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Ukraine: la Secrétaire générale adjointe DiCarlo prévient le Conseil de sécurité d’un risque de retour en arrière si les négociations restent bloquées

Très préoccupée par l’augmentation des incidents de sécurité sur plusieurs points le long de la ligne de contact en Ukraine ces derniers mois, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a prévenu le Conseil de sécurité, ce matin, du risque réel de retour en arrière si les négociations restent bloquées.  Elle a appelé à inverser rapidement cette « tendance dangereuse ». 

« Tant qu’une solution politique durable au conflit dans l’est de l’Ukraine n’aura pas été trouvée, la situation sur le terrain restera fragile », a insisté Mme Rosemary DiCarlo.  « Le fait que le cessez-le-feu ait largement été tenu et que les discussions se poursuivent dans les formats établis n’est pas une raison pour se montrer complaisant. » 

Aux côtés de la Représentante spéciale en Ukraine du Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’Ambassadrice Heidi Grau, qui a présenté les dernières discussions au sein du Groupe de contact trilatéral, et du Moniteur en chef de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, l’Ambassadeur Halit Çevik, qui a fait le point sur la situation en matière de la sécurité, Mme DiCarlo, de même que la majorité des membres du Conseil, a rappelé que le Protocole de Minsk et le Mémorandum de Minsk restent le seul cadre convenu pour un règlement négocié et pacifique du conflit.  

À l’instar de l’ensemble des intervenants, Mme DiCarlo a rappelé la pertinence de la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité qui récapitule les mesures à prendre pour appliquer les accords de Minsk et celle des « mesures immédiates à prendre » telles que prévues lors du Sommet de Paris en 2019 par les quatre délégations -France, Allemagne, Fédération de Russie et Ukraine– rassemblées sous le format Normandie.  Fort de ces acquis, Mme DiCarlo a espéré que 2021, qui marquera le trentième anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, verra des avancées significatives après sept années de conflit.  

Présentant les dernières initiatives du Groupe de contact trilatéral pour mettre en œuvre des accords de Minsk et les tâches prévues lors du Sommet de 2019, Mme Grau a cité la libération de 34 prisonniers en avril, l’ouverture de deux points de contrôle supplémentaires le long de la ligne de contact, et l’engagement des participants à ouvrir parallèlement deux points de contrôle dans la région de Louhansk.  « L’étape la plus importante l’an dernier a été, l’accord du Groupe de contact trilatéral du 22 juillet sur des mesures supplémentaires pour stabiliser le cessez-le-feu, un motif de soulagement pour les personnes se trouvant des deux côtés de la ligne de contact. »

S’agissant de la situation sécuritaire, M. Çevik, a prévenu que la fenêtre d’opportunité qui existe pour parvenir à une désescalade durable « se rétrécit ».  Il a dénoncé les restrictions à la liberté de mouvement de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine.  Si la situation sécuritaire globale le long de la ligne de contact reste volatile, l’accord du 22 juillet 2020 sur des « mesures supplémentaires pour renforcer le cessez-le-feu » au sein du Groupe de contact trilatéral a été suivi d’une diminution substantielle du niveau de violence armée », a noté M. Çevik en y voyant une preuve de la volonté politique sur le terrain.  Mais la Mission a observé d’autres formes de violations, comme de nouvelles tranchées, des structures militaires améliorées ou encore la présence d’armements lourds dans des zones résidentielles.  Évoquant les 24 civils tués et les 107 blessés ainsi que les mines qui continuent d’exploser, il a jugé essentiel que les parties respectent leurs engagements de mener des actions contre les mines antipersonnel. 

Si l’ensemble des délégations ont appuyé la nécessité de mettre en œuvre les mesures agréées, les représentants russe et ukrainien ce sont rejetés la responsabilité des blocages.  « Nous entendons des affabulations au sujet d’une agression russe, affabulations derrière lesquelles l’Ukraine se cache », a déclaré la Fédération de Russie avant d’accuser l’Ukraine, « protégée par l’Allemagne et la France », de faire semblant de mettre en œuvre les accords de Minsk.  Dénonçant les contradictions des partenaires européens du format Normandie, la Russie s’est étonnée que l’Allemagne et la France n’aient aucun problème à dialoguer avec des rebelles et groupes armés opposants aux Gouvernements du Yémen ou de la Syrie, mais ne soient pas prêtes à dialoguer directement avec les populations du Donbass, de Donetsk et de Louhansk. 

De son côté, la France a condamné « les entraves à l’action humanitaires et les abus des droits de l’homme dans l’est de l’Ukraine » avant de fustiger « le discours de la Russie qui rejette l’entière responsabilité de cette crise sur l’Ukraine » et qui continue de lancer des accusations infondées contre la France et l’Allemagne  

Sur le même ton, les États-Unis ont regretté que la Fédération de Russie continue de se présenter comme un médiateur de ce conflit « alors qu’elle en est un instigateur », avant de prévenir que la communauté internationale n’acceptera jamais « l’occupation brutale de la Crimée par la Fédération de Russie ».  Si les États-Unis ont exhorté la Russie à libérer les 100  prisonniers politiques ukrainiens qu’elle détient et à mettre fin aux brimades contre les Tatars de Crimée, la délégation russe a appelé à respecter les droits linguistiques des populations russophones d’Ukraine avant de fustiger la volonté de certains pays de mettre l’est de l’Ukraine sous administration internationale. 

Présentant les mesures pratiques prises par son pays pour mettre en œuvre les accords de Minsk et régler le conflit, le chef de la délégation ukrainienne au Groupe de contact trilatéral s’est prévalu de progrès dans les échanges de prisonniers, le déminage, l’ouverture de points de passage et autres mesures pour régler la situation dans le Donbass.  Après avoir accusé Moscou de poursuivre ses activités militaires dans l’est de l’Ukraine et dans les zones touchées, la délégation ukrainienne a regretté que la Fédération de Russie n’ait pas suivi l’exemple de l’Ukraine dans la mise en œuvre des accords de Minsk. 

Anticipant cette intervention, la délégation russe s’était étonnée que la nouvelle Constitution de l’Ukraine ne se soit pas traduite par de nouvelles avancées en matière de décentralisation et de statut spécial pour les régions de Donetsk et Louhansk.  Pourtant, a argué la Russie, « ces deux mesures doivent précéder la reprise de contrôle de ces territoires par le Gouvernement Ukrainien ».

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé que les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de la Fédération de Russie et de l’Ukraine se sont rencontrés à Paris le 9 décembre 2019 sous le format dit de Normandie qui s’est conclu par l’adoption de mesures immédiates pour stabiliser la situation dans la zone de conflit y compris des mesures de renforcement de la confiance et la mise en place d’un cessez-le-feu.  Elle a rappelé que ces dirigeants se sont aussi entendus sur le soutien à apporter à la fois au format Normandie et au Groupe de contact trilatéral pour parvenir à des progrès sur l’application des dispositions politiques et de sécurité des accords de Minsk.  Mme DiCarlo s’est félicitée que le Groupe de contact trilatéral ait convenu d’un cessez-le-feu indéfini qui est entré en vigueur le 27 juillet 2020, conformément à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, et qui a permis une diminution significative du nombre de victimes civiles dues aux échanges de tirs. 

« Une autre évolution encourageante est la libération et l’échange de détenus liés au conflit », a noté Mme DiCarlo tout en prévenant que la situation générale reste fragile en raison du peu de progrès significatifs dans la mise en œuvre des autres dispositions politiques et sécuritaires convenues.  « Bien que le calme règne, la situation humanitaire ne s’est pas améliorée », a regretté Mme DiCarlo, en expliquant que la pandémie de COVID-19 a aggravé les problèmes d’accès pour l’ONU, ainsi que les pénuries de médicaments, d’équipements et de personnel médical, en particulier dans les zones non contrôlées par le Gouvernement.  Illustrant son propos, elle a indiqué que 3,4 millions de personnes ont encore besoin d’aide humanitaire, que plus de la moitié des personnes dans le besoin sont des femmes et que 40% sont des personnes âgées.  Elle a dit que les Nations Unies s’inquiètent particulièrement pour les groupes vulnérables vivant le long de la ligne de contact. 

« Près de 10 mois après la fermeture de la ligne de contact pour contenir la propagation du COVID-19, la population touchée par le conflit continue de payer un lourd tribut », a-t-elle poursuivi avant de préciser que les retraités résidant dans des zones échappant au contrôle du Gouvernement et enregistrés comme personnes déplacées font face à une détérioration de la situation économique et à des risques sanitaires accrus, alors qu’ils n’ont pas pu récupérer leurs pensions gouvernementales depuis mars 2020. 

Elle a noté que le nombre des passages de la ligne de contact est passé de 1,2 million par mois avant le début de la pandémie à 36 000 par mois pour des services sociaux, de santé et autres et pour maintenir des liens familiaux.  Face à ce constat, Mme DiCarlo a exhorté tous les acteurs influents à aider à lever les restrictions indues à la liberté de mouvement à travers la ligne de contact et à sécuriser l’ouverture de points supplémentaires et de points d’entrée.  « Plus de 120 partenaires humanitaires cherchent à aider 1,9 million de personnes dans le cadre du nouveau plan de réponse humanitaire, qui donne la priorité à la vie, à l’assistance économique, aux services de base et besoins de protection », a indiqué Mme DiCarlo avant de préciser que l’ONU demande 168 millions de dollars pour faire face à tous les besoins humanitaires. 

« Guidée par le Cadre de partenariat Ukraine-ONU pour 2018-2022 et le programme paix et développement durables, l’ONU en Ukraine continuera à soutenir les efforts visant à renforcer la cohésion sociale et le redressement en mettant l’accent sur l’est de l’Ukraine », a précisé Mme DiCarlo. 

« Tant qu’une solution politique durable au conflit dans l’est de l’Ukraine n’aura pas été trouvée, la situation sur le terrain restera fragile », a-t-elle prévenu.  Pour elle, le respect assez large du cessez-le-feu et la poursuite des discussions dans les formats établis ne sont pas des raisons de se montrer complaisant.  Le risque d’un retour en arrière est réel si les négociations restent bloquées, a mis en garde Mme DiCarlo qui s’est dite profondément préoccupée par l’augmentation des incidents de sécurité dans plusieurs points chauds le long de la ligne de contact ces derniers mois.  « Cette dangereuse tendance doit être rapidement inversée. » 

Après avoir rappelé que le Conseil a approuvé le 17 février 2015 dans sa résolution 2202, l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk, la Chef des affaires politiques aux Nations Unies a indiqué que le « Protocole de Minsk » et le « Mémorandum de Minsk » restent le seul cadre convenu pour un règlement négocié et pacifique du conflit dans l’est de l’Ukraine.  « Le Secrétaire général a toujours exprimé le ferme soutien de l’ONU au rôle de chef de file des quatre du format Normandie et du Groupe de contact trilatéral facilité par l’OSCE dans la recherche d’un règlement pacifique du conflit », a insisté Mme DiCarlo.  Elle a plaidé pour que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE ait un accès sûr à toute l’Ukraine afin de s’acquitter pleinement de son mandat.  Alors que l’Ukraine marquera en 2021 le trentième anniversaire de son indépendance, la Secrétaire générale adjointe a réaffirmé le plein appui des Nations Unies à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. 

Mme HEIDI GRAU, Représentante spéciale de la Présidence en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour l’Ukraine, a constaté d’importants développements en Ukraine depuis février 2020, date de son dernier rapport au Conseil de sécurité.  Les mesures de restriction à la liberté de mouvement prises à la suite de la pandémie de COVID-19 ont rendu difficiles les visites familiales des Ukrainiens entre les deux versants de la ligne de front, a-t-elle tout d’abord indiqué.  Elle a expliqué que le Groupe de contact trilatéral s’est efforcé de mettre en œuvre les accords de Minsk en général et en particulier les tâches prévues lors du Sommet du format Normandie en 2019.  Où en sommes-nous aujourd’hui? a questionné Mme Grau en signalant quelques évolutions positives comme la libération de 34 prisonniers en avril, l’ouverture de deux points de contrôle supplémentaires le long de la ligne de contact, et l’engagement des participants à ouvrir parallèlement deux points de contrôle dans la région de Louhansk.  L’étape la plus importante l’an dernier a été, selon Mme Grau, l’accord du Groupe de contact trilatéral du 22 juillet sur des mesures supplémentaires pour stabiliser le cessez-le-feu, un motif de soulagement pour les personnes se trouvant des deux côtés de la ligne de contact.  Le nombre de violations du cessez-le-feu observées par la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine est sensiblement inférieur à celui du premier semestre de l’année dernière, a-t-elle aussi indiqué. 

La Représentante spéciale a toutefois dénoncé le manque de progrès en ce qui concerne le désengagement et le déminage.  Pour le déminage des 19 nouvelles zones et le désengagement dans quatre zones, certains participants au Groupe de contact trilatéral ont posé des conditions sans lien avec la question, a-t-elle noté.  Mme Grau s’est aussi montrée préoccupée par la détérioration de la situation sur les plans humanitaire et sécuritaire pour des raisons politiques.  En dépit des efforts pour trouver un terrain d’entente sur la loi ukrainienne sur le statut spécial et des moyens d’intégrer la formule dite Steinmeier dans ce document, les discussions au sein du Groupe sont au point mort depuis août 2020 lorsque certains participants ont demandé au Parlement ukrainien d’abroger une résolution sur les élections locales comme conditions pour que les discussions puissent se poursuivre.  Pour tenter de sortir de cette impasse, les participants se sont réunis fin octobre pour élaborer un plan d’action concret pour la mise en œuvre des accords de Minsk, mais en vain.  Sur la plan économique, le Groupe a poursuivi ses efforts sur l’entretien des infrastructures vitales, les menaces environnementales et le paiement des retraites.  Ce travail a un impact direct sur la vie quotidienne et le bien-être des gens des deux côtés de la ligne de contact, a assuré la Représentante spéciale.  Elle a aussi fait remarquer la réduction radicale des violations du cessez-le-feu l’an dernier.  Mais les dernières tendances ont montré qu’il sera difficile de maintenir le calme relatif si nous restons bloqués sur des questions humanitaires et politiques, a-t-elle mis en garde en appelant dès lors les parties à faire preuve de leur engagement et de leur responsabilité. 

M. HALIT ÇEVIK, Contrôleur en Chef de la Mission spéciale d’observation de lOSCEen Ukraine et Coordinateur du groupe de travail sur les questions de sécurité au sein du Groupe de contact trilatéral, a tout d’abord mis en garde que la fenêtre d’opportunité qui existe actuellement pour les parties de trouver une voie vers une désescalade durable « se rétrécit », avant de dénoncer les restrictions à la liberté de mouvement de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine.  Si la situation sécuritaire globale le long de la ligne de contact reste volatile, l’Accord du 22 juillet 2020 sur des « mesures supplémentaires pour renforcer le cessez-le-feu » au sein du Groupe de contact trilatéral a été suivi d’une diminution substantielle du niveau de violence armée, a noté M. Çevik en y voyant une preuve de la volonté politique sur le terrain.  La Mission a toutefois observé d’autres formes de violations comme de nouvelles tranchées et l’amélioration de structures militaires ou encore la présence d’armements lourds dans des zones résidentielles. 

M. Çevik a rappelé que des progrès réalisés au cours de l’été 2020 ont conduit à un large accord sur une série de conclusions importantes liées à la sécurité du Sommet des Quatre en format Normandie, tenu en décembre 2019 à Paris. Un principe a été retenu sur les zones de déminage et un plan d’action contre les mines a été mis à jour; quatre nouvelles zones de désengagement ont été identifiées; et certains progrès ont été faits sur un projet d’addendum qui clarifierait plusieurs aspects de la décision-cadre sur le désengagement.  L’accord sur les « mesures supplémentaires pour renforcer le cessez-le-feu » et la diminution de la violence armée qui a suivi leur adoption en juillet, ont également permis un dialogue constructif. 

Cependant, il existe une contrainte majeure puisque les parties n’ont pas pu s’entendre sur un mécanisme de coordination commun pour suivre et enquêter sur les violations présumées des mesures supplémentaires, en vue à la fois d’une désescalade et de la lutte contre l’impunité.  Ce mécanisme constituerait une mesure de confiance importante, a relevé M. Çevik en remarquant que cela fait pour l’instant défaut sur le terrain.  Il a concédé que les discussions au sein du groupe de travail sur cette question ont atteint une impasse parce que les positions de négociation se sont durcies au fil du temps.  

Évoquant les 24 civils tués et les 107 blessés, ainsi que les mines qui continuent d’exploser, il a jugé essentiel que les parties respectent leurs engagements de mener des actions contre les mines.  Avec l’arrivée de la pandémie l’année dernière, la vie des personnes vivant des deux côtés de la ligne de contact est devenue encore plus difficile, a remarqué M. Çevik.  Depuis mars 2020, les civils n’ont pu utiliser que deux des cinq points de passage officiels pour franchir la ligne de contact entre les zones ukrainiennes contrôlées par le Gouvernement et celles qui sont non contrôlées.  Un seul d’entre elles est accessible sur une base quotidienne, et il y a eu un confinement pendant environ trois mois au cours de la première phase du COVID-19.  M. Çevik a aussi pointé les conséquences de ces restrictions sur les livraisons humanitaires.  Il a déploré que les parties n’aient pas réussi à se mettre d’accord sur l’ouverture de deux nouveaux points de passage dans la région de Louhansk et a exigé que les points de passage existants et nouveaux soient ouverts dès que possible. 

Sa Mission continue de faciliter le dialogue entre les parties et de surveiller les cessez-le-feu localisés pour permettre les réparations et l’entretien des infrastructures essentielles.  L’année dernière, ces activités ont facilité la réparation de près de 120 infrastructures de gaz, d’eau et d’électricité, au profit de six millions de civils.  Malheureusement, la Mission continue d’observer des violations du cessez-le-feu à proximité immédiate de plusieurs sites essentiels. 

Le Chef de Mission a cependant assuré que malgré les défis opérationnels posés par la pandémie, la Mission continue de maintenir une solide présence dans toute l’Ukraine et de fournir des informations objectives et impartiales sur la situation sur le terrain grâce à son suivi et à ses rapports.  M. Çevik en a profité pour mettre l’accent sur l’importance de la liberté de mouvement des personnels de la Mission, qui doivent servir « d’œil et d’oreille » pour la communauté internationale.  Pourtant le travail de la Mission reste souvent entravé, en particulier dans les régions qui ne sont pas sous contrôle du Gouvernement, et en particulier dans le sud de la région de Donetsk.  Si les obstacles sont inacceptables en toutes circonstances, ils le sont encore plus dans le contexte épidémiologique actuel et ils doivent cesser, a exigé M. Çevik faisant observer que la Mission opère déjà dans un couloir étroit pour s’acquitter de son mandat.  Il a conclu en appelant les signataires des accords de Minsk de respecter leurs engagements et de maintenir les mesures complémentaires qu’ils ont acceptées en juillet dernier. 

La Fédération de Russie a commencé par rappeler que demain marque le sixième anniversaire de l’adoption des accords de Minsk sur le règlement en Ukraine.  Or, a-t-elle observé, après ces six années, il n’y a toujours pas de réponse à deux questions centrales: « Comment l’Ukraine entend-elle résoudre pacifiquement le conflit? » et « Comment Kiev envisage-t-il le futur statut spécifique du Donbass en Ukraine? ».  Pour la délégation, toute perspective de règlement dépend entièrement des réponses qui seront apportées car, compte tenu des bombardements continus de zones résidentielles par l’Armée ukrainienne, les habitants du Donbass ont depuis longtemps cessé de se sentir liés à l’Ukraine. 

La Fédération de Russie a souhaité attirer l’attention sur cette situation puisqu’en 2015, le Conseil de sécurité a immédiatement approuvé le compromis de Minsk par sa résolution 2202, faisant de ce document « une partie du droit international ».  Pourtant, a-t-elle déploré, Kiev et nos partenaires occidentaux décrivent notre « désir légitime » de voir l’Ukraine mettre en œuvre cette série de mesures comme de la « propagande russe » et de la « diffusion de fausses informations ». 

Profitant de la présence de Mme Grau, la délégation lui a demandé si la Russie est mentionnée dans le texte des accords, à l’exception de la signature de son représentant, témoin du document avec le représentant de l’OSCE.  Dites-nous également quelles obligations y sont faites à la Russie, a-t-elle ajouté à titre d’information pour les nouveaux membres du Conseil.  La délégation russe s’est ensuite interrogée sur un ensemble de questions spécifiques sur la mise en œuvre des accords de Minsk par l'Ukraine.  Elle a ainsi voulu savoir si une réforme constitutionnelle a été menée en Ukraine et si une nouvelle Constitution est entrée en vigueur, avec la décentralisation comme élément clef, rappelant que ces mesures auraient dû être prises dès 2015.  

La Fédération de Russie a ensuite souhaité obtenir des précisions sur le projet de loi récemment publié par le Ministère de la réintégration du Donbass sur le retour de cette région sous le contrôle de Kiev, y voyant une possible nouvelle violation des accords de Minsk.  Le document ne dit pas un mot sur le dialogue direct avec Donetsk et Louhansk, ni sur l’accord relatif à un statut spécial pour le Donbass.  Au lieu de cela, a-t-elle noté, il est question de « fantasmes » sur l’établissement d’une « administration internationale » et la tenue d’élections seulement deux ans plus tard.  Comment pensez-vous que les Donbassiens accepteront une telle forme d’occupation internationale de leur terre natale? a demandé la délégation.  Quel est le lien avec les dispositions de la résolution 2202? 

La Fédération de Russie a également observé que le « refus obstiné » de Kiev de s’acquitter de ses obligations au titre des accords de Minsk n’est plus dissimulé, même au plus haut niveau.  Elle a ainsi relevé que le Président Zelensky a fait valoir l’an dernier que « les accords de Minsk sont nécessaires non pas pour résoudre le conflit, mais pour maintenir les sanctions contre la Russie ». 

Elle a par ailleurs cité le Vice-Premier Ministre ukrainien et chef de la délégation ukrainienne au Groupe de contact, M. Reznikov, qui, dans un récent article, laisse entendre que Kiev souhaite « reformater » les accords de Minsk et considère ces derniers « davantage comme un accord politique et diplomatique qu’un traité international ».  De toute évidence, a estimé la délégation, M. Reznikov a oublié que les accords de Minsk, en tant que « seule base d’un règlement intra-ukrainien », ne sont pas soutenus uniquement par la Russie mais par l’ensemble du Conseil de sécurité, au travers de la résolution 2202.  

Au lieu de respecter les accords de Minsk, Kiev continue de répéter ses « vieilles histoires » sur la soi-disant agression russe, et ceci bien que personne n’ait fourni la preuve de cette « agression », a encore déploré la Fédération de Russie.  De surcroît, a-t-elle déclaré, Kiev prétend respecter les accords des représentants du Donbass, qui sont venus informer le Conseil lors d’une réunion informelle organisée en décembre dernier et à laquelle la délégation ukrainienne et ses « soutiens occidentaux », y compris les membres allemand et français du format Normandie, ont refusé de participer. 

Si l’Ukraine est intéressée par la normalisation dans le Donbass, elle devrait faire en sorte que les habitants des régions de l’est n’aient pas peur, a martelé la Fédération de Russie.  Or, comme l’ont dit les représentants du Donbass au Conseil, il y a « une indifférence totale de l’Ukraine envers les habitants du Donbass ».  Selon la délégation russe, les lois adoptées ces dernières années par l’Ukraine en matière linguistique portent atteinte aux droits des citoyens de parler leur langue maternelle.  De plus, le champ de l’information est limité, la réforme du système éducatif est discriminatoire par nature et la liberté d’expression est muselée, comme l’a prouvé la récente fermeture des trois chaînes de télévision d’opposition. 

Qu’en est-il du projet de loi sur l’internement des citoyens russes, qui tente de légaliser des camps de concentration sur le territoire ukrainien?  Et pourquoi les citoyens du Donbass ne peuvent-ils pas prolonger la validité des passeports ukrainiens?  Toutes ces initiatives portent directement atteinte aux droits des habitants du Donbass et les empêchent de vouloir retourner en Ukraine, a dénoncé la Fédération de Russie, assurant « ne rien à avoir avec ça ».  

De l’avis de la délégation russe, l’Ukraine ne doit pas perdre de temps avec des « jeux géopolitiques douteux », mais doit changer de cap en garantissant le respect des droits de l’homme, des minorités nationales et linguistiques et de la liberté des médias.  Elle doit aussi s’engager dans la mise en œuvre « honnête » de ses obligations au titre de la série de mesures, en étroite coordination avec Donetsk et Louhansk.  Enfin, Kiev doit cesser ses « mensonges sur la guerre avec la Russie », a-t-elle conclu, invitant ses « collègues occidentaux » à appuyer ces demandes « en des termes non équivoques ». 

Le Mexique a salué les efforts menés par le Groupe de contact trilatéral et le quatuor du format Normandie pour stabiliser la situation dans la zone de conflit.  Le Mexique a encouragé les parties à appliquer les accords de Minsk en précisant que le Protocole de Minsk et le Mémorandum de Minsk restent le seul cadre convenu pour un règlement négocié et pacifique du conflit dans l’est de l’Ukraine.  Le Mexique a appelé les parties à mettre en œuvre la résolution 2202 adoptée par le Conseil de sécurité le 17 février 2015.  Il a aussi plaidé pour que la Mission d’observation spéciale de l’OSCE ait un plein accès en toute sécurité pour pouvoir remplir pleinement son mandat, avant de demander aux parties de faire preuve d’une volonté politique soutenue pour maintenir les acquis et prévenir d’éventuels revers pouvant conduire à une résurgence de la violence. 

Le Mexique a réaffirmé la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, en conformité avec le droit international, en particulier les dispositions de la Charte de l’ONU et de la résolution 68/262 de l’Assemblée générale.  Notant que les répercussions du conflit en Ukraine, qui entre dans sa septième année, affectent principalement la population civile, le Mexique s’est déclaré préoccupé par le fait que 3,4 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.  C’est pourquoi, la délégation a demandé d’accorder une attention particulière aux groupes vulnérables, aux personnes âgées et aux personnes handicapées, qui représentent environ 40% de la population touchée.  Après avoir relevé l’impact de la restriction de mouvement sur l’aide humanitaire en raison de la pandémie de COVID-19, le Mexique a aussi remarqué que deux millions personnes vivent dans des zones contaminées par les mines antipersonnel. 

La Chine a déclaré que les accords de Minsk ont joué un rôle fondamental pour résoudre le conflit en Ukraine.  Malheureusement, ils n’ont pas été appliqués intégralement, a regretté la délégation qui a donc appelé à mettre en œuvre ces accords et à trouver une solution durale au conflit.  La Chine a réitéré sa position impartiale sur le conflit en Ukraine.  Elle s’est opposée à toute ingérence étrangère dans les affaires internes à l’Ukraine réclamant le respect de son indépendance et de son intégrité territoriale.  La seule solution valable pour trouver une issue au conflit est le dialogue, a insisté la Chine.  

Les États-Unis, se disant reconnaissants du travail des institutions multilatérales régionales, du Conseil et des partenaires et alliés pour apporter paix, prospérité et stabilité en Ukraine, a en revanche reproché à la Fédération de Russie d’avoir bloqué des progrès significatifs dans les négociations diplomatiques tout en armant, formant, finançant et dirigeant ses forces par procuration et en soutenant les « autorités » autoproclamées sur le terrain.  Depuis 2014, les actions de la Russie dans l’est de l’Ukraine ont entraîné la mort de plus de 13 000 personnes, déplacé 1,5 million d’Ukrainiens et propulsé 3,4 millions supplémentaires dans la dépendance de l’aide humanitaire, se sont inquiétés les États-Unis.  La délégation a accusé la Russie d’avoir redoublé d’efforts pour déstabiliser l’Ukraine au cours de l’année écoulée.  Elle l’a également accusée de continuer de nier qu’elle contrôle le conflit dans l’est de l’Ukraine et de se présenter à tort comme un médiateur de ce conflit, «  alors même que la Russie en est en fait l’instigateur ». 

La délégation américaine s’est également plainte de la « manière malhonnête » dont la Russie s’est comportée envers les négociations, rappelant que le Président Poutine a convenu, lors du Sommet de Normandie de 2019, de prendre des mesures pour améliorer les situations humanitaires et sécuritaires sur le terrain.  Or, d’après les États-Unis, la Russie a par la suite cherché à entraver la mise en œuvre de ces mêmes étapes au sein du Groupe de contact trilatéral, à la fois directement et par l’intermédiaire de ses mandataires; la Russie a bloqué l’ouverture de nouveaux points de passage civils le long de la ligne de contact et bloqué de nouveaux échanges de détenus.  Le Président Poutine a même refusé d’approuver l’accord sur les mesures de renforcement du cessez-le-feu que l’Ukraine a obtenu par le biais du Groupe de contact trilatéral en juillet dernier. 

Pour leur part, les États-Unis ont réaffirmé leur attachement indéfectible à la souveraineté et à l’intégrité territoriales de l’Ukraine.  « Nous ne reconnaîtrons jamais la tentative d’annexion de la Crimée par la Russie », et, par conséquent, les sanctions américaines contre la Russie en réponse à son agression dans l’est de l’Ukraine et à l’occupation de la Crimée resteront en place à moins que -et jusqu’à ce que- la Russie change de cap, a tenu à préciser la délégation.  Soutenant les accords de Minsk, les États-Unis ont martelé que ce conflit doit se régler sur le plan diplomatique et dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

Ils ont également dénoncé les restrictions d’accès que la Russie et ses mandataires continuent d’imposer aux travailleurs humanitaires et au personnel de la Mission spéciale de surveillance de l’OSCE, les accusant même d’avoir utilisé le prétexte de « mesures d’atténuation de la dCOVID-19 » pour limiter davantage les opérations des acteurs humanitaires. 

En guise de conclusion, les États-Unis ont exigé que la Russie mette immédiatement fin à son agression dans l’est de l’Ukraine et à son occupation de la Crimée.  Ils l’ont appelé à retirer ses forces d’Ukraine, à cesser de soutenir ses mandataires et autres groupes armés, et à mettre en œuvre tous les engagements qu’elle a pris dans le cadre des accords de Minsk.  En outre, les États-Unis ont exhorté la Fédération de Russie à accorder et à faciliter un accès sûr, opportun et sans entrave à tout le personnel humanitaire et aux observateurs de l’OSCE et des Nations Unies sur tout le territoire ukrainien que la Russie contrôle, y compris à Donetsk, Louhansk et en Crimée occupée. 

Le Viet Nam a réitéré son soutien de principe au règlement pacifique de tous les différends, conformément à la Charte des Nations Unies et aux dispositions du droit international.  Cela vaut pour l’Ukraine, où les intérêts des parties doivent être pris en considération, a souligné la délégation, affirmant appuyer les efforts menés pour parvenir à un règlement effectif de cette crise.  Pour le Viet Nam, la signature des accords de Minsk en 2015 et la réunion au format Normandie organisée en 2019 constituent des « signes encourageants ».  La délégation a également pris note des progrès positifs réalisés dans la mise en œuvre des accords de Minsk, notamment des échanges de prisonniers et des mesures de cessez-le-feu.  Toutefois, a-t-elle constaté, la situation sur le terrain continue d’être préoccupante, des combats se poursuivant dans l’est de l’Ukraine, avec de graves répercussions humanitaires.  De tels agissements vont à l’encontre des accords, a souligné le Viet Nam, avant d’exhorter les parties à cesser de recourir à la violence et de s’en prendre à la population.  Selon la délégation, il importe de faire fond sur les avancées et de progresser vers un dialogue constructif afin de garantir la paix et le développement de la région. 

La Tunisie a souligné l’importance de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales de l’Ukraine.  Le dialogue et les négociations sont les seuls voies et moyens de trouver une solution au conflit dans ce pays, a estimé la délégation.  Saluant l’échange de prisonniers et l’ouverture de nouveaux points de passage, la Tunisie a fait remarquer que des mesures constructives peuvent créer un environnement propice à de nouveaux progrès.  La Tunisie a applaudi le rôle de l’OSCE dans ce conflit. 

En revanche, elle a déploré les violations des accords de cessez-le-feu et appelé à respecter celui-ci.  Elle a aussi exigé le retrait des armes lourdes et demandé aux parties de participer aux négociations.  La Tunisie, qui est préoccupée par l’aggravation de la situation le long de la ligne de contact, a souligné la nécessité d’une bonne coordination dans l’acheminement de l’aide aux populations dans le besoin.  Elle a terminé en priant les parties de mettre rapidement et complètement en œuvre les accords et les résolutions applicables afin que les populations renouent avec la paix et la prospérité. 

La France a rappelé qu’en 7 ans, le conflit a fait plus de 13 000 morts et 30 000 blessés, et que la France et l’Allemagne sont mobilisées au sein du format Normandie pour parvenir à un règlement juste et durable, dans la lignée du dernier sommet des chefs d’État et de gouvernement tenu à Paris le 9 décembre 2019.  La France a regretté que la mise en œuvre de mesures de déminage ou l’ouverture de nouveaux points de passage soient toujours bloquée à cause de l’intransigeance des autorités de facto avec l’appui de la Russie.  Elle a condamné les entraves et restrictions de mouvement à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE ainsi que les actions qui portent atteinte à la sécurité de celle-ci.  La pandémie de COVID-19 ne saurait constituer un motif légitime pour empêcher la mise en œuvre de son mandat, en particulier dans les zones non-contrôlées par le Gouvernement ukrainien, a prévenu la délégation condamnant les entraves à l’action des acteurs humanitaires alors que 3,4 millions de personnes ont besoin d’aide dans l’est de l’Ukraine.  La France a aussi exprimé ses préoccupations quant aux violations et abus des droits de l’homme constatées par la mission de surveillance du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  « Les auteurs de ces violations doivent être poursuivis et jugés pour leurs crimes. »  

La France a également dénoncé le discours de la Fédération de Russie qui consiste à rejeter sur l’Ukraine seule la responsabilité des blocages.  Elle lui a rappelé sa responsabilité en vue du règlement pacifique du conflit et de la mise en œuvre des accords de Minsk.  La Russie doit davantage user de son influence sur les représentants de facto des zones non-contrôlées par le Gouvernement ukrainien, a souhaité la France qui a appelé les parties russe et ukrainienne à progresser dans la mise en œuvre complète des accords de Minsk.  Au-delà des mesures immédiates, selon elle, cela implique des progrès dans la mise en œuvre du volet politique de ces accords ainsi que sur la définition des conditions politiques et sécuritaires pour l’organisation des élections locales, conformément à ce qu’avaient agréé les chefs d’État et de gouvernement du format Normandie lors du Sommet de Paris.  La France a réitéré que son engagement, conjointement avec l’Allemagne, ne faiblira pas afin de parvenir à la construction d’une paix juste et durable et au rétablissement de la pleine souveraineté ukrainienne sur le Donbass. 

Saint-Vincent-et- les Grenadines ont fait part de leurs préoccupations par rapport au conflit dans l’est de l’Ukraine, en particulier dans la région du Donbass.  Malgré quelques progrès en 2019, tels que l’échange de prisonniers et les pourparlers de paix, la crise en cours continue de causer des souffrances à la population civile, a fait remarquer la délégation citant notamment les attaques contre des écoles et des hôpitaux, les nombreux morts ainsi que les personnes déplacées.  La délégation a exigé la cessation des hostilités et demandé que les parties adhèrent aux accords de cessez-le-feu pour trouver une solution durable.  Saluant les mesures prises par le Groupe de contact trilatéral sur l’Ukraine en 2020 pour parvenir à un nouvel accord de cessez-le-feu et sur des mesures visant à renforcer le régime de cessez-le-feu le long de la ligne de front dans le Donbass, la délégation a également félicité la Mission spéciale d’observation pour ses efforts visant à faciliter et surveiller les cessez-le-feu locaux et permettre la réparation et l’entretien des infrastructures civiles.  

Saint-Vincent-et-les Grenadines a insisté sur l’importance de la pleine mise en œuvre des accords de Minsk, qui restent la base d'une solution politique au conflit.  La délégation a espéré que toutes les parties se réengageront dans le processus de paix et appliqueront pleinement toutes les mesures convenues dans le format Normandie et dans le Groupe de contact trilatéral afin de réaliser des progrès immédiats et une paix durable.  Avant de conclure, Saint-Vincent-et-les Grenadines a réaffirmé son plein appui à l’OSCE et à la Mission spéciale d’observation en Ukraine. 

Le Niger a rappelé qu’en 2019, le Sommet de Paris au format Normandie avait représenté un véritable espoir de paix pour le règlement du conflit en Ukraine. Aujourd’hui pourtant, la situation est marquée par un manque de progrès dans la mise en œuvre des accords de Minsk signés en 2015, a déploré la délégation, ajoutant que l’absence de solution politique continue de faire régner l’incertitude.  En outre, a-t-elle observé, la recrudescence des combats dans l’est de l’Ukraine et l’utilisation d’armes lourdes par les deux parties sème la terreur au sein de la population civile.  Dans ce contexte, il est nécessaire que les « acteurs influents » insufflent une dynamique nouvelle en créant les conditions propices à une pleine application des clauses politiques des accords de Minsk, a plaidé le Niger.  Notant que 3,4 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire, la délégation a invité les « acteurs déterminants » à privilégier les intérêts des populations qui souffrent en facilitant le passage des personnels humanitaires.  Enfin, elle a appelé de ses vœux une intensification des travaux du format Normandie et du Groupe de contact trilatéral.  

D’emblée la Norvège a réaffirmé son ferme soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, y compris la péninsule de Crimée et les eaux territoriales adjacentes.  Elle a condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine et s’est dite profondément préoccupée par la présence de matériel et de personnel militaires russes dans les zones sous contrôle de formations armées soutenues par la Russie dans l’est de l’Ukraine.  La Norvège a exhorté la Russie à cesser d’alimenter ce conflit en fournissant un soutien financier et militaire à ces formations armées, et a condamné l'annexion illégale par la Russie de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol en exigeant que la Russie annule cet acte.  Le conflit dans l’est de l’Ukraine doit être réglé par des moyens pacifiques, a poursuivi la délégation qui soutient les efforts de négociation dans le format Normandie et du Groupe de contact trilatéral.  Elle a appelé toutes les parties à respecter leurs engagements afin de consolider le cessez-le-feu et à s’engager de manière constructive en vue de résoudre le conflit.  « Et comme nous le savons, les femmes sont la clef de la paix », a fait remarquer la Norvège en insistant auprès de toutes les parties pour qu’elles assurent la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les aspects de la consolidation de la paix. 

Tout en saluant la baisse significative des violations du cessez-le-feu, la Norvège reste préoccupée par les besoins humanitaires non satisfaits dans les territoires non contrôlés par le Gouvernement.  Dès lors, elle a appelé les parties à garantir la sécurité et l’accès humanitaire sans restriction à la population touchée par le conflit, conformément à ses obligations en vertu du droit international humanitaire.  La Norvège a conclu en réitérant son soutien aux négociations au format Normandie et au Groupe de contact trilatéral visant à faciliter la mise en œuvre des accords de Minsk.  Elle a salué la volonté politique et l’approche constructive dont l’Ukraine a fait preuve, et a exhorté la Russie à lui rendre la pareille en mettant en œuvre les dispositions auxquelles elle s’est engagée. 

L’Irlande a appelé les parties à mettre pleinement en œuvre les accords de Minsk et a prévenu que le cessez-le-feu en cours ne peut être tenu pour acquis, soulignant dès lors l’importance de la mise en place d’un mécanisme pour enquêter sur les violations du cessez-le-feu.  La Fédération de Russie doit revenir au Centre conjoint de contrôle et de coordination, a dit la délégation préoccupée par la situation humanitaire en Ukraine, en particulier par la situation des femmes.  Les ménages dirigés par des femmes n’ont souvent pas accès aux prestations sociales et au soutien, a regretté l’Irlande.  Elle a demandé que cessent les bombardements aveugles des zones résidentielles et des infrastructures civiles essentielles, a appelé au respect du droit international humanitaire par les parties au conflit et demandé une action urgente pour résoudre les problèmes des mines et des munitions.  L’Irlande s’est dite préoccupée par les violations répétées des accords du Groupe de contact trilatéral, y compris la construction et l’extension récentes de tranchées et la présence d’armes lourdes près des zones résidentielles de la région.  De même pour les restrictions à l’accès des organisations humanitaires aux zones non contrôlées par le Gouvernement.  

La délégation a demandé l’allègement des restrictions de mouvement, afin d’éviter d’aggraver la crise humanitaire.  Elle a prié la Fédération de Russie d’ouvrir les points de passage et de sortie de Shchastia et de Zolote.  Les opérations humanitaires dans les zones non contrôlées par le Gouvernement doivent être facilitées, a plaidé l’Irlande en se disant gravement préoccupée par les violations des droits de l’homme dans l’est de l’Ukraine et les entraves à la liberté de mouvement de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  Les tirs d’armes légères ainsi que l’interférence des signaux des drones de la Mission doivent cesser, a exigé la délégation.  Elle a appelé toutes les parties à créer un environnement favorable pour permettre la mise en œuvre des accords de Minsk afin de parvenir à un règlement politique durable du conflit, et à agir de manière constructive au sein du Groupe de contact trilatéral et du format Normandie.  Donner une place aux femmes et à la société civile dans le processus de paix sera essentiel pour un règlement efficace et durable des conflits, a recommandé l’Irlande.  

L’Inde a rappelé que les États ont la responsabilité de régler les différends par des moyens pacifiques, un principe fondamental énoncé dans le paragraphe 3 de l’Article 2 de la Charte des Nations Unies.  Lorsque les parties concernées parviennent à des accords négociés, ceux-ci prévalent même sur les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité, a-t-elle souligné.  Comme ils ne sont pas imposés de l’extérieur mais convenus d’un commun accord entre les parties concernées, ils ont toutes les chances de succès, selon l’Inde. 

Dès lors, de l’avis de la délégation indienne, les accords de Minsk constituent la base pour un règlement négocié et pacifique de la situation dans l’est de l’Ukraine.  Elle est, de plus, convaincue que les réunions au format Normandie faciliteront le règlement des problèmes liés à la mise en œuvre des dispositions des accords de Minsk, y compris ses principaux aspects sécuritaires et politiques.  Avant de conclure, l’Inde a salué tous les efforts déployés pour réduire les tensions dans la région et a espéré que toutes les parties travailleront ensemble de manière constructive pour trouver des solutions politiques et diplomatiques au problème. 

Le Kenya a salué des « faits récents encourageants », notamment la dernière réunion du format Normandie consacrée à la mise en œuvre des accords de Minsk.  Il s’est également félicité du consensus auquel sont parvenus les participants du sommet de Paris en 2019.  Pour la mission kenyane, la mise en œuvre de ces accords demeure un élément essentiel pour parvenir à un règlement durable du conflit en Ukraine.  Elle a applaudi à cet égard l’action menée par l’OSCE pour suivre de près la mise en application de ces accords entérinés par le Conseil de sécurité.  

Le Kenya reste cependant préoccupé par la situation humanitaire dans les zones touchées par des combats.  En outre, a-t-il constaté, les souffrances des populations sont aggravées par la pandémie et la fermeture de points de passage.  Dans ces conditions, la délégation a appelé à une désescalade et à un assouplissement des contraintes liées à la COVID-19 afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire aux plus nécessiteux.  Enfin, elle a encouragé toutes les parties à renforcer leurs efforts diplomatiques en vue de trouver une solution durable fondée sur le dialogue.  

L’Estonie a réaffirmé son ferme soutien à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, y compris les eaux territoriales.  Elle a condamné l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol ainsi que l’occupation de certains territoires des régions de Donetsk et Louhansk en Ukraine.  Elle déploré que la Russie n’ait ni reconnu, ni annulé ses actions, l’accusant de violer les principes fondamentaux du droit international, en particulier la Charte des Nations Unies et un certain nombre d’accords et engagements bilatéraux et multilatéraux, dont l’Acte final d’Helsinki et le Mémorandum de Budapest.  « Par conséquent, les actions de la Russie ne sont pas seulement une préoccupation européenne, mais mondiale. »  L’Estonie a regretté que la Fédération de Russie continue de violer les accords de Minsk et les conclusions du Sommet de Paris, notamment concernant le retrait des armes lourdes.  En effet, a souligné la délégation, 91% de toutes les violations du retrait des armes lourdes ont été enregistrées dans les zones qui ne sont pas sous contrôle du Gouvernement.  

L’Estonie a ensuite soutenu les efforts de l’OSCE et du Groupe de contact trilatéral pour faciliter la mise en œuvre des accords de Minsk.  Elle a salué la volonté politique de l’Ukraine et son approche constructive pour trouver des moyens de parvenir à une solution au conflit.  Cependant, a mis en garde la délégation, la sécurité reste un élément fondamental de la désescalade et de toute solution durable, or, avec 400 kilomètres de frontière incontrôlée entre l’Ukraine et la Russie, c’est une porte d’entrée pour la libre circulation d’armes et du personnel militaire russes.  Par conséquent, l’Estonie a souligné une fois de plus la responsabilité de la Fédération de Russie et l’a appelée, en tant que partie au conflit, à mettre pleinement en œuvre ses engagements en vertu des accords de Minsk, y compris ceux conclus lors du sommet du format Normandie en 2019.  Elle l’a exhortée à cesser immédiatement d’alimenter le conflit en Ukraine en fournissant un soutien financier et militaire aux formations armées qu’elle soutient, et s’est dite profondément préoccupée par la présence de matériel et de personnel militaires russes dans les zones d’Ukraine non contrôlées par le Gouvernement. 

Le Royaume-Uni a apporté son appui aux accords de Minsk.  La délégation a dénoncé le fait que la Russie continue d’armer des groupes armés, ce qui ne fait qu’attiser le conflit.  La Fédération de Russie doit retirer ses armes lourdes et cesser de fournir un appui aux groupes armés, a exigé le Royaume-Uni.  La délégation a aussi réclamé la cessation des intimidations à l’encontre des membres de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine.  Elle a demandé de respecter la souveraineté territoriale de l’Ukraine et a soutenu l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine, y compris dans ses eaux territoriales.  

L’Ukraine, représentée par M. LEONID KRAVTCHOUK, Chef de la délégation ukrainienne au Groupe de contact trilatéral, a décrit les mesures pratiques prises par son pays pour mettre en œuvre les accords de Minsk et régler le conflit, faisant valoir notamment que l’Ukraine a été parmi les premiers pays à appliquer l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial dès le début de la pandémie de COVID-19.  Parmi les autres mesures, rendues possibles grâce à l’appui de partenaires tels que l’ONU, il a cité le retrait des armes, l’ouverture de quatre nouvelles zones de désengagement et la lutte contre la pandémie, malgré l’incapacité de l’administration occupante à fournir les services et fournitures nécessaires à la population.  « Kiev a également fourni au Groupe de contact trilatéral un plan de mesures conjointes pour mettre pleinement en œuvre les accords de Minsk », a ajouté la délégation avant de souligner des avancées dans les échanges de prisonniers, le déminage et l’ouverture des points de passage ainsi que d’autres mesures pour régler la situation dans le Donbass. 

L’Ukraine a regretté que la Fédération de Russie ne lui ait pas emboîté le pas, avant de dénoncer une récente augmentation de la présence des groupes armés.  « À ce jour, Kiev n’a pas reçu de réaction de Moscou sur les mesures positives prises par l’Ukraine », a regretté la délégation en rappelant que le processus de négociation se déroule dans un contexte d’agression russe et des passages illégaux des frontières dans des zones hors du contrôle de l’Ukraine.  « Personne n’est trompé par les tentatives de la Fédération de Russie de convaincre la communauté internationale qu’il n’y a pas de présence militaire », a-t-il poursuivi, avertissant que Moscou poursuit ces activités en plus de délivrer des passeports aux personnes se trouvant dans les zones touchées.  Évoquant les préoccupations partagées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) concernant la réduction des mesures de sécurité autour du site menacé par les radiations nucléaires, l’Ukraine a déclaré que les demandes adressées à Moscou restent sans réponse.  L’Ukraine continuera d’œuvrer au règlement du conflit, avec l’espoir que la Fédération de Russie suivra son exemple, a dit la délégation. 

L’Allemagne a rappelé qu’en 1994, l’un des prédécesseurs de l’actuel représentant permanent de la Fédération de Russie, M. Lavrov, avait demandé au Conseil de sécurité de prendre le Mémorandum de Budapest et d’en faire une résolution.  À l’époque, a-t-elle affirmé, l’Ukraine avait confiance dans les engagements de la Russie et lui avait même remis l’arsenal nucléaire installé sur son territoire.  Depuis, la Russie a envahi la partie est de l’Ukraine et la Crimée.  Le Président Poutine a décoré les soldats russes qui ont participé à cette attaque, ce dont la Russie s’est bien gardée de parler aujourd’hui, a relevé la délégation avant de faire référence à « l’un des événements les plus tristes » intervenus lors de l’attaque russe, la prise pour cible d’un avion des Malaysian Airlines en juillet 2017, dont se sont d’abord réjouis les pro-russes, croyant qu’il s’agissait d’un appareil ukrainien. 

Regrettant que le représentant de la Russie ait cité certains paragraphes de l’ensemble des mesures visant à la mise en œuvre des accords de Minsk « mais pas les plus importants », l’Allemagne a rappelé que lors des négociations, l’attaque des soldats russes s’est poursuivie jusqu’ à la prise de Sébastopol.  Depuis, a-t-elle ajouté, les armes lourdes russes n’ont pas été retirées de l’est de l’Ukraine alors que cela était prévu dans les accords.  La délégation allemande a ensuite déploré que l’OSCE n’ait pas la possibilité d’effectuer la mission d’observation qui lui a été confiée.  La frontière entre l’Ukraine et la Russie n’étant pas effectivement contrôlée, la Russie peut envoyer des soldats et des armes dans les zones de confrontation, a constaté la délégation avant de noter que, selon le dernier rapport de la mission, 94% des incidents sont imputables aux forces séparatistes. 

Il reste des forces russes à Louhansk et dans le Donbass, a affirmé l’Allemagne.  Pourtant, a-t-elle ironisé, lorsqu’on écoute le représentant russe, « on a l’impression que c’est l’Ukraine qui a envahi la Russie et non le contraire ». De plus, si le Gouvernement ukrainien a des difficultés du fait de la perte de confiance avec la Russie, « le Parlement ukrainien n’est pas la Douma et n’adopte pas aveuglément ce qui a été décidé par le gouvernement ».  Au lieu de donner une légitimité aux régimes en place à Donetsk et Louhansk, il faudrait plutôt ouvrir les points de passage, éviter de limiter les mouvements et ne pas s’en prendre aux infrastructures, a plaidé la délégation, dénonçant le « comportement » de la Russie en Ukraine et son « manque de respect du droit international », une attitude que l’on retrouve également en Syrie ou dans l’empoisonnement de M. Navalny.  En conclusion, l’Allemagne a regretté « le détachement de la Russie vis-à-vis de la réalité ». 

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