Soixante-quinzième session,
90e séance plénière – matin
AG/12345

Assemblée: la RDC profite de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale pour dénoncer l’alliance dangereuse entre Daech et les groupes terroristes locaux

L’Assemblée générale a conclu, cet après-midi, son débat sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qu’elle avait entamé le 30 juin dernier, avec l’adoption des 166 paragraphes de fond de la résolution pertinente*.  Une dizaine de délégations a présenté les mesures prises pour mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie.  La République démocratique du Congo (RDC) en a profité pour alerter sur la dangerosité des alliances entre Daech et les groupes terroristes locaux.

La Fédération de Russie est revenue sur la résolution pour fustiger ses « collègues occidentaux » qui ont favorisé « avec un élan particulier », les droits de l’homme, notamment en ce qui concerne le rapatriement des enfants mineurs des combattants terroristes étrangers qui se trouvent dans les camps en Syrie.  Elle a aussi refusé l’idée que l’aide humanitaire dans les zones de conflit serve de prétexte pour affaiblir la lutte contre le terrorisme.  Notant que le Secrétaire général est prié, dans la résolution, de présenter en 2022 une série de recommandations sur le lien entre droits de l’homme et antiterrorisme, la Fédération de Russie a estimé d’emblée que les structures existantes de ces droits sont amplement suffisantes pour assurer une bonne mise en œuvre de cette dimension de la Stratégie.

Plusieurs délégations se sont inquiétées des reconfigurations de la menace terroriste, dont les alliances entre Daech et les groupes terroristes locaux.  La République démocratique du Congo (RDC) a attiré l’attention sur les « jihadistes ADF/MTN » qui s’illustrent par des recrutements forcés d’enfants, l’endoctrinement à la radicalisation et les violations massives et graves des droits de l’homme à l’encontre des populations civiles, des agents humanitaires, des forces de sécurité et des Casques bleus de la Mission des Nations Unies (MONUSCO).  La RDC a appelé l’ONU à prendre la question de la « connexion ADF–EIIL » très au sérieux et à ne pas attendre qu’il soit trop tard pour faire les « bonnes recommandations » au Comité contre le terrorisme. 

Le Nigéria a soulevé la même question, préoccupé par l’affiliation des groupes terroristes du bassin du lac Tchad et du Sahel avec Daech et Al-Qaida.  Il a décrié la multiplication des enlèvements d’écoliers, comme une grave menace à l’éducation et s’est donc félicité de ce que la résolution souligne, une nouvelle fois, le droit à l’éducation de tous les enfants et leur statut de victimes du terrorisme.

Après avoir conclu ce débat, l’Assemblée a adopté sans vote une résolution*, présentée par la Côte d’Ivoire, par laquelle elle invite le Secrétaire général de l’ONU à prendre les mesures nécessaires pour continuer à promouvoir la coopération avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  Il est également invité à faire appel à l’expertise de l’OIF, « en ayant à l’esprit » l’objectif tendant à éliminer les disparités entre l’emploi de l’anglais et d’autres langues officielles à l’ONU, y compris dans les activités ayant trait aux relations publiques et à l’information, à la documentation, aux services linguistiques et aux services des conférences, à la gestion des ressources humaines et à la formation du personnel, entre autres.

L’OIF a été félicitée par l’Ukraine pour avoir soutenu son intégrité territoriale, sa souveraineté et son indépendance politique, et dûment condamné et rejeté la tentative russe d’annexion de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol.  L’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Fédération de Russie se sont quant à elles dissociées de plusieurs dispositions de la résolution.

L’Assemblée générale a également approuvé** le projet d’additif à l’Accord relatif aux dispositions transitoires et à l’achèvement des travaux des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens.  Aux termes de cette résolution adoptée sans vote, elle exhorte le Secrétaire général et le Cambodge à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à ce projet d’additif d’entrer en vigueur rapidement.  Coauteur du texte, le Cambodge s’est félicité de cette adoption, rappelant que son gouvernement s’engage à le mettre en œuvre.

L’Assemblée a enfin décidé*** de remettre à sa soixante-seizième session l’examen du rapport du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner, à partir de 2020, la possibilité d’établir des « normes internationales communes » pour « mettre fin au commerce des instruments de torture ».

La prochaine séance publique de l’Assemblée générale aura lieu demain 8 juillet à partir de 10 heures pour poursuivre le débat sur la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida.

* A/75/L.103
** A/75/L.107
*** A/75/L.106

SEPTIÈME EXAMEN DE LA STRATÉGIE ANTITERRORITE MONDIALE DES NATIONS UNIES (A/75/L.105)

Suite et fin du débat général

En tant que représentant d’un pays qui en a été victime pendant trois décennies, M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et quelles qu’en soient les justifications.  Si certains partenariats ont fait connaître à la lutte antiterroriste des progrès significatifs ces dernières années, il n’en reste pas moins, a-t-il souligné, que cette menace continue de peser.  De nombreux groupes continuent d’exploiter les griefs des populations civiles pour recruter, la pandémie ayant renforcé ce phénomène.  Face à ce fléau transnational qui menace tous les pays, les principes fondamentaux de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doivent être réaffirmés, a-t-il préconisé, en associant l’expertise du secteur privé et de la société civile.  Pour Sri Lanka, la lutte contre le terrorisme doit être un effort conjoint de tous, rendant d’autant plus nécessaire le consensus.  Ce n’est pas toujours simple, mais dans cette lutte commune, la diplomatie et le dialogue doivent prévaloir pour donner forme à un équilibre respectueux des attentes des uns et des autres.  Cela suppose de renforcer les cadres normatifs, a observé le représentant, avant de juger regrettable l’impasse qui persiste au sujet du projet de convention générale sur le terrorisme international.

Mme VICTORIA LIOLOCHA (République démocratique du Congo) a soutenu qu’un cadre multilatéral demeure essentiel pour prévenir et combattre les aspects divers et évolutifs de la menace terroriste.  Saluant le travail abattu par le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, le Comité contre le terrorisme, la Direction exécutive ainsi que toutes ses entités affiliées, la représentante a souhaité que les moyens nécessaires soient mis à leur disposition pour leur permettre d’assister les États et les organisations régionales et sous-régionales dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale. 

Sur le plan national, a-t-elle indiqué, la RDC a ratifié plusieurs instruments internationaux de lutte contre le terrorisme.  Sur les plans régional et sous-régional, elle est partie à l’Accord-cadre régional de coopération policière visant à renforcer la lutte contre la criminalité transnationale organisée, la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme, signé en avril 2019 en Tanzanie par les institutions policières du Rwanda, de la Tanzanie, du Kenya, du Burundi, de l’Ouganda et du Mozambique. 

Les signes de la menace émanant de « l’État Islamique » en RDC et au Mozambique par l’intermédiaire des entités locales affiliées au groupe restent très préoccupants, a poursuivi Mme Liolocha.  En effet, la RDC connaît depuis plus de deux décennies une insécurité consécutive à l’activisme de plusieurs groupes armés identifiés dans sa partie est, dont celui des jihadistes ADF/MTN.  Ils s’illustrent par des recrutements forcés d’enfants, l’endoctrinement à la radicalisation ainsi que par des violations massives des droits de l’homme envers des populations civiles notamment par des massacres, tueries, décapitations, pillages, incendies, viols, enlèvements, et également par des attaques contre les agents humanitaires, les éléments de forces de sécurité ainsi que contre les Casques bleus de la MONUSCO. 

La représentante a salué ensuite les désignations des terroristes par le Département d’État américain des affiliés et dirigeants de « l’État islamique d’Iraq et de Syrie en RDC (EIIL-RDC) » et l’imposition de sanctions à leur encontre.  Elle a salué aussi la désignation par le Gouvernement du Canada comme « groupe terroriste » affilié à Daech, les Forces démocratiques alliées (ADF), « ce groupe armé d’origine ougandaise », responsable de plusieurs massacres dans l’est de la RDC.   Enfin, elle a appelé l’ONU à considérer la question de la « connexion ADF–EIIL » très au sérieux et à ne pas attendre qu’il soit trop tard pour faire les bonnes recommandations au Comité contre le terrorisme.  

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a commencé par présenter ses condoléances à la famille du Président haïtien, Jovenel Moïse, au Gouvernement et au peuple d’Haïti pour cet assassinat « odieux ».  Nous sommes solidaires de nos collègues et amis de la Mission haïtienne, a-t-elle dit.  Ces derniers mois, a-t-elle poursuivi, ont raffermi la conviction que seul un cadre multilatéral renforcé peut permettre à la communauté internationale de relever au mieux et de manière plus efficace les défis de nature mondiale, dont la menace évolutive et multidimensionnelle du terrorisme.

Après 15 ans, a souligné la représentante, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies est plus pertinente que jamais et l’adoption par consensus de son septième examen reflète l’engagement constant des États Membres mais aussi le rôle pivot de l’Assemblée générale, dans la prévention du terrorisme et l’extrémisme violent.  Les groupes concernés, a souligné la représentante, se sont toujours empressés d’exploiter les revendications sociales et de les utiliser pour nourrir leur propagande.  La pandémie de COVID-19 et les restrictions qu’elle a imposées, ont multiplié ces revendications, alimenté parfois la méfiance envers les gouvernements et facilité la désinformation en ligne, aggravant encore les défis posés par la manipulation des technologies.

Tout ceci nous montre, a estimé la représentante, combien rapidement la menace terroriste évolue, combien réactifs peuvent être ses groupes et combien importants sont l’examen constant de la Stratégie et la mise en œuvre de tous ses quatre piliers.  La représentante s’est félicitée de ce que la résolution mentionne la nécessité de surveiller l’impact à court, moyen et long terme de la pandémie sur l’évolution de la menace terroriste.  Elle a salué le libellé plus fort sur le genre, la société civile et la participation du secteur privé à la lutte contre le terrorisme.

La représentante a insisté sur la prévention et le respect des droits de l’homme.  Tenir compte des inégalités, de la marginalisation et des violations de ces droits ne peut que contribuer à des sociétés plus justes et plus inclusives.  La crise « alarmante » au Liban et les conditions difficiles dans lesquelles vivent les Libanais sont une réelle menace à la stabilité et à l’avenir, a reconnu la représentante.  Il nous revient de sortir de cette crise, a-t-elle dit, mais le soutien et l’aide des Nations Unies et de « nos amis » ont été déterminants.  Nous espérons qu’ils se poursuivront pour extraire le Liban de cette situation.

Mon pays, a-t-elle conclu, est déterminé à vaincre le terrorisme comme en atteste son armée qui a démantelé, au début de l’année, des cellules liées à Daech.  Nous sommes également en train de finaliser une stratégie antiterroriste globale, conforme à celle des Nations Unies.  Le Liban s’est aussi profondément engagé à terminer le travail du Tribunal spécial pour soulager les victimes et les familles et mettre fin à l’impunité des auteurs des actes terroristes odieux commis en 2005.

M. DONG KYU MOON (République de Corée) a déploré l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes.  L’hostilité, la haine et la violence ont ainsi été propagées par des groupes utilisant les technologies de l’information et des communications à de telles fins.  Nous devons être particulièrement attentifs à la possibilité que des jeunes soient exposés à des contenus terroristes via Internet et les médias sociaux, a recommandé le représentant.  Au cours du septième examen, tous les États Membres ont essayé de refléter cette réalité dans la résolution et nous pensons que la communauté internationale peut progresser sur cette base, a dit le représentant.  Il a également dénoncé les menaces continues et les attaques directes de terroristes contre des civils, des femmes, des enfants et des acteurs humanitaires.  Si la résolution a reflété dans une certaine mesure cette réalité inquiétante et la volonté d’y remédier, la communauté internationale doit aller plus loin pour protéger ceux qui ont droit à une protection, conformément au droit international, a insisté le représentant. 

S’agissant de la situation financière du Bureau de la lutte contre le terrorisme, il a dit attendre du Secrétaire général qu’il procède à une évaluation approfondie des finances du Bureau, et, sur cette base, fournisse des recommandations budgétaires « convaincantes » à l’Assemblée générale en 2022.  Il a également pris note de certains développements concernant « un cadre de résultats » pour assurer une mise en œuvre globale, équilibrée et intégrée de la Stratégie.  Poursuivre les efforts sans examiner « correctement » comment nous travaillons ne sert à rien, a tranché le représentant qui a souhaité des options plus élaborées dans le prochain rapport du Secrétaire général.  En attendant, il a insisté sur le « consensus mondial » autour d’une approche globale de la lutte contre le terrorisme dans laquelle les femmes et la société civile jouent un rôle « crucial ».

Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a rejeté l’association du terrorisme à toute religion, nationalité, groupe ethnique ou civilisation.  La lutte contre les menaces nouvelles et traditionnelles du terrorisme a été rendue plus compliquée par la pandémie de COVID-19, a-t-elle ensuite constaté.  Elle a réaffirmé l’appui de son pays à l’outil holistique que constitue la Stratégie mondiale et à une mise en œuvre équilibrée du point de vue de ses quatre piliers.  Il faut, a estimé la représentante, renforcer et unir les efforts à tous les niveaux, en respectant les buts et principes de la Charte et la responsabilité première des États en la matière.  Il faut continuer de fournir au Bureau de lutte contre le terrorisme suffisamment de ressources financières et humaines, par le biais du budget ordinaire de l’ONU, a ajouté la représentante, avant de souligner que l’Algérie est à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme et sait que l’extrémisme violent et la radicalisation ne pourront être défaits que grâce à des stratégies plus intégrées.  L’Algérie s’attache, dans ce contexte, à combattre les facteurs d’exclusion, de marginalisation, et d’injustice sociale et à promouvoir les principes de bonne gouvernance.

M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) a considéré que le succès de la Stratégie dépend aussi de la coopération avec les chefs religieux, les médias et le secteur privé.  Il a promu la coexistence pacifique entre les peuples, comme en atteste la résolution, dont son pays est coauteur, pour faire du 4 février la Journée internationale pour la fraternité de l’humanité.  Le représentant a fermement appuyé le rôle des femmes dans la lutte antiterroriste, ce que son pays ambitionne de promouvoir dans un plan d’action qui sera adopté cette année.  Reconnaissant la qualité de « couteau à double tranchant » des technologies modernes, le représentant a tout de même souligné que la voie la plus efficace pour triompher du terrorisme, c’est de tarir ses sources de financement, en commençant par réfléchir aux liens entre les groupes terroristes et les institutions financières.  C’est dans cet esprit, a conclu le représentant, que nous nous sommes dotés d’une stratégie nationale contre le blanchiment d’argent.

Selon M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq), le terrorisme transfrontalier et ses sources de financement multiples ont un impact sur la vie des hommes et représentent une menace constante et grave pour la paix et la sécurité internationales.  L’Iraq, a-t-il rappelé, a été l’un des pays les plus touchés par les groupes terroristes, qui ont semé la terreur par des actes « effroyables ».  L’Iraq, a affirmé le représentant, ne ménage aucun effort, y compris au prix du sang, pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent et préserver la sécurité nationale et internationale.  Malgré tous ces efforts, a déploré le représentant, Daech et d’autres groupes terroristes continuent de s’attaquer au peuple iraquien.  L’expérience de l’Iraq en ce domaine le pousse à réaffirmer l’importance de renforcer la coopération internationale, car cette menace ne s’arrête pas à un peuple ou à une région. 

Le Gouvernement iraquien, a encore affirmé le représentant, réitère son engagement à interdire toute entité ou approche qui a fait siens la violence, le terrorisme et les discours de haine, et à interdire l’utilisation de son territoire pour lancer des opérations terroristes.  Le représentant a souligné la nécessité de renforcer la coopération internationale au niveau du renseignement et de la collecte des données.  Il a mis l’accent sur les domaines prioritaires que sont le financement du terrorisme, le retour des familles des combattants terroristes étrangers dans leur pays d’origine, la cybercriminalité, le contrôle des frontières et la prévention de l’accès des terroristes aux armes chimiques et biologiques.

M. IMOHE (Nigéria) a souligné que son pays est toujours en proie à la menace terroriste, devenant malheureusement témoin d’un « nexus croissant » entre terrorisme, banditisme et autres formes de criminalité organisée.  Mon gouvernement, a-t-il dit, accorde la priorité au renforcement du système de justice pénale pour veiller à ce que tous les terroristes soient tenus pour responsables de leurs actes.  Le représentant s’est dit préoccupé par l’affiliation entre les groupes terroristes du bassin du lac Tchad et du Sahel avec Daech et Al-Qaida, qu’il s’agisse de financement, de formation, d’expansion ou encore d’influence.  Nous appelons les États à considérer cette menace comme une menace à la paix et à la sécurité internationales, a dit le représentant.  

Il a aussi qualifié de « grave menace à l’éducation », la multiplication des enlèvements d’enfants dans les écoles qui décourage écoliers et parents.  Il s’est donc félicité de ce que la résolution sur le septième examen de la Stratégie mondiale insiste sur le droit à l’éducation de tous les enfants et sur leur statut de victime du terrorisme.  Le représentant a dit attendre avec impatience la convocation du tout premier congrès mondial sur les victimes du terrorisme, à la fin de cette année.  Il a par ailleurs salué le fait que la résolution parle de la propagation des discours de haine et de la propagande ainsi que de la manipulation des technologies de l’information et des communications par les groupes terroristes.  Le représentant a cependant appuyé la position selon laquelle aucune disposition du droit international n’oblige les États à offrir aux groupes ou individus reconnus comme pratiquant le terrorisme un accès illimité à l’aide humanitaire. 

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a salué l’issue heureuse des négociations malgré malgré leur complexité et les restrictions imposées par la pandémie de COVID-19.  La communauté internationale doit serrer les rangs dans la lutte contre le terrorisme, qu’il s’agisse des formes graves d’extrémisme basées sur la race ou des groupes traditionnels tels que Daech.  Le représentant a dit apprécier la proportionnalité entre les sanctions pénales et la gravité des crimes commis par les combattants étrangers.  La nouvelle stratégie de sécurité nationale dévoilée ce mois-ci par le Président Vladimir Poutine s’inscrit d’ailleurs dans la résolution sur le septième examen de la Stratégie mondiale.  Le représentant a souligné la nécessité de lutter contre le trafic des armes, les alliances avec le crime organisé ou encore l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes.  La lutte contre le terrorisme et l’ingérence étrangère est « un impératif », a-t-il ajouté.  

Le représentant a dit appuyer la complémentarité des efforts sur les quatre piliers « égaux » de la Stratégie mondiale, dénonçant les « collègues occidentaux » qui ont favorisé, « avec un élan particulier », les droits de l’homme, notamment en ce qui concerne le rapatriement des enfants mineurs des combattants terroristes étrangers qui se trouvent dans des camps en Syrie.  Il a aussi insisté pour que les prestataires des services informatiques respectent strictement la législation des pays dans lesquels ils opèrent, pour lutter contre les contenus violents en ligne.  Le représentant a également refusé l’idée que l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones de conflit ne saurait servir de prétexte aux États pour affaiblir la lutte contre le terrorisme.  Enfin, il a appuyé le financement du Bureau de lutte contre le terrorisme par le budget ordinaire de l’ONU.  Notant encore une fois que le Secrétaire général devra présenter en 2022 une série de recommandations sur les droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme, le représentant a demandé que cela se fasse en étroite consultation avec les États.  Les structures existantes des droits de l’homme sont amplement suffisantes pour assurer une bonne mise en œuvre de cette dimension de la Stratégie, a d’emblée estimé le représentant. 

Droits de réponse

La Fédération de Russie a reproché à l’Ukraine d’avoir tenu « un discours de propagande » et proféré des accusations contre elle.  Depuis le début du conflit, a-t-elle ajouté, le Gouvernement ukrainien refuse de dialoguer avec la population, préférant faire la guerre aux populations du Donbass et accuser Moscou de ses propres erreurs. 

Se gardant de répéter la déclaration qu’elle a faite hier, l’Ukraine a tout de même réaffirmé que les différentes normes internationales de la lutte antiterroriste continuent d’être violées par Moscou.  La Fédération de Russie, a-t-elle dit, déploie tous les efforts « pour alimenter la propagande » et « s’ingérer dans les affaires intérieures des États ».  Tôt ou tard, a conclu l’Ukraine, ce pays devra être tenu comptable des crimes commis sur notre territoire.

COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE (OIF)

Explication de position sur l’adoption de la résolution A/75/L.103

La séance a été suspendue pendant 10 minutes pour que la Côte d’Ivoire, présentatrice de la résolution, puisse fournir des éclaircissements à l’Arménie qui a relevé des disparités entre le texte préalablement remis aux délégations et celui présenté pour adoption.

L’Azerbaïdjan s’est ensuite dissocié de certains alinéas du préambule, avant que la Syrie ne souligne, à son tour, le manque de consensus autour de certains libellés.  Elle s’est attardée sur le paragraphe 9 du dispositif dans lequel l’Assemblée générale se dit « consciente que, dans le cadre de la coopération entre l’ONU et l’OIF, il convient de redoubler d’efforts pour promouvoir la participation pleine et entière des femmes et des jeunes à la prévention des conflits et faire en sorte que les femmes participent pleinement et véritablement, sur un pied d’égalité, à tous les aspects des mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits, à tous les niveaux, et qu’elles soient protégées dans ce contexte ».  Non, a estimé l’Azerbaïdjan, « les femmes doivent être protégées en général ».

Le même paragraphe a été critiqué par la Fédération de Russie qui a dit y voir des formules ne tenant pas compte de ses préoccupations « légitimes ».  La formule « non agréée précédemment » de cette disposition « manque de clarté ».  Les femmes, a-t-elle martelé à son tour, doivent être protégées dans le contexte de la prévention des conflits, pendant les conflits et dans les situations de postconflit.  Quant au paragraphe 41 du dispositif, qui mentionne le Forum Génération Égalité, coprésidé par la France et le Mexique, elle a réaffirmé sa préoccupation devant des initiatives par lesquelles « des États imposent à l’ONU leur vision sur la question des femmes ». 

En tant que pays observateur de l’OIF, l’Ukraine a dit soutenir les activités visant à promouvoir la langue française, garantir la paix, la démocratie, la solidarité et la lutte contre la pandémie de COVID-19 qui est au cœur des préoccupations de millions de personnes à travers le monde.  Il a salué l’action de l’OIF contre la pandémie de COVID-19, dont la création du fonds « La Francophonie avec Elles », qui apporte un soutien technique et financier aux femmes et aux filles en situation de vulnérabilité afin qu’elles aient un accès plein et égal au développement économique, à l’éducation, à la santé.  

L’Ukraine a souligné que depuis la création de l’ONU, les normes fondamentales de la Charte ont été violées à de nombreuses reprises.  Elle a donc remercié l’OIF pour avoir soutenu son intégrité territoriale, sa souveraineté et son indépendance politique.  L’OIF, a-t-elle ajouté, a dûment condamné et rejeté la tentative russe d’annexion de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol.  Sachez que nous l’apprécions énormément, a souligné l’Ukraine.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a présenté ses condoléances à Haïti dont le Président, M. Jovenel Moïse, vient d’être assassiné.  Elle a aussi remercié les membres de l’Assemblée générale, en particulier la Côte d’Ivoire et le Groupe des Ambassadeurs francophones, pour l’adoption par consensus de cette résolution.  Elle s’est félicitée de la collaboration fructueuse entre l’ONU et l’OIF et des actions conjointes menées au quotidien sur le terrain.  L’OIF a assuré qu’elle se positionne comme une force pour un monde plus juste et plus durable, notamment après la pandémie de COVID-19.  Elle défend le multilinguisme, l’égalité femmes-hommes et le plein potentiel de la jeunesse.  Nous nous voulons, a-t-elle conclu, porteurs de résultats toujours plus concrets pour les États que nous servons.

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