FEM/2205

Commission de la condition de la femme: la Vice-Présidente des États-Unis fait le lien entre le statut de la femme et l’état de la démocratie

Au deuxième jour de sa soixante-cinquième session, la Commission de la condition de la femme s’est penchée, aujourd’hui, sur les bonnes pratiques et les moyens de créer un environnement propice à la pleine participation des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique à l’occasion de deux tables rondes ministérielles.  Elle a ensuite entamé sa discussion générale au cours de laquelle la Vice-Présidente des États-Unis a établi un lien entre le statut de la femme et l’état de la démocratie. 

Pour Mme Kamala Harris, la démocratie et l’autonomisation des femmes évoluent concomitamment.  Non seulement parce que l’exclusion des femmes de la prise de décisions est le « marqueur d’une démocratie imparfaite », mais aussi parce que « la participation des femmes renforce la démocratie ».  Vérifiable partout, cette réalité est particulièrement prégnante aux États-Unis, où, à chaque élection présidentielle depuis 56 ans, « plus de femmes ont voté que d’hommes », a-t-elle relevé, notant également que plus de femmes que jamais siègent aujourd’hui au Congrès américain. 

Au cours de cette discussion, le fléau de la violence a été identifié à plusieurs reprises comme l’un des plus grands obstacles à l’épanouissement des femmes et à leur contribution à la vie publique. 

Le Groupe des États d’Afrique, par la voix du Tchad, a notamment insisté sur la participation effective des femmes aux processus de paix, ainsi que dans les médias, afin de renforcer leur position de « personnes de pouvoir ». 

Par la voix de la Ministre d’État de la présidence du Portugal, l’Union européenne s’est inquiétée de la violence sexiste en ligne.  En outre, a-t-elle affirmé, chaque individu doit pouvoir contrôler sa sexualité sans crainte et avoir accès aux services de santé sexuelle et reproductive. 

Consacrée aux bonnes pratiques pour parvenir à la participation pleine et effective des femmes aux prises de décisions dans la sphère publique, la première table ronde ministérielle du jour a vu les pays du Nord comme du Sud s’interroger sur les moyens de faire de la parité non plus l’exception mais la règle, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

« La parité n’est pas la charité, elle est un atout compétitif », a notamment fait valoir la Ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de l’égalité des chances et de la diversité de la France, notant que l’instauration d’un quota minimum de 40% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises du CAC 40 les a « spectaculairement féminisés ». 

Il en va de même pour la nouvelle loi électorale en Algérie qui fixe des quotas pour accroître le nombre de femmes dans la vie publique.  Une avancée qui est le résultat d’une « volonté politique forte » et de mesures de « discrimination affirmative », a commenté la Ministre de la solidarité nationale, de la famille et de la condition de la femme de ce pays. 

De nombreux intervenants ont toutefois constaté qu’en l’absence de mesures contraignantes, la situation tarde à évoluer.

Pour changer la donne et casser les stéréotypes sexistes, le rôle de l’éducation a été souligné lors de la seconde table ronde ministérielle, centrée sur la création de conditions propices à la participation des femmes.  À l’instar de son homologue de l’Estonie, seul pays au monde dirigé par une présidente et une femme chef de gouvernement, le Ministre des services sociaux et du développement urbain des Bahamas a dit miser sur les programmes scolaires et l’éducation du grand public, via les médias et les ONG, pour faire reculer certaines pratiques culturelles et traditionnelles. 

Au-delà de l’éducation, les stéréotypes de genre doivent aussi être combattus sur le marché du travail, a soutenu la Ministre de l’éducation, de la culture et de la science des Pays-Bas, dont le Gouvernement s’emploie à éliminer la sous-représentation des filles et des femmes dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.  Une action jugée cruciale au moment où la pandémie de COVID-19 accélère la numérisation des sociétés. 

Il n’en reste pas moins qu’au rythme actuel, « il faudra attendre 2063 pour atteindre la parité dans la vie publique », a observé en conclusion la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, appelant à des « mesures exemplaires » pour former les femmes et amender les procédures électorales, promouvoir une participation équitable et offrir des financements plus souples et davantage de reconnaissance aux femmes. 

Suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle »

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2021/3, E/CN.6/2021/4, E/CN.6/2021/5)

Thème prioritaire: participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique et élimination de la violence, en vue d’atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles

Suite du débat ministériel

Table ronde 3

« La parité n’est pas la charité.  Elle est un atout compétitif. »  C’est en ces termes que la Ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances de la France a cadré le débat de cette table ronde consacrée à l’examen des bonnes pratiques pour parvenir à la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique.  À cette occasion, les pays du Nord et du Sud ont brossé un tableau mitigé des progrès accomplis en termes de représentation des femmes dans la vie publique, la grande question étant de comment faire de la parité non plus l’exception mais la règle, comme le prévoit le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

La Ministre de la solidarité nationale, de la famille et de la condition de la femme de l’Algérie, qui présidait cette table ronde, a mis en avant les mérites d’une volonté politique forte et des mesures « de discrimination affirmative » pour y arriver, dont les quotas.  En France, l’instauration d’un quota minimum de 40% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises de CAC 40 les a « spectaculairement féminisés », passant d’à peine 10% en 2009 à 44,6% aujourd’hui, plaçant le pays en deuxième place derrière l’Islande avec 46%.  Il en va de même pour la nouvelle loi électorale en Algérie qui fixe des quotas pour accroître le nombre de femmes dans la vie publique, y compris aux postes de ministre, parlementaire, sénateur, gouverneur, maire, juge ou candidat au sein de partis politiques.

« Si on ne les compte pas, les femmes ne comptent pas. »  Les résistances, les archaïsmes sont encore légion et le sexisme, ancré dans nos cultures, détruit encore beaucoup d’aspirations.  Face à ce constat, les mesures contraignantes permettent de briser le statu quo et de faire progresser la parité de manière rapide et significative, a soutenu la France, alors que la Ministre d’État aux questions de la femme et de l’enfance du Bangladesh lui a opposé le rôle de la volonté politique au plus haut niveau, forte de l’expérience de son pays où le Premier Ministre, la chef de l’opposition et la Présidente du Parlement sont toutes des femmes.

Mais, ont soutenu d’autres ministres, sans mesures contraignantes et un suivi de leur application, la situation tarde à évoluer.  La Vice-Présidente de la République islamique d’Iran a d’ailleurs vanté le succès du décret présidentiel de septembre 2017 décidant d’allouer 30% des postes de prise de décisions au sein du Gouvernement aux femmes.  Depuis, ces dernières représentent 25% de la fonction publique avec notamment 96 femmes au niveau de ministre adjoint et 16 gouverneurs adjointes.  Même son de cloche en Afghanistan qui compte aujourd’hui 15 femmes vice-ministres et 600 femmes juges alors que la Commission électorale a été présidée par une femme et que, pour la première fois, une femme a été nommée Gouverneur adjointe, a fait savoir la Ministre de la femme.  À Trinité-et-Tobago, la Ministre chargée des questions de genre et de l’enfance, a, elle aussi, souligné le niveau de pouvoir significatif des femmes avec 30% des portefeuilles ministériels, la présidence du Sénat et 70,8% des postes de prise de décisions dans le secteur public. 

Il semble cependant que les femmes soient moins visibles au niveau de la gouvernance locale, la Ministre de la sécurité sociale et du travail de la Lituanie ayant notamment regretté qu’il y ait encore trop peu de femmes maires, tandis qu’à Trinité-et-Tobago, elles ne représentent que 33% dans les fonctions de prise de décisions au niveau local. 

Pour changer la donne, le rôle de l’éducation a été mis en avant pour casser les stéréotypes sexistes dès le plus jeune âge.  Pour réduire l’impact négatif du fait de devenir mère sur la carrière des femmes, la Ministre du travail de la République tchèque a vanté les mérites des garderies et d’autres services de prise en charge des enfants.  En effet, a concédé la Ministre de la solidarité sociale de la Lettonie, les femmes ont toujours du mal à trouver un équilibre entre vie familiale et travail, et, par conséquent, il appartient à l’État de prendre les devants en offrant des congés paternels et maternels payés, en augmentant l’accès aux services pour l’enfance au niveau local et en sensibilisant au rôle du père dans la prise en charge des enfants.  La Ministre des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération de l’Espagne a souligné que l’absence de coresponsabilité pour les tâches ménagères et la violence sexiste restent les principaux obstacles à la pleine égalité entre les sexes, même dans un pays comme le sien qui a atteint des niveaux de parité de 48% dans les pouvoirs législatif et exécutif et de 47% dans le judiciaire.  C’est d’ailleurs ce qui a motivé l’Espagne à opter pour une diplomatie « féministe ».

Rien n’est jamais acquis en termes de parité et de représentation des femmes dans la vie publique, a mis en garde la Secrétaire d’État pour l’égalité entre les sexes et le logement de la Suède alors même que son pays a adopté des quotas pour les listes des partis politiques dès les années 1990 et que le Gouvernement suédois comprend autant d’hommes que de femmes depuis 1974.  Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, les droits des femmes et des jeunes filles sont mis à mal, et que des femmes politiques et journalistes sont prises pour cible, a-t-elle regretté.

Sur une note positive, la Secrétaire générale du Conseil pour les affaires de la famille de l’Arabie saoudite a fait état de progrès notables dans la promotion de la parité, notamment dans le domaine de l’emploi où, grâce à une nouvelle législation, les femmes devraient bientôt représenter 30% de la force de travail, et avoir un accès équitable à la justice. 

Rejoignant cette idée, la Directrice exécutive de l’UNICEF, Mme Henrietta Fore, a demandé de braquer les projecteurs sur les jeunes filles dans le monde pour leur permettre de pleinement réaliser leur potentiel.  Elle a appelé à prendre des mesures audacieuses en faveur des filles et à les placer au cœur de la relance post-COVID en termes d’éducation, de formation professionnelle et de protection contre les mariages précoces et les mutilations génitales féminines.  Comme l’a rappelé Mme Fore, la présence de femmes dans les conseils d’administration a permis de changer la donne et a mis en exergue l’importance de la présence de femmes dans les processus de prise de décisions à tous les niveaux.  « Alors trouvons les moyens d’appuyer les leaders, les innovatrices et les penseuses de demain: nos jeunes filles. »

Table ronde 4

Axée sur la création de conditions propices à la participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique, la quatrième table ronde ministérielle de cette soixante-cinquième session, qui était présidée par la Ministre de l’égalité des sexes et de la famille de la République de Corée, Mme Chung Young-ai, a donné lieu à des échanges d’expériences concrètes, sur le poids des discriminations et des stéréotypes négatifs, mais aussi sur les efforts déployés pour accroître la représentation politique des femmes à tous les niveaux de pouvoir. 

Convaincue qu’il faut montrer aux femmes et aux filles que « les attentes les plus élevées sont possibles », la Ministre en charge du voisinage européen et des Amériques du Royaume-Uni a mis l’accent sur l’accès des filles à l’enseignement, que la pandémie de COVID-19 a considérablement entravé.  La présidence britannique du G7 se fixe ainsi pour objectif ambitieux de faire progresser de plus de 30% le nombre de filles qui vont à l’école et d’éliminer des barrières à leur éducation, comme le mariage forcé.  Elle entend aussi soutenir la participation des femmes à l’action climatique, qui sera débattue lors de la COP26, et aux processus de paix, lesquels ont « 66% de chances de plus de réussir s’ils intègrent des femmes ». 

Qualifiant de « coup de semonce » le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, marqué l’an dernier, la Ministre des femmes, des affaires de l’enfance et des services éducatifs de Sri Lanka s’est quant à elle inquiétée des nombreuses barrières et lacunes qui font encore obstacle à l’autonomisation des femmes, tout en vantant la politique éducative universelle de son pays, qui contribue à la participation des femmes à toutes sortes d’activités, dans les secteurs public et privé. 

La Ministre du genre de la Zambie a reconnu pour sa part que différents facteurs structurels contribuent à entraver la participation effective des femmes aux affaires publiques, à commencer par le manque d’accès des filles à l’éducation, les discriminations et les violences sexuelles et sexistes.  C’est pourquoi, a-t-elle indiqué, le Gouvernement zambien a promulgué en 2015 une loi sur l’égalité des sexes, qui prévoit la mise en œuvre d’une stratégie d’autonomisation des femmes et de soutien à leur participation aux décisions. 

Soucieuse de créer un environnement propice à l’engagement public, la Grèce a pris un ensemble de mesures pour concilier travail et vie familiale, éliminer les stéréotypes de genre qui empêchent les femmes de participer aux centres de décision, mais aussi éliminer le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, a expliqué sa Vice-Ministre du travail et des affaires sociales.  Le Plan d’action national 2021-2025 pour l’égalité femmes-hommes en représente une composante essentielle. 

Pour parvenir à l’égalité des sexes, une éducation transversale sur les rôles des femmes et des hommes est essentielle, a estimé le Ministre des services sociaux et du développement urbain des Bahamas, avant de détailler les efforts déployés au niveau national pour éliminer les pratiques culturelles et traditionnelles qui perpétuent la discrimination et les stéréotypes sexistes à l’égard des femmes.  Des actions centrées sur les programmes scolaires ainsi que sur l’éducation du grand public sont déployées par le biais des médias et des ONG. 

Seul pays au monde dirigé par une présidente et une femme premier ministre, l’Estonie met, elle aussi, à contribution les médias et les ONG pour lutter contre les stéréotypes sexistes et améliorer la représentation des femmes, a témoigné sa Ministre de la protection sociale.  Un projet gouvernemental vise en outre à réduire la ségrégation par sexes à tous les niveaux de responsabilité et à encourager les hommes à davantage participer aux tâches domestiques et au travail non rémunéré. 

Ce même credo a été défendu par la Ministre de l’éducation, de la culture et de la science des Pays-Bas, selon laquelle il importe de combattre les stéréotypes de genre dans l’éducation mais aussi sur le marché du travail.  À cette fin, le Gouvernement néerlandais s’emploie à éliminer la sous-représentation des filles et des femmes dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.  Cela se révèle crucial au moment où la pandémie accélère la numérisation des sociétés, a-t-elle indiqué. 

Partisane de « mesures intelligentes » pour favoriser la pleine participation des femmes, la Ministre des femmes, des familles, de la jeunesse et de l’intégration de l’Autriche a fait état d’une « expérience » tentée par son gouvernement, celle d’une budgétisation sexospécifique de tous ses domaines d’action afin de prendre en compte les besoins des hommes et des femmes.  Sur le plan politique, cela prend la forme d’un « bonus » de 3% pour les partis ayant plus de 40% de femmes dans leur structure. 

Dans le même esprit, la Première Sous-Ministre du travail et des affaires sociales de l’Arménie a expliqué que son gouvernement intégrait désormais des perspectives de genre dans ses projections budgétaires, afin de mieux soutenir les groupes vulnérables, y compris les femmes et les filles.  Malgré les effets de la pandémie et de la guerre « provoquée par l’Azerbaïdjan », le pays s’efforce également d’inclure un grand nombre de femmes dans les technologies de l’information et des communications (TIC) et de favoriser leur participation politique au niveau local. 

Favorable à des « mesures contraignantes » pour accélérer l’égalité entre les sexes et promouvoir l’accession de femmes aux postes dirigeants, la Secrétaire d’État fédérale aux affaires familiales, aux personnes âgées, aux femmes et aux jeunes de l’Allemagne a indiqué que son gouvernement élaborait actuellement une nouvelle loi imposant davantage de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises.  La Commissaire européenne à l’égalité a, de son côté, insisté sur l’indépendance économique des femmes, précisant que l’exécutif européen travaillait à une proposition sur la transparence de l’emploi, avec pour objectif l’égalité salariale. 

En conclusion de cette table ronde, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, a observé qu’au rythme actuel, « il faudra attendre 2063 pour atteindre la parité dans la vie publique ».  Il convient donc de prendre des mesures exemplaires pour former les femmes et amender les procédures électorales, promouvoir une participation équitable, nommer des femmes dans les appareils judiciaires et offrir des financements plus souples et davantage de reconnaissance aux femmes, a-t-elle plaidé.  Consciente des discriminations et des mesures sexistes que subissent les femmes, elle a également appelé à créer un environnement leur permettant de « déposer des plaintes sans crainte de représailles ». 

Discussion générale

Au second jour de la soixante-cinquième session de la Commission de la condition de la femme, les délégations ont entamé la discussion générale qui se déroule, COVID-19 oblige, par visioconférence.  Les différents intervenants, les groupes de pays pour la plupart, ont tiré parti du thème prioritaire de la session pour présenter les avancées et les obstacles de la pleine participation des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique.  La discussion a également été marquée par l’intervention de la Vice-Présidente des États-Unis qui a fait le lien entre le statut de la femme et l’état de la démocratie, arguant que les deux évoluent concomitamment.

Affirmant que « le statut de la femme est le reflet du statut de la démocratie », elle a jugé essentiel de continuer à défendre la démocratie, alors même que nous sommes confrontés à une crise sanitaire mondiale et une crise économique.  La démocratie subit une pression accrue et cette dernière année a été la pire jamais enregistrée en ce qui concerne la détérioration globale de la démocratie et des libertés, a-t-elle alerté. 

Selon elle, le statut de la démocratie dépend fondamentalement de l’autonomisation des femmes.  Pas seulement parce que l’exclusion des femmes dans la prise de décisions est un marqueur d’une démocratie imparfaite, mais parce que la participation des femmes renforce la démocratie, a-t-elle expliqué.  Aux États-Unis, depuis 56 ans, à chaque élection présidentielle, les femmes ont été plus nombreuses à voter que les hommes.  Et aujourd’hui, plus de femmes que jamais siègent au Congrès, tandis que d’autres dirigent les gouvernements locaux et étatiques, prennent des décisions importantes concernant la sécurité de la nation, et stimulent la croissance de l’économie.  « Ce sont des signes de progrès », « ce sont des signes de force », a-t-elle salué.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Tchad a dit qu’alors que nous reconstruisons en mieux, il faut veiller à tenir compte des femmes, identifiant la violence comme l’un des plus grands obstacles à l’épanouissement des femmes et à leur participation à la vie publique.  En Afrique, la marginalisation des femmes est l’un des défis majeurs, c’est pourquoi le Groupe des États d’Afrique a insisté sur la participation effective des femmes aux processus de paix, ainsi que dans les médias, afin de renforcer leur position de « personnes de pouvoir ».  Le Groupe appelle aussi au renforcement de la coopération internationale, notamment le transfert des technologies, afin de soutenir l’autonomisation des femmes d’Afrique. 

La violence sexiste en ligne et le harcèlement sur Internet sont devenus de grands obstacles à la participation des femmes à la vie publique, a relevé pour sa part la Ministre d’État, Ministre de la présidence du Portugal, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE).  Elle a affirmé que chaque individu doit pouvoir contrôler sa sexualité sans crainte, insistant sur l’accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive.  Elle a en outre condamné la violence ciblant les organisations de femmes et les défenseurs des droits des femmes, avant de rappeler que l’UE est à l’origine du Groupe des Amis contre la violence faite aux femmes.

Au nom justement du Groupe des Amis contre la violence faite aux femmes, l’Argentine, la Namibie et le Conseil européen pour les relations internationales ont rappelé que le but de ce groupe, créé en novembre 2020, est de lutter contre ce fléau qui entrave les capacités des femmes à s’engager dans la vie publique.  Établi au sein des Nations Unies et comptant 91 membres, le Groupe a estimé que l’éducation est importante pour permettre aux sociétés de changer les normes.  Il faut par exemple renforcer le système judiciaire afin de mieux protéger les victimes de violence.  Le Groupe a aussi appelé les médias à renforcer la représentation digne des femmes et des filles, avant d’insister sur l’importance des données ventilées par sexe.  Il ne faut pas non plus oublier des données ventilées par âge, a renchéri le Chili, au nom du Groupe des Amis des personnes âgées.  Bientôt, le monde comptera plus de personnes âgées que d’enfants et il faut prévoir des mesures d’autonomisation des femmes tout au long de leur vie, y compris quand elles sont âgées, car « l’égalité entre les sexes est essentielle à tous les âges ». 

Afin de faire changer le statut des femmes au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), les pays la composant entendent modifier leur législation, a fait savoir la Ministre de l’égalité des sexes du Mozambique.  Les 15 membres de la SADC ont presque tous signé le Protocole de la SADC sur le genre et le développement qui les engage à réserver au moins 30% des sièges parlementaires aux femmes.  Malheureusement dans les Caraïbes, on compte moins de 30% de femmes ministres, a déploré la Ministre des services humains et de la sécurité sociale de Guyana.  Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), elle a décrié le fait que la vie privée des femmes politiques est particulièrement scrutée, à la différence de celle des hommes.  À cause de la COVID-19, la violence contre les femmes a sensiblement augmenté dans les Caraïbes, et il est nécessaire d’avoir des données plus importantes pour analyser les causes profondes du phénomène, a plaidé la Ministre.  La lutte contre la violence sexiste et le féminicide est également une priorité absolue de la Communauté des pays de langue portugaise.  Le Ministre de la famille et de l’inclusion sociale de Cabo Verde qui parlait en son nom a estimé que cette lutte devrait unir les pays, les communautés, les régions et le monde.

Au nom du Conseil des ministres de la condition féminine des pays d’Amérique centrale, la Ministre de la condition de la femme du Costa Rica a noté que la pandémie a conduit les femmes à augmenter leurs tâches domestiques, notamment en renforçant les mesures d’hygiène pour mieux préserver la santé de leur famille.  Le groupe a aussi estimé que les femmes sont également le moteur du relèvement.  Notant que l’Amérique centrale est l’une des régions les plus vulnérables aux changements climatiques, le Conseil des ministres a en outre appelé les principaux pollueurs à œuvrer à l’amélioration de la condition des filles et femmes de la région. 

Au nom du Forum des îles du Pacifique, les Tuvalu ont plaidé pour un soutien de la communauté internationale pour le relèvement post-COVID, et souhaité que ces mesures tiennent également compte des risques de catastrophes climatiques auxquels la région est exposée.  Le Forum a également insisté sur les mesures prises dans la région pour éliminer la violence sexiste.  Tous les pays se sont dotés de lois qui criminalisent, par exemple, le viol conjugal.  Malgré ces progrès, on note toujours des écarts entre la participation des femmes et des hommes dans la vie publique, ce qui est dû en partie aux stéréotypes qui sont défavorables à l’implication des femmes dans la vie publique, a déploré la délégation. 

La Présidente du Sénat de l’Ouzbékistan, s’exprimant au nom du Dialogue des femmes dirigeantes d’Asie centrale, a rappelé qu’au cours des 20 dernières années, le nombre de femmes dans les parlements nationaux de la région a doublé.  Ces pays s’acheminent progressivement vers la réalisation des objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, s’est-elle réjouie.  C’est pourquoi le Dialogue des femmes dirigeantes d’Asie centrale est résolu à poursuivre ses efforts de soutien à la parité entre les sexes parmi les dirigeants des pays de la région.  De son côté, le Kazakhstan, au nom des pays en développement sans littoral, a signalé que malheureusement, les difficultés financières font que peu de fonds sont investis dans l’autonomisation des femmes parmi les 32 pays de cette catégorie qui comptent parmi les plus vulnérables de la planète. 

Au nom du Groupe des LGBTI, la Macédoine du Nord a expliqué que les membres de ce groupe sont très exposés aux violences du fait de leur orientation sexuelle.  Ces personnes sont marginalisées et rarement vues à des postes de prise de décisions, pourtant, il a été démontré que leur présence dans la vie publique favorise leur inclusion sociale.  

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