Session de 2021,
11e séance, matin & après-midi
ECOSOC/7061

ECOSOC: clôturant le débat de haut niveau, M. Liu Zhenmin note que le succès du Programme 2030 est lié aux engagements à « ne laisser personne de côté »

Au dernier jour du débat de haut niveau 2021 du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé que le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030 se mesurera à la façon dont nous respectons les engagements à « ne laisser personne de côté ».  Ces engagements sont réaffirmés dans la Déclaration ministérielle adoptée hier par le forum politique de haut niveau pour le développement durable, que l’ECOSOC a entérinée cet après-midi.

L’un des messages forts de la journée et de la session du forum politique aura été de considérer le Programme 2030 comme La feuille de route pour se remettre de la pandémie de COVID-19.  C’est ce qu’a relevé M. Liu en soulignant le besoin d’avoir un « plan mondial » pour que tous les pays se remettent ensemble de la pandémie.  Il a recommandé pour ce faire de mobiliser des ressources financières et de partager les connaissances et technologiques. 

Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’ECOSOC, M. Munir Akram, a salué l’adoption par consensus de la Déclaration ministérielle.  Il a souhaité que l’ECOSOC s’appuie sur cette convergence et ce consensus, au cours de l’année prochaine et de la Décennie d’action, pour mettre en œuvre le Programme 2030.  

Même si le consensus a prévalu, trois amendements proposés par la Fédération de Russie ont été rejetés, comme la veille lors de l’adoption de la Déclaration par le forum politique de haut niveau.  L’amendement au paragraphe 20 n’a été soutenu que par 3 États (Arabie saoudite, Arménie et Fédération de Russie), alors que 38 s’y sont opposés et 3 se sont abstenus (Angola, Îles Salomon et Madagascar).  L’amendement du paragraphe 25 a été rejeté par 39 membres de l’ECOSOC, soutenu par 2 États (Arabie saoudite et Fédération de Russie) alors que 2 autres se sont abstenus (Angola et Madagascar).  Enfin, l’amendement au paragraphe 36 voté par deux États (Arabie saoudite et Fédération de Russie) a été rejeté par 39 États et 2 abstentions (Angola et Madagascar).  En présentant ces amendements, le représentant russe a déclaré s’en tenir aux mêmes explications fournies la veille à la clôture du forum politique de haut niveau pour le développement durable.  La délégation avait par exemple déploré le fait que le paragraphe 20 accorde une importance à certaines questions au détriment d’autres, sapant ainsi le principe d’équilibre entre les trois dimensions du développement durable, tel que prescrit par le Programme 2030.  

De son côté, la délégation des États-Unis s’est inquiétée des insuffisances du libellé de la Déclaration.  Elle a aussi souhaité le retrait du paragraphe 29 mais sa proposition a été rejetée par 27 pays, alors que seuls 3 États y ont souscrit (Australie, Canada et États-Unis) et 17 se sont abstenus.  L’Ukraine s’est pour sa part dissociée du paragraphe 11 de la Déclaration, estimant que l’examen volontaire national de la Fédération de Russie de l’an dernier s’était fait en violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, car l’exposé avait présenté la Crimée comme un territoire russe.  Parmi les autres délégations qui avaient des réserves, la République islamique d’Iran s’est dissociée des « parties de la Déclaration qui contreviennent aux valeurs de la société iranienne ».   

En matinée, l’ECOSOC a tenu une table ronde sur le thème « renforcer l’ECOSOC à son soixante-quinzième anniversaire pour une reprise durable et résiliente après la pandémie de COVID-19 », l’occasion d’entendre des suggestions pour renforcer l’efficacité du Conseil.  C’est ainsi que l’ancienne Ministre des affaires étrangères de l’Équateur, Mme Maria Fernanda Espinosa, a plaidé pour un ECOSOC fort, ayant une interaction plus étroite avec la Deuxième Commission -la commission économique et financière de l’Assemblée générale- et un mécanisme de coordination plus robuste avec cette dernière.  En plus d’une meilleure répartition des compétences avec l’Assemblée, le Vice-Premier Ministre d’Espagne a souhaité une coopération accrue entre l’ECOSOC et la société civile.  

Cette table ronde a été l’occasion pour l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse d’alerter sur le fossé qui se creuse entre les jeunes et les gouvernements.  Mme Jayathma Wickramanayake a loué le forum des jeunes de l’ECOSOC, mais a avoué que « la soif de participation et de réussite des jeunes est inextinguible ».  Elle a donc demandé que les jeunes ne soient pas cantonnés aux sujets qui les concernent.  Autre proposition avancée par le Président de l’ECOSOC pour la réalisation des ODD, le Conseil devrait créer un mécanisme capable de suivre de manière plus scientifique la mise en œuvre des 17 objectifs et de leurs 169 cibles.  Il a ainsi suggéré de convoquer une autre conférence au sommet pour convenir de la structure et du contenu d’une nouvelle entité « plus dynamique et équitable » de coopération économique internationale.

Le débat de l’après-midi a offert l’occasion à la société civile notamment d’envisager les scénarios possibles concernant le redressement après la pandémie.  La Directrice générale de Lands for Life n’a pas vu d’autre solution pour « reconstruire en mieux » que de « reconstruire différemment », en alignant « durabilité et équité ».  Il faut se relever « intelligemment », a ajouté la Secrétaire d’État allemande Rita Schwarzeluehr-Sutter, qui a appelé à rendre nos sociétés plus résilientes, nos économies plus vertes et nos politiques climatiques plus efficaces.  Le problème, selon Bertrand Piccard, fondateur et Président de Solar Impulse Foundation, c’est l’écart énorme entre ceux qui dirigent et ceux qui sont aux prises avec la réalité de l’élément naturel.  Il a assuré que sa fondation reste « plus terre à terre », tandis que l’Alliance mondiale des groupes volontaires a attiré l’attention sur la force que représente 1 milliard de bénévoles dans le monde.

Le principal défi des 10 prochaines années sera l’impact de la quatrième révolution industrielle, a quant à lui estimé M. Felix Dodds de l’Université de Caroline du Nord aux États-Unis.  Il a certes reconnu les chances que présentent l’intelligence artificielle, l’automatisation, l’analyse des données, la réalité virtuelle et augmentée, les « blockchains » et la biotechnologie, tout en prévenant de leurs risques pour l’humanité en cas de mauvais usage.

L’ECOSOC se réunira à nouveau la semaine prochaine, les 21 et 22 juillet, pour tenir la dernière réunion de gestion de la session 2021.  L’organisation de la session de 2022 du Conseil se tiendra quant à lui le matin du 23 juillet.

DÉBAT DE HAUT NIVEAU - E/2021/33, E/2021/60, E/2021/61, E/2021/62

Présentation des rapports

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN, a présenté, dans un premier temps, le rapport du Secrétaire général sur le thème de l’ECOSOC de cette année (E/2021/62) « Une reprise durable et résiliente après la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), qui favorise les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable: ouvrir une voie inclusive et efficace vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans le contexte de la décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable ».  Le rapport explore les principaux enseignements de la pandémie de COVID-19 et propose des idées pour une reprise durable et résiliente qui nous emmène dans le monde envisagé par le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le rapport souligne que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence des problèmes systémiques et interdépendants.  Pour récupérer durablement, le rapport définit des étapes spécifiques.  Il est tout d’abord question de solidarité internationale avec l’urgence que tous les pays aient accès aux vaccines contre la COVID-19.  Pour les pays en développement, un financement d’urgence devrait être mis à disposition.  Le Secrétaire général mise également, dans le rapport, sur un système de soins de santé primaires solide dans chaque pays et pour tout le monde.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé que la réalisation de la couverture sanitaire universelle pourrait sauver 100 millions de vies d’ici à 2030.  Il est aussi question de protection sociale.  Quelque 190 pays et territoires ont dû introduire ou adapter des mesures de protection sociale pour répondre à la pandémie.  Il est question de capitaliser sur cette dynamique et de construire des systèmes de protection sociale qui soient inclusifs.

En outre, le rapport indique que des mesures pourraient apporter des gains économiques cumulés de 26 000 milliards de dollars d’ici à 2030 telles que l’accélération de la transformation structurelle des systèmes énergétiques, un développement urbain plus intelligent, une plus grande importance accordée à l’utilisation durable des terres et à la gestion de l’eau, ou encore la transition vers une économie industrielle circulaire.  Ces stratégies pourraient également générer plus de 65 millions d’emplois supplémentaires sobres en carbone d’ici à 2030.  Le rapport suggère enfin d’exploiter le potentiel des technologies numériques, notamment dans les pays en développement.

Le second rapport du Secrétaire général présenté par M. Liu porte sur les « effets à long terme des tendances économiques, sociales et environnementales actuelles sur la réalisation des objectifs de développement durable » (E/2021/61).  Le rapport décrit comment des actions mondiales coordonnées pourraient atteindre les objectifs de développement durable.

Ce rapport présente un scénario basé sur des actions intégrées pour réaliser le Programme 2030, accompagner la numérisation, lutter contre les changements climatiques et faire avancer la reprise post-COVID-19.

Si elles sont bien faites, les actions dans un domaine entraîneront des progrès dans les autres domaines, puisque le rapport décrit un monde de plus en plus high-tech, interconnecté et axé sur l’éducation, la science et la technologie.  Le Secrétaire général montre également que nous pourrions parvenir à une baisse de l’utilisation mondiale de l’énergie et des ressources, malgré la rapidité de l’augmentation du niveau de vie.  Cependant, cela nécessitera une coopération mondiale renforcée, et dans l’immédiat, sur la réponse à la COVID-19.  Les actions proposées par le rapport peuvent être prises par les gouvernements, les entreprises, la société civile, et nous tous, a conclu M. Liu.

Le Président du Comité des politiques de développement, M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, a ensuite présenté le rapport (E/2021/33) de la vingt-troisième session du Comité qui s’est tenue du 22 au 26 février 2021.  Le Comité a recommandé des domaines d’action prioritaires, pour le relèvement post-COVID-19.  Il y a d’abord le besoin de garantir des vaccinations universelles rapides, non seulement grâce à un soutien financier, mais aussi grâce à des dispositions pour mobiliser la production mondiale de vaccins en supprimant les obstacles créés par les droits de propriété intellectuelle.  À cet égard, le Comité a approuvé la proposition soumise au Conseil de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par l’Inde et l’Afrique du Sud pour une renonciation à certaines dispositions de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce dans le cadre de la prévention et du traitement de la COVID-19.  Le Comité a aussi plaidé pour un soutien financier accru aux pays en développement pour faire face aux conséquences économiques de la COVID-19 et assurer un développement durable et résilient face aux changements climatiques.  Il est également question d’un allégement efficace de la dette des pays en développement, en particulier des pays les moins avancés (PMA) et de ceux qui sont en situation critique d’endettement.

Par ailleurs, le Comité a souligné l’importance de la transformation structurelle des économies pour le développement durable, appelant à avoir des gouvernements qui promeuvent activement le développement des capacités productives.  Dans ce contexte, le système multilatéral doit soutenir les efforts des pays pour assurer la transformation structurelle, y compris en garantissant une marge de manœuvre politique.  Le Comité a également fait des recommandations sur l’assistance financière pour l’adaptation aux changements climatiques et le renforcement de la résilience, pour le renforcement de la protection sociale et pour remédier aux échecs de l’éducation et des inégalités numériques, entre autres.

En outre, la complexité du défi auquel sont confrontés les PMA a été mise en évidence par l’étude approfondie sur l’impact de la COVID-19 sur la catégorie des PMA, entreprise par le Comité dans le cadre du mandat reçu de l’ECOSOC.  L’étude a laissé voir que les retombées socioéconomiques de la pandémie ont été dévastatrices pour ces pays dans les domaines tels que le commerce mondial, les investissements étrangers, le tourisme, les envois de fonds et d’autres.  Près de la moitié des PMA courent un risque élevé de surendettement ou sont déjà en situation de surendettement.  L’Initiative de suspension du service de la dette du G20 et le « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette » ont allégé les pressions dans certains PMA, mais elles sont insuffisantes.  Pour soutenir ces pays, quatre domaines prioritaires nécessitent une attention particulière au niveau international: l’accès aux vaccins, des mesures pour soulager effectivement la pression de la dette, la transformation durable et inclusive des économies des PMA, notamment en développant leurs capacités productives, et un soutien accru pour une transition en douceur des pays sortant de la catégorie des PMA.

Justement, le Comité a procédé à son examen triennal de la liste des PMA, a indiqué M. Ocampo.  Il a ainsi recommandé le reclassement du Bangladesh, de la République démocratique populaire lao et du Népal, et a appelé les partenaires en développement et commerciaux à soutenir ces pays dans une transition en douceur.  En raison de la pandémie de COVID-19, le Comité a également recommandé une prolongation de la période préparatoire de cinq ans.  Il examinera à nouveau les impacts de la pandémie lors d’un suivi annuel et lors de l’examen triennal de 2024, lorsqu’il évaluera également si une nouvelle extension de la période préparatoire serait nécessaire.  Le Président du Comité s’est félicité du fait que l’ECOSOC ait déjà approuvé ces recommandations.  Aucun des pays déjà reclassés ne semblait risquer de retomber dans la catégorie des PMA, a souligné le Président du Comité.

Renforcer l’ECOSOC à son soixante-quinzième anniversaire pour une reprise durable et résiliente après la pandémie de COVID-19

L’ensemble des intervenants de cette table ronde ont souligné que, 75 ans après sa création, le mandat et le rôle de l’ECOSOC sont plus pertinents que jamais pour promouvoir la solidarité mondiale et la coopération internationale, en particulier en ces temps où le monde est aux prises avec une pandémie dévastatrice.  Des pistes pour son renforcement ont été proposées, telles qu’une interaction accrue avec les autres organes de l’ONU ou bien encore un meilleur suivi dans la mise en œuvre de ses décisions.

Premier intervenant, M. MAKHDOOM SHAH MAHMOOD QUREISHI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a indiqué que son pays a fait face à la pandémie en donnant la priorité à des confinements limités et intelligents et à des programmes de protection sociale destinés à soutenir les plus vulnérables.  Le pays est désormais revenu à une trajectoire économique saine, a-t-il dit, en soulignant l’importance des systèmes de protection sociale pour faire face à la crise.  Le Ministre a demandé un accès équitable aux vaccins, une augmentation des investissements pour réaliser les ODD et une action robuste pour remédier aux inégalités du système financier international.  Avec l’aide de la Chine, le Pakistan avance dans la création d’un corridor économique entre les deux pays, a-t-il signalé.  Le Ministre a ensuite insisté sur l’intérêt qu’a son pays de voir un Afghanistan stable, prospère et uni, avant de réclamer une solution juste au contentieux sur le Jammu-et-Cachemire sur la base de la Charte des Nations Unies et dans l’intérêt de sa population.  Le Ministre a enfin estimé que l’ECOSOC est un instrument essentiel pour la promotion d’une coopération qu’il a jugée plus cruciale que jamais.

Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA, Ancienne Ministre des affaires étrangères de l’Équateur et ancienne Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, a plaidé pour un ECOSOC fort, avec une interaction plus étroite avec la Deuxième Commission.  Elle a souligné que les inégalités se sont creusées et appelé à une coopération renforcée pour y remédier.  L’innovation est le maître-mot pour ce faire, a-t-elle dit, en demandant d’avoir de l’audace.  Elle a demandé un mécanisme de coordination plus robuste entre l’ECOSOC et l’Assemblée générale.  Elle a évoqué aussi la création d’un comité de la résilience mondiale.  L’ONU ne peut être le messie venant sauver le monde, cette responsabilité incombant à tous, a-t-elle conclu.  « À époque exceptionnelle, moyens exceptionnels. »

Même son de cloche du côté de M. JEFFREY SCHLAGENHAUF, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a confirmé l’importance de la coopération internationale, en soulignant l’insuffisance de cette coopération pour une reprise pérenne pour tous les pays face à la pandémie.  Il a réclamé un accès équitable aux vaccins et une action robuste en matière climatique.  Il a été d’avis que l’ONU doit jouer un rôle de chef de file dans la réalisation des ODD, l’OCDE venant l’épauler.  Nous devons donner la priorité à l’accélération de la numérisation de l’économie mondiale, sans quoi nous ne parviendrons pas à atteindre nos objectifs, a-t-il dit.  « Travaillons ensemble. »  Enfin, il a insisté sur la nécessité de combler le déficit de confiance entre les populations et les gouvernements.

De son côté, M. IBRAHIM ASSANE MAYAKI, Agence de développement de l’Union africaine, a appelé à la cessation des flux financiers illicites qui privent les pays en développement de centaines de milliards de dollars.  « C’est un problème chronique, en particulier pour les pays africains. »  Il a appelé à une transparence plus grande en ce qui concerne les dépenses publiques et défendu l’imposition mondiale minimale récemment entérinée par le G20.  Ces flux financiers sont une véritable menace, a-t-il averti, avant de pointer les « immenses lacunes » dans le financement du développement.  Enfin, alors que l’âge moyen de la population africaine est de 19 ans, il a demandé des politiques arrimant fermement le continent africain à l’économie mondiale, en soulignent le dynamisme des jeunes entrepreneurs africains.

M. JOHN FRANK, Vice-Président pour les affaires onusiennes de Microsoft, a souligné l’importance de la connectivité, qui est indispensable pour réaliser le développement durable.  La moitié du monde n’est pas encore connectée, alors que la connectivité est au fondement de la croissance économique.  Il a souhaité que les efforts de renforcement de la connectivité soient axés sur les êtres humains, en veillant à assurer un accès au numérique abordable.  M. Frank a indiqué que le secteur privé a un rôle crucial à jouer pour parvenir aux ODD, en soulignant la nécessité d’assurer la pérennité financière des partenariats publics-privés.

Enfin, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a remarqué que le fossé entre les jeunes et les gouvernements s’est creusé.  Les jeunes croient pourtant dans le multilatéralisme et réclament une ONU plus inclusive, notamment pour les jeunes les plus vulnérables.  « Il faut désormais passer de la parole aux actes. »  Elle a réclamé une action déterminée contre le racisme et les inégalités, estimant que la pandémie est une chance pour reconstruire en mieux.  Elle a loué le forum des jeunes de l’ECOSOC, qui est un mécanisme unique.  « La soif de participation et de réussite des jeunes est inextinguible. »  Elle a enfin demandé que les jeunes ne soient pas cantonnés aux sujets qui les concernent uniquement.

Les délégations, nombreuses, ont ensuite pris la parole pour proposer des pistes pour un renforcement du rôle de l’ECOSOC.  La Ministre des affaires étrangères du Liban a ainsi souhaité que l’ECOSOC aide davantage encore les pays en développement à identifier et réaliser des projets viables, en particulier s’agissant de la mobilisation des ressources financières.  « Un ECOSOC revitalisé est au cœur d’un multilatéralisme efficace. »  Son homologue d’Andorre a dit que l’ECOSOC est « l’acteur incontournable » du développement, avant de plaider pour des « alliances innovantes » au service du développement durable, associant en particulier les jeunes.  Pour sa part, le Vice-Premier Ministre de l’Espagne a souhaité une coopération accrue du Conseil avec la société civile et souhaité une réorganisation basée sur une meilleure répartition des compétences avec l’Assemblée générale.  Celle-ci doit élargir ses compétences pour travailler de manière complémentaire et prendre des décisions qui renforcent la crédibilité et l’impact de l’ECOSOC, a-t-il recommandé.

« Il faut préserver le mandat principal de l’ECOSOC, dont la mise en œuvre n’a jamais été aussi impérieuse qu’aujourd’hui », a renchéri le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie.  L’ECOSOC doit pouvoir assurer un suivi renforcé de la mise en œuvre de ses résolutions, a-t-il dit, appuyé par son homologue du Kenya.  Le Ministre algérien a aussi souhaité une coopération plus étroite avec les autres organes de l’ONU pour éviter les doublons et exhorté l’ECOSOC à se concentrer davantage sur les difficultés de financement des pays en développement.  « Le Conseil doit veiller à une vision collective cohérente dans l’application du Programme 2030 pour ne laisser personne de côté. »  Une position partagée par son homologue de la Croatie qui a souligné l’importance de l’ECOSOC dans la riposte mondiale à la pandémie.  Il a aussi demandé un renforcement de ses liens avec la société civile, affaiblis par la pandémie.  « L’efficacité de l’ECOSOC ne doit pas s’évaluer à l’aune du nombre de résolutions qu’il adopte mais aux résultats obtenus sur le terrain », a-t-il ajouté.

Une position pleinement partagée par le Secrétaire aux affaires étrangères de la Thaïlande pour qui l’ECOSOC est bien placé pour appuyer les États Membres dans leur réponse aux défis considérables de la pandémie.  À l’instar du Belize, il a aussi exhorté le Conseil à jouer un rôle de chef de file dans la conciliation harmonieuse de la croissance économique et du développement durable, tandis que le Nigéria a salué le fait que l’ECOSOC maintienne au premier plan la question fondamentale du financement du développement.  La Ministre des droits de l’homme du Mexique a indiqué que son pays, qui a un poste de vice-président à l’ECOSOC, veille à sa consolidation fonctionnelle.  Estimant que l’heure est à renforcer le Conseil plutôt que l’affaiblir, elle a vivement regretté à ce titre la récente adoption d’une résolution sur les modalités du forum de haut-niveau de l’ECOSOC qui l’a, selon elle, affaibli.  Le Conseil doit continuer de respecter les priorités nationales de développement des pays, a enfin nuancé la Fédération de Russie.

« Scénarios et tendances possibles à moyen et long terme concernant le redressement après la pandémie de COVID-19 et la réalisation des ODD »

Animée par Mme DANIELLA TILBURY, Commissaire de Gibraltar pour le développement durable et les générations futures, la dernière table ronde de ce segment de haut niveau s’est concentrée sur les scénarios et tendances possibles à moyen et long terme, notamment la contribution des nouvelles technologies, en vue d’assurer une reprise durable et résiliente après la pandémie de COVID-19 et de réaliser les objectifs de développement durable.  Elle a été l’occasion pour les participants de décrire des voies d’avenir plausibles sur la base des meilleures preuves scientifiques disponibles et avec un calendrier d’actions cohérent.   

Premier orateur de cette discussion, M. BERTRAND PICCARD, fondateur et Président de Solar Impulse Foundation, a observé que les décideurs du monde parlent en termes de création d’emplois et de profits industriels.  Il existe donc un écart énorme entre ceux qui dirigent et ceux qui sont aux prises avec la réalité de l’élément naturel, a-t-il noté, assurant que sa fondation reste « plus terre à terre ».  Elle a ainsi recensé 1 200 solutions susceptibles de protéger l’environnement tout en créant des emplois.  Ces solutions, a-t-il noté, s’appliquent aux secteurs de l’énergie, de la gestion de l’eau, de la mobilité et de l’industrie, et toutes sont sources de profit.  Autrement dit, il n’est pas juste d’affirmer que la protection de l’environnement est incompatible avec l’économie, a fait valoir l’explorateur, selon lequel nous pouvons habiter le monde d’une manière plus durable et plus efficace grâce aux nouvelles technologies.  Si nous polluons, c’est parce que nous utilisons encore des technologies surannées et des systèmes dispendieux qui gaspillent les ressources naturelles, a-t-il expliqué, estimant que l’on peut dissocier le PIB de la quantité de produits et le réassocier à la qualité et à l’efficacité.  À son avis, toutes les négociations sur ces questions doivent prendre en compte le fait qu’il existe des solutions pour réaliser les ODD et qu’elles peuvent être mises en œuvre par des entreprises, petites et grandes, partout dans le monde.  « Ce n’est pas rêver les yeux ouverts », a-t-il insisté. 

Dans le même ordre d’idées, M. KEYWAN RIAHI, Directeur du programme énergétique de l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués, en Autriche, et membre du Groupe des Représentants de haut niveau des Nations Unies pour soutenir le mécanisme de facilitation de la technologie, a constaté que les pays qui se redressent aujourd’hui ne font que « revenir à l’ancienne normalité ».  En conséquence, les émissions de gaz à effet de serre ont recommencé à augmenter et nous nous écartons des objectifs à atteindre pour stopper les changements climatiques.  Pour remédier à cette situation, il a proposé de privilégier une transition axée sur « la demande » en limitant cette dernière par le déploiement de technologies granulaires à petite échelle qui se diffusent plus rapidement sur les marchés.  De plus, un accent plus marqué sur les technologies granulaires contribuerait à accélérer les cycles d’innovation.  Enfin, les technologies à petite échelle sont aussi moins capitalistiques et nécessitent donc moins d’investissements, a-t-il fait valoir, estimant que ces innovations changeraient fondamentalement notre façon d’utiliser l’énergie et impliquerait de passer « de l’ancien modèle de propriété à une économie du partage ». 

« Au cœur de la reprise verte et inclusive se trouvent les questions de hiérarchisation et d’optimisation des synergies », a pour sa part analysé Mme PAULA CABALLERO, Directrice générale du programme Lands for Life, pour qui « reconstruire en mieux » doit d’abord signifier « reconstruire différemment ».  Pour cela, le concept de « comptabilité du patrimoine » est utile car il fait appel au capital humain et naturel au-delà de la simple performance économique, en alignant durabilité et équité, a-t-elle relevé, jugeant que le défi est maintenant de protéger et de développer ce capital, ce qui signifie aussi lutter contre les changements climatiques.  Mais, alors que les plans de relance des principales économies s’élèvent à 4 600 milliards de dollars américains, moins de 1 800 milliards de dollars ont été consacrés à des projets verts.  Elle a donc souhaité une transformation profonde, en s’appuyant sur la rupture actuelle.  « Comme on dit, il ne faut jamais laisser passer une bonne crise », a-t-elle commenté, souhaitant toutefois qu’elle ne devienne pas une crise générationnelle. 

M. DEBAPRIYA BHATTACHARYA, membre émérite du Center for Policy Dialogue, au Bangladesh, et membre du Comité des Nations Unies pour les politiques de développement, a recommandé de mesurer les objectifs de développement sur la base de leur portée, en s’appuyant sur des données ventilées.  C’est le seul moyen de mesurer les impacts de la crise actuelle sur les communautés les plus défavorisées, a-t-il souligné, non sans rappeler que ces dernières, déjà victimes de disparités préexistantes, ont développé pendant la pandémie des stratégies de survie, perdu leur emploi et fait face au surendettement et à la déscolarisation de leurs enfants.  Selon le chercheur, les conséquences économiques de la COVID-19 vont durer plus longtemps que l’urgence sanitaire.  Si la consommation et la reprise sont les maîtres-mots, il convient de ne pas oublier l’éducation, l’accès au numérique, mais aussi la nutrition, l’alimentation et les maladies non liées à la COVID-19 qui ont été négligées, autant de questions qui nécessitent des données. 

Outre la pandémie et les changements climatiques, le principal défi des 10 prochaines années sera l’impact de la quatrième révolution industrielle, a quant à lui estimé M. FELIX DODDS, professeur adjoint au Département des sciences et de l’ingénierie de l’environnement de l’Université de Caroline du Nord.  Ces transformations concernent l’intelligence artificielle, mais aussi l’automatisation, l’analyse des données, la réalité augmentée et virtuelle, les « blockchains » et la biotechnologie, a-t-il observé, y voyant de grandes chances mais aussi de grands risques.  Parmi ces derniers, il a distingué les « deepfakes », les failles de la cybersécurité et de la protection de la vie privée, les robots policiers, les drones militaires, l’impression d’armes en 3D, l’utilisation des données personnelles à des fins répressives et la diffusion de messages de haine sur les réseaux sociaux.  De plus, on estime que 70% des personnes seront employées en tant que pigistes d’ici à 2030, sans savoir encore ce que cela signifiera en termes de soins de santé, de sécurité sociale et de retraite.  Face à cette révolution en marche, a-t-il dit, nous avons besoin de toute urgence d’un dialogue international sur la manière de gérer la transition « avant qu’il ne soit trop tard ».

De l’avis de Mme RITA SCHWARZELUEHR-SUTTER, Secrétaire d’État parlementaire au Ministère de l’environnement, de la conservation de la nature et de la sûreté nucléaire de l’Allemagne, la pandémie a clairement démontré que nous n’étions pas sur la bonne voie pour réaliser les ODD.  Si nous voulons nous rétablir intelligemment, nous devons rendre nos sociétés plus résilientes, nos économies plus respectueuses de l’environnement et nos politiques climatiques plus efficaces, a-t-elle plaidé, avant de se prononcer pour un alignement des plans à long terme sur les accords mondiaux.  Jugeant positif l’objectif de zéro émission nette annoncé par de nombreux pays, elle a souhaité que davantage soit fait sur le plan numérique.  Elle a précisé à ce sujet que le Ministère allemand de l’environnement a lancé un programme de politique numérique pour l’environnement, qui prévoit une écoconception des technologies de l’information et des communications, la création de centres de données vertes et l’intégration de critères de durabilité dans les algorithmes de recherche. 

Plus centré sur le Programme 2030, M. OMAR RAZZAZ, ancien Premier Ministre de la Jordanie, a noté que les ODD ont constitué des outils cruciaux pour éveiller les consciences, appliquer des conclusions scientifiques et pointer du doigt certains pays en retard sur leur réalisation.  Il s’est toutefois interrogé sur la pertinence de l’ODD 17, qui porte sur la coopération entre les pays et les différents secteurs.  Cet objectif présuppose que l’intérêt des uns serait le mode opératoire des autres, a-t-il déploré, souhaitant plutôt que soit promue la notion de « biens publics mondiaux », qui peuvent profiter à tous.  Il a d’autre part constaté que les problèmes rencontrés à l’échelle locale l’ont aussi été au niveau international, ce qui explique que les ODD ne soient pas sur la bonne voie à l’heure actuelle.  Même avant la COVID-19, on estimait que les ODD ne seraient pas atteints avant 2082, a rappelé M. Razzaz, imputant ce dysfonctionnement à des structures de gouvernance trop morcelées qui ne prennent pas en compte les externalités.  Selon lui, l’ODD 17 devrait être révisé en vue de créer une structure mondiale de coopération à même de mesurer les progrès réalisés et de récompenser les pays qui avancent sur la voie des ODD. 

« La seule façon de réussir est d’agir ensemble », a renchéri M. DAG-INGE ULSTEIN, Ministre du développement international de la Norvège, en appelant à construire des infrastructures plus robustes et à mettre en œuvre des solutions fondées sur la nature qui préviennent les catastrophes liées au climat et favorisent des systèmes alimentaires plus résilients.  À cette aune, il a souligné l’importance de la transformation numérique.  Grâce à la Digital Public Goods Alliance, nous soutenons l’utilisation gratuite de systèmes publics, comme l’information numérique du système de santé norvégien, a-t-il noté, y voyant le fondement d’une numérisation de l’administration publique.  Il s’est d’autre part prononcé pour la construction d’une fiscalité saine et progressive afin de combattre la corruption, la fraude et les flux financiers illicites.  Nous devons aussi remplir nos obligations au regard du Plan d’action d’Addis-Abeba, a-t-il souligné, avant de préciser que l’institut norvégien de financement du développement, Norfund, a augmenté ses investissements de 20% l’an dernier, prouvant ainsi qu’il est possible d’investir même en période de crise.

Revenant à la dimension régionale du débat, Mme ARLETTE SOUDAN-NONAULT, Ministre de l’environnement, du développement durable et du bassin du Congo de la République du Congo et Présidente de la septième session du Forum régional africain sur le développement durable, a assuré que l’Afrique est prête à promouvoir des solutions aux changements climatiques et à générer une croissance verte inclusive en tirant parti de ses avantages comparatifs en matière de ressources naturelles.  L’un d’eux réside dans l’écosystème du bassin du Congo, qui est le « second plus grand poumon écologique du monde », a-t-elle indiqué, ajoutant que, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les tourbières de ce bassin représentent un puits de carbone d’environ 30 milliards de tonnes, soit l’équivalent de trois années d’émissions des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.  Consciente de cet atout, la République du Congo a créé le Fonds bleu pour le bassin du Congo, auquel 16 pays du continent ont souscrit.  Ce mécanisme, a expliqué la Ministre, vise à financer des investissements verts et stimuler la croissance dans des secteurs tels que l’énergie, l’eau, l’assainissement, la gestion des déchets et le transport.   

M. DINESH GUNAWARDENA, Ministre des affaires étrangères de Sri Lanka, a lui aussi mis en avant l’action de son gouvernement, qui a donné la priorité à la lutte contre la pandémie tout en soignant la résilience de l’économie nationale face aux impacts des confinements.  Grâce à un plan de secours d’urgence, les employés du secteur informel et les micro, petites et moyennes entreprises ont reçu une aide financière et matérielle.  Les licenciements dans le secteur privé ont ainsi été maintenus au minimum et un salaire minimum a été garanti.  Le pays opère parallèlement une transition vers une agriculture centrée sur la sécurité alimentaire.  Il a ainsi décidé d’arrêter les importations d’engrais chimiques afin de garantir une alimentation non toxique.  Mettant l’accent sur les efforts en matière de circularité, le Ministre a aussi indiqué que la part des énergies renouvelables sera portée à 70% du mix énergétique de Sri Lanka d’ici à 2030.  

Au cours du débat interactif qui a suivi, M. Felix Dodds s’est félicité que la question de l’impact de la numérisation ait été abordée par plusieurs délégations, notamment la Norvège et l’Allemagne.  Les changements font peur, or ils vont être rapides et profonds, a-t-il prévenu, citant l’inventeur Ray Kurzweil, selon lequel « nous ne connaîtrons pas 100 ans de progrès au XXIe siècle, mais plutôt 20 000 ans de progrès au rythme actuel ».  Le changement doit donc être géré, a-t-il professé, saluant au passage les « New Deals » verts mis en place par différents pays dans le monde. 

La République de Corée s’est justement enorgueillie d’avoir procédé à un « New Deal coréen » pour ouvrir la voie à une meilleure économie postpandémie.  Dans ce cadre, elle a lancé la stratégie « Digital New Deal », qui vise à augmenter la productivité de toutes les industries en investissant dans l’intégration des données, l’intelligence artificielle et la transformation numérique de l’éducation.  Elle a également opéré un « Green New Deal », qui encourage la neutralité carbone en favorisant les énergies renouvelables et la mobilité verte via les véhicules électriques et à hydrogène.  Le troisième volet de ce plan national basé sur la transparence et la participation prend la forme d’une stratégie de renforcement de la protection sociale, agrémentée de formations et de mesures destinées à combler la fracture numérique.   

Le Royaume-Uni est, lui, revenu sur la question des données.  « Les débats de ce forum politique de haut niveau ont confirmé qu’une relance inclusive et durable ne pourra avoir lieu que si les plus vulnérables y sont associés. »  Or, a-t-il remarqué, on manque de données sur ces populations disproportionnellement frappées par la pandémie.  Il a donc souhaité savoir ce que peuvent faire les États Membres pour assurer la production de ces données et faire en sorte que nul ne soit laissé pour compte.  La réponse est venue de M. Felix Dodds, selon lequel les gouvernements, en particulier ceux des pays développés, doivent aider leurs bureaux de la statistique et ceux des pays en développement.  Selon lui, le soutien apporté à ces institutions ainsi qu’au Bureau de la statistique de l’ONU contribue au renforcement des capacités. 

De son côté, le Danemark a souhaité que les plans de relance ne soient pas utilisés au profit du statu quo mais servent à remettre le monde sur la voie des ODD.  Pour cela, a-t-il dit, l’un des principaux domaines d’investissement est la jeunesse, faute de quoi une génération entière pourrait être laissée pour compte.  La délégation a ainsi proposé l’établissement de groupes de jeunes pour conseiller les gouvernements sur des questions qui les concernent, notamment les effets des changements climatiques.  Il faut entrer en dialogue avec la jeunesse pour préparer un monde plus durable, a-t-elle affirmé.  Son appel a été repris par la Fédération internationale des étudiants en médecine, selon laquelle les jeunes sont engagés pour un avenir durable et doivent donc pouvoir participer aux stratégies de redressement et de réalisation des ODD. 

L’Alliance mondiale des groupes volontaires a, elle aussi, fait valoir que le milliard de bénévoles que compte le monde représente une ressource puissante pour aider à mieux reconstruire.  Elle a par conséquent invité les États à soutenir et à reconnaître le volontariat dans leurs examens nationaux volontaires et leurs plans nationaux pour atteindre les ODD, préconisant à cette fin des approches intégrées plutôt que cloisonnées, une collaboration intersectorielle et une implication efficace des secteurs public et privé.

En conclusion, M. Keywan Riahi a souligné l’importance de ne pas faire de laissés pour compte dans le cadre des 17 ODD.  Il importe selon lui de privilégier une perspective structurelle et donc de maximiser les synergies.  Ces dernières peuvent être favorisées par l’ONU et les banques multilatérales de développement, a enchaîné Mme Paula Caballero, selon laquelle le potentiel des ODD n’a pas encore été pleinement exploité.  Pour bien mesurer l’exacerbation des inégalités pendant la pandémie, il faut sérier les problèmes, ce qui nécessite de s’appuyer sur des données ventilées, a enfin estimé M. Debapriya Bhattacharya, appelant à une meilleure compréhension des réalités locales avant de passer à des analyses nationales et mondiales. 

Adoption de la Déclaration ministérielle

En présentant trois amendements au projet de déclaration ministérielle, le représentant de la Fédération de Russie a déclaré s’en tenir aux mêmes explications fournies la veille à la clôture du forum politique de haut niveau pour le développement durable.

Explications après le vote final

Le représentant des États-Unis a appuyé l’adoption de la Déclaration ministérielle en soulignant notamment la nécessité de la coopération internationale pour parvenir à des systèmes d’alimentation durable.  Il s’est néanmoins inquiété de certaines insuffisances de ce texte s’agissant de l’affirmation de la nécessité d’infrastructures et chaines d’approvisionnement durables.  Il a aussi regretté que la Déclaration ne reconnaisse pas le droit à l’alimentation ni le droit à l’accès à l’eau et à l’assainissement.

Le représentant du Panama a appelé à des efforts post-COVID-19 pour la reconstruction d’un monde plus résilient avec un nouvel accent sur le développement social.  « Nous devons redoubler d’efforts pour combler l’inégalité entre hommes et femmes, que la pandémie de COVID-19 a aggravée », a notamment plaidé le représentant en soulignant le terrible impact de cette pandémie sur la réalisation des ODD. 

Le représentant d’Israël a réitéré son appui à la réalisation des ODD.  Il a estimé que l’adoption de cette Déclaration est le meilleur moyen de réagir face à l’impact de la pandémie de COVID-19. 

Le représentant du Guatemala a renvoyé à sa déclaration du 15 juillet.

Le représentant de la République islamique d’Iran s’est dissocié des parties de la Déclaration qui contreviennent aux valeurs de la société iranienne.  Il a constaté que l’imposition de sanctions unilatérales illégitimes et injustifiées augmente de manière alarmante et estimé qu’une stratégie à ce sujet doit avoir sa place dans tout document sur le développement durable.  Le délégué a regretté que la proposition du G77 pour l’inclusion d’un paragraphe sur les mesures coercitives n’ait pas été retenue.

À son tour, la représentante de l’Ukraine s’est dissociée du paragraphe 11 de la Déclaration ministérielle estimant que la présentation, l’an dernier, de l’examen national volontaire de la Fédération de Russie s’était faite en violation de l’intégrité de l’Ukraine car celle-ci indiquait que la Crimée relevait de la Fédération de Russie.

Déclarations de clôture

Le Président du Conseil économique et social, M. MUNIR AKRAM (Pakistan), dont le mandat tire à sa fin, a relevé que malgré les nombreux défis auxquels la communauté internationale est confrontée, l’expérience de l’année écoulée a cristallisé la prise de conscience de l’unité essentielle de l’humanité et de l’impératif de la coopération économique internationale, une tâche que l’ECOSOC a pour mandat de poursuivre en vertu de la Charte des Nations Unies.  Il a expliqué comment le Conseil, à travers ses différents segments et délibérations tout au long de l’année, a permis de répondre aux multiples crises avec « une unité et une solidarité uniques ».  Il a salué le fait que la Déclaration ministérielle du forum politique de haut niveau ait été adoptée par consensus.  L’ECOSOC et ses États membres doivent s’appuyer sur cette convergence et ce consensus, au cours de l’année prochaine et au cours de la Décennie d’action, pour mettre en œuvre le Programme 2030, a—t-il souhaité.  

Il a ensuite évoqué les principales tâches à venir.  Premièrement, un accès universel et abordable au vaccin contre la COVID-19, afin de vaincre le virus et relancer le commerce, l’investissement et la croissance dans le monde.  Il a rappelé que nous devons mobiliser les 4 300 milliards de dollars dont les pays en développement ont besoin pour se remettre des crises et réaliser les ODD.  Il a également insisté sur le respect de l’engagement pris par les pays développés de fournir 100 milliards de dollars par an en financement climatique.  M. Akram a en outre rappelé les 1 000 milliards de dollars nécessaires pour l’investissement annuel dans les infrastructures durables, afin de faciliter la transition vers une économie mondiale « verte et dynamique ».  Un dialogue multipartite de haut niveau organisé par l’ONU peut faire avancer cet objectif, a-t-il espéré.  

M. Akram a indiqué que les stratégies d’investissement en faveur des ODD doivent se concentrer sur la création d’emplois, notamment dans des secteurs comme le logement, la construction, les énergies renouvelables, les transports, l’agriculture durable et la manufacture.  Dans le même temps, la pauvreté et la faim ont augmenté et doivent être attaquées de front, notamment par le biais de programmes de protection sociale et d’aide, ainsi que par une production et une distribution alimentaires durables, a-t-il plaidé.  L’accès aux technologies de pointe et aux innovations, en particulier les technologies numériques, doit être libéralisé de manière drastique, a-t-il encore réclamé, arguant qu’ils sont essentiels pour atteindre les ODD et les objectifs climatiques. 

Le Président de l’ECOSOC a plaidé pour la mobilisation de la volonté politique pour s’attaquer aux problèmes structurels et systémiques qui entravent une croissance et un développement équitables et dynamiques.  Selon lui, l’ECOSOC devrait créer un mécanisme capable de suivre, de manière plus scientifique, la mise en œuvre des 17 ODD et de leurs 169 cibles.  Il est temps de convoquer une autre conférence au sommet pour convenir de la structure et du contenu d’une nouvelle structure plus dynamique et équitable de coopération économique internationale, a-t-il conclu.

Dans son discours de clôture, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN, a souligné que l’un des messages forts de la journée et de cette session du forum politique de haut niveau pour le développement durable aura été que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est notre feuille de route pour se remettre de la pandémie de COVID-19.  Les efforts de mise en œuvre des ODD doivent englober la solidarité internationale, l’égalité et l’inclusion.  Nous avons besoin d’un plan mondial pour que tous les pays se remettent ensemble de la pandémie, ce qui passe par l’accès de tous aux vaccins, et la mise des pays les plus pauvres sur la voie de la réalisation des ODD, a-t-il recommandé.  Il a plaidé pour la mobilisation des ressources financières et le partage des connaissances et technologies.  « Le succès se mesurera à la façon dont nous respectons les engagements à ne laisser personne de côté. »

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que l’ECOSOC a envoyé un message fort selon lequel les défis interconnectés auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui exigent une solidarité internationale revigorée.  L’ECOSOC engage toutes les parties de la société, y compris les jeunes, à œuvrer pour le succès du Programme 2030, a souligné M. Liu.  Travaillons ensemble pour garantir le meilleur scénario pour le monde et pour tout le monde, ne laissant personne de côté, a-t-il lancé.  « Alors que nous avançons, continuons à trouver des solutions créatives et efficaces. »  De même, tirons parti de nos engagements et de nos nouvelles idées, a-t-il demandé en appelant à collaborer à travers les frontières, à travers les institutions, à travers les secteurs et à travers les communautés en soutien au Programme 2030.  Malgré les incertitudes, en travaillant ensemble, nous pouvons réaliser les ODD, a-t-il conclu.

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