Soixante-seizième session,
28e séance – matin
AG/12380

Les délégations insistent sur l’importance de la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, « organe principal de délibération des Nations Unies »

Le Président de l’Assemblée générale a invoqué, aujourd’hui, le fort impact de « l’organe principal de délibération des Nations Unies » pour souligner l’importance de la revitalisation de ses travaux.  M. Abdulla Shahid s’exprimait au cours de la réunion désormais biennale de l’Assemblée générale sur une revitalisation qui s’articule, depuis 2007, autour de quatre axes: rôle et pouvoirs, méthodes de travail, processus de sélection et de nomination du secrétaire général et autres chefs de secrétariat, et renforcement de la responsabilisation, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Bureau du Président.

Plusieurs délégations, dont l’Indonésie, ont vu dans l’Assemblée générale « l’expression de la solidarité internationale et la manifestation la plus éclatante du multilatéralisme ».  Mais, s’est demandé El Salvador, Coprésident du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée, sommes-nous satisfaits de son fonctionnement actuel?  Est-elle à la hauteur des défis?  L’Assemblée doit être hissée au niveau d’un avenir riche en rendez-vous déterminants, comme la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a dit l’Australie, l’autre Coprésidente.

L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’est félicitée de la résolution A/75/325 de l’Assemblée générale, adoptée par consensus le 10 septembre 2021 et tournée vers l’action.  Un grand nombre d’orateurs a insisté sur la rationalisation des ordres du jour de l’Assemblée, de ses six grandes commissions et du Conseil économique et social (ECOSOC) pour supprimer les lacunes, les chevauchements et les doublons, sans pour autant, a averti le Pakistan, rogner sur les prérogatives des États Membres.  L’Inde a aussi dit craindre la tendance au rétrécissement du rôle de l’Assemblée au profit du Conseil de sécurité.

Il n’en reste pas moins, a fait observer le Bélarus, que l’ordre du jour de l’Assemblée n’a pratiquement pas été révisé depuis la création de l’Organisation.  Le processus de revitalisation, ont acquiescé plusieurs délégations, doit être perçu comme une partie intégrante de la réforme globale de l’ONU, y compris celle du Conseil de sécurité.  Outre la simplification de l’ordre du jour, l’essentiel, a estimé l’Union européenne, est d’assurer des synergies entre les différents organes des Nations Unies.  Au lieu de les mettre en concurrence, prônons leur collaboration, a approuvé la Chine.

Après que l’Union européenne a plaidé pour une forte implication de la société civile dans le travail de l’Assemblée, les États-Unis ont estimé que le moment est venu de rendre l’ONU accessible à tous et d’éliminer les obstacles excessifs à une participation égale et active de tous les membres des délégations.  Avec d’autres intervenants, ils ont souscrit à l’idée d’adopter seulement tous les deux ans, voire tous les trois ans, certaines résolutions ou carrément de les regrouper.  Nous pourrions aussi, ont-ils ajouté, éliminer des éléments de certaines résolutions ou supprimer celles qui ont perdu en importance pour faire de la place aux « problèmes critiques ».

S’attardant sur le processus de sélection et de nomination du secrétaire général, le Bélarus a défendu l’équilibre géographique, « conformément aux principes du multilatéralisme ».  Il est temps, a estimé avec d’autres le Mouvement des pays non alignés, de nommer une femme à la tête de l’ONU.  Par ailleurs, l’expérience de la pandémie de COVID-19 et les mesures adoptées sur la sécurité des délégations ont conduit les États-Unis à réclamer les changements nécessaires pour permettre aux Nations Unies d’assurer la continuité des travaux pendant les futures urgences.  Une mise en garde est venue, entre autres, de l’Afrique du Sud: les méthodes de travail adoptées pendant la pandémie, dont l’adoption par des moyens électroniques des résolutions, ne doivent, en aucun cas, être pérennisées ni se substituer à la « diplomatie en personne » qui fait ses preuves depuis des décennies.

À propos des résolutions adoptées, le Mexique a dénoncé ceux qui « nient ou minimisent » la valeur de ces décisions non contraignantes.  Il a aussi rappelé que si le consensus est une aspiration, le règlement intérieur prévoit néanmoins le vote, « ce qui est “la méthode fondamentale” de tout exercice démocratique ».

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique, mercredi 10 novembre, à partir de 10 heures, pour examiner le rapport de la Cour pénale internationale (CPI).

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Débat conjoint

Le Président de l’Assemblée générale, M. ABDULLA SHAHID, a relevé l’importance pour l’Assemblée de revitaliser ses travaux, compte tenu de son impact sur la vie des gens dans le monde.  Comme son autorité est partagée par tous les États Membres, l’Assemblée est donc ce que ces derniers font d’elle.  Il a invité les États à renforcer la place de l’Assemblée générale, en tant qu’organe principal de délibération des Nations Unies.  Il a insisté sur la nécessité de rationaliser l’ordre du jour, dénonçant des « résolutions opaques et répétitives » adoptée chaque année, sans examen de leur mise en œuvre.  Le Président a réclamé la biennalisation de certaines résolutions voire leur suppression quand elles perdent en pertinence.  L’accent doit être davantage placé sur la mise en œuvre, a-t-il argué, avant de rappeler le rôle normatif de l’Assemblée générale dans l’intérêt du multilatéralisme.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) s’est félicité de la résolution 75/325 de l’Assemblée générale qui a été adoptée par consensus le 10 septembre 2021.  Il a notamment parlé d’une résolution orientée vers l’action, qui fait des progrès sur une série de questions de revitalisation, y compris les méthodes de travail, la biennalisation de la question de la revitalisation et la sélection et la nomination du secrétaire général et d’autres chefs de secrétariat.  Il a également salué la décision de tous les États Membres de se mettre d’accord sur l’ajustement de la date d’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée générale, à compter de la soixante-dix-huitième session, afin de laisser plus de temps au nouveau président et à son bureau de préparer la semaine de haut niveau.

Au sujet de la question du « rôle et de l’autorité » de l’Assemblée générale, il a réaffirmé le rôle fondamental et la crédibilité de l’Assemblée en tant qu’organe le plus représentatif des Nations Unies.  Il a appelé à une plus grande synergie et à une meilleure cohérence et coordination entre les travaux de l’Assemblée et d’autres organes des Nations Unies, conformément à leurs mandats respectifs.  Il a aussi plaidé pour la rationalisation de l’ordre du jour de l’Assemblée, pour supprimer les lacunes, les chevauchements, et les doublons, s’agissant du suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a ainsi conseillé une consultation plus régulière et plus étroite entre les présidents des grandes commissions auxquels il a demandé des mesures innovantes et pratiques pour rendre les débats plus ciblés et plus interactifs.

Au nom du groupe CANZ –Canada, Australie, Nouvelle-Zélande- M. JUSTIN PETER FEPULEAI (Nouvelle Zélande) a jugé que les efforts du Groupe de travail pour améliorer l’efficacité de l’Assemblée générale, par la rationalisation et la simplification de son ordre du jour, sont plus que jamais nécessaires.  Il a applaudi la décision de biennaliser la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée pour permettre aux États de consacrer une année à la mise en œuvre du texte.  Le représentant s’est aussi félicité de la décision d’avancer la date de la Semaine de haut niveau afin de donner au prochain Président le temps de se préparer à ce qui est la période la plus chargée de la session.  Il a conclu en saluant les nouveaux engagements pour améliorer la représentativité des femmes dans les rencontres de haut niveau et améliorer la parité parmi les orateurs et intervenants.

Les États Membres, a pressé M. MARKUS PIEPER, délégué de l’Union européenne, doivent travailler dans un esprit de confiance pour renforcer l’efficacité de l’Assemblée générale et, partant, celle du multilatéralisme.  Il a insisté sur la simplification des ordres du jour de l’Assemblée, de ses grandes commissions et de l’ECOSOC, et sur les synergies entre les différents organes des Nations Unies.  À cet égard, il a jugé nécessaire de regrouper par thème les résolutions des commissions et d’accorder la priorité aux mesures permettant d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.  Le représentant a, par ailleurs, plaidé pour la concrétisation de l’engagement commun en faveur de la parité entre les sexes, dont la nomination de femmes au plus haut niveau, « dans le respect du multilinguisme ».  Enfin, il a estimé « vital » d’accorder une place plus grande à la société civile dans le travail de l’Assemblée générale.

M. MUNKH-ORGIL TSEND (Mongolie) a estimé que la priorité doit être de supprimer les chevauchements et les doubles emplois dans les ordres du jour de l’Assemblée générale, de ses commissions et du Conseil économique et social (ECOSOC).  Cela nous permettra, s’est-il expliqué, d’obtenir plus de résultats dans un laps de temps plus court et de ménager un espace pour traiter des questions urgentes, dont les objectifs de développement durable qui ont une couverture limitée, voire nulle.

Nous devons, a insisté le représentant, nous concentrer sur les questions dont l’examen aurait un impact direct et durable sur un plus grand nombre de problèmes.  Il a par exemple souligné que les programmes de cantine scolaire ont un impact direct sur la réalisation des objectifs liés à la lutte contre la faim et la pauvreté, et pour la santé, l’éducation, l’égalité entre les sexes et, indirectement, sur tous les autres objectifs de développement durable.  Nous pourrions, a poursuivi le représentant, faire de cette question le thème d’un des débats thématiques et aider ainsi les organes intergouvernementaux à évaluer les liens entre leurs travaux et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à rationaliser leur ordre du jour.

Au nom du Mouvement des pays non alignés, Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a estimé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale est une partie essentielle de la restructuration globale des Nations Unies.  Le but est de parvenir à une Organisation plus forte et à un multilatéralisme revigoré.  Il faut donc progresser sur l’efficacité et l’efficience de l’Assemblée générale et, par exemple, rationaliser les manifestations parallèles qui ont lieu en même temps que le débat général.  Il est tout aussi important de renforcer les interactions entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, et d’améliorer le processus de sélection du secrétaire général.  « Il est temps que nous ayons une femme à la tête de l’ONU », a plaidé la représentante, avant de relever que le recours aux technologies de l’information et des communications (TIC) pour adopter des résolutions pendant cette période de pandémie doit rester une mesure « exceptionnelle ».

M. MOHAMED MIMRAH ABDUL GHAFOOR (Maldives) s’est félicité des progrès réalisés depuis 30 ans en matière de revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, s’agissant en particulier de la sélection et à la nomination du secrétaire général et du renforcement du Bureau du Président de l’Assemblée générale qui doit, a-t-il insisté, être doté d’un financement stable et d’un personnel permanent.  Ces améliorations, a dit le représentant, sont nécessaires à un système multilatéral solide et capable de répondre aux défis de l’environnement, du social et de l’économie.

Il a prévenu que le monde se trouve à un « point d’inflexion de son histoire », où l’humanité dispose d’assez de technologies et de richesses pour changer la trajectoire mais où la paix et la prospérité échappent encore à des milliards d’êtres humains confrontés aux pandémies et aux changements climatiques.  L’Assemblée générale, a voulu le représentant, doit être au centre des efforts pour relever ces défis.  Il s’est particulièrement inquiété de l’iniquité vaccinale, faisant le rapport entre les millions de personnes qui attendent toujours leur première dose de vaccin contre la pandémie de COVID-19 et ceux qui commencent à recevoir leurs « boosters ».  Insistant sur le fait que la crédibilité de l’Assemblée générale repose sur sa capacité à protéger les laissés-pour-compte, il a salué la convocation d’une réunion de haut niveau sur le thème de la « vaccination universelle », prévue pour janvier 2022.  Le représentant a conclu, en félicitant l’Organisation pour son travail en faveur de la parité, de la transparence et de l’inclusivité.

Mme MARTINA (Ukraine) a noté que, dès le début de la présente session de l’Assemblée générale, « nous avons été témoins d’une tentative sans précédent d’entraver l’autorité de l’Assemblée pour examiner une question soulevée par un Membre », la Fédération de Russie ayant tenté à maintes reprises de faire échouer l’initiative de l’Ukraine de maintenir le point intitulé « La situation dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine ».  Pour la représentante, les agissements de la délégation russe visent clairement à saper l’autorité de l’Assemblée sur l’examen de questions d’une importance cruciale pour ses Membres.  Elle a ainsi appelé ces derniers à répondre à ces agissements en participant d’autant plus activement à l’examen par l’Assemblée générale de la situation dans les territoires occupés de l’Ukraine, car respecter les principes et les valeurs consacrés par la Charte des Nations Unies est l’un des moyens les plus sûrs de revitaliser les travaux de l’Assemblée.  Concernant la mise en œuvre effective des résolutions de l’Assemblée générale, la déléguée a de nouveau pointé du doigt la Fédération de Russie, « qui prétend que des résolutions adoptées par les États Membres n’existent pas », notamment, a-t-elle ironisé, celles condamnant l’occupation temporaire en cours de la péninsule de Crimée.  Elle a souligné que ces résolutions doivent être pleinement mises en œuvre tandis que le monde continue d’assister à des violations brutales des buts et principes de la Charte, lesquelles se traduisent par la poursuite de l’agression militaire étrangère contre l’Ukraine et l’occupation temporaire de certaines parties de son territoire.

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a relevé qu’un des enseignements tirés de la pandémie est qu’avec la collégialité et l’ingéniosité, nous pouvons rendre l’ONU et l’Assemblée générale plus pertinentes pour la vie des peuples du monde.  L’objectif de la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale doit être d’accroître son efficience, son efficacité, son accessibilité et sa transparence.  À son tour, le représentant s’est dit en faveur de l’idée de biennaliser voire de triennaliser certaines résolutions ou carrément les regrouper.  Nous pourrions aussi, a—t-il ajouté, éliminer certains éléments de certaines résolutions ou supprimer celles qui ont perdu en importance pour faire de la place aux problèmes critiques.

Le représentant a ensuite insisté sur le fait que le moment est venu pour l’ONU d’être accessible à tous.  Il a dénoncé le nombre excessif d’obstacles à la participation égale et active de tous les membres des délégations, dont les personnes handicapées moteurs.  Il a aussi rappelé que les documents des Nations Unies ont vocation à être accessibles à tous.  Le représentant s’est en effet agacé des résolutions ou des comptes rendus de séance qui doivent être convertis ou manipulés pour les rendre lisibles pour tous.

Il a également dénoncé les pratiques qui ternissent indûment la réputation de l’Assemblée générale et renouvelé son appel à un code d’éthique applicable aux élections et aux nominations.  Des efforts sont également nécessaires pour améliorer l’efficacité des processus d’accréditation et d’enregistrement de l’Assemblée générale.  Le délégué a suggéré de s’appuyer par exemple sur le numérique pour améliorer la productivité.  La possibilité de télécharger les informations sur l’inscription des délégués via des fichiers séparés par des virgules pourrait économiser des milliers d’heures et améliorer considérablement les méthodes de travail.  Après l’expérience de la pandémie de COVID-19 et les mesures adoptées sur la sécurité des délégations, le représentant a réclamé les changements nécessaires pour permettre aux Nations Unies d’assurer la continuité des travaux pendant les futures urgences.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) s’est déclaré heureux de constater que le processus de revitalisation avait produit quelques résultats concrets, tels que la rationalisation des travaux et la simplification de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, les dialogues réguliers entre les missions permanentes et le Secrétariat de l’ONU; ainsi que le maintien de la continuité des activités grâce aux technologies de l’information et de la communication, malgré les restrictions dues à la pandémie de COVID-19.  Il a en outre formulé plusieurs suggestions.  « Nous devons préserver la primauté du débat général pendant la semaine de haut niveau en rationalisant le nombre de réunions de haut niveau et d’événements parallèles au débat général », a-t-il ainsi spécifié, tout en notant que la résolution de la soixante-quinzième session sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale se contente d’« encourager » les États Membres et l’ONU à se consulter pour limiter le nombre d’événements parallèles et minimiser les chevauchements.  « Nous aimerions également proposer que le Président de l’Assemblée générale rédige des lignes directrices pour la gestion globale des activités pendant la semaine de haut niveau, pour examen ultérieur par le Bureau. »

M. Gafoor a continué à plaider pour la rationalisation de l’ordre du jour de l’Assemblée, notamment pour rendre les résolutions biennales ou triennales, le regroupement des points et des résolutions, et l’introduction de clauses de caducité lorsque cela est possible.  Bien qu’il existe de nombreuses questions pertinentes et que la décision finale de réduire la fréquence des résolutions ou d’introduire une clause d’extinction soit la prérogative des principaux auteurs, il a prévenu que « la prolifération sans entrave des points de l’ordre du jour et des résolutions » risque d’entraîner un volume de travail insoutenable qui diluera l’attention de l’Assemblée générale.  Le représentant a conclu en encourageant le Président de l’Assemblée et le Secrétariat à envisager la reprise d’un plus grand nombre de réunions en personne et de réunions en un seul lieu.

M. DEEPAK MISRA (Inde) a relevé que le rôle de l’Assemblée générale s’est, au fil du temps, rétréci au profit du Conseil de sécurité.  Il a dit qu’une Assemblée générale efficace n’est possible que si son rôle d’organe principal de délibération des Nations Unies est respecté.  Pour revitaliser l’Assemblée générale, il faut revenir aux normes originales de cet organe, a-t-il plaidé, avant de préciser qu’il doit garder son rôle de chef de file dans la résolution des défis mondiaux.  Pour le représentant, la revitalisation de l’Assemblée générale doit être perçue comme faisant partie d’un processus global de restructuration de l’ONU, et la réforme du Conseil de sécurité en fait aussi partie.

Revenant sur la résolution A/75/325, Mme IMANE BENZIANE (Maroc) a expliqué que cette résolution contenait de nombreuses mesures pratiques et concrètes visant à améliorer l’efficacité de l’Assemblée générale.  Elle a reconnu que cette résolution avait fait des progrès notables sur un large éventail de questions importantes relatives à la réforme.  Et notamment la décision d’examiner tous les deux ans le processus de revitalisation, « décision importante qui permettra de mieux concentrer les efforts sur une mise en œuvre plus détaillée des décisions et de réfléchir en profondeur aux actions futures ».  Elle a en outre espéré que le rythme biennal ouvrira la voie à une rationalisation plus poussée des autres processus de l’Assemblée et a salué la décision de modifier l’article 1 de son Règlement intérieur qui permettra de commencer la session à partir du mardi de la deuxième semaine de septembre, soit une semaine plus tôt qu’actuellement.

Mme Benziane a en outre réitéré l’importance de la mise en œuvre de l’Article 12 de la Charte des Nation Unies, stipulant qu’une Assemblée générale revitalisée contribuerait à renforcer le système des Nations Unies dans son ensemble, ainsi qu’à renforcer le multilatéralisme.  Elle a réitéré son soutien aux importantes réformes introduites par le Secrétaire général et dont les résultats positifs permettent déjà à l’ONU de mieux faire face aux évolutions complexes du monde.  Elle a également noté avec satisfaction les mesures prises par le Secrétariat, et en particulier le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences (DGACM), pour mettre en œuvre les décisions de l’Assemblée relatives à sa revitalisation.  S’agissant de la crise financière et de liquidité à laquelle l’Organisation continue de faire face, elle a salué les mesures concrètes prises par le Secrétaire général.  Sur les méthodes de travail de l’Assemblée, elle a appuyé les efforts visant à accroître la parité des sexes au sein de l’ONU, notant que l’égalité est déjà atteinte au niveau des hauts fonctionnaires.  Elle a enfin salué les efforts visant à rendre le processus de sélection pour la nomination du secrétaire général et autres hauts fonctionnaires de l’ONU « inclusif, transparent et efficace ».

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh), soulignant l’importance de continuer à examiner la mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale, a rappelé que, l’an dernier, son pays avait cofacilité les efforts d’alignement de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, du Conseil économique, social et culturel (ECOSOCC) et de leurs organes subsidiaires aux fins de l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le processus engagé a conduit à la reconnaissance de principes communs et à des recommandations concrètes qui ont permis de combler les lacunes identifiées et d’éviter chevauchements et doubles emplois dans l’ordre du jour de ces organes, a-t-elle indiqué.  En outre, Mme Fatima a appuyé les efforts déployés par le Président de l’Assemblée générale et son prédécesseur pour renforcer le rôle du Bureau de l’Assemblée générale ainsi que la publication du rapport annuel de la Commission de consolidation de la paix, qui contribue à renforcer davantage encore les liens entre l’Assemblée et le Conseil de sécurité.  Par ailleurs, la représentante a estimé pertinent que l’Assemblée continue d’organiser des débats thématiques inclusifs et interactifs sur des questions d’actualité prioritaires pour la communauté internationale.

M. CRISTIAN ESPINOZA CAÑIZARES (Équateur) a plaidé pour la mise en œuvre effective de la résolution pertinente mais aussi de toutes les résolutions de l’Assemblée générale.  Il a aussi relevé que dans « Notre Programme commun », le Secrétaire général appelle les États Membres à hisser les principaux organes intergouvernementaux à la hauteur des défis actuels.  Il a donc insisté sur la modernisation et l’efficacité des travaux de l’Assemblée.

Mme YANG HUA (Chine) a confirmé que les efforts entrepris pour améliorer l’efficacité de l’Assemblée générale avaient déjà montré des résultats.  Elle a rappelé l’importance de l’Assemblée et la nécessité pour tous les États Membres de défendre les principes de la Charte, insistant sur la solidarité des États et leur responsabilité commune partagée et différenciée, notamment dans la lutte contre la COVID-19 et à la prise en compte des effets de la pandémie sur le développement.  La représentante a noté que le programme de travail de plus en plus chargé de l’Assemblée réclame une rationalisation de son fonctionnement, qui passe par le regroupement et la fusion de divers points de l’ordre du jour, et par la transformation de certaines résolutions en résolutions biennales ou triennales.  De même, elle a souhaité que le nombre de manifestations parallèles organisées lors de la semaine de haut niveau soit limité afin de permettre un traitement en profondeur des thèmes abordés.  Elle a insisté sur le besoin d’une collaboration, au lieu d’une concurrence, entre l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, et le Conseil de sécurité, et appelé à renforcer, par un meilleur financement, le Bureau du Président de l’Assemblée.

M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus) a déclaré que la décision de rendre bisannuelle la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale permettra de concentrer les efforts sur une mise en œuvre et un suivi plus efficaces des dispositions énoncées dans ladite résolution.  Il est clairement nécessaire de changer les méthodes de travail de l’Organisation, a-t-il signalé, déplorant que le volume de travail se soit considérablement accru.  Le Bélarus a déjà soulevé à plusieurs reprises la nécessité d’éviter la duplication des travaux au sein de l’Assemblée générale et de ses principales commissions et au sein de l’ECOSOC, a-t-il rappelé, tout en regrettant que l’ordre du jour de l’Assemblée n’ait pratiquement pas été révisé depuis la création de l’Organisation.  Le délégué a précisé que son pays continuera à défendre des propositions visant notamment à rétablir l’équilibre géographique dans la sélection des candidats au poste de secrétaire général, conformément au principe du multilatéralisme qui est une condition indispensable à la réalisation des objectifs de l’Organisation.  Il s’est dit convaincu que la clef de tout changement au sein de l’ONU ne résidait pas dans les textes des résolutions, mais dans l’interaction entre les États Membres.  Une approche axée sur les résultats et une recherche active et impartiale du compromis permettront d’atteindre le résultat que nous souhaitons tous, a-t-il conclu.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie), soulignant que l’Assemblée générale est l’expression de la solidarité internationale et la manifestation la plus éclatante du multilatéralisme, a affirmé que « ce n’est qu’ensemble que toutes les nations, grandes et petites, peuvent entreprendre de la rendre plus efficace, pour répondre aux défis évolutifs à la paix ».  Le représentant a ajouté que, l’an dernier, les résultats du Groupe de travail avaient été particulièrement fructueux, contribuant à dynamiser les travaux de l’Assemblée en modernisant le processus de sélection du secrétaire général et en renforçant la mémoire institutionnelle de l’Organisation.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a souhaité que les questions de paix et de sécurité et les préoccupations liées au développement soient au centre des travaux de l’Assemblée générale, puisqu’elles se renforcent mutuellement.  De plus, il serait de bon ton de renforcer la communication sur les travaux de l’Assemblée générale, afin que l’opinion publique sache que cet organe œuvre à l’amélioration des conditions de vie de tous.  Dans le cadre de l’amélioration des méthodes de travail, le délégué a souhaité que certaines résolutions annuelles soient désormais adoptées tous les deux ou trois ans.  Il faut également rationaliser les évènements parallèles qui sont nombreux pendant la tenue du débat général annuel.  De plus, pour assurer la continuité institutionnelle, il a suggéré que le bureau sortant travaille à transmettre les dossiers en cours à l’équipe entrante.  Enfin, le délégué a déclaré que les méthodes de travail adoptées pendant la pandémie de COVID-19 ne doivent en aucun cas être pérennisées ni se substituer à la diplomatie en présentiel qui a fait ses preuves depuis des décennies.

Mme MARÍA ANTONIETA SOCORRO JÁQUEZ HUACUJA (Mexique), rappelant le rôle irremplaçable de l’Assemblée générale en tant que forum universel par excellence, s’est interrogée sur les voix qui « dédaignent ou minimisent » la valeur de ses décisions non contraignantes.  Les engagements politiques émanant des résolutions de l’Assemblée générale sont « le guide de la prise de décisions » en matière de politique publique, a-t-elle souligné, insistant sur la responsabilité des États de respecter lesdits engagements.  Nous entendons fréquemment que les résolutions ou les décisions adoptées à l’issue d’un vote sont considérées par certains comme « illégitimes», et que seules celles adoptées sans mise aux voix sont valables.  Or, si le consensus est une aspiration, le règlement intérieur de l’Assemblée lui permet de prendre des décisions par vote, ce qui est la méthode fondamentale de tout exercice démocratique, a recadré la déléguée.

La déléguée a appuyé la réflexion du Secrétaire général dans son rapport « Notre programme commun », qui préconise d’unir les efforts pour que le multilatéralisme au XXIe siècle soit plus interconnecté, plus inclusif et plus efficace.  Du bon fonctionnement de l’Assemblée dépend une gouvernance mondiale robuste et démocratique, offrant de meilleurs modèles pour le développement de la communauté internationale et des peuples.  L’Assemblée doit répondre efficacement aux défis mondiaux actuels et, au bout du compte, faire en sorte que ses travaux se traduisent par une amélioration du bien-être des citoyens de nos pays, a-t-elle encore insisté.  L’Assemblée générale doit donc être améliorée en permanence, elle doit encourager plutôt qu’inhiber les processus décisionnels.  La déléguée a salué la conclusion réussie des négociations du Groupe de travail ad hoc sur la revitalisation de l’Assemblée générale pour 2021 et s’est dite encouragée par les accords conclus sur des questions de grande importance pour le Mexique, comme la nécessité de préserver la primauté et la signification du débat général, ou encore d’encourager le dialogue entre les délégations pour éviter la duplication des questions.  En conclusion, elle a salué la prise en compte du rapport sur la parité hommes-femmes aux postes de haut niveau du Secrétariat, et de la recommandation selon laquelle les États devraient proposer davantage de candidatures féminines pour les postes à tous les niveaux, y compris pour le poste de secrétaire général.

M. ANGELITO AYONG NAYAN (Philippines) s’est félicité de l’accent mis sur deux thèmes, à savoir le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale et ses méthodes de travail.  Il a appuyé l’idée selon laquelle l’Assemblée est « le principal organe délibérant, décisionnel et représentatif » de l’ONU.  Il est impératif que les États Membres galvanisent leurs efforts pour renforcer le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale, pour améliorer son efficacité ainsi que sa transparence et son caractère inclusif.  Sur les méthodes de travail, M. Manal a expliqué que leur révision devrait renforcer la cohérence des politiques, le leadership institutionnel et améliorer les résultats.  À son avis, le fait de rendre bisannuelle la résolution à l’étude, à partir de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée, donnera plus de temps pour se concentrer sur la mise en œuvre des recommandations qu’elle contient.  Avec une volonté politique et une collaboration plus fortes de la part des États Membres, il est possible de parvenir lors de la session en cours à une résolution plus ambitieuse, innovante et orientée vers l’action, a-t-il conclu.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a souligné combien la revitalisation est un long processus, un « véritable organisme vivant et en développement, qui mérite toute l’attention et la contribution des États Membres ».  Un tel processus exige une détermination totale et une approche constructive de chaque pays, étant entendu que notre objectif commun est de rendre l’Assemblée générale plus efficace pour relever les nouveaux défis, a-t-il ajouté.  Le représentant a insisté sur le fait que la rationalisation accrue des travaux de l’Assemblée générale doit être la priorité absolue et que, déjà, les leçons tirées de l’impact de la pandémie de COVID-19 doivent inspirer une modernisation radicale du fonctionnement de la principale instance de l’ONU.  Pour M. Mlynár, tenir un dialogue interactif avec le Secrétariat chaque année ne fait que souligner cette nécessité.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), en tant que coprésidente du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, a rappelé que le multilatéralisme n’est pas une option mais une nécessité pour la réalisation de l’engagement à reconstruire en mieux en faveur d’un monde plus égalitaire, plus résilient et durable.  Elle a ainsi salué la « revitalisation du processus de revitalisation », notamment la décision de rendre biennale la résolution sur ce thème de l’ordre du jour, qui permet d’axer le débat en profondeur sur différents points importants: l’évaluation du rôle et de l’autorité de l’Assemblée et ses méthodes de travail, le renforcement de l’application du principe de responsabilité, la transparence et la mémoire institutionnelle du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale, la sélection et la nomination du secrétaire général et d’autres dirigeants.  La déléguée a souligné l’importance de renforcer la relation entre les organes principaux de l’ONU, les moyens de préserver la primauté et la pertinence du débat de l’Assemblée, l’usage des technologies de l’information et des communications dans ses travaux, ainsi que la transparence et l’inclusion dans le processus de nomination du secrétaire général.  « Sommes-nous satisfaits du fonctionnement actuel de l’Assemblée?  Est-elle à la hauteur des défis d’aujourd’hui? » a-t-elle demandé.  « Sommes-nous prêts à avancer sur la voie de son renforcement, de son autorité et de son efficacité? »

M. BILAL MAHMOOD CHAUDHARY (Pakistan) a rappelé que la revitalisation du rôle de l’Assemblée générale est une tâche difficile et indispensable qui contribue au renforcement du multilatéralisme et de la légalité internationale.  D’où la nécessité pour les États de montrer leur volonté politique de revigorer cet auguste organe, le seul doté d’une représentativité universelle.  Il a appelé au respect du rôle que la Charte confie à l’Assemblée et loué les efforts pour la rendre plus inclusive et capable d’aborder des tâches complexes et les défis uniques auxquels sont confrontés certains de ses États Membres.  Saluant le vote d’une résolution « jalon » sur la revitalisation, le représentant a souligné son importance et son utilité pour toutes les résolutions de l’ONU.  Il a appelé à plus de coordination et de synergies entre les organes principaux de l’ONU, pour une meilleure efficacité, notamment dans le domaine de la vaccination.  Le représentant a toutefois souligné que la rationalisation ne doit pas se traduire par une diminution des prérogatives des États Membres.  Il a rappelé le rôle complémentaire de l’Assemblée et du Conseil de sécurité et l’importance des rapports soumis par l’Assemblée au Conseil.  Il a enfin salué les améliorations acquises pour le processus de sélection et de nomination du secrétaire général et rappelé qu’aucun poste ne doit être le « pré carré » d’un État Membre, en vertu du principe de répartition géographique équitable.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie)a assuré qu’en tant que coprésident du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale pour sa soixante-seizième session, il s’efforcera de contribuer à l’exécution des volets du mandat du Groupe relatifs au renforcement du rôle et de l’autorité de l’Assemblée et aux méthodes de travail de celle-ci en vue de la rendre plus efficace et représentative.  « L’Assemblée générale doit être à la hauteur d’un avenir riche en rendez-vous déterminants », comme la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il dit.  Le représentant a en outre pris l’engagement de fonder son action sur une approche essentiellement consultative

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a déclaré être attaché à la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, car, a-t-il expliqué, « c’est là la clef pour une Assemblée et un multilatéralisme plus efficaces ».  Il a salué les progrès déjà réalisés lors du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation ainsi que la vision claire qui a été tracée.  Il a estimé que « Notre Programme commun » est également important pour cette revitalisation, car il permettra de dialoguer « à l’extérieur du bâtiment » et de voir ce que les gens pensent vraiment du travail de l’Organisation.  Nous ne devons pas nous bercer d’illusions, a prévenu le représentant, en dénonçant une tendance « à en faire trop » comme en attestent les nombreuses résolutions qui s’écartent du mandat de l’Assemblée.  Nous devons, a-t-il dit, réfléchir au travail qui est réellement effectué ici.  Nous devons le faire au risque de rater un suivi efficace des questions qui comptent vraiment pour les gens.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a appelé à la dépolitisation des questions liées au rôle et aux pouvoirs de l’Assemblée générale et à l’amélioration de ses méthodes de travail.  Le but ultime, a-t-elle rappelé, c’est le renforcement de l’Assemblée.  Elle a donc approuvé l’idée de n’examiner cette question que tous les deux ou trois ans, en insistant sur le respect des prérogatives des différents organes de l’ONU.  L’Assemblée, a-t-elle diagnostiqué, pâtit moins d’un manque de volonté politique que d’un manque d’attention à l’applicabilité de ses résolutions.  La politisation et les clivages qui prévalent dans certaines résolutions « peu réalistes » devraient céder la place à la recherche du consensus et au talent diplomatique, ce qui contribuerait à de meilleurs résultats.

M. WAEL AL KHALIL (République arabe syrienne) a souligné le caractère essentiel de l’Assemblée générale dans la mise en œuvre des buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Or, au cours de ces dernières sessions, l’Assemblée a été fortement incitée par certains États « influents » à se saisir des situations déjà inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, ce qui est contraire à l’Article 12 de la Charte, a-t-il affirmé.  Sous cette même influence, a poursuivi le représentant, l’Assemblée pratique une politique de deux poids, deux mesures, comme en attestent des résolutions qui encouragent plus ou moins directement l’ingérence dans les affaires intérieures des États.  Cette politisation « à outrance » de l’Assemblée sert les visées interventionnistes de certains États lesquels, en agissant de la sorte, violent les buts et principes de la Charte et du droit international.  Il a ainsi appelé les pays à éviter toute politisation des travaux de l’Assemblée générale et tout doublon dans les ordres du jour de celle-ci et du Conseil de sécurité.

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