Soixante-quinzième session,
91e séance plénière – matin
AG/12347

Assemblée générale: « Choquées », les délégations rendent hommage à la mémoire du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, assassiné le 7 juillet dernier

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui une séance publique pour rendre hommage à la mémoire du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, assassiné le 7 juillet dernier dans sa résidence de Port-au-Prince.  Les orateurs, dont la Vice-Présidente de l’Assemblée générale et la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, ont condamné cet assassinat « odieux », « tragique », « lâche » et « barbare », tandis que le représentant de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a demandé que ses auteurs soient traduits en justice pour éviter un « effondrement de la civilisation en Haïti ».  L’Assemblée a également adopté une décision relative au débat général de sa prochaine session.

« Au nom des 193 membres des Nations Unies, je condamne dans les termes les plus forts l’assassinat du feu Président Jovenel Moïse », a déclaré la Vice-Présidente de l’Assemblée générale, Mme Keisha Aniya McGuire.  C’est une tragédie qu’aucun pays ne devrait avoir à subir, a-t-elle dit, en demandant une enquête approfondie sur cette attaque « odieuse ».  Estimant que la peur ne doit pas l’emporter, la Vice-Présidente a appelé les Haïtiens à faire preuve de calme et à préserver les principes de liberté et de coopération que Jovenel Moïse chérissait tant. 

L’assassinat du Président haïtien est une attaque contre la démocratie, a enchaîné la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, qui a regretté « l’ami, l’époux, le père » disparu.  Elle a rappelé les grandes réalisations du Président, dont le renforcement des infrastructures du pays ou l’éradication du choléra.  La Vice-Secrétaire générale a souligné la « fierté » du peuple d’Haïti, premier pays des Caraïbes à s’être affranchi du joug colonial et à avoir proclamé son indépendance.

Les cinq groupes régionaux des Nations Unies se sont dits unanimement « choqués ».  Le représentant du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes a exhorté la communauté internationale à continuer de soutenir Haïti, alors que les États-Unis, pays hôte des Nations Unies, ont promis que leur partenariat avec Haïti sera préservé, tout en appelant à la poursuite d’un processus conduisant à des élections libres et transparentes.

Le délégué d’Haïti a rendu un vibrant hommage au cinquante-huitième Président haïtien, dont l’assassinat « lâche et barbare » a révolté la conscience de tous ceux qui l’ont connu.  Son ambition, a-t-il affirmé, était de faire d’Haïti un pays émergent à l’horizon de 2030.  Avec la fougue qu’il avait, il s’est attaqué aux grands dossiers: construction en régie, réforme énergétique, lutte contre la corruption, réforme constitutionnelle, réalignement diplomatique et gestion de l’aide publique au développement (APD).

Aujourd’hui, a indiqué le délégué, le calme règne dans le pays.  La majorité des membres du commando qui a attaqué la résidence du Président ont été retrouvés.  Deux ont péri dans les échanges de tirs avec la Police et 15 autres sont entre les mains de la justice qui poursuit les enquêtes pour identifier les coupables et auteurs « intellectuels » de ce crime « odieux ».  L’état de l’épouse de Jovenel Moïse, grièvement blessée lors de l’attaque, ne suscite plus d’inquiétude.

L’Assemblée générale a enfin adopté une décision* relative au débat général de sa soixante-seizième session.  Préoccupée par la situation actuelle concernant la pandémie de COVID-19, elle décide, « sans que cela ne crée de précédent », que chaque État Membre, chaque État observateur et l’Union européenne pourront présenter une déclaration préenregistrée de leur chef d’État, vice-président(e), princesse ou prince héritier(ière), chef de gouvernement, ministre ou vice-ministre.  La Fédération de Russie a néanmoins souhaité que la priorité dans l’ordre de passage soit accordée aux dignitaires qui s’exprimeront à la tribune de l’Assemblée. 

*A/75/L.110

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