).  La lutte contre ces activités nécessite une collaboration internationale et régionale pour renforcer les systèmes nationaux d’alerte précoce, la résilience et la lutte contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent.  La représentante a reconnu que son pays a eu des difficultés avec l’un de ses ressortissants accusé, entre autres, d’avoir incité au terrorisme et facilité les voyages des combattants terroristes étrangers.  Elle a donc insisté sur le partage des informations et des renseignements pour détecter ces combattants.  Notre réponse antiterroriste, a-t-elle poursuivi, doit pouvoir s’appuyer sur une solide coopération, non seulement entre et parmi les acteurs publics nationaux, mais aussi avec les acteurs étrangers. 

Cette question est d’une telle importance que nous avons mis en place un mécanisme de coordination qui partage des informations en temps réel sur les menaces et les tendances émergentes, et évalue et surveille les progrès du pays et de la région dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Nous avons aussi, a ajouté la représentante, pris des mesures entre autres, pour assurer le respect des exigences du Groupe d’action financière (GAFI) contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  Par ailleurs, la législation sur l’immigration est amendée pour tenir compte des informations préalables sur les passagers (API) et des données des dossiers passagers (PNR).  Au niveau régional, la stratégie antiterroriste de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a été adoptée en février 2018, a encore indiqué la représentante.

M. PATRICK KENNEDY (États-Unis) s’est d’abord élevé contre l’idée que la résolution soit utilisée par certains pour critiquer « injustement ».  Nous ne pouvons, a-t-il dit, accepter la référence « controversée » à l’occupation étrangère dans l’alinéa 43 du préambule.  Nous nous dissocions, a dit le représentant, de cet alinéa car toutes les formes et manifestations du terrorisme sont « criminelles ou injustifiables ».  En revanche, le représentant a salué le libellé du paragraphe 60, tiré de la résolution 2462 (2019) du Conseil de sécurité, qui exhorte les États Membres à prendre en compte l’effet potentiel des mesures antiterroristes sur les activités humanitaires.  Mais, a-t-il dit, nous nous élevons contre la tentative de certains d’interpréter librement le libellé du paragraphe 109 relatif à la nécessité de faire en sorte que les législations antiterroristes n’entravent pas l’aide humanitaire, même si les terroristes en bénéficient.  Nous soutenons le rôle essentiel des acteurs humanitaires mais nous tenons à souligner qu’il n’existe aucune obligation, en vertu du droit international, de fournir une aide humanitaire aux terroristes, a martelé le représentant. 

Il s’est aussi dit « profondément préoccupé » par les références à un soi-disant « principe d’extradition ou de poursuite » dans les paragraphes 26 et 29 du dispositif.  Il s’agit là d’une mauvaise interprétation du droit international.  L’obligation d’extrader ou de poursuivre découle, a professé le représentant, des traités multilatéraux spécifiques, y compris les conventions internationales de lutte contre le terrorisme.  Défendre des propositions juridiques « incorrectes et ambiguës » dans cette résolution ne peut que nuire à l’entraide judiciaire qu’elle prétend promouvoir, a souligné le représentant.  Bien qu’il n’ait pas été possible de parvenir à un consensus sur un libellé qui englobe à la fois les notions de race et d’ethnicité, en tant que facteurs de l’extrémisme violent, le représentant a tout de même souligné le fait que la résolution parle d’un terrorisme et d’un extrémisme violent fondés sur des motivations racistes.

M. OSUGA TAKESHI (Japon) a commencé par rappeler qu’en mars dernier, son pays a présenté ses quatre priorités dans le cadre de l’examen de la Stratégie mondiale.  Nous disions alors, a-t-il dit, que l’ajout d’éléments en lien avec ces priorités rendrait la Stratégie plus adaptée aux besoins actuels.  Il s’est donc félicité que ses propositions aient été prises en considération dans la résolution adoptée aujourd’hui.  Le représentant a ensuite mis l’accent sur deux aspects essentiels à ses yeux et d’abord le cyberespace.  Pendant cette période de pandémie, la forte dépendance aux technologies a alimenté le terrorisme en ligne.  Il a rappelé qu’il y a deux ans, les dirigeants du G20 réunis à Osaka ont adopté une déclaration sur les risques de l’exploitation d’Internet à des fins terroristes ou d’extrémisme violent conduisant au terrorisme.  Dans le domaine des enquêtes sur les activités terroristes, leur financement, le « dark web » et la cryptomonnaie, le Japon, a-t-il dit, contribue aux efforts pour accéder aux informations en libre accès.  Le Japon apporte aussi une aide dans ce domaine aux pays d’Asie du Sud-Est. 

Le deuxième aspect essentiel, a poursuivi le représentant, est la sécurité maritime.  Pays insulaire, le Japon se félicite de l’ajout du paragraphe 64 du dispositif et salue l’appui dont il a bénéficié de la part de nombreux États Membres.  Mon pays, a-t-il souligné, a contribué à hauteur de 30 millions dollars au Programme mondial de lutte contre la criminalité maritime de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) afin de renforcer les capacités des pays d’Afrique et d’Asie.  « C’est en mettant en œuvre ce type de mesures concrètes que nous pourrons lutter efficacement contre le terrorisme », a-t-il conclu. 

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a salué l’importance de ce septième examen et a insisté sur l’importance de la coopération pour le renforcement des capacités nationales, selon les besoins spécifiques des États et conformément à leurs politiques nationales.  Le représentant de la Colombie a appelé à la rupture du lien entre terrorisme, trafic de drogue et criminalité transnationale organisée, comme l’exige la résolution 2195 (2014) du Conseil de sécurité.  Il a aussi appelé à intensifier la lutte contre le financement du terrorisme, en intensifiant l’échange d’informations et de renseignements.  Après avoir insisté sur l’entraide judiciaire et le respect des droits de l’homme, le représentant a jugé déterminant de contrer la propagation des doctrines fondamentalistes sur Internet.  Il a, pour finir, formé le vœu que les divergences qui ont caractérisé le processus de négociation de cette « importante » résolution se dissiperont pour ouvrir la voie à une compréhensions mutuelle susceptible de nous mener vers un avenir débarrassé du terrorisme.

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