Forum de la jeunesse
ECOSOC/7033

ECOSOC: les jeunes ont voix au chapitre dans la relève post-COVID et la réalisation des objectifs de développement durable

Ce matin, le coup d’envoi du dixième Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC) a été donné, forum qui se tient sur deux jours en format virtuel.  Alors que les jeunes ont été très touchés par la pandémie de COVID-19, ce rendez-vous annuel prend tout son sens pour mobiliser et impliquer les jeunes encore davantage en tant qu’agents du changement et moteurs du développement durable.

« L’avenir appartient aux jeunes », a rappelé le Président de l’ECOSOC, M. Munir Akram, raison pour laquelle il faut leur donner voix au chapitre.  « Le monde a besoin de votre audace, de votre imagination, de vos idées et de votre engagement », leur a-t-il dit.

« Agissez, accélérez la transformation dont nous avons besoin et comblez la fracture numérique qui risque de laisser trop de jeunes de côté », a complété le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, voyant en eux les acteurs de la quatrième révolution industrielle.

Si l’impact négatif de la pandémie sur les jeunes n’échappe à personne, le Secrétaire général, M. António Guterres, en a fait un bilan alarmant à bien des égards: près de 1,5 milliard d’étudiants ont vu leurs études interrompues, pas moins de 20 millions de filles risquent de ne pas reprendre leurs études une fois la pandémie terminée, un jeune sur six a perdu son emploi, et la santé mentale des jeunes s’est considérablement dégradée.  Ces impacts ne font qu’exacerber des défis auxquels les jeunes étaient déjà confrontés avant même que la pandémie ne frappe.  Le Secrétaire général a pointé du doigt les attitudes paternalistes et le rétrécissement de l’espace civil qui font que les jeunes se voient trop souvent encore refuser un rôle dans le façonnement de leur société.  Et, à cause de l’urgence climatique, ils héritent d’un monde confronté à une triple crise planétaire - perturbations climatiques, effondrement de la biodiversité et pollution (air, terre et eau). 

Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner que, tant en ligne que dans la rue, les jeunes expriment leur impatience face au rythme du changement, s’alarment face à la guerre contre la nature et font part de leur frustration face à l’injustice et la mauvaise gouvernance.  Pour faire en sorte que ces expressions d’action politique contribuent à l’avenir envisagé par les objectifs de développement durable, le Secrétaire général a appelé à écouter les jeunes et à leur offrir plus d’opportunités concrètes pour qu’ils s’engagent dans les systèmes de gouvernance, les processus démocratiques, la consolidation de la paix et les négociations de paix, sans compter la toute première Stratégie pour la jeunesse à l’échelle du système de l’ONU, Jeunesse 2030, qui traduit cette volonté de travailler avec et pour les jeunes. 

Cette stratégie lancée en 2018, a expliqué l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme Jayathma Wickramanayake, est le cadre de référence de l’action de l’ONU en faveur des jeunes pour réaliser une vision inclusive.  Sur une note optimiste, elle a dit que « nous avons une occasion sans précèdent de nous relever plus fort que jamais avec les jeunes en première ligne », en voulant pour preuve la résilience, l’ingéniosité et la créativité dont les jeunes ont fait preuve en temps de crise et qui « manquent souvent aux dirigeants politiques ».  Un vibrant exemple a été présenté par Mme Nadine Khaouli, cofondatrice de Kafe be Kafak et membre de Génération 17, qui a parlé du rôle des jeunes libanais au lendemain de l’explosion massive ayant frappé Beyrouth en août dernier. 

Mme Khaouli participait à la table ronde sur le thème « Les jeunes aux manettes pour reconstruire en mieux ».  Un slogan repris par le Président du Costa Rica, M. Carlos A. Alvarado Quesada, qui a encouragé les jeunes à « prendre les commandes » en s’appuyant sur la devise « faites ce que vous aimez, et aimez ce que vous faites ».  Cela donnera un sens à votre vie et vous permettra de véritablement devenir des agents du changement, leur a-t-il dit.

C’est précisément ce que fait la Directrice exécutive de Green Congress of Kenya, Mme Anika Jenne Dorothy, qui se bat pour garantir la scolarisation des filles.  Il est désormais évident que l’on ne peut parler du rôle des filles sans parler de leur éducation, a-t-elle martelé en appelant toutefois à prendre en compte leur vécu.  Les filles sont confrontées aux abus, aux grossesses, à l’érosion de la confiance, au patriarcat, aux mutilations génitales féminines rampantes, à la peur, au manque de ressources pour retourner à l’école, à la relégation aux tâches domestiques et aux mariages précoces, a-t-elle rappelé, notant en outre que ces problèmes ont été exacerbés pendant la pandémie.  Mme Dorothy a donc appelé à investir dans des systèmes et structures qui permettent la réintégration holistique des filles dans l’école.

Le rôle des organisations communautaires a été souligné notamment par Mmes Dorothy et Khaouli qui ont mis en exergue en particulier celles dirigées par des jeunes.  Ces organisations permettent à ces derniers d’être des agents du changement, de participer concrètement à la gouvernance et aussi de leur donner envie d’y croire et de rester dans leur pays.  Les jeunes autochtones ont aussi un rôle important à jouer, a fait valoir leur représentante, Mme Chandra Tripura, en soulignant leur résilience et l’utilité de leurs connaissances traditionnelles.  Quant au docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il a misé sur un relèvement postpandémie centré sur les jeunes et sur le Sommet mondial sur la jeunesse prévu du 23 au 25 avril. 

Tout au long de la matinée ce sont la résilience, le dynamisme et le leadership des jeunes qui ont été mis en avant comme moyens de parvenir à un monde plus inclusif et équitable.

FORUM DE LA JEUNESSE DE L’ECOSOC DE 2021

« Une décennie d’action: assurer une reprise résiliente »

Déclarations liminaires

Cette année marque le dixième anniversaire de ce Forum de la jeunesse, a commencé par rappeler le Président de l’ECOSOC, M. MUNIR AKRAM en jugeant le moment opportun pour faire le bilan et réfléchir aux défis qui se présentent à la jeunesse.  Pendant ces 10 ans, l’ECOSOC a permis aux jeunes de contribuer au Programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est-il félicité.  M. Akram a appelé la communauté internationale à faire preuve de sagesse et de détermination pour faire face aux défis, alors que nous sommes à un « point d’inflexion dans l’histoire du monde », citant la pandémie, la récession, la course aux armements, les changements climatiques, la pauvreté, les inégalités, les conflits qui perdurent et les rivalités de pouvoir.  Pour le Président de l’ECOSOC, cela signifie qu’il faut s’opposer au nationalisme de la vaccination; mobiliser les efforts nationaux et internationaux pour se relever de la récession induite par la pandémie en vue de réussir le pari des objectifs de développement durable; s’attaquer aux changements climatiques en respectant les engagements pris à Paris; s’attaquer aux inégalités endémiques aux plans national et international; et venir à bout du racisme, de l’extrémisme et du fascisme.  On ne peut y arriver qu’à travers la coopération internationale avec l’ONU en chef de file, a affirmé M. Akram.  Comme « l’avenir appartient aux jeunes », il a fait appel à l’audace, l’imagination, les idées et l’engagement de la jeunesse pour jeter les bases du monde de demain.

Ce forum a évolué, a observé avec fierté le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, en constatant qu’il est devenu la principale plateforme de l’Organisation pour relever les nombreux défis urgents auxquels les jeunes sont confrontés.  Des « défis nombreux et pressants », à commencer par les conséquences de la COVID-19 sur les jeunes: près de 1,5 milliard d’étudiants ont vu leurs études interrompues, pas moins de 20 millions de filles risquent de ne pas reprendre leurs études une fois la pandémie terminée, un jeune sur six a perdu son emploi, tandis que la santé mentale des jeunes s’est considérablement dégradée.

Les défis auxquels les jeunes étaient déjà confrontés avant la pandémie s’en trouvent exacerbés, a souligné M. Guterres, se désolant que des millions de jeunes voient leur jeunesse disparaître sous leurs yeux en raison des conflits prolongés et des déplacements.  Il a aussi regretté que jeunes se voient trop souvent encore refuser un rôle dans le façonnement de leur société, du fait d’attitudes paternalistes et du rétrécissement de l’espace civil.  Et à cause de l’urgence climatique, les jeunes héritent d’un monde confronté à une triple crise planétaire - perturbations climatiques, effondrement de la biodiversité, et pollution de l’air, des terres et de l’eau qui tue des millions de personnes chaque année.

Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner que tant en ligne que dans la rue, les jeunes expriment leur impatience face au rythme du changement, s’alarment face à la guerre contre la nature et font part de leur frustration face à l’injustice et la mauvaise gouvernance.  Pour faire en sorte que ces expressions d’action politique contribuent à l’avenir envisagé par les objectifs de développement durable, le Secrétaire général a appelé à les écouter et à rétablir la confiance.

Il faut plus d’opportunités concrètes et significatives pour l’engagement des jeunes dans les systèmes de gouvernance, les processus démocratiques, la consolidation de la paix et les négociations de paix, a recommandé M. Guterres.  « Mais surtout, nous avons besoin de résultats » -des améliorations tangibles dans des domaines tels que l’éducation, l’emploi, l’égalité entre les sexes, la protection de l’environnement et la connectivité numérique- grâce à une reprise juste, inclusive, verte et durable, a martelé le Secrétaire général.  La toute première Stratégie pour la jeunesse à l’échelle du système des Nations Unies, Jeunesse 2030, traduit la volonté de l’ONU de renforcer son travail avec et pour les jeunes, a-t-il expliqué, tout en notant qu’il reste encore beaucoup à faire, notamment pour atteindre tous les jeunes dans tous les contextes et améliorer la façon dont nous travaillons non seulement pour mais avec eux.

C’est la raison pour laquelle M. Guterres a placé rôle des jeunes et les droits des générations futures au cœur de son prochain rapport aux États Membres sur l’élaboration de l’agenda commun de la communauté internationale.  Les jeunes leaders sont impliqués dans ce processus, a-t-il assuré en précisant écouter attentivement leurs idées et suggestions.  Pour le Secrétaire général, le moment est venu d’aller au-delà des platitudes sur les jeunes.  « Nous avons besoin de vous pour continuer à montrer la voie sur des questions cruciales telles que la justice raciale et l’égalité des sexes.  Et nous avons besoin que vous nous aidiez à faire la paix avec la nature et à forger une transition qui nous emmène au-delà des combustibles fossiles vers un monde d’énergie renouvelable et d’émissions nettes nulles. »

La pandémie de COVID-19 a frappé plus particulièrement les jeunes en altérant leur éducation et leurs emplois, a lui aussi fait remarquer M. VOLKAN BOZKIR, Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale.  Une année peut sembler une éternité pour les jeunes, a-t-il souligné tout en appelant ces derniers à ne pas perdre patience et à rester connectés avec les efforts des Nations Unies en attendant que la pandémie soit vaincue.  Il les a invités en particulier à accompagner les efforts déployés par l’ONU pour protéger les océans ainsi que pour promouvoir la connectivité numérique et le développement durable.  « Que vous soyez originaires d’un État insulaire en développement, d’un pays parmi les moins avancés ou d’un pays en développement sans littoral, le monde a besoin d’entendre votre voix », a insisté le Président de l’Assemblée générale. 

« Le chômage des jeunes étant une pandémie qui se poursuivra bien après avoir vaincu celle de la COVID-19 », M. Bozkir a jugé indispensable d’entendre les jeunes dans toutes leurs diversité et spécificités.  « Il est de votre responsabilité de donner la parole aux plus vulnérables, dont le jeunes réfugiés », a recommandé M. Bozkir aux États Membres en prônant une approche intergénérationnelle à l’échelle de toute la société.  « Agissez, accélérez la transformation dont nous avons besoin, et comblez la fracture numérique qui risque de laisser trop de jeunes de côté », a aussi lancé M. Bozkir aux jeunes, avant de les appeler à s’affirmer comme des acteurs de la quatrième révolution industrielle.  « Les 1,5 milliard de jeunes que compte la planète ont le pouvoir de nous ouvrir la voie vers 2030 et au-delà. »

Ce Forum de la jeunesse de l’ECOSOC connecte 11 000 jeunes à travers le monde, a souligné avec fierté l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE.  Elle a espéré que cette réunion serait un exemple pour les Nations Unies pour ce qui est de la capacité à fédérer les jeunes en tant qu’acteurs du changement et moteurs de la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable (ODD).  L’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a particulièrement salué la valeur ajoutée de la résilience, du dynamisme et du leadership des jeunes pour parvenir à un monde plus inclusif et équitable, et pour assurer que les décideurs soient tenus comptables des promesses qu’ils ont faites. 

Soulignant que les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à des problèmes qu’aucune autre génération n’a connus, l’Envoyée pour la jeunesse a rappelé qu’un jeune sur huit n’a pas accès à l’éducation et qu’un sur six a perdu son emploi pendant la pandémie.  Elle a aussi rappelé combien la pandémie avait altéré les droits génésiques et l’accès à la santé reproductive, avant de préciser que 10 millions de filles supplémentaires sont menacées par un mariage précoce en raison de la pandémie.  Il serait une erreur de penser que les jeunes ont eu une attitude passive, a dit Mme Wickramanayake: les jeunes ont montré qu’ils étaient le plus résilients et le plus créatifs en temps de crise en faisant preuve d’un dynamisme et d’une créativité qui manquent souvent aux dirigeants politiques selon elle.  Les jeunes ne demandent que le respect de leurs droits, a remarqué l’Envoyée du Secrétaire général, plaidant pour qu’ils soient aidés pour pouvoir passer des paroles aux actes. 

La première Stratégie pour la jeunesse lancée par le Secrétaire général en 2018 est le cadre d’action de référence offert à l’ONU en faveur des jeunes pour réaliser une vision inclusive, a rappelée l’Envoyée avant de conclure.  « Nous avons une occasion sans précèdent de nous relever plus forts que jamais avec les jeunes en première ligne. »

« Nous devons défendre quelque chose.  Nous devons tous, dans notre vie de tous les jours, en tant que parents et dans nos carrières, défendre quelque chose et décider exactement à quoi nous en tenir », a estimé pour sa part la Directrice exécutive de Green Congress of Kenya, Mme ANIKA JENNE DOROTHY.  Lorsqu’une fille ou une femme est violée ou battue, ou qu’elle se voit refuser une opportunité parce qu’elle est une fille, elle se bat pour retrouver la force de vivre et se jure que cela ne se reproduira pas.  « Pas à une autre fille ou femme, pas si je peux aider. »  C’est l’histoire de la création de nombreuses organisations communautaires, a expliqué Mme Dorothy pour laquelle ces vécus, quoique souvent dénigrés, peuvent être utilisés pour responsabiliser et humaniser les personnes.  « Les histoires peuvent briser la dignité d’un peuple, mais les histoires peuvent aussi aider à la réparer. »  

Il est désormais évident que l’on ne peut parler du rôle des filles sans parler de leur éducation, a poursuivi l’intervenante.  Cependant, a-t-elle mis en garde, il faut prendre conscience du véritable contexte dans lequel se trouvent les filles confrontées aux abus, aux grossesses, à l’érosion de la confiance, au patriarcat, aux mutilations génitales féminines rampantes, à la peur, au manque de ressources pour retourner à l’école, à la relégation aux tâches domestiques et aux mariages précoces, des problèmes qui ont en outre été exacerbés pendant la pandémie. 

Mme Dorothy a saisi l’opportunité du Forum de la jeunesse de 2021 pour dire aux gouvernements qu’il ne suffit pas de déclarer que les filles doivent retourner à l’école, mais qu’il faut également investir dans des systèmes et structures qui permettent la réintégration holistique des filles, comme la protection contre les mutilations et violences sexistes et la fourniture d’uniformes scolaires, de serviettes hygiéniques et de bourses scolaires.  Elle a également plaidé pour des investissements dans des organisations communautaires qui comblent le fossé entre l’école, les parents et le gouvernement, en particulier dans celles qui sont dirigées par des jeunes avec pour mandat de ne laisser aucune fille de côté et de garantir le droit à l’éducation pour toutes.

La communauté internationale doit soutenir ces initiatives communautaires locales, a exigé l’intervenante.  Elle a toutefois prévenu que « créer une section nationale d’une ONG n’est pas la panacée, puisque moins de 1% des 150 milliards de dollars d’aide publique au développement en 2018 ont atteint les acteurs locaux du développement ».  Donc même avant la COVID-19, le schéma était biaisé, a-t-elle conclu avant d’appeler à nouveau à ne pas sous-estimer la valeur de l’éducation des filles.  Elle a, dans la foulée, fait une série de propositions pour permettre le retour de toutes les filles à l’école, notamment grâce à un système de soutien comme des crèches pour les mères adolescentes, des aides psychologiques pour les survivantes d’abus, des systèmes juridiques favorables aux droits des filles et, enfin, des modèles simples pour que les organisations communautaires puissent solliciter des fonds pour soutenir l’éducation des filles.

Réaliser les objectifs de développement durable avec et pour les jeunes

Après l’ouverture des travaux du Forum de la jeunesse, l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a animé une table ronde virtuelle interactive portant sur « la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) avec et pour les jeunes ».  Des ministres, représentants de gouvernement et d’organisation de jeunesse ont évoqué l’implication cruciale des jeunes dans la mise en œuvre des ODD, notamment pour ceux qui sont à l’examen de la session annuelle du forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé sous les auspices de l’ECOSOC.  Ils n’ont pas manqué de mentionner des questions transversales de grande importance, comme la place des jeunes dans la réponse et le relèvement après la pandémie de COVID-19, ainsi que la nécessité d’une meilleure participation des jeunes à la gestion de la chose publique, notamment des questions les concernant.

Dans l’objectif d’éradication de la pauvreté (ODD 1), le Commissaire à la jeunesse des Philippines a expliqué que son gouvernement offre des prêts pour des initiatives agricoles portées par les jeunes.  La Ministre de la jeunesse, des arts, des sports et des activités récréatives du Zimbabwe a aussi mentionné des activités de soutien aux jeunes agriculteurs, notamment dans le domaine de l’horticulture et de la filière laitière. 

Concernant l’objectif faim zéro (ODD 2), lié au précédent, La Vice-Ministre de la jeunesse du Nicaragua a mis en exergue les 1 200 000 repas offerts quotidiennement dans les cantines scolaires de son pays, dans le cadre d’un programme ciblant en priorité les enfants issus des familles les plus démunies.  Une jeune de Thaïlande a évoqué l’action de son organisation dans la lutte en faveur d’une bonne alimentation des jeunes.  Notant que 19 millions de gens ont faim dans son pays, la représentante de la jeunesse du Brésil a plaidé pour plus d’actions pour nourrir les plus défavorisés, notamment dans ce contexte de pandémie.  C’est la même situation qui prévaut aux Fidji, où la pandémie a mis à mal les moyens de subsistance de la population, a témoigné le Secrétaire permanent de la jeunesse et des sports.  Le Gouvernement brésilien entend donc établir des systèmes alimentaires qui soient durables.

En ce qui concerne l’ODD 3 portant sur « bonne santé et bien-être », la Ministre de la jeunesse du Bahreïn a magnifié l’implication de la jeunesse du pays dans la lutte contre la COVID-19, tandis que le représentant de l’Institut national de la jeunesse du Honduras a insisté sur la prévention de l’utilisation des stupéfiants par les jeunes.  Une jeune du Kenya a demandé aux secteurs public et privé d’accorder des fonds pour les priorités sanitaires des jeunes, y compris dans le cadre des actions contre la COVID-19.  Dans la même veine, le délégué jeunesse du Commonwealth a parlé des questions de santé liées aux jeunes filles particulièrement.  Il a appelé à une action mondiale pour aider celles des pays en développement en les vaccinant contre le papillomavirus, afin de s’assurer qu’aucune ne meure des suites de cancer de l’utérus d’ici à 2030.

Il a également été question de « travail décent et croissance économique » qui renvoient à l’ODD 8.  La Vice-Présidente des Palaos a expliqué qu’un programme gouvernemental spécial a été établi afin de permettre aux jeunes d’accéder à des emplois décents.  Le Secrétaire technique du Conseil intergénérationnel sur les inégalités de l’Équateur a aussi insisté sur l’autonomie des jeunes via des politiques qui promeuvent l’entrepreneuriat.  Il est vrai, a dit une jeune slovène, Vice-Présidente du Conseil national de la jeunesse d’Europe, que de nombreux jeunes ont perdu leur emploi durant la pandémie.  Elle a dit que le relèvement post-COVID-19 doit tenir compte de la qualité des emplois des jeunes, avant de plaider pour une économie plus verte et plus viable.  En Ukraine, il est proposé aux jeunes de se tourner vers le numérique pour pallier le manque d’emplois, a indiqué le Vice-Ministre de l’intégration européenne d’Ukraine.  Pour la Ministre de l’éducation et des sciences de Macédoine du Nord, l’accent doit être justement mis sur l’innovation et le développement technologique afin d’assurer une meilleure transition entre la formation et l’emploi chez les jeunes.

Concernant l’objectif visant à « réduire les inégalités » qui est le cheval de bataille de l’ODD 10, un militant jeune pour les droits de l’homme du Nigéria a déploré le fait que 70% des LGBTI en Afrique ont perdu leur emploi du fait de la pandémie.  Il a déploré ces lois discriminatoires et stéréotypes sociaux qui font que les LGBTI ont des ouvertures économiques moindre que le reste de la population.  C’est pour éviter ces inégalités que la Ministre du développement international du Canada a dit que son pays veut créer des possibilités pour les jeunes partout.  Le Directeur de l’Institut national de la justice de l’Uruguay a indiqué que son gouvernement entend lancer un programme d’accompagnement des jeunes de 18 à 22 ans afin d’aider ceux n’ayant pas pu terminer le secondaire à mieux s’intégrer dans le monde de l’emploi.  Le Secrétaire général de l’Organisation ibéro-américaine des jeunes a estimé que la COVID-19 n’apporte pas seulement des problèmes, mais elle ouvre également des opportunités de développement plus durable.  C’est pourquoi il faut tirer parti des leçons de la pandémie pour investir dans une société plus égalitaire.  C’est dans cette perspective égalitaire à l’échelle internationale que la représentante de la jeunesse de Chine a demandé de miser sur le multilatéralisme. 

Dans le cadre de l’objectif « consommation et production responsables » qui est le titre de l’ODD 12, le Directeur général du Conseil national de la jeunesse du Guatemala a fait remarquer que les jeunes ne sont pas que des statistiques, car ils sont également des opportunités de production pour la société.

Il fut également question de l’ODD 13 relatif à l’« action climatique ».  Dans ce contexte, le représentant de la jeunesse du Pacifique a plaidé pour que davantage d’actions soient menées pour lutter contre les changements climatiques affectant particulièrement leur région.  La représentante du Kazakhstan a surfé sur cette vague écologique pour demander que l’ONU proclame une « année internationale de la mobilisation des jeunes » qui pourrait s’intituler « Nettoyer le monde » afin de réduire la pollution, y compris la pollution marine. 

Dans le cadre de l’ODD 16 -« paix, justice et institutions efficaces »-, la Ministre d’État de la jeunesse des Émirats arabes unis a prôné l’adoption de lois spécifiques de protection des jeunes. 

Au sujet de l’ODD 17 sur les « partenariats », la représentante de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a annoncé le lancement prochain d’une radio jeunesse de la Francophonie couvrant le Sahel, qui sera émise depuis le Burkina Faso.  Pour sa part, le Secrétaire d’État portugais pour la jeunesse et les sports a plaidé pour un dialogue intergénérationnel.  En s’exprimant également au nom de l’Union européenne, il a évoqué le programme Erasmus qui a offert des opportunités d’échanges entre jeunes européens.  Dans cet élan de partenariat, le Ministre du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande a promis que son pays associera les jeunes à la préparation de son examen volontaire, cette année, au forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé sous les auspices de l’ECOSOC. 

Il est vrai que de nombreux orateurs ont aussi appelé à une plus grande participation des jeunes.  C’est ainsi que le Président de la Commission nationale de la jeunesse et des sports du Tadjikistan a expliqué que, dans cette optique, le 23 mai est célébré comme la journée de la jeunesse dans son pays.  La Ministre fédérale de l’intégration des femmes et des jeunes de l’Autriche a dit que son pays a baissé l’âge de vote à 16 ans pour promouvoir leur participation à la vie publique, tandis que la Première Dame de Colombie a relevé que dans son pays, l’objectif est d’élaborer une stratégie visant à créer une communauté de jeunes moteurs de changement.  Le Chef de l’Agence gouvernementale en charge de la jeunesse de la Fédération de Russie a dit que son pays favorise la participation des jeunes grâce à un prix spécial initié par le Chef de l’État.  Une jeune du Danemark a, pour sa part, souhaité que la voix des jeunes ne soit pas confinée au Forum de la jeunesse et qu’elle continue d’être entendue partout. 

Certains jeunes du monde ont également pris la parole alors que les services d’interprétation étaient interrompus.  D’autres ont réagi en ligne par les réseaux sociaux.

Avant la table ronde, la modératrice, l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme Jayathma Wickramanayake, a présenté le premier rapport (en anglais) de l’ONU sur la jeunesse. 

Le « rapport d’étape Jeunesse 2030 » est le premier rapport d’étape de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse, encore connue comme « Jeunesse 2030 ».  Le rapport décrit les structures de gouvernance et de coordination mondiales qui ont été mises en place pour assurer une action cohérente à l’échelle du système, souligne comment l’ONU répond aux besoins des jeunes dans la crise de la COVID-19 et comment elle travaille avec les gouvernements et les jeunes pour réaliser les ODD.  Les réflexions sur l’ambitieux processus de réforme des Nations Unies sur la programmation jeunesse dans les équipes de pays des Nations Unies sont également mises en évidence.

Le rapport souligne que les entités des Nations Unies mettent en place un certain nombre de plateformes de connaissances et d’opportunités de réseautage, facilitant ainsi le partage des leçons apprises et des pratiques pour un éventail de parties prenantes, y compris et en particulier pour les jeunes.  Ainsi, le travail des entités onusiennes sur la jeunesse et les ODD se reflète dans le travail des équipes de pays des Nations Unies de deux manières.  D’abord sous la forme d’appuis aux gouvernements, et ensuite par des projets dirigés par l’équipe de pays.  Ces projets impliquent des investissements dans des solutions dirigées par les jeunes, des campagnes de sensibilisation et de communication et les échanges de connaissances des 130 équipes de pays des Nations Unies.

Tout au long de la pandémie de COVID-19, l’ONU a continué de répondre aux besoins des jeunes, relève le rapport.  Les entités des Nations Unies ont ainsi développé des techniques innovantes avec et pour les jeunes, ainsi qu’une gamme de ressources et d’outils pour l’action des parties prenantes à tous les niveaux, afin de tenir l’engagement de « ne laisser aucune jeunesse de côté ».  Pour le présent rapport d’étape, les équipes de pays des Nations Unies ont soumis des informations sur leur réponse à la COVID-19 pour les jeunes dans 10 domaines.  Dans le même temps, 80% des équipes de pays des Nations Unies ont déclaré avoir inclus des jeunes dans leur réponse à la COVID-19 dans au moins un domaine, tandis que 40% ont soutenu les jeunes dans plus de huit domaines.  Presque toutes les équipes de pays des Nations Unies ont fourni un appui politique aux gouvernements dans le but de « ne laisser aucune jeunesse de côté ». 

Dans le cadre des évaluations de l’appui des Nations Unies aux pays, le rapport indique que la moitié des équipes de pays des Nations Unies ne disposent d’aucune information sur le financement de la jeunesse, et seul un tiers des rapports des équipes de pays des Nations Unies sur les jeunes sont accessibles au public.  Le rapport prescrit donc de veiller à ce que l’intervention et le relèvement liés à la COVID-19 soient « verts ».  Il est donc question d’équilibrer les réponses à court terme et le financement par des actions et des investissements économiques, sociaux et environnementaux à long terme dans les domaines prioritaires de « Jeunesse 2030 ».  Le rapport suggère aussi d’appliquer une perspective jeunesse et intergénérationnelle dans tous les efforts de relèvement, tout en s’attaquant à la fracture numérique pour garantir l’impératif de « ne laisser aucune jeunesse de côté ».  À terme, il est question de « renforcer les fondations d’une ONU qui travaille avec et pour les jeunes », comme indiqué dans la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse. 

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