Soixante-quinzième session,
13e séance plénière – après-midi
AG/AB/4367

La Cinquième Commission examine la situation financière de l’ONU, marquée par une embellie sur le budget ordinaire

Après une situation de trésorerie « extrêmement préoccupante » en 2020, la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, qui examinait aujourd’hui le financement de l’ONU, a constaté une embellie sur le budget ordinaire.  Au mois d’avril, 76% des contributions prévues pour 2021 avaient été recouvrées. 

L’année 2020 s’est achevée sur un nouveau record en ce qui concerne les contributions au budget ordinaire non acquittées, dont le montant s’élevait élevé à 808 millions de dollars, dépassant le record de 711 millions de dollars établi l’année précédente.  La pression sur les réserves de trésorerie, qui étaient déjà maigres, s’est donc accrue en 2021. 

Mais, en réponse à un autre appel lancé par le Secrétaire général à la mi-mars et à d’autres actions de sensibilisation menées auprès des États Membres, les sommes perçues en avril ont atteint « le chiffre record » d’un milliard de dollars.  Cette somme, ont commenté les États-Unis, n’aurait pas été possible sans notre versement de plus de 300 millions de dollars, au premier trimestre de cette année.  Ainsi, 76% du montant total des contributions annuelles ont été recouvrés à la fin du mois d’avril, permettant d’assouplir un grand nombre de restrictions en matière de dépenses.  Toutefois, le résultat final dépendra toujours du fait que les États Membres continuent de s’acquitter de leurs obligations financières.

Toutes les délégations ont insisté sur la responsabilité des États Membres de payer leur dû en totalité, à temps et sans conditions.  Le Groupe des États d’Afrique a jugé « insupportable », qu’une organisation comme les Nations Unies ait dû, en 2019 et en 2020, emprunter au Fonds de roulement, au Compte spécial et aux opérations de paix fermées, pour pouvoir exécuter ces mandats.  L’ONU devrait pouvoir se concentrer sur ces mandats plutôt que de gaspiller son énergie à trouver les moyens de réduire les dépenses, ont martelé plusieurs délégations.

Pour ce qui est du budget des opérations de paix et des tribunaux pénaux internationaux, les soldes de trésorerie étaient positifs en 2020, même si certaines opérations se sont heurtées à des déficits de trésorerie à différents moments, ce qui a obligé à recourir à des emprunts sur des opérations de maintien de la paix et à reporter des versements dus aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police.  La décision prise par l’Assemblée générale dans sa résolution 73/307 d’autoriser les prélèvements d’avances entre les missions en cours, ainsi que la mise en recouvrement et la réception de contributions pour les périodes hors mandat, a, une nouvelle fois, été saluée aujourd’hui.  Les remboursements au titre des contingents, des unités de police constituées et du matériel appartenant aux contingents sont à jour pour toutes les missions en cours, à l’exception de 65 millions de dollars pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), pour laquelle il n’a pas été recouru à des prélèvements d’avances en raison du risque de retard dans le remboursement des prêts à la mission d’origine.

Toutefois au 30 avril 2021, les arriérés de paiement pour les opérations de paix avaient atteint un record de 2,5 milliards.  Un État, a dénoncé la Chine, doit à lui seul 1,6 milliard de dollars.  Cuba a ainsi accusé les États-Unis de pratiquer une politique volontaire de rétention des contributions pour faire pression.  La délégation américaine s’est défendue en rappelant d’abord que ses contributions sont versées habituellement au dernier trimestre de l’année.  Ils ont tout de même manifesté leur détermination à régler la totalité de leur dû « non seulement pour améliorer les finances de l’Organisation mais aussi et surtout pour améliorer l’efficacité ».

Le Contrôleur des Nations Unies, M. Chandru Ramanathan, a invité les États-Membres à prévenir le plus tôt possible le Secrétariat de leur intention de payer leurs arriérés pour que l’ONU puisse planifier aux mieux ses dépenses. 

En début de séance, la Cinquième Commission a autorisé le Secrétaire général à engager au titre de l’Opération au Darfour un montant maximum de 45 724 300 dollars pour la période du 1er janvier au 30 juin 2021, laquelle somme s’ajoute aux 240 millions de dollars déjà autorisés pour la période du 1er juillet au 31 décembre 2020 et aux 198,7 millions autorisés pour la période du 1er janvier au 30 juin 2021. 

Le Commission, qui tient la majeure partie de sa session virtuellement, a prévu sa prochaine séance publique le 28 mai pour clore ses travaux.

A/C.5/75/L.30

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. BOUBACAR DIALLO (Guinée), s’est dit préoccupé par les problèmes de liquidités auxquels est confrontée l’ONU, s’agissant en particulier du budget ordinaire.  S’il est vrai que la situation s’est un peu améliorée, il ne faut pas pour autant se montrer complaisant, a prévenu le représentant, en attribuant cette amélioration aux mesures d’austérité liées aux recrutements et au contrôle des dépenses dû à la pandémie de COVID.19. La gestion du budget, a-t-il asséné, doit être guidé par l’exécution des programmes et en aucun cas par les sommes en main. 

Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par le fait que l’on ait été obligé d’emprunter aux opérations de paix fermées pour couvrir les problèmes de trésorerie liés au budget ordinaire.  Il a dénoncé la persistance des arriérés de paiement lesquels ont atteint un recours, au début de cette année.  Il est vrai que la collecte des contributions vient de dépasser les attentes mais il est tout aussi vrai, a martelé le représentant, que les États Membres doivent payer leur dû en totalité, à temps et sans conditions. 

S’agissant des opérations de paix, il a relevé qu’il reste encore la somme de 65 millions dollars à recouvrer pour une seule mission, « mais c’est une mission de trop ».  Le représentant a particulièrement jugé préoccupant qu’un seul État Membre doive environ les deux-tiers des sommes à recouvrer, « malgré sa grande capacité de paiement ».  Alors qu’il bénéficie déjà d’une « distorsion fondamentale » de la manière dont l’ONU est financée, cet État Membre, a accusé le représentant, continue de manière unilatérale à retenir ses contributions, tout en s’accrochant à ses privilèges spéciaux au Conseil de sécurité.  Tous les États Membres doivent payer leurs contributions et aucun d’entre eux ne devrait être empêcher de le faire, surtout quand l’ONU est confrontée à des problèmes de trésorerie. 

Au nom de l’Australie, de la Nouvelle -Zélande, M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a noté qu’en ces temps de pandémie, l’ONU reste la seule organisation internationale en mesure d’aborder les défis qui transcendent les frontières nationales.  Alors que la Cinquième Commission examine les demandes budgétaires du Secrétaire général pour les opérations paix, qui sont « le volet le plus visible de la présence mondiale de l’ONU », il a souhaité que tous les États Membres versent les contributions financières qui découlent des décisions prises collectivement afin que l’Organisation puisse remplir son mandat. 

En 2020, a relevé le représentant, l’ONU a terminé l’année avec le plus haut niveau d’arriérés de son budget ordinaire depuis plus d’une décennie.  En dépit de la modeste amélioration du recouvrement des contributions ces derniers mois, il s’est déclaré préoccupé par la situation financière globale de l’Organisation, laquelle fonctionne sous une direction stratégique, mais aussi en fonction de la disponibilité des liquidités, à la fois pour son budget ordinaire et pour son budget du maintien de la paix.  En d’autres termes, a souligné, le représentant, les opérations de l’ONU ne sont pas dictées par des priorités organisationnelles, mais par les impératifs de liquidités, ce qui « n’est pas durable et doit changer ». 

Les quotes-parts, a poursuivi le représentant, « ne sont pas des contributions volontaires mais des obligations juridiques qui nous sont faites en tant qu’État Membre de l’ONU ».  Nous avons également la responsabilité morale de veiller à ce que l’Organisation dispose de ressources suffisantes pour s’acquitter de ses mandats, en particulier en ces temps difficiles, a-t-il ajouté, notant à cet égard que, si la situation s’améliore à New York, tel n’est pas le cas dans de nombreuses régions du monde qui continuent de faire face aux effets de la pandémie.  Dans ce contexte, a fait valoir le représentant, le bilan connu de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada en ce qui concerne le paiement « intégral, ponctuel et sans conditions » de leurs contributions, témoigne de leur engagement en faveur de l’ONU.  Exhortant tous les États Membres à faire de même, il a notamment appelé ceux qui ont des contributions en souffrance à s’acquitter en priorité de leurs arriérés. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. TSU TANG TERRENCE TEO (Singapour) s’est félicité, à son tour, que les sommes perçues en avril représentent 76% du montant total des contributions annuelles.  Il a remercié les États Membres concernés d’avoir versé la totalité de leurs contributions dues.  Il a jugé insupportable qu’en raison d’un niveau record d’impayés en  2020, l’Organisation ait dû consacrer toute son énergie à limiter les dépenses plutôt qu’à mettre en œuvre ses mandats. 

M. THIBAULT CAMELLI, de l’Union européenne, a exprimé sa profonde préoccupation face à la crise de liquidité persistante de l’ONU.  En  2018, a-t-il rappelé, le budget ordinaire de l’ONU a enregistré un déficit de trésorerie dès le mois de mai.  En 2019, malgré les mesures prises pour conserver la trésorerie, le premier emprunt a eu lieu en juillet et le déficit a atteint un record de 520  millions de dollars en décembre.  En 2020, la grave crise de liquidité s’est poursuivie et l’Organisation n’a pu repousser le premier emprunt qu’à septembre, grâce à de strictes mesures de conservation des flux de trésorerie.  Le Secrétaire général a alors suspendu tout recrutement pour les opérations du budget ordinaire, réduit les dépenses non affectées aux postes et reporté le paiement des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police.  Bien que ces mesures se soient avérées essentielles pour gérer les problèmes de trésorerie, le représentant a dit craindre qu’elles ne compromettent la faculté de l’Organisation à mettre en œuvre toute l’étendue des mandats qui lui ont été confiés. 

La gestion de la situation financière des Nations Unies est une « responsabilité commune », partagée entre l’Organisation et ses États Membres, a souligné le représentant.  Depuis le début du mois d’avril, s’est-il enorgueilli, tous les États membres de l’Union européenne ont versé leurs contributions au budget ordinaire 2021, ce qui représente 24% du montant total.  En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, les États membres de l’Union représentaient près de la moitié du tableau d’honneur au 30 avril et plus de 20% des contributions versées.  Or, a regretté le représentant, tous les États Membres n’ont pas respecté leurs obligations financières.  De fait, l’imprévisibilité des encaissements, ainsi que les grandes collectes du dernier trimestre de chaque année, aggravées par la crise mondiale posée par la pandémie de COVID-19, « menacent la capacité de l’Organisation à mettre en œuvre tous ses mandats et à répondre aux crises émergentes en temps opportun ».  Le représentant a par conséquent exhorté les États Membres qui ont des évaluations en attente à traiter cette question comme une « priorité absolue », réaffirmant qu’il importe que tous les États Membres honorent leurs obligations financières en payant leurs contributions intégralement, à temps et sans conditions.  

Notant que « le diagnostic est désormais clair », il a estimé que se disputer au sujet du calendrier ou pointer certains du doigt ne contribuera pas à s’attaquer aux causes profondes des problèmes ni à améliorer la situation.  Le représentant a aussi estimé qu’il est de la responsabilité de la Cinquième Commission de relever le défi et d’assurer un financement durable de l’Organisation.  Il s’est félicité à cet égard des mesures adoptées dans la résolution 73/307.   Pour les opérations de maintien de la paix, par exemple, la création d’une trésorerie commune entre les missions et la possibilité de payer les contributions pour l’ensemble de la période budgétaire de 12 mois ont permis d’alléger partiellement la pression sur la trésorerie.  Le représentant a cependant regretté que seule une solution partielle ait été trouvée et qu’aucun consensus n’a été dégagé sur les propositions relatives au budget ordinaire.  En conséquence, a-t-il déploré, le Secrétaire général a régulièrement emprunté dans les comptes des opérations de paix closes, ce qui a entraîné une rétention des crédits aux États Membres.  De même, il a regretté le retard dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de policiers, considérant que cela doit être corrigé. 

À cette fin, le représentant a encouragé le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour gérer les ressources de manière plus efficace.  Il a également appelé les États Membres à revoir la proposition présentée lors de la soixante-treizième session.  En juin de l’an dernier, comme l’année précédente, a-t-il rappelé, l’Union européenne était prête à adopter des mesures permettant au Secrétaire général de gérer ses budgets de manière plus stratégique, tout en maintenant les normes de transparence et de responsabilité les plus élevées.  Nous avons également fait des propositions à cet égard l’automne dernier, lors de la négociation du budget ordinaire, et nous continuons de soutenir toutes les mesures qui peuvent donner au Secrétaire général les outils pour atténuer les défis actuels de la gestion de la trésorerie et conduire à un budget plus efficace et plus stratégique, a conclu le représentant. 

S’exprimant également au nom du Liechtenstein, M. MIKE MARTIN AMMANN (Suisse) a estimé que la situation financière reste « préoccupante » en dépit de l’amélioration actuelle de la situation de liquidité des Nations Unies.  De fait, a-t-il souligné, l’irrégularité constatée chaque année dans la collecte des contributions au budget ordinaire appelle l’ONU à une « gestion prudente des liquidités » afin de s’assurer que les opérations ne sont pas compromises durant l’année.  Le représentant a jugé à cet égard que l’allocation des ressources et la priorisation des activités par le Secrétariat constituent « un risque pour le contrôle des États Membres sur la mise en œuvre du mandat de l’ONU ».  Alors que la pandémie fait toujours rage et que d’innombrables personnes comptent sur le soutien des Nations Unies dans la lutte contre la COVID-19, « des ressources financières adéquates sont de la plus haute importance et doivent être assurées », a soutenu le représentant. 

Il a par ailleurs salué « l’effet positif » que les mesures introduites l’année dernière ont eu sur l’amélioration de la flexibilité budgétaire du Secrétaire général.  Appelant tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à verser leurs contributions annuelles « dans leur intégralité et dans les délais impartis », il a assuré que la Suisse et le Liechtenstein continueront à honorer leurs obligations financières envers l’Organisation en les payant « à temps et en totalité ».  Il a conclu en réitérant la nécessité pour les Nations Unies de bénéficier d’un financement adéquat de la part des États Membres afin d’exécuter pleinement ses mandats.  

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOHAMED TRAORE (Mali) s’est félicité de ce qu’après l’appel lancé par le Secrétaire général à la mi-mars et à d’autres actions de sensibilisation menées auprès des États Membres, les sommes perçues en avril aient atteint le chiffre record d’1 milliard de dollars et que 76 % du montant total des contributions annuelles aient été recouvrés à la fin du mois d’avril.  Revenant à la situation de 2020 où le niveau des impayées a atteint un record de 808 millions de dollars, le représentant a jugé insupportable, qu’une organisation comme les Nations Unies ait dû emprunter au fonds de roulement, de son compte spécial ou aux opérations de paix fermées, pendant 10 mois entre 2019 et 2020. 

S’agissant justement des opérations de paix, il s’est dit encouragé par la tendance positive des soldes de trésorerie et a salué l’impact positif de la résolution 73/703 de l’Assemblée générale qui a supprimé les restrictions sur les emprunts croisés pour les opérations actives, ce qui a permis d’améliorer la trésorerie globale desdites opérations.  Le représentant s’est particulièrement félicité des progrès observés en matière de remboursement des pays fournisseurs de contingents et de matériel, à l’exception des 65 millions de dollars pour l’Opération au Darfour.  Tous les efforts doivent être faits pour que ces pays soient remboursés le plus rapidement possible, a-t-il insisté, avant de juger « indispensable » une solution durable aux problèmes de financement, La pratique des emprunts aux opérations actives ou fermées n’est pas seulement non viable mais elle est surtout nocive pour une bonne exécution des mandat de l’Organisation. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a constaté que les mesures d’économie mises en œuvre par le Secrétariat, ainsi que les contributions de la plupart des États Membres, ont conduit, fin 2020, à un déficit qui était de 186 millions de dollars inférieur à celui de 2019.  Si des économies sont nécessaires, cela ne doit pas se faire au détriment du respect des activités et programmes approuvés par les États Membres, a fait valoir le représentant.  Il s’est ensuite félicité de ce que la réduction du déficit ait permis, jusqu’à présent en 2021, de reconstituer les réserves du Fonds de roulement et du Compte spécial, et de rembourser les emprunts aux opérations de clôturées à un rythme plus rapide que les années précédentes. 

Le représentant a également pris acte de la situation plus stable des contributions aux tribunaux internationaux et aux opérations de paix.  Il a par ailleurs jugé encourageant de constater que, par rapport à la même date en 2020, 11 pays de plus ont versé intégralement leurs contributions au budget ordinaire et que le montant des arriérés est inférieur d’environ 379 millions de dollars.  Ces informations prouvent que l’amélioration de la grave crise de trésorerie « dépend plus du respect de nos engagements que des modifications apportées aux méthodologies et réglementations budgétaires ». 

Cependant, a relativisé le représentant, nous ne pouvons être sûrs que cette amélioration empêchera une réapparition des problèmes.  Seul le paiement des contributions en totalité, à temps et sans conditions peut empêcher cette situation, a-t-il soutenu, souhaitant aussi que soit prise en compte la situation particulière des pays en développement qui ne sont pas en mesure d’honorer leurs engagements financiers pour des raisons indépendantes de leur volonté politique, principalement en raison du grave impact de la pandémie de COVID-19 sur leurs économies. 

Le représentant a d’autre part observé que le principal débiteur de l’ONU reste les États-Unis.  La volonté exprimée récemment par ce pays de payer ses dettes envers l’Organisation est la première étape d’un long chemin.  Il faut que cesse la politique de rétention volontaire des contributions, a asséné le représentant.  Il s’est enorgueilli que son pays se soit acquitté de presque toutes ses obligations financières à l’égard de l’ONU, et ce, malgré les effets de la pandémie et du blocus économique, commercial et financier que lui imposent les États-Unis.  Par conséquent, a-t-il conclu, les paiements effectués par notre pays pour honorer sa dette envers l’Organisation participent d’un « très grand sacrifice ».

M. OMAR KADIRI Maroc a jugé important de saluer, dans le contexte difficile de la pandémie de COVID-19, la capacité de l’ONU de faire face à ce défi.  S’agissant des opérations de paix, il a salué l’adoption de la résolution 73/307 de l’Assemblée générale fondée sur les propositions du Secrétaire général visant à améliorer la situation financière des Nations Unies par la diminution des arriérés de paiement.  Le Maroc a déclaré que l’équilibre financier de l’Organisation dépend « indéniablement » du versement à temps par les États Membres de la totalité de leurs contributions et de leurs arriérés.  

Mme RENA AKATSUKA (Japon) s’est enorgueillie que son pays ait payé toutes ses contributions, malgré l’impact de la COVID-19 sur l’économie et la situation financière japonaises.  Heureuse de constater que la situation de trésorerie se soit améliorée, en 2021, grâce au versement des contributions mais aussi à une meilleure gestion des liquidités par le Secrétariat, la représentante a salué l’assouplissement des restrictions imposées aux recrutements.  Elle a dit compter que le Secrétaire général tiendra compte de la sous-représentation voire de la non-représentation de certains États, lorsqu’il s’agira de pourvoir les postes vacants. 

La représentante a insisté sur la nécessité de fixer un niveau « réaliste » des ressources qui doivent être nécessaires mais aussi suffisantes pour une bonne exécution des mandats.  Les ressources, a-t-elle rappelé, ne sont pas illimitées. Les États Membres et le Secrétariat de l’ONU ont la « responsabilité commune » de rechercher constamment les moyens d’assurer une utilisation efficace des ressources, compte tenu de la nécessité de rendre des comptes au contribuable.  Notant que la trésorerie des opérations de paix est en danger, puisque les États semblent attendre l’issue des négociations sur la répartition des quotes-parts à la prochaine session, la représentante a demandé au Secrétariat de trouver des mesures pour atténuer ce danger « inévitable » qui semble réapparaître tous les trois ans. 

Il est « très important », a souligné M. MOHAMMED NORE ALAM (Bangladesh), que les principaux contributeurs, qui ont de très gros moyens, assurent le paiement intégral et à temps de leur quote-part.  L’ONU serait sur une base financière plus solide si ces États honoraient leurs obligations, en vertu de la Charte.  Lorsque nous examinons le budget aujourd’hui, a poursuivi le représentant, nous devons tenir compte de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le travail de l’Organisation et assurer des fonds suffisants et prévisibles.  Il a aussi souligné l’importance que son pays attache au remboursement rapide des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police aux opérations de paix de l’ONU, d’autant plus que la plupart d’entre eux sont des pays en développement.  Tout retard dans les remboursements peut avoir un impact sur la rotation des troupes et la volonté des pays de déployer des hommes et des femmes sur le terrain.  Les retards peuvent aussi alourdir le fardeau financier de ces pays, ce qui serait « injuste ». 

Prenant note avec « une profonde préoccupation » de l’aggravation de la situation de trésorerie de l’ONU, le représentant a aussi noté que les contributions sont généralement reçues à la fin de l’année, ce qui compromet une bonne affectation des ressources aux différents mandats.  Malgré une prudence budgétaire et le report de plusieurs paiements, a-t-il dénoncé, l’Organisation a dû emprunter de larges sommes aux opérations de paix fermées, ces deux dernières années.  Il est tout aussi impératif que tous les fonds alloués à l’ONU soient dépensés de manière efficace, transparente et responsable.  Un contrôle budgétaire strict, une discipline budgétaire tout aussi stricte et une utilisation rationnelle des ressources sont particulièrement importantes, a conclu le représentant.  

M. BORGAR OLSEN TORMODSGARD (Norvège) a estimé qu’à la lumière de la pandémie de COVID-19, nous avons besoin d’une Organisation forte et efficace qui gère ses ressources financières de manière responsable et qui exécute ses mandats.  Le paiement intégral et à temps des quotes-parts est « essentiel » pour le bon fonctionnement de l’Organisation, a souligné le représentant, face à des mandats à exécuter dans des situations de plus en plus complexes.  Un financement stable et prévisible est la clef de la pertinence et de l’efficacité des Nations Unies, a-t-il insisté.  Les nombreuses lettres que le Secrétaire général a dû envoyer aux États Membres montrent que l’ONU fait toujours face à des problèmes de trésorerie, a noté le représentant en se disant particulièrement préoccupé par le budget ordinaire et l’impact potentiel que les mesures prises peuvent avoir sur l’exécution des mandats.  Membre fondateur et partenaire fidèle des Nations Unies, la Norvège, a conclu son représentant, exhorte tous les États à n’épargner aucun effort pour payer leurs contributions intégralement, à temps et sans condition, et ce, pour assurer une ONU forte et efficace qui concrétise sa promesse aux peuples qu’elle sert.  

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a dit partager les préoccupations concernant la crise de liquidités liée au budget ordinaire.  Le déficit au début de l’année et l’épuisement des réserves n’augurent rien de bon pour la stabilité des finances et s’éloignent résolument d’une pratique budgétaire viable.  S’il est crucial que l’Organisation ait les ressources nécessaires, le représentant a jugé tout aussi crucial qu’elle pratique la discipline budgétaire en tout temps, en particulier dans l’environnement actuel où l’économie mondiale est gravement touchée par la pandémie de COVID-19 et où les États Membres sont contraints d’adopter des mesures d’austérité pour « garder leur pied loin du feu ».  Nous devons, a poursuivi le représentant, maintenir en vie notre pouvoir de contrôle pour ne pas renoncer à notre fonction administrative devant le labyrinthe d’une structure sophistiquée qui peut compromettre l’esprit même de la Charte.  Notre pouvoir de contrôle ne saurait se limiter à un sceau sur des propositions.  La consultation, le consensus et le respect de la souveraineté nationale des uns et des autres doivent nous guider dans toutes les discussions sur le financement de l’ONU, en lieu et place des agendas particuliers. 

Insistant sur le pilier « développement » de l’ONU, le représentant a estimé que le temps de l’introspection est peut-être venu, à savoir le temps d’un audit non pas des chiffres mais des procédures budgétaires qui présentent un « sombre tableau ».  Les ressources de l’ONU doivent être utilisées pour des besoins véritables et pas pour des activités « extra-juridictionnelles », a martelé le représentant.  Il s’est en effet dit préoccupé par l’idée de consacrer des ressources à des agendas politiques.  Il est important, a-t-il conclu, que les États Membres, qui ont la capacité de le faire, paient leurs contributions, tout en reconnaissant les efforts et l’incapacité des autres pour des raisons qui échappent à leur contrôle. 

M. EVGENY V. KALUGIN (Fédération de Russie) a salué l’approche du Secrétariat pour obtenir le paiement des quotes-parts, compte tenu des résultats concrets, dont l’amélioration de la situation financière de l’ONU.  Le représentant a donc demandé audit Secrétariat d’informer les États Membres des « mesures d’austérité » qui ont été levées et assouplies.  Il s’est dit convaincu qu’une meilleure transparence en la matière encouragerait les pays, qui ont des arriérés, à suivre l’exemple de ceux qui ont payé intégralement leurs contributions.

M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a constaté à son tour que la situation de liquidité des Nations Unies est allée en s’aggravant ces dernières années, avec des déficits qui surviennent plus tôt chaque année et qui se creusent, des réserves qui s’épuisent et des arriérés de fin d’année qui atteignent des niveaux record.  Le représentant s’est dit inquiet de cette tendance qui a affecté la mise en œuvre des mandats de manière négative.  Pour y remédier, a-t-il relevé, le Secrétaire général a été forcé de prendre des mesures « extrêmes » qui compromettent inévitablement l’objectif et l’efficacité de l’Organisation, s’agissant du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et du développement. 

En outre, a ajouté le représentant, la crise de liquidité en 2019 et en 2020 a menacé la capacité de l’ONU de répondre à des crises émergentes en temps opportun, notamment aux défis posés par la pandémie de COVID-19.  Or, l’Organisation « fait plus si elle est financièrement solide », en particulier en faveur des États Membres vulnérables, à savoir les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et petits États insulaires en développement. De plus, a-t-il relevé, la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourra se concrétiser « tant que nous, en tant qu’organisation, ne serons pas financièrement à flot ».  Avant de conclure, le représentant a félicité les États Membres qui ont réussi à payer leurs cotisations à temps et sans faute, exprimant la fierté de son pays de s’être acquitté de cette obligation.  Il a toutefois souhaité qu’il soit tenu compte des situations particulières auxquelles sont confrontés certains pays en développement, surtout à la lumière des circonstances imposées par la pandémie. 

M. RICHARD CROKER (Royaume-Uni) s’est dit, à son tour, préoccupé par les problèmes de liquidité auxquels sont confrontées les Nations Unies.  L’ONU, a-t-il dénoncé, est donc aux prises avec l’impact de la pandémie de COVID-19 sans les ressources et les outils nécessaires à son bon fonctionnement.  Le temps et les ressources actionnés pour atténuer les répercussions des problèmes de trésorerie seraient mieux utilisés à l’amélioration du travail sur le terrain.  Il est donc essentiel que tous les États Membres paient leurs contributions en totalité et à temps. 

M. Crocker s’est dit heureux d’apprendre qu’en avril, un milliard de dollars a été injecté au budget ordinaire.  Les restrictions imposées aux recrutements ont été assouplies partiellement, s’est-il réjoui, tout en regrettant ne pas voir la même hausse des contributions aux budgets des opérations de paix.  Heureux tout de même qu’à la suite des réformes menées depuis deux ans, la trésorerie globale des opérations actives continue de s’améliorer, il a encouragé le Secrétaire général à identifier des moyens nouveaux et novateurs pour atténuer les problèmes de trésorerie s’agissant du budget ordinaire. 

M. BING DAI (Chine) a dit qu’en dépit de la pandémie de COVID-19, elle s’est acquittée de ses contributions et rappelant la crise de liquidités « alarmante », il a pointé du doigt un État Membre qui doit encore un milliard de dollars au budget ordinaire et plus d’1,4 milliard de dollars à celui du maintien de la paix. Cette délégation devrait montrer l’exemple en s’acquittant de ses contributions, a asséné le représentant. 

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) s’est dit encouragé d’apprendre que les contributions recouvrées, qui s’élèvent à 3,16 milliards de dollars, ont dépassé les attentes du Secrétariat qui s’attendait cette année à une somme de 2,98 milliards.  Mais il a dit craindre que l’« imprévisibilité » de ses rentrées d’argent ne compliquent la tâche des administrateurs de programmes qui doivent placer stratégiquement les objectifs communs de l’ONU et veiller à l’exécution des mandats cette année et au-delà.  Il a donc exhorté les États Membres à n’épargner aucun effort pour honorer leurs obligations financières en totalité, à temps et sans conditions, d’autant plus que l’ONU s’attend à des dépenses imprévues dues à la pandémie de COVID-19.  Il a espéré que les ressources disponibles seront utilisées de manière responsable. 

Mme GRACE LEIGH LEVIN (États-Unis) a rappelé que la contribution de son pays au budget des Nations Unies est deux fois plus importante que celle du deuxième plus grand contributeur.  La semaine dernière, a-t-elle dit, nous avons été informés que l’ONU avait collecté 1 milliard de dollars de contributions pour le budget ordinaire pour le seul mois d’avril.  C’est peut-être la plus grosse somme que l’ONU ait jamais collectée en un mois, pour le budget ordinaire, a applaudi la représentante.  Elle a précisé que cette somme n’aurait pas été possible, sans les plus de 300  millions de dollars que son pays a versés, au cours du premier trimestre.  Rappelant que ledit pays paie généralement sa contribution au budget ordinaire, au dernier trimestre de l’année, la représentante a promis un paiement intégral.  Nous sommes déterminés, a-t-elle affirmé, à nous acquitter de nos obligations financières non seulement pour améliorer la trésorerie de l’ONU mais aussi et surtout pour lui assurer l’efficacité. 

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