Soixante-seizième session
3e séance plénière & réunion virtuelle, Matin & après-midi 
AG/EF/3550 

Deuxième Commission: la crise sanitaire a creusé les inégalités et sapé les efforts pour éliminer la pauvreté et la faim, s’inquiètent les délégations

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence et renforcé les inégalités, ont remarqué, ce matin, nombre de délégations de la Deuxième Commission, lors de la deuxième séance du débat général sur le thème « Crise, résilience et reprise - Accélérer les progrès vers le Programme 2030 ».  La crise sanitaire menace d’anéantir des décennies de progrès pour éliminer la pauvreté, objectif 1 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et a plongé des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire, comme cela a été constaté dans l’après-midi au cours d’une réunion thématique tenue en visioconférence.

Selon les dernières estimations, 124 millions de personnes de plus ont été poussées vers la pauvreté en 2020, ce qui inverse la tendance à la baisse qui durait depuis deux décennies, a expliqué M. Shantanu Mukherjee, du Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU.

En outre, en 2020, 811 millions de personnes ont souffert de la faim et 3 milliards n’ont pas eu accès à une alimentation saine, a indiqué M. Maximo Torero Cullen, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Cet expert a précisé que le monde n’est pas en mesure de fournir une alimentation suffisante et saine pour tous, du fait de l’incidence de la pandémie et des modes actuels de production.  La faim dans le monde ne sera tout simplement pas éliminée d’ici à 2030, à moins qu’une action ambitieuse pour accélérer les progrès et lutter contre les inégalités dans l’accès à la nourriture ne soit entreprise, a ajouté M. Mukherjee.  L’élimination de la faim, qui constitue l’objectif 2 du Programme 2030, est donc encore loin.

Les délégations ont dénoncé sans détour, au cours du débat général et de la réunion thématique, les conséquences de la crise sanitaire.  Celle-ci a exacerbé les fortes inégalités et les différences structurelles préexistantes, a souligné Cuba.  Après avoir relevé qu’elle a agi comme « un rayon X » pour mettre en évidence les inégalités au sein et entre les pays, le Pakistan a déploré une situation « d’apartheid vaccinal ».  Tous les États ne sont pas égaux face à la pandémie, a dit l’Algérie.  Les inégalités d’accès au vaccin ne peuvent se justifier sur le plan moral, ont renchéri les Philippines.  La Thaïlande a, pour sa part, rappelé que les pays en développement sont plus touchés, car ils disposent de moins de ressources et de capacité pour faire face aux crises.

De fait, un Africain sur cinq a connu la faim en 2020, soit plus du double des autres régions, a déploré le Groupe des États d’Afrique.  Entre 1990 et 2015, le taux mondial de pauvreté est passé de 36,2% à 10,1%, mais les progrès de ces dernières années ont été beaucoup plus lents, même avant la pandémie, et ils ont aussi été inégaux, a fait observer le Groupe des 77 et la Chine.

Les appels à la solidarité et à la coopération internationale se sont donc multipliés, et le Bangladesh a demandé de considérer le vaccin comme un bien public mondial pour parvenir à une équité vaccinale.  Le financement du développement est essentiel pour surmonter la crise sanitaire, a par ailleurs rappelé le Mexique, à l’instar d’autres délégations.  Beaucoup ont appelé à renforcer le multilatéralisme et les efforts pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable, voire à changer de modèle.

Le respect des engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et la suspension du service de la dette pour les pays en développement ont également été évoqués.  Plusieurs pays, comme le Japon ou Israël, ont attiré l’attention sur l’aide qu’ils avaient fourni en guise de solidarité.  Se réjouissant de la tenue de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) à Doha, en janvier 2022, la représentante du Qatar a dit aspirer à ce qu’elle « permette de concevoir une voie ambitieuse pour le redressement post-pandémie ».

Mme Daniela Bas, du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, n’a pas dit autre chose: les pays devraient saisir l’occasion donnée par la crise de réajuster les politiques socioéconomiques afin de stimuler la reprise, notamment au moyen d’une réaffectation des ressources publiques visant à protéger les personnes vivant dans la pauvreté ou en situation de vulnérabilité.

Pour le G77 et la Chine, la réduction de la pauvreté passe par l’augmentation de la capacité de production dans les pays en développement.  Selon le Groupe, renforcer les capacités productives et la diversification de ces économies conduira à la création d’emplois et de richesse ainsi qu’à l’augmentation des ressources fiscales pour la mise en œuvre de politiques sociales de lutte contre les inégalités.

Outre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur le climat est l’autre feuille de route qui revient dans les débats de la Deuxième Commission pour faire face à la seconde crise majeure pour l’humanité: les changements climatiques.  Urgence d’une action décisive, respect des engagements pris par les pays, renforcement des mesures d’adaptation, soutien technologique et financier aux pays en développement sont quelques-uns des thèmes qui ont été abordés.

De fait, les changements climatiques ont un impact sur les systèmes alimentaires et, pour le Groupe des États d’Afrique, la transformation de ceux-ci sera un des moteurs principaux pour éliminer la pauvreté et la faim.  Des systèmes agro-alimentaires plus résistants sont en effet nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a déclaré M. Cullen.  Une agriculture durable contribuant à l’élimination de la malnutrition est indispensable au niveau mondial si l’on veut mettre en œuvre le Programme 2030, a acquiescé l’Éthiopie.  Les pays devraient investir dans l’agriculture, soutenir les petits exploitants agricoles, préserver l’aide alimentaire et nutritionnelle humanitaire et promouvoir l’inclusion financière, en particulier dans les zones rurales, a précisé Mme Bas.

La Colombie a réclamé un cadre efficace pour relever les défis climatiques et mettre en œuvre une « relance économique verte » dans le respect de la nature: il faut « produire en préservant; préserver en produisant ».  Pour sa part, en tant qu’économie fondée sur la nature, le Kenya s’est dit impatient de coorganiser avec le Portugal la Conférence des Nations Unies sur les océans, du 27 juin au 1er juillet 2022.

La Deuxième Commission poursuivra son débat sur l’élimination de la pauvreté et le développement agricole demain, à 10 heures, au cours d’une réunion virtuelle

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a estimé que la pandémie et la crise climatique ont exacerbé les inégalités et la pauvreté partout dans le monde, mais que les pays en développement sont plus touchés, car ils disposent de moins de ressources et de capacité pour y faire face.  Les mesures d’adaptation et de résilience pour les changements climatiques sont essentiels et 50% du financement devraient servir à l’adaptation, a-t-il recommandé.  Il a plaidé pour que l’on trouve un point d’équilibre dans les plans de relance et de développement, comme son pays le fait avec son modèle d’économie biocirculaire.

Ensuite, des institutions robustes sont nécessaires et la Thaïlande a investi dans un solide système de santé universel, qui passe également par une approche communautaire.  Enfin, la relance doit être axée sur les personnes, a continué M. Prongthura, qui a appelé à réduire les inégalités dans l’accès à l’éducation, aux ressources numériques, à l’énergie et à la sécurité alimentaire.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a mis l’accent sur les dégâts et les défis graves posés par la pandémie pour la mise en œuvre du Programme 2030.  La réalisation des objectifs de développement durable (ODD) requiert beaucoup de détermination et de volonté, a souligné le représentant, pour dire que l’Arabie saoudite a entamé la mise en œuvre pratique des plans de développement dans le royaume, ce qui lui a permis d’enregistrer des avancées.  Elle a créé un environnement propice à la réduction de la dépendance à l’égard du pétrole et développé les infrastructures, a précisé le représentant.  Elle a aussi tenu à développer le secteur touristique, qui est l’un des piliers de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite.

Le représentant a aussi assuré que son pays accorde une grande importance au développement du secteur numérique, en se souciant de faire preuve de solidarité et de coopération internationale pour réduire le fossé numérique, arguant que chacun doit pouvoir prendre part aux nouvelles technologies.  Face aux changements climatiques, l’Arabie saoudite met l’accent sur l’économie circulaire et a lancé les initiatives Arabie saoudite verte et Moyen-Orient vert.  Pour ce qui est de la pandémie, elle a déployé des efforts pour permettre l’accès aux vaccins et le représentant en a, là encore, appelé à la solidarité.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a regretté que la pandémie et les changements climatiques entravent les efforts de développement durable, et appelé à réfléchir à la manière de surmonter ces défis.  Il a proposé tout d’abord de mettre fin à la pandémie le plus rapidement possible, en renforçant la solidarité internationale et en évitant toute politisation de ces questions.  Il a ensuite recommandé de partager les technologies, avant de demander aussi de revoir et de mettre à jour les différentes conventions dans le domaine de la protection du climat et de la biodiversité.  À cet égard, l’orateur a fermement condamné le Japon « pour avoir pollué l’océan, qui appartient à toute l’humanité ».

Enfin, il a jugé essentiel que la paix et la sécurité règne dans le monde, car on ne peut garantir le développement sans garantir la paix.  Au sujet de la péninsule coréenne, tout comme à Cuba, il a dénoncé les mesures unilatérales et les sanctions imposées par les États-Unis, jugées injustifiables et contre-productives.  La Deuxième Commission devrait se pencher sur ce point, a-t-il insisté.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déclaré que le développement durable figurait en tête de la stratégie du Gouvernement égyptien.  Il a appelé à attirer les investissements pour réduire la pauvreté, l’extension des bidonvilles et l’exode rural.  Appelant à échanger les expertises en matière de développement durable, le délégué a aspiré à poursuive les consultations concernant le rôle des coordonnateurs résidents et des mécanismes de financement du développement.  Assurer les contributions des pays développés au financement des objectifs de développement durable (ODD) est un défi majeur pour l’Égypte qui, en mars dernier, a signé un protocole pour le financement des ODD, en phase avec sa stratégie nationale et l’Agenda 2063 pour l’Afrique.  L’orateur a aussi appelé la communauté internationale et les partenaires de développement à alléger le fardeau de la dette des pays en développement durement touchés par la pandémie.

Il a aussi attiré l’attention sur le problème des flux financiers illicites, qui menacent la capacité des pays en développement à réaliser le Programme 2030.  Le montant de ces flux quittant l’Afrique est estimé à 88,6 milliards de dollars annuels, soit plus de 3% du PIB du continent, a-t-il alerté.  Concernant les changements climatiques, l’Égypte a insisté sur la nécessité de trouver un angle global contre la désertification.  La pénurie d’eau y est un défi existentiel, et le phénomène de pauvreté hydraulique, de plus en plus prégnant.  Il a appelé à plus de coopération entre pays riverains de grands fleuves, et à davantage considérer le sort des pays situés en aval de ces grands fleuves.

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a rappelé que son pays avait coorganisé le Sommet COVAX AMC en juin dernier et a consacré 1 milliard de dollars pour fournir plus de 1,8 milliard de doses de vaccins aux économies en développement.  De plus, le Japon va offrir des équipements de chaîne du froid pour assurer la livraison des vaccins dans chaque pays et chaque région du monde.  Dans ce contexte, le représentant a insisté sur la nécessité de parvenir à une couverture sanitaire universelle, ainsi qu’à l’accès aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics pour tous.  Le Japon est pleinement engagé à diriger les efforts internationaux pour atteindre la couverture sanitaire universelle et contribuer à la prochaine réunion de haut niveau sur le sujet qui se tiendra en 2023.

Sur la question des changements climatiques, M. Tetsuya a indiqué que le Japon entend réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 46% d’ici à 2030, par rapport à son niveau de 2013, et vise à long terme d’atteindre la neutralité en carbone d’ici à 2050.  En outre, le Japon fournira des financements climatiques, publics et privés, aux pays en développement, totalisant environ 60 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.  Grâce à ces efforts, le Japon contribuera au succès de la COP26 pour parvenir à une réduction du carbone à l’échelle mondiale et créer une société verte et durable, a-t-il promis.  Le représentant a aussi recommandé que la réduction des risques de catastrophe soit intégrée dans l’ensemble du développement durable, arguant que les catastrophes peuvent annuler des années de gains en un instant.  C’est pourquoi le Japon continuera à promouvoir la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, a-t-il dit, espérant que l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai en 2023 soit une occasion importante de promouvoir la préparation aux catastrophes et du concept de « reconstruire en mieux ».

La coopération et l’innovation numériques centrées sur l’humain sont la clef de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a affirmé M. Tetsuya.  Enfin, réagissant aux propos du représentant de la RPDC, le délégué du Japon a indiqué que toutes les informations concernant la centrale nucléaire de Fukushima ont été partagée avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et la communauté internationale.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) s’est demandé comment on peut parler de « reprise » dans le thème de cette session alors que des millions de personnes n’ont pas encore reçu le soutien nécessaire pour y arriver et empêcher la propagation du virus.  Si le Programme 2030 prône de ne laisser personne de côté, depuis deux ans que dure la pandémie de COVID-19, nous laissons des millions de personnes derrière nous, s’est-il exclamé.  Rien qu’en Afrique, 90% de la population n’a pas encore reçu sa première dose de vaccin, tandis que le monde développé parle d’une troisième dose pour ses citoyens.  « Comment cela peut-il être moralement justifiable alors que le virus ne connaît pas de frontières? »  Assurer une distribution équitable des vaccins est le seul moyen pour nous d’assurer le bien-être de tous à l’échelle mondiale, a—t-il argué.

En plus de la pandémie, le représentant a souligné que les changements climatiques deviennent incontrôlables.  Les pays qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre, et subissent de plein fouet les conséquences causées par 20% de la population mondiale, ne reçoivent pas le soutien nécessaire pour lutter contre les changements climatiques, a déploré le représentant.  De même, la lutte contre les changements climatiques dans les économies avancées ne peut se faire aux dépens des pays en développement, a-t-il avancé, plaidant pour des approches durables qui ne paralysent pas les nations qui tentent de progresser et de rattraper leur retard afin d’améliorer les moyens de subsistance de leurs citoyens.  Il a plaidé en faveur d’un ordre économique mondial qui vise l’égalité et améliore la qualité de vie de ceux qui se trouvent au niveau de développement le plus bas.

M. VELEZ (Mexique) a reconnu que la pandémie de COVID-19 a accéléré le changement technologique.  Sans les TIC, il n’aurait pas été possible de développer un vaccin contre le COVID-19 en peu de temps, même si le manque d’accès équitable à ce vaccin reste une préoccupation, a pointé l’orateur.  Notant que le progrès technologique ouvre de nouvelles voies aux multiples avantages, il a regretté que peu de gens ait la perspective d’en profiter, car 57% de la population mondiale n’a même pas accès à Internet.  D’autant que l’adaptation technologique se caractérise aussi par des inégalités de genre, a-t-il ajouté.  Le Mexique a d’ailleurs plaidé en faveur d’une plus grande inclusion des femmes et des filles dans des secteurs critiques tels que les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques.

Pour le Mexique, un moyen important d’atténuer les effets négatifs des nouvelles technologies et d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) consiste à générer des « stratégies et des politiques appropriées », avec des « cadres réglementaires éthiques et inclusifs ».  Ces stratégies, politiques et cadres doivent aborder des questions telles que le droit à la vie privée, la « cyberintimidation », la liberté d’expression, la désinformation, le racisme, la xénophobie, les discours de haine, la cybercriminalité, le commerce électronique, la cybersécurité ainsi que l’autonomisation en ligne des femmes et des filles, a énuméré le représentant.  Les mêmes droits que ceux dont jouissent les personnes hors ligne doivent également être protégés en ligne, a insisté le délégué mexicain.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a souligné que les leçons à tirer de ces derniers mois difficiles devraient permettre de mieux anticiper les prochaines crises afin de bâtir un monde résilient.  C’est l’occasion de se réorienter vers un modèle de société plus inclusif et durable, en mettant en œuvre le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  Quant à la Deuxième Commission, elle doit continuer à donner les orientations normatives sur les enjeux globaux liés au développement durable et les États Membres doivent faire leur maximum en faveur du compromis et du consensus, a plaidé le délégué, ajoutant que le travail de la Commission doit être recentré sur les résolutions qui ont le plus d’impact dans la mise en œuvre effective de ces deux feuilles de route.

La Suisse est prête à s’engager avec force afin de lutter contre la pauvreté, éliminer les inégalités et les discriminations, prévenir et répondre aux catastrophes, réduire l’impact des changements climatiques et la dégradation de la biodiversité et soutenir la transformation des systèmes alimentaires, a dit la délégation, pour ne citer que quelques thèmes d’actualité.  Tous ces défis ne peuvent être résolus en silo et de solides partenariats sont fondamentaux, a ajouté le représentant.  Sachant que l’engagement pour le développement durable doit nécessairement prendre en compte le contexte sécuritaire, la Suisse sera en 2022, pour la première fois, candidate à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024.  Elle continuera d’œuvrer au sein du Conseil pour l’humanité, le développement durable, le multilatéralisme, l’innovation et la paix.

Le représentant a également attiré l’attention sur les données et statistiques de qualité, indiquant accueillir le prochain Forum mondial des Nations Unies sur les données à Berne ce mois-ci.  La Suisse mise sur l’évolution technologique et la numérisation, qui offrent la possibilité d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), tout en permettant une plus grande transparence.  Estimant toutefois que le monde virtuel ne doit pas être une zone de non-droit, la Suisse s’implique au sein de l’Assemblée générale pour la promotion d’une conduite étatique responsable et l’application du droit international dans le cyberespace, a précisé le délégué.

Nous avons besoin d’une feuille de route mondiale ambitieuse, a insisté M. FAHMID FARHAN (Bangladesh), soulignant que les pays en développement faisaient face à deux risques majeurs, la pandémie et les changements climatiques.  Le représentant a appelé à un accès universel aux vaccins, à un coût raisonnable.  Le vaccin doit être considéré comme un bien public mondial, a-t-il martelé, en plaidant aussi pour l’augmentation de la production de vaccins.  Il a également rappelé l’appel de son gouvernement en faveur de la limitation de l’augmentation des températures.  Il faut un appui technologique plus fort en faveur de l’agriculture et des énergies renouvelables, a-t-il souligné, à cet égard.  Il a ensuite insisté sur la nécessité d’utiliser les technologies numériques pour combler les fossés dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Nous appuyons la proposition du Secrétaire général de parvenir à un pacte numérique mondial, permettant de connecter tout le monde à Internet, a ajouté le représentant.

M. Farhan a ensuite appelé à se préoccuper de la situation du genre et de l’écologie et a exprimé son inquiétude quant à l’impact de la pandémie sur les femmes.  Les mesures de redressement post-COVID doivent tenir compte de ces questions, a-t-il incité, soulignant qu’au Bangladesh, les femmes sont placées au centre de la réponse à la pandémie.  Enfin, les sources de financement extérieur ont baissé fortement pour de nombreux pays en développement, a-t-il souligné, en recommandant de revitaliser les sources de financement, y compris grâce à l’aide publique au développement et aux financements privées.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur l’impact de la pandémie sur les travailleurs migrants et les envois de fonds.  Nous voulons qu’ils bénéficient d’un appui pendant cette période, a-t-il conclu.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a énuméré les inégalités révélées par la pandémie de COVID-19 qui a agi comme « un rayon X ».  Il a dénoncé une situation « d’apartheid vaccinal » et souligné que des milliards de dollars avaient été injectés dans les économies des pays développés, et non dans les pays en développement.  Les pays qui ont contribué le moins à la dégradation de l’environnement portent le plus gros du fardeau des effets des changements climatiques, a-t-il également accusé.  Avec ces tendances actuelles, nous ne parviendrons pas à atteindre la plupart des objectifs de développement durable (ODD), a insisté le représentant.  Évoquant le plan d’action proposé par le Premier Ministre du Pakistan, il a appelé à veiller à l’équité vaccinale et à doubler la production de vaccins.

Le fardeau de la dette des pays en développement doit être allégée notamment grâce à la participation du secteur privé et à l’annulation de la dette, a-t-il demandé, en plaidant aussi pour une assistance concessionnelle.  Selon le délégué, au moins 150 milliards de dollars des droits de tirages spéciaux (DTS) doivent aller aux pays en développement.  Le coût des emprunts des pays en développement doit aussi être réduits, a-t-il incité.  Le délégué a également appelé à mettre fin aux flux financiers illicites, espérant que la Deuxième Commission agisse à cet égard.  Il a aussi attiré l’attention sur les refuges fiscaux.  Le représentant a également plaidé en faveur du maintien du financement de la lutte contre les changements climatiques et appelé à des efforts concertés pour éviter les tendances protectionnistes.  Il a aussi souligné la nécessité de développer l’intégration à l’économie mondiale numérique

M. SALIM SALIM (Kenya) a indiqué qu’alors que le Kenya a pris des mesures rapides pour amortir les impacts de la pandémie sur différents secteurs de l’économie, les perturbations des activités socioéconomiques ont été sérieuses, aggravant la pauvreté et les inégalités de revenus.  Pour reconstruire avec succès, il a recommandé de donner la priorité à un accès mondial équitable aux vaccins.  S’agissant du financement du développement, qui reste un défi majeur pour les pays en développement, en particulier en Afrique, il a plaidé pour des changements structurels concertés dans l’ordre économique mondial pour permettre une augmentation significative des investissements dans les pays en développement.

Alors que la pandémie actuelle a démontré le besoin urgent d’éliminer la fracture numérique, le délégué a demandé instamment une coopération numérique internationale accrue par le transfert de technologies appropriées et le renforcement des capacités dans ce domaine.  En tant qu’économie fondée sur la nature, le Kenya continue de rechercher des solutions vertes et bleues qui créeront des emplois et une prospérité partagée pour les jeunes générations, a-t-il poursuivi.  Nous avons également identifié une gamme de priorités d’adaptation basées sur les océans pour intégrer des solutions climatiques basées sur les océans, a-t-il indiqué.  Il a dit espérer que la COP26 sur le climat aboutira à des actions concrètes sur le financement de l’adaptation.  En outre, le Kenya se félicite de la commémoration du cinquantième anniversaire de la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), de la réunion de haut niveau sur l’agenda urbain et de la réunion internationale Stockholm+ 50, des réunions prévues respectivement en mars, avril et juin 2022.  Avec le Portugal, le Kenya s’est dit impatient de coorganiser la Conférence des Nations Unies sur les océans 2022 du 27 juin au 1er juillet 2022.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a dit soutenir la reconnaissance mutuelle des vaccins approuvés au niveau national par des autorités de contrôle, afin de pouvoir favoriser la levée, dans les meilleurs délais, des restrictions pesant sur les voyages internationaux.  Il a rappelé que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires récemment organisé avait souligné le besoin de transformer le secteur agro-alimentaire afin d’en faire la locomotive du retour à la trajectoire de la mise en œuvre rapide des objectifs de développement durable (ODD).  Pour y parvenir, il a prôné une agriculture efficace, utilisant des technologies abordables et durables, afin d’éradiquer la pauvreté.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, il a appelé à de nouveaux objectifs ambitieux et la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Le délégué a indiqué que son gouvernement termine actuellement l’élaboration de sa stratégie de développement socioéconomique avec un faible niveau d’émissions de gaz à effet de serre.  Nous sommes favorables à l’accroissement du rôle des régions dans le cadre de la coopération financière et technologique internationale, a-t-il dit.  À cet égard, il a évoqué le projet de construction du Grand partenariat eurasien proposé par le Président Poutine.  Il a également cité le mégaprojet régional intitulé « la ceinture et la route ».  Le représentant a par ailleurs dénoncé les mesures coercitives imposées aux pays en développement.

Enfin, le représentant a défendu la Deuxième Commission en tant que plateforme de consensus entre tous les États Membres de l’ONU sur les questions les plus importantes du développement.  Il a donc regretté cette tendance à saper sa capacité à aboutir aux décisions consensuelles.  Il a aussi dénoncé un déséquilibre dans la sélection des modérateurs et des panélistes clefs, en particulier en dehors du système des Nations Unies.  « Assez souvent, ces personnages représentent le même groupe régional » et agissent sur les schémas des talk-shows, s’autorisant des commentaires très controversés en ce qui concerne les pays, les gouvernements et les peuples individuels, a-t-il décrié.  Il a ainsi exhorté le Secrétariat à adopter une approche plus prudente afin de faire la sélection de modérateurs et de panélistes « appropriés ».

M. HASAN BADRI MHALHAL AL-KHALIDI (Iraq) a déclaré qu’il importe de poursuivre les efforts solidaires de la communauté internationale visant à relever les défis posés par la pandémie de COVID-19 qui n’a épargné aucun pays.  Il a rendu hommage aux travailleurs de la santé, aux agents humanitaires et aux chercheurs scientifiques, ainsi qu’aux volontaires qui, aux quatre coins du monde, n’ont cessé de sauver des vies au péril de la leur.

Le représentant a signalé qu’en dépit de l’attachement sans faille de son pays aux objectifs de développement durable, celui-ci avait signalé, dans son rapport volontaire au Forum politique de haut niveau 2021, que les répercussions de la pandémie, le fardeau de la lutte contre le terrorisme et la baisse tant de la production nationale que du prix du pétrole étaient autant de défis à relever pour le budget national en 2020.

Partant, il s’est félicité de la deuxième Réunion sur les objectifs de développement durable, tenue lors du Sommet de haut niveau de l’Assemblée générale, qui a permis de se focaliser sur les mesures urgentes à prendre en vue de l’élimination de la COVID-19.  Il a également salué la réunion sur l’objectif 7 de développement durable: « garantir l’accès à tous à des services énergétiques », ainsi que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.  Le représentant a attiré l’attention sur les tempêtes de sable et de poussière, chaque fois plus fréquentes, avant d’insister sur la mise en œuvre de l’objectif 17 de développement durable: « renforcer les moyens de mettre en œuvre les partenariats », notamment pour la reconstruction et la pérennisation du développement.

Face aux conséquences de la pandémie, Mme HIBA JAFAAR ABUBAKR ABUHAJ (Soudan) a demandé de recibler les efforts afin de permettre une approche plus précise et plus souple pour permettre la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  La représentante a aussi demandé de soutenir les efforts du Soudan pour renforcer sa sécurité alimentaire, ce qui correspond à l’objectif 2 des ODD, par exemple par un transfert de technologies et de capacités.

Rappelant par ailleurs que les États-Unis ont retiré depuis 2020 le Soudan de la liste des États sponsorisant le terrorisme, il a fait valoir que cela lui permet de bénéficier des initiatives pour les pays lourdement endettés et de mettre en place sa réforme socioéconomique.  La Banque mondiale lui a accordé 2 milliards de dollars en ce sens et la représentante a assuré que les réformes ont commencé à porter leurs fruits, avec par exemple une baisse de l’inflation.

M. EMIL BEN NAFTALY (Israël) a fait savoir que le Gouvernement d’Israël a apporté son soutien à plusieurs initiatives dans la lutte contre les changements climatiques, notamment dans le cadre de la préparation de la COP15 sur la biodiversité.  Et dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, son système de santé numérisé fournit des informations sur l’efficacité vaccinale, les populations à risque ou encore les variants.  Les technologies de l’information et de la communication (TIC) se sont révélées être des outils essentiels pour parvenir au développement durable dans de nombreux autres domaines, a fait observer le délégué, évoquant par exemple l’entrepreneuriat au niveau local et l’accès aux services financiers dans les pays en développement.  Beaucoup de ces pays étant très dépendants de l’agriculture, Israël parraine une résolution biennale sur la technologie agricole pour le développement durable, a-t-il rappelé.  En effet, les nouvelles technologies peuvent améliorer l’efficacité de la production et les revenus des producteurs, renforcer la sécurité alimentaire, réduire les déchets et la pression sur l’environnement.

Le délégué s’est par ailleurs félicité des progrès vers la normalisation des relations d’Israël avec ses voisins et de la mise en place de nouveaux partenariats avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan.  Il a ajouté que cette évolution stimulera les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable et qu’elle devrait servir d’exemple.

Selon M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), résoudre la catastrophe sanitaire en cours dépendra de la collaboration et de la solidarité internationale.  À cette fin, l’accès aux vaccins doit être assuré à chacun dans le monde, a-t-il estimé.  La crise actuelle a rappelé la nécessité de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il souligné, en attirant l’attention sur les pays les plus durement touchés, ceux en situation particulière: pays en développement sans littoral, petits États insulaires en développement (PEID), pays les moins avancés (PMA) et pays à revenu intermédiaire.  Leurs ressources fiscales sont à sec, c’est pourquoi l’aide publique au développement, le fonds climatique, entre autres, doivent être renforcés, selon le délégué népalais.

Les changements climatiques se poursuivent, met en garde le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  Or, la communauté internationale est en train de faillir à remplir les objectifs de l’Accord de Paris, s’est inquiété le représentant.  Il a déploré que le Népal, en tant que pays vulnérable, en pâtisse le plus, alors qu’il n’a jamais émis beaucoup de gaz à effet de serre dans son Histoire.  Devenir neutre en carbone d’ici à 2050 coûterait seulement 28 milliards de dollars au Népal, a-t-il illustré.  Enfin, le délégué a misé sur les nouvelles technologies numériques, fort prometteuses, mais aussi risquées: elles peuvent contribuer à la réalisation des ODD, mais aussi propager les discours de haine.  Il a, quoi qu’il en soit, jugé urgent de combler le fossé numérique.

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a évoqué le rôle de la culture et de « l’économie orange » dans la relance de l’économie comme de bonnes opportunités s’offrant à la communauté internationale pour réaliser le Programme 2030.  Il a aussi appelé au renforcement des capacités et de la coopération Sud-Sud dans le cadre des processus de relance.  Concernant les politiques macroéconomiques, le délégué a remarqué que plusieurs pays avaient mis en œuvre des politiques fiscales ambitieuses.  La Colombie a récemment adopté une « loi sur le développement social » qui envisage la gratuité des inscriptions à l’université pour les plus pauvres, ainsi que l’octroi d’un revenu de base en faveur des plus vulnérables.

Bien que la Colombie ne soit pas un gros pays émetteur de gaz à effet de serre, elle est très vulnérable aux changements climatiques, a enchaîné le représentant.  Il a annoncé que la Colombie s’était engagée à réduire de moitié ses émissions d’ici à 2030 et à devenir neutre en carbone d’ici à 2050.  L'orateur a réclamé un cadre efficace pour relever les défis climatiques et a demandé de mettre en œuvre une « relance économique verte », préservant la nature.  Il faut « produire en préservant; préserver en produisant », a résumé le délégué en conclusion.

M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka) a souligné l’importance plus grande que jamais des travaux de la Commission en ces temps de pandémie qui a exacerbé les inégalités.  La Sri Lanka fait face à une pression financière dévastatrice due à la pandémie, a-t-il témoigné, expliquant que le pays utilise des réserves pour financer le redressement économique et social, tout en investissant dans le développement des infrastructures.  Mais la clôture des frontières dans le monde entier ont conduit au déclin des réserves du pays, a-t-il précisé.  La Sri Lanka a donc établi de nouvelles priorités dans ses dépenses, se concentrant sur une approche fondée sur les droits: il offre un accès continu à une éducation et des soins de santé gratuits, à une assistance sociale et à des programmes d’appui aux activités commerciales.  Le plan de reprise économique s’élève à 774 millions de dollars américains, a-t-il précisé.  Citant ensuite les différents programmes mis en place à Sri Lanka, le représentant a insisté sur ceux qui fournissent une aide financière d’urgence et une aide alimentaire essentielle pour les foyers à bas revenu.  Il a également ajouté que la Banque centrale de la Sri Lanka a introduit différents programmes de prêt financier concessionnel à des banques commerciales et spécialisées.

Nos efforts de redressement doivent être appuyés par une forte volonté politique, a-t-il ensuite insisté.  Le représentant a demandé que les pays respectent leurs engagements en termes d’aide publique au développement.  Nous demandons aux institutions financières internationales d’être flexibles et transparentes dans leur financement, en rejetant notamment l’imposition de valeurs dans sa fourniture de financement.  Enfin, le représentant a appelé à réfléchir aux causes profondes de la crise actuelle.  Une reprise mondiale n’est pas possible si la moitié du monde continue de faire face à des confinements ou à des vagues de COVID-19, a-t-il conclu.

Mme. ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a souligné que les investissements du pays avaient été déterminants pour atténuer les effets de la pandémie au Qatar.  Elle a salué le rôle joué par la compagnie Qatar Airways dans le rapatriement de passagers, d’une part, et le transport de denrées alimentaires et d’outils de lutte contre la pandémie à des dizaines de pays, d’autre part.

La représentante s’est ensuite réjouie d’accueillir la cinquième Conférence des Nations Unies sur les Pays les moins avancés (PMA) qui se tiendra à Doha en janvier 2022.  « Nous aspirons à ce que cette conférence permette de concevoir une voie ambitieuse pour le redressement post-pandémie. »  La représentante s’est dit ensuite convaincue de l’importance de travailler ensemble pour lutter contre les changements climatiques, notamment pour les pays les moins avancés.  Le Qatar est soucieux de contribuer positivement à l’aide humanitaire, a-t-elle ensuite souligné.  Saluant le rôle fédérateur des Nations Unies, la représentante a ensuite déclaré aspirer à l’ouverture de la Maison des Nations Unies à Doha, « plateforme de coopération pour tous les pays impliqués dans une action internationale commune ».

M. JÖRUNDUR VALTŸSSON (Islande) a appelé à se réengager à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) plus rapidement et à grande échelle.  Dans l’immédiat, il faut contenir la propagation de la pandémie et aborder son impact socioéconomique, a-t-il recommandé.  Il a mentionné les inégalités dans la lutte contre la CODIV-19, que ce soit dans le cadre des vaccins ou concernant la reprise.  En effet, les pays à revenu élevé et macro économiquement résilients ont investi près de 28% de leur PIB dans la relance économique, tandis que moins de 2% des PMA ont pu le faire.  À moins que des mesures ne soient prises collectivement maintenant, la répartition inégale des vaccins de la COVID-19 et les différentes capacités des pays à faire face aux impacts socioéconomiques vont aggraver les inégalités et stopper la reprise, a-t-il prédit.  L’Islande s’est engagée à faire sa part en contribuant financièrement au Mécanisme COVAX et a commencé à partager des vaccins.  Pour mieux reconstruire, a préconisé le délégué, il faut relever les défis liés aux inégalités et placer l’égalité des genres au centre de notre démarche.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, l’Islande envisage atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040, et depuis 2018, le pays a plus que doublé sa contribution au financement climatique international.  Enfin, pour s'assurer que la Deuxième Commission soit apte à remplir ses fonctions, le représentant a demandé la poursuite du processus de revitalisation, encourageant à nouveau les délégations à concentrer leurs efforts sur les résolutions qui ont le plus d’impact sur la mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action Addis-Abeba.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé qu’avec les effets néfastes de la COVID-19 sur le développement économique, il est plus que jamais nécessaire de faire fond sur le multilatéralisme qui nous offre l’opportunité d’agir de façon solidaire pour tenter d’atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) et construire un monde plus sûr et plus résiliant afin de ne laisser personne de côté.  Nous devons, à cet égard, relever le niveau de nos ambitions en vue d’apporter des réponses pérennes aux défis liés au financement du développement, aux changements climatiques, à la perte de la biodiversité et aux inégalités sociales, tout en promouvant les droits humains, a-t-il recommandé.  Il a conseillé de faire porter les efforts communs principalement sur les actions urgentes, afin de se remettre rapidement de la pandémie.

Le représentant a souligné que la crise du financement du développement constitue une autre source de préoccupation qui commande des solutions concrètes et innovantes, si l’on veut construire durablement.  C’est pourquoi, la Côte d’Ivoire plaide pour une mobilisation accrue des financements aussi bien publics que privés afin de réduire les inégalités et la pauvreté notamment dans les pays en développement, en investissant prioritairement dans le capital humain, la protection sociale, les infrastructures et les technologies durables.  Outre la problématique de la soutenabilité de la dette, M. Kacou Adom a proposé de rechercher des solutions à long terme à la question des liquidités et à celle de la lutte contre le flux financiers illicites.  En dépit du contexte particulièrement difficile lié à la COVID-19, le Gouvernement ivoirien s’attèle à la mise en œuvre d’un Programme social à impacts rapides qui vise à réduire davantage le taux de pauvreté et à assurer une redistribution équitable des richesses.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a indiqué que le Paraguay avait lancé un nouveau cadre stratégique prenant en compte les effets de la pandémie.  S’agissant de la relance mondiale, il a estimé que garantir l’accès équitable et abordable à des vaccins efficaces constitue l’une des priorités principales, car c’est la seule manière de surmonter cette pandémie de manière sûre et durable.  Il s’est dit convaincu qu’il faut contribuer au renforcement normatif international sur la base des responsabilités partagées mais différenciées.  Pour le délégué, il convient également d’examiner les défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays en situation particulière ainsi que les pays à revenu intermédiaire.

L’économie paraguayenne se fonde principalement sur la production d’aliments pour le monde, a-t-il expliqué, et un commerce ouvert, transparent et prévisible est nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire mondiale, de même que les objectifs de développement durable.  Les changements climatiques sont une menace pour ce commerce et aussi pour la génération d’énergie, a-t-il rappelé.  Le représentant a donc plaidé pour le respect de l’Accord de Paris et pour un soutien renforcé aux pays les plus menacés par la crise climatique.

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a mis l’accent sur les inégalités d’accès au vaccin, qui ne peuvent se justifier sur le plan moral.  Il a plaidé pour un transfert de technologies afin d’assurer la production locale de vaccins.  Le soutien aux pays en développement est nécessaire pour faire face à la pandémie, a insisté le représentant.

Passant à la question des changements climatiques, il a estimé qu’une action climatique ambitieuse est nécessaire.  Pour sa part, le Président des Philippines a placé un moratoire sur toutes les constructions de nouvelles centrales à charbon, a fait valoir le représentant qui s’est dit impatient de voir des résultats concrets à l’issue de la COP26 à Glasgow.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a souligné la nécessité d’une équité vaccinale face à la pandémie de COVID-19.  Cette pandémie devient de plus en plus la pandémie des non-vaccinés, a-t-elle asséné.  Et malheureusement, la plupart des non-vaccinés se trouvent dans les pays en développement, à cause de l’inaccessibilités aux vaccins dans les pays les plus pauvres, a-t-elle ajouté.  Face à tous ces défis, elle a jugé injuste que les pays riches puissent emprunter à faible coût pour relancer leurs économies alors que les autres ne font que survivre.  Elle a rappelé que les gouvernements des pays en développement devaient choisir entre intervenir pour faire face à la situation sanitaire ou lutter contre la pauvreté.  Évoquant ensuite la question des changements climatiques et la prochaine COP26, elle a appelé à ce que des solutions basées sur la nature soient intégrés aux efforts de relance.

L’élimination de la pauvreté doit rester une priorité de la Deuxième Commission, a insisté la représentante, appelant à une réforme de l’architecture financière internationale.  Le financement à long terme doit être augmenté et nourri de sources publiques et privées, internationales et nationales, pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle aussi demandé.  La représentante du Ghana a également souhaité qu’on n’utilise pas seulement le PIB pour mesurer le développement des pays, demandant qu’on mette à jour les paramètres utilisées.  Enfin, elle a réaffirmé son attachement à l’Agenda 2063 de l’Union africaine qui vise notamment à intégrer la jeunesse au secteur formel de l’emploi.

M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI (Zimbabwe) a incité à accroître la résilience pour une meilleure préparation à des chocs futurs.  Il a appelé les délibérations de la Commission à s’orienter notamment vers la lutte contre la pandémie, la lutte contre les changements climatiques, la réduction des écarts numériques et la diminution de l’instabilité.  Un accès équitable aux vaccins est essentiel, a-t-il souligné, demandant que les vaccins soient considérés comme des biens publics.  Rappelant ensuite que l’élimination de la pauvreté reste le principal objectif du Programme 2030, il a souligné la nécessité du financement pour le développement.  La plupart des pays en développement, y compris le Zimbabwe, ont dû détourner des ressources prévues pour le développement pour lutter contre la COVID-19, a-t-il souligné.  Il est donc impératif de trouver des solutions financières pour venir en aide à ces pays dans le cadre des efforts de relance, a-t-il appuyé, précisant que cela devait inclure le respect des promesses en matière d’APD.  Il a également cité le problème d’accès difficile aux marchés et celui des flux financiers illicites.  Nous devons mettre en place des paquets économiques efficaces qui intègrent l’allégement de la dette, a-t-il réclamé.

Évoquant les changements climatiques, il a rappelé que le Zimbabwe avait été confronté à la réalité brutale de ces changements, notamment lors des inondations catastrophiques de 2019.  La communauté internationale doit mettre en place des mécanismes permettant aux pays de réagir de manière efficace, a-t-il estimé, soulignant aussi la nécessité de repenser les instruments de lutte à la disposition des pays.  Le Zimbabwe est un pays en développement sans littoral, a-t-il enfin rappelé.  L’agriculture reste le volet essentiel de notre économie et des efforts sont développés pour réduire notre dépendance vis-à-vis de l’agriculture pluviale, a-t-il conclu.

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a rappelé que tous les États ne sont pas égaux face à la pandémie.  Il a donc appelé à une révision de l’ordre mondial, notamment sur les volets commerce et économie.  Lutter contre la pandémie et pour le relèvement, sont deux actions importantes pour réaliser le développement durable et assurer un meilleur avenir, a-t-il estimé en, recommandant avant tout de s’atteler à une distribution efficace des vaccins.  Si certains États ont réalisé leurs objectifs, d’autres, surtout les pays les moins avancés, sont à la traîne, a noté l’orateur qui a appelé les États en capacité de produire des vaccins à en fournir à ceux qui n’en ont pas, et à faire des vaccins un bien public mondial.  L’Algérie a justement démarré une production nationale de vaccins, et espère rapidement vacciner la majorité de sa population, a-t-il annoncé.

Jugeant nécessaire que les pays en développement bénéficient des progrès numériques notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, sans quoi les efforts pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) n’aboutiront pas, le délégué a déclaré que l’Algérie avait mis en place un fonds pour soutenir ses petites entreprises afin de favoriser la relance économique.  Concernant les changements climatiques, il a appelé à davantage de coordination pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  L’Algérie a mis en place, à titre national, une stratégie favorisant les énergies renouvelables, financée par 3,6 milliards de dollars, pour produire 4.000 Mégawatts d’énergie renouvelable à l’horizon 2024.  En 2020, l’Algérie était déjà le troisième pays producteur d’énergie renouvelable du continent africain, a fait valoir le délégué.

Mme MERIEM EL HILALI (Maroc) a déclaré que depuis l’adoption du Programme 2030, le Maroc s’était engagé dans un processus de mobilisation collective aux niveaux national et international.  Au niveau national, il a développé un programme ambitieux et a consacré le développement durable comme valeur constitutionnelle, renforçant son cadre juridique, rédigeant une charte et un plan énergétique solaire.  La représentante a également cité, entre autres, le « Plan Maroc Vert » pour l’agriculture et la sécurité alimentaire.  Le cadre institutionnel marocain a été renforcé, avec une commission nationale pluridisciplinaire dédiée au développement durable, a-t-elle aussi indiqué.  En outre, a-t-elle ajouté, le Gouvernement s’est attelé à sensibiliser sa population, y compris la jeunesse, à la thématique du développement durable.

La déléguée a souligné l’importance d’un financement prévisible et diversifié pour réaliser les 17 objectifs de développement durable (ODD).  Elle a ensuite évoqué une « trajectoire ascendante et un développement sans précédent » de son pays.  De plus, dès l’apparition de la pandémie, le Maroc a développé une riposte volontariste, avec la création d’un fonds spécial pour lutter contre la pandémie et un fonds de soutien aux TPE-PME.  Le pays a enregistré un taux de croissance économique de 5,8% en 2021 grâce à la réouverture graduelle de son économie nationale.  Enfin, face à une menace de crise alimentaire en Afrique à la suite de la récession, le Maroc tente de dynamiser la coopération au niveau continental, a déclaré la représentante.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a estimé que la pandémie appelle à renforcer les efforts pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment le premier qui vise l’éradication de la pauvreté.  Pour faire face à la pandémie, elle a invité la communauté internationale à œuvrer pour que les droits de la propriété intellectuelle soient mis en berne afin que les pays en développement puissent fabriquer les médicaments et vaccins contre la COVID-19.  En ce qui concerne les engagements pris dans le cadre du partenariat pour le développement, la représentante a affirmé que les ODD ne seront réalisés que par le biais d’un partenariat efficace.

La réduction de la fracture numérique pourrait aussi favoriser l’essor des pays en développement, a-t-elle noté.  La représentante a également souligné l’importance de l’accès à des sources d’énergie durables pour la relance économique dans les pays en développement.  Enfin, Mme YYYY a dit que dans le contexte de la reconstruction, le multilatéralisme est plus que jamais crucial.

M. DAI BING (Chine) a appelé à combattre la pandémie en se concentrant sur les êtres humains.  Il a aussi appelé à lutter contre le nationalisme vaccinal.  Dans le cadre de la reprise économique post-pandémie, le délégué a estimé que les besoins des pays en développement doivent être au centre des efforts de la communauté internationale.  Pour la Chine, les États doivent considérer le relèvement comme une occasion de promouvoir la transition verte.  De même, la COP26 doit permettre de forger un consensus sur l’action climatique, a espéré le délégué.  Selon lui, il faut désormais bâtir une économie mondiale ouverte, s’appuyant sur les coopérations Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, tout en donnant davantage voix au chapitre aux pays en développement dans les instances internationales.  C’est dans cette optique que la Chine propose une initiative de coopération internationale pour le développement et elle invite tous les États à s’y associer, a conclu l’orateur.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a observé que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les fortes inégalités et les différences structurelles préexistantes au sein des pays et entre eux, anéantissant les progrès réalisés.  Lorsque les pays en développement en avaient le plus besoin, nous avons vu un multilatéralisme faible et limité, et une coopération internationale insuffisante, a lancé le représentant, évoquant notamment l’accès très inégal aux vaccins.  Selon lui, la crise ne sera surmontée que si les États respectent leur engagement en faveur de la préservation, de la promotion et du renforcement du multilatéralisme, et non pas par des actions unilatérales, isolationnistes, protectionnistes et coercitives.

Les problèmes globaux nécessitent des solutions globales et multilatérales au bénéfice de tous, a martelé le délégué.  L’humanité dispose des connaissances et des ressources suffisantes pour mettre fin à la pauvreté et permettre une croissance économique soutenue et inclusive, le développement social et la protection de l’environnement, a-t-il fait observer, avant de regretter que la majorité des États les plus développés manquent de volonté politique pour honorer leurs engagements internationaux, par exemple en termes d’APD.  S’agissant des changements climatiques qui menacent la survie de l’humanité, le délégué a appelé à respecter l’Accord de Paris et le principe des responsabilités communes mais différenciées, en mobilisant les ressources nécessaires à l’adaptation et à l’atténuation.  Il a appelé les pays développés à respecter leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an à cette fin pour les pays en développement.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a fait observer que la pandémie de COVID-19 mine les efforts des pays en développement pour résoudre des problèmes tels que la pauvreté, les inégalités, la faim, la malnutrition, le chômage, le manque d’accès aux soins de santé et les changements climatiques.  Aussi a-t-il plaidé pour un renforcement du multilatéralisme, pour la coopération et la solidarité internationale, invitant à déclarer le vaccin comme un bien commun de l’humanité et à en assurer une distribution équitable pour toutes les populations du monde.  Pour M. Castillo, la pandémie a mis en évidence la nécessité de créer un nouveau modèle économique international, fondé sur l’inclusion, l’équité, la justice sociale, l’égalité et se donnant pour priorités l’élimination de la pauvreté et l’accès aux services de santé comme droits universels de l’humanité.

Pour atteindre l’objectif 1 du Programme 2030, c’est-à-dire l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes, les pays développés doivent respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement, a rappelé M. Castillo.  Il a fait savoir que le Nicaragua a mis en place diverses politiques, qui ont permis de réduire la pauvreté générale: entre 2009 et 2017, celle-ci est passé de 42,5 à 24,9%, et la pauvreté extrême de 14,6 à 6,9%.

RÉUNION VIRTUELLE SUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) A/76/234

Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition A/76/73–E/2021/51 A/76/233

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division pour le développement social inclusif au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport intitulé « Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) » (A/76/234).

Ses conclusions indiquent que les défis économiques et sociaux croissants ainsi que les effets de la crise de la COVID-19 et des changements climatiques exigent des politiques axées sur des mesures intégrées, inclusives et durables qui ne laissent personne de côté, pour un relèvement rapide, meilleur et durable.

Selon les conclusions du rapport, les pays devraient saisir l’occasion donnée par la crise de réajuster les politiques socioéconomiques afin de stimuler la reprise, notamment au moyen d’une réaffectation des ressources publiques visant à protéger les personnes vivant dans la pauvreté ou en situation de vulnérabilité.  Ils devraient aussi investir dans l’agriculture, soutenir les petits exploitants agricoles, préserver l’aide alimentaire et nutritionnelle humanitaire et promouvoir l’inclusion financière, en particulier dans les zones rurales.

En vue de parvenir à la couverture sanitaire universelle, les pays devraient mettre en place des systèmes de santé plus solides en investissant dans les infrastructures sanitaires.  Enfin, pour parvenir à la couverture universelle et s’attaquer aux risques et vulnérabilités auxquels sont confrontés les individus tout au long de leur vie, les gouvernements devraient mettre en place des systèmes de protection sociale adaptés à la réalité de chaque pays.

Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 A/76/239

M. MARCO SÁNCHEZ, Directeur adjoint de la Division de l’économie agroalimentaire de la FAO, a présenté le rapport du Secrétaire général de l’ONU intitulé « Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (A/76/239).  Le rapport souligne que 70% des cibles des objectifs de développement durable (ODD) concernent les zones rurales.  Il note que 80% des pauvres vivent dans les zones rurales qui n’abritaient pourtant que 48% de la population mondiale selon des données de 1998.  Le rapport indique que si la plupart des nouveaux pauvres issus de la pandémie de COVID-19 sont surtout localisés en ville, le nombre de pauvres de la COVID-19 qui sont localisés en zones rurales sera à terme plus grand au fur et à mesure que les données seront collectées.  Le rapport conclut qu’une action transformatrice est nécessaire pour réduire la fracture urbaine et rurale.

M. SHANTANU MUKHERJEE, de la Division pour les objectifs de développement durable du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a présenté le rapport (A/76/216) du Secrétaire général sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.

Après avoir rappelé que l’élimination de la pauvreté et de la faim est une priorité du Programme 2030, il a indiqué que la pandémie de COVID-19 menace d’anéantir des décennies de progrès en ce sens.  Les dernières estimations indiquent en effet que 124 millions de personnes de plus ont été poussées vers la pauvreté en 2020, ce qui inverse la tendance à la baisse qui durait depuis deux décennies.

De nouvelles projections confirment par ailleurs que la faim dans le monde ne sera pas éliminée d’ici à 2030 à moins qu’une action ambitieuse pour accélérer les progrès et lutter contre les inégalités dans l’accès à la nourriture soit entreprise.  Dans le contexte de la pandémie, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde continue d’augmenter, avec 161 millions de plus en un an.

Dans le même temps, les pratiques agricoles actuelles contribuent de manière importante aux changements climatiques et à la perte de biodiversité.  Il est nécessaire de mieux gérer les liens entre les systèmes alimentaires et la santé humaine, étant donné la prévalence de zoonoses comme la COVID-19.

Tous ces défis interdépendants à la durabilité et leurs liens avec les systèmes agro-industriels ont été reconnus le mois dernier lors du Sommet alimentaire mondial, durant lequel la nécessité d’une action urgente et transversale a été soulignée.

Le rapport donne un aperçu des grandes difficultés rencontrées par les systèmes agro-alimentaires et des perspectives d’une transformation qui permettrait de progresser dans l’exécution des engagements pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris.  Des changements de politique bien ciblés, fondés sur des données probantes et scientifiques, ainsi que l’investissement dans la transformation des systèmes agro-alimentaires peuvent contribuer à renforcer la résilience face aux chocs futurs et à accélérer une reprise verte et inclusive après la pandémie, conclut le rapport.

M. MAXIMO TORERO CULLEN, économiste en chef au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est intervenu au sujet du point sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.  Il a rappelé qu’en 2020, 811 millions de personnes ont souffert de la faim et 3 milliards de personnes n’ont pas eu accès à une alimentation saine.  Il a expliqué que le monde n’est pas en mesure de fournir une alimentation suffisante et saine pour tous, du fait de l’incidence de la pandémie et des modes actuels de production.  Des systèmes agro-alimentaires plus résistants sont nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a déclaré M. Cullen.

Mme MARCELA VILLAREAL, Directrice du Bureau des partenariats, des activités de plaidoyer et du renforcement des capacités de la FAO, a présenté la Note du Secrétaire général sur la mise en œuvre des activités relevant de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) (A/76/233).

Mme Villareal a relevé que pendant la période biennale 2019-2020, 8 pays ont approuvé des plans d’action nationaux sur l’agriculture familiale, 4 autres ont entrepris la rédaction de tels plans et 33 ont enregistré des progrès considérables pour ce qui est de mobiliser les acteurs qui participeront à l’élaboration de ces documents.  Plus de 65 mécanismes de coordination intersectorielle, comme des comités nationaux pour l’agriculture familiale ou d’autres instances multipartites de dialogue politique, ont été créés ou renforcés afin d’atteindre des cibles et des objectifs cohérents.

Poursuivant son énumération, Mme Villareal a évoqué 85 lois, politiques et règlements ayant un rapport avec l’agriculture familiale qui ont été élaborés et approuvés.  La plupart vise à atténuer les effets de la pandémie de COVID-19 sur l’agriculture familiale et à promouvoir des approches axées sur ce type d’agriculture pour résoudre les enjeux relatifs aux systèmes alimentaires.  Au cours des deux prochaines années, a-t-elle conclu, il serait souhaitable de changer d’échelle, d’augmenter les investissements et d’apporter un appui plus efficace dans ce domaine.  Elle a aussi appelé à renforcer le dialogue stratégique et la cohérence des politiques, tout en multipliant les engagements nationaux.

Fibres végétales naturelles et développement durable

M. BOUBAKER BEN-BELHASSEN, directeur de la Division du commerce et des marchés de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a évoqué le point consacré aux fibres végétales naturelles et au développement durable.  Il a souligné que les fibres naturelles font partie des plus anciennes industries du monde et qu’elles sont au cœur du Programme 2030, car elles contribuent à l’objectif d’éliminer la pauvreté, la faim et de renforcer la gestion et l’utilisation durables des ressources naturelles.  La production et l’exportation de ces fibres procurent une source de revenus à des dizaines de millions de personnes dans le monde.  Mais la production fait face au défi de trouver un équilibre entre croissance et durabilité, a-t-il indiqué.

Selon des données récentes, la valeur de production des fibres est d’environ 55 milliards de dollars et elle fait vivre quelque 40 millions de foyers, sans compter les travailleurs saisonniers.  Guidée par l’année internationale des fibres naturelles en 2009 et la résolution de l’Assemblée générale sur les fibres végétales naturelles et le développement durable en 2019, la FAO a, avec ses partenaires, sensibilisé aux caractéristiques économiques, sociales et environnementales et à l’importance des fibres naturelles.  La FAO soutient aussi les pays dans la mise en œuvre d’un plan d’action visant à promouvoir un secteur d’activité plus résilient et plus durable.

Discussion interactive

La représentante du Costa Rica a posé une question aux rapporteurs au sujet de l’agriculture familiale.  Étant donné l’impact de la pandémie sur les femmes, que peut faire la Deuxième Commission pour mettre en avant la Décennie sur l’agriculture familiale en cours?

« La Décennie a son propre plan d’action global avec des piliers transversaux », a répondu une rapporteuse de la FAO.  Pendant les deux premières années de la décennie, des résultats très concrets ont été atteints dans les pays tenant compte des questions de genre, avec un accès accru des femmes et des filles à diverses ressources.  Les ressources n’ont pas été faciles à trouver, a cependant concédé la haute-fonctionnaire, et la pandémie n’a pas aidé.  Les engagements de la FAO sont solides, mais les ressources manquent, a déclaré la représentante, qui en a profité pour lancer un appel à contributions.

Déclarations liminaires

M. BOUBACAR DIALLO (Guinée), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a salué le fait que l’extrême pauvreté soit passée de 1,9 milliard de personnes en 1990, à 969 millions en 2017.  Entre 1990 et 2015, le taux mondial de la pauvreté est passée de 36,2% à 10,1%.  Les progrès de ces dernières années ont toutefois été beaucoup plus lents, même avant la pandémie, et ils ont aussi été inégaux.  Dans la majorité des pays les moins avancés, l’extrême pauvreté est restée élevée - 32,2 % en 2019.  Les derniers chiffres laissent voir que 1,3 milliard de personnes vivaient encore dans la pauvreté en 2020, a noté le représentant.

Il a souligné que l’éradication de l’extrême pauvreté nécessite d’investir dans des politiques conformes au Programme 2030, au Programme d’action d’Addis-Abeba et à l’Accord de Paris sur le climat.  Le groupe a pris note des résultats du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui a proposé de nouvelles actions, solutions et stratégies innovantes pour transformer nos systèmes alimentaires et progresser dans tous les objectifs de développement durable (ODD).  La réduction de la pauvreté passe par l’augmentation de la capacité de production dans les pays en développement, a rappelé le G77.  Selon le Groupe, renforcer nos capacités productives et la diversification de nos économies conduira à la création d’emplois, à la création de richesse et à l’augmentation de la fiscalité pour la mise en œuvre de politiques sociales de lutte contre les inégalités.

De même, le commerce est un puissant moteur de développement économique et technologique, selon le G77.  Alors que nous cherchons à nous remettre de la pandémie, nous devons faciliter un accès équitable aux marchés pour les produits originaires du monde en développement, éliminer les subventions dans les pays développés, en particulier celles qui faussent les échanges agricoles, et éviter la création de nouvelles barrières commerciales sous prétexte de considérations environnementales.  Pour le G77, la voie du redressement doit reposer sur l’inclusion et la solidarité, c’est pourquoi le Groupe a exhorté les partenaires de développement à respecter leurs engagements de dépenser 0,7% de leur PIB à l’APD.

Le Groupe a estimé par ailleurs que des efforts doivent être faits pour la transformation de l’agriculture et des systèmes alimentaires, ainsi que pour l’autonomisation des populations rurales, des petits producteurs alimentaires, en particulier les femmes, les peuples autochtones, les agriculteurs familiaux, les éleveurs et les pêcheurs.  Le Groupe a réitéré son appel aux pays développés pour qu’ils honorent leurs engagements officiels d’assistance au développement par la fourniture de ressources financières et une assistance technique prévisibles.

Le représentant du Kazakhstan, s’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, s’est dit préoccupé, car aucun des objectifs pour 2030 en termes d’indicateurs de nutrition ne sera atteint, en raison de la pandémie et des changements climatiques.  Le déficit en eau est un problème grandissant, a-t-il noté.  Il a expliqué que si la proportion de la population pauvre dans les pays en développement sans littoral a baissé jusqu’en 2019, la pandémie a inversé cette tendance, aggravant la situation d’insécurité alimentaire dans les pays en développement sans littoral.

Ces pays font face à des problèmes complexes, du fait de leur manque d’accès à la mer, du coût des transports et de l’augmentation du coût des biens importés, a poursuivi le représentant.  Les prix alimentaires nationaux y sont plus volatiles que dans les pays côtiers et, de plus, ces pays sont davantage touchés par la désertification, les inondations et les glissements de terrain.

Le groupe s’est donc félicité des initiatives de la FAO et de sa stratégie de réduction des pertes alimentaires visant, entre autres, à réduire les pertes de récolte.  La FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres entités sont précieux pour les pays en développement sans littoral, qui travaillent pour développer une agriculture et des systèmes alimentaires soucieux du climat, et pour augmenter les aides aux petits fermiers.

Convaincu que la feuille de route pour une mise en œuvre accélérée du Programme d’Action de Vienne est nécessaire, l’orateur a jugé que seule une action collective, résolue, pourrait améliorer les choses.  Les pays en développement sans littoral ont enfin réclamé davantage de fonds pour limiter leurs vulnérabilités spécifiques, et appelé à mettre fin aux restrictions frontalières liées à la pandémie, qui ont, par ricochet, fortement dégradé le bien-être de leurs populations.

La pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions reste un défi, a souligné la représentante du Maroc, au nom du Groupe des États d’Afrique, appelant à la solidarité pour éliminer la pauvreté et la faim.  Pouvoir se doter d’une protection sociale adéquate et fournir des emplois est de la plus grande urgence pour les pays africains qui souffrent de la faim, de la désertification et autres défis climatiques, a-t-elle prévenu.  Un Africain sur cinq a connu la faim en 2020, a lancé la représentante, soit plus du double des autres régions, ce qui confirme l’importance d’atteindre l’objectif 2 du Programme 2030 en Afrique.  Le groupe des États d’Afrique est convaincu qu’une agriculture durable a un rôle essentiel à jouer pour améliorer la sécurité alimentaire, en particulier en milieu rural.

De plus, les effets des changements climatiques sont importants en Afrique, raison pour laquelle il est également essentiel de renforcer les capacités et de développer l’agriculture, a poursuivi la représentante.  L’Afrique est déterminée à soutenir son développement par une bonne gestion des ressources à long terme, a assuré la déléguée, ajoutant que l’autonomisation des femmes est également essentielle.

Estimant que la transformation des systèmes alimentaires en Afrique sera un des moteurs principaux pour éliminer la pauvreté et la faim, le Groupe a renouvelé son appel à investir sur le continent dans ces systèmes, comme il l’a déjà fait au Sommet sur l’alimentation en septembre.

Enfin, si le fossé numérique est comblé, les technologies de l’information et de la communication (TIC) présentent un grand potentiel pour réduire l’empreinte carbone, atténuer les changements climatiques et assurer la sécurité alimentaire, a relevé la représentante.

La représentante du Cambodge, s’exprimant au nom de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé que la pandémie rend l’objectif mondial de mettre fin à la pauvreté en 2030 impossible à atteindre.  Même avant cette crise sanitaire mondiale, les progrès vers l’objectif 1 de développement durable (ODD) avaient pris du retard et le monde n’était pas en passe de mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, a-t-elle rappelé.  La représentante a reconnu que la reprise économique de l’ASEAN reste fragile et qu’on constate une augmentation des cas de COVID-19 avec de nouveaux variants.  « Alors que la région s’efforce de maintenir l’élan de la reprise, le vaccin contre la COVID-19 reste la priorité. »  À cet égard, l’ASEAN a mis en œuvre le plan de redressement global qui sert de stratégie de sortie consolidée de la crise de la COVID-19, a indiqué la déléguée.  Elle a expliqué que ce cadre met l’accent sur le soutien aux groupes vulnérables, y compris les travailleurs informels, les femmes, et les jeunes.

En outre, a poursuivi la représentante, l’ASEAN a établi un Accord de partenariat économique régional global (RCEP) en novembre 2020, afin de favoriser la création d’emplois et l’expansion du commerce au cours de la période de relèvement post-pandémie.  L’ASEAN a également présenté le Plan directeur 2025 de la Communauté économique de l’ASEAN qui vise à approfondir le programme d’intégration économique et réaffirmé son engagement vers la mise en œuvre complète et efficace de la vision communautaire de l’ASEAN 2025.  De même, l’ASEAN entend soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) pour parvenir à un essor économique durable.  Enfin, la vulnérabilité et l’impact des changements climatiques sont une préoccupation majeure pour l’ASEAN qui est l’une des régions les plus exposées au monde aux impacts du phénomène, a rappelé la déléguée.

Le représentant des Fidji, s’exprimant au nom du Forum des îles du Pacifique, a rappelé que le Programme 2030 faisait de l’éradication de la pauvreté une priorité, et que les systèmes alimentaires et agricoles étaient des instruments essentiels du développement durable.  La région pacifique a un rôle unique à jouer dans le secteur agro-alimentaire mondial, a-t-il reconnu, en expliquant qu’entre 50 et 70% des peuples de la région dépendent de la pêche, tandis que la région concentre 50% des prises mondiales de thon.

La pauvreté extrême y reste relativement faible, mais 1 personne sur 4 vit quand même sous le seuil de pauvreté, a reconnu le représentant.  Il a expliqué que la réduction de cette pauvreté passe par une politique de l'emploi.  Mais celle-ci ne sera pas suffisante, a-t-il prévenu, car la petite taille des pays du Forum, leur éloignement et l’incidence des catastrophes sur leurs économies les empêchent de développer une croissance digne de ce nom.  Le délégué a alerté sur le fait que l’augmentation des tempêtes, de l’élévation de la mer et de la désertification constitue un fardeau de plus en plus lourd.

L’orateur a appelé à des actions audacieuses pour corriger les inégalités d’accès à la nourriture.  Dans le cadre de la Stratégie 2050 pour le continent bleu, la région a accru ses réformes pour parvenir à la souveraineté alimentaire et augmenter sa résilience.  Le délégué a souhaité accélérer les efforts de numérisation et le développement des sciences, pour faire évoluer les systèmes agro-alimentaires des pays du Forum vers davantage de durabilité et de résilience.

La représentante du Thaïlande a souligné que la pandémie continue de mettre en évidence les faiblesses de nos systèmes et d’augmenter la pauvreté et la faim.  Comme producteur de denrées alimentaires, la Thaïlande estime que davantage peut être fait pour modifier les systèmes agro-alimentaires et fournir davantage d’aliments aux populations.

Pour ce qui concerne les politiques nationales, la Thaïlande a lancé un programme pour garantir un accès équitable à une nourriture suffisante et saine et a adopté un modèle biocirculaire, qui met l’accent sur des technologies de pointe pour une agriculture plus durable et verte.  Des systèmes agro-alimentaires dignes de ce nom ne pourront être mis en place sans une action décisive d’adaptation aux changements climatiques, a fait observer la représentante.  Pour sa part, la Thaïlande a lancé des centres d’agro-technologies dans plusieurs provinces en ce sens mais la coopération et la solidarité au niveau international sont nécessaires pour accéder aux objectifs 1 et 2 du Programme 2030, a prévenu la représentante.

Le représentant de l’Éthiopie a fait observer qu’une agriculture durable contribuant à l’élimination de la malnutrition est nécessaire au niveau mondial si l’on veut mettre en œuvre le Programme 2030, mais que la pandémie a exacerbé l’insécurité alimentaire et la malnutrition.  En 2021, la malnutrition en Afrique a affecté une personne sur cinq et les effets de la pandémie se font encore sentir, a-t-il déploré avant d’attirer également l’attention sur la hausse des prix des denrées alimentaires, une difficulté supplémentaire.

L’Éthiopie s’est dotée d’un plan agricole décennal et s’est engagée à éradiquer les causes sous-jacentes de la malnutrition chronique, a indiqué le représentant.  Le système agricole en cours d’élaboration a pour but d’aller plus directement de la production à la consommation, pour un accès plus équitable à la nourriture.  Parmi les difficultés, le délégué a mentionné l’accès limité aux engrais et aux semences, ainsi que la déforestation et l’érosion des sols.  Il a estimé que les efforts doivent pouvoir s’appuyer sur l’assistance technique et financière internationale.

Le représentant de la Chine a insisté sur le fait que l’éradication de la pauvreté doit être le principal objectif de la communauté internationale.  Il a rappelé que la Chine a sorti des millions de gens de la pauvreté, notamment les populations rurales.  À l’échelle internationale, la Chine aide d’autres peuples à sortir de la pauvreté en renforçant leurs capacités de production et par le biais d’investissements dans les infrastructures comme le projet de la route de la soie, a fait valoir le représentant.  Il a aussi fait remarquer que la Chine réussit à nourrir plus d’un milliard de gens avec moins de 9% des terres arables du monde.  Son gouvernement, a-t-il expliqué, a mis l’accent sur le fait de « ne laisser personne sur le côté ».

La représentante du Népal a relevé que les PMA, les pays d’Afrique et les PEID représentent le plus gros des pauvres du monde.  Pour traiter la question de la pauvreté, elle a recommandé de renforcer les capacités de production et d’adopter des politiques holistiques et intégrées.  Dans le même temps, il faut mettre l’accent sur le monde rural et veiller à transformer les systèmes alimentaires grâce au partage des technologies, a-t-elle ajouté.  Relevant que la pandémie de COVID-19 pousse des millions de gens dans la pauvreté, elle a appelé à miser sur un partenariat international renforcé afin de réduire la pauvreté et la faim.

Le représentant de l’Équateur a plaidé pour la création d’un indice de vulnérabilité prenant en compte le caractère multidimensionnel de la pauvreté.  Cet indice, prévu pour mesurer les besoins des pays en situation particulière, devrait aussi être utilisé pour les pays à revenu intermédiaire qui sont devenus plus vulnérables à la suite de la COVID-19.  L’Équateur, a poursuivi le délégué, s’est engagé à lutter contre le gaspillage alimentaire, à garantir de l’eau potable et de l’assainissement pour tous.  Il a aussi indiqué que son pays s’attelle à protéger les espèces menacées de sa faune et de sa flore.  Fournir des aliments sains et nutritifs pour toute sa population est encore un engagement du Gouvernement équatorien, a ajouté le représentant.

Le représentant de la Malaisie a évoqué les efforts déployés par son pays en vue de son redressement économique et pour protéger les plus vulnérables.

Sur le plan national, 240 millions de dollars ont été distribués aux éleveurs, chasseurs et fermiers, a-t-il notamment indiqué.  En outre, pour faciliter le relèvement, un programme de microcrédit a été créé pour les fermiers et les pêcheurs.  Une plateforme de commerce en ligne a également été mise en place, pour que les fermiers puissent vendre plus facilement leurs produits en gros et recruter de la main-d’œuvre agricole.  Le représentant a décrit une politique malaisienne à long terme qui met l’accent sur les petits fermiers, car ceux-ci représentent 75% du secteur agricole.  Il a assuré que les pratiques agricoles durables sont encouragées en Malaisie.

Le représentant d’El Salvador a d’emblée souligné que l’élimination de la pauvreté et de la faim sont des défis pour El Salvador.  Il a aussi déploré que la pandémie ait touché de manière démesurée des pays qui souffraient déjà des conséquences des changements climatiques.  Il a dit compter sur les ressources de la communauté internationale de façon à ce que les pays en développement puissent obtenir des résultats positifs d’ici à 2030.

Pour sa part, El Salvador a adopté des mesures économiques pour que les besoins fondamentaux des ménages soient satisfaits durant la pandémie, en particulier en ce qui concerne l’objectif 2 qui vise l’élimination de la faim.  Le Gouvernement salvadorien a mis en place plusieurs mesures pour assurer la sécurité alimentaire et a défini une feuille de route en ce sens, a ajouté le représentant.  Il a aussi assuré que son pays travaille sur la durabilité écologique et la protection des écosystèmes de façon à protéger l’environnement et à bien gérer les sols et l’eau

La représentante du Bangladesh a appelé les partenaires au développement à renforcer le financement dédié aux pays en développement.  Il faut en effet veiller à réaliser l’objectif commun d’éradiquer la faim d’ici à 2030, a-t-elle souligné.  La représentante a plaidé pour l’adoption, par la communauté internationale, d’un indice multidimensionnel de mesure de la pauvreté.  Pour sa part, le Bangladesh a déjà mis en place un tel indice au niveau national, a-t-elle dit, ajoutant que son pays a invité les partenaires au développement à en tenir compte dans leurs évaluations.

Le représentant de l’Indonésie a rappelé que, selon la FAO, le monde peut réussir à se nourrir convenablement, même si cet objectif semble irréalisable d’ici à 2030.  Il faut, a-t-il plaidé, atteindre un taux de 77% de gens vaccinés contre la COVID-19 d’ici à la fin de l’année 2022.  L’Indonésie a dépensé à cet égard plus de 30 milliards de dollars dans le cadre de son système médical, qui prend soin de plus de 220 millions de personnes, a fait savoir le représentant.  En outre, le représentant a recommandé de transformer les systèmes alimentaires pour éradiquer la faim.  Pour sa part, l’Indonésie entend apporter plus d’appuis et de ressources aux petits fermiers, a-t-il dit.  Le délégué a, enfin, décrié les barrières commerciales qui peuvent entraver le commerce des produits agricoles.

Le représentant de la Mongolie a expliqué que son pays visait à faire de l’année 2026 l’« Année internationale des parcours et des pasteurs ».  Il a expliqué que malgré la modernisation et l’industrialisation rapides de la Mongolie, l’agriculture et l’élevage traditionnels jouent toujours un rôle important dans l’économie nationale.  En 2020, les terres agricoles représentaient 73,6% de la superficie totale du pays et l’agriculture représentait 12,8% du PIB, les produits agricoles, 5,8% des revenus d’exportation, tandis que 26,3% de la main-d’œuvre mongole travaillait dans le secteur agricole.

La Mongolie poursuit une politique visant à combiner les modes de vie traditionnels et modernes, avec l’objectif de préserver le patrimoine nomade traditionnel, l’élevage écologique, durable et biologique, et de promouvoir le patrimoine animal nomade, a indiqué le représentant.  Cependant, quelque 76,9% des terres du pays sont, dans une certaine mesure, confrontées à la désertification, et celle-ci continue de s’étendre, entraînant une pénurie de pâturages.  La nécessité d’améliorer la résilience aux changements climatiques devient urgente, en raison du nombre relativement important de personnes vivant dans les zones rurales, qui représentent près de 20% des ménages mongols, a-t-il expliqué.  Revenant sur l’année 2026, il a conclu que l’initiative de la Mongolie permettra de sensibiliser à l’importance des pâturages et de valoriser l’importance naturelle et culturelle du bétail pastoral et nomade.

La représentante du Maroc a pris note de l’intérêt d’investir dans l’agriculture, un secteur qui est fondamental pour l’humanité, véritable épine dorsale pour des millions de familles.  Elle a reconnu qu’il fallait adopter un système agricole plus durable.  Au Maroc, les nouvelles technologies ont beaucoup progressé et peuvent augmenter la productivité, le tout en utilisant moins d’eau, a-t-elle fait valoir.  La déléguée a toutefois prévenu que produire davantage n’est pas suffisant; il faut aussi faciliter l’accès au marché pour les producteurs, comme la pandémie l’a montré.

La représentante a aussi posé des questions au représentant de la FAO.  Quelle sera la stratégie qu’il adoptera pour mettre en œuvre le suivi des engagements pris envers les pays africains?  Comment lier le Sommet sur les systèmes alimentaires et la COP26?

Le représentant de la République islamique d’Iran a appelé à renforcer le multilatéralisme pour sortir de l’impasse de l’insécurité alimentaire.  Citant les rapports présentés cet après-midi, il a déploré que les sanctions unilatérales « illégitimes » et « illicites » n’aient été mentionnées nulle part.  Or, elles sont, pour l’Iran, la principale raison pour laquelle certains pays peinent à réaliser les objectifs de développement durable (ODD), à éradiquer la pauvreté ou à éliminer la faim.  Il a mis dos à dos la COVID-19 et l’unilatéralisme, les qualifiant tous deux de « cancers »

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