8861e séance – après-midi
CS/14638

Conseil de sécurité: de retour de Syrie, M. Griffiths évoque une réalité humanitaire encore plus terrible que les chiffres ne peuvent le décrire

De retour d’un déplacement en Syrie, au Liban et en Turquie, le Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que les besoins humanitaires en Syrie sont plus importants qu’ils ne l’ont jamais été, « même si les médias en parlent moins », précisant qu’environ 13,4 millions de personnes ont besoin d’aide, soit une augmentation de 21% par rapport à l’année dernière. 

M. Martin Griffiths, qui est également Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a aussi indiqué avoir constaté au cours de sa visite que le manque d’accès à l’eau potable a un impact disproportionné sur la santé en générale et la santé reproductive des femmes et des filles en particulier.  La situation actuelle est intenable pour toute la région, a-t-il noté, appelant les parties concernées à travailler ensemble pour trouver une solution convenue. 

Le Secrétaire général adjoint a en outre relevé que même si les promesses de don au plan de réponse humanitaire pour la Syrie s’élèvent à 4,2 milliards de dollars, seulement 27% des fonds attendus ont été débloqués.  Et même si ce total augmente dans les prochains mois, le financement ne suit pas le rythme des besoins croissants des Syriens, a-t-il signalé. 

M. Griffiths a par ailleurs indiqué que pendant son séjour à Alep, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait achevé sa première opération par-delà les lignes de front vers le nord-ouest de la Syrie depuis 2017, permettant ainsi d’acheminer des rations alimentaires pour quelque 50 000 personnes dans le besoin. 

Cependant, les défis rencontrés mettent en évidence à la fois la difficulté de déployer des opérations entre les lignes de front et le fait qu’à ce stade, les opérations transfrontalières restent le moyen le plus efficace et le plus prévisible d’atteindre des millions de personnes dans le besoin, a-t-il estimé. Néanmoins, les Nations Unies veulent capitaliser sur cette initiative du PAM, et une opération interorganisations par-delà les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie est en cours de planification. 

La plupart des délégations ont salué cette première mission entre les lignes de front, même si pour certaines, comme les États-Unis, celle-ci ne saurait remplacer l’aide transfrontalière.  Le mécanisme transfrontalier de l’ONU reste le seul outil pour maintenir en vie quatre millions de personnes et insuffler de l’espoir pour l’avenir, a confirmé la Turquie.  Le renouvellement de ce mécanisme pour 12 mois a été un soulagement, mais nous savons tous que cela est insuffisant pour répondre aux besoins, a également affirmé la France, avant d’encourager les agences onusiennes à intensifier les convois transfrontaliers afin de prépositionner de l’aide humanitaire avant l’hiver.  

Même si des pays occidentaux continuent d’appuyer le mécanisme d’aide transfrontalière, mon pays restera fidèle à l’objectif d’apporter une aide depuis l’intérieur de la Syrie, a déclaré pour sa part le délégué syrien qui a appelé à mettre un terme à ce mécanisme « politisé » qui viole la souveraineté syrienne.  Le délégué syrien a par ailleurs espéré que la récente visite de M. Griffiths permettra de « corriger » la relation de la Syrie avec OCHA.  « Il faut éviter toute politisation et tout diktat des pays occidentaux dans la livraison de l’aide », a-t-il asséné. 

À l’instar de l’appel de l’Iran à la levée des sanctions unilatérales la Fédération de Russie s’est appuyée sur un rapport de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) qui indiquerait que les sanctions américaines ont contribué de manière significative à la dévaluation de la livre syrienne, restreint le commerce, et conduit à une augmentation des activités criminelles et du marché noir.  « Les données publiées par l’USAID démontrent la véritable ampleur de l’impact des sanctions antisyriennes américaines sur chaque Syrien », a souligné la délégation qui a regretté que « certains de nos collègues européens » tentent d’en rejeter la responsabilité sur Damas, en dépit de statistiques évidentes et des appels internationaux. 

La Fédération de Russie s’est par ailleurs déclarée préoccupé par la situation dans le camp de déplacés de Hol, faisant état de 74 meurtres depuis le début de l’année et d’une « radicalisation active » des résidents, rappelant que la « Puissance occupante » est responsable de tout ce qui s’y passe. 

La Norvège, au nom des porte-plumes sur le dossier humanitaire syrien (Irlande et Norvège) a pour sa part dénoncé les entraves à l’éducation en Syrie où 7000 écoles ont été endommagées tandis que deux millions d’enfants ne sont pas scolarisés. 

« Il faut protéger ceux qui risquent leur vie pour sauver celle des autres », a également plaidé la délégation, en écho au cri du cœur lancé par Mme Amany Qaddour, la Directrice  Régionale  de  Syria  Relief and  Development, qui a pris la parole au nom de  2000  travailleurs  humanitaires  qui  fournissent  des services de  santé  et  autres  services  vitaux  en  Syrie  depuis 10 ans.  Elle a fait état d’une augmentation des cas de viol et d’autres formes de violence sexuelle ainsi que d’une augmentation des suicides chez les jeunes et les enfants « dont la vie entière a été imprégnée de conflits ». 

Précisant que moins de 2% de la population est vaccinée contre la COVID-19, Mme Qaddour s’est inquiétée de l’augmentation exponentielle des nombres de cas face à une pénurie massive de vaccins.  Elle a également indiqué que la pandémie constitue un obstacle critique à l’accès à l’école, le système éducatif syrien paralysé n’ayant tout simplement pas la capacité de maintenir ou même de faciliter l’apprentissage à distance. 

La situation au Moyen-Orient

Déclarations

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. MARTIN GRIFFITHS, a dit être rentré la semaine dernière d’un déplacement en Syrie, au Liban et en Turquie, sa première mission dans la région dans le cadre de ses nouvelles fonctions.  Il a déclaré que les besoins humanitaires en Syrie sont plus importants qu’ils ne l’ont jamais été, « même si les médias en parlent moins ».  Environ 13,4 millions de personnes en Syrie ont besoin d’une aide humanitaire, soit une augmentation de 21% par rapport à l’année précédente et le chiffre le plus élevé depuis 2017, a-t-il précisé.  La réalité vécue en Syrie est encore plus terrible que les chiffres ne peuvent le décrire, a témoigné le Coordonnateur des secours d’urgence. 

À Alep par exemple, il a dit avoir parlé avec des femmes, des hommes et des enfants des effets profonds de plus de 10 ans de conflit.  Les enfants ont demandé de l’aide pour apprendre, recevoir des soins de santé et du carburant pour rester au chaud pendant l’hiver à venir.  Les ménages dirigés par des femmes ont parlé des difficultés qu’ils ont à trouver des revenus pour que leurs familles survivent.  Les patients et leurs familles doivent voyager depuis la périphérie de la ville d’Alep pour recevoir des traitements, en supposant qu’ils soient même disponibles, dans une clinique tenue par une ONG locale et qui fonctionne avec une électricité et une eau courante limitées et peu de médicaments. 

Les familles vivent avec le chagrin au quotidien car le manque de pièce d’identité, de passage sûr et de garanties de sécurité empêchent leurs retrouvailles avec leurs proches.  M. Griffiths a indiqué avoir constaté par lui-même et avec inquiétude les répercussions de la crise prolongée de l’eau qui touche de nombreuses régions de la Syrie.  Le manque d’accès à l’eau potable a un impact disproportionné sur la santé générale et la santé reproductive des femmes et des filles en particulier, a-t-il expliqué.  La situation actuelle est intenable pour toute la région, a-t-il noté, appelant les parties concernées à travailler ensemble pour trouver une solution convenue. 

Le Secrétaire général adjoint a relevé que les donateurs restent généreux dans leur soutien au plan de réponse humanitaire en Syrie qui s’élève à 4,2 milliards de dollars, le plus important au monde.  Cependant, les besoins humanitaires dépassent les ressources disponibles, car seulement 27% des fonds attendus ont été débloqués.  Et même si ce total augmentera dans les prochains mois, le financement ne suit pas le rythme des besoins croissants des Syriens, a-t-il affirmé. 

M. Griffiths a dit avoir rencontré sur le terrain des communautés déterminées à recommencer leur vie, mais qui ont désespérément besoin d’un soutien au relèvement rapide pour tracer leur propre chemin vers un avenir meilleur.  Un investissement accru dans les activités de résilience est un moyen important d’y parvenir, a-t-il estimé, arguant que le fait de ne pas investir dans des activités de résilience provoquera probablement des besoins humanitaires et des tensions accrues. 

Les programmes de relèvement rapide et de moyens de subsistance sont déjà une partie essentielle de la réponse humanitaire en Syrie, a—t-il noté, rappelant que l’ONU et ses partenaires aident les élèves à avoir de l’eau potable dans leurs écoles, les familles déplacées à se loger plus durablement et les agriculteurs à labourer de nouveau leurs champs.  Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour mettre les Syriens sur la voie du rétablissement: l’ONU et ses partenaires doivent concevoir de nouveaux programmes, les autorités doivent faciliter encore plus d’activités, et les donateurs doivent investir davantage dans le relèvement rapide.  L’autonomie est le meilleur moyen d’aider les Syriens à retrouver un sens de l’avenir en Syrie, a-t-il confié. 

M. Griffiths a par ailleurs témoigné que pendant son séjour à Alep, le Programme alimentaire mondial (PAM) a achevé la première opération par-delà les lignes de front vers le nord-ouest de la Syrie depuis 2017, permettant d’acheminer des rations alimentaires pour quelque 50 000 personnes.  La mission a demandé des efforts considérables, de la confiance et de la négociation, a-t-il avoué, y voyant la preuve de la détermination de l’ONU et de ses partenaires à aider les personnes dans le besoin à travers toutes les modalités possibles. 

Mais il en faut beaucoup plus, a-t-il tempéré, notant que les fournitures du PAM ne suffisent à couvrir qu’une fraction des énormes besoins alimentaires du nord-ouest de la Syrie.  De plus, les défis rencontrés mettent en évidence à la fois la difficulté de déployer des opérations entre les lignes de front et le fait qu’à ce stade, les opérations transfrontalières restent le moyen le plus efficace et le plus prévisible d’atteindre des millions de personnes dans le besoin. Néanmoins, les Nations Unies veulent capitaliser sur cette initiative du PAM, et une opération interorganisations par-delà les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie est en cours de planification. 

Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs dit avoir fait part de ses préoccupations aux autorités syriennes concernant la protection des civils, la nécessité d’un accès humanitaire et le bien-être des plus de 36 000 personnes déplacées par les hostilités à Dera, dans le sud du pays.  Il a salué la nouvelle du cessez-le-feu récent, ainsi que le rétablissement de l’accès humanitaire.  L’ONU et ses partenaires utiliseront les évaluations des prochains jours afin d’orienter les futurs efforts de secours, a-t-il promis. 

Constatant que la Syrie est prise dans une spirale descendante, il a prédit que le pays continuera d’être un lieu de tragédie, de besoin et de souffrance, « du moins à court terme ».  Il nous incombe donc d’identifier, de développer et d’investir dans des moyens durables et efficaces d’apporter de l’aide, a-t-il dit. 

Mme AMANY QAADOUR, Directrice régionale de Syria Relief and Development, a pris la parole au nom de 2 000 travailleurs humanitaires qui fournissent des services de santé et autres services vitaux en Syrie depuis 10 ans dans un contexte qui s’apparente à « l’enfer sur terre » et malgré des défis insurmontables quotidiens. 

Elle a indiqué que l’escalade des hostilités dans le nord-ouest de la Syrie au cours de l’année écoulée a touché les civils et les travailleurs humanitaires et réduit les espaces où les civils étaient en sécurité.  En ce qui concerne les groupes les plus vulnérables, elle a fait état d’une augmentation de la violence qui touche les femmes et les enfants.  « Nous avons constaté une augmentation des cas de viol et d’autres formes de violence sexuelle chez les enfants et les adolescents », a-t-elle précisé.  De même, elle a dénoncé l’exploitation, le recrutement et le travail des enfants, y compris des travaux manuels lourds dans la construction et l’exploitation minière pour des enfants dès l’âge de 10 ans.  « Nous avons vu une augmentation des suicides chez les jeunes et les enfants dont la vie entière a été imprégnée de conflits », a-t-elle en outre alerté. 

Mme Qaadour a aussi témoigné de l’incapacité des enfants à aller à l’école, en raison des déplacements continus, mais aussi à cause du désespoir économique qui contraint de nombreuses familles à prendre des décisions difficiles et de demander à leurs enfants de travailler pour subvenir aux besoins de la famille.  La pandémie de COVID-19 constitue un autre obstacle critique à l’accès à l’école alors que le système éducatif syrien paralysé n’a tout simplement pas la capacité de maintenir ou même de faciliter l’apprentissage à distance.  

Précisant que moins de 2% de la population est vaccinée contre la COVID-19, Mme Qaadour s’est inquiétée de l’augmentation exponentielle des nombres de cas face à une pénurie massive de vaccins.  À cause de la pandémie, certaines tranches de la population sont devenues plus isolées, comme les personnes âgées ou handicapées qui ont été difficiles à atteindre et en même temps incapables d’accéder aux services vitaux dont elles ont besoin en dehors de leur domicile. 

Au nom des porte-plumes sur le dossier humanitaire syrien, l’Irlande et la Norvège, Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a salué la générosité des pays qui accueillent les Syriens, ainsi que le premier acheminement de l’aide entre les lignes de démarcation dans le nord-ouest de la Syrie, depuis 2017.  Elle a appelé tous les acteurs à faciliter ces acheminements, avant de s’inquiéter de la situation « très fragile » dans la ville de Deraa. La représentante a dénoncé des tirs de mortier contre un hôpital de cette ville, le 30 août et a rappelé les risques sécuritaires que prend le personnel de santé; 27 membres de ce personnel ayant trouvé la mort cette année.  La représentante a aussi dénoncé les entraves à l’éducation en Syrie où 7 000 écoles ont été endommagées, privant deux millions d’enfants d’éducation. Notant pour finir l’augmentation des besoins humanitaires, aggravés par la pandémie, elle s’est prononcée en faveur d’une opération humanitaire encore plus large. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a réitéré d’emblée qu’il n’y a pas d’alternative viable à un règlement politique du conflit.  Il faut, a-t-il dit, remettre la Syrie sur la voie de la sécurité et du développement, et la communauté internationale doit l’accompagner par une aide humanitaire adéquate pour répondre aux risques nés de la violence, du conflit, de la COVID-19 et des changements climatiques.  Saluant l’accent qui a été mis sur le dialogue et la négociation pour éviter une escalade à Deraa, le représentant a espéré un cessez-le-feu sur tout le territoire syrien.  Il a également espéré que les Nations Unies et leurs partenaires soutiendront les efforts du Gouvernement syrien pour le retour à la normalité.  

Prenant note du déploiement du premier convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) à travers les lignes de front, le représentant a appelé toutes les parties à collaborer de manière positive et à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et médicale.  Les Nations Unies, a-t-il ajouté, doivent mobiliser les ressources nécessaires pour pouvoir apporter une réponse à la hauteur des besoins. Le représentant a dit suivre avec préoccupation la tendance actuelle du terrorisme et des déplacements en Syrie et dans la région.  Il faut, a-t-il conclu, veiller à ce que la Syrie ne redevienne pas une bastion pour les terroristes.  Son peuple aspire à un avenir meilleur qui peut être créé par des moyens dignes, a ajouté le représentant. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé urgent de mettre en place une cessation immédiate des hostilités, sous supervision des Nations Unies à l’échelle nationale, ainsi qu’une pause humanitaire, conformément aux résolutions 2532 (2020) et 2254 (2015) et à l’appel du Secrétaire général.  Le représentant a demandé que le droit international humanitaire soit strictement respecté par tous, rappelant aussi que depuis mars dernier, 19 agents humanitaires ont été tués au nord-ouest de la Syrie.  Il a condamné ces attaques, précisant ensuite qu’elles ne resteront pas impunies et assurant que la France continuera à apporter son plein soutien aux mécanismes de lutte contre l’impunité, notamment au Mécanisme international, impartial et indépendant et à la Commission d’enquête pour la Syrie.  

Il a réclamé un accès humanitaire sûr et sans entrave, y compris à Deraa et au nord-est.  Dans le contexte de la pandémie, il est à cet égard essentiel d’accélérer les campagnes de vaccination contre la COVID-19, a-t-il dit.  M. de Rivière a ensuite déclaré qu’il est important que l’assistance acheminée par les lignes de front ne se limite pas à l’aide alimentaire et se fasse dans le plein respect des principes humanitaires.  Selon lui, le mécanisme transfrontalier sera nécessaire aussi longtemps que l’aide humanitaire ne parviendra pas à toutes les populations qui en ont besoin sur l’ensemble du territoire syrien, et ce, sur la base d’une évaluation objective.  Le renouvellement de ce mécanisme pour 12 mois a été un soulagement. Mais nous savons tous que cela est insuffisant, a-t-il ajouté, avant d’encourager les agences onusiennes à intensifier les convois transfrontaliers afin de prépositionner l’aide avant l’hiver.  Sans solution politique crédible, la position de la France et de ses partenaires sur la normalisation, la reconstruction et les sanctions restera inchangée, a-t-il conclu. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a tout d’abord axé son propos sur l’aide humanitaire à la Syrie, saluant les efforts qui visent à en accroître l’accès pour les plus de 13,4 millions de personnes dans le besoin.  Il s’est félicité à cet égard que la première mission menée entre les lignes de conflit dans le Nord-Ouest ait pu avoir lieu.  Cette opération a permis le passage de 14 camions chargés de produits alimentaires, depuis des zones sous contrôle gouvernemental vers Sarmada, a-t-il salué, espérant que ce mécanisme sera renforcé.  Le représentant a toutefois relevé que le nombre de camions entrés par cette voie « contraste fortement avec le millier qui, en moyenne, traverse le point de passage de Bab el-Haoua tous les mois ».  Cela étant, a-t-il ajouté, les deux modes de livraison sont nécessaires et complémentaires, notamment pour augmenter le nombre de vaccins contre la COVID-19 atteignant la population.  

Le délégué s’est ensuite déclaré préoccupé par les combats de ces derniers mois dans le nord-ouest mais aussi le sud-ouest de la Syrie.  Dans cette région, la Fédération de Russie a, certes, facilité un accord de cessez-le-feu à Deraa, mais la situation reste très fragile, a-t-il noté, indiquant que plus de 36 000 personnes ont été déplacées en raison des violences.  D’autre part, à Edleb, nous avons encore une fois assisté à la mort de civils innocents, a déploré M. de la Fuente Ramirez, avant d’appeler à un cessez-le-feu national durable. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est dit vivement préoccupée par l’escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie, en violation de l’accord de cessez-le-feu.  Elle a précisé que la région d’Edleb essuie environ 20 frappes aériennes par jour et rappelé que 19 travailleurs humanitaires ont été tués cette année depuis le mois de mars.  Il est capital de respecter l’accord de cessez-le-feu, a-t-elle martelé.  Elle a déploré la situation difficile autour de la ville de Deraa, en rappelant que 20 000 personnes ont un accès limité à l’eau.  Elle a demandé un accès humanitaire sans entraves à cette ville, avant de saluer le plan de réponse élaboré par l’ONU pour faire face à la crise de l’eau dans le nord-est syrien.  La déléguée a aussi demandé le renforcement de l’aide transfrontalière pour faire face aux besoins dans le nord du pays.  Elle a salué la première opération de livraison à travers les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie et rendu hommage à la mémoire des deux soldats turcs tués ce weekend. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a déclaré que seule une solution politique permettra de résoudre la crise humanitaire, dans tous ses aspects.  Il s’est inquiété de la présence de forces étrangères et de groupes armés soutenus par l’étranger qui ne font qu’aggraver la situation.  Il a cité des informations qui montrent que des groupes terroristes mis au ban par les Nations Unies, tels que Hayat Tahrir al-Sham et Daech, continuent d’attaquer des civils dans les zones rurales d’Edleb, de Hama et dans le nord-est.  Le représentant s’est aussi inquiété de l’aggravation de la situation dans des camps de déplacés, comme celui de Hol. 

Mettant l’accent sur une aide humanitaire essentielle, il a appelé à des mesures concrètes pour surmonter les obstacles à l’acheminement transfrontalier. Il a souligné l’importance d’un mécanisme de surveillance efficace, impliquant les autorités syriennes, pour permettre une aide fluide et efficace.  La communauté internationale, a-t-il dit, doit donner la priorité au financement du plan de réponse humanitaire et à la reconstruction.  Le représentant a souligné que son pays a élargi son aide et son soutien au renforcement des capacités humaines syriennes grâce à des subventions et des lignes de crédit pour financer projets, achats de médicaments et de nourriture, appareillage de membres artificiels et des programmes de formation. 

M. SHUANG GENG (Chine) s’est félicité de la récente visite de M. Griffith en Syrie et a espéré que l’OCHA maintiendra sa collaboration avec les autorités syriennes.  La communauté internationale doit renforcer l’aide humanitaire et allouer les fonds nécessaires, a poursuivi le représentant, en insistant sur l’importance des projets de relèvement rapide dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de la santé, de l’éducation et des abris, comme il est stipulé dans la résolution 2585 du Conseil de sécurité.  Notant que le Gouvernement syrien vient de prendre des mesures pour promouvoir la vaccination contre la COVID-19, promouvoir le secteur agricole et soutenir les petites et moyennes entreprises, il a dénoncé le fait que ces efforts soient entravés par les sanctions unilatérales.  Il a donc réclamé leur levée et demandé au Conseil de sécurité de renforcer la surveillance du mécanisme d’aide transfrontalier et de faire preuve d’impartialité.  Le représentant a salué le premier convoi humanitaire à travers les lignes de front dans le nord-ouest ainsi que le cessez-le-feu conclu par les deux parties à Deraa. S’inquiétant de la réémergence de groupes terroristes en Syrie, il a exhorté la communauté internationale à soutenir les efforts antiterroristes du Gouvernement syrien. 

Se disant vivement préoccupée par la situation sécuritaire en Syrie, Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a constaté que les hostilités ont encore exacerbé les déplacements et entravé l’accès humanitaire vital.  Alors que la crise économique est aggravée par la pandémie de COVID-19 et que des millions de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire à l’approche de l’hiver, la représentante a estimé que l’acheminement transfrontalier de l’aide humanitaire est d’une importance cruciale.  Cependant, ce mécanisme « ne suffit pas à lui seul », a-t-elle souligné, jugeant que d’autres modalités indispensables telles que les livraisons par-delà les lignes de front sont nécessaires pour le compléter.  Elle s’est réjouie à cet égard que la première opération par-delà les lignes de front vers le nord-ouest ait pu avoir lieu fin août et a exhorté toutes les parties à continuer de travailler ensemble pour étendre ce mode de livraison, notamment pour permettre une distribution efficace des vaccins contre la COVID-19. 

Au-delà de l’aide humanitaire, d’autres mesures doivent être prises pour aider les Syriens dans le besoin, a-t-elle poursuivi, avant d’appeler à la levée de toutes les mesures coercitives unilatérales imposées au pays.  Ces mesures ont eu un impact négatif indirect sur la population civile et sont incompatibles avec le droit international, a-t-elle martelé, réclamant en outre une assistance pour la reconstruction de la Syrie et les efforts de réhabilitation.  Ces efforts couteux nécessitent le soutien de la communauté internationale, a ajouté la déléguée, rappelant qu’ils conditionnent également le retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays.  

Attirant l’attention du Conseil sur la sécheresse que connaît la Syrie, la pire depuis des décennies, la représentante a averti que la crise de l’eau, accentuée par la menace existentielle des changements climatiques, met des millions de vies et de moyens de subsistance en péril.  Enfin, elle a souligné que ces défis multidimensionnels sont aggravés par la présence de forces étrangères non autorisées sur le territoire souverain de la Syrie.  Selon elle, une « diplomatie internationale constructive » doit être encouragée pour appuyer un processus politique qui répond aux aspirations du peuple syrien.  

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a déclaré que la situation humanitaire en Syrie est loin de s’améliorer.  Au chapitre sécuritaire, bien que l’accord russo-turc sur la zone de désengagement au nord-ouest tienne toujours, il faut néanmoins déplorer la persistance de violence et des affrontements sporadiques, qui continuent d’affecter des populations civiles prises au piège.  Le représentant a salué l’accord trouvé entre l’opposition armée et les forces gouvernementales dans la ville de Deraa mais a estimé que la situation sécuritaire dans le camp de Hol doit faire l’objet d’un traitement judicieux de la part de la communauté internationale. 

Il a salué le début, les 30 et 31 août, de la première livraison d’aide entre les lignes de démarcation dans le nord-ouest de la Syrie comme « une étape cruciale ».  Nous aimerions, a-t-il avoué, plus de coopération de ce type entre tous les acteurs humanitaires des deux côtés.  Enfin, M. Aougi a appelé à l’allègement ou à la suspension des sanctions économiques unilatérales qui pèsent « lourdement » sur la capacité de la Syrie à s’attaquer à la pandémie de COVID-19 et à sa crise économique. 

Préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire M. ANDRE LIPAND (Estonie) a condamné fermement la poursuite des bombardements contre les zones urbaines à Edleb, où plusieurs civils ont été tués dans une série d’attaques menées par les forces gouvernementales et leurs alliés.  Les civils doivent être protégés à tout moment et les attaques contre les biens civils doivent cesser, a-t-il insisté, avant de s’inquiéter des fortes tensions à Deraa, malgré l’accord trouvé entre le « régime syrien » et les forces locales.  Le représentant a jugé urgent d’améliorer la situation humanitaire « désastreuse » des 36 000 personnes déplacées, principalement des femmes et des enfants. 

Il s’est aussi inquiété de l’augmentation du nombre des cas de COVID-19, en particulier dans le nord-ouest de la Syrie, et des épidémies d’origine hydrique dans le nord-est.  Tout en estimant que l’acheminement d’un premier convoi à travers les lignes de front dans le nord-ouest est un pas dans la bonne direction, le représentant a prévenu que ces convois ne sauraient remplacer l’acheminement transfrontalier « indispensable ».  Il a ensuite plaidé en faveur des femmes, des enfants et des personnes handicapées qui restent exposés à des risques accrus.  Il a exigé la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement et des prisonniers politiques, avant d’appeler à la fin de l’impunité pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité. 

« Mois après mois, nous nous habituons à entendre parler de la situation dramatique qu’endurent plus de 13 millions de personnes en Syrie en raison d’une crise à la fois sécuritaire, économique, alimentaire, hydrique et sanitaire », a déploré M. HAI ANH PHAM (Viet Nam).  À ses yeux, cette situation nécessite qu’un accès humanitaire sûr et sans entrave soit garanti.  Saluant à cet égard l’adoption à l’unanimité de la résolution 2585 (2021) qui permet de poursuivre l’acheminement transfrontalier de l’aide humanitaire dans le nord-ouest du pays, le délégué s’est réjoui que des livraisons par-delà les lignes de front aient également atteint cette région les 30 et 31 août, après des mois de négociations.  Nous encourageons une coordination plus poussée entre les parties concernées afin d’améliorer la fréquence et la quantité de ce mode de livraison, a-t-il dit, souhaitant que l’aide arrive dans le nord-ouest par « tous les canaux appropriés » avant les difficultés liées à l’hiver.  Il s’est par ailleurs félicité des progrès réalisés dans les livraisons par-delà les lignes de front au nord-est, où les pénuries d’eau et de matériel médical se font sentir.  

Compte tenu de l’évolution préoccupante de l’épidémie de COVID-19 en Syrie, le représentant a également souhaité qu’une attention particulière soit accordée à la distribution de vaccins dans tout le pays.  En écho à l’appel du Secrétaire général, il a une nouvelle fois demandé la levée des sanctions qui entravent la réponse humanitaire à la pandémie.  Enfin, appelant à un soutien continu à la Syrie en ces temps difficiles, il a souhaité que « l’esprit de coopération » de ces derniers mois soit entretenu.  À plus long terme, a-t-il conclu, la seule voie viable pour mettre fin à la crise humanitaire actuelle passe par la réalisation d’une solution politique globale, par et pour les Syriens, conformément à la résolution 2254 (2015). 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a encouragé le Gouvernement américain à poursuivre son travail avec le Gouvernement syrien et toutes les autres parties prenantes, en vue d’assurer l’acheminement efficace de l’aide humanitaire à chaque Syrien dans le besoin.  Il s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans le nord-ouest, le nord-est et le Sud de la Syrie où il y a eu des bombardements et des frappes aériennes incessants et leur lot de victimes.  De même, il a évoqué l’insécurité persistante dans le camp de Hol où 59 000 personnes vivent dans une peur constante d’attaques effrénées.  Le représentant a demandé aux pays concernés de rapatrier leurs citoyens pour apaiser les tensions dans le camp.  

Pour lui, il est essentiel que toutes les parties respectent le cessez-le-feu national et que tous les responsables de violations soient poursuivis.  Il s’est également inquiété de la situation économique, notamment de l’inflation galopante qui affecte l’accès aux produits de première nécessité dont la nourriture.  Il faut d’ailleurs fait observer que les mesures coercitives unilatérales ont considérablement contribué à la situation économique et aux difficultés qu’a le Gouvernement syrien de subvenir aux besoins des plus vulnérables.  M. Kiboino a réclamé la levée de ces mesures, d’autant plus que les opérations humanitaires sont également affectées. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a déclaré que la situation en Syrie ne fait que s’aggraver, avec notamment une augmentation des cas de COVID-19 alors que les moyens de dépistage manquent.  Les besoins de protection vont s’accroître et il est crucial d’apporter une aide à des millions de Syriens, a-t-il dit.  Il s’est dit préoccupé par la situation dans la ville de Deraa et dénoncé le fait que le « régime syrien » ait fait des déplacements forcés une véritable « tactique ».  Le délégué a demandé un accès humanitaire sans entrave et exhorté les parties à respecter le cessez-le-feu.  Il a en outre demandé une solution à long terme à la situation dans le camp de Hol.  Il a salué la première opération de livraison d’aide à travers les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie, tout en soutenant toutes les modalités d’acheminent de l’aide.  L’aide à travers les lignes de front ne saurait remplacer l’aide transfrontalière, a-t-il martelé, à son tour.  Il a une nouvelle fois souligné l’insuffisance d’un seul point de passage et réclamé la réouverture de deux autres.  En Syrie, la seule solution viable est politique, a conclu le délégué. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) s’est tout d’abord félicité de la « réussite » de la première opération humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) menée à Edleb en traversant les lignes de front.  Soulignant les difficultés de coordination de l'envoi de ce convoi à l’entrepôt de Sarmada, il a exhorté toutes les parties concernées à ne pas se contenter de ce résultat « encore modeste et ponctuel ».  En l’absence d’un mécanisme, la distribution de la nourriture livrée n’a pu avoir lieu et l’aide est maintenue dans un entrepôt « sous la surveillance de partenaires anonymes  mais soi-disant vérifiés », a-t-il relevé, demandant à cet égard si ces derniers sont membres des 80 ONG mentionnées dans le dernier rapport du Secrétaire général. 

Le représentant a insisté sur la nécessité d’établir des approvisionnements humanitaires stables par-delà les lignes de front dans le nord-ouest.  « Les demi-mesures ne permettront pas de résoudre ce problème », a-t-il prévenu, reprochant aux « membres occidentaux du Conseil » de ne pardonner aucun retard à Damas dans la délivrance de permis de travail au personnel de l’ONU, alors qu’ils ne montrent pas le même zèle pour faire pression sur les groupes terroristes qu’ils « protègent » à Edleb.  « Il s’agit là d’un deux poids, deux mesures », a-t-il regretté. 

Il a ensuite pris note avec satisfaction de la « normalisation » de la situation dans la province de Deraa, obtenue grâce aux efforts de Damas et à la médiation militaire russe.  Les civils rentrent déjà chez eux et l’aide humanitaire arrive dans la province grâce à l’ONU et au Croissant-Rouge arabe syrien, s’est-il réjoui, reconnaissant toutefois que les Syriens ont d’autres problèmes beaucoup plus urgents à résoudre.  En particulier, a-t-il pointé, « nous continuons d’entendre au Conseil les représentants d’un certain nombre de pays occidentaux parler des effets des sanctions prétendument ciblées qu’ils ont imposées aux responsables syriens et assurer que ces mesures n’affectent en rien la vie des Syriens ordinaires ». 

Parallèlement, a poursuivi le délégué, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a publié en août un « intéressant rapport » qui analyse la situation en Syrie dans le contexte de la pandémie de COVID-19 entre juillet 2020 et juillet 2021.  Donnant lecture de plusieurs passages de ce rapport, il a notamment cité un extrait selon lequel « les sanctions américaines, entrées en vigueur en juin 2020, ont contribué de manière significative à la dévaluation de la livre syrienne et à l’augmentation de la crise économique ».  À un autre moment, le rapport indique que « le commerce a également été restreint par les sanctions américaines, qui ont conduit à une augmentation des activités criminelles et du commerce informel sur le marché noir  ».  Il est également précisé que « les précautions contre la COVID-19, les pénuries de carburant, la dépréciation de la devise, les sanctions économiques, les restrictions à l’importation et les coûts de transport élevés ont tous contribué à une augmentation globale des prix des principaux intrants et produits agricoles depuis mars 2020 ».  

Pour le représentant, les données publiées par l’USAID démontrent la véritable ampleur de l’impact des sanctions antisyriennes américaines sur chaque Syrien.  Il a donc regretté que « certains de nos collègues européens » tentent d’en rejeter la responsabilité sur Damas, en dépit de statistiques évidentes et des appels internationaux, dont celui du Secrétaire général. 

Le délégué s’est par ailleurs déclaré préoccupé par la situation dans le camp de déplacés de Hol, faisant état de 74 meurtres depuis le début de l’année et d’une « radicalisation active » des résidents.  Notant qu’une situation similaire est observée dans la région de Tanf, il a rappelé que la « Puissance occupante » est responsable de tout ce qui se passe dans ces territoires.  Alertant également sur la question de l’eau qui constitue une menace pour les populations et les récoltes dans le nord de la Syrie et sur la rive orientale de l’Euphrate, il a appelé les bailleurs de fonds à y prêter attention et à fournir à l’ONU le soutien nécessaire à la mise en œuvre des dispositions pertinentes de la résolution 2585 (2021).   

Enfin, se disant soucieux que, cet hiver, le Conseil n’ait aucun problème avec l’extension du mandat du mécanisme transfrontalier d’aide humanitaire, le représentant a exhorté l’ONU et tous les membres du Conseil à commencer à organiser des approvisionnements à travers les lignes de front, ainsi qu’à contribuer à normaliser la situation humanitaire en Syrie et à renforcer son intégrité territoriale.  À ce sujet, il a rappelé que la résolution 2585 ne prévoit « aucun automatisme », ajoutant que « tout dépendra des progrès réalisés dans la mise en œuvre de ses dispositions ». 

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a affirmé que son gouvernement poursuit son travail « constructif » avec l’ONU pour améliorer la situation humanitaire.  Il a espéré que la récente visite de M. Griffiths permettra de « corriger » la relation de son pays avec l’OCHA.  Il faut, a-t-il conseillé, éviter toute politisation de l’aide et rejeter les « diktat » des pays occidentaux.  Il a salué le premier convoi du PAM à travers les lignes de front, tout en rappelant que ce convoi était approuvé « depuis des mois » par les autorités syriennes.  Il a rendu hommage au soldat syrien tué lors de la sécurisation de ce convoi « par une mine posée par des groupes terroristes ».  Il a accusé la Turquie d’entraver l’acheminement de l’aide à travers les lignes de front dans le nord-ouest.  Dans le nord-est, a-t-il poursuivi, 227 camions par mois, ont apporté l’aide à travers les lignes de front, entre janvier et juillet de cette année, soit bien plus que l’année dernière à la même période.  Cela n’aurait pas été possible sans la coopération des autorités syriennes, a fait observer le représentant.  

Même si des pays occidentaux continuent d’appuyer le mécanisme d’aide transfrontalière, mon pays, a-t-il prévenu, restera fidèle à l’objectif d’apporter une aide à l’intérieur de son territoire.  Il faut supprimer le mécanisme « politisé » qui viole la souveraineté syrienne, a tranché le représentant, avant de dénoncer les « effets inhumains » des sanctions et d’accuser le Royaume-Uni d’avoir entravé la livraison du matériel nécessaire au dépistage de la COVID-19. Le représentant a exigé le respect intégral de la souveraineté de son pays et réclamé le départ des forces turques et américaines qui cherchent « par leur présence illégale » à prolonger la crise.  Le régime turc doit cesser de faire de l’eau une arme de guerre, a conclu le représentant, sans oublier de réclamer la fin du « blocus » imposé par les États-Unis et l’Union européenne. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a relevé que l’escalade de la violence par le « régime d’Assad » continue de faire de plus en plus de victimes civiles et de provoquer d’importants déplacements depuis le cessez-le-feu à Edleb.  Dans ces conditions, le mécanisme transfrontalier de l’ONU reste le seul outil pour maintenir en vie 4 millions de personnes et insuffler de l’espoir pour l’avenir.  Nous avons été nombreux à souligner l’urgence de maintenir les opérations transfrontalières afin d’éviter les retombées de la COVID-19 dans la région.  Et il est clair que l’absence du mécanisme à ce moment critique serait dévastatrice.  Le délégué a indiqué qu’avec la résolution 2585 (2021) adoptée en juillet dernier, des millions de personnes vulnérables dans le nord-ouest continueront de bénéficier d’une aide transfrontalière au moins pendant un an.  Il a réitéré l’appel de la Turquie à mener des opérations par-delà les lignes de front dans le nord-est. 

Par ailleurs, M. Sinirlioğlu a affirmé que les atrocités commises par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK/YPG) et ses ramifications syriennes, les soi-disant Forces démocratiques syriennes, vont des attentats à la bombe contre des hôpitaux et des écoles au recrutement d’enfants et aux assassinats ou enlèvements.  Il a appelé à la responsabilité pour ces crimes, ajoutant que le moment venu, le régime sera tenu pour responsable des massacres systématiques et des énormes destructions qu’il a commis dans toute la Syrie. 

Malheureusement, a regretté Mme ZAHRA ERSHADI (Iran), les Syriens souffrent plus que jamais, comme l’a constaté M. Griffiths lors de sa récente visite.  La communauté internationale, a estimé la représentante, a la lourde responsabilité politique, morale et éthique de résoudre cette situation désastreuse.  Elle a salué le fait que le Coordonnateur des secours d’urgence se soit dit encouragé par ses discussions avec les responsables du Gouvernement syrien et par les développements ultérieurs sur le terrain, y compris la première opération humanitaire à travers les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie, depuis 2017. 

L’acheminement de l’aide humanitaire à Deraa, avec la coopération du Gouvernement syrien, est également une évolution importante, a noté la représentante qui a insisté sur la nécessité urgente d’une aide au relèvement et de l’amélioration des services sociaux de base en Syrie.  Elle a donc appelé à la mise en œuvre « pleine et effective » de la résolution 2585, dans laquelle le Conseil de sécurité appelle tous les États Membres à répondre par des mesures pratiques aux besoins urgents du peuple syrien.  Dans cette résolution, le Conseil demande également que ces efforts et ces mesures comprennent le soutien aux  services sociaux essentiels, grâce à des projets de relèvement rapide dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de la santé, de l’éducation et des abris. 

La représentante s’est félicitée de ce que le Coordonnateur des secours d’urgence ait dit qu’il faut considérablement augmenter l’aide au relèvement rapide et elle a jugé décevant que les besoins en Syrie ne cessent de croître alors que les financements ne font que diminuer.  Dès lors les contributions financières doivent augmenter mais cela ne suffira pas, a prévenu la représentante, sans la levée des sanctions unilatérales et l’arrêt du pillage du pétrole et des richesses de la Syrie.  L’eau ne saurait être transformée en arme et le retour des réfugiés et des déplacés doit être facilité.  La solution ultime c’est, bien sûr, la fin du conflit, le retrait total de toutes les forces étrangères non invitées, la défaite des terroristes et la garantie de l’intégrité territoriale, de l’unité et de l’indépendance politique de la Syrie, a déclaré la représentante.  En attendant, il a espéré que les derniers développements positifs résultant de la coordination et de la coopération entre le Gouvernement syrien et la communauté humanitaire produiront de nouveaux résultats et remplaceront les approches de la confrontation par celles de la coopération. 

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