Forum politique de haut niveau
ECOSOC/7055

Le forum politique de haut niveau débat des inégalités qui plombent le Programme 2030, en évoquant les outils et moyens d’y mettre fin

 Pour sa troisième journée de travaux, le forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), a tenu trois nouvelles tables rondes, comme la veille, avec une emphase sur les inégalités qui plombent la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que sur les perspectives de succès de la mise en œuvre au niveau local.

Au cours de la première discussion, des représentant de gouvernements, du milieu académique, des organisations internationales ainsi que des organisations non gouvernementales, ont rappelé combien les inégalités se sont creusées, à la fois au sein des pays et entre les pays au cours de la pandémie de COVID-19.  Ces parties prenantes ont donc appelé à de nouveaux partenariats et initiatives pour réduire les inégalités, faire progresser le bien-être et promouvoir la justice sociale avec des institutions inclusives, efficaces et responsables.  

La Directrice exécutive de Oxfam International a précisé qu’avant même la pandémie, 10 000 personnes décédaient chaque jour dans le monde du fait du manque de soins appropriés, puisqu’à peine 1 pays sur 6 accordait assez de fonds aux soins de santé.  Les choses peuvent changer positivement si l’on table sur l’élimination des trois cercles vicieux, a déclaré la Directrice du Centre de coopération internationale de New York University (NYU).  Mme Sarah Cliffe a d’abord relevé que les inégalités et l’exclusion ont eu un impact profond sur notre incapacité à contenir la pandémie, se traduisant par des différences dans le dépistage, les soins et la vaccination des minorités, notamment raciales et ethniques.  Le second cercle vicieux est la relation qui existe entre les inégalités, la corruption, l’accès à la justice et la confiance dans les institutions, tandis que le troisième est le lien entre les inégalités, l’exclusion et la violence, notamment la violence criminelle et les conflits civils.  

Heureusement, la chercheuse a aussi mentionné un cercle vertueux lié à l’objectif 17 sur les partenariats.  Notant à cet égard que les solutions ne peuvent être trouvées sans une collaboration entre gouvernements et société civile, elle a demandé d’élargir ces partenariats à d’autres acteurs tels que le secteur privé, les agences de notation de crédit et les agences de transfert de fonds.  La Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, Mme Najat Maalla M’Jid, a pour sa part a appelé à un changement de paradigme pour considérer les dépenses consacrées aux services pour le bien-être des enfants comme un investissement pour une reprise inclusive et durable.  Investir dans la santé n’est pas une dépense, mais un investissement pour l’avenir, a aussi expliqué la Directrice exécutive du Bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) auprès des Nations Unies, Mme Nata Menabde, qui a remarqué que les pays ayant investi dans les soins de santé primaire sont ceux qui ont le mieux réagi à la COVID-19.   

Le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a demandé de « renforcer nos rapports avec la nature » et de changer nos paradigmes de production et de consommation après la pandémie.  Pour leur part, la Norvège et la Belgique ont également mis l’accent sur l’inclusion et la transparence dans la gestion des affaires publiques.  C’est pourquoi la Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie a demandé de tenir compte de la nouvelle Déclaration de la société civile de Rome de 2021 sur l’ODD16+, qui sert de rappel ferme et urgent à la communauté mondiale que la paix, des sociétés justes et inclusives sont au cœur non seulement du développement durable, mais aussi d’une reprise durable.  Le Réseau européen sur le développement n’a d’ailleurs pas manqué de dénoncer les pratiques fiscales inégales qui font que les plus riches et les entreprises aux capitaux les plus élevés payent paradoxalement le moins d’impôts.   

Un jeune de la Suède a souligné que les jeunes, en tant qu’acteurs clés du changement transformateur, doivent être inclus dans tous les efforts de relèvement.  Pour une jeune de la Finlande, la couverture sanitaire universelle ne peut se faire sans tenir compte de la santé sexuelle et reproductive des jeunes, ainsi que de leur santé mentale.  Un autre jeune des Pays-Bas a demandé que la voix des jeunes soit plus audible au sein des Nations Unies. 

Au cours d’une seconde table ronde, l’accent a été mis sur les actions communautaires et locales.  La Présidente de la South African Local Government Association (SALGA) a insisté pour dire que plus des deux tiers des cibles sont réalisables au niveau local, plaidant pour une mise en œuvre complète du Programme 2030.  Cela implique d’inclure les ODD dans les plans d’action des gouvernements locaux et régionaux, et de considérer ces derniers comme des agents de transformation, a—t-elle plaidé, demandant que ces gouvernements soient désormais inclus dans les processus d’examen volontaire national. Plus des deux tiers des cibles des ODD ne pourront être mis en œuvre si nous n’agissons pas au niveau local ou régional, a confirmé le Président du Congrès des autorités régionales du Conseil de l’Europe, qui supervise 150 000 collectivités locales et régionales européennes.

Un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, des transferts de technologies, un appui financier ciblé et l’allégement de la dette ont été quelques-unes des pistes évoquées lors de la dernière discussion de la journée, consacrée aux moyens d’aider les pays d’Afrique, les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral, durement éprouvés par la pandémie, à parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable.

Le forum politique de haut niveau poursuivra ses débats thématiques demain, vendredi 9 juillet, à partir de 9 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE 

Les ODD 3, 10, 16 et 17: les liens entre eux et avec les autres ODD 

Au cours de cette session, présidée par M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana) qui est l’un des Vice-Présidents de l’ECOSOC, des représentant de gouvernements, du milieu académique, des organisations internationales ainsi que des organisations non gouvernementales, ont rappelé combien les inégalités se sont creusées, à la fois au sein des pays et entre les pays au cours de la pandémie de COVID-19.  De ce fait, les ménages à faible revenu portent un fardeau disproportionné de la pandémie en termes d’emplois perdus ou d’une plus grande exposition au virus.  D’un pays à l’autre, des différences dans les trajectoires de reprise, du fait des ressources budgétaires inégales et de l’accès inégal aux vaccinations contre la COVID-19, menacent de creuser davantage les écarts de revenus par habitant entre les économies développées et la plupart des économies en développement.  Ces parties prenantes ont donc appelé à de nouveaux partenariats et initiatives pour réduire les inégalités, faire progresser le bien-être et promouvoir la justice sociale et des institutions inclusives, efficaces et responsables. 

Mme HAOYI CHEN, du Département des affaires économiques et sociales (DESA), s’est d’abord appuyée sur le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la mise en œuvre des ODD pour faire le point sur celle des objectifs 3 (bonne santé et bien-être), 10 (réduction des inégalités), 16 (paix, justice et institutions fortes), et 17 (partenariats).  Les rapports récents, a indiqué la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, Mme NAJAT MAALLA M’JID, montrent que la pandémie a fait augmenter les risques de violence contre les enfants, à la fois à la maison et en ligne, ainsi que la violence sexiste.  Partout dans le monde, les progrès dans la protection des droits de l’enfant ont été ralentis, voire inversés par la pandémie, compromettant la réalisation du Programme 2030.  Elle a appelé à un changement de paradigme pour considérer les dépenses consacrées aux services pour le bien-être des enfants comme un investissement pour une reprise inclusive et durable.  Investir dans la santé n’est pas une dépense, mais un investissement pour l’avenir, a renchéri la Directrice exécutive du Bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) auprès des Nations Unies.  Mme NATA MENABDE a ainsi souligné que les pays ayant investi dans les soins de santé primaire sont ceux qui ont le mieux réagi à la COVID-19.     

Pour l’animatrice du débat, Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement, la réponse à la crise actuelle doit être axée sur l’humain.  Elle a aussi plaidé pour que les dirigeants du monde privilégient le multilatéralisme et la solidarité internationale.  La Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Mme ARMIDA ALISJAHBANA, a rappelé que la protection sociale et la couverture sanitaire universelle jouent un rôle essentiel non seulement dans la protection du bien-être des personnes, mais également dans la réalisation de nombreux ODD.  Elle a fait observer que les réponses à la pandémie ont montré que les pays dotés d’un système de santé complet et bien financé, et d’une protection sociale efficace, ont pu faire face plus efficacement à la pandémie et limiter ses impacts sanitaires et socioéconomiques.  Le manque d’accès universel à des régimes de protection sociale plus complets et bien financés a été confirmé comme un risque structurel en Amérique latine et dans les Caraïbes, non seulement face à des chocs épidémiques/sanitaires, mais aussi face à des chocs de catastrophes économiques et naturelles, a-t-elle encore noté, appelant à forger un nouveau contrat social, spécifiquement pour consacrer les ressources nécessaires à la réalisation de la protection sociale universelle.

Assurer la couverture santé universelle est possible, même dans les pays en développement comme l’a démontré le Costa Rica, a souligné la Directrice exécutive de Oxfam International.  Mme GABRIELA BUCHER a relevé qu’avant même la pandémie, 10 000 personnes décédaient chaque jour dans le monde du fait du manque de soins appropriés, puisqu’à peine 1 pays sur 6 accordait assez de fonds aux soins de santé.  Dans un contexte où le profit prévalait, la pandémie est venue encore exacerber ces inégalités, a-t-elle déploré.  Elle a pris l’exemple du Brésil où les personnes d’ascendance africaine ont 40% de plus de probabilité de mourir de la COIVD-19 que les populations dites blanches.  Pour Mme Bucher, lutter contre les inégalités doit commencer par établir des cibles claires et s’atteler à les atteindre.

C’est bien possible si l’on table sur l’élimination des cercles vicieux, a déclaré Mme SARAH CLIFFE, Directrice du Centre de coopération internationale de New York University (NYU), qui a évoqué trois cercles vicieux et un cercle vertueux.  Le premier cercle vicieux selon elle est le fait que les inégalités et l’exclusion ont eu un impact profond sur notre incapacité à contenir la pandémie comme cela s’est fait voir avec des différences dans le dépistage, les soins et la vaccination des minorités, notamment raciales et ethniques.  Le second cercle vicieux fait référence à la relation entre les inégalités, la corruption, l’accès à la justice et la confiance dans les institutions.  En effet, les inégalités font augmenter la corruption et l’influence des élites sur la prise de décision politique, législative, judiciaire et administrative, biaisant ainsi la fonction de la justice en faveur de la défense de la propriété et du privilège plutôt qu’une approche centrée sur l’intérêt de tous.  Le troisième cercle vicieux est le lien entre les inégalités, l’exclusion et la violence.  Elle a expliqué en effet que les inégalités entre les classes pour des raisons socioéconomiques a une relation claire avec la violence criminelle, y compris les taux d’homicides, ainsi qu’avec les conflits civils.  

Quant au cercle vertueux, il est lié à l’objectif 17 sur les partenariats: les solutions ne peuvent être trouvées sans une collaboration entre gouvernements et société civile.  Il faut désormais élargir ces partenariats à d’autres acteurs tels que le secteur privé, les agences de notation de crédit et les agences de transfert de fonds, a recommandé Mme Cliffe.

Il faut également diminuer la fracture numérique et lutter contre le racisme afin de reconstruire en mieux, a suggéré Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM, professeure d’épidémiologie à Columbia University, de New York.  Elle a relevé que les pays ayant le plus investi dans la technologie et l’innovation sont ceux qui aujourd’hui disposent de l’infrastructure de développement de vaccins.  Elle a évoqué le cas du continent africain qui n’a toujours qu’un accès limité aux vaccins contre la COVID-19.  Son collègue, M. JAMES K. BOYCE, de Amherst University, du Massachusetts, a de son côté prescrit de lutter également contre le blanchiment d’argent et les flux illicites de capitaux, tout en combattant les réseaux transnationaux qui favorisent ces abus.  Il s’est également érigé en fervent soutien de l’action climatique, plaidant pour que les préceptes de la lutte contre les changements climatiques soient inscrits au cœur des constitutions des États.  Placer la justice économique, raciale, climatique et de genre au centre de la reprise postpandémie a également été le vœu de Mme VALENTINA BODRUG-LUNGU qui a parlé au nom du grand groupe des femmes.  

La Norvège et la Belgique ont également mis l’accent sur l’inclusion et la transparence dans la gestion des affaires publiques, tout en rappelant que les changements climatiques sont l’un des défis majeurs de l’heure, avançant même l’idée d’une injustice envers la nature.  Leur emboitant le pas, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a demandé de « renforcer nos rapports avec la nature » et de changer nos paradigmes de production et de consommation après la pandémie.

Pour la Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, il faut aussi tenir compte de la nouvelle Déclaration de la société civile de Rome de 2021 sur l’ODD 16+, l’additif à la Déclaration de Rome originale de 2019 qui sert de rappel ferme et urgent à la communauté mondiale que la paix, des sociétés justes et inclusives sont au cœur non seulement du développement durable, mais aussi d’une reprise durable.  Mme MARINA SERENI a plaidé pour une relance qui soit véritablement inclusive, tenant compte également de la société civile.  Un représentant des ONG sur l’ODD 16+ a, justement, appelé les États à renforcer la gouvernance, afin de ne laisser personne de côté.  C’est pourquoi en Indonésie le Gouvernement travaille avec l’agence nationale d’audit afin de créer une nouvelle culture de responsabilité.  La corruption a un impact négatif sur l’accès aux services de base et la jouissance des droits de l’homme, a rappelé le Contrôleur général du Chili.  C’est pourquoi, a expliqué M. JORGE BERMUDEZ, son administration applique le principe des 4E: efficience, efficacité, économie et éthique.  

Pour Mme MARGIT KRAKER, la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale des Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques (INTOSAI), la COVID-19 a démontré que les institutions qui assurent la transparence et la responsabilité sont devenues plus importantes que jamais.  Elles contribuent en effet à construire « des sociétés inclusives », en droite ligne de l’ODD 16.  Le Réseau européen sur le développement a dénoncé les pratiques fiscales qui font que les plus riches et les entreprises aux capitaux les plus élevés payent paradoxalement le moins d’impôts.  Elle a dénoncé des normes et règles internationales qui ne tiennent pas compte des intérêts des plus pauvres, avant de plaider pour une convention internationale sur la taxation.  

Un jeune de la Suède a souligné que les jeunes, en tant qu’acteurs clefs du changement transformateur, doivent être inclus dans tous les efforts de relèvement.  Pour une jeune de la Finlande, la couverture sanitaire universelle ne peut se faire sans tenir compte de la santé sexuelle et reproductive des jeunes, ainsi que de leur santé mentale.  Un jeune des Pays-Bas a demandé que la voix des jeunes soit plus audible au sein des Nations Unies.

Le Portugal a insisté sur la valeur de l’approche « One Health ».  C’est d’ailleurs pourquoi le pays a décidé d’étendre l’accès au Service national de santé à tous les migrants et réfugiés pendant la pandémie, quel que soit leur statut, aux mêmes titre et conditions que les nationaux.  Le Portugal a assuré que la réalisation de la couverture sanitaire universelle est essentielle pour reconstruire après la pandémie et accélérer la réalisation des ODD.  

La Suisse a appelé à une approche fondée sur les droits de l’homme pour construire des sociétés plus pacifiques, justes et inclusives, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte.  Mme PINEDA IRMA SANTIAGO de, l’Instance permanente sur les questions autochtones, a pour sa part dénoncé les graves violations des droits humains dont les populations autochtones continuent d’être victimes, notamment les femmes autochtones.  Elle a également regretté que l’usage prédominant du terme « groupes vulnérables » ne couvre pas les différentes situations et besoins des peuples autochtones.  Le Grand Groupe des handicapés a rappelé que les personnes handicapées sont aussi victimes de nombreuses privations durant la pandémie, et que le relèvement doit tenir compte du besoin d’accessibilité qui se trouve être la troisième cible de l’ODD 16. 

En tant que Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), le représentant de l’Égypte a relevé que seulement 18% des pays touchés par des conflits sont en bonne voie pour réaliser les ODD.  La décision de « convoquer une réunion de haut niveau lors de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale pour discuter d’un financement adéquat, prévisible et durable pour la consolidation de la paix » constitue également une affirmation forte de l’engagement des États Membres, selon la CCP.  Dans cet élan de solidarité internationale, le Grand Groupe des ONG a demandé aux pays développés de respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD), et d’élargir les initiatives d’allègement de la dette.

La France a estimé que l’ODD 17 sur les partenariats doit rester central pour la coopération internationale en vue de la mise en œuvre de tous les ODD, tandis que l’Union européenne a confirmé son soutien à l’inclusion sociale et aux mesures de protection prises par ses membres durant la pandémie.  La Fédération de Russie s’est enorgueillie d’avoir pu fabriquer pas moins de quatre vaccins différents contre la COVID-19, dont le Spoutnik V qui est utilisé dans 67 pays en ce moment.  Le Danemark a souhaité que la mobilisation qui a conduit aux vaccins contre la COVID-19 soit mise en branle pour enfin trouver un vaccin contre la pandémie du VIH/sida qui affecte en particulier les pays en développement.  L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a plaidé pour une approche multisectorielle face à pandémie, afin de mettre en pratique les meilleures idées et mieux se préparer aux chocs futurs.

Miser sur le niveau local

La deuxième table ronde s’est concentrée sur les moyens de soutenir les autorités locales dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et de tirer le meilleur parti des évaluations locales volontaires.  Ces revues, calquées sur les examens nationaux volontaires, aident les gouvernements à favoriser la mise en œuvre des ODD au niveau local et renforcent leur capacité à réaliser le Programme 2030, a relevé le Président de cette séance, M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), Vice-Président de l’ECOSOC, rappelant que le rôle essentiel des villes, des autorités locales et des communautés dans ce processus a été réaffirmé dans la Déclaration politique adoptée lors du sommet de 2019 sur les ODD. 

Ces dernières années, nous avons vu monter un mouvement des villes et des régions pour mettre en œuvre concrètement les ODD, a observé M. TONY F. PIPA, chercheur principal du programme économie et développement de la Brookings Institution et modérateur de la discussion.  Étant donné que les gouvernements locaux sont proches de leurs administrés, ils se sont engagés en faveur d’actions qui touchent directement leurs communautés.  Mais pour être efficace, ce processus doit rassembler tous les niveaux de gouvernement, a-t-il soutenu.  Dans ce cadre, les autorités locales doivent bénéficier de moyens et d’outils pour pouvoir adapter les ODD à leur contexte spécifique.

En première ligne sur ces questions, Mme NORAINI BINTI ROSLAN, maire de Subang Jaya, en Malaisie, a indiqué que son action est reflétée dans le premier examen volontaire de sa municipalité.  « Notre approche a consisté à nous attaquer à tous les problèmes urbains et à travailler directement avec les communautés. Nous nous employons à les autonomiser et à les doter d’outils pour mettre en œuvre les ODD au niveau local. »  Pour cela, a-t-elle poursuivi, il a fallu comprendre le rôle de chacun et recueillir des commentaires pour savoir sur quels objectifs mettre l’accent.  Six ODD ont ainsi été considérés comme prioritaires sur les 17 que compte le Programme 2030.  Cette méthode ascendante nous a permis d’élaborer des politiques infranationales et de progresser vers une urbanisation durable, a-t-elle affirmé. 

De l’avis de M. JAN VAPAAVUORI, maire d’Helsinki, en Finlande, les examens locaux volontaires constituent un « outil pragmatique » pour les villes et les régions.  Il s’agit de « conduire l’action » et de réussir à « faire mieux cette année que l’an dernier » en ciblant les actions manquantes et en trouvant des ressources, a-t-il expliqué, avant d’appeler de ses vœux une collaboration entre tous les acteurs nationaux, régionaux et infranationaux.  Tout en remerciant le Département des affaires économiques et sociales (DESA), ONU Habitat, la Brookings Institution et la Banque mondiale pour leur soutien au processus de localisation des ODD, il a jugé crucial de garder l’action locale au centre.  Il a en outre estimé que les examens locaux volontaires peuvent être un « outil puissant » pour assurer un meilleur relèvement post-COVID-19, les ODD étant le seul système à même de garantir que l’élimination de la pauvreté va de pair avec l’amélioration de la santé et de l’éducation, la réduction des inégalités, la relance économique et la lutte contre les changements climatiques. 

Intervenant en tant que panéliste, M. NIKOLAI ASTRUP, Ministre des collectivités locales et de la modernisation de la Norvège, a indiqué que son pays a entrepris des examens nationaux volontaires afin de construire un avenir durable tant au niveau national qu’international.  Ces examens sont des études de cas excellentes qui fournissent des données d’une grande richesse sur les réussites et les lacunes en matière de mise en œuvre des ODD.  À ce titre, a-t-il salué, ils permettent de savoir où il faut agir en priorité pour continuer de progresser.  Mais pour tenir compte des réalisations effectuées au niveau local, il convient de combiner ces examens avec les évaluations au niveau infranational.  Il faut donc faire preuve d’innovation afin de garantir la cohérence des politiques et renforcer la gouvernance à tous les niveaux de gouvernement, a préconisé le Ministre. 

Pour Mme CLLR THEMBISILE NKADIMENG, Présidente de la South African Local Government Association (SALGA), il est effectivement urgent de transformer le système de gouvernance pour assurer que les gouvernements régionaux soient en mesure d’agir.  Le relèvement de la pandémie doit en effet s’appuyer sur les capacités locales et il en va de même pour la mise en œuvre complète du Programme 2030, dont plus des deux tiers des cibles sont réalisables au niveau local.  Cela implique d’inclure les ODD dans les plans d’action des gouvernements locaux et régionaux, et de considérer ces derniers comme des agents de transformation.  Plaidant pour un renforcement des mécanismes de coordination entre les différentes sphères de décision, elle a souhaité que les gouvernements locaux et régionaux soient désormais inclus dans les processus d’examen volontaire national.

À son tour, Mme ARANTXA TAPIA, Présidente de Regions4, organisation de gouvernements régionaux représentant 300 millions de personnes, a souligné la nécessité d’un nouveau cadre de gouvernance pour avancer dans la réalisation des ODD, appelant l’ONU et les gouvernements nationaux à promouvoir les réformes nécessaires pour renforcer le rôle et les ressources des gouvernements locaux et régionaux.  Selon elle, il convient qu’ils aient « un siège permanent à la table des décisions » pour éviter de laisser de côté la cohésion territoriale.  Il importe aussi que les organes onusiens et les commissions régionales soutiennent davantage les réseaux locaux et s’appuient sur leur travail grâce à des plateformes dédiées à la gouvernance à plusieurs niveaux, comme par exemple le Comité consultatif sur les gouvernements infranationaux et la biodiversité et le grand groupe des autorités locales de l’ECOSOC. 

Mettant pour sa part l’accent sur le rôle des villes et des gouvernements locaux dans la bataille contre la COVID-19, Mme PENNY ABEYWARDENA, Commissaire du bureau du maire de New York pour les affaires internationales, a estimé que ces autorités sont les mieux placées pour déterminer les actions à mener pour « reconstruire en mieux ».  À cette aune, les évaluations locales volontaires représentent un « outil essentiel de notre arsenal collectif », a-t-elle fait valoir, indiquant que New York a entrepris en 2018 une « Voluntary Local Review » inspirée de l’examen national volontaire afin de jeter les bases d’un travail direct avec l’ONU.  En tant que « ville mondiale », New York s’est ensuite employée à étendre et à formaliser ce processus par le biais d’une déclaration présentée en 2019 à l’Assemblée générale, l’objectif étant que chaque ville signataire, quelle que soit sa taille, s’engage avec elle à son rythme et avec ses propres ressources.  Elle s’est déclarée fière de préciser que cette déclaration compte maintenant plus de 215 signataires, dont plusieurs villes de la Malaisie, du Japon et de la Norvège, mais aussi des régions comme le Pays basque. 

De son côté, M. KENJI KITAHASHI, maire de Kitakyushu, au Japon, s’est félicité de la pratique des examens locaux volontaires, qui donnent aux gouvernants la possibilité de se pencher sur les efforts réalisés et d’identifier les enjeux réels pour concrétiser les ODD.  Il a indiqué qu’à cette fin, sa ville a créé en 2018 une plateforme de mise en œuvre qui rassemble aujourd’hui plus de 1 300 parties prenantes, parmi lesquelles des écoles, des ONG et d’autres entités non gouvernementales.  Les membres de ce groupe combinent leurs efforts pour trouver des solutions aux questions urgentes, notamment en coopérant avec la ville et les institutions financières locales, a-t-il expliqué, avant de plaider pour l’édification collective d’une ville durable et résiliente, conformément au Programme 2030. 

M. LEENDERT VERBEEK, Président du Congrès des autorités régionales du Conseil de l’Europe, qui supervise 150 000 collectivités locales et régionales européennes, a quant à lui averti que plus des deux tiers des cibles des ODD ne pourront être mises en œuvre si nous n’agissons pas au niveau local ou régional.  Il est donc fondamental, selon lui, de donner aux villes et aux régions les moyens d’agir.  Au Congrès, a-t-il dit, nous plaidons pour la subsidiarité: les gouvernements nationaux doivent accorder aux villes et aux régions l’autonomie, les finances et le soutien dont elles ont besoin.  Il faut aussi que ces dernières disposent des outils nécessaires et c’est là qu’entrent en jeu les associations nationales de collectivités locales et régionales.  En Allemagne et en Italie, ces structures ont mis en place des portails avec des indicateurs au niveau des villes pour mesurer la mise en œuvre des ODD.  Enfin, a-t-il encore préconisé, les gouvernements nationaux doivent impliquer le niveau infranational dans l’élaboration des stratégies de mise en œuvre, et ce, en tenant compte des examens locaux volontaires qui peuvent aider à adapter les politiques nationales aux réalités sur le terrain.

Il a été à nouveau question de l’importance de l’action locale dans le débat interactif qui a suivi ces présentations.  La France a ainsi constaté que, si les États ont la responsabilité de mesurer la réalisation des ODD chaque année lors des examens nationaux volontaires, les gouvernements locaux, souvent sur le front pour gérer les conséquences des grands dérèglements mondiaux, sont un « rouage essentiel pour agir dans la proximité et assurer un développement durable ».  Pour la délégation, la localisation des ODD est une voie permettant de guider l’action locale et de donner du sens aux actions à engager pour amorcer les transformations nécessaires.  C’est ainsi que Cités Unies France, tête de réseau des collectivités territoriales françaises engagées dans l’action internationale, a fait de l’articulation entre politiques locales et coopération décentralisée un « cheval de bataille pour atteindre les ODD », a-t-elle indiqué, assurant que « l’agglomération d’actions micro peut avoir un impact macro ».

Israël a, lui, observé que la pandémie de COVID-19 a non seulement sapé les acquis des villes mais aussi démontré à quel point les crises affectent les communautés locales.  Pour y répondre, les autorités infranationales ont dû réagir de manière urgente en élaborant des plans locaux, a-t-il expliqué, avant d’appeler à un alignement des plans nationaux sur les actions menées au niveau local.  Cela permettra, selon lui, de renforcer la démocratie, d’accroître l’économie, de garantir des logements décents et de proposer un environnement urbain plus résilient.  Il faut aussi que les villes travaillent entre elles, notamment à des programmes d’atténuation des changements climatiques, a avancé le délégué. 

Dans l’optique d’une reprise durable, il est indispensable de localiser la mise en œuvre des ODD pour s’assurer que nous ne laissons personne de côté, a confirmé la Thaïlande, indiquant avoir élaboré un indice de développement durable qui recueille et analyse les données sur l’application du Programme 2030 au niveau provincial.  Soucieux d’impliquer les autorités locales dans ce processus, le gouvernement national a en outre désigné neuf provinces pilotes et cinq organisations administratives locales pilotes dans le cadre d’un « couloir économique de l’Est ».  Il encourage également les municipalités à développer leur examen volontaire local pour mettre en évidence les priorités de développement, les progrès accomplis et les défis qui subsistent.

Le Groupe des jeunes et des enfants a déploré pour sa part le manque de conformité des actions menées localement avec les objectifs recherchés au niveau international.  Citant l’exemple du Mexique, il a également pointé l’incapacité des petites municipalités à mettre en œuvre le Programme 2030 et le manque de coordination entre les différentes juridictions.  Au-delà de cet effort de cohérence, il faut, selon lui, que les gouvernements locaux soient aidés pour mobiliser des fonds, rassembler les meilleures pratiques et créer des espaces de solutions.  Nous devons tirer profit de toutes les ressources et des facteurs de terrain, sans que la mise en œuvre des ODD ne devienne une question de personnes, a-t-il ajouté. 

Sur cette même ligne, l’Union européenne a jugé que le Programme 2030 appelle à une approche collective qui rassemble toutes parties prenantes.  Dans ce cadre, les autorités infranationales sont essentielles pour traduire en actes les priorités locales.  Il convient de plus de travailler sur un mode participatif et de promouvoir la participation des citoyens, a-t-elle souligné, saluant au passage l’exercice des examens locaux volontaires.  Elle a ajouté que la Commission européenne a publié un document pratique à l’attention des gouvernements locaux qui préparent ces évaluations.  Elle s’est également félicitée que les villes européennes aient entamé des discussions pour localiser les ODD et reconstruire en mieux après la pandémie.    

En tant que représentant des collectivités locales de la Flandre, le délégué de la Belgique a lui aussi jugé essentiel que les examens nationaux volontaires incluent la représentation de données et pratiques locales avec la participation de membres des gouvernements locaux.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, que des mécanismes structurels incitent les gouvernements locaux à prendre des initiatives à long terme en matière de développement durable.  Or, a-t-il déploré, l’appui financier et technique est souvent de courte durée.  Il serait donc judicieux de le prolonger et de l’étendre à la coopération décentralisée. 

La Fédération de Russie a quant à elle attiré l’attention sur son programme urbain, mené en collaboration avec ONU-Habitat.  Elle a rappelé à cet égard qu’elle avait accueilli la Journée internationale des villes avec cette agence onusienne en 2019.  Affirmant attacher une grande importance aux efforts visant à bâtir des villes « où il fait bon vivre », elle a également fait état d’un mécanisme permettant de présenter les résultats au niveau local dans le cadre de la mise en œuvre des ODD.  Dans le même ordre d’idées, l’Inde a évoqué l’élaboration d’un indice de mesure des progrès locaux en matière de développement durable, tandis que l’Indonésie vantait son système de collecte de données désagrégées au niveau infranational, un effort mené avec les autorités de 500 districts locaux.

Face à ces différentes mesures, le Mécanisme de réflexion de la société civile sur les ODD a noté des progrès tangibles depuis la Déclaration politique de 2019.  Il s’est cependant alarmé su fait qu’un nombre important de gouvernements ne connaissent pas encore le Programme 2030.  De même, il a regretté que la plupart des gouvernements locaux ne se soient pas encore appropriés les ODD.  Il a donc appelé les États à mener des actions de sensibilisation et à impliquer davantage la société civile, trop souvent cantonnée dans le rôle de prestataire de services.  Enfin, tout en applaudissant le principe des examens locaux volontaires, il a souhaité que ces évaluations donnent lieu à des actions concrètes. 

Rétablir les conditions nécessaires à l’avancement de la réalisation des objectifs de développement durable dans les pays d’Afrique, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral

Un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, des transferts de technologies, un appui financier ciblé et l’allégement de la dette ont été quelques-unes des pistes évoquées pour aider les pays d’Afrique, les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral, durement éprouvés par la pandémie, à parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable.  Le modérateur de cette table ronde, le Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, M. COURTENAY RATTRAY, a appelé les intervenants à classer le degré d’urgence de ces mesures.  La riposte à la pandémie a été largement plébiscitée.

Campant le décor de cette table ronde, Mme PASCALE BAERISWYL, Vice-Présidente de l’ECOSOC, a rappelé que le nombre de cas de COVID-19 est actuellement à la hausse dans les pays d’Afrique, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral, où le rythme de la vaccination est très lent.  Sur les 46 pays classés dans la catégorie des PMA, 33 se trouvent en Afrique, a-t-elle rappelé, tandis que la moitié des 32 pays en développement sans littoral se trouvent également dans la région Afrique.  Mme Baeriswyl a rappelé que nombre de ces pays ont été gravement touchés par la récession mondiale résultant de la pandémie, et souligné que beaucoup ont besoin d’un allégement de la dette.  De même, il importe plus que jamais de réduire la fracture numérique pour garantir un relèvement durable et rétablir les conditions nécessaires aux progrès, a-t-elle conclu.

Dans certains pays de la région Asie et Pacifique, on constate aussi une hausse du nombre de cas de COVID-19, a déclaré Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) qui a souligné leur vulnérabilité économique.  « Douze millions de personnes dans les PMA de la région ont basculé dans la pauvreté cette année. »  Elle a souligné l’urgence des mesures nécessaires pour y remédier, mettant en leur centre l’être humain et la planète.  Elle a plaidé pour l’instauration d’une protection sociale dans ces pays et pour une gestion plus durable des ressources naturelles.  Faisant aussi valoir que les PMA ont pâti des mesures tarifaires mises en place lors de la pandémie, la Secrétaire exécutive a salué l’initiative de suspension du service de la dette du G20. 

Même son de cloche du côté de M. KHALIFA BIN JASSIM AL-KUWARI, Directeur du Fonds pour le développement du Qatar, qui a appelé à investir dans la gestion du risque et le renforcement de la résilience face aux chocs futurs.  Cela a été l’axe de l’appui fourni par le Qatar à plusieurs pays pendant la pandémie, a-t-il dit.  « Il faut anticiper et agir en amont, notamment face aux changements climatiques. »  Sur le plan financier, il a rappelé que l’APD n’est pas suffisante et plaidé pour des mécanismes innovants qui permettent de mobiliser les ressources et de répondre aux besoins.  Enfin, il a espéré que la cinquième Conférence des Nations Unis sur les PMA, qui doit se tenir au Qatar l’année prochaine, débouchera sur un programme ambitieux.

Mme SHEILA OPARAOCHA, Directrice exécutive de ENERGIA, a demandé que l’égalité entre les sexes soit au cœur des efforts de relèvement postpandémie.  Elle a réclamé un accès équitable à l’énergie, en particulier renouvelable.  « Il faut lutter contre les inégalités de genre en ce qui concerne l’accès à l’électricité. »  Les femmes doivent participer pleinement aux processus de prise de décisions dans toutes les institutions publiques, y compris celles du secteur énergétique, a-t-elle conclu.

De son côté, M. PA OUSMAN JARJU, Fonds vert pour le climat, a estimé à entre 140 et 300 milliards de dollars par an d’ici à 2030 les sommes nécessaires pour s’adapter aux changements climatiques.  Le Fonds est un acteur clef pour faciliter l’accès des PMA et des pays en développement sans littoral au financement climatique, a-t-il dit.  Il a appelé à des financements innovants pour améliorer l’accès de ces pays à des ressources sans accroître le service de la dette.

L’allègement de la dette des PMA et des pays enclavés en développement a été recommandé par M. CHIAGOZIE UDEH, Point focal de l’ODD 7 pour le Groupe des jeunes, qui a aussi plaidé pour un meilleur accès de ces pays au financement climatique.  « L’adaptation aux changements climatiques, qui pose une menace existentielle, est vitale. »  Il a invité l’ONU à renforcer la résilience de ces pays face à ce défi, avant de réclamer de nouveau un allègement de la dette.

« L’Afrique n’est pas sur la voie de la réalisation des ODD », a d’emblée affirmé M. BASIRU ISA, grand groupe des peuples autochtones.  S’il a loué la riposte rapide des pays africains à la pandémie, il a néanmoins indiqué que cette dernière a accru les vulnérabilités.  Pour y remédier, il a demandé un meilleur accès aux vaccins et aux connaissances scientifiques dans ce domaine.  Les peuples autochtones doivent être pleinement associés aux plans de relance face à la pandémie, a-t-il dit.  M. Isa a enfin rappelé que les peuples autochtones en Afrique représentent 16% des peuples autochtones du monde.

Un accès immédiat aux vaccins a aussi été réclamé par M. EISENHOWER MKAKA, Ministre des affaires étrangères du Malawi, qui a émis des craintes par rapport aux nouveaux variants qui se répandent.  Il a indiqué que les PMA ont besoin d’un soutien technique et financier ciblé pour répondre à la pandémie et réaliser les ODD.  Il a ensuite rappelé que près de la moitié des PMA courent un risque élevé de défaut de paiement sur la dette et souligné l’urgence absolue d’une nouvelle architecture de l’allègement de la dette.  Le Ministre a réclamé la constitution d’un panel d’experts de haut niveau sur ce sujet.  Enfin, M. Mkaka a insisté pour que les promesses faites au titre de l’APD, des transferts de technologie et des droits de tirage spéciaux soient honorées.

M. MUKHTAR TLEUBERDI, Vice-Premier Ministre du Kazakhstan, au nom des pays en développement sans littoral, a demandé que les plans de relance prennent en compte les vulnérabilités spécifiques de ces pays.  Mettant en garde contre une dépendance aux flux et marchés financiers mondiaux, le Ministre a souligné la nécessité pour ces pays de développer des économies basées sur la connaissance, un secteur industriel fort et des services compétitifs.  Il a jugé essentiel à cette fin l’apport d’une aide internationale financière et technologique.  Enfin, il a loué l’expertise unique de l’ONU pour aider les pays en développement sans littoral à réaliser les ODD et souligné l’importance de la Feuille de route pour une mise en œuvre accélérée du Programme d’action de Vienne, qui comprend quelque 130 projets mis en œuvre par plus de 60 agences onusiennes et internationales.

M. TANDI DORJI, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan, a appelé à corriger la trajectoire inquiétante dans laquelle les PMA et les pays en développement sans littoral sont engagés.  Il a demandé que les vaccins contre la COVID-19 deviennent un « bien public mondial » afin de mettre fin à la pandémie.  Il a appelé au renforcement de la résilience des PMA face aux changements climatiques grâce à une augmentation du financement international.  Le Ministre a rappelé que le but des PMA est de s’extraire de cette catégorie, avant de noter que la pandémie a sapé les progrès accomplis à cette fin.  Il a indiqué qu’une « sortie en douceur » et durable devient par conséquent un choix politique des plus délicats.  Des incitations pour une telle sortie devraient être mises en place, a conclu le Ministre, avant de rappeler que le potentiel humain de ces pays est considérable.

Mme MARGARET KOBIA, Secrétaire d’État pour les services publics et le genre du Kenya, a indiqué que la pandémie a mis à nu de grandes vulnérabilités sociales et économiques.  Elle a détaillé la réponse de son pays, qui repose sur une hiérarchisation des priorités, l’accès aux vaccins et la création d’emplois étant parmi les plus importantes.  « Il faut des vaccins pour tout le monde. »

M. MICHAEL LODGE, Secrétaire général de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA), a rappelé que l’ISA veille à mettre à disposition des PMA les connaissances scientifiques disponibles sur les fonds marins.  Il a encouragé ces pays à participer aux travaux de l’ISA afin notamment de mieux connaître du potentiel de leurs fonds marins.  Enfin, il a souligné la contribution de l’ISA à la réalisation du Programme d’action de Vienne.  « Cette organisation est la vôtre », a lancé M. Lodge aux pays africains, aux PMA et aux pays en développement sans littoral.

Lors de la discussion interactive qui a suivi, le Maroc, notant le manque de diversification économique de ces pays, a souligné la pertinence du Programme d’action de Vienne.  La délégation a regretté l’insuffisance de l’APD et souligné l’importance de la coopération Sud-Sud.  L’Indonésie a, elle, souligné l’urgence d’apporter un soutien financier aux PMA et aux pays en développement sans littoral afin qu’ils puissent se relever de la crise liée à la pandémie.  « L’ONU a un rôle essentiel à jouer. »  Un défenseur des droits des personnes handicapées au Mali a appelé à instaurer une protection sociale dans ces pays, en particulier au bénéfice des personnes handicapées vivant dans la pauvreté.  Appuyée par Madagascar, qui a souligné l’importance de la médecine traditionnelle, l’Afrique du Sud a exhorté à ne pas abandonner les efforts de réalisation des ODD, avant de plaider pour un accès équitable aux vaccins et un allègement de la dette.  « Même avant la pandémie, les moyens de nos pays étaient limités. » 

Un appelé entendu par le Portugal qui a souligné son engagement en faveur des pays les plus fragiles.  « Nous fournissons ainsi une assistance pour le développement du secteur des petites et moyennes entreprises au Mozambique. »  Notre pays prendra aussi toute sa part, a appuyé la mission de la France.  Elle a mentionné un projet de loi, en voie d’adoption, prévoyant une hausse des moyens alloués à l’APD en vue d’atteindre 0,55% du RNB en 2022, première étape vers l’objectif de 0,7%.  « Ce projet de loi rappelle l’engagement de la France à allouer 0,15% à 0,20% de son RNB aux PMA et fixe des objectifs clairs pour permettre à la France de concentrer ses moyens en dons dans 19 pays prioritaires en Afrique subsaharienne et Haïti, qui appartiennent tous à la catégorie des PMA. »  En 2019, la France a alloué aux PMA 2,6 milliards d’euros, soit un quart de son APD, et 0,11% de sa richesse nationale, a précisé la mission.  « Nous continuerons d’appuyer les PMA notamment dans les domaines des infrastructures et de l’énergie », a assuré la Chine.  Enfin, le Myanmar a dénoncé les agissements de la junte au pouvoir dans son pays et demandé une solution internationale pour y remédier.

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