SG/SM/21048

Au Forum sur la coopération sino-africaine, le Secrétaire général appelle le monde à soutenir l’Afrique, en priorité dans son redressement post-COVID-19

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée à l’occasion de la huitième Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine, à Dakar, aujourd’hui:

Je me réjouis d’être parmi vous à l’occasion de cette huitième conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine.  Je remercie le Président Macky Sall et le Président Xi Jinping de leur invitation.

Il me semble évident que le succès de l’action que nous menons pour atteindre les Objectifs de développement durable passe nécessairement par le succès de l’Afrique.  Alors que l’échéance de 2030 se rapproche, les populations africaines ne doivent pas être laissées de côté.  La solidarité et la coopération sont essentielles.  Les pays développés ont une responsabilité particulière pour montrer la voie.

Mais la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire permettent de plus en plus de promouvoir le développement durable, d’éradiquer la pauvreté et la faim et de réduire les inégalités.  D’où l’importance que revêt ce Forum.  Cette rencontre intervient à un moment charnière de l’histoire de l’humanité.

De grandes avancées ont permis de réduire l’extrême pauvreté dans le monde, notamment en Chine.  Toutefois, les objectifs que nous poursuivons en faveur d’un avenir durable sont en danger, notamment en raison de la menace existentielle représentée par les changements climatiques, qui pèse de manière disproportionnée sur de nombreuses régions d’Afrique. 

Par ailleurs, la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités et les difficultés préexistantes, tout en mettant au jour de nouveaux problèmes.  Les systèmes de santé sont saturés et les économies sont mal en point.  Les acquis en matière de lutte contre la pauvreté reculent.

L’Afrique est la dernière sur la liste d’attente mondiale pour la vaccination contre la COVID-19.  Moins de 10% de la population du continent sont entièrement vaccinés.  Ce n’est pas uniquement l’Afrique qui est ainsi mise en danger, mais bien le monde entier, car le virus a ainsi le champ libre pour se multiplier et muter.  Je réitère mon appel à la solidarité mondiale pour mettre un terme à cette crise.  Ce qui s'est passé dans le monde avec la vaccination est immoral. 

L’Afrique a également besoin de solidarité et de soutien pour mettre fin aux conflits et aux problèmes complexes de sécurité et de gouvernance auxquels elle fait face.  Les insurrections, les coups d’État et les tensions sont des symptômes, des signes avant-coureurs des dangers qui se profilent faute d’accès aux services sociaux essentiels, aux filets de sécurité et aux fruits du progrès économique pacifique.

Tout en distinguant le rôle joué par la Chine, je lance aujourd’hui aussi un appel à la communauté internationale dans son ensemble afin qu’elle apporte un plus grand soutien à l’Afrique – pour le redressement post-COVID-19, pour l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ses effets, ainsi que pour un développement durable et pacifique.

Comme je l’ai souligné dans mon rapport consacré à Notre Programme commun, nous devons faire preuve de solidarité mondiale et trouver de nouveaux moyens de travailler ensemble.  Cela passe par un multilatéralisme plus fort et plus inclusif et une coopération élargie pour relever les défis complexes qui caractérisent le monde d’aujourd’hui.

Ce Forum en est un excellent exemple, et je salue votre engagement, chinois et africain, à renforcer les partenariats dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

La priorité absolue doit être de mettre fin à la crise de la COVID-19.  Dès lors, j’encourage l’établissement de partenariats qui permettront de faire un bond en avant dans la livraison de vaccins aux millions d’Africaines et d’Africains qui sont toujours privés de cette protection élémentaire mais salutaire.  Je vous exhorte également à prendre des mesures audacieuses pour faire face à l’urgence climatique grandissante, qui accentue la faim et l’insécurité alimentaire sur tout le continent africain.

Nous devons continuer de travailler ensemble pour promouvoir le développement économique et l’amélioration des niveaux de vie – et intensifier les efforts visant à promouvoir des économies résilientes et durables en Afrique, qui puissent contribuer à la paix et à la sécurité et à l'épanouissement des droits humains.

Autrement dit, il faut investir à la source, dans le capital humain.  Les populations ont besoin de services publics fiables, équitables et inclusifs – notamment en matière d’éducation, de santé et de protection sociale – qui les aideront à se prémunir contre les chocs externes tels que le COVID-19 et le dérèglement climatique.  L’accès à un financement adéquat pour le développement peut changer la donne.

Je salue l’engagement pris à l’occasion de ce Forum en faveur d’un avenir plus vert, plus pacifique et plus prospère et pour la Chine et pour les peuples d’Afrique.  Je vous souhaite une réunion productive et je vous remercie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.