Soixante-seizième session,
3e séance plénière - matin
CPSD/730

Quatrième Commission: retour des pétitionnaires, venus s’exprimer sur la décolonisation de plusieurs territoires non autonomes

Après leur absence exceptionnelle l’an dernier en raison de la pandémie de COVID-19, les pétitionnaires ont fait, ce matin, leur retour à la Quatrième Commission, (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation), pour y faire entendre leurs voix au sujet des Îles Vierges britanniques, de la Polynésie française, de Gibraltar, de Guam et du Sahara occidental, cinq des 17 territoires non autonomes figurant sur la liste établie par l’ONU.

Nombreux ont été ceux à prendre aujourd’hui la parole sur la question du Sahara occidental, à commencer par le représentant du Front POLISARIO, M. Sidi Mohamed Omar, qui a fustigé l’« occupation illégale », depuis 1975, du territoire par le Maroc et ses tentatives d’imposer un « fait accompli » et de « s’opposer à sa décolonisation ».

Voilà près de trois décennies que le Front POLISARIO s’est engagé en faveur d’une solution durable et pacifique à la situation dans le territoire et « nous avons progressé en ce sens », « notamment avec la tenue d’élections justes appuyées par les parties et le Conseil de sécurité », a argué l’intervenant.  Il s’est cependant désolé de l’absence d’« action décisive » de la part de la communauté internationale s’agissant du « mépris du Maroc » pour les mandats de l’ONU.  Le Front POLISARIO, a-t-il ajouté, ne renoncera jamais aux moyens légitimes de réaliser le droit à l’autodétermination, a-t-il ajouté en conclusion.

Le Front POLISARIO a essuyé les critiques de nombreux autres pétitionnaires, comme Nancy Huff, de Teach the Children International, qui lui a notamment reproché le « détournement » de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf, pour être « vendue sur le marché noir », citant un rapport rendu public en 2014 par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF).  Elle a défendu le plan d’autonomie proposé par le Maroc, plusieurs autres intervenants apportant à sa suite leur soutien à cette initiative.  M. Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, « docteur en politologie », a estimé que ne pas soutenir « la marocanité du Sahara » équivaudrait à appuyer une nouvelle « balkanisation » du continent africain.

M. Daniel Dart Richert, de DEC Projects, s’est en revanche dit consterné par les actions du Maroc et « le silence et la complaisance des Nations Unies », tandis que M. Agron Pali a assuré qu’il n’existe pas de liens de souveraineté entre le Maroc et le Sahara occidental, ce que reconnaissent le droit international et l’Assemblée générale elle-même, qui qualifie la présence marocaine « d’acte d’occupation ».  Constatant que le Sahara occidental serait le seul territoire non autonome parmi ceux inscrits à l’ordre du jour de la Commission sans puissance administrante, le pétitionnaire a estimé que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ne saurait lui être plus longtemps refusé.

Par ailleurs, M. Edouard Fritch, le Président de la Polynésie française, s’est également adressé aujourd’hui à la Commission, en expliquant qu’il militait depuis 35 ans en faveur d’une large autonomie de son territoire, « qui ne vit ni une situation d’oppression, ni une situation de prédation de ses richesses ».  Sur le dossier nucléaire, le travail se poursuit en concertation avec l’État français, a-t-il affirmé.  M. Fritch a assuré que l’État français et la Polynésie ont la volonté commune de répondre aux attentes des Polynésiens à ce sujet, demandant à la Quatrième Commission qu’elle y consacre un paragraphe dans sa résolution annuelle, « pour consacrer l’adhésion de son gouvernement au Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Le Président a déclaré que la Polynésie française, pays doté d’une large autonomie, y compris financière, « tient les rênes » de son développement socioéconomique.  « Aujourd’hui, a-t-il souligné, mon peuple désire conserver ce statut particulier au sein de la République française, un statut qui nous confère suffisamment de compétences pour forger notre avenir comme bon nous semble ».  Tel n’a pas été l’avis de M. Carlyle Corbin, qui a déclaré que les réformes internes entreprises en Polynésie française ne constituaient pas une décolonisation et que seul un véritable processus supervisé par les Nations Unies ferait foi.  Mme Chantal Minarii Galenon, de Tavini Huiraatira, a également dénoncé les tentatives « illusoires » du représentant de l’actuel Gouvernement de justifier le « néocolonialisme ».  Mentionnant les 30 années d’essais nucléaires français en Polynésie française, elle a souligné la difficulté à obtenir une justice réparatrice pour les victimes.

Gibraltar a également figuré à l’ordre du jour de cette séance, M. David Liston s’exprimant au nom du Ministre principal de ce territoire, en le qualifiant de « nation ».  Estimant qu’il n’y avait pas de recette universelle applicable, il a exhorté le Comité spécial de la décolonisation à se rendre à Gibraltar.  S’ils refusent toujours de le faire, comment peuvent-ils avoir un point de vue exact sur ce qui s’y passe? s’est-il demandé, avant de les exhorter à « sortir de leurs bureaux ».  Le Conseil européen a donné son feu vert à un accord avec l’Union européenne, que nous souhaiterions, mais s’il est impossible de l’obtenir, nous ferons sans, a prévenu M. Liston.

Enfin, le Vice-Gouverneur de Guam, M. Joshua F. Tenorio, a regretté que les dirigeants élus et nommés de la Puissance administrante ne manifestent aucun intérêt quant aux attentes que ce territoire nourrit depuis longtemps de changer et d’améliorer son statut politique.  Heureusement, ce manque d’intérêt ne s’est pas manifesté dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.  « Guam a en effet reçu une aide comme le reste des 50 États et autres territoires américains, y compris une assistance directe aux individus et aux familles », s’est donc félicité M. Tenorio, en précisant que cela concernait aussi les programmes de vaccination.

Le Vice-Gouverneur a poursuivi en attirant l’attention sur le fait que la concurrence géopolitique dans l’Indopacifique, sa région, a entraîné une expansion militaire importante à Guam et des investissements de plusieurs milliards de dollars dans la défense et les infrastructures civiles de l’île.  Cette militarisation est « un fardeau et un sacrifice » pour l’environnement même si elle a eu un impact positif sur certains secteurs de l’économie insulaire, a-t-il reconnu.

La prochaine séance publique de la Quatrième Commission se tiendra demain, jeudi 7 octobre, à partir de 15 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Pétitionnaires des Îles Vierges britanniques

M. NATALIO D. WHEATLEY, Vice-Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, a rappelé que les relations entre le territoire et le Royaume-Uni s’étaient détériorées au cours des dernières années, la Puissance administrante ayant adopté une posture hostile, renforcée par la décision du Gouverneur du Royaume-Uni de s’ingérer dans les affaires relevant des Îles Vierges britanniques.  Elles se sont aggravées lorsque l’ancien Gouverneur du Royaume-Uni a voulu ouvrir une enquête sur une soi-disant affaire de corruption au sein des Îles.  Cette annonce officielle s’est faite afin de ternir notre réputation en l’absence de toute présomption d’innocence.  Une équipe de juristes s’en est chargée, financée par le Royaume-Uni.  À cet égard, les chefs de gouvernement de la CARICOM ont fait part de leur consternation.  Le droit à l’autonomie doit être respecté dans les Îles Vierges britanniques, a-t-il insisté.

Malgré les perturbations liées à cette enquête, les fonctionnaires ont coopéré, car ils n’ont rien à cacher.  Ceci étant, cela nous prive d’un temps précieux alors que la saison des ouragans arrive et que la pandémie n’est toujours pas jugulée.  L’enquête avance maintenant vers une remise en question de la capacité du Gouvernement local, ce qui suscite la suspicion de notre part quant aux motivations de l’enquête.  M. Wheatley s’est dit préoccupé par le fait que le Gouvernement britannique essaie de reprendre la gestion des finances au Gouvernement local.  « Cela est une violation du droit international et de notre droit à l’autonomie », a-t-il dénoncé.  Il a cependant insisté sur le fait qu’il se tenait prêt à coopérer en tant que partenaire avec le Royaume-Uni, comme c’est le cas pour la lutte contre la pandémie.

Selon le pétitionnaire M. ELIEZER BENITO WHEATLEY, les relations entre les Îles Vierges britanniques et le Royaume-Uni se sont détériorées à un point tel que l’attention de l’ONU est devenue nécessaire pour aider à trouver une voie de sortie.  Le partenariat moderne qui existait entre le territoire et sa Puissance administrante s’est en grande partie rompu après une période de relations tendues de 2011 à aujourd’hui.  Il existe un profond sentiment de méfiance, a estimé l’intervenant, pour qui, en conséquence, l’engagement politique a pris une tournure négative.  Cela se reflète, selon lui, dans l’absence d’un dialogue politique permanent de haut niveau entre Londres et le Gouvernement du territoire et le récent recours brutal du Royaume-Uni à une commission d’enquête dans les Îles Vierges britanniques.  Plutôt que d’envisager des propositions visant à suspendre la Constitution des Îles Vierges britanniques et à imposer un contrôle direct à la conclusion de la commission d’enquête, le Royaume-Uni devrait engager un dialogue avec le Gouvernement du territoire sur les aspirations de la société pour la décennie à venir, conformément à l’appel des Nations Unies à la décolonisation pour être achevée en 2030.  Il a réitéré la demande adressée à la Quatrième Commission de dépêcher une mission de visite dans les Îles Vierges britanniques.

Pétitionnaires de la Polynésie française

Le Président de la Polynésie française, M. EDOUARD FRITCH, a expliqué qu’il militait depuis 35 ans pour une large autonomie de son territoire, « qui ne vit ni une situation d’oppression, ni une situation de prédation de ses richesses ».  Cette large autonomie ne l’a pas empêché de pouvoir compter sur le soutien de la France pour soutenir ses efforts de lutte contre la COVID-19, a expliqué M. Fritch, notamment par l’envoi d’équipes médicales, des évacuations médicales et l’obtention de 350 000 doses de vaccins ce qui a permis de vacciner 70% des Polynésiens.

Sur le plan économique et financier, plus d’un milliard de dollars ont été mobilisés en un an et demi, 30% par le Gouvernement de la Polynésie française et 70% par l’État français afin de soutenir les entreprises et les familles polynésiennes durant cette période de crise.  Pour financer la relance économique, deux prêts d’un montant total de 680 millions de dollars garantis par l’État français ont été consentis pour financer les mesures d’urgence, sauver les régimes de protection sociale et à engager les premières mesures de relance.  Ces gestes réels et avérés sont une manifestation concrète de la solidarité de la France envers le territoire autonome et ses habitants, a souligné le Président Fritch, qui s’est dit reconnaissant envers l’État français et a salué ainsi le renforcement de ses liens de partenariat.

La Polynésie française est engagée dans la lutte contre les changements climatiques avec un plan climat et énergie, qui mise sur une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2030 et sur l’énergie solaire.  M. Fritch a aussi interpelé l’opinion publique internationale pour qu’elle fasse pression et mette fin à la pêche illégale dans le Pacifique.  Lors du dernier Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (IUCN), la Polynésie a officiellement lancé cet appel, a rappelé le Président dont le territoire travaille avec les pays membres du Forum du Pacifique à l’élaboration et à l’adoption de la déclaration sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau de la mer, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Le Président a lancé un appel solennel aux nations du monde pour qu’elles ralentissent le réchauffement de la planète « parce qu’il y va de la vie des générations actuelles et futures ».

Alors que la Polynésie fait l’objet, ici, d’un débat sur la décolonisation, nous sommes perturbés et très préoccupés, a avoué le Président, par les confrontations géopolitiques et géostratégiques dans le Pacifique.  Ne croyez-vous pas que ce sujet est plus vital pour l’équilibre du monde que celui de la « décolonisation de la Polynésie »? a demandé le Président.

Sur le dossier nucléaire en Polynésie française, le travail se poursuit en partenariat et en concertation avec l’État français, a-t-il affirmé.  Une grande table ronde a été organisée à Paris au début du mois de juillet dernier, intitulée « Justice et vérité sur les essais nucléaires en Polynésie » et des annonces ont été faites par le Président de la République française sur notamment, l’ouverture des archives et l’indemnisation des victimes.  M. Fritch a assuré que l’État français et la Polynésie ont la volonté commune de répondre aux attentes des Polynésiens sur ce sujet.  Il a demandé que la Commission y consacre un paragraphe dans sa résolution annuelle sur la Polynésie française, pour consacrer l’adhésion de son gouvernement au Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Avant de conclure, le Président a déclaré que la Polynésie française, pays doté d’une large autonomie, y compris financière, tient les rênes de son développement socioéconomique.  Aujourd’hui, a-t-il souligné, mon peuple désire conserver ce statut particulier au sein de la République française, un statut qui nous confère suffisamment de compétences pour forger notre avenir comme bon nous semble.  La Polynésie française n’est pas une colonie qu’il faut « décoloniser », a-t-il martelé, et l’indépendance n’est pas la seule voie ou « le miracle » qui permet à un peuple d’accéder au bonheur.  La dignité d’un peuple ne se construit pas nécessairement dans l’indépendance.  D’autres voies sont possibles, et elles sont évoquées dans la Charte des Nations Unies, a conclu M. Fritch en invitant les membres du Comité spécial sur la décolonisation à se rendre dans son territoire.

M. CARLYLE CORBIN, Projet d’Études de Dépendance, a déclaré que les réformes internes entreprises dans des territoires tels que la Polynésie française ne constituaient pas une décolonisation et que seul un véritable processus de décolonisation supervisé par les Nations Unies ferait foi.  Il a conclu en rappelant que le statut de territoire non autonome n’était qu’un prélude à la réalisation de la pleine mesure d’autonomie avec une égalité politique absolue, conformément à l’Article 73(b) de la Charte des Nations Unies.

Mme CHANTAL MINARII GALENON, Assemblée de la Polynésie française, a déclaré que le statut politique de la Polynésie française n’avait pas changé depuis 2013, malgré les tentatives « illusoires » du représentant de l’actuel Gouvernement de justifier le néocolonialisme.  Mentionnant les 30 années d’essais nucléaires français en Polynésie française, elle a souligné la difficulté à obtenir une justice réparatrice pour les victimes.  L’intervenante a conclu en citant Emmanuel Macron, qui avait déclaré que la colonisation était un crime et lui a demandé de joindre l’acte à la parole.

M. MOETAI BROTHERSON, Assemblée de la Polynésie française, a déclaré que le 17 mai 2013, l’Assemblée générale de l’ONU a remis Ma’ohi Nui - Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser.  Il a déploré que la Puissance administrante adopte deux positions très différentes sur deux territoires similaires.  Pour la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, la participation et la coopération totales, avec des missions de l’ONU supervisant les trois référendums depuis le début; pour Ma’ohi Nui, depuis 2013, le déni, la défiance et le mépris des résolutions de l’ONU adoptées depuis le 17 mai 2013, a-t-il soutenu en conclusion.

Pétitionnaires de Gibraltar

M. DAVID LISTON, représentant de Gibraltar aux États-Unis, au nom du Ministre principal de Gibraltar, a déclaré que cela fait 317 ans que la « nation » de Gibraltar existe.  « Notre histoire en tant que nation est plus longue que celle de l’Italie, de l’Allemagne ou des États-Unis.  Le peuple de Gibraltar est caractérisé par des vagues migratoires venant de toute la planète », a-t-il affirmé.  C’est ce peuple qui doit choisir le destin qu’il souhaite.  Nous sommes protégés par l’ONU et c’est la raison pour laquelle nous sommes inscrits sur la liste de territoires non autonomes.  Il a estimé avoir le droit de choisir d’exercer notre droit à l’autodétermination et à la décolonisation.

Les trois premières décennies pour l’élimination de la décolonisation ont échoué, a estimé le pétitionnaire, car il n’y a pas de recette universelle.  Il a exhorté le Comité spécial des Vingt-Quatre à se rendre à Gibraltar.  S’ils refusent toujours de le faire, comment peuvent-ils avoir un point de vue exact sur ce qui s’y passe? s’est-il demandé, avant de les exhorter à « sortir de leurs bureaux ».  Pendant longtemps, nous avons eu une situation conflictuelle avec l’Espagne, a-t-il rappelé, car elle demandait à exercer un droit sur Gibraltar.  Or, le peuple de Gibraltar a droit à sa terre, comme elle se trouve aujourd’hui, et non pas à travers le prisme de celui qui prévalait il y a 300 ans.  Le Conseil européen a donné son feu vert à un accord avec l’Union européenne, mais s’il est impossible d’avoir un accord, nous ferons sans, même si nous préférerions avoir un accord, a-t-il estimé.  Cela va dans notre intérêt, mais aussi dans celui de nos voisins espagnols.  Il a rappelé qu’environ 15 000 personnes, dont 9 000 ressortissants espagnols, travaillent à Gibraltar.  Enfin, il a rappelé qu’il était plus que prêt à occuper toute sa place au sein des Nations.  Nous vous demandons d’écouter, mais aussi d’agir, car vous en avez le devoir, a-t-il conclu.

Pétitionnaires de GUAM

Le Vice-Gouverneur de Guam, M. JOSHUA F. TENORIO, a regretté que les dirigeants élus et nommés de la Puissance administrante ne montrent aucun intérêt à répondre au désir que Guam nourrit depuis longtemps maintenant de changer et d’améliorer son statut politique.  Les tribunaux américains, s’est-il expliqué, ont rejeté la proposition du Gouvernement territorial d’organiser un référendum non contraignant.  Ces décisions de justice sont conformes à une pratique ancienne consistant pour les États-Unis à s’impliquer dans les affaires intérieures de Guam, dans certains cas, et dans d’autres, à considérer Guam comme un territoire étranger hors des frontières nationales.  Tout dépend de ce qui est le plus avantageux à un moment donné, a dénoncé le Vice-Gouverneur.

Heureusement, a-t-il tout de même reconnu, le manque d’intérêt de la Puissance administrante pour la décolonisation de Guam ne s’est pas manifesté dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Guam a en effet reçu une aide comme le reste des 50 États et autres territoires américains, y compris une assistance directe aux individus et aux familles.  Guam a été incluse dans les programmes de vaccination, a ajouté le Vice-Gouverneur, en remerciant la Puissance administrante pour son soutien.  Il a salué l’inclusion « temporaire » de Guam dans plusieurs programmes d’aide intérieure auxquels il n’avait pas accès ou un accès limité.  Le Vice-Gouverneur s’est dit confiant et optimiste quant à la pérennisation de ces « bonnes politiques » d’accès à la santé et de lutte contre la pauvreté.

Malgré ces progrès, il s’est dit déçu qu’aucun ressortissant des territoires n’ait été nommé à la Maison Blanche pour participer à l’élaboration et à l’administration des programmes consacrés aux « zones insulaires », alors qu’il faut « une approche spécialisée » pour y apporter de véritables améliorations.

Le Vice-Gouverneur a poursuivi en attirant l’attention sur le fait que la concurrence géopolitique dans l’Indopacifique, sa région, a entraîné une expansion militaire importante à Guam et des investissements de plusieurs milliards de dollars dans la défense et les infrastructures civiles de l’île.  C’est « un fardeau et un sacrifice » pour l’environnement même si cette expansion a un impact positif sur certains secteurs de l’économie insulaire.  La militarisation de Guam, a rappelé le Vice-Gouverneur, a déjà suscité l’intérêt de trois Rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l’homme qui ont rendu publique une lettre conjointe au Gouvernement américain, exprimant leur inquiétude quant aux graves violations potentielles des droits de l’homme commises contre par le peuple autochtone Chamorro.

Le Vice-Gouverneur a regretté que la demande du Gouverneur de Guam de discuter de ces allégations avec la Puissance administrante soit restée lettre morte.  Il a donc demandé une nouvelle fois au Comité spécial de la décolonisation d’inclure la lettre et les documents conjoints des Rapporteurs spéciaux dans le compte rendu officiel de sa session et dans la résolution annuelle sur Guam.  Cette résolution doit être amendée pour reconnaître les efforts de Guam dans la lutte contre le réchauffement climatique, la pauvreté, la mondialisation effrénée et la militarisation, autant de menaces pour la population, les ressources naturelles et l’environnement de Guam.

Les États-Unis, a conclu le Vice-Gouverneur, doivent autoriser une mission des Nations Unies à Guam pour évaluer les progrès du développement durable, conformément au Programme 2030, la marge de manœuvre qu’a le territoire pour mettre pleinement en œuvre ces politiques.  Une mission des Nations Unies permettrait aux États-Unis et à l’Administration du Président Joe Biden de traiter des violations présumées des droits de l’homme et de nouer de vrais contacts avec le Gouvernement local.

M. MELVIN WON PAT-BORJA, du Bureau du Gouverneur de Guam, a déclaré que la classification des « peuples de Guam » -sans distinction entre ceux qui ont été colonisés par les États-Unis et ceux qui y sont résidents– ne sert pas la cause du peuple colonisé de Guam et n’est pas conforme aux engagements de la résolution 1514, à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et à la Charte des Nations Unies.  Les États-Unis continuent à tort d’affirmer que tous les « habitants de Guam » devraient avoir le droit de décider du statut politique de Guam, a-t-il ajouté.  Il a jugé qu’à la lumière du récent dépôt conjoint de trois Rapporteurs spéciaux des Nations Unies alléguant de multiples violations des droits de l’homme, y compris « le déni du droit au consentement libre, préalable et éclairé et à l’autodétermination », la Quatrième Commission doit à présent répondre favorablement aux demandes d’organisation, par une délégation de ses membres, d’une mission de visite sur place.

Pétitionnaires du Sahara occidental

M. SIDI MOHAMED OMAR, Front POLISARIO, « seul représentant légitime du peuple du Sahara occidental », a déclaré qu’il est temps pour la Quatrième Commission et l’ONU de s’élever contre l’existence de la dernière colonie en Afrique.  L’occupation illégale du territoire par le Maroc depuis 1975 et les tentatives de l’« État d’occupation » d’imposer un fait accompli et de s’opposer à la décolonisation du Sahara occidental sont un « camouflet » pour tout ce que représente cette Commission, a estimé le pétitionnaire.  Voilà près de trois décennies que le Front POLISARIO s’est engagé en faveur d’une solution durable et pacifique à la situation dans le territoire et nous avons progressé en ce sens, notamment avec la tenue d’élections justes appuyées par les parties et le Conseil de sécurité.  Toutefois, en l’absence d’action décisive de la part de la communauté internationale en ce qui concerne « le mépris du Maroc » pour les mandats de l’ONU, cette Puissance continue d’agir « en toute impunité ».  La population est victime d’une « injustice qui n’aurait jamais dû être permise », a dénoncé l’intervenant, en faisant état de « brutalités indicibles ».  Le Front POLISARIO n’abandonnera jamais son droit à l’autodétermination et ne renoncera pas aux moyens légitimes d’y parvenir, a-t-il ajouté en conclusion.

Mme NANCY HUFF, de Teach the Children International, a dénoncé le détournement de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf et vendue sur le marché noir ainsi que du rapport rendu public en 2014 par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) détaillant ces faits.  Elle a également fait état du recours, par le Front POLISARIO, aux enfants comme soldats et boucliers humains.  Ces dirigeants sont-ils ceux qui viendront à la table des négociations pour trouver un règlement dans le meilleur intérêt de leur peuple? s’est-elle demandé, en soulignant que les négations sincères ne réussissent que lorsqu’elles sont faites de bonne foi entre toutes les parties concernées.  Mme Huff a donc demandé à l’ONU d’adopter le plan d’autonomie tel que proposé par le Maroc.

Mme KAREN HARDIN, de Priority PR Group and Literary Agency, a fait part de ses préoccupations relatives au respect des droits de l’homme par la direction du Front POLISARIO dans les camps de Tindouf.  Elle a notamment parlé du problème des enlèvements d’enfants sahraouis qui sont allés vivre dans des familles d’accueil en Espagne et qui, de retour à Tindouf pour rendre visite à leurs familles biologiques, ont été détenus de force par le Front POLISARIO, leurs passeports confisqués.  Des preuves d’enlèvements, d’emprisonnements, de travaux forcés, de tortures et de viols ont toutes révélées la gravité des crimes perpétrés dans les camps, a affirmé la représentante.  C’est une pratique courante du Front POLISARIO depuis longtemps, mais qui n’a été révélée que ces dernières années, s’est indignée Mme Hardin.  Elle a exhorté la Commission à enquêter sur l’identité des membres du Front POLISARIO concernés, quelle idéologie ils suivent, et à considérer attentivement les conséquences du soutien aux « oppresseurs qui ne se soucient pas des personnes qu’ils sont censés « servir ».

Mme VIVIAN EADS, de Capitol Hill Prayer Partners, a dit soutenir et défendre le plan marocain d’autonomie comme solution viable pour résoudre le conflit du Sahara occidental, notamment auprès de membres du Congrès américain.  Elle a exprimé ses vives inquiétudes pour les jeunes des camps de Tindouf et les conséquences de leur manque d’options pour leur avenir.  Si un règlement n’est pas bientôt en vue, une autre génération de jeunes sahraouis sera polarisée et risque de tomber dans les réseaux clandestins des trafics d’armes, de personnes et de stupéfiants, alors que les anciennes routes commerciales du désert sont réactivées pour accueillir les milliers de personnes qui souhaitent rallier les ports de Tripoli et de Benghazi, a-t-elle mis en garde, voyant dans le plan marocain l’option la plus viable et la plus crédible pour un règlement rapide, économiquement sain et politiquement réalisable de la situation.

Pour Mme GRACE NJAPAU, Women Investment Network, le Sahara occidental est la continuation naturelle de pays qui n’ont rien à voir avec la colonisation.  Il prospère grâce au Plan de développement socioéconomique lancé par le Roi Mohammed VI, avec un budget de 8 milliards de dollars.  Les représentants élus démocratiquement en décembre dernier sont « les seuls » représentants légitimes des provinces du sud.  Le Sahara marocain, a-t-elle prédit, sera une plateforme majeure en Afrique grâce au port qui y sera construit et pourra renforcer les liens économiques entre le Maroc, l’Amérique et l’Asie.  Ce nouveau modèle permet un développement sur la durée et donne un coup de fouet au développement local, tout en assurant la bonne gestion des ressources naturelles.  Le Maroc est en bonne position pour veiller à ce que le Sahara jouisse de l’environnement nécessaire à l’épanouissement de ses citoyens, a affirmé la pétitionnaire.

M. JONATHAN HUFF, qui propose des services de sécurité et de renseignement, a estimé que le peuple sahraoui, « piégé dans une situation désespérée depuis plus de 45 ans », a été instrumentalisé et maltraité à des fins politiques et criminelles.  Des organisations militaires comme le Hezbollah, a-t-il assuré, ont établi des camps d’entraînement dans les camps de Tindouf situés dans la zone Sahara/Sahel, et s’y livrent aux trafics de stupéfiants et d’armes ainsi qu’à la traite d’êtres humains.  Dans les camps sahraouis, de nombreux jeunes militants sont mécontents de l’absence de règlement du problème et se livrent désormais à des activités terroristes, a-t-il soutenu.  Depuis le printemps arabe, des groupes jihadistes et des cartels de la drogue latino-américains se sont associés pour transporter davantage de drogues, d’armes et d’êtres humains à travers le désert du Sahara.  M. Huff a demandé à la communauté internationale de prendre des mesures rapides et décisives pour adopter le plan d’autonomie marocain et permettre aux Sahraouis de « rentrer dans leur patrie ».

M. ISMAEL BUCHANAN ABOUI, Université du Rwanda, a estimé que les Nations Unies sont la seule autorité habilitée à gérer la question du Sahara occidental.  Cette question, a-t-il souligné, doit être examinée « exclusivement » par le Conseil de sécurité, « sans processus parallèle ».  Rappelant que les questions aux camps de Tindouf ont gagné en importance, dont le fait que le Front POLISARIO s’y livre à divers trafics, « en toute impunité, M. Aboui a estimé que cette situation fait du pays hôte des camps « une partie au conflit ».  Il a dit soutenir l’initiative d’autonomie élargie du Maroc, qui est en tout point conforme au droit international, à la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Ce statut d’autonomie, en consultation avec la population locale, a affirmé M. Aboui, qui a insisté sur le fait que l’initiative marocaine, base de toute solution à ce différend régional, offre une solution politique durable.

M. EVARISTO JULIO GOMES, de Valor Económico, a estimé que la région du Sahara marocain subit, entre autres maux, le trafic d’armes, la menace terroriste, la pauvreté et l’insécurité.  Les pays de cette région restent confrontés à des défis de taille et font face à une menace endémique, car l’affaiblissement de la région du Sahara occidental a de graves conséquences sur la stabilité et la sécurité régionales.  Le plan d’autonomie du Maroc permettrait aux habitants de la région d’accéder aux ressources naturelles et le Sahara occidental pourrait devenir un pôle économique de la région.

M. NYKAKY LYGEROS, de l’Université de Lyon, a défendu le point de vue selon lequel le Front POLISARIO n’a aucune légitimité pour représenter le peuple sahraoui.  Il a noté que les Sahraouis marocains élisent leurs représentants locaux et participent aux élections générales.  Les habitants des deux régions du Sahara marocain ont confirmé leur civisme lors des dernières élections avec un taux de participation record de 68%, ce qui constitue un signal fort de leur attachement à leur « maroquinité ».  Les véritables représentants des Sahraouis sont les élus locaux, a estimé le pétitionnaire.

Le pétitionnaire M. DEREK CONWAY a émis l’espoir que le Comité exhorte toutes les parties à continuer de participer au processus de la table ronde à Genève.  La plupart des États Membres soutiennent le plan d’autonomie en tant que base réaliste, sérieuse et crédible pour résoudre le différend.  « C’est la garantie d’un avenir radieux pour l’ensemble de la région sahélo-saharienne », a-t-il affirmé en conclusion.

M. DANIEL DART RICHERT, DEC Projects, a déclaré qu’au cours des cinq dernières années, il avait rencontré toutes les parties au conflit et avait été consterné par les actions du Maroc et par « le silence et la complaisance des Nations Unies ».  Constatant que la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) n’a pas de mandat en matière de droits humains, il a attiré l’attention sur les violations massives de ces droits dans la région.  Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c’est la rationalisation du colonialisme, a-t-il déclaré, en appelant la communauté internationale à donner au peuple sahraoui les droits qu’il mérite et à organiser immédiatement un référendum sur l’autodétermination.

M. ANTONIO YELPI AGUILAR, Fundación Global Africa Latina, a noté que le peuple sahraoui a un sentiment d’appartenance envers le Maroc.  De tels sentiments montrent clairement que le plan d’autonomie du Maroc fournit le seul cadre réaliste pour un bon résultat au Sahara occidental.  En revanche, la République arabe sahraouie démocratique recherche le totalitarisme, a-t-il dit, comparant le Front POLISARIO au Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée.  En effet, le Front POLISARIO a été initialement introduit pour saper les projets démocratiques du Maroc dans la région, a accusé le pétitionnaire

Le docteur en politologie, M. JEAN DELORS BIYOGUE BI NTOUGOU, s’est présenté comme un « pétitionnaire en provenance du Gabon, un pays qui a fondé sa diplomatie sur la consolidation de la paix et la fraternité entre les peuples », comme « un pétitionnaire venu d’un pays qui considère les deux principales puissances au centre de ce différend comme frères ».  Ainsi a-t-il estimé, fort de son suivi de la situation en tant que spécialiste des conflits armés, que ne pas soutenir « la marocanité du Sahara » équivalait à appuyer une nouvelle balkanisation du continent africain.  Ce faisant, « nous risquerions de créer un précédent pour plusieurs autres velléités: « Le Katanga, la Casamance, le Kabinda, le nord malien et j’en passe », a-t-il averti.

Pour M. PIERRE-MICHEL NGUIMBI, ancien Ministre, Président de l’OMA–Congo (Cultures et Développement), la résolution 2548 du Conseil de sécurité définit sans ambages les véritables parties dans le différend régional du Sahara occidental, en pointant expressément le rôle du pays hôte des camps de Tindouf, cité pas moins de cinq fois, alors que ce pays n’était pas du tout évoqué dans les résolutions antérieures à 2017.  Le Conseil de sécurité appelle donc le pays hôte des camps de Tindouf à assumer un rôle à la hauteur de son implication intégrale, notamment humanitaire dans ce différend régional.  C’est ainsi qu’aucun processus politique n’est viable sans l’implication effective et positive de ce pays.  Avec la résolution 2548, le Conseil de sécurité fait le choix du réalisme et pointe le processus politique vers une solution durable.  L’autonomie est l’unique solution sérieuse et crédible susceptible de mettre fin à ce différend régional, dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Maroc, a-t-il conclu

M. ANDRÉ GAKWAYA, de Rwanda Media Commission, pétitionnaire, a déclaré que la République arabe sahraouie démocratique n’est pas un État et qu’elle a violé la Charte de l’Union Africaine, alors que le Maroc a toujours eu un lien souverain avec le Sahara occidental, comme l’a confirmé la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a ajouté que le Maroc a soumis aux Nations Unies un plan d’autonomie, qui représente une véritable opportunité de promouvoir des négociations visant à parvenir à un règlement durable de ce différend dans le cadre du droit international et conformément à la Charte des Nations Unies

M. ANDRÉ GRIMBLATT, docteur ès sciences de la Communication de l’Université de Paris-Sorbonne, a déclaré que le plan d’autonomie, présenté en 2007 au Conseil de sécurité, s’imposait comme cadre d’une solution politique durable et acceptable.  Nous parlons de « Région autonome du Sahara » avec des compétences propres; c’est-à-dire avec un gouvernement local dirigé et formé par un chef de gouvernement qui représente l’État marocain, mais élu par le parlement de la région auquel il rendrait des comptes, a-t-il spécifié, avant d’inviter la Quatrième Commission à considérer ce plan comme la solution viable à ce conflit qui dure depuis des nombreuses années.

M. RICARDO BERNARDO SANCHEZ SERRA, Federación de Periodistas del Perú, a déclaré que le « référendum » proposé sur le Sahara Occidental est irréalisable et a été enterré par le Conseil de sécurité il y a 20 ans pour cette raison.  S’en tenir à cette position dépassée est une perte de temps alors que les résidents des camps de Tindouf continuent de languir, vivant dans des conditions inhumaines.  En effet, a-t-il souligné, au cours des 45 dernières années, le Front POLISARIO n’a pas réussi à installer l’électricité, l’eau courante ou des logements décents dans les camps.

M. SIDI LAAROUSSI DAHI, de l’Inspection du Travail de Laâyoune, est revenu sur le projet de développement Dakhla/Atlantique, d’un budget de 8 milliards de dollars avec un potentiel de création de 120 000 emplois qui profiteront en premier lieu au peuple du Sahara marocain.  Il a conclu en signifiant que, contrairement à ceux qui prétendaient que le Maroc pillait ses ressources, le pays avait fourni d’énormes budgets au développement des régions désertiques du Sahara

M. MANSOUR MOHAMED FADEL DOUIHI, de l’Association sahraouie contre l’impunité aux camps de Tindouf, a estimé, en tant que Sahraoui des provinces du sud, que le récent rapport du Secrétaire général sur la question du Sahara occidental prouve la légitimité de la récente intervention militaire du Maroc suite à la présence de groupes armés sur une route principale et d’autres pratiques qui vont à l’encontre du cessez-le-feu et empêchent la MINURSO de s’acquitter de son mandat.  Le rapport insiste aussi sur le rôle central de l’Algérie qui participe aux tables rondes.  Il a évoqué la situation précaire des habitants des camps de Tindouf et le trafic de l’aide internationale qui s’y fait.  Pour M. Douihi, le Front POLISARIO est responsable des entraves dont souffrent les forces de l’ONU.

M. CHRIS SASSI, Président de S.K.C., a reproché au Maroc de continuer d’occuper une grande partie de son voisin, le Sahara Occidental, et de faire obstacle au processus de décolonisation.  Le Maroc est resté dans son aveuglement colonial, a-t-il estimé, et ne veut pas entendre parler de droit à l’autodétermination, encore moins d’indépendance, la seule volonté du Maroc résidant actuellement dans sa stratégie permanente de créer une tension dans la région.  L’enjeu du renouvellement de la MINURSO sera d’amener les deux parties à respecter le cessez-le-feu conclu en 1991 sous l’égide de l’ONU et de permettre à ladite Mission d’accomplir le mandat qui lui a été fixé par le Conseil de sécurité, à savoir, l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.  M. Sassi a ajouté que le Front POLISARIO a proclamé la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976 et ne demande que sa légitimité « ni plus ni moins ».

Mme JANET LENZ, de International Faith and Peace Dialogue, a expliqué que sa rencontre avec les Sahraouis dans sa jeunesse avait changé sa vie.  Ils vivent dans des tentes à même le sol, a-t-elle relaté.  Nous bénéficions d’eau propre et de l’air conditionné, pas eux, s’est-elle émue.  Elle a souligné la différence entre la vie des pays développés et celle des Sahraouis qui se trouvent dans des conditions précaires.  On leur a dérobé leur patrie, a-t-elle ajouté.

M. MALAAININ BOULON a déclaré qu’en tant que natif de la région du Sahara, il avait été témoin en première ligne de tous les problèmes que ce conflit a suscités.  Les provinces du sud jouissent aujourd’hui d’un niveau d’investissement nouveau, avec des infrastructures de premier plan et un attachement à la justice sociale.  « Nous jouissons du niveau de pauvreté le plus bas du Royaume », s’est-il enorgueilli.  Si nos frères et sœurs qui ont été élevés dans les camps avaient le choix, ils préfèreraient vivre dans la liberté, la dignité et la prospérité plutôt que dans la pauvreté, a-t-il assuré.  Une région autonome sous drapeau marocain ne doit pas attendre, a-t-il conclu.

M. PEDRO DÍAZ DE LA VEGA GARCÍA, Banco de Alimentos, a fait observer que la Constitution marocaine de 2011 prévoit un processus de développement des provinces du sud.  Il y a un mois, a-t-il rappelé, des élections générales ont été tenues au Maroc, y compris dans ses provinces du sud.  Lors de cet exercice démocratique, des taux de participation record ont été réenregistrés à Dakhla et Laayoune, ce qui prouve la volonté du peuple de cette région de s’intégrer à la nation marocaine qu’ils reconnaissent comme leur patrie.  Les femmes ont dûment participé à ce processus et plusieurs candidates ont triomphé aux urnes.  La question du Sahara occidental est donc tranchée, s’est réjoui M.  Vega Garcia, qui a attiré l’attention sur les 24 consulats généraux que compte désormais le Sahara.  Les progrès ne pourront être arrêtés « artificiellement » et compte tenu de cela, la Commission devrait supprimer ce point de son ordre du jour.

M. AGRON PALI, a parlé de « la dernière colonie d’Afrique », le Sahara occidental, et a rappelé que l’ONU n’a cessé de militer pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, alors que le Maroc occupe illégalement son territoire.  Il n’existe pas de liens de souveraineté entre le Maroc et le Sahara occidental, ce que reconnaissent le droit international et l’Assemblée générale elle-même puisqu’elle qualifie la présence marocaine « d’acte d’occupation ».  M. Pali a d’ailleurs fait remarquer que le Sahara occidental est le seul territoire sans puissance administrante parmi les 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  On ne saurait refuser plus longtemps le droit à l’autodétermination au peuple sahraoui, a-t-il martelé, en soulignant les conséquences graves de cette question pour la région et en exhortant l’ONU à agir sans plus tarder.

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