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Journée des femmes: le Secrétaire général appelle à placer les femmes au cœur du relèvement post-COVID-19

On trouvera ci-après le message du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, célébrée le 8 mars:

Aujourd’hui, nous mettons à l’honneur les femmes du monde entier qui guident leur pays et leur communauté à travers les crises qu’a provoquées la pandémie de COVID-19.

Les pays dirigés par des femmes comptent parmi ceux qui ont enregistré le moins de décès au cours de l’année écoulée et sont déjà en voie de se relever.  Les associations de femmes ont mené une action essentielle en comblant les lacunes dans la prestation de services et en communiquant des informations sur la pandémie, en particulier au niveau local.  Les artisanes de la paix ont joué un rôle vital en diffusant des messages de santé publique auprès des populations défiantes et touchées par des conflits.  En première ligne, 70% des personnels de santé et d’aide à la personne sont des femmes, souvent issues de groupes raciaux ou ethniques marginalisés, au bas de l’échelle économique.

Or, malgré l’action primordiale que les femmes ont menée face à la pandémie, on voit aujourd’hui s’éroder les progrès si chèrement obtenus en ce qui concerne leurs droits.  Cette régression nuit avant tout aux femmes et aux filles, mais aussi à tout un chacun et à l’ensemble de notre action collective pour la paix et la prospérité.  Alors que s’est ouverte une décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, nous devons inverser la tendance.

Dans la perspective des Forums Génération Égalité qui se tiendront cette année à Mexico et à Paris, nombreux sont les défis qui restent à relever.  Trop souvent, la prestation de services est assurée par les femmes mais la prise de décision est l’apanage des hommes.  Vingt-deux pays seulement sont dirigés par une femme; les femmes n’occupent que 21% des postes ministériels et représentent moins de 25% des députés élus aux parlements.  

Parce qu’elles le font en connaissance de cause, les femmes ont tout autant que les hommes le droit de se prononcer sur les décisions qui les concernent.  C’est sur cette base que pourront être prises des décisions inclusives qui tiennent compte des besoins de toute la population.  C’est sur cette base qu’il nous faut reconstruire, après une pandémie qui a aggravé les inégalités entre les sexes, précipité plus de femmes encore dans la pauvreté et les a éloignées du marché du travail et privées d’accès à l’éducation et aux services de santé, notamment de santé sexuelle et procréative.  C’est sur cette base enfin que nous relèverons les défis urgents qui se présentent à nous, de la pandémie aux changements climatiques en passant par le creusement des inégalités, les conflits et le recul de la démocratie.

L’égalité des sexes est en réalité une question de pouvoir.  Mais l’égalité de pouvoir entre les femmes et les hommes n’arrivera pas d’elle-même.  Nous vivons encore dans un monde dominé par les hommes, empreint d’une culture essentiellement masculine.  C’est tournés vers l’avenir et avec détermination que nous devons œuvrer toutes et tous ensemble pour parvenir à une égalité effective.  Je suis fier que l’Organisation des Nations Unies ait atteint, pour la toute première fois, la parité des sexes aux postes de direction.

Il nous faut transformer les normes sociales.  Nous devons adopter des lois et des politiques qui aident les femmes à accéder au pouvoir, notamment des mesures et quotas assortis d’objectifs ambitieux, et faire bien plus pour que des femmes soient nommées à des postes à responsabilités.  Nous devons lutter contre la violence à l’égard des femmes, qu’elle s’exprime en ligne ou ailleurs, pour que celles-ci ne soient plus réduites au silence, surtout dans la vie publique.

Nous devons veiller à ce que les femmes qui se lancent en politique, les associations de femmes et les mouvements féministes trouvent plus facilement des financements.  Et nous devons enfin soutenir les femmes d’influence, dans toute leur diversité et leurs domaines de compétence, notamment les femmes jeunes, les migrantes, les autochtones, les femmes en situation de handicap, les femmes racisées et les femmes de la communauté LGBTQI+.

La COVID-19 est une calamité pour le monde entier, et tout particulièrement pour les femmes et les filles.  Mais elle est aussi l’occasion de nous attaquer aux inégalités, aux fragilités et à la discrimination fondée sur le sexe qui persistent à l’échelle mondiale.

Les femmes doivent être au cœur du relèvement et de ce que nous ferons pour changer de cap à la lumière des terribles leçons de cette pandémie.  C’est l’affaire de chacune et chacun.  J’ai hâte d’œuvrer à vos côtés pour promouvoir le leadership féminin, défendre les droits des femmes et construire un avenir d’égalité et de dignité pour toutes et tous.

Je vous remercie.

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