SC/14460

Conseil de sécurité: le Représentant spécial détaille les progrès de la transition au Soudan, les défis qui subsistent et les premiers pas de la MINUATS

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan a profité de sa première intervention devant le Conseil de sécurité pour saluer, ce matin, les progrès réels de la transition en cours, tout en insistant sur les défis considérables que le pays doit relever, à commencer par la persistance de la violence au Darfour.  M. Volker Perthes a également commenté les premiers pas de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), dont il est le Chef, qui a pris au 1er janvier le relais de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Les attentes placées en la MINUATS, « petite mission dotée d’un large mandat », et le retrait de la MINUAD ont été au cœur de nombreuses interventions. 

Le Représentant spécial a noté que la transition politique se poursuit au Soudan, avec la formation le 8 février d’un nouveau gouvernement sous l’autorité du Premier Ministre.  Ce Gouvernement, de nature politique plus que technocratique, a pris des décisions extrêmement difficiles, notamment celle de laisser flotter la monnaie soudanaise.  « C’est une mesure courageuse qui permettra de débloquer l’assistance financière et d’ouvrir la voie à un allègement de la dette », a indiqué M. Perthes, notant la situation économique difficile que traverse le pays. 

Ce dernier a également fait savoir que le Gouvernement s’est donné pour priorité de faire avancer le processus de paix avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord de M. Abdelaziz Al-Hilu et le Mouvement de libération du Soudan –faction Abdul Wahid Al-Nour, qui n’ont pas signé l’Accord de paix de Djouba.  Le Représentant spécial a souligné que la décision de M. Al-Hilu de proroger unilatéralement la cessation des hostilités de cinq mois, avant d’insister sur l’importance de la protection des civils au Darfour, 165 personnes ayant trouvé la mort en janvier dans des affrontements communautaires. 

Le Représentant spécial a salué, comme autre signe positif, la ratification du Soudan de conventions internationales contre la torture et les disparitions forcées.  « La protection d’un espace dévolu à la tenue de manifestations pacifiques continuera d’être essentiel », a poursuivi M. Perthes.  Il a noté que l’environnement géopolitique complexe, marqué notamment par des tensions avec l’Éthiopie, est un autre défi pour le Soudan.  « Les informations faisant état d’une intensification militaire le long de la frontière sont très alarmantes », a-t-il dit.  À ce sujet, le Soudan a assuré que ses forces soudanaises «  n’ont pas franchi et ne veulent pas franchir » les frontières internationalement reconnues, ni attaquer l’Éthiopie voisine. 

Les membres du Conseil ont également entendu Mme Kholood  Khair, chercheuse et analyste à Insight Strategy Partners, appeler la MINUATS à consulter régulièrement et de manière significative les acteurs de la société civile pour bien accompagner la transition.  « Après des décennies d’autocratie et de répression, le moment est venu de faire de la société civile soudanaise un véritable partenaire clef dans la transition civile », a-t-elle estimé.   

Selon Mme Khair, l’implication de la société civile est particulièrement cruciale avant les élections, notamment au niveau local, afin de démontrer la valeur d’un processus souvent dénigré en raison de sa mise en œuvre minime sous le régime d’Omar Al-Bashir.  Elle a cependant constaté qu’à l’heure actuelle, des processus cruciaux de renforcement de l’État, tels que les processus d’élaboration de la constitution, des initiatives liées aux élections et la viabilité de l’Accord de paix, sont menés par des acteurs internationaux avec l’appui de la société civile, alors que cela devrait être l’inverse. 

En outre, si le succès de la MINUATS est directement lié à la capacité du Gouvernement à mettre en œuvre ses engagements, alors elle ne sera pas en mesure de jouer un rôle de soutien aussi important qu’elle le souhaite, a estimé l’intervenante, en citant les divergences de vues au sein du Gouvernement. 

De son côté, le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel a détaillé le processus de retrait de la MINUAD.  « La Mission est en bonne voie pour achever le retrait de tout le personnel en uniforme et civil d’ici au 30 juin 2021, à l’exception de ceux nécessaires à la liquidation de la mission », a indiqué M. Atul Khare.  Il a ajouté qu’après cette date les tâches de liquidation d’une mission de la taille de la MINUAD devraient prendre entre 12 à 18 mois.  M. Khare a également précisé que cinq des 15 sites de la Mission ont été rétrocédés.  Les difficultés de la transition entre la MINUAD et la MINUATS figuraient également parmi les points soulevés par la Tunisie, au nom des A3+1. 

Si les délégations ont salué les progrès de la transition au Soudan, elles ont affiché certaines divergences sur la situation au Darfour.  La Fédération de Russie a ainsi estimé que la dynamique au Darfour n’a pas connu d’évolution globalement négative, les récentes échauffourées ne modifiant pas, selon elle, le tableau d’ensemble.  Le Royaume-Uni s’est, au contraire, inquiété de l’escalade de la violence intercommunautaire, en notant qu’il y eu davantage de déplacés au Darfour en 2021 qu’en 2020.  À l’instar de l’Irlande, la délégation britannique a appelé le Gouvernement à accélérer la mise en œuvre du Plan national de protection civile. 

Même son de cloche du côté des États-Unis qui ont exigé que le Gouvernement de transition fasse le nécessaire pour demander des comptes aux responsables des « horribles attaques » perpétrées en janvier au Darfour occidental.  En outre, les États-Unis se sont dits « consternés » par le fait que le Soudan n’ait toujours pas signé l’accord sur le statut de la MINUATS.  La délégation a également évoqué le retrait récent du Soudan de la liste américaine des parrains du terrorisme, un fait qualifié de « victoire majeure » par la délégation soudanaise. 

Cette dernière a en outre assuré de la volonté du Gouvernement d’achever le processus de paix en poursuivant le dialogue avec les groupes armés non-signataires et de faire avancer le processus de transition.  Le Soudan a également demandé de pouvoir bénéficier d’allègements de sa dette au titre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés. 

Pour sa première intervention devant le Conseil, M. VOLKER PERTHES, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), a indiqué qu’il se trouve depuis cinq semaines au Soudan, où il rencontré des membres du Gouvernement de transition, du Conseil souverain et mesuré les défis qui attendent le pays.  « J’ai également expliqué le mandat de la MANUATS et discuté de la meilleure manière dont nous pouvons appuyer le Soudan dans le cadre de la résolution 2524 (2020) ».  Nous avons continué d’insister que les quatre objectifs stratégiques de notre mandat –un appui pour la transition politique, pour les processus de paix et leur mise en œuvre, pour la consolidation de la paix et pour la mobilisation de ressources extérieures– sont interdépendants, a déclaré M. Perthes. 

Le Représentant spécial a indiqué que la transition politique se poursuit, avec l’expansion du Conseil souverain, le 4 février, pour y inclure trois signataires de l’Accord de paix de Djouba et la formation, le 8 février, d’un nouveau gouvernement sous l’autorité du Premier Ministre M. Abdalla Hamdok.  Ce Gouvernement, au caractère politique, et non technocratique, est une large coalition rassemblant civils, militaires et mouvements armés.  M. Perthes a noté les divergences de vues qui entourent la capacité de réponse d’un gouvernement politique et le fait qu’il n’inclut pas toutes les forces politiques.  Néanmoins, grâce à une représentation des différents courants et mouvements politiques, ce Gouvernement a pris et mis en œuvre des décisions extrêmement difficiles, a déclaré M. Perthes, en mentionnant la décision de laisser flotter la monnaie soudanaise. 

Ce nouveau Gouvernement a arrêté cinq priorités nationales: remédier aux conditions socioéconomiques; mettre en œuvre l’Accord de paix de Djouba et reprendre les négociations avec les deux non-signataires; la réforme du secteur de la sécurité et la protection des civils; les relations internationales et la promotion de la transition démocratique.  Le Chef de la MINUATS a signalé que d’importants jalons prévus par le Document constitutionnel et l’Accord précité n’ont pas encore été atteints, notamment la formation d’un conseil législatif de transition comprenant au moins 40% de femmes.  Les jeunes sont également frustrés de leur manque de participation aux institutions de transition, a déclaré M. Perthes, en soulignant qu’un processus politique inclusif est crucial.

Sur le plan économique, il a indiqué que la décision de faire flotter la monnaie soudanaise est une mesure courageuse qui permettra de débloquer une assistance financière, ouvrant la voie à un allègement de la dette et à un engagement accru du secteur privé.  Il a insisté sur l’importance de la conférence des investisseurs qui doit se tenir en mai à Paris.  Néanmoins, la situation économique difficile constitue un risque pour la stabilité du pays, a mis en garde M. Perthes, en indiquant que le taux d’inflation s’élevait en janvier dernier à 304%.  Environ 13,4 millions de personnes, soit le quart de la population, auraient besoin d’une assistance humanitaire, y compris 2,5 millions de personnes déplacées.  Le Soudan accueille un million de réfugiés, dont 70 000 récemment arrivés d’Éthiopie.  Á cette aune, le Représentant spécial a exhorté la communauté internationale à renforcer son appui.

Le Gouvernement s’est donné pour priorité de faire avancer le processus de paix avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord de M. Abdelaziz Al-Hilu et la faction Abdel Wahid Al-Nour du Mouvement de libération du Soudan.  Le Représentant spécial a salué la récente réunion entre M. Al-Hilu et le Président du Conseil souverain, ainsi que la décision du premier de proroger unilatéralement la cessation des hostilités de cinq mois, comme autant de signes d’un intérêt commun pour le processus de paix.

M. Perthes a affirmé que la protection des civils demeure l’une des priorités majeures, rappelant que 165 personnes ont trouvé la mort en janvier dernier dans des affrontements communautaires à Geneina, dans le Darfour occidental, lesquels ont également provoqué le déplacement de 100 000 personnes. Il a pointé le risque de violence communautaire et souligné les craintes des déplacés devant une insécurité grandissante.  Il a ajouté que l’ONU coopère avec le Gouvernement pour renforcer la protection des civils, s’agissant notamment des dispositifs d’alerte précoce.  « Tout progrès dans la protection des civils exige des cadres juridiques renforcés de protection des droits humains et de l’état de droit. »  Il a salué la ratification par le Soudan de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.  La protection d’un espace dévolu à la tenue de manifestations pacifiques continuera d’être essentielle, a-t-il ajouté.

Poursuivant, M. Perthes a indiqué que la MINUATS, « une petite mission dotée d’un large mandat » suite à une approche intégrée pour maximiser ses ressources et efforts.  Il a indiqué que le Programme de maintien, de consolidation et de stabilisation de la paix pour le Soudan sera bientôt lancé.  Sur le plan régional, le Représentant spécial a noté que l’environnement géopolitique complexe, marqué notamment par des tensions avec l’Éthiopie, représente un autre défi pour le Soudan.  Les informations faisant état d’une intensification militaire le long de la frontière sont très alarmantes, a-t-il dit, en pointant le risque d’une erreur de calcul et d’escalade. 

En conclusion, le Représentant spécial a réitéré que le Soudan enregistre des progrès certains dans sa transition, tout en faisant face à des défis de taille et a jugé urgent de répondre aux besoins des communautés dans l’ensemble du pays.  La MINUATS, avec une équipe de pays intégrée, coopère étroitement avec toutes les composantes des autorités de transition pour répondre à ces défis, a-t-il dit.  

M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, a rappelé qu’il s’était rendu au Soudan du 26 février au 7 mars et avait pu s’entretenir avec le Président du Conseil souverain, le Premier Ministre, ainsi qu’avec d’autres hauts responsables.  Il a salué les efforts déployés par le Gouvernement soudanais dans la voie de la transition pour assumer l’entière responsabilité de la protection des civils, conformément à son Plan national de protection civile.  En particulier, M. Khare a salué le haut niveau de coordination entre l’Équipe spéciale conjointe et la MINUAD pour faciliter le processus de retrait; l’engagement du Gouvernement concernant l’utilisation des sites remis à des fins civiles; les dispositions en matière de sécurité pour assurer un retrait sûr et digne de la MINUAD; et la facilitation des processus administratifs requis.  Il a dit avoir signé l’accord-cadre demandé par le Conseil, officialisant ainsi ce « partenariat de collaboration » avec le Sous-secrétaire permanent du Ministère des affaires étrangères. 

Le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel a ensuite indiqué que la MINUAD est en bonne voie pour achever le retrait de tout le personnel en uniforme et civil d’ici au 30 juin 2021, à l’exception de ceux nécessaires à la liquidation de la mission.  Un calendrier de retrait accéléré assurera le départ de tout le personnel en uniforme d’ici à la fin du mois de mai, permettant ainsi de consacrer le mois de juin à tout imprévu et d’éviter le début de la saison des pluies.  En ce moment, 24% des 1 088 membres du personnel civil qui ne seront pas requis pour la liquidation de la mission ont déjà été séparés, sachant que près de 70% des 825 civils restants étant des personnels nationaux.    

L’ONU a besoin de la coopération du Gouvernement soudanais dans le traitement en temps opportun de toutes les exigences administratives, telles que la délivrance de visas ou les approbations douanières pour les exportations afin de respecter ce calendrier de retrait agressif, a-t-il indiqué.  En ce qui concerne la décision du Conseil de sécurité de conserver une unité de garde pour la protection du personnel, des installations et des biens de la MINUAD, le Secrétariat prépare actuellement un document sur les coûts de ces opérations, ainsi que des correspondances à l’endroit des pays contributeurs de police concernés. 

Poursuivant, M. Khare a indiqué que 5 des 15 sites de la Mission ont été rétrocédés.  D’ici à la fin du mois de mai, ce sera le cas pour tous les autres sites, à l’exception de ceux d’El-Fasher, du bureau de liaison de Khartoum et de Port Soudan.  Il a souligné que les sites sont remis au Gouvernement dans un état fonctionnel dans l’optique d’un usage civil, saluant par ailleurs le travail mené par les ingénieurs chinois dans la restauration environnementale des sites.    

Il a condamné le pillage de Saraf Omra, le premier site remis aux autorités soudanaises après l’adoption de la résolution 2559 (2020) du Conseil et qui devait servir de centre de formation professionnelle.  Il a appelé les autorités soudanaises à enquêter sur l’incident et sur d’autres similaires à Nyala et Geneina, et à garantir la sécurité et la préservation des installations remises à des fins civiles. 

Poursuivant, M. Khare a noté que la fermeture de 14 sites et le rapatriement de plus de 7 000 personnels en uniforme et civils au cours de la période de retrait de six mois est en soi une tâche complexe.  Elle est rendue encore plus difficile par la nécessité de réagir à des développements imprévisibles et imprévus.  Par exemple, l’ONU vient de recevoir une demande du Gouvernement soudanais pour le report de la fermeture et la remise des sites de Kalma et Sortoni prévus respectivement pour les 11 et 28 mars.  Nous avons l’intention de répondre positivement à la demande du Gouvernement afin de faciliter un transfert sans heurts, a-t-il fait savoir. 

Il a ajouté qu’après la période de retrait qui prend fin le 30 juin 2021, les tâches de liquidation en cours ne seront pas moins difficiles, précisant que le Secrétariat estime qu’entre 12 à 18 mois sont nécessaires pour effectuer raisonnablement toutes les tâches de liquidation d’une mission de la taille de la MINUAD. 

M. Khare a en outre indiqué que le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine se rendra au Soudan, y compris au Darfour, du 30 mars au 1er avril, et qu’une visite du Président de la Commission de l’UA est également prévue.  La MINUAD appuiera ces visites dans la limite de ses ressources.

Mme KHOLOOD KHAIR, chercheuse et analyste à Insight Strategy Partners, un groupe de réflexion à Khartoum, a appelé la MINUATS à veiller à son impact sur l’espace de la société civile et à l’adhésion de la société civile à son mandat pendant la période de transition.  Rappelant que les 30 dernières années ont été marquées par des attaques inlassables pour limiter l’espace civil, elle a souligné qu’un engagement sans faille aux côtés des acteurs de la société civile sera nécessaire pour élargir cet espace.  La portée de la société civile soudanaise est bien plus large que bien des acteurs internationaux ne le soupçonnent, a affirmé l’intervenant.  Et après des décennies d’autocratie et de répression, le moment est venu de faire de la société civile soudanaise un véritable partenaire clef dans la transition civile.  

Mme Khair a ensuite indiqué que plusieurs problèmes liés à l’opérationnalisation de la MINUATS devront être abordés pour garantir l’adhésion de la société civile.  Elle a également identifié certains défis liés à la difficulté de surmonter le déséquilibre existant au sein du pouvoir entre les composantes largement armées et les composantes civiles du Gouvernement.  L’intervenante a relevé que le mandat de la MINUATS est beaucoup plus léger en termes de protection des civils.  

Établir un consensus sur son vaste mandat avec les différentes structures du Gouvernement, ainsi qu’avec les structures de gouvernance alternatives comme les administrations autochtones et les comités de résistance, représente un autre défi.  La MINUATS devra également résister à la cooptation par différents intérêts à la fois au sein et en dehors du Gouvernement et savoir gérer les très grandes attentes tant du Gouvernement que du public.  En outre, sans une solide contrepartie gouvernementale, le public soudanais risque de ne pas savoir où le Gouvernement commence et où la MINUATS s’arrête, ce qui n’aidera pas le Gouvernement à établir la relation qu’il veut et doit établir avec le public. 

Si le succès de la MINUATS est directement lié à la capacité du Gouvernement à mettre en œuvre ses engagements, laquelle est entravée par les divergences d’intérêts et des questions de financement, la Mission ne sera pas en mesure de jouer un rôle de soutien aussi important qu’elle le souhaite, a estimé l’intervenante.  Selon Mme Khair, les acteurs de la société civile peuvent soutenir et même diriger les efforts coordonnés de protection des civils, priorité essentielle dans certaines parties du Darfour.  L’implication de la société civile est également cruciale avant les élections, notamment au niveau local, afin de démontrer la valeur d’un processus souvent dénigré en raison de sa mise en œuvre minime sous le régime de Omar Al-Bashir. 

À l’heure actuelle, des processus cruciaux de renforcement de l’État, tels que les processus d’élaboration de la constitution, des initiatives liées aux élections et la viabilité de l’accord de paix, sont actuellement menés par des acteurs internationaux, avec l’appui de la société civile.  Cela devrait être l’inverse, a-t-elle souligné.  Seul un engagement accru et large de la société civile auprès du Gouvernement et de l’ONU, pourra faciliter une coopération renforcée entre le Gouvernement et l’ONU, a-t-elle dit.

Pour être efficace et bien accompagner la transition, avec la société civile en tant que partenaire clef de la transition, Mme Khair a appelé la MINUATS à consulter régulièrement et de manière significative les acteurs de la société civile.  La MINUATS doit aussi établir des stratégies spécifiques aux différents contextes au Soudan en étroite collaboration avec les acteurs de la société civile, les chercheurs et les communautés rurales et pastorales.  Elle a également recommandé à la Mission de travailler avec une contrepartie gouvernementale dédiée, responsable devant le Cabinet, au lieu d’un comité qui fonctionne comme un secrétariat. Cela servirait de plateforme pour établir un consensus au sein du Gouvernement, obtenir le soutien international et encourager l’élaboration de politiques concertées via le Cabinet, et plus tard le Parlement, a-t-elle expliqué.  Par ailleurs, la MINUATS doit être mieux financée ; affiner son vaste mandat au mois de mai prochain ; et recruter plus de cadres originaires des périphéries.

Le Royaume Uni s’est félicité des progrès réalisés par le Gouvernement du Premier Ministre Hamdok « sur la voie de la paix, de la prospérité et de la démocratie ».  La délégation a salué la formation d’un nouveau Conseil des ministres qui comprendra les signataires de l’Accord de paix de Djouba.  Il a aussi salué la réforme du taux de change, la ratification de la Convention des Nations Unies contre la torture et la coopération du Gouvernement avec la Cour pénale internationale (CPI).  Le Royaume Uni a indiqué souhaiter accorder un prêt de 456 millions de dollars pour aider à régler les arriérés du Soudan avec la Banque africaine de développement.  Dans l’intérêt de la transition, le Royaume Uni a jugé essentiel que le Gouvernement travaille avec la MINUATS pour identifier les domaines prioritaires pour lesquels celle-ci lui fournira un appui conformément à son mandat.  « Nous exhortons le Gouvernement soudanais à travailler avec l’ONU pour finaliser rapidement l’accord sur le statut de la mission », a dit la délégation avant de préciser que le Royaume-Uni a été le premier État à fournir 500 000 dollars de contributions volontaires à la MINUATS pour soutenir l’action du Gouvernement soudanais.  

Malgré les progrès, le Royaume-Uni s’est inquiété de l’escalade de la violence intercommunautaire au Darfour ces derniers mois en notant qu’il y eu davantage de déplacés au Darfour en 2021 qu’en 2020.  Le Royaume-Uni a appelé le Gouvernement à accélérer la mise en œuvre du Plan national de protection civile, de l’Accord de paix de Djouba et d’autres efforts visant à prévenir et à réduire la violence au niveau communautaire.  Le Royaume-Uni a exhorté le Gouvernement du Soudan à sécuriser les sites qui lui ont été remis par l’ONU afin qu’ils puissent être utilisés pour consolider la paix dans tout le Darfour.  Le Royaume-Uni a aussi appelé ceux qui restent en dehors du processus de paix à conclure rapidement des négociations sur un accord de paix global.  Le Royaume-Uni a appelé le Soudan et l’Éthiopie à engager un dialogue pour empêcher une nouvelle escalade au sujet de leur frontière commune qui pourrait avoir des conséquences pour la paix et la sécurité régionales. 

Au nom du groupe A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), la Tunisie s’est félicitée des progrès accomplis par le Gouvernement soudanais dans la poursuite du processus de transition politique, malgré les défis économiques et humanitaires.  Selon elle, la formation du nouveau Gouvernement de transition et l’élargissement du Conseil souverain sont des étapes importantes dans la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba.  Soulignant l’importance primordiale des dispositions sur la promotion de l’égalité des sexes, la protection des droits humains et le respect de l’état de droit, la délégation a réitéré son appel à tous les signataires pour qu’ils s’engagent à leur donner la priorité.  Elle a d’autre part salué l’engagement du Gouvernement de transition à assumer ses responsabilités en faisant taire les armes dans les zones de conflit et en assurant une protection complète des civils, grâce à la mise en œuvre du Plan national de protection des civils. 

Sur le plan économique, la Tunisie a encouragé le Gouvernement de transition à poursuivre ses réformes, tout en appuyant l’appel lancé par le Secrétaire général aux partenaires du Soudan pour qu’ils injectent de nouveaux financements. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, le groupe A3+1 réitère l’appel du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour la levée de toutes les formes de sanctions contre le Soudan afin de renforcer le processus de transition.  Dans ce contexte, la délégation a salué la décision du Conseil de procéder à une évaluation des sanctions imposées au Soudan et a dit attendre avec intérêt le processus d’examen des sanctions plus tard cette année.  Elle s’est également réjouie que les États-Unis aient décidé de retirer le Soudan de la liste des États qui soutiennent le terrorisme. 

S’agissant de la transition de la MINUAD à la MINUATS, la Tunisie s’est félicitée du processus en cours pour établir les capacités opérationnelles de la nouvelle Mission, conformément à la résolution 2524 (2020).  Dans le même temps, elle s’est déclarée consciente des défis qui attendent le processus de retrait et de liquidation de la MINUAD et a demandé au Gouvernement de transition d’assurer la protection des personnels et des sites transférés.  À cet égard, la délégation a appelé les autorités soudanaises à enquêter sur le pillage de l’ancien site de la MINUAD à Saraf Omra, dans le nord du Darfour.  Enfin, elle a souhaité que les efforts de consolidation de la paix au Darfour soient soutenus par la communauté internationale pour aider le Soudan à réussir sa transition. 

La Chine a déclaré que le Soudan connait aujourd’hui une grande transformation.  L’élan politique actuel doit être maintenu, a exhorté la délégation.  Elle a appelé les groupes non-signataires de l’Accord de paix à le signer, tout en notant que celui-ci n’est qu’un premier pas.  L’Accord de paix nécessite le soutien de toutes les parties prenantes, a-t-elle insisté.  Préoccupée par les incidents sécuritaires en cours, la Chine a demandé la levée de l’embargo sur les armes contre le Soudan.  Notant par ailleurs que les moyens politiques et militaires ne sont pas les seuls outils pour lutter contre l’insécurité, la délégation a souligné l’importance d’aider le Soudan à relever les défis économiques.  Elle a notamment appelé la communauté internationale à renforcer ses efforts pour aider à améliorer la situation économique et demandé la levée des sanctions économiques contre le Soudan.  S’agissant de la MINUATS, la Chine a estimé que la Mission doit se concentrer sur la mise en œuvre de l’Accord de paix et le relèvement économique. 

La Fédération de Russie a appelé les groupes qui ne l’ont pas encore fait à signer l’Accord de paix de Djouba.  Elle s’est félicitée de la signature, le 3 septembre, d’un accord avec le Président du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord, M. Abdelaziz Al-Hilu, avant d’exhorter les acteurs ayant de l’influence sur la faction d’Abdul Wahid Al-Nour de l’Armée de libération du Soudan à œuvrer pour que M. Al-Nour rejoigne le processus de paix.  La délégation a appelé à mener sans tarder les réformes qui doivent permettre au pays de faire face à ses nombreuses difficultés.  Elle a salué les premiers pas de M. Perthes dans sa fonction de Représentant spécial, notamment les « contacts équilibrés » qu’il a noués avec les deux branches du pouvoir soudanais. 

La délégation russe a espéré que la MINUATS apportera aux autorités soudanaises son concours pour la consolidation de la paix, une priorité clef.  Elle a estimé que la dynamique au Darfour n’a pas connu d’évolution négative, et que les échauffourées qui ont récemment eu lieu ne modifient pas le tableau d’ensemble.  Elle a insisté sur l’approche intégrée suivie par Khartoum pour répondre aux défis au Darfour, en insistant sur l’importance d’un relèvement économique de la région.  Enfin, elle a décerné un satisfecit à la MINUAD, qui s’est bien acquittée de son mandat. 

La Norvège a salué les avancées que le Soudan a récemment connues, se félicitant que le pays ait ratifié la Convention des Nations Unies contre la torture, et disant espérer que la suivante serait la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  De plus, le Soudan mérite d’être félicité pour avoir maintenu ses frontières ouvertes aux réfugiés, a noté la Norvège, tout en encourageant le Soudan et l’Éthiopie à résoudre pacifiquement les problèmes frontaliers.  En ce qui concerne la crise économique dans le pays, la Norvège a estimé que si l’aide internationale est importante, elle ne peut remplacer la mobilisation des ressources nationales.  La Norvège a dit sa préoccupation devant la situation sécuritaire au Darfour où des dizaines de civils ont été tués ou blessés, tandis que des milliers ont fui leurs maisons.  La Norvège s’est aussi inquiétée des informations sur la violence sexuelle contre les femmes et les filles, ainsi que sur les recrutements et meurtre massifs d’enfants dans certaines régions.  

La Norvège a conseillé de changer la façon dont le Soudan est gouverné, prônant la décentralisation avec des structures de gouvernance locales plus inclusives et représentatives.  Le processus de paix ne sera pas achevé, a-t-elle prévenu, tant que tous les groupes armés n’auront pas signé la paix avec le Gouvernement.  La Norvège a aussi jugé urgent de mettre en œuvre l’Accord de cessez-le-feu et de sécurité pour le Darfour et le plan national de protection civile.  Elle a recommandé une participation pleine, égale et significative des femmes dans ces processus, y compris au sein de la police et des forces de sécurité qui renforcent la confiance dans les communautés locales et les mécanismes de protection des femmes et des filles dans les zones de conflit.  Enfin, les autorités soudanaises et la communauté internationale doivent continuer à travailler ensemble pour faire en sorte que la MINUATS soit en mesure de s’acquitter efficacement de son mandat.  Dans ce contexte, la Norvège considère que le Soudan est un excellent exemple de la pertinence des missions de l’ONU qui aident les pays dans des situations de conflit ou d’après-conflit dans des domaines considérés comme des « menaces non traditionnelles à la sécurité ».  La délégation a ainsi salué le fait que les changements climatiques figurent en bonne place dans le mandat de la Mission et dans l’Accord de paix de Djouba de 2020.

L’Inde a estimé que le Soudan est en bonne voie vers une transition démocratique.  La délégation s’est également félicitée que les États-Unis aient retiré le Soudan de la liste des États sponsors du terrorisme et a salué la normalisation de ses relations bilatérales avec Israël.  La feuille de route du processus de paix étant complexe, l’Inde a identifié comme obstacles le manque de confiance entre les parties prenantes, les problèmes de sécurité et le manque de ressources financières.  Il est donc important que les parties prenantes soudanaises s’engagent de manière constructive pour résoudre leurs différends. Elles doivent veiller à ce que les institutions de transition aient des mandats clairement définis, qu’elles soient inclusives et efficaces.  À cette fin, l’Inde a appelé à rapidement former un conseil législatif de transition et à créer ses commissions.  Il est impératif pour la communauté internationale, en particulier l’ONU, l’UA et l’IGAD, de soutenir les efforts nationaux du Soudan, a souligné la délégation. 

Encouragée de voir le Gouvernement de transition poursuivre ses réformes institutionnelles et juridiques, l’Inde s’est néanmoins inquiétée des violences intercommunautaires au Darfour.  Elle s’est félicitée de l’élaboration d’un plan national de protection civile et de l’annonce d’une force de protection des civils de 12 000 membres actuellement en cours de déploiement au Darfour.  De plus, l’Inde a appelé les mouvements armés qui restent en dehors du processus de paix à rejoindre la table des négociations.  Elle a concédé que l’un des plus grands obstacles à la transition reste la situation économique difficile du pays.  Prenant note du fait que le Gouvernement de transition s’est engagé avec les institutions financières internationales et le Groupe des Amis du Soudan, la délégation a espéré que cela contribuera à la mobilisation des ressources financières indispensables à la reprise économique au Soudan et aux réformes économiques du Gouvernement de transition.

Soutenant pleinement le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix dans l’élaboration d’un cadre stratégique intégré pour maximiser le soutien international à la MINUATS en vue de faire progresser la transition politique au Soudan, l’Inde a encouragé la Mission à travailler en étroite collaboration avec la MINUAD afin d’assurer un retrait sans heurts, ce qui exige des efforts sincères de la part du Gouvernement de transition.  Avant de conclure, l’Inde a rappelé que son soutien aux efforts du Gouvernement de transition du Soudan s’est traduit notamment par la mise en œuvre bilatéralement de 49 projets dans les secteurs de l’énergie, du transport et de l’agro-industrie au Soudan grâce à des lignes de crédit concessionnelles représentant un total de 612 millions de dollars. 

Le Mexique a salué les efforts déployés par le Soudan pour mettre en œuvre l’Accord de Djouba et a appelé les groupes armés qui ne l’ont pas encore fait à le signer d’urgence.  Rappelant l’objectif d’un quota de 40% de femmes, le Mexique a regretté que seuls quatre des ministres du Gouvernement soient des femmes.  Le Mexique s’est aussi inquiété de l’augmentation de la présence militaire des deux côtés de la frontière avec l’Éthiopie.  La délégation mexicaine a appelé au règlement pacifique des différends et aux efforts visant à protéger les civils, afin d’éviter une nouvelle déstabilisation dans la région.  Le Mexique s’est également déclaré préoccupé par la montée de la violence au Darfour occidental, notamment en janvier.  Le Mexique a espéré le déploiement de la Force conjointe, comme demandé dans l’Accord de paix de Djouba, notant que les efforts de désarmement, de démobilisation et de réintégration sont encore insuffisants.  Le Mexique s’est aussi déclaré préoccupé par la persistance des flux d’armes illicites dans le pays.

L’Irlande a noté que le processus de paix au Soudan en est encore à ses balbutiements.  Les prochaines étapes doivent inclure la formation du Conseil législatif de transition et des commissions prévues dans l’Accord de paix de Djouba, a-t-elle souligné, souhaitant que l’appel du peuple soudanais en faveur d’une gouvernance démocratique transparente soit entendu.  Observant que les femmes ont joué un rôle déterminant dans la transition, la délégation a mis en garde contre l’exclusion de ces dernières du processus politique et a demandé l’élimination des obstacles à leur pleine participation.  Les femmes ont également besoin d’une meilleure protection contre la violence sexuelle et sexiste, a-t-elle plaidé, avant de se féliciter du nouveau projet de loi visant à lutter contre la violence à l’égard des femmes. 

Alors que le mandat de la MINUAD prend fin, le Gouvernement soudanais doit assumer ses responsabilités, a poursuivi l’Irlande.  Saluant la réponse ferme du Gouvernement aux violences récentes dans le nord du Darfour, elle a jugé essentiel que les auteurs de ces actes soient tenus pour responsables afin de briser le cycle de l’impunité.  Il est maintenant urgent de mettre en œuvre rapidement le Plan national pour la protection des civils ainsi que le pilier de sécurité de l’Accord de paix de Djouba, a-t-elle ajouté, estimant que le Conseil de sécurité, la MINUATS et les partenaires internationaux du Soudan peuvent offrir un appui technique.  À cet égard, la délégation a qualifié de « honteux » le pillage de l’ancien site de la MINUAD à Saraf Omra, au Darfour, lequel devait être utilisé comme centre de formation professionnelle au profit du peuple soudanais. 

Évoquant les défis humanitaires auxquels fait face le Soudan en cette période de transition, l’Irlande s’est déclarée préoccupée par la situation de la sécurité alimentaire, qui est exacerbée par les difficultés économiques du pays. Dans ce contexte, elle a salué la solidarité manifestée par le peuple soudanais envers plus de 60 000 réfugiés qui sont arrivés au Soudan oriental en provenance de la région du Tigré en Éthiopie.  La délégation s’est par ailleurs alarmée des tensions frontalières dans la région de Fachqa, appelant à ce que ce différend soit réglé par la diplomatie.  À cet égard, a-t-elle conclu, l’engagement des organisations régionales, en particulier l’Union africaine, dans les efforts de médiation est vital.

L’Estonie a encouragé le Soudan à poursuivre la consolidation de ses institutions en particulier l’Assemblée législative nationale provisoire.  La délégation a exhorté le pays à améliorer la participation des femmes dans les organes provisoires de prise de décisions.  Elle a souligné l’importance des défis de la mise en œuvre de l’Accord de paix et appelé les partis qui ne l’ont pas fait à se joindre à cet Accord.  Notant les difficultés économiques vécues par la population, l’Estonie a salué les étapes franchies pour remettre le pays sur le chemin du relèvement économique.  La délégation s’est dite gravement préoccupée par la violence communautaire au Darfour et a demandé au Gouvernement de transition d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie nationale de protection des civils.  

L’Estonie est aussi préoccupée par la destruction du site de l’ancienne MINUAD le 23 février.  L’élargissement de l’autorité de l’État dans tout le Darfour reste un objectif important, a-t-elle souligné.  À cet égard, la MINUATS peut soutenir le Soudan, a estimé l’Estonie qui a prié les Soudanais de recourir aux ressources de la Mission.  Le Soudan devrait également aligner ses priorités sur l’aide que peut lui apporter la MINUATS et finaliser l’accord sur le statut de la Mission dès que possible afin lui permettre de travailler.  Enfin, préoccupée par l’escalade des tensions entre le Soudan et l’Éthiopie à la frontière de Fachqa, la délégation a demandé aux autorités des deux pays de trouver une solution pacifique à la situation. 

Le Viet Nam a salué les développements positifs qui se poursuivent au Soudan ces derniers mois et s’est dit encouragé par la mise en œuvre de certaines importantes dispositions de l’Accord de Djouba.  Il a jugé crucial de faire avancer le processus de transition en demandant la rapide nomination des gouverneurs au niveau des États.  Il a espéré que les parties soudanaises continueront de surmonter leurs divergences et de mettre en œuvre les dispositions restantes de l’Accord de Djouba.  « Nous exhortons les groupes armés qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre les négociations de paix dès que possible. »  Le Viet Nam a salué les premiers efforts de la MINUATS dans son appui au processus de transition et espéré qu’elle atteindra rapidement sa pleine capacité opérationnelle. 

La délégation a relevé que la situation au Darfour est devenue plus stable, tout en notant la poursuite d’affrontements communautaires et des attaques menées par des groupes armés.  Elle a donc plaidé pour un renforcement de la capacité du Gouvernement à protéger les civils, avant d’encourager ce dernier à remédier aux causes profondes des tensions sécuritaires au Darfour.  Le Viet Nam a aussi exhorté le Gouvernement à assurer un retrait sans heurts et en toute sécurité du personnel de la MINUAD.  Enfin, le Viet Nam a souhaité que le Soudan puisse accéder plus facilement aux institutions financières internationales en vue de son relèvement économique. 

Pour la France, la priorité demeure le soutien à la transition démocratique au Soudan.  Les avancées des trois derniers mois sont encourageantes, notamment ceux dans le domaine des droits de l’homme.  La France organisera une conférence de haut niveau d’appui à la transition soudanaise le 17 mai à Paris, a rappelé la délégation, arguant que cet événement sera l’occasion de marquer solennellement la réintégration du Soudan dans le concert des nations, d’encourager les investisseurs privés à revenir au Soudan et de renouveler l’engagement des partenaires à remettre la dette extérieure soudanaise. 

La délégation a appelé à amplifier les efforts en ce qui concerne le processus de paix et la protection des civils.  La participation des femmes doit aussi progresser alors que le nouveau Conseil des ministres n’atteint pas le seuil de 40% fixé par le Document constitutionnel et les Accords de paix de Djouba.  La lutte contre l’impunité doit en outre se poursuivre par la mise en place de la commission de justice transitionnelle, la réforme de la commission nationale des droits de l’homme, mais aussi par la poursuite de la coopération avec la Cour pénale internationale (CPI).  La délégation a encouragé les parties qui restent en dehors du processus de paix à le rejoindre au plus vite. 

Relevant que ces efforts s’inscrivent dans un contexte régional fragile, elle a appelé la communauté internationale à maintenir les efforts pour éviter toute dégradation de la situation humanitaire.  La délégation a appuyé les initiatives de la région et de la sous-région pour apaiser les facteurs de tension qui montent, en particulier s’agissant du différend territorial à la frontière entre le Soudan et l’Éthiopie où le risque d’escalade est préoccupant.  La France a par ailleurs soutenu l’opérationnalisation rapide de la MINUATS, afin de poursuivre l’appui des Nations Unies à la transition soudanaise.  Nous appelons ainsi le Soudan à exploiter tout le potentiel qu’offre ce mandat, y compris en matière de renforcement des capacités, a conclu la délégation. 

Les États-Unis ont déclaré que le Soudan se trouve à un moment charnière et que le moment est venu d’établir un gouvernement inclusif et représentatif et d’instaurer une paix globale et pérenne.  La délégation a appelé à la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba, déplorant que six mois après sa signature, les Soudanais attendent toujours de voir l’engagement des parties signataires nécessaire au changement.  Le Soudan doit adopter des mesures concrètes témoignant de son engagement réel en faveur de la transition démocratique. 

La délégation a notamment appelé le Soudan à achever la formation du conseil national de transition en réservant au moins 40% de ses sièges aux femmes ; à établir des forces de sécurité au Darfour et à établir des mécanismes d’état de droit et de justice transitionnels, notamment le Tribunal spécial pour le Darfour. Le Gouvernement de transition doit également assumer la pleine responsabilité pour la protection des civils.  Décriant les attaques perpétrées au mois de janvier au Darfour occidental, elle a exigé que le Gouvernement de transition fasse le nécessaire pour prévenir la violence et demander des comptes aux responsables de ces « horribles attaques ».   

En outre, la délégation s’est dite « consternée » par le fait que le Soudan n’ait toujours pas signé l’accord sur le statut de la MINUATS.  Le Gouvernement doit travailler aux côtés de la MINUATS pour établir des mécanismes de suivi, d’alerte précoce et de médiation des crises locales qui sont essentiels pour la protection des civils.  Elle a condamné le pillage, le 17 février, d’un ancien site de la MINUAD et a appelé les autorités soudanaises à en tenir les auteurs pour responsable et à renforcer la sécurité des anciens sites de la MINUAD.  La délégation a ensuite fait part de ses préoccupations face à la montée des tensions sur la frontière avec l’Éthiopie.  Elle a appelé les deux pays à discuter pour éviter toute escalade militaire et trouver des solutions. 

Le Soudan a assuré que le Gouvernement de transition continue de mettre en œuvre ses politiques visant à réaliser la transformation démocratique, promouvoir la primauté du droit et la promotion de droits de l’homme.  Le Gouvernement cherche aussi à achever le processus de paix en poursuivant le dialogue avec le Mouvement populaire de libération du Soudan Nord-faction Abdelaziz Hélou (MPLS-N-faction Abdelaziz Hélou) et l’Armée de libération du Soudan faction Abdul Wahid (ALS-AW). Et il poursuit ses efforts pour former sans tarder le Conseil législatif de transition et les commissions émanant de l’Accord de paix afin de permettre au processus de transition d’avancer. 

La délégation s’est ensuite inquiétée des répercussions de l’augmentation des prix des matières premières étrangères sur le développement économique du pays.  Elle a indiqué qu’un système de protection sociale pour les plus démunis a été mis en place avec l’aide de partenaires sous-régionaux, régionaux et internationaux.  Le relèvement de l’économie soudanaise exige des efforts concertés avec l’appui de la communauté internationale et des institutions financières internationales, a-t-elle affirmé.  Elle a estimé que le Soudan doit pouvoir bénéficier de mesures d’allègement de sa dette au titre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, pour ensuite souligner l’importance de la MINUATS pour favoriser les investissements étrangers dans le pays. 

Poursuivant, la délégation a cité la mise en place d’un mécanisme national de protection des droits de l’homme dont l’objectif est de garantir une justice pour toutes les victimes.  Le Conseil des ministres a été reconfiguré pour inclure des représentants des mouvements de lutte armée qui ont signé l’Accord de paix de Djouba, et le Gouvernement travaille en étroite collaboration avec toutes les parties afin de parvenir à une paix globale et durable.  En outre, le retrait, le 14 décembre 2020, du Soudan de la liste américaine des pays qui soutiennent le terrorisme est une victoire majeure. 

La délégation a par ailleurs assuré que les forces soudanaises n’ont pas franchi et ne veulent pas franchir les frontières internationalement reconnues, ni attaquer l'Éthiopie voisine.  Le Soudan a ouvert ses frontières sans conditions, et un comité national d’urgence de haut niveau a été formé pour répondre à la crise des réfugiés éthiopiens.  Enfin, le Soudan a rappelé l’importance de la résolution 2524 (2020) et a appelé au soutien de la communauté internationale pour garantir la pérennisation de la paix au Darfour. 

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