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La crise climatique représente une alerte rouge pour l’humanité, une urgence planétaire, avertit le Secrétaire général à six jours de la COP26 à Glasgow

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, lors de la Réunion de haut niveau sur l’Action climatique pour l’humanité, la planète et la prospérité, à New York, aujourd’hui:

Monsieur le Président de l’Assemblée générale – merci de nous avoir réunis ici et pour votre engagement et votre leadership qui nous mobilise pour l'action climatique.

L’Organisation des Nations Unies et cette assemblée ont été créées précisément pour relever des défis comme celui qui nous réunit aujourd’hui.

La crise climatique représente une alerte rouge pour l’humanité.  Pour cette assemblée –et pour les gouvernements du monde entier– c’est un moment de vérité.  Dans six jours, les dirigeants du monde seront mis à l’épreuve lors de la COP26, à Glasgow.  Leur action –ou leur inaction– démontrera leur sérieux face à cette urgence planétaire.

Il est difficile de ne pas voir les signes avant-coureurs de la catastrophe.  La pollution tue neuf millions de personnes chaque année.  Chaque jour, des dizaines d’espèces disparaissent.  Des températures caniculaires transforment les terres agricoles en paysages desséchés.  Des villes et des pays entiers voient monter autour d’eux le niveau des mers.  La hausse des températures rendra invivables de vastes étendues de notre planète d’ici la fin du siècle.

Et la semaine dernière, dans un nouveau rapport, la revue The Lancet a qualifié les changements climatiques de déterminants de la santé humaine pour les années à venir, annonçant une crise à grande échelle caractérisée par la faim, des maladies respiratoires, des catastrophes meurtrières et des épidémies de maladies infectieuses peut-être pires encore que la COVID-19.

Ces sonnettes d’alarme sont assourdissantes. Et pourtant, le Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions nous apporte aujourd’hui de nouvelles preuves que les mesures prises jusqu’à présent par les gouvernements ne sont tout simplement pas à la hauteur de ce dont le monde a si désespérément besoin.

Nous continuons de nous rapprocher d’une élévation de la température mondiale de 2,7 degrés Celsius.  Nous sommes bien loin de l’objectif de 1,5 degré que le monde s’est engagé à atteindre dans l’Accord de Paris.

Objectif dont la science nous dit qu’il est la seule solution viable pour notre planète.  Et qui est tout à fait réalisable.  Si nous pouvons au cours de cette décennie réduire les émissions mondiales de 45 % par rapport aux niveaux de 2010.  Si nous parvenons à l’objectif mondial de zéro émission nette d’ici à 2050.  Et si les dirigeants mondiaux se rendent à Glasgow avec des objectifs audacieux, ambitieux et vérifiables pour 2030, et avec de nouvelles politiques concrètes pour conjurer cette catastrophe.

Les dirigeants du G20 –en particulier– doivent tenir leurs promesses.  Le temps des subtilités diplomatiques est révolu.  Si les gouvernements –en particulier ceux du G20– ne font pas front et ne prennent pas la tête de cet effort, l’humanité s’achemine tout droit vers de terribles souffrances.

Mais tous les pays doivent prendre conscience que le modèle de développement traditionnel fondé sur la combustion de carbone est un arrêt de mort pour leurs économies et pour notre planète.  Nous devons décarboniser dès maintenant, dans tous les secteurs et dans tous les pays.  Nous devons subventionner non plus les combustibles fossiles mais les énergies renouvelables, et taxer la pollution, pas les populations.  Nous devons imposer les émissions de carbone et réinvestir les fonds dans des infrastructures et des emplois résilients.  Et nous devons abandonner progressivement le charbon – d’ici à 2030 dans les pays de l’OCDE et d’ici à 2040 dans tous les autres.

Les gouvernements sont de plus en plus nombreux à accepter de ne plus financer le charbon – et le secteur privé doit faire de même, de toute urgence.  Les citoyens attendent –à juste titre– de leurs gouvernements qu’ils montrent l’exemple.  Mais il incombe à chacune et chacun d’entre nous de préserver notre avenir collectif.  Les entreprises doivent réduire leur impact sur le climat et prendre des mesures crédibles pour que leurs activités et leurs flux financiers soient pleinement compatibles avec un avenir à zéro émission nette.  Plus d’excuses.  Plus d’écoblanchiment.

Il est indispensable que les investisseurs –publics et privés– en fassent de même.  Ils doivent se rallier à des initiatives précurseurs tels que l’Alliance Bancaire Net Zéro et la caisse des pensions du personnel des Nations Unies, qui a atteint et même dépassé ses objectifs en matière de réduction de l’empreinte carbone de ses investissements avant la date prévue, affichant une baisse de 32% en 2021.

Dans toutes les sociétés, les citoyens doivent faire des choix plus judicieux et plus responsables, qu’il s’agisse de leur alimentation, de leurs déplacements ou de leurs achats en tant que consommateurs.  Les jeunes –et les militants pour le climat– doivent poursuivre sur leur lancée et exiger des actes de la part de leurs dirigeants.  À tous les niveaux, la solidarité mondiale est nécessaire pour aider tous les pays à opérer cette transition.  Les pays en développement sont en proie à des crises de la dette et des liquidités.  Ils doivent être soutenus.

Les banques de développement publiques et multilatérales doivent élargir considérablement leurs portefeuilles d’investissements climat et redoubler d’efforts pour aider les pays à bâtir des économies résilientes et conformes à l’objectif de zéro émission nette.  Et le monde développé doit de toute urgence honorer son engagement de consacrer au moins 100 milliards de dollars par an au financement de l’action climatique dans les pays en développement.  Je demande une nouvelle fois aux donateurs et aux banques multilatérales [de développement] de faire en sorte qu’au moins 50% des montants qu’ils versent pour le climat soient consacrés à l’adaptation et à la résilience dans le monde en développement.

Depuis 76 ans, cette Assemblée réunit les représentants du monde entier pour trouver des solutions consensuelles, crise après crise.  Mais nous avons rarement affronté une crise comme celle-ci.  Il s’agit cette fois d’une crise véritablement existentielle que nous devons surmonter pour préserver non seulement notre génération, mais aussi les générations futures.  Nous n’avons pas le choix.

Un avenir où l’augmentation de la température ne dépasse pas 1,5 degré Celsius est le seul avenir viable pour l’humanité.  J’exhorte les dirigeants à s’activer avant qu’il ne soit trop tard.

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