Soixante-seizième session,
12e & 13e séances - matin, après-midi & soir
AG/12368

Assemblée générale: en des « temps incertains », les priorités vont à la défense de l’environnement et à la défense stratégique

Au quatrième jour de son débat général annuel, la tribune de l’Assemblée générale a permis aux chefs d’État de partager plusieurs constats.  Avant tout, celui d’une nécessaire collaboration pour affronter les crises climatique et sanitaire.  Le Président du Conseil de l’Union européenne (UE), M. Charles Michel, n’a pas mâché ses mots: « en perpétrant des tortures sur notre environnement, en abusant les ressources naturelles, en maltraitant les forêts et les océans, ce sont des actes de guerre que nous avons déclenchés ».  Ensuite, les intervenants se sont à divers niveaux inquiétés du retour à des tendances unilatéralistes.  Ces « ambitions de domination », selon la formule de M. Michel, entraînent en réaction un réalignement des priorités stratégiques vers la défense chez certains membres.

Le Président de l’Allemagne, M. Frank-Walter Steinmeier, pour qui l’ONU n’est pas « un ring de boxe à la disposition des puissances mondiales », a ainsi informé l’Assemblée qu’« en ces temps incertains », son pays investissait davantage dans ses capacités de défense.  Notant que les États-Unis établissaient des « priorités nouvelles et différentes », il a jugé qu’aucun avantage à court terme ne méritait de créer des fissures dans l’unité transatlantique.  M. Michel a, lui, évoqué « des valeurs à promouvoir, des citoyens à protéger et des intérêts à défendre »: c’est dans cet esprit que l’UE développe son « autonomie stratégique », y compris dans ses capacités de sécurité et de défense.

La région indopacifique a fait l’objet d’une attention croissante pendant le débat général.  De la part de l’Australie d’abord, pour qui « l’environnement stratégique mondial s’est détérioré à nombreux égards » dans ladite région.  Le Premier Ministre, M. Scott Morrison, a fait état de tensions basées sur des revendications territoriales, une modernisation militaire rapide, une « ingérence étrangère », des cybermenaces et des coercitions économiques, entre autres.  C’est aussi dans cette région que 40% du commerce européen transite, a encore expliqué le Président du Conseil de l’UE, pour qui la sécurité et la liberté de navigation en mer de Chine méridionale et dans l’océan Indien doivent être garanties conformément au droit international.  Il a prévenu que sur ce point « l’UE prendra sa pleine part de responsabilité ».

Dans un virulent réquisitoire, le Premier Ministre du Pakistan, M. Imran Khan, après avoir déclaré que « la pire forme d’islamophobie est au pouvoir en Inde », a accusé ce pays de créer un climat de terreur au Jammu-et-Cachemire.  Selon lui, c’est à l’Inde qu’incombe la création d’un environnement propice à un engagement fructueux avec le Pakistan, et, pour cela, elle doit commencer par « abroger les mesures unilatérales et illégales » en place dans ce territoire depuis 2019.  Évoquant la situation en Afghanistan, M. Khan a regretté que son pays ait été montré du doigt après les derniers évènements.  « Je veux que vous sachiez tous que le pays qui a le plus souffert, après l’Afghanistan, est le Pakistan lorsque nous avons rejoint la guerre des États-Unis contre le terrorisme après le 11 septembre », a-t-il lancé.  Quant au futur du pays, il n’y a pour M. Khan qu’une seule option: « renforcer et stabiliser l’actuel Gouvernement, pour le bien de la population afghane ».

La crise du multilatéralisme a été remarquée par le Président chypriote, M. Nicos Anastasiades, pour qui les « intérêts égoïstes » entravent les principes fondateurs de l’ONU et appellent à une réforme d’envergure.  « Le chacun pour soi ne nous sortira pas de la pandémie » a formulé le dirigeant sénégalais, M. Macky Sall, déçu, comme son homologue paraguayen, M. Mario Abdo Benítez, par la réponse du système multilatéral sur la distribution des vaccins contre la COVID-19.

La Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina, a relevé que la pandémie avait eu un impact disproportionné sur les pays vulnérables aux changements climatiques.  Elle a donc appelé les pays riches et industrialisés à réduire leurs émissions, à compenser les pertes et les dommages, et à assurer un financement et un transfert de technologie adéquats pour l’adaptation et le renforcement de la résilience.  La prochaine COP26 à Glasgow serait l’occasion d’appuyer ces idées nouvelles et inclusives, selon la dirigeante.  Plusieurs chefs d’État, comme le Premier Ministre irlandais, M. Micheál Martin, ont souligné qu’il était essentiel de respecter l’engagement collectif de verser 100 milliards de dollars de financement aux pays en développement.  Car ces derniers ne pourront « réussir la transition énergétique et renoncer aux schémas pollueurs des pays industrialisés, sans une alternative viable, juste et équitable », a prévenu le Président sénégalais.

L’écosystème méditerranéen est particulièrement sensible aux conséquences de la hausse des températures, a témoigné le Premier Ministre de la Grèce, M. Kyriakos Mitsotakis, dont le pays a été marqué par de méga-incendies de forêt l’été dernier.  Deux Chefs d’État ont évoqué la menace imminente d’une crise hydrique: au Paraguay, elle est déjà une réalité pour la population, selon le Président Benítez.  Le Président slovène, M. Borut Pahor, a estimé qu’il faut repenser l’innovation, la gouvernance et la collaboration autour de cette ressource essentielle.

La résolution du conflit israélo-palestinien, au cœur des préoccupations de l’Organisation, semble plus que jamais dans l’impasse.  M. Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, a accusé Israël de poursuivre son « entreprise expansionniste et coloniale », regrettant que les décisions de l’ONU ne soient pas concrètement mises en œuvre, ce qui a pour conséquence de déresponsabiliser Israël.  L’absence de sanctions lui permet, tout en « prétendant être un État démocratique », d’agir « comme un État au-dessus des lois », de s’adonner à « l’apartheid » et à un « nettoyage ethnique », a dénoncé M. Abbas.  Les « menaces israéliennes » constituent aussi le principal souci de l’État libanais.  Son président, M. Michel Aoun, a évoqué des prospections israéliennes de gaz et de pétrole le long de ses frontières maritimes.  Le Liban, qui ploie sous une accumulation de crises sanitaire, financière et sociale, a réitéré son appel à la communauté internationale afin de l’aider à supporter la crise des déplacés syriens et palestiniens vivant sur son sol.

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, samedi 25 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

Le Président de la République de Chypre, M. NICOS ANASTASIADES, a regretté l’écart qui se creuse entre les paroles des dirigeants à l’Assemblée et leurs actes, entre les engagements et les résultats.  Dans quelle mesure la faiblesse ou la mise en œuvre insuffisante de nos décisions perpétue-t-elle les conflits et encourage-t-elle les violations, multipliant à leur tour les crises humanitaires? a lancé le Président.  Il a également évoqué les promesses non tenues dans le cadre de la pauvreté, la faim, la mortalité infantile, l’exclusion économique, la santé, l’éducation, ainsi que la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Malheureusement, a-t-il constaté, les intérêts égoïstes entravent les principes fondateurs de l’ONU.  Une seule réponse peut permettre d’y parvenir: multilatéralisme, solidarité tangible et partenariats renforcés, a-t-il prôné.  C’est pourquoi il a appelé à la réforme de l’Organisation pour la rendre plus efficace.

Le Président de Chypre a dit parler au nom d’un pays qui, malheureusement, subit encore les conséquences de la violation flagrante des principes fondamentaux des Nations Unies, à la suite de l’invasion militaire illégale de la Turquie et l’occupation en cours.  « Et malgré de nombreuses résolutions onusiennes, rien n’a changé. »  Présentant la réalité sur le terrain, il a relevé que 37% du territoire de la République de Chypre, un État membre de l’Union européenne (UE), reste sous tutelle de l’occupation militaire, avec plus de 40 000 soldats toujours sur son sol.  Après l’invasion turque de 1974, a-t-il rappelé, un tiers des Chypriotes grecs ont été contraints de quitter leurs foyers ancestraux, et les Chypriotes turcs qui possédaient environ 14% des terres privées ont aujourd’hui usurpé 37% de l’île.  Le Président de Chypre a aussi parlé de ces centaines de milliers de ressortissants turcs dans les zones occupées, modifiant ainsi la démographie de l’île.  Il a accusé la Turquie d’avoir établi « une entité illégale dans les zones occupées, sous son contrôle absolu », ce qui a conduit aux dénonciations mêmes de la majorité des Turcs Chypriotes.

Au sujet de la frontière maritime, M. Anastasiades a rappelé que la Turquie n’est pas partie à la Convention sur le droit de la mer, laquelle codifie le droit international coutumier en la matière.  Le Président de Chypre a accusé la Turquie de tabler sur une solution à deux États, et c’est pourquoi il n’est pas possible de parvenir à un compromis lorsque l’une des parties s’écarte du cadre de l’ONU.  Pour nous, il n’y a qu’un seul plan pour parvenir à un règlement sur la base d’un accord bizonal, bicommunal, pour une fédération avec l’égalité politique, comme indiqué dans les résolutions du Conseil de sécurité et conformément aux principes sur lesquels l’UE est fondée.

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a remercié la communauté internationale pour sa réponse concertée face à la COVID-19.  Le Nigéria, qui a déployé des efforts considérables, est passé de seulement quatre laboratoires dotés de capacités de test et de détection à plus de 140 aujourd’hui.  Des centres d’isolement et des services hospitaliers d’urgence ont été construits en un temps record dans tout le pays; des séquençages génomiques dans des laboratoires sont pratiqués pour détecter les variants en circulation.  Le Nigéria reste reconnaissant de l’aide reçue de nos partenaires et amis du monde entier, notamment les États-Unis, la Turquie, l’Inde, la Chine, l’Union européenne et d’autres pays pour les vaccins fournis.  Toutefois, le Président Buhari a réitéré son appel en faveur d’une distribution plus juste et plus équitable des vaccins à tous les pays: la vague montante de nouvelles souches plus contagieuses rend cet appel encore plus urgent, selon lui.

Profondément préoccupé par le commerce, le transfert et la circulation illicites d’armes légères et de petit calibre, le Président nigérian a déclaré que leur accumulation excessive et leur propagation incontrôlée dans de nombreuses régions du monde avaient des conséquences humanitaires et socioéconomiques dévastatrices, notamment sur le continent africain.  Il a appelé à l’application mondiale du Traité sur le commerce des armes pour codifier les responsabilités dans le commerce des armes conventionnelles, essentiel à la sécurité des nations.  Il a aussi souligné la nécessité d’un large partenariat mondial dans la lutte contre les crimes transfrontaliers, y compris le terrorisme et la piraterie.  Déplorant, en Afrique de l’Ouest notamment, l’érosion des acquis démocratiques des dernières décennies, M. Buhari a jugé que la récente tendance à la prise de pouvoir inconstitutionnelle, parfois en réaction à des changements unilatéraux de constitution par certains dirigeants, ne devait pas être tolérée par la communauté internationale.  Il a appelé ses confrères dirigeants à adhérer aux dispositions constitutionnelles de leur pays, notamment concernant la limitation des mandats afin d’éviter des crises et des tensions politiques dans la région.

Au Nigéria le groupe terroriste Boko Haram, bien que fragmenté par des conflits internes et affaibli par nos forces de défense, est « toujours actif » et « s’attaque à des cibles faciles », a poursuivi M. Buhari.  Le Nigéria, qui continuera à travailler avec l’ONU pour mettre un terme à ce fléau, n’a pas ménagé ses efforts pour endiguer les activités de Boko Haram dans le nord-est du pays et dans la région du lac Tchad; ni pour combattre le banditisme, dans le nord-ouest et le centre-nord du pays.  Les forces de sécurité nigérianes ont enregistré des « succès considérables » dans la lutte contre le terrorisme, a assuré le Président.

Par ailleurs, l’impact des changements climatiques se manifeste de diverses manières au Nigéria: déclenchement de conflits, insécurité alimentaire, assèchement de lacs, perte de moyens de subsistance et migration des jeunes, entre autres.  Dans ces circonstances, a indiqué le Président, le Nigéria a l’intention de construire une économie résiliente s’alignant sur les ODD, avec l’objectif de libérer des opportunités économiques tout en protégeant les ressources pour les générations actuelles et futures.  Le système alimentaire mondial est très affecté par la croissance démographique, la disponibilité et l’accessibilité des terres arables et des ressources en eau, les changements climatiques et la perte de biodiversité, a constaté M. Buhari.  Les chocs imprévisibles, tels que la pandémie actuelle, exacerbent encore plus les vulnérabilités du système alimentaire mondial, et cela requiert l’attention urgente de l’ONU.

Dans une allocution préenregistrée, M. MICHEL AOUN, Président de la République libanaise, a remercié le Secrétaire général de l’ONU pour les efforts qu’il a déployés en faveur du Liban et pour sa contribution à la tenue de trois conférences de soutien au peuple libanais après la tragédie du port de Beyrouth.  Il a également remercié les chefs d’État qui ont participé à ces conférences, ainsi que les institutions gouvernementales et les organisations non gouvernementales, et tous ceux qui ont contribué à cet appui au Liban.  Le Président a noté que plusieurs peuples, surtout au Moyen-Orient, ont payé un lourd tribut dans la guerre contre le terrorisme déclenchée après le 11 septembre 2001.  Aujourd’hui, la région cherche à panser ses blessures et à se relever, comme l’a fait New York.  

Sur le plan national, M. Aoun a déclaré que maintenant que le Gouvernement libanais a été formé, conformément au mécanisme prévu dans la Constitution, après une longue crise politique qui a duré plus d’un an, le Liban est entré dans une nouvelle phase.  Il a constaté que les politiques financières et économiques suivies depuis des décennies et basées sur le système rentier, auxquelles se sont greffés le gaspillage et la corruption aggravés par une mauvaise gestion administrative et l’absence de la demande de comptes, ont fait basculer le Liban dans une crise monétaire et financière sans précédent.  Cette crise a créé l’affaiblissement de l’économie, l’augmentation du chômage, l’émigration et la pauvreté.  Le Gouvernement s’est engagé à réaliser les réformes financières et économiques urgentes et requises.  Il veut aussi lutter contre la corruption et mettre au point un plan de redressement financier dans le cadre de la poursuite des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). 

J’ai demandé, a poursuivi le Président libanais, à la communauté internationale de nous aider à assurer le retour sûr des déplacés syriens chez eux, malheureusement, nul ne m’a entendu et les aides ont continué à être données à ces déplacés au Liban, au lieu de leur être distribuées chez eux dans leur patrie.  Selon lui, cela est de nature à les encourager à rester là où ils sont.  Il a donc réitéré son appel à la communauté internationale afin qu’elle aide le Liban à supporter les poids terribles résultant de la crise des déplacés.  Mais en premier lieu, elle doit œuvrer pour leur retour sûr chez eux.  Le Liban, qui a mis au point un plan complet pour ce retour, réaffirme son refus catégorique de toute forme d’intégration des déplacés, tout comme il réaffirme son refus total de toute forme d’implantation des réfugiés palestiniens, en se basant sur la nécessité de trouver une solution à la cause palestinienne, selon les résolutions internationales qui l’évoquent et qui reconnaissent notamment le droit au retour. 

En même temps, les menaces israéliennes se poursuivent contre le Liban et constituent le principal souci de l’État libanais.  La dernière manifestation de ces menaces est liée aux tentatives israéliennes de prospecter le gaz et le pétrole dans la région controversée le long des frontières maritimes, a dit le Président.  Le Liban condamne et dénonce toute tentative de porter atteinte à la zone économique qui lui revient et qui consacre son droit sur les ressources pétrolières et gazières en profondeur.  Le Liban réclame la reprise des négociations indirectes pour le tracé des frontières maritimes au sud, selon les lois internationales et il affirme qu’il ne fera aucune concession sur ce sujet, ni aucun compromis. 

En dépit des conséquences néfastes de la COVID-19 au Liban, le pays a pu vacciner 30% de la population et entend dépasser les 40% d’ici la fin de l’année.  Au milieu de toutes ces crises, la tragédie du port de Beyrouth a encore augmenté les souffrances des Libanais, a témoigné M. Aoun.  Plus d’un an après cette catastrophe, notre capitale est toujours une ville sinistrée et silencieuse, ployant sous le drame, a-t-il témoigné.  En plus de l’aide à la reconstruction, il a appelé à une autre aide dans l’enquête « pour connaître la vérité sur cette explosion et faire régner la justice ». 

M. MACKY SALL, Président de la République du Sénégal, a déclaré que « l’urgence est au Sahel » où des groupes terroristes continuent leurs attaques et pillages meurtriers contre des populations innocentes.  Le Sénégal, qui contribue aux troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) avec 1 350 éléments, continue de plaider pour qu’elle soit dotée d’un mandat robuste pour lutter efficacement contre les groupes terroristes.  À défaut, il est essentiel que les pays membres du G5 Sahel bénéficient « d’un appui conséquent » dans le combat qu’ils mènent, a-t-il souligné.  « Nous ne devons pas accepter que l’Afrique devienne le sanctuaire du terrorisme international. »  

Poursuivant, M. Sall a indiqué que le Sénégal a opté pour une gestion transparente de la COVID-19 dès le premier cas testé positif, le 2 mars 2020, en publiant au quotidien l’état de la situation.  Il a aussi fait valoir que le pays a déployé un Programme de Résilience économique et sociale de près de deux milliards de dollars, pour soutenir les ménages, les entreprises, les travailleurs et la diaspora; assurer la gratuité des tests et des soins; et acquérir des vaccins.  Saluant l’élan solidaire déployé dans le cadre du Mécanisme COVAX, le Président a néanmoins dénoncé « la fracture entre pays vaccinés, au Nord, et non vaccinés, au Sud, qui ne cesse de s’élargir ».  « Le chacun pour soi ne nous sortira pas de la pandémie! »  Il a qualifié le projet de production de vaccins par l’Institut Pasteur de Dakar d’« initiative majeure, au service de l’Afrique », et a confirmé sa participation au financement du projet avec une partie des droits de tirage spéciaux du pays.  

Le Chef d’État a ensuite indiqué que c’est grâce au consensus réalisé au sein du G20 que le premier objectif du Sommet de Paris a été atteint avec l’émission historique de droits de tirage spéciaux à hauteur de 650 milliards de dollars par le Fonds monétaire international (FMI).  Le continent africain, qui a pu disposer de 33 milliards de dollars, aurait toutefois besoin, selon lui, d’un financement additionnel d’au moins 252 milliards de dollars d’ici à 2025 pour contenir le choc et amorcer sa relance économique.  À ce propos, il a appelé la communauté internationale à travailler ensemble « pour réaliser le deuxième objectif de Paris » et réallouer, en faveur des pays africains, 67 milliards de dollars, mobilisables sur les quotas de DTS des pays riches qui y consentent, pour atteindre le seuil des 100 milliards convenus.  « C’est ainsi que nous pourrons asseoir les prémices d’un New Deal avec l’Afrique par une gouvernance économique et financière mondiale réformée, plus juste et plus inclusive, » a souligné M. Sall.  Il a appelé à faire en sorte que les paradigmes relationnels avec le continent reposent plus sur le partenariat que sur l’aide publique au développement avant d’engager « à l’assouplissement des règles de l’OCDE pour libérer le potentiel de l’investissement en Afrique ».   

Soulignant ensuite l’importance des efforts de transition énergétique du Sénégal, « portant les énergies renouvelables à plus de 30% de ses capacités électriques installées », le Président a indiqué que l’objectif était désormais de l’ordre de « 100% d’énergies propres avec l’exploitation prochaine des ressources gazières ».  Toutefois, il a précisé que « nos pays ne peuvent réussir la transition énergétique et renoncer aux schémas pollueurs des pays industrialisés, sans une alternative viable, juste et équitable », en mentionnant que « l’exploitation du gaz naturel comme énergie de transition doit être soutenue ».  L’arrêt des financements de la filière gazière, sous prétexte que le gaz est une énergie fossile, sans tenir compte du fait qu’il est « aussi et surtout » une énergie propre, serait une grave atteinte à nos efforts de transition énergétique, d’accès universel à l’électricité, de compétitivité et de développement économique et social, a-t-il dit.  Les pays africains « qui subissent déjà le poids écrasant de l’échange inégal ne sauraient porter le fardeau d’une transition énergétique inéquitable », a affirmé M. Sall, en appelant au maintien des mécanismes de financement du gaz comme énergie de transition.

Enfin, le Président du Sénégal a déploré « le long chemin qui nous sépare » de l’objectif d’élimination de toute forme d’inégalité, de discrimination et de violence contre les femmes et les filles et a fait état de l’adoption, dans son pays, d’une loi criminalisant depuis janvier 2020 les actes de viol et de pédophilie.  Il a également appelé à poursuivre la mobilisation générale en faveur de la protection et de l’autonomisation des femmes et des jeunes, à travers notamment la promotion de la finance inclusive.  

M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Président de la République fédérale d’Allemagne, a tout d’abord rappelé que son pays était en pleine transition politique, des élections pour élire un nouveau parlement et le successeur de la Chancelière étant prévues ce dimanche.  Il a ensuite estimé que la situation internationale « donne à réfléchir », la chute de Kaboul ayant marqué un tournant.  Malgré d’immenses efforts et investissements, nous n’avons pas été capable d’établir un ordre politique autonome en Afghanistan, a-t-il regretté.  Appelant à tirer les leçons de cet échec, il a estimé que ce moment de « désenchantement politique » appelle à être « plus honnête, plus intelligent et plus fort ».  Le dirigeant a tout d’abord invité à se montrer plus réaliste lors de la définition et de la priorisation des objectifs, et « plus intelligent » dans l’établissement des priorités.  La politique étrangère de l’Allemagne et de l’Europe ne peut pas se limiter à « avoir raison et condamner les autres », a-t-il estimé, appelant à plus d’ouverture pour trouver un terrain d’entente, « même avec ceux différents de nous ».

Il a aussi appelé à se renforcer en termes de moyens, précisant qu’en ces temps incertains, l’Allemagne investit davantage dans ses capacités de défense.  Cependant, « la force militaire sans le courage de forger une entente et de s’engager dans la diplomatie ne rend pas le monde plus pacifique », a insisté le dirigeant pour qui les États-Unis, la Chine et la Russie ont une responsabilité particulière à assumer envers les États plus petits.  « Les Nations Unies ne sont pas un ring de boxe dépourvu de valeurs à la disposition des puissances mondiales. »

Le Président a ensuite appelé les Européens, dont les Allemands, à faire davantage pour leur propre sécurité et pour la paix dans la région et dans le monde, en citant la Libye, l’Ukraine et le Moyen-Orient.  Nous avons besoin d’une politique commune étrangère et de sécurité forte, a-t-il estimé.  Seule une Europe forte peut à la fois chercher à coopérer avec la Chine lorsque la coopération est dans l’intérêt des deux parties et nécessaire, et en même temps exiger d’elle le respect des droits humains.  Notant en outre que les États-Unis étaient en train d’établir des priorités nouvelles et différentes, il a martelé qu’aucun avantage à court terme ne méritait de créer des fissures dans l’unité transatlantique.  

Poursuivant sur les menaces liées à la crise climatique, le dirigeant a notamment rappelé les inondations dévastatrices en Allemagne durant l’été, qui ont coûté la vie à près de 200 personnes.  Dans ce contexte, le recul vers des égoïsmes nationaux nous vole notre avenir en commun, a-t-il lancé.  Il a exhorté les États Membres à prendre « ensemble » des « décisions fortes » à Glasgow, appelant à combler le fossé « trop large » entre les objectifs ambitieux affichés et les stratégies concrètes pour lutter contre les changements climatiques.  « Nous ne pouvons pas échouer, car c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu! » s’est-il exclamé.

Le Président a ensuite reconnu qu’aucun système politique n’est parfait que ce soit en Europe, en Amérique ou ailleurs, et a estimé qu’on ne peut donc ni les exporter, ni les imposer.  Il a souligné que la démocratie n’est pas un instrument occidental de pouvoir politique, mais un « projet ouvert » pour la liberté et la dignité humaine.  « La puissance de tir de l’armée la plus puissante a une fin mais l’attrait de la démocratie dans le cœur des gens demeure », a conclu M. Steinmeier. 

M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie, a fait remarquer que face à la COVID-19, la science a su démontrer son « rôle décisif » mais que la solidarité mondiale a été éprouvée, pour ensuite indiquer que son pays s’est engagé à verser 500 000 euros au Mécanisme COVAX.  Alarmé par les conclusions du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il a assuré que la Slovénie fera tout son possible pour contribuer au succès de la COP26.  Il est impératif de progresser sur le plan de l’atténuation, l’adaptation et le financement afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, a-t-il souligné, exhortant à se mettre à l’écoute des scientifiques et des experts.  Il a estimé que la transition verte doit aller de pair avec la transformation numérique et appelé à atteindre la neutralité climatique grâce à des réformes et des investissements dans les domaines de l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, la mobilité durable ainsi que dans des « modèles commerciaux circulaires ».

Notant que la compétition pour les ressources en eau ne fera que s’intensifier, le Président a souligné la menace imminente que représente la crise hydrique tout en estimant que celle-ci doit être l’occasion de repenser l’innovation, la gouvernance et la collaboration pour tout ce qui a trait à l’eau.  Il a par ailleurs relevé que la famine qui sévit à Madagascar est la première attribuée exclusivement au réchauffement climatique et a évoqué l’aide apportée par la Slovénie.  Après s’être félicité de l’inauguration, en mars, à Ljubljana, du Centre international de recherche sur l’intelligence artificielle (IRCAI), M. Pahor s’est inquiété de la vulnérabilité de l’espace numérique aux cyberattaques, notamment en ce qui concerne les infrastructures critiques et l’économie.

La pandémie de COVID-19 continue de nous donner des leçons et elle a mis en lumière certaines réalités, a relevé M. MARIO ABDO BENÍTEZ, Président de la République du Paraguay dans un message vidéo préenregistré.  Ce dernier a notamment avoué qu’il avait été difficile d’annoncer à son peuple, qu’en dépit du paiement à temps des vaccins par le biais du Mécanisme COVAX, ceux-ci n’étaient pas arrivés à temps.  Le Paraguay a toujours fait le pari du multilatéralisme.  Cependant nous ne cachons pas notre déception quant à la réponse du système multilatéral sur la distribution des vaccins, a appuyé le dirigeant.  Il a demandé une évaluation de la situation lors de l’Assemblée générale afin de préparer des mesures correctives.

M. Benítez a ensuite expliqué que l’économie du Paraguay est principalement fondée sur la production de denrées alimentaires pour le monde, et que son enclavement entraîne des conséquences très fortes sur son développement.  Il a insisté sur la nécessité de faciliter le projet du couloir bi-océanique unissant le Pacifique à l’Atlantique en traversant le Paraguay, afin de permettre l’intégration physique du pays.  Affirmant la volonté du Paraguay de favoriser les énergies renouvelables, M. Benítez a évoqué les crises hydriques qui frappent la région, remettant en question l’accès à l’eau pour les populations et l’alimentation des sources énergétiques.  Nous soulignons donc l’importance d’honorer les décisions prises dans le cadre de l’Accord de Paris, notamment au sujet du soutien aux pays en développement, a appuyé le Chef d’État.

Le terrorisme, le trafic de drogue sont des menaces bien réelles, a ensuite relevé le Président.  Le Paraguay s’est engagé dans la lutte contre son financement et au blanchiment des avoirs, a-t-il précisé.  Il a assuré que son gouvernement continuera de lutter contre les groupes criminels, condamnant fermement l’utilisation d’enfants par la criminalité organisée.

Le Chef d’État a par ailleurs affirmé qu’il était nécessaire de renforcer le rôle de l’Assemblée générale et de travailler à la réforme du fonctionnement du Conseil de sécurité.  Il a également appuyé l’inclusion de Taiwan au sein du système des Nations Unies.  Il est temps de laisser de côté nos différences afin d’approfondir le dialogue pour lutter contre la pauvreté, l’inégalité et pour promouvoir le développement durable, a conclu M. Benítez.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a rappelé à l’Assemblée que cette année marquait le soixante-treizième anniversaire de la « Naqba ».  M. Abbas, sa famille et de nombreux autres Palestiniens possèdent encore les actes de propriété de leurs terres; ces actes sont enregistrés dans les archives de l’ONU.  Il a montré le sien à l’Assemblée, expliquant que « de nombreux Palestiniens ont le leur, comme ils gardent encore aujourd’hui les clefs de leurs maisons ».  Ces Palestiniens n’ont pas été en mesure de récupérer leurs propriétés en raison de lois israéliennes violant le droit international et les résolutions de l’ONU, a poursuivi M. Abbas.  Des textes affirmant le droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leur patrie, à récupérer leurs propriétés et à recevoir une juste compensation, plus particulièrement tel qu’inscrit dans la résolution 194 (1948) de l’Assemblée générale.  « Au mépris de ces droits », Israël déplace illégalement et par la force les Palestiniens de Cheikh Jarrah et Silwan à Jérusalem.  Cela ne peut être qualifié, en vertu du droit international, que de « nettoyage ethnique », selon M. Abbas.

Alors que les Palestiniens sont restés attachés à tous les éléments de l’Accord d’Oslo de 1993, acceptant toutes les initiatives pour parvenir à une solution politique sur la base de la légitimité internationale, y compris l’Initiative de paix arabe de 2002 et la feuille de route du Quatuor de 2003, « Israël n’a pas honoré ses obligations », poursuivant au contraire son « entreprise expansionniste et coloniale », détruisant la perspective d’un règlement politique basé sur la solution des deux États, a poursuivi M. Abbas.  Le Chef d’État a mis « ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de partenaire palestinien pour la paix » au défi de démontrer que la Palestine a rejeté une seule initiative authentique et sérieuse pour la paix.  Il a regretté que les décisions de l’ONU concernant une solution à la question de Palestine n’aient pas été mises en œuvre, ayant pour conséquence de déresponsabiliser Israël, de ne pas le sanctionner et de lui permettre, tout en « prétendant être un État démocratique », d’agir « comme un État au-dessus des lois ».  S’adressant aux pays refusant de reconnaître qu’Israël pratique « l’apartheid et le nettoyage ethnique », et déclarant partager des « valeurs communes » avec Israël, M. Abbas leur a demandé quelles pouvaient bien être ces valeurs communes.

En matière de politique intérieure, M. Abbas a répété que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) était le représentant légitime et unique du peuple palestinien, engagé pour la tenue d’élections législatives, présidentielle et du Conseil national palestinien « dès que la tenue de ces élections à Jérusalem sera garantie, conformément aux accords signés ».  M. Abbas a appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour que ces élections aient lieu à Jérusalem, « car nous ne pouvons continuer à être privés d’élections ».  Il a tenu à préciser que l’OLP n’avait pas annulé les élections, seulement reportées, faute de pouvoir les organiser à Jérusalem.  En attendant, l’OLP s’efforce de créer les conditions nécessaires à la formation d’un « gouvernement d’union efficace », afin de pouvoir aider le peuple palestinien dans le monde et de planifier la reconstruction de la bande de Gaza.  « Cela nécessite la fin totale de l’agression sur l’ensemble du territoire de l’État de Palestine », a-t-il bien précisé.  Des élections municipales syndicales et étudiantes sont prévues dans les mois à venir.

S’agissant du dialogue « en cours » avec les États-Unis pour relancer leurs relations bilatérales, M. Abbas a souhaité créer les conditions propices à une évolution rapide vers un règlement politique mettant fin à l’occupation de son pays.  Cependant, a-t-il poursuivi, les Gouvernements israéliens actuel et précédent ont persisté à éluder la solution des deux États, poursuivant au contraire l’occupation et le contrôle militaire du peuple palestinien.  Ces « plans unilatéraux » n’apporteront ni la sécurité ni la stabilité, a prévenu M. Abbas.  Déplorant que les dirigeants israéliens n’aient « plus aucune honte » à affirmer leur opposition catégorique à cette solution, M. Abbas a prévenu que cette politique ouvrirait la voie à « d’autres alternatives » imposées par la situation sur le terrain.  Si les autorités d’occupation israéliennes « continuent à ancrer la réalité d’un seul État d’apartheid comme c’est le cas aujourd’hui », le peuple palestinien et le monde entier ne toléreront pas une telle situation; les circonstances sur le terrain imposeront inévitablement des droits politiques égaux et complets pour tous, sur la terre de la Palestine historique, au sein d’un seul État.  « Israël doit choisir », a prévenu M. Abbas.  Conformément aux principes du droit international, M. Abbas a appelé le Secrétaire général à se baser sur les résolutions pertinentes pour développer un mécanisme international de protection et l’activer sur les frontières de 1967, y compris Jérusalem-Est.  En parallèle, il a appelé le Secrétaire général à convoquer une conférence de paix internationale, conformément aux résolutions pertinentes; ainsi qu’à l’Initiative de paix arabe, sous les seuls auspices du Quatuor international.

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil de l’Union européenne (UE), a comparé la lutte contre les changements climatiques à une guerre déclenchée par l’espèce humaine.  « En perpétrant des tortures sur notre environnement, en abusant les ressources naturelles, en maltraitant les forêts et les océans, ce sont des actes de guerre que nous avons déclenchés.  La nature réagit.  Elle se retourne contre nous » et nous appelle à l’humilité, a poursuivi M. Michel.  La pandémie actuelle a entraîné des mesures hors du commun, comme des confinements massifs, entravant la vie sociale et les libertés.  Elle a aussi rappelé, selon M. Michel, que « nos vies et notre santé sont inextricablement liées à la santé de nos champs, de nos forêts, de nos océans et des faunes qui les peuplent ».  Appelant l’espèce humaine à « poser l’acte d’armistice » et à « offrir un traité de paix à la nature » par égard aux génération suivantes, il a recommandé de s’inspirer de la Charte des Nations Unies pour revenir à l’essentiel, à savoir « la raison et le discernement ».

Déplorant que « l’unilatéralisme brutal » prenait trop souvent le pas sur l’approche multilatérale, M. Michel a estimé que les « ambitions de domination » créaient de nouvelles dépendances, provoquant tensions et conflits.  « Les démocraties sont sous pression.  De l’intérieur ou de l’extérieur.  Des régimes autoritaires, masqués ou non, minent méticuleusement les principes de liberté, chez eux et même chez les autres », s’est inquiété le Président du Conseil.  Il a évoqué un modèle de développement économique « à bout de souffle » souffrant de failles de plus en plus visibles: « l’exploitation extrême des ressources et l’accroissement des inégalités constituent un cercle vicieux dont nous devons sortir », a-t-il déclaré.

M. Michel a assuré que l’Union européenne contribuait à soutenir le Programme 2030, en commençant par la recherche, la production et l’exportation de vaccins.  L’UE a déjà exporté 700 millions de doses vers 130 pays et investi 3 milliards d’euros dans le Mécanisme COVAX.  M. Michel a cependant reconnu que l’écart vaccinal entre pays était « inacceptable », et les États membres de l’UE ont promis de distribuer 200 millions de doses avant la fin de cette année.  D’autres projets concrets sont lancés par l’UE, comme le développement de capacités de production pharmaceutique dans plusieurs pays d’Afrique tels que le Sénégal, le Rwanda et l’Afrique du Sud, mobilisant 1 milliard d’euros.  Des partenariats sont en cours d’élaboration en Amérique latine.  Un traité international sur les pandémies, proposé par l’UE avec le Directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), fera l’objet d’une Assemblée extraordinaire en novembre prochain.

Concernant la menace climatique, les 27 membres de l’UE ont montré la voie en s’engageant pour la neutralité carbone d’ici à 2050; dans le même esprit, l’UE a rehaussé à 55% ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030.  L’UE a appelé à une tarification mondiale du carbone, qu’elle a entamée à son niveau, avec le « système d’échange d’émissions ETS ».  M. Michel a aussi appelé à verdir les économies, à s’entendre pour une approche globale et à fixer un cadre réglementaire à la « finance verte ».  Conscient des différences de moyens et de responsabilités historiques entre pays, M. Michel a remarqué que les promesses des 100 milliards de dollars annuels pour financer la lutte contre le réchauffement avait rarement été tenues.  L’UE, pour sa part, a versé 127 milliards d’euros entre 2013 et 2019, soit un tiers du total.

Promettant que la nouvelle donne en Afghanistan ne signifiait pas la fin de l’engagement européen auprès des populations afghanes, l’UE souhaite préserver tant que possible les acquis des 20 dernières années, « spécialement pour les droits des femmes et des jeunes filles ».  Par ailleurs, c’est parce que 40% de son commerce transite par la région indopacifique que l’UE a décidé de renforcer sa coopération avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a expliqué M. Michel.  La sécurité et la liberté de navigation en mer de Chine méridionale et dans l’océan Indien doivent être garanties conformément au droit international, et « l’UE prendra sa pleine part de responsabilité ». 

M. Michel a enfin rappelé que l’UE finançait un quart du budget ordinaire de l’ONU, soit 650 millions d’euros; 30% du budget total du maintien de la paix; et la moitié de l’aide au développement mondiale.  L’UE a des valeurs à promouvoir, des citoyens à protéger et des intérêts à défendre: c’est dans cet esprit qu’elle développe son « autonomie stratégique », y compris dans ses capacités de sécurité et de défense.  « Pour être moins dépendants.  Pour renforcer notre influence positive.  Et pour consolider notre Alliance atlantique », a conclu le Président de l’UE.  « Des alliés plus forts font une alliance plus forte.  Dans la transparence et la loyauté. »

Mme ISATOU TOURAY, Vice-Présidente de la Gambie, a appelé à une plus grande solidarité internationale et un fort leadership des Nations Unies pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et des changements climatiques compte tenu de leurs impacts délétères sur le développement de l’Afrique.  Elle a mis l’accent sur une situation économique et sécuritaire alarmante au Sahel.  « Une réponse urgente et globale aux problèmes du Sahel est nécessaire », a-t-elle plaidé avant de prévenir que l’Afrique de l’Ouest restera à la traîne en matière de développement sans un Sahel stable.  Dans ce contexte, la Vice-Présidente gambienne a appelé la communauté internationale à s’unir et à agir de manière cohérente pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et du redressement en Afrique en adoptant de nouvelles approches mieux adaptées aux exigences contemporaine.

Par ailleurs, Mme Touray a invité la communauté internationale à intensifier ses efforts collectifs pour accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable et des objectifs et cibles de l’Agenda 2063, notamment en faisant taire les armes en Afrique.  « Nous devons également renforcer le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine en formulant des réponses conjointes aux menaces existantes et émergentes à la paix, à la sécurité et au développement sur le continent », a-t-elle insisté.  Elle a favorisé des approches donnant la priorité à la prévention, la transformation et la durabilité pour aider les pays africains dans leur reprise postpandémie et leur développement à long terme.

La dirigeante s’est inquiétée de l’impact de la pandémie sur la capacité des pays africains de réaliser les objectifs de développement durable (ODD) alors que la croissance du produit intérieur brut de l’Afrique a été négative en 2020, avec -3,4%.  Au niveau national, le Gouvernement gambien a récemment achevé la revue à mi-parcours du Plan national de développement 2018-2021 pour faire le point sur les réussites et les lacunes existantes.  Mme Touray a espéré que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) sera l’occasion pour la communauté internationale de s’engager dans des actions concrètes pour appuyer une reprise résiliente et la réalisation des ODD au cours de cette décennie.  « En tant que PMA, la Gambie estime qu’il est crucial que les gouvernements soient dotés des outils nécessaires et des ressources adéquates pour financer leurs priorités de développement », a insisté Mme Touray.  Elle a vue en outre dans la tenue des élections présidentielle en décembre 2021 et législatives en 2022 l’occasion de renforcer encore la démocratie dans le pays.  

Dans un message vidéo préenregistré, Mme MARIAM CHABI TALATA, Vice-Présidente de la République du Bénin, qui s’exprimait au nom du Président Patrice Talon, a salué la priorité majeure accordée par les Nations Unies « à la recherche d’une solution définitive » à la crise de la COVID-19.  Notant des taux de vaccinations appréciables dans le monde, mais encore faibles en Afrique, la Vice-Présidente a souligné que le continent continue d’affronter d’autres infections mortelles, telles que la malaria et le VIH/sida.  Plaidant en faveur de l’anticipation, pour éviter la survenue des futurs fléaux, Mme Chabi Talata a affirmé que les actions isolées et ponctuelles ne suffisent plus.  Elle a demandé à chaque État de s’ouvrir aux autres.

Évoquant ensuite les problèmes d’insécurité liés à l’extrémisme violent et au banditisme, la Vice-Présidente a évoqué deux situations de crise: le péril terroriste qui constitue une menace réelle à ses frontières nord et la piraterie maritime au sud.  Mme Chabi Talata a souligné que le Bénin s’associe à toutes les initiatives, régionales et internationales, afin de garantir à ses citoyens et aux autres la paix, la libre circulation et la sécurité.  Une collaboration également nécessaire, selon la Vice-Présidente béninoise, pour « sauver une planète exposée à toutes sortes d’abus ».  « Il faut, au-delà de nos souverainetés individuelles, nous violenter, nous contraindre à planifier ensemble toutes les actions relatives aux besoins des pays et de la planète », a martelé Mme Chabi Talata.

Estimant que l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) est « le moyen le plus concret et le plus sûr » pour garantir le respect des droits de la personne, Mme Chabi Talata a déclaré se battre pour mobiliser des ressources permettant au peuple béninois d’avoir accès à un système alimentaire adéquat avec des cantines scolaires dans l’ensemble du pays; à une éducation de qualité; à des soins de santé à travers le système d’Assurance pour le Renforcement du Capital Humain (ARCH) qui protège les plus démunis; à l’eau potable par l’extension des réseaux de distribution et; enfin, à l’énergie par l’extension du réseau électrique et les énergies propres.  « Notre pays a pu mobiliser l’essentiel des ressources indispensables à l’atteinte de la majorité des ODD », s’est félicité Mme Chabi Talata, mentionnant également les garanties données sur le plan politique pour la bonne gouvernance, l’organisation des élections et la lutte contre la corruption.

« Les progrès réalisés par notre pays sont sensibles, palpables, concrets ces dernières années et nous poussent à estimer que nous méritons pour cela de siéger au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies au titre de la période 2022-2024 », a plaidé Mme Chabi Talata, rappelant que la candidature du Bénin avait été déjà formellement endossée par l’Union africaine.  Il a appelé les États Membres à soutenir celle-ci lors des élections à New York en octobre 2021.

La Vice-Présidente a enfin appelé à une réforme de l’institution des Nations Unies, arguant que « le monde a évolué », et demandant un « esprit de consensus pour faire des Nations Unies une institution moderne, libre et juste ».  Mme Chabi Talata a également rappelé son soutien aux initiatives diplomatiques visant la création d’un État palestinien viable avec la pleine souveraineté internationale et vivant dans une coexistence pacifique avec l’État d’Israël.  Il a en outre dit son soutien aux efforts des Nations Unies sur la question du Sahara occidental.  « Le Bénin appelle à la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis », a enfin déclaré Mme Chabi Talata, rappelant la résolution adoptée par l’Union africaine en février 2021 sur la nécessité de lever le blocus économique contre Cuba.

Mme REBECCA NYANDENG DE MABIOR, Vice-Présidente de la République du Soudan du Sud, qui s’exprimait au nom du Président Salva Kiir Mayardit, a passé en revue les récents développements survenus dans son pays depuis juillet 2011, date à laquelle le Soudan du Sud a émergé d’une « longue lutte de libération contre l’oppression et la domination ».  Pourtant, moins de trois ans plus tard, le pays s’est effondré dans une nouvelle guerre déclenchée par une lutte de pouvoir intestine.  Cette guerre a été précédée par deux accords négociés par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine, l’ONU et d’autres nations amicales.  L’accord a créé un environnement propice, qui a permis la formation du Gouvernement transitoire d’unité nationale en 2020.  Malheureusement, a-t-elle déploré, notre détermination à mettre en œuvre l’accord a rencontré de nombreux écueils, notamment la pandémie de COVID-19 et les ressources limitées nécessaires à sa mise en œuvre.  Depuis, a-t-elle poursuivi, le Président Mayardit a lancé le dialogue national pour compléter l’accord.  Mais, a reconnu Mme de Mabior, nous sommes encore loin de construire une nation capable de fournir les services de base et le développement de notre peuple.

Elle a dit ne pas être ici « pour nier nos erreurs passées en tant que dirigeants nationaux », ni non plus être « sur la défensive » en réponse à la déception de nos amis et du monde entier à notre égard.  Au contraire, la Vice-Présidente est venue pour prendre part à un dialogue constructif avec nos partenaires internationaux.  L’occasion pour elle de souligner quelques points, d’abord assurer à « nos amis et partenaires que nous sommes déterminés à ouvrir une nouvelle page en nous engageant à ne jamais revenir à la guerre ».  Alors qu’il ne devrait y avoir aucun doute sur la bonne volonté du Président Mayardit et du gouvernement qu’il dirige de garantir la paix et le bien-être général, nous devons identifier et traiter les raisons objectives de ces échecs.  La Vice-Présidente a regretté la fin du soutien au renforcement des capacités, estimant nécessaire de se prémunir contre la conséquence involontaire de la dépendance à l’égard de l’aide humanitaire: il est « douloureux et honteux » qu’un pays doté de vastes terres fertiles soit considéré comme pauvre, a-t-elle déploré.  Nous devons garantir la paix et la sécurité dans le pays et encourager nos concitoyens à retourner dans leurs régions d’origine et à cultiver et tirer profit d’une jeunesse estimée à 73,6% de la population et de la contribution des femmes au développement économique.

Sur le plan bilatéral, la Vice-Présidente s’est réjouie d’annoncer que les relations avec le Soudan se sont considérablement améliorées.  Elle a reconnu, toutefois, qu’« il reste des problèmes à résoudre entre nos deux pays ».  La première et la plus importante est, à ses yeux, la question de la zone contestée d’Abyei, regrettant l’absence d’accord sur la mise en œuvre du protocole d’Abyei, citant les nombreux accords supplémentaires conclus sans pour autant parvenir à une solution définitive.  Tout arrangement alternatif prendra du temps et laissera un dangereux vide sécuritaire dans la région, a-t-elle mis en garde.  Cependant, cette question peut être résolue pacifiquement par un arrangement qui donnera au peuple Abyei liberté et dignité.  En tout état de cause, a conclu la Vice-Présidente, le Soudan du Sud est déterminé à tirer les leçons du passé et impatient de s’engager dans un dialogue constructif, de revitaliser la coopération et d’être plus efficace dans la poursuite de nos objectifs communs.  « Nous devons faire en sorte que l’accord de paix revitalisé réussisse, et nous ne pouvons y parvenir qu’avec le soutien de nos partenaires régionaux et internationaux. »

Dans un message vidéo préenregistré, M. NIKOL PASHINYAN, Premier ministre de l’Arménie, a mis l’accent sur la situation au Caucase du Sud, marquée par l’« agression », à l’automne 2020, du Haut-Karabakh.  « Cette guerre, qui a duré 44 jours, a coûté la vie à des milliers de personnes et fait des dizaines de milliers de déplacés », a dit M. Nikol Pashinyan, avant de fustiger une agression accompagnée de nombreuses violations flagrantes du droit international par les forces armées azerbaïdjanaises.  Illustrant son propos, il a cité des attaques délibérées contre des civils et des infrastructures vitales, des exécutions extrajudiciaires de prisonniers de guerre et d’otages civils, des actes de torture et de nombreux autres crimes documentés.  Le Chef du Gouvernement a aussi indiqué que les régions du Haut-Karabakh, après être passées sous contrôle de l’Azerbaïdjan, ont subi un « nettoyage ethnique complet » du peuple arménien.  Il a regretté que la communauté internationale n’ait pu empêcher ces atrocités, saluant toutefois la médiation de la Fédération de Russie, qui a permis d’arrêter l’effusion de sang en soulignant que les forces de maintien de la paix russes déployées dans le Haut-Karabakh, y assurent aujourd’hui stabilité et sécurité.

Dans ce contexte, le Premier Ministre s’est félicité que l’Assemblée nationale de la République d’Arménie ait, le mois dernier, approuvé un plan d’action du gouvernement pour 2021-2026, dont une disposition clé est d’ouvrir une ère de développement pacifique pour l’Arménie et la région.  « Conformément aux résultats des élections législatives anticipées tenues le 20 juin 2021, le peuple arménien a donné au Gouvernement le mandat de progresser vers cet objectif », a indiqué M. Pashinyan avant de se féliciter de la tenue de cette deuxième élection en Arménie après la « Révolution populaire non violente de velours » de 2018.

Après avoir déclaré que l’Arménie détenait des preuves d’exécutions sommaires de prisonniers arméniens et de tortures toujours pratiquées par les forces azerbaïdjanaises, M. Pashinyan a jugé urgent l’ouverture des communications régionales énoncées dans la déclaration trilatérale signée par le Président russe, son homologue de l’Azerbaïdjan et le Premier Ministre d’Arménie, les 9 novembre 2020 et 11 janvier 2021.

« L’Arménie est prête à un dialogue constructif, qui devrait conduire à l’instauration d’une paix durable dans la région », a dit le Premier Ministre avant de proposer d’achever le processus de retour des prisonniers de guerre, otages et autres captifs.  Il a aussi jugé nécessaire de résumer le processus de paix pour le règlement du conflit du Haut-Karabakh sous les auspices des Coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE.  Il a déclaré que la situation créée par l’usage de la force ne peut être légitimé du point de vue du droit international et le droit du peuple d’Artsakh à l’autodétermination suspendu par l’usage de la force.  Après avoir insisté que le conflit ne peut être considéré comme résolu par le recours à la force, le Premier Ministre a affirmé que « le conflit du Haut-Karabakh attend son juste règlement ».  Il a espéré que les contacts négociés par les Coprésidents du Groupe de Minsk permettront aux parties de trouver un terrain d’entente et d’aborder les questions difficiles.

Le Chef du Gouvernement a jugé difficile d’imaginer un processus de délimitation des frontières entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur fond d’échanges de tirs quasi quotidiens et de provocations diverses à la frontière arméno-azerbaïdjanaise, alors que des forces azerbaïdjanaises ont infiltré le territoire arménien le 12 mai 2021 dans la section Sotk-Khoznavar.  Pour surmonter cette situation, le Premier Ministre arménien a proposé que les forces armées de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan se retirent simultanément à la frontière de l’époque soviétique, autour de laquelle des observateurs internationaux seraient déployés.  En conclusion, M. Pashinyan a souligné la volonté de l’Arménie de contribuer au renforcement de l’ordre international basé sur les principes de la Charte de l’ONU, la promotion de développement durable et la protection des droits de l’homme.

M. PRAVIND KUMAR JUGNAUT, Premier Ministre de la République de Maurice, a déclaré, dans un message vidéo préenregistré, que la pandémie de COVID-19 a braqué les projecteurs sur l’étendue de l’inter-connectivité mondiale.  Il a constaté que de nombreux pays peinent à obtenir des vaccins abordables et efficaces, alors que les économiques avancés sont parvenus à une « vaccination de masse. »  Il a appelé à produire plus de vaccins, plus rapidement, et à décentraliser leur production pour répondre aux besoins des populations du monde entier.  Les installations multilatérales telles que le Mécanisme COVAX devraient être entièrement financées et prêtes à redistribuer les doses de vaccin excédentaires.  Il a également plaidé pour un partage des technologies et des ressources nécessaires avec les pays en développement pour permettre le déploiement de vaccins et un retour plus rapide à la normale.  Dans le même ordre d’idées, a ajouté le Premier Ministre, les sanctions économiques unilatérales devraient être revues à la lumière de l’urgence humanitaire de lutter contre la pandémie. 

La COVID-19 n’a pas épargné Maurice et notre PIB s’est contracté de 14,9% en 2020, a regretté M. Jugnaut, demandant une nouvelle architecture financière mondiale axée sur une plus grande marge budgétaire et la viabilité de la dette pour les petits États insulaires en développement (PEID).  Il a également fait part de son plein appui à la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel permettant de déterminer le type d’appui que nécessiterait chaque pays.

Passant à l’environnement, le Premier Ministre a relevé que les océans abritent d’énormes quantités et variétés de biodiversité qui doivent être protégées, pour ensuite apporter son appui à l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur la biodiversité au-delà de la juridiction nationale qui permettrait un partage équitable des avantages.  Il a également fait part de son soutien à la création d’une convention de lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles.

M. Jugnaut a par ailleurs dénoncé le recours à la force pour légitimer des gouvernements ainsi que la résurgence de l’extrémisme violent en Afrique pour ensuite faire part de sa solidarité envers le peuple afghan et appeler à un règlement juste et durable de la question palestinienne.  Il a également exhorté à accélérer le processus de réforme du Conseil de sécurité.  L’Afrique doit avoir la place qui lui revient dans un Conseil de sécurité élargi qui devrait également inclure un siège pour les PEID, a-t-il estimé.

Le Premier Ministre de Maurice a ensuite décrié l’inaction de la « puissance coloniale », plus de deux ans après que la Cour internationale de Justice (CIJ) ait statué que le Royaume-Uni devait retirer son « administration illégale » de l’archipel des Chagos aussi rapidement que possible.  Il a souligné qu’une Chambre spéciale du Tribunal international du droit de la mer avait statué que les décisions de la CIJ étaient juridiquement contraignantes et qu’en adoptant la résolution 73/295, l’Assemblée générale avait défini des modalités pour l’achèvement de la décolonisation de Maurice.  Il a également fait savoir que cette Chambre spéciale va à présent procéder à la délimitation de la frontière maritime entre Maurice et les Maldives sur la base du fait que Maurice est l’État côtier par rapport à l’archipel des Chagos.  M. Jugnaut a en outre réitéré l’engagement de Maurice à assurer le fonctionnement continu de l’installation de défense de Diego Garcia.  À cet égard, Maurice, « en tant que souverain sur l’archipel des Chagos, qui comprend Diego Garcia », est prête à conclure un accord à long terme avec les États-Unis à ce sujet.

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a rappelé, dans un message vidéo préenregistré, que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire de l’adhésion de la Suède aux Nations Unies.  Pour lui, les défis mondiaux d’aujourd'hui démontrent le besoin urgent de renforcer la coopération internationale, avec une ONU moderne en son centre.  Il a noté que l’impact dévastateur de la pandémie a mis à l’épreuve la résilience de nos sociétés et fait pression sur le système multilatéral.  Plus de la moitié de la population mondiale n’a pas encore été vaccinée contre la COVID-19, a-t-il regretté, en plaidant pour que la priorité soit de rendre les vaccins accessibles à tous, de manière équitable.  Dans ce contexte, le Mécanisme COVAX reste notre meilleur instrument et la Suède en est son plus gros contributeur par habitant, s’est félicité le Premier Ministre, en assurant que le pays entend accroître son soutien à l’accès mondial aux vaccins.

En outre, les phénomènes météorologiques extrêmes dont nous avons été témoins, avec les incendies de forêt, les inondations et canicules, soulignent l’urgence d’agir contre les changements climatiques, a relevé M. Löfven.  Il a demandé d’écouter la science et de transformer nos sociétés.  Il faut maintenir en vie l’objectif de 1,5 degré Celsius, a-t-il demandé, en invitant à agir de manière prioritaire en faveur de la réduction des émissions, de l’adaptation et de la protection de la biodiversité.  Se remettre de la pandémie offrira la possibilité de reconstruire plus vert, a-t-il espéré.  Rappelant que l’année prochaine fera 50 ans que le monde s’était réuni à Stockholm pour la toute première Conférence des Nations Unies sur l’environnement, le Premier Ministre a indiqué qu’en juin prochain, le pays accueillera « Stockholm+50 », qui, a-t-il espéré, sera un catalyseur pour des actions transformatrices pour un changement systémique en ce qui concerne l’environnement et les changements climatiques.  Pour lui, c’est l’occasion de redéfinir la relation entre l’humanité et la nature.

En outre, le Premier Ministre a appelé à un engagement renouvelé pour le renforcement de la coopération internationale qui doit se fonder sur notre responsabilité commune de faire respecter la loi.  Les droits de l’homme sont universels et s’appliquent à tous, a-t-il rappelé.  Il s’est inquiété de voir que le respect de la démocratie continue de diminuer globalement.  La Suède continuera à soutenir fermement les institutions et processus démocratiques, et les défenseurs de la démocratie, a-t-il promis, notamment grâce à l’initiative interrégionale suédoise « Drive for Democracy » qui vise à lutter contre l’autoritarisme et à promouvoir la démocratie dans le monde.

Notant que la pandémie a exacerbé des écarts critiques en matière d’égalité, en particulier l’égalité des sexes, il a indiqué que les femmes et les filles ont été disproportionnellement affectées.  Pourtant, le développement durable, la paix et la sécurité ne sont pas possibles lorsque les femmes et les filles sont laissées pour compte, a-t-il relevé, expliquant pourquoi son gouvernement est « un gouvernement féministe ».  Le Premier Ministre a déclaré que la solidarité internationale fait partie de l’ADN suédois.  À cet égard, il a mentionné que le pays reste ferme dans ses engagements mondiaux, notamment celui de fournir 1% du revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD).  De même, en tant que Président du Conseil d’administration du Bureau international du Travail (BIT) cette année, la Suède entend promouvoir les droits du travail.  Il a également exhorté les États Membres à augmenter de toute urgence le financement pour sauver des vies et soulager les souffrances, rappelant que la Suède reste l’un des plus grands donateurs humanitaires. 

Le Premier Ministre a demandé de trouver de nouvelles façons d’aider le peuple afghan à soutenir les réalisations accomplies au cours des 20 dernières années.  Au Yémen, il a plaidé pour la mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad.  Et alors que la Suède préside l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), il a dit que le principe directeur du pays est de revenir à l’essentiel en défendant l’ordre sécuritaire européen fondé sur le respect et le droit international et la Charte des Nations Unies.  Enfin, M. Löfven a appelé tous les États, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, à œuvrer pour le désarmement nucléaire.  Alors que c’est son dernier discours à l’ONU en tant que Premier Ministre de Suède, il a conclu en disant que si les défis mondiaux deviennent de plus en plus pressants, « ensemble, nous avons également fait des progrès importants ».  Et la Suède reste un champion actif de la recherche de solutions communes aux défis auxquels nous sommes confrontés ensemble, a-t-il estimé, tout en présentant des exemples d’actions qu’il a impulsées sur la scène internationale en tant que Premier Ministre de Suède.

« Nous n’avons pas fait bouger les choses! », a déploré Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, notant que lors de son premier discours, en 2018 à la tribune des Nations Unies, elle avait déjà fait observer que « le monde semblait dangereusement similaire à celui d’il y a 100 ans ».  À travers une série de questionnements, elle a décrié les inégalités d’accès aux vaccins et dénoncé l’inaction de certains face à la pandémie.  Combien de variantes de la COVID-19 doivent apparaître, avant qu’un plan de vaccination mondial ne soit mis en œuvre?  Combien de décès avant que 1,7 milliard de vaccins excédentaires ne soient partagés? s’est-elle insurgée.

Elle a poursuivi en abordant le sujet de la citoyenneté numérique à l’époque des fausses informations.  Relevant que les États Membres s’étaient réunis avec empressement pour défendre le droit des États à taxer les entreprises numériques, elle a déploré le manque de protection des citoyens face aux fausses informations dans ce même espace.  Elle a appelé à un leadership stratégique mondial pour répondre à toutes ces questions.

« Combien de crises mondiales doivent-elles se produire avant de se rendre compte que le système international divise, au lieu de nous élever? »  Elle a affirmé que la communauté internationale, dispose, selon elle, des « moyens de donner à chaque enfant une tablette, à chaque adulte un vaccin et d’investir dans la protection des plus vulnérables contre les changements climatiques, « mais nous avons choisi de ne pas le faire ».

La Première Ministre a ensuite décrié, à travers une autre série de questionnements, le manque de représentativité au niveau des institutions internationales, le racisme structurel, ou encore les promesses faites « avant le retour du nationalisme et du militarisme », ajoutant que, l’époque actuelle ressemble dangereusement « à la veille de la Grande Dépression et de la guerre mondiale ».  Ce qui se déroule actuellement, n’est « pas un film de science-fiction mais bien la réalité », a-t-elle déclaré, avant d’affirmer que l’heure est au leadership.  « Nos voix doivent être entendues et doivent compter », a-t-elle assuré, en invitant les États et peuples du monde entier à indiquer la direction dans laquelle aller « pour sauver notre planète ».

À l’occasion de sa dix-septième participation à l’Assemblée générale de l’ONU, Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a relevé que cette année marque le « jubilé d’or » de l’indépendance de son pays et le centenaire de la naissance de son défunt père, Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman, « père de la nation » et « ardent défenseur du multilatéralisme ».  Grâce aux efforts consentis pour réaliser le « rêve inachevé » de ce « leader visionnaire », le Bangladesh fait désormais partie des cinq économies à la croissance la plus rapide au monde, au quarante et unième rang en termes de PIB, s’est-elle félicitée.  Au cours de la dernière décennie, nous avons réduit le taux de pauvreté de 31,5% à 20,5% et notre revenu par habitant a plus que triplé.  Dans le même temps, a-t-elle ajouté, le taux de mortalité infantile a été réduit à 23,67 pour mille et des progrès impressionnants ont été accomplis pour l’autonomisation des femmes, ce qui a contribué à notre « développement transformateur ».

La dirigeante s’est ensuite félicitée que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le Bangladesh ait été « bien moindre que ce que l’on craignait », et ce, principalement grâce au renforcement opportun du système de santé national.  De plus, 28 plans de relance d’un montant total de 14,6 milliards de dollars ont été mis en œuvre pour maintenir l’économie à flot, tandis qu’un effort budgétaire de 1,61 milliard de dollars était alloué aux vaccins et que de l’argent et d’autres types d’aide étaient distribués à près de 40 millions de personnes.  La résilience de notre peuple nous a permis d’atteindre une croissance économique de plus de 5% en 2020, s’est-elle enorgueillie.  Si l’humanité a survécu à d’autres catastrophes de ce type par le passé, la crise actuelle risque néanmoins de durer, a estimé Mme Hasina, avant d’appeler la communauté internationale à promouvoir des moyens inclusifs de lutte contre cet « ennemi commun », le premier d’entre eux devant être l’accès universel et abordable aux vaccins.  Jugeant que le transfert immédiat des technologies pourrait permettre d’assurer l’équité vaccinale, elle a assuré que son pays était prêt à produire des vaccins à grande échelle si le savoir-faire technique était partagé et si une dérogation aux brevets était accordée.

La Première Ministre a par ailleurs relevé que la pandémie a eu un impact disproportionné sur les pays vulnérables au climat.  Elle a donc appelé les pays riches et industrialisés à réduire leurs émissions, à compenser les pertes et les dommages, et à assurer un financement et un transfert de technologie adéquats pour l’adaptation et le renforcement de la résilience.  À ses yeux, la prochaine COP26 à Glasgow est l’occasion d’appuyer ces idées nouvelles et inclusives.  « Ne laissons pas passer cette opportunité, » a-t-elle insisté.  De même, Mme Hasina a souhaité que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), prévue à Doha en janvier, contribue à aider un plus grand nombre de PMA à sortir durablement de cette catégorie.  Le Bangladesh, a-t-elle souligné, est sur le point d’y parvenir malgré les défis sans précédent liés à la COVID-19.

Mme Hasina a d’autre part déploré que plus de cinq ans après le début de la crise des Rohingya, aucun ressortissant du Myanmar déplacé de force n’ait pu être rapatrié au Myanmar.  Ce pays doit créer les conditions propices à leur retour dans l’État rakhine, a-t-elle plaidé, avant de se dire prête à travailler avec la communauté internationale sur cette « priorité impérieuse ».  Invitant les dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) à intensifier leurs efforts à cette fin, elle a indiqué que, pour assurer leur séjour temporaire, le Bangladesh a dû transférer une partie des déplacés rohingya sur l’île de Bashan Char, tout en menant des campagnes de vaccination dans les camps pour freiner la propagation de la COVID-19.

Enfin, après avoir souligné la grande contribution du Bangladesh aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et appelé à une protection accrue des Casques bleus, Mme Hasina a rappelé qu’elle réclame toujours justice pour le massacre, il y a 46 ans, de 18 membres de sa famille, dont son père, alors Président du pays.  Depuis mon retour d’exil, j’ai consacré ma vie à réaliser le rêve de mon père d’un Bangladesh heureux et prospère.  « Si Dieu le veut, je continuerai à le faire tant que je vivrai », a-t-elle déclaré en conclusion.  

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a voulu se concentrer sur la lutte contre le coronavirus et la reprise postpandémie, l’impact dévastateur de la crise climatique et la réponse à y apporter, ainsi que la situation en Afghanistan.  Le défi le plus important auquel nous sommes confrontés est de trouver un moyen de sortir de la pandémie de COVID-19, a déclaré M. Rutte.  « La solidarité mondiale n’est pas simplement la bonne chose à faire, c’est la seule chose que nous pouvons faire pour mettre fin à la pandémie », a plaidé le Premier Ministre qui, à cette fin, a exhorté à intensifier la production de vaccins et le partage équitable des doses disponibles.  D’ici la fin de l’année, les Pays-Bas espèrent avoir fait don de plus de 20 millions de vaccins aux pays dans le besoin via le Mécanisme COVAX, a annoncé M. Rutte.  Le Premier Ministre a aussi jugé important de travailler à une reprise socioéconomique qui profite à tous. 

Pour contrer les impacts des changements climatiques, il est plus vital que jamais que la COP26 en novembre réussisse, a-t-il poursuivi.  « Nous ne pouvons pas permettre que les tensions politiques entre les pays nous empêchent de réaliser ces objectifs. »  Il a souligné que l’adaptation climatique est dans l’ADN du Royaume des Pays-Bas.  Illustrant son propos, il a dit que le pays a accueilli le sommet en ligne sur l’adaptation au climat au début de l’année, qui a été l’occasion de lancer le Programme d’action pour l’adaptation.  Ce programme vise à transformer les paroles en actes, a informé M. Rutte.  

Passant à la « tragédie en Afghanistan » que nous avons vue cet été, il a jugé la situation « désespérée ».  Lors de la conférence des donateurs du 13 septembre, les Pays-Bas ont promis 13,5 millions d’euros supplémentaires pour le Fonds humanitaire pour l’Afghanistan et le Plan régional de préparation et d’intervention en faveur des réfugiés, a-t-il indiqué.  Les peuples du monde et le peuple afghan comptent sur l’ONU, a dit en conclusion le Premier Ministre. 

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a observé qu’après des mois de souffrances et de perturbations dues à la pandémie de COVID-19, « un espoir renaît de la coopération ».  Saluant le « miracle scientifique collectif » que constitue la découverte et la production de vaccins contre cette maladie, il s’est félicité que l’Europe ait « ouvert la voie » tant en matière d’approvisionnement aux États Membres que de dons à des pays extérieurs à l’Union européenne (UE), notamment via le Mécanisme COVAX.  De plus, a relevé le Chef du Gouvernement grec, un plan de relance budgétaire sans précédent a été décidé par l’UE, ce qui entraîne une reprise économique soutenue à travers le continent.  Cette riposte a prouvé que, lorsque le monde avait besoin de se tenir debout et solidaire, il pouvait faire face à des problèmes véritablement mondiaux, a-t-il souligné, estimant à moins de six semaines de la COP26 à Glasgow que « notre réponse collective à la crise climatique doit faire de même ».

À cet égard, M. Mitsotakis a noté que l’écosystème méditerranéen est particulièrement sensible aux conséquences de la hausse des températures et que son pays n’est « bien sûr pas à l’abri », comme l’ont rappelé les méga-incendies de forêt de l’été dernier.  Exprimant sa reconnaissance aux 23 pays qui ont aidé Athènes à faire face à ce phénomène naturel, il s’est réjoui que vendredi dernier, aux côtés de la Grèce, les dirigeants de huit autres pays méditerranéens aient fait de la crise climatique le point central du huitième sommet annuel de l’EuroMed.  Il a ajouté que, face à la crise climatique, son pays a décidé d’avancer à 2025 la fermeture de toutes ses usines de production d’électricité alimentées au lignite.  La Grèce investit en outre dans la transition verte et se préoccupe de la pollution plastique sur terre et en mer.  Elle prévoit par ailleurs de transformer 10% de son espace maritime en zone protégée d’ici à 2030, a dit le Premier Ministre. 

Évoquant ensuite la complexité croissante des relations internationales, le Premier Ministre a fait état de points de vue divergents entre son pays et la Turquie.  Après avoir rappelé que la Charte de l’ONU interdit l’usage ou la menace de la force, il a regretté que, depuis 1995, la Grèce soit confrontée à une « menace formelle, régulièrement renouvelée et clairement illégale et inacceptable » de recours à la force par la Turquie.  En tant que puissance maritime, nous sommes pleinement attachés au droit de la mer, a-t-il fait valoir, indiquant que son pays a récemment signé des accords de délimitation maritime avec l’Italie et l’Égypte, tout en convenant avec l’Albanie de renvoyer un litige devant la Cour internationale de Justice.  C’est cet état d’esprit qui définit notre approche de la Turquie, a assuré M. Mitsotakis, avant de déplorer que l’an dernier, Ankara ait « inutilement soulevé des tensions », menaçant d’un affrontement entre deux alliés de l’OTAN.  À ses yeux, cette « attitude agressive » compromet les perspectives d’une relation mutuellement bénéfique et met en péril la sécurité et la stabilité régionales, tout en compliquant les relations de la Turquie avec l’Europe.  Plutôt que de livrer des « batailles du siècle dernier », nous devrions unir nos forces et coopérer contre de nouveaux « ennemis communs » tels que les changements climatiques et la crise migratoire illégale, a plaidé le Premier Ministre.  

Il s’est en revanche déclaré « moins optimiste » sur la question de Chypre, jugeant regrettable que la Turquie continue d’ignorer les résolutions de l’ONU et d’insister sur la militarisation de l’île.  Malgré les violations répétées d’Ankara, notamment concernant la zone clôturée de Varosha, la Grèce reste pleinement engagée à soutenir les efforts de l’ONU en faveur d’une reprise, dès que possible, des négociations sur un règlement viable de la question chypriote, a-t-il assuré, ajoutant que cette solution ne peut être trouvée que sur la base des résolutions du Conseil de sécurité.  « Toute discussion concernant une solution à deux États est tout simplement inacceptable », a martelé le Premier Ministre, avant d’aborder une autre crise « dans notre voisinage immédiat », celle de la Libye en proie à une guerre civile depuis 10 ans.  Le peuple libyen mérite un avenir pacifique, « libre de la présence de troupes étrangères, de mercenaires et de combattants étrangers », et doit pouvoir élire librement son propre gouvernement, sans intervention étrangère, a-t-il plaidé.  « Nous les soutenons », a-t-il affirmé.  Enfin, après avoir souhaité que le prochain sommet UE-Balkans fasse progresser l’intégration européenne, il a plaidé pour une « autonomie stratégique » de l’Europe.  Selon lui, loin de nuire aux liens transatlantiques, une Union européenne de la défense « renforcera l’OTAN ».  De fait, a-t-il dit avant de conclure, nos intérêts stratégiques en Méditerranée orientale, au Moyen-Orient et au Sahel nous obligent à relever ce défi avec un « sentiment d’urgence renouvelé ».  « Car il y aura des missions où l’OTAN et l’ONU ne seront pas présentes, mais où l’UE devrait l’être. »

S’exprimant par visioconférence, M. SUGA YOSHIHIDE, Premier Ministre du Japon, a rappelé l’importance d’assurer un accès équitable aux vaccins partout dans le monde en créant un environnement où tous les pays et toutes les régions peuvent les obtenir sans conditions préalables sur les plans politique ou économique.  M. Suga a annoncé que son gouvernement fournira jusqu’à 60 millions de doses de vaccin au total qui seront livrées dans les centres de vaccination de chaque pays et région grâce au programme « Last One Mile Support ».  Au total, il aura fourni une assistance de l’ordre de 3,9 milliards de dollars dans le monde et continuera de déployer tous les efforts possibles pour surmonter la COVID-19.  Le Premier Ministre a ensuite évoqué quatre points « pour orienter notre monde vers un avenir meilleur », à commencer par la création des systèmes de santé mondiaux plus résilients.  La pandémie, a-t-il ajouté, a conduit à une reconnaissance renouvelée de l’importance de la couverture sanitaire universelle afin d’assurer un accès équitable aux services de soins de santé et la protection des vulnérables.  À cet égard, le Japon proposera une « Stratégie de santé mondiale », pour contribuer à la construction d’une nouvelle architecture de sécurité sanitaire mondiale, en collaboration avec la communauté internationale.  Le Japon accueillera en outre le Sommet de Tokyo sur la nutrition pour la croissance en décembre de cette année afin d’améliorer la nutrition des populations du monde entier.

Par ailleurs, le Chef du Gouvernement a préconisé de créer une société verte et durable, a avancé M. Suga.  Le Japon vise à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 46% avant 2030 et fixe un objectif ambitieux à long terme de zéro émission nette d’ici à 2050.  Il fournira en outre un financement à l’action climatique aux pays en développement, y compris les petits États insulaires, pour un montant total d’environ 60 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, de 2021 à 2025.  De plus, le Premier Ministre a souligné l’importance d’un ordre international libre et ouvert fondé sur l’état de droit y compris dans la région indopacifique.  Le Japon collaborera étroitement avec des pays et des régions partageant les mêmes idées et travaillera stratégiquement pour réaliser cette vision, a insisté M. Suga.  Dans le domaine de la technologie numérique, le Japon exercera son leadership dans l’élaboration de règles visant à faire progresser la libre circulation sûre des données.

Le Premier Ministre a annoncé que son pays sera candidat à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2022.  Il a appelé à l’ouverture de négociations concrètes pour la réforme de cet organe afin de le rendre plus efficace et davantage à l’image des réalités du XXIe siècle.  Seul pays à avoir connu la dévastation des bombardements atomiques, le Japon s’efforcera de combler les écarts entre les pays ayant des positions différentes et de contribuer aux efforts internationaux visant à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires, a plaidé M. Suga.  Sur le plan régional, il a affirmé la nécessité d’empêcher que l’Afghanistan ne redevienne un refuge pour les terroristes.  Les Taliban doivent respecter leurs engagements annoncés publiquement.

Condamnant le dernier lancement de missiles balistiques par la « Corée du Nord », le Premier Ministre a souhaité que ce pays s’engage dans des efforts diplomatiques et que les dialogues entre les États-Unis et la Corée du Nord sur la dénucléarisation progressent.  La question des enlèvements par la Corée du Nord est un sujet de grave préoccupation pour la communauté internationale et aussi une priorité absolue pour le Japon, a souligné M. Suga pour lequel il n’y a plus de temps à perdre alors que les familles des victimes continuent de vieillir.  S’agissant du Myanmar, le Japon a dit appuyer les initiatives prises par l’ASEAN en vue d’une percée dans la situation actuelle.  Il organisera l’année prochaine la TICAD 8, qui se tiendra en Tunisie, a rappelé M. Suga annonçant également la sixième Assemblée mondiale des femmes l’an prochain pour réaliser l’égalité entre les sexes et promouvoir l’autonomisation des femmes à travers le monde.

Dans une déclaration préenregistrée, M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de la République de Malte, a souligné que ce n’est pas la rhétorique qui permettra de surmonter la pandémie de COVID-19, mais la mobilisation et la fourniture de suffisamment de ressources.  Notant que le taux de pauvreté avait augmenté significativement pour la première fois en 20 ans, il a plaidé en faveur d’une distribution équitable des vaccins.  Il a indiqué que 91% de la population de Malte avait été vaccinée et que son pays avait par ailleurs fait don de 40 000 doses de vaccin à la Libye.

Il est de la plus haute importance de garantir une reprise économique, environnementale et sociale qui soit équitable et inclusive, a ensuite souligné le Premier Ministre, insistant sur l’importance des garanties de dette, de l’aide financière et des prêts des institutions financières internationales.  L’appui à une « compétition équitable » doit être au cœur des efforts de relèvement économique postpandémie.  Le Premier Ministre a également appelé à veiller au succès de la COP26, précisant au passage que la neutralité carbone est l’un des cinq grands piliers de la vision économique pour 2030 de Malte qui est l’un des pays les plus vulnérables aux changements climatiques de l’Union Européenne.  Le lien entre le climat et la sécurité comptera en outre parmi les priorités de Malte si elle est élue au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024.

Après avoir attiré l’attention sur les bienfaits du numérique, M. Abela a exprimé son inquiétude face à l’augmentation des violences contre les femmes dans le monde.  Il a noté que les accords de paix durent plus longtemps si les femmes et les jeunes sont autour de la table des négociations.  C’est notre responsabilité de veiller à ce que les femmes disposent de l’espace nécessaire pour devenir des acteurs du changement, a donc appuyé M. Abela. 

Le dirigeant a ensuite évoqué la situation en Libye, exhortant la communauté internationale à apporter un soutien aux autorités libyennes pour s’assurer que la transition politique soit un succès.  Il a appelé au respect de l’embargo sur les armes et aux retraits des combattants et mercenaires étrangers.  Évoquant l’appui qu’accorde Malte au développement économique de la Libye, il s’est réjoui du premier vol commercial reliant les deux pays il y a quelques jours.  Mais nous ne pouvons pas ignorer l’impact des développements politiques de la région sur la Libye, a affirmé le Premier Ministre pour qui la fragilité de la situation au Sahel nécessite une approche portée par un engagement politique fort.  Car l’instabilité dans la région aura des implications dans d’autres domaines, comme celui du terrorisme et de la migration, a noté M. Abela qui a appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme et de la radicalisation, et à lutter contre le financement du terrorisme.  Le Premier Ministre a enfin mis en évidence la nécessité de renforcer les capacités des systèmes pénaux nationaux afin d’administrer une justice équitable et efficace contre les auteurs de crimes terroristes. 

Poursuivant, M. Abela a réaffirmé son engagement en faveur d’une résolution du conflit israélo-palestinien passant par la solution des deux États.  Saluant la normalisation des relations diplomatiques entre l’État d’Israël et le Maroc, les Émirats arabes unis, le Soudan et le Bahreïn, il a appelé à poursuivre les efforts pour la paix dans la région, notamment en préparant la tenue d’élections en Palestine.  Au sujet de l’Afghanistan, M. Abela a appelé les forces en présence au respect du droit international et des droits humains et à permettre à tous les citoyens afghans qui le souhaitent de quitter le pays.  L’accès humanitaire est crucial, a-t-il souligné, incitant à s’unir pour s’assurer que l’Afghanistan ne soit plus jamais un refuge pour des organisations terroristes. 

Évoquant enfin la Syrie, M. Abela a exprimé sa grande inquiétude devant les rapports faisant état de violences sexuelles et d’attaques contre des enfants, des hôpitaux et des écoles.  Chaque année, des dizaines de milliers d’enfants sont touchés par les conflits, a dénoncé le Premier Ministre.  La protection des enfants doit être au centre de nos politiques, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-il affirmé.

Nous avons entendu cette semaine les alarmes retentir au sujet des conflits, de la COVID-19 et du climat et nous devons y maintenant répondre, a lancé M. MICHEÁL MARTIN, Premier Ministre de l’Irlande (Taoiseach).  Et il faut pour cela un système multilatéral juste, efficace et solide, a ajouté le dirigeant.  Soulignant le rôle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Martin a appelé à la soutenir politiquement et financièrement, ajoutant que l’Irlande avait quadruplé son financement à l’OMS en réponse à la pandémie.  La pandémie a révélé que les progrès pour réduire la pauvreté, améliorer l’accès aux soins et combattre la crise climatique ont été insuffisants, a regretté M. Martin.  Il a ensuite alerté sur le fait qu’il restait moins d’une décennie pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD).  « Nous avons une rare opportunité aujourd’hui de reconstruire en mieux, en plus juste et en plus écologique », a-t-il souligné. 

L’adhésion de l’Irlande à l’Union européenne nous a montré qu’unir nos souverainetés les renforce, et qu’obéir au droit international apporte de nombreux bénéfices, a assuré le Premier Ministre.  Évoquant l’entrée de l’Irlande au Conseil de sécurité, il a souligné ne pas prendre cette responsabilité à la légère, appelant les membres du Conseil à mettre leurs différends politiques de côté.  Pour beaucoup, le conflit en Syrie est un échec emblématique de l’ONU et du Conseil de sécurité, a dénoncé M. Martin.  Il a insisté sur la nécessité que l’aide humanitaire arrive à ceux qui en ont besoin.  « Mais l’aide humanitaire ne peut pas remplacer une solution politique », a-t-il insisté.  Évoquant ensuite la région du Tigré en Éthiopie, le dirigeant a appelé à l’unité en soutenant l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu et d’un accès humanitaire sans entrave. 

Réaffirmant la priorité d’un monde sans armes nucléaires, le dirigeant irlandais a exhorté l’Iran à reprendre les pourparlers à Vienne et à se conformer pleinement à l’accord sur le nucléaire iranien.  Il a ensuite évoqué le conflit israélo-palestinien, soulignant sa frustration face au silence du Conseil de sécurité lors des dernières hostilités.  Une paix globale, juste et durable est possible, a assuré le dirigeant, exprimant sa détermination à parvenir à une solution des deux États.  Poursuivant sur la situation en Afghanistan, M. Martin a insisté sur la nécessité de protéger les personnes les plus vulnérables.  Évoquant ensuite la crise climatique, le Premier Ministre irlandais a annoncé que l’Irlande lancera une discussion pour une résolution au Conseil de sécurité sur le climat et la sécurité.  Le pays réduira ses émissions de 51% d’ici à 2030 comparé au niveau de 2018, a promis M. Martin.  Il a ensuite souligné qu’il était essentiel de respecter l’engagement collectif de verser 100 milliards de dollars de financement aux pays en développement. 

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a affirmé que son pays a fait preuve d’un fort esprit de collaboration en échangeant des informations et des données sur la situation de la pandémie aussi bien avec l’OMS qu’avec les pays de la région.  Deux groupes de 30 médecins et infirmiers albanais se sont rendus l’année dernière en Italie pour aider leurs collègues de la région de Lombardie, tout comme nous avons reçu un groupe de médecins italiens pour nous aider à combattre la pandémie, a-t-il témoigné.  « Ces expériences de solidarité, d’assistance professionnelle, d’échanges et de coopération parlent d’elles-mêmes sur la nécessité d’une approche commune à une situation de pandémie mondiale. »  Jusqu’à présent, a indiqué M. Rama, la moitié de la population albanaise a été vaccinée et nous prévoyons de vacciner la quasi-totalité de la population recommandée dans environ 10 mois.  Le défi de la pandémie nécessite un leadership mondial pour un système de santé mondial adapté à ce millénaire, a-t-il estimé.

Le Premier Ministre s’est dit convaincu que les Nations unies, 75 ans après leur création, restent la pierre angulaire de la coopération multilatérale fondée sur des règles, dont bénéficie la communauté mondiale dans son ensemble.  C’est avec la même foi dans les institutions multilatérales et avec un engagement inébranlable en faveur de la sécurité internationale que l’Albanie a posé sa candidature, pour la première fois, au Conseil de sécurité des Nations Unies, a dit M. Rama, expliquant que son pays brigue un siège de membre non permanent pour la période 2022-2023.  Il s’est dit « touché et encouragé » par le soutien massif des pays membres de l’ONU à cette candidature.

L’Albanie, a-t-il poursuivi, entend jouer un rôle proactif dans la réponse aux défis mondiaux, en soutenant les efforts et les approches des Nations Unies et de l’Union européenne (UE), afin de créer des stratégies globales visant à renforcer les partenariats entre les États en matière de prévention des conflits.  L’Albanie encourage l’adhésion universelle et la mise en œuvre intégrale de tous les traités et conventions en matière de non-prolifération et de désarmement, a-t-il ajouté.

Le Premier Ministre a aussi fait part de l’engagement de l’Albanie dans la lutte contre le terrorisme international, l’extrémisme violent et toute radicalisation.  L’Albanie apportera aux travaux du Conseil de sécurité sa longue expérience positive en matière d’harmonie religieuse et de respect des différences culturelles, en tant que bonne pratique qui s’oppose à la montée de l’intolérance et de l’extrémisme violent, a-t-il promis.

Soulignant que les changements climatiques sont une autre priorité de plus en plus importante dans l’agenda national et régional de son pays, il a plaidé pour une réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre et l’adoption de modes de production et de consommation durables, conformément à l’Accord de Paris et au Programme 2030.

Sur le plan régional, le processus d’intégration européenne représente un point d’ancrage pour la démocratisation de l’Albanie, la consolidation des institutions et surtout le renforcement de l’état de droit dans le pays, a expliqué M. Rama.  Il a fait part, à cet égard, de la détermination de son pays à préserver et à défendre les valeurs fondamentales de l’UE, le respect des droits fondamentaux, y compris les droits des minorités, la démocratie et l’état de droit.  L’intégration à l’UE est une aspiration régionale, a-t-il insisté.  Les pays des Balkans occidentaux ont convenu de renforcer la coopération économique dans la région en développant un marché régional commun, fondé sur les règles et les normes de l’UE, afin d’accroître l’attrait et la compétitivité de la région et la rapprocher des marchés de l’UE, a-t-il expliqué.

« Il n’y aura pas de stabilité et de progrès dans les Balkans sans la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo », a enfin plaidé M. Rama.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, l’Albanie soutient fermement la reprise du dialogue entre le Kosovo et la Serbie, en coordination avec les partenaires stratégiques du Kosovo, l’UE et les États-Unis.

Après avoir salué l’Assemblée générale en maori, Mme JACINDA ARDERN, Première Ministre de la Nouvelle-Zélande, a reconnu, dans une déclaration préenregistrée, qu’avec la pandémie de COVID-19, son pays ressent son éloignement plus vivement.  « Le vaste océan qui entoure nos îles a pris une plus grande importance à une époque où les contrôles aux frontières sont notre première ligne de défense. »  Dans le même temps, la pandémie a montré à quel point nous sommes tous étroitement liés, a-t-elle observé, avant de rappeler qu’aucune communauté, nation ou région ne peut lutter seule contre la COVID-19.  Il s’agit d’un problème mondial qui nécessite une solution globale, et l’accès équitable à des vaccins sûrs et efficaces est essentiel à notre réponse et à notre rétablissement, a fait valoir la Cheffe du Gouvernement néo-zélandais.  À cet égard, elle a indiqué que la Nouvelle-Zélande travaille avec d’autres pays, dont l’Australie, pour garantir une couverture vaccinale complète dans les pays insulaires du Pacifique.

Si cette pandémie a causé des souffrances incommensurables à travers le monde, c’est aussi l’occasion d’ajuster certains paramètres fondamentaux et de se mettre en meilleure position pour « reconstruire en mieux », a estimé Mme Ardern.  Selon elle, le moment est venu de nous réengager envers les objectifs de développement durable, ne serait-ce que pour répondre à l’une des crises les plus omniprésentes de notre époque, celle liée aux changements climatiques.  Tout le monde est concerné mais les pays du Pacifique sont parmi les plus touchés, bien qu’ils aient le moins contribué au problème, a-t-elle relevé, jugeant que toute réponse mondiale qui ne parviendrait pas à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux de l’ère préindustrielle serait « inacceptable ».  La Nouvelle-Zélande, a-t-elle précisé, a fait de cette limite le cœur de sa législation nationale sur les changements climatiques.  Cette année, le pays a effectué sa première évaluation des risques liés à cette menace et, d’ici deux ans, il disposera d’un plan national d’adaptation.  Avant cela, il prévoit de planter un milliard d’arbres d’ici à 2028.  Cela permettra de stocker du carbone, mais aussi d’appuyer la résilience des forêts, de prévenir l’érosion, d’améliorer la biodiversité et de soutenir nos communautés rurales et indigènes, a expliqué Mme Ardern.

Au-delà des contributions déterminées au niveau national, il y a aussi des actions collectives que nous devons entreprendre, a-t-elle ajouté, citant la fin des subventions aux combustibles fossiles, la mise en commun des ressources et des connaissances par le biais de l’Alliance mondiale pour la recherche et la négociation d’un accord sur les changements climatiques, le commerce et la durabilité.  La Nouvelle-Zélande y travaille, tout comme elle œuvre à la préservation des zones maritimes menacées par l’élévation du niveau de la mer en raison des changements climatiques, ainsi qu’en atteste la Déclaration signée, en août, avec le Forum des leaders des Îles du Pacifique.  Cette crise planétaire étant liée à la perte de biodiversité, la Nouvelle-Zélande a adopté, en 2020, une stratégie nationale pour inverser cette tendance.  Pour espérer réaliser le Programme 2030, il importe d’adopter et de mettre en œuvre un cadre mondial post-2020 ambitieux lors de la prochaine Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique, a plaidé la Première Ministre, ajoutant que la biodiversité océanique est aussi importante que la biodiversité terrestre.

Cela étant, plus de 120 millions de personnes sont tombées dans l’extrême pauvreté en raison de la pandémie et trop de gens ont faim chaque jour, a constaté Mme Ardern.  Un changement transformationnel est nécessaire pour garantir que chacun ait accès à la nutrition dont il a besoin, a-t-elle soutenu, assurant que son pays prend sa part dans ces efforts, notamment en reconnaissant le leadership des peuples autochtones dans les systèmes alimentaires et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture.  Dans le même temps, il faut un commerce plus ouvert et inclusif, a-t-elle poursuivi, y voyant un moyen de sortir des populations de la pauvreté et de la faim, fléaux souvent à l’origine des conflits et de l’instabilité.  À ce sujet, la Nouvelle-Zélande est impatiente de rejoindre la Commission de consolidation de la paix en 2022, a indiqué la Première Ministre. 

S’il y a une leçon à tirer des événements des 18 derniers mois, c’est la nécessité de plus de coopération et le besoin d’institutions mondiales plus réactives, y compris l’ONU, a conclu Mme Ardern, en remerciant le Secrétaire général de ses recommandations pour faire avancer « Notre Programme d’action commun », une « feuille de route » pour rendre le multilatéralisme plus efficace et ne laisser personne de côté.

M. R. JAMES MARAPE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a souhaité sensibiliser sur les nombreux enfants et leurs familles qui vivent dans les mers du monde dans la peur de lendemains incertains, « au moment où nous nous réunissons et continuons de parler des changements climatiques dans l’ambiance feutrées de nos salons, à l’instar de cette auguste Assemblée de l’ONU ».  Il a expliqué la peur de ces enfants et familles par le fait que, au cours de leur vie, ils ont vu leurs terres arables et sûres disparaître à cause de l’élévation du niveau de la mer, et ils regardent les structures sur lesquelles leur vie est construite s’effondrer.  Dès lors, il est temps que les grands émetteurs de carbone de la planète se reconnaissent et s’excusent auprès des petits États insulaires et de toutes les autres victimes des changements climatiques, a-t-il martelé.

C’est pourquoi il a lancé un appel à chacun d’entre nous, et en particulier aux grandes nations émettrices de carbone qui profitent actuellement de leurs transformations économiques nationales grâce à l’industrialisation, pour qu’elles fassent une pause, réfléchissent et prennent leurs responsabilités pour sauver notre planète.  Il s’est dit cependant réconforté par les récents engagements du Président des États-Unis et du Premier Ministre du Royaume-Uni qui ont fait part de leurs intentions respectives de mieux s’attaquer aux problèmes des changements climatiques.  Il a relevé les mêmes réponses positives de la part de la Chine.

« C’est pour la survie de la Terre qu’il faut agir maintenant! »  Alors, « assez de paroles », s’est-il écrié avant d’inviter les États Membres à prendre des mesures proportionnelles au volume des émissions de leurs industries.  Il s’agit pour lui de sauver la planète car, a-t-il averti, ce qui se passe en Afrique affectera l’Europe, ce qui se passe en Asie affectera l’Amérique, et ce qui se passe au Moyen-Orient affectera ceux d’entre nous qui vivent dans le Pacifique.

Son pays est « béni » avec environ 13% des forêts tropicales humides du monde et 6% de sa biodiversité.  Des « atouts mondiaux » que son pays compte préserver, a-t-il précisé.  Poursuivant, il a indiqué qu’une des leçons retenues de la pandémie de COVID-19 est que l’oxygène est le besoin numéro un de l’humanité, sinon la Terre est exposée à la suffocation et à la mort.  Faisant un parallèle entre le corps humain et la nature, il a estimé que si le réservoir mondial de forêts tropicales était le poumon de la planète, alors une part importante de cet organe qui permet au monde de respirer se trouverait dans son pays.  En tant que Président de la Coalition des nations à forêt tropicale, la Papouasie-Nouvelle-Guinée se trouve à un carrefour important en tant qu’absorbeur net de carbone dans l’atmosphère, a-t-il fait remarquer en expliquant que la capacité d’absorption de ses forêts est de plus de 100 millions de tonnes par an, tandis que les émissions énergétiques de son pays sont actuellement d’environ 10 millions par an.

La préservation et la conservation, ainsi que l’exploitation et l’utilisation durables des ressources forestières, peuvent constituer « notre engagement envers vous tous » pour le maintien de la Terre, en tenant compte du « code rouge pour l’humanité » lancé par le Secrétaire général de l’ONU, a estimé le Premier Ministre.

M. Marape a ensuite invoqué le sixième rapport d’évaluation du GIEC, paru récemment, qui indique clairement que les actions humaines sont la cause de l’aggravation de la crise climatique.  C’est pourquoi des mesures doivent être prises pour changer cette trajectoire, eu égard notamment à la réalité du lien entre le climat et la sécurité que le Conseil de sécurité ne peut continuer à nier au risque d’un manquement à ses devoirs envers tous les peuples du monde, a-t-il plaidé.  Il s’est toutefois félicité du soutien croissant dont bénéficie cet ordre du jour important au Conseil.

Le Premier Ministre a fait part de sa volonté de faire progresser un certain nombre de questions au nom de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de l’économie bleue du Pacifique au sens large, lors de la prochaine COP26, prévue à Glasgow en novembre prochain.  À cet égard, il a invité les États Membres à finaliser un marché du carbone solide et équitable dans le cadre de l’Accord de Paris afin de débloquer de nouveaux flux de financement qui tiennent mieux compte des intérêts de développement durable de pays comme le sien. 

Pour finir, il s’est félicité de l’adoption, le mois dernier, d’une déclaration commune par les dirigeants du Forum des îles du Pacifique visant la préservation de « nos zones maritimes » face à l’élévation du niveau de la mer, une conséquence des changements climatiques.

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a estimé que nous étions à un tournant qui nous oblige à faire le choix d’agir pour un avenir meilleur, plus vert et plus sûr.  En tant que Membre fondateur de l’ONU, le Luxembourg est prêt à « répondre à l’appel du Secrétaire général pour mettre sur pied un système multilatéral plus solide, plus efficace, plus inclusif, travaillant davantage en réseau », a insisté le Premier Ministre avant de rappeler que la pandémie de COVID-19 nous a poussés à faire des choix difficiles.  Il a dit que le nombre de 6 milliards de doses de vaccin administrées dans le monde, bien qu’impressionnant, reste insuffisant, puisqu’il faudrait 11 milliards de doses pour que soit dépassé le seuil de 70% de la population mondiale vaccinée pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie.  Pour atteindre cet objectif, le Premier Ministre du Luxembourg a mis l’accent sur l’importance de la « solidarité vaccinale » avant de préciser que le Luxembourg partagera 350 000 doses de vaccin avec ses pays partenaires en développement en Afrique et en Asie.  « Nous avons aussi mis à disposition des respirateurs pour l’Inde, pour le Népal et pour la Tunisie et des réfrigérateurs pour vaccins au Laos, au Soudan, au Burkina Faso et au Sénégal », a précisé M. Bettel avant d’appeler au renforcement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)

Six ans après l’accord historique conclu à Paris, M. Bettel a dit l’insuffisance des progrès réalisés depuis dans la lutte contre les changements climatiques.  Il a prévenu que la température s’élèvera de 2,7 degrés Celsius d’ici la fin du siècle si nous restons sur la trajectoire actuelle, alors que le réchauffement doit être limité à 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels.  Dans ce contexte, il a salué les engagements forts pris par l’Union européenne de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030, et d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050.  Le Luxembourg a précisé qu’il a doublé sa production d’énergies renouvelables au cours des cinq dernières années, et décidé de doubler son financement climatique international, pour le porter à 200 millions d’euros sur la période 2021-2025.  Il a estimé que la COP26 qui s’ouvre en novembre à Glasgow, sera un moment de vérité, avant de préciser que plus d’un milliard d’enfants sont exposés aux chocs climatiques.

En outre, le Premier Ministre a espéré que le Luxembourg sera élu cet automne au Conseil des droits de l’homme pour le mandat 2022-2024.  Il a expliqué que le Luxembourg souhaitait s’y engager autour de quatre priorités: l’appui à l’état de droit, à l’espace civique et aux défenseurs des droits humains et la lutte contre l’impunité; le développement durable et l’action climatique fondés sur les droits humains; l’égalité des genres et la lutte contre toutes les discriminations; les droits des enfants.  Par ailleurs, le Premier Ministre s’est réjoui que la Commission européenne ait annoncé l’organisation, à la demande du Luxembourg notamment, d’une conférence sur la réinstallation d’Afghans vulnérables.

M. IMRAN KHAN, Premier Ministre du Pakistan, a indiqué, dans un message vidéo préenregistré, que l’islamophobie est un phénomène pernicieux qui doit être combattu collectivement et exhorté le Secrétaire général à organiser un dialogue mondial à cette fin.  Il a déclaré que « la pire forme d’islamophobie est au pouvoir en Inde ».  L’idéologie « Hindutva », propagée par le régime fasciste RSS-BJP, a en effet instauré un règne de peur et de violence pour les 200 millions de musulmans d’Inde.  Le Premier Ministre a dénoncé « les pogroms réguliers » comme celui qui s’est déroulé à New Dehli l’année dernière, les lois sur la nationalité discriminatoires afin de « purger » l’Inde de ses musulmans et les campagnes de destruction des mosquées dans ce pays.

« New Dehli s’est également engagé dans ce qu’il a sinistrement appelé ‘ la solution finale ’ dans le différend du Jammu-et-Cachemire. »  M. Khan a accusé l’Inde de créer un climat de terreur avec sa force d’occupation de 900 000 hommes, de réprimer les médias, de supprimer violemment des manifestations pacifiques, de torturer des centaines de Cachemiriens et de détruire des villages entiers.  Il a également dénoncé les efforts illicites visant à modifier la composition démographique de ce territoire occupé et à faire de la majorité musulmane une minorité.  Les actes de l’Inde violent les résolutions du Conseil, ainsi que le droit international, et s’apparentent à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a-t-il accusé.  M. Khan a déclaré que le plus récent exemple de la « barbarie indienne » a été l’enlèvement forcé à sa famille de la dépouille du grand dirigeant cachemirien, Syed Ali Shah Geelani, empêchant des funérailles selon le rite musulman.  Il a donc demandé à l’Assemblée générale de demander que la dépouille soit enterrée dans « le cimetière des martyrs », selon ledit rite.

Le Premier Ministre a affirmé que le Pakistan veut la paix avec l’Inde, « comme avec tous ses voisins », avant d’ajouter qu’une paix durable dépend du règlement de ce différend, dans le respect des résolutions du Conseil et des aspirations de la population.  Il a estimé que c’est à l’Inde qu’incombe la création d’un environnement propice à un engagement fructueux avec le Pakistan.  « Pour cela, elle doit agir: premièrement, abroger les mesures unilatérales et illégales en place depuis le 5 août 2019; deuxièmement, cesser son oppression et ses violations des droits humains à l’encontre de la population cachemirienne et troisièmement, inverser les changements démographiques dans le territoire occupé. »  C’est essentiel pour empêcher un nouveau conflit entre le Pakistan et l’Inde, a averti le Premier Ministre.

Évoquant la situation en Afghanistan, M. Khan a regretté que son pays ait été montré du doigt après les derniers développements dans ce pays.  « Je veux que vous sachiez tous que le pays qui a le plus souffert, après l’Afghanistan, est le Pakistan lorsque nous avons rejoint la guerre des États-Unis contre le terrorisme après le 11 septembre. »  Il a déclaré que 80 000 Pakistanais sont morts et que 3,5 millions ont été déplacés.  « La seule raison pour laquelle nous avons tant souffert c’est parce que nous sommes devenus l’allié des États-Unis et de la coalition dans la guerre en Afghanistan. »  Il a rappelé que des attaques ont été perpétrées contre le Pakistan depuis le sol afghan, en déplorant qu’aucune attention n’ait été portée à son pays.  « Imaginez alors comment nous nous sentons lorsque nous sommes critiqués pour le changement intervenu en Afghanistan. »

M. Khan a déclaré qu’après 2006, il était devenu « évident pour toute personne familière avec ce pays et son histoire » qu’il ne pourrait pas y avoir de solution militaire en Afghanistan.  « Je me suis rendu aux États-Unis, j’ai parlé devant des think tanks, j’ai rencontré M. Joe Biden, alors sénateur, les sénateurs John Kerry et Harry Reid, j’ai essayé de leur expliquer qu’un règlement politique était la seule solution », a-t-il dit, avant d’ajouter que « personne n’a compris ».  Il a estimé que les États-Unis ont eu tort de s’enferrer dans la recherche d’une solution militaire.  « Si le monde veut aujourd’hui savoir pourquoi les Taliban sont de retour au pouvoir, la seule chose qu’il a à faire est de se demander sérieusement comment l’armée afghane, bien équipée, forte de 300 000 hommes - et rappelons ici que les Afghans sont parmi les plus courageux au monde – a pu abandonner sans combattre. »  Le monde saura alors pourquoi les Taliban sont revenus au pouvoir et ce n’est pas la faute du Pakistan, a martelé M. Khan.

Pour le futur du pays, le Premier Ministre a indiqué qu’il n’y a qu’une seule option.  « Nous devons renforcer et stabiliser l’actuel gouvernement, pour le bien de la population afghane. »  Il a rappelé que les Taliban ont promis de respecter les droits humains, de former un gouvernement inclusif et de ne pas laisser leur territoire être utilisé par les terroristes.  Si le monde les encourage à traduire ces engagements en actes, alors ce sera une solution gagnant-gagnant pour tous, a assuré M. Khan, en rappelant qu’il s’agissait des conditions posées lors du dialogue États-Unis-Taliban de Doha.  « Si le monde peut les inciter à aller dans cette direction, alors la présence pendant deux décennies des forces de la coalition n’aura pas été vaine, parce que le sol afghan ne sera plus utilisé par les groupes terroristes internationaux. »  En conclusion, estimant que le temps presse, le Premier Ministre a demandé la fourniture immédiate d’une aide humanitaire et la mobilisation de la communauté internationale afin d’aller dans cette direction.

M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a déclaré que si son pays est jeune, ses valeurs et traditions sont profondément enracinées.  La Géorgie est un « diamant brut », qui cherche encore à se polir afin de révéler tout son potentiel, a-t-il dit.  Il s’est dit fier de son pays et du travail abattu par le parti au pouvoir « Rêve géorgien » afin de renforcer la démocratie et l’économie et d’offrir un avenir meilleur à la population.  Le Premier Ministre a insisté sur les « progrès spectaculaires » accomplis par la Géorgie pour devenir un des pays leaders dans la région.  Des avancées considérables ont été faites en ce qui concerne la lutte contre la corruption et la préservation de la liberté de la presse et des droits humains, a-t-il dit. 

« Petit pays », la Géorgie a toujours apporté d’importantes contributions à la sécurité internationale, a-t-il poursuivi, en mentionnant les 32 soldats géorgiens morts en Afghanistan.  La Géorgie a en outre apporté un soutien logistique lors des évacuations dans ce pays.  Cet été, aux côtés des États-Unis, la Géorgie a aussi œuvré à la libération de 15 détenus arméniens en Azerbaïdjan, a précisé le Premier Ministre.  M. Garibashvili a déclaré que son pays n’a qu’un seul objectif: l’intégration européenne et euro-atlantique.  « Nous ne nous reposerons pas tant que nous ne serons pas devenus membres de l’Union européenne et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ».  Notre cheminement vers les structures européennes et euro-atlantiques est un retour au bercail, un choix de civilisation, a poursuivi M. Garibashvili, en ajoutant qu’une majorité absolue de la population de son pays appuie ce choix.  « Cette décision historique de rejoindre la famille européenne et euro-atlantique est le principe fondamental qui guide notre politique étrangère. »  Il a insisté sur les progrès remarquables accomplis depuis 2012 dans la promotion de la démocratie, des droits humains et de l’état de droit.  « Ce sont là des valeurs fondamentales que nous partageons avec les institutions européennes », a-t-il déclaré, ajoutant que son pays devrait présenter, en 2024, sa candidature pour devenir membre de l’Union européenne. 

Rappelant que les six élections qui se sont tenues depuis 2012 en Géorgie ont été déclarées libres et transparentes, M. Garibashvili a dénoncé les assauts menés contre les démocraties, ces « forces irrationnelles et sombres à l’œuvre, souvent encouragées et aidées par des saboteurs à l’extérieur ».  Si nous ne croyons plus aux élections, alors c’est la démocratie elle-même qui est en danger, a-t-il mis en garde, en appelant au respect de la volonté du peuple. 

Le Premier Ministre a ensuite exhorté à mettre un terme à l’occupation illégale des territoires géorgiens souverains par la Fédération de Russie qui, a-t-il rappelé, non seulement occupe 20% du territoire géorgien mais cherche activement à saper les aspirations de la Géorgie à rejoindre la famille européenne et euro-atlantique.  La liberté pour laquelle nous avons tant combattu est menacée chaque jour, a-t-il déclaré.  Il a mentionné que les régions d’Abkhazie et de Tskhinvali sont le théâtre d’une crise humanitaire qui est de la seule responsabilité de la Puissance occupante.  « J’appelle aujourd’hui la communauté internationale à agir de manière concertée pour remédier aux violations des principes fondamentaux du droit international dans les territoires occupés. »  Il a déclaré que, chaque jour, le territoire géorgien est l’objet d’une annexion rampante, incluant des enlèvements et des détentions illégales, qui doit être vue pour ce qu’elle est: « un projet de nettoyage ethnique visant à pousser les Géorgiens ‘ethniques’ dehors ».  S’adressant à ses « frères » dans ces territoires, le Premier Ministre a indiqué qu’ils font partie de la même patrie, au nom géorgien de « Sakartvelo ».

En conclusion, le Premier Ministre a souligné la puissance de l’action collective pour relever les défis, que ce soit la lutte contre la pandémie ou le maintien de la sécurité internationale

Dans une déclaration préenregistrée, M. SCOTT MORRISON, Premier Ministre d’Australie, a dit prendre la parole depuis Canberra, l’ancienne terre du peuple Ngunnawal, « l’un des nombreux peuples autochtones qui ont pris soin de ce continent pendant 60 000 ans ».  Évoquant l’année écoulée qui a été une année d’adversité extraordinaire du fait de la pandémie de COVID-19, il a souligné que « chaque génération navigue vers son propre destin au milieu de l’anxiété et de l’espoir ».  Il a parlé des trois défis mondiaux les plus urgents.  Le premier, c’est la pandémie de COVID-19 et la reprise économique.  Après le développement des vaccins, notre tâche collective est maintenant de les déployer à travers le monde.  En Australie, plus de 70% de la population adulte a reçu la première dose de vaccin, a témoigné le Premier Ministre.  Les vaccinations sont également la clef de la sécurité de nos voisins, a-t-il dit.  L’Australie a déjà livré plus de trois millions de doses aux pays de sa région, et des millions de doses supplémentaires sont en route.  Le pays a investi plus de 620 millions de dollars pour acheter des millions de doses de vaccin, et fournir des conseils techniques, former des agents de santé et soutenir la chaîne du froid dans les pays amis et voisins.  Étant donné qu’il faut prévenir de futures pandémies, l’Australie appuie les appels à un renforcement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) afin qu’elle soit plus indépendante, avec une surveillance renforcée et des pouvoirs de réponse aux pandémies.  M. Morrison a également demandé d’accélérer les efforts pour identifier comment la COVID-19 est apparue pour la première fois, non pas comme un enjeu politique, mais tout simplement pour empêcher la prochaine pandémie. 

Le Premier Ministre a ensuite relevé que l’environnement stratégique mondial s’est détérioré à nombreux égards, en particulier dans la région indopacifique où on relève notamment des tensions sur les revendications territoriales; la modernisation militaire rapide; l’ingérence étrangère; les cybermenaces; la désinformation; ainsi que les coercitions économiques.  Pour relever ces défis, il a prôné une coopération et un objectif commun entre les nations partageant les mêmes idées et tous ceux qui partagent cet objectif de paix, de stabilité et de sécurité.  Les intérêts de l’Australie sont inextricablement liés à un Indopacifique ouvert, inclusif et résilient, a-t-il affirmé, dans une région où les droits de tous les États, quelle que soit leur taille, sont protégés.  L’Australie continue de travailler de manière constructive sur cet objectif, notamment par le biais du Forum des îles du Pacifique, et avec « ses amis et alliés de longue date », les États-Unis et le Royaume-Uni avec qui les relations se sont renforcées la semaine dernière avec l’annonce du nouveau partenariat trilatéral de sécurité, conçu pour faire avancer la cause de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région.

Au sujet des changements climatiques, M. Morrison a affirmé que l’Australie est déterminée à jouer son rôle pour relever le défi mondial du climat, alors que le monde effectue la transition vers une économie mondiale neutre en carbone.  Pour sa part, l’Australie a déjà dépassé ses engagements concernant le Protocole de Kyoto.  Les émissions du pays jusqu’en mars 2021 étaient de 21% inférieures aux niveaux de 2005.  En Australie, « nous avons déjà la plus forte consommation d’énergie solaire sur les toits au monde », s’est-il enorgueilli, ajoutant que le pays est même en voie de dépasser son engagement par rapport à l’Accord de Paris.  Pour assurer cette transition énergétique dans le monde, il a prôné l’adoption de technologies évolutives et commercialement viables.  C’est pourquoi l’Australie investit environ 20 milliards de dollars pour commercialiser de nouvelles technologies prometteuses comme l’hydrogène propre, l’acier vert, le stockage d’énergie de longue durée et la capture du carbone, lesquelles sont vitales pour accomplir la tâche mondiale d’atteindre zéro émission.  L’Australie a également mis de côté 1,5 milliard de dollars pour le financement climatique pratique à l’échelle mondiale, avec un accent particulier dans le Pacifique. 

M. NAWAF AL AHMAD AL JABER AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a souligné « l’ampleur des cicatrices » provoquées par la pandémie de COVID-19, du grand nombre de victimes au fardeau insupportable pour les systèmes de santé en passant par le ralentissement économique, l’aggravation de l’insécurité alimentaire, la diminution des services éducatifs et le coup porté aux objectifs de développement durable.  Cela étant, a-t-il nuancé, cette crise a aussi permis « l’émergence de modèles modernes de créativité, d’innovation et d’adaptation », sans oublier bien sûr la « percée de la recherche scientifique » qui s’est concrétisée par la production de vaccins.  Il reste à présent à « tirer le meilleur parti » de ce choc en assurant une reprise juste et durable, ce qui nécessite, selon lui, d’investir dans les infrastructures de données et d’information, mais avant tout de garantir une distribution équitable et sûre des vaccins.  Le Premier Ministre a précisé à cet égard que le Koweït a d’ores et déjà fourni un vaccin à 72% de ses citoyens et résidents, tout en contribuant à hauteur de 327,4 millions de dollars aux efforts internationaux de lutte contre la pandémie. 

Abordant ensuite les crises qui affectent le Moyen-Orient, le Premier Ministre a averti que la tension et l’instabilité persisteront dans la région tant que le peuple palestinien n’obtiendra pas tous ses droits politiques légitimes et qu’Israël, « la Puissance occupante », ne mettra pas fin à ses pratiques et violations du droit international humanitaire.  À cette aune, il a appelé à une relance des négociations selon un calendrier fixé, pour parvenir à une paix juste et globale, à la fin de l’occupation israélienne et à la création d’un État palestinien indépendant.  Pour ce qui est de la crise syrienne, le Premier Ministre a regretté que ce « conflit sanglant » se prolonge du fait de l’absence de consensus international et de la persistance d’interventions extérieures.  Se disant convaincu qu’il n’y a « pas de solution militaire à ce problème », il a souligné l’importance d’œuvrer à un règlement politique, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

S’agissant de la crise au « Yémen frère » et des menaces croissantes qu’elle fait peser sur la paix et la stabilité régionales, le dirigeant koweïtien a jugé que la seule issue possible à cette crise est la solution politique basée sur l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les résultats de la Conférence de dialogue national et les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a également salué le « rôle constructif » joué par l’Arabie saoudite au travers de la mise en œuvre de l’Accord de Riyad, avant de condamner les agressions et attaques auxquelles le territoire saoudien a été soumis.  Quant à la Libye, il s’est félicité des progrès réalisés par le Forum de dialogue politique, tout en exhortant les autorités à garantir la tenue des élections à la date prévue, à savoir le 24 décembre prochain.

Après avoir évoqué la menace terroriste, que les effets de la pandémie tendent à favoriser, le Premier Ministre a dit suivre avec attention les développements en Afghanistan.  Il a appelé le « mouvement taliban » et toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter les effusions de sang, à assurer une protection totale aux civils, à respecter les obligations internationales et à préserver la sécurité et la stabilité du pays.  Au nom des règles de « bon voisinage », il a également invité la République islamique d’Iran à entamer un dialogue basé sur le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, la réduction des tensions dans le Golfe et la liberté de navigation maritime.  Par ailleurs, il a souhaité le succès de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, dont le Koweït présidera la deuxième session en novembre au Siège des Nations Unies à New York.

Mme ANA BRNABIĆ, Première Ministre de la Serbie, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a placé les nations à un carrefour « entre l’isolement et la collaboration, entre la panique et l’espoir, entre le chaos et l’ordre ».  Elle a remis en question certains des principes de base de l’ordre international ouvert et coopératif alors que les échanges mondiaux, la communication internationale et le commerce transfrontalier ont tous connu une baisse considérable.  En Serbie, la pandémie menaçait d’anéantir les résultats des réformes difficiles initiées en 2014, et de ramener le pays à l’époque du chômage élevé, de l’augmentation de la dette publique, d’un déficit incontrôlable et du désespoir généralisé.  Mais la Serbie est restée forte, s’est félicitée la Première Ministre, et les réformes lancées avant la pandémie l’ont rendue plus résistante que jamais.  Malgré les effets de la crise, la Serbie a réussi à préserver une stabilité financière et économique.  En 2020, elle a enregistré une baisse du PIB de seulement 0,9%, l’un des meilleurs résultats en Europe.  Sa dette publique est restée inférieure à 60% de son PIB, le salaire moyen a continué de croître de près de 10%, et le nombre de personnes employées a augmenté de plus de 3%, a détaillé Mme Brnabić qui a ajouté que la reprise, cette année, a été plus forte que prévue avec une augmentation du PIB d’environ 7%. 

Les investissements innovateurs de la Serbie lui ont également permis de diversifier ses capacités lorsque le virus a frappé – grâce à l’administration en ligne, l’éducation en ligne et aux manuels scolaires numériques, ainsi qu’à un système logiciel central qui a permis un déploiement réussi de la vaccination.  La décision de mettre la géopolitique de côté et l’humain au centre de ses politiques est la raison pour laquelle la Serbie a pu acquérir des vaccins plus vite que la plupart des autres nations, a expliqué la Première Ministre, qui a précisé que les négociations se sont faites avec tous les producteurs de vaccins sûrs « sans aucune discrimination ».  Au total, la Serbie a fait don ou alloué plus d’un million de doses de vaccin – 230 000 doses pour sa région; 300 000 pour les ressortissants étrangers venus se faire vacciner en Serbie; et 570 000 doses supplémentaires pour les pays d’Afrique et d’Asie.

Passant aux changements climatiques et à la protection de l’environnement, la Première Ministre a dit être attachée à la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris.  La Serbie est sur le point de soumettre ses contributions révisées déterminées au niveau national pour contribuer à cet effort mondial essentiel et a déjà annoncé son intention de réduire les gaz à effet de serre d’au moins 33,3% par rapport à 1990, et 13,2% par rapport à 2010.  

Mais de tous les défis auxquels la Serbie est confrontée, a poursuivi Mme Brnabič, le plus préoccupant est le maintien de la paix et de la stabilité dans la « province serbe méridionale du Kosovo-Metohija ».  Depuis plus de deux décennies, la Serbie n’a eu de cesse d’attirer l’attention internationale sur les problèmes auxquels la population non albanaise de cette province est confrontée.  La sécurité physique et le respect et la protection des droits humains, en particulier des communautés minoritaires, sont loin d’être satisfaisants, a estimé la Première Ministre, faisant aussi état d’une augmentation constante du nombre d’attaques visant les Serbes, leurs biens et le patrimoine religieux au Kosovo-Metohija, dont 100 depuis le début de 2021.  Et le monastère de Visoki Dečani a récemment été classé, par Europa Nostra, parmi les sept sites du patrimoine les plus menacés d’Europe en 2021.

Malgré tous les défis et provocations quotidiens, a-t-elle poursuivi, la Serbie reste fermement attachée à trouver une solution basée sur un compromis qui assurera une paix et une stabilité durables, a-t-elle assuré, précisant que le dialogue et la mise en œuvre des accords conclus sont le seul moyen approprié de résoudre tous les problèmes en suspens.  Cependant, près de neuf ans après la conclusion de l’Accord de Bruxelles sur la normalisation entre Belgrade et Priština, la création de la Communauté des municipalités serbes, « l’épine dorsale de cet accord », n’a même pas encore commencé.  La Première Ministre a donc lancé à nouveau un appel à la communauté internationale, et en particulier à l’Union européenne, en tant que garant de l’accord précité pour qu’elles insistent fermement que les institutions provisoires d’administration autonome de Priština doivent commencer à mettre en œuvre tous les accords conclus. 

Dans un message vidéo préenregistré, Mme Mette Frederiksen, Première Ministre du Danemark, a commencé par rappeler qu’en tant que membre fondateur de l’ONU, son pays reste une voix forte pour des solutions communes, car aujourd’hui, plus que jamais, « nous avons besoin d’une coopération mondiale » pour relever les défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés.  D’abord sortir de la pandémie en garantissant l’accès aux vaccins dans le monde entier.  En effet, a poursuivi Mme Frederiksen, le Danemark s’est engagé en faveur de la solidarité vaccinale et du Mécanisme COVAX.  Elle en a voulu pour preuve le don de 3 millions de doses de vaccin, annoncé au printemps dernier.  Cette semaine, son pays compte doubler les efforts en annonçant l’objectif de faire don de plus de six millions de doses, sans oublier l’engagement du Danemark envers COVAX avec plus de 15 millions de dollars, s’est-elle enorgueillie.  La solidarité internationale a aussi le pouvoir d’empêcher une catastrophe climatique.  Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montre clairement que nous nous trouvons à un carrefour mondial.  C’est pourquoi elle a exhorté à poursuivre « notre chemin vers un avenir vert », à maintenir l’objectif de l’Accord de Paris et à limiter la hausse des températures mondiales à 1,5 degré Celcius.

Les changements climatiques frappent le plus durement les communautés les plus pauvres et les plus faibles du monde, a rappelé la Première Ministre.  C’est pourquoi son pays répondra à l’appel du Secrétaire général et augmentera massivement le financement de la lutte contre les changements climatiques à travers des subventions, pour atteindre au moins 500 millions de dollars par an d’ici à 2023.  Au total, le Danemark entend contribuer à hauteur d’au moins 1% à l’objectif collectif de 100 milliards de dollars.  Dans le même temps, il compte se concentrer pleinement sur la réduction de ses propres émissions, a-t-elle dit, promettant que son pays sera climatiquement neutre au plus tard en 2050.

Mais d’ici à 2030, le Danemark s’est d’ores et déjà engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 70%, et à mettre fin à la production de pétrole et de gaz, en plus de construire les premières îles énergétiques du monde.  Avec le temps, celles-ci fourniront de l’énergie propre à des millions de foyers européens, a-t-elle annoncé, invitant l’ensemble des pays à « nous suivre » et de le faire de toute urgence.

Évoquant par ailleurs la situation actuelle « inquiétante » en Afghanistan, elle a plaidé en faveur d’une réponse forte et coordonnée.  La contribution à la Conférence internationale des donateurs la semaine dernière a été, à ses yeux, une étape importante.  Mais au-delà, a poursuivi Mme Frederiksen, aucune personne dans les zones de conflit ne doit être négligée.  Nous devons inclure ceux qui ont été exclus.  Les femmes et les jeunes ont un rôle vital à jouer dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits et le Danemark reste engagé dans le programme « femmes, paix et sécurité ».  Elle a en outre abordé la question de la migration, regrettant que « nous laissions le destin de trop de personnes entre les mains des passeurs », estimant que le système actuel d’asile et de migration ne répond pas aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.  « Nous devons travailler ensemble pour assurer une migration sûre et ordonnée », a souligné l’intervenante.  Pour finir, Mme Frederiksen a rappelé l’engagement du Danemark en faveur d’une ONU forte et efficace, et plaidé pour le renouvellement du contrat social entre les gouvernements et les peuples, aussi bien dans nos propres sociétés qu’au niveau mondial.

« Nous devons susciter l’espoir pour sortir de cette pandémie, meilleurs et plus forts que nous ne l’étions auparavant », a constaté M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre de la Jamaïque, dans un message préenregistré, observant que, sous l’effet d’une pandémie qui exacerbe les inégalités structurelles, « les petits États insulaires en développement, tels que la Jamaïque, font déjà face à des ressources limitées ».  Selon lui, le rôle des Nations Unies est central, afin de permettre « l’intensification de la production et la distribution équitable des vaccins contre la COVID-19 ».  Le Mécanisme COVAX, « expression du multilatéralisme et porteur d’espoir généralisé », « n’a pas répondu aux attentes », a-t-il regretté, en ajoutant qu’elle a dévié de sa noble mission, mutant vers « un nationalisme vaccinal », à un moment où la pandémie nécessite un effort collectif.

Le Premier Ministre a ensuite estimé que la « fracture numérique » est un domaine qui nécessite un soutien identique.  Notant que la pandémie a forcé écoliers et salariés à pratiquer la distanciation sociale, et que la moitié de la population mondiale n’est toujours pas reliée à Internet, il a appelé à un engagement accru des secteurs public et privé pour financer cette connectivité universelle, sûre et abordable pour une plus grande participation à l’économie numérique mondiale et la réalisation d’un développement inclusif et durable.  « Ne laisser personne exclu aujourd’hui signifie ne laisser personne hors ligne », a-t-il précisé.

Les multiples défis associés à la pandémie de COVID-19 ont exercé une forte pression sur notre économie, a-t-il poursuivi.  M. Holness a déclaré que les nations les plus vulnérables ont besoin d’un soutien financier de la part de la communauté internationale pour leur permettre de réaliser leurs ODD.  Soulignant les difficultés particulières des petits États des Caraïbes d’ordre socioéconomique et environnemental, le Premier Ministre de la Jamaïque a appelé à une révision des critères de notations financières pour les petits États insulaires en développement (PEID), car, selon lui, le système actuel « n’est tout simplement pas approprié ».

« Notre capacité à parvenir au développement durable sera compromise si nous ne trouvons pas de vraies solutions à l’urgence climatique actuelle », a-t-il poursuivi.  Le Premier Ministre a décrit une économie confrontée à la crise climatique en cours, le poussant à se joindre à tous les PEID pour demander « le décaissement de 100 milliards de dollars par an, promis en 2015, par la communauté internationale ».  Les questions prioritaires du financement climatique, des pertes et dommages, ainsi que l’élaboration de plans efficaces seront abordées lors de la COP26, a-t-il ajouté.

Évoquant les problèmes sécuritaires dus à la prolifération des armes légères et de petit calibre en Jamaïque, il a déclaré travailler avec tous ces partenaires pour renforcer la capacité des États Membres à traiter les questions liées à la maîtrise des armements et de désarmement, afin d’empêcher leur détournement vers le marché illicite.  « Une priorité pour la Jamaïque », a-t-il insisté avant de solliciter « l’aide des partenaires bilatéraux, régionaux et internationaux pour régler le problème ».

M. JOHN BRICEÑO, Premier Ministre du Belize, a dit que pour une petite île et un État côtier de faible altitude comme le Belize, qui a célébré il y a trois jours 40 ans d’indépendance politique, le monde est aujourd’hui hostile et précaire.  Personne ne peut nier que la planète se réchauffe.  Le niveau de la mer monte.  La COVID-19 a mis l’économie bélizienne à genoux.  Le chômage touche 30% de la population alors que des milliers de Béliziens ont perdu leur emploi, a énuméré le dirigeant.  Le PIB a baissé de 14%.  La dette a grimpé à 130% du PIB.  Le taux de pauvreté est passé à 60%.  Déjà 399 Béliziens ont perdu la vie à cause de la COVID-19 et nous avons un taux de mortalité de 2,05%, a-t-il encore ajouté.

M. Briceño a dénoncé la lenteur et l’inadaptation de la réponse mondiale immédiate par rapport à l’ampleur et la profondeur de la crise sanitaire.  Seulement 0,4% des doses de vaccin ont été allouées aux pays à faible revenu, alors que les pays avec un taux important de vaccination s’apprêtent à administrer des injections de rappel.  Le Premier Ministre a insisté sur l’importance de trouver des solutions « ensemble ».  Il a informé que son gouvernement poursuit, avec le Guatemala, le règlement final et pacifique de la revendication du Guatemala sur le territoire bélizien devant la Cour internationale de Justice (CIJ).  Si l’on veut que le système multilatéral soit notre bouée de sauvetage collective, il doit être réorienté, a-t-il ajouté.

Le Premier Ministre a ensuite appuyé la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel qui permettrait aux pays comme le Belize d’accéder à un financement abordable, précisant que chaque année, le Belize subit des pertes annuelles de près de 4% de son PIB en raison de catastrophes naturelles.  Contre les répercussions des changements climatiques, a-t-il poursuivi, le Belize a élaboré une stratégie à long terme pour parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050.  Les pays développés doivent fournir un appui financier et technique pour nous permettre de tenir ces engagements, a prié le Premier Ministre, y inclus le respect de l’engagement de 100 milliards de dollars fait à Copenhague, il y a 12 ans.

Revenant à la pandémie, M. Briceño a constaté que l’affaiblissement du Mécanisme COVAX, par les interdictions d’exportation, la thésaurisation des vaccins et les achats prédateurs, a provoqué une extrême inégalité d’accès aux vaccins.  Or, notre santé et notre rétablissement à tous dépendent de la capacité de notre système à répondre rapidement aux besoins de tous les pays, a-t-il souligné.

Le Premier Ministre a ensuite demandé la levée de l’embargo imposé à Cuba, qualifiant celui-ci de cruel.  Alarmé, en outre, par le « traitement inhumain » infligé aux réfugiés haïtiens, il a appelé l’ONU à mobiliser les États Membres et son système de développement pour appuyer une solution dirigée par les Haïtiens pour rétablir la stabilité et la sécurité de leur pays.

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre de la Belgique, s’est demandé si l’on pouvait vraiment se sentir soulagé aujourd’hui alors que la COVID-19 est toujours bien présente et que trop de personnes ne sont pas encore vaccinées; et alors que, pour un nombre croissant de personnes, les changements climatiques deviennent une question de vie ou de mort?  Y a-t-il de la place pour le soulagement quand les droits de l’homme sont remis en cause dans tant d’endroits et que, partout dans le monde, des personnes perçues comme « différentes » sont confrontées à des discours et crimes haineux?  Et pouvons-nous vraiment être soulagés lorsque la « nouvelle normalité » des femmes et filles afghanes est de rentrer chez elles et de garder le silence?  Fermement attachée au multilatéralisme, à un ordre international fondé sur l’état de droit, la Belgique est convaincue que ce n’est que par le multilatéralisme qu’il sera possible d’apporter des réponses à long terme aux crises complexes d’aujourd’hui.

Parmi les trois vulnérabilités majeures qui exigent une action commune, M. De Croo a commencé par la COVID-19.  Alors que la Belgique fait partie des pays les mieux vaccinés au monde, avec 85% de sa population adulte entièrement vaccinée, elle est également l’un des principaux exportateurs de vaccins, a expliqué le Premier Ministre, en précisant qu’elle a exporté plus de 530 millions de vaccins vers le reste du monde.  Si nous voulons surmonter cette pandémie, la solidarité vaccinale est une condition cruciale, a-t-il martelé, appelant à soutenir le Mécanisme COVAX et à promouvoir la production locale de vaccins.  C’est là l’un des objectifs de Team Europe avec un investissement d’au moins un milliard d’euros.  Pour être mieux préparé à la prochaine pandémie, le Premier Ministre a soutenu l’idée d’un nouveau traité sur les pandémies qui permettrait de créer des systèmes de santé résilients et d’augmenter l’accès aux soins de santé décents et à des médicaments de qualité.  Il a également appelé à adapter l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour lui permettre de diriger ces efforts. 

Quant à la crise climatique et l’urgente nécessité de placer la durabilité au cœur de tous les efforts, le Premier Ministre a appelé à « agir et à agir maintenant », notamment lors de la COP26 à Glasgow.  Avec le Green Deal, a-t-il indiqué, l’Union européenne entend être climatiquement neutre d’ici à 2050 et réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030.  Il a espéré que plus de pays suivront les ambitions de l’Europe, arguant que cette transition vers la durabilité est une opportunité économique majeure capable de déclencher l’innovation et stimuler une nouvelle croissance.  C’est l’avenir que nos jeunes exigent, a-t-il martelé.  M. De Croo a aussi insisté sur le renforcement de la résilience climatique des pays les plus fragiles, ce qui passe par le respect de l’engagement de financement de 100 milliards de dollars.  Il a ensuite annoncé que la Belgique envisage d’augmenter sa contribution au financement climatique international. 

Passant à son dernier point, la sécurité internationale, il a rappelé que la Belgique est l’un des membres fondateurs de la Coalition contre l’EIIL et qu’elle a activement participé à la lutte contre le terrorisme.  Dans tout le Sahel, sa coopération bilatérale englobe à la fois le développement et la défense parce que la sécurité n’est pas suffisante pour assurer la stabilité, a soutenu le Premier Ministre.  Il a rappelé en outre que la Belgique est l’un des grands donateurs humanitaires en Syrie, et à l’avenir en Afghanistan notamment.  Le monde, a-t-il insisté, ne peut tourner son dos à l’Afghanistan.

Constatant que la bataille contre la COVID-19 n’est pas encore finie, M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a plaidé, dans un message vidéo préenregistré, pour un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux technologies.  En tant que pays bénéficiaire du Mécanisme COVAX, il a remercié la communauté internationale pour sa mobilisation qui a permis à 66% de la population adulte de Saint-Kitts-et-Nevis d’être entièrement vaccinée.  Il s’est dit conscient de la nécessité de continuer à investir dans un système de santé résilient et des services de santé publique complets.  La santé mentale et le bien-être sont également essentiels, a-t-il poursuivi, en expliquant que le nouveau plan de santé mentale complet prévoit de fournir un soutien psychosocial par le biais du Centre national de conseil.  Malheureusement, l’impact économique de la pandémie se fera sentir pendant des années à venir, a-t-il dit, expliquant qu’au début de la pandémie, le tourisme, le principal moteur économique de l’île, s’est arrêté, ce qui a provoqué un chômage et un sous-emploi importants.  Un programme de protection sociale a été mis en place pour y répondre ainsi qu’un plan de relance post-COVID-19 de 120 millions de dollars.  L’impôt sur les sociétés pour les employeurs qui ont maintenu au moins 75% de leur main-d’œuvre a été diminué et des exonérations de TVA et des droits d’importation pour les produits liés à la pandémie ont été accordées.

Alors que la crise climatique s’intensifie et que les petits États insulaires en développement y sont particulièrement exposés, le Premier Ministre a parlé de l’érosion des côtes due à l’élévation du niveau des mers; de la lutte des pêcheurs pour préserver leurs moyens de subsistance face au déclin de la diversité océanique et des familles obligées de déménager loin des zones côtières en raison de l’acharnement de chaque saison des ouragans qui passe.  Il a également souligné que ces mêmes pays n’ont pas les infrastructures nécessaires pour faire face à la numérisation galopante qu’a provoquée la pandémie.   Pour lui, toute relève durable suppose que l’on réévalue l’accessibilité du numérique à un prix abordable et l’assistance technique afin que chaque pays, quel que soit son niveau de revenu ou sa situation géographique, puisse exploiter l’économie numérique dans un monde correctement connecté. 

M. Harris a ensuite remis en question le bien-fondé de l’unique critère de mesure du niveau de développement –à savoir le PIB par habitant– qui, selon lui, est biaisé parce qu’il ne tient pas compte de certains facteurs, ce qui le rend « simpliste et imparfait ».  Dans le cas de Saint-Kitts-et-Nevis, ce critère ignore les vulnérabilités de l’île et l’empêche d’accéder à une aide au développement essentielle.  Avant de conclure, M. Harris a souligné l’importance des partenariats pour le développement, et a renouvelé l’appel de Saint-Kitts-et-Nevis à l’inclusion de Taiwan, l’un de ses partenaires de choix, dans la communauté internationale.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, l’Inde a dénoncé la tentative du Pakistan visant à ternir l’image de l’ONU en diffusant de fausses informations.  Ce n’est pas la première fois que le Pakistan détourne l’attention de la situation dans son pays, où les minorités ne peuvent exercer leurs droits, a dit la déléguée.  Elle a accusé le Pakistan de former et d’appuyer les terroristes.  C’est une politique d’État, a-t-elle dit, ajoutant en outre que ce pays continue de glorifier Oussama ben Laden.  « Le Pakistan déclenche l’incendie et se fait passer pour un pompier. »  Elle a dénoncé le génocide culturel commis il y a 50 ans contre le Bangladesh, avant de dénoncer la répression des libertés perpétrée au Pakistan.  « Contrairement à ce pays, l’Inde est une démocratie », a-t-elle souligné, avant d’inviter le Pakistan à se livrer à son introspection avant de prendre la parole et de se couvrir de ridicule.  Jammu-et-Cachemire fera toujours partie de l’Inde, a déclaré la déléguée.

« Jammu-et-Cachemire n’est ni un territoire faisant partie intégrante de l’Inde, ni une question interne à l’Inde », a rétorqué le Pakistan.  C’est un territoire occupé par l’Inde dont le statut final doit être décidé par un plébiscite, comme le demandent plusieurs résolutions de l’ONU, a tranché la représentante, décriant « le mensonge » qui sous-tend la politique étrangère et électorale de l’Inde.  Le Pakistan a évoqué la « dégringolade » des droits humains au Jammu-et-Cachemire, et le refus des autorités indiennes d’y mettre fin.  Au lieu de cela, les ONG, comme Amnesty international, qui ont dénoncé ces crimes, ont fait l’objet de persécution.  La délégation a réclamé l’envoi d’une commission d’enquête de l’ONU sur place et a appelé à faire pression pour que l’Inde accepte d’organiser le plébiscite.

Le Pakistan a également accusé l’Inde de pratiquer un terrorisme d’État au Jammu-et-Cachemire; de soutenir des organisations terroristes dont les attaques visent le Pakistan; et de financer des mercenaires dans le but d’entraver le développement dans la région.  L’Inde est guidée par une idéologie suprématiste qui banalise l’islamophobie, a poursuivi la représentante du Pakistan qui a même parlé de pogroms à Mumbai et Delhi.  L’Inde, a-t-elle déclaré, ne réussira jamais à empêcher les Cachemiriens qui vivent sous son occupation à revendiquer et obtenir leur droit à l’autodétermination.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.